jeudi 30 juin 2016

Mes adieux au music-hall…

L'illus de mon 1er billet















Bon les aminches ça fait 5 ans que je gribouille sur ce blog (1), et là j'ai fait mon sac. Je me casse (Lanetienne), je m'éclate au Sénégal (avec une copine de c'hval), je bouge (de là), je taille la route, je mets les bouts (d'ficelle). De vraies vacances. Sans twitter, sans programmation. J'écouterai, tel l'auditeur lamda baba, France Musique only, le soir à 18h pour "Tempo easy" (sic) qui s'appellera "Retour de plage" avec en juillet Valero (sans Jousse) et en août le contraire. 

Je fais une grosse cure de désintox prescrite par mon analyste (le même que celui de Marilyn) qui craint grave le BOR (Burn-Out Radiophonique). Et justement je vais tirer des bords. Pas égoiste je vous donne quelques pistes pour le Fun

1) Si Médiamétrie appelle vous dîtes Radio Fañch ! S'ils vous font répéter, insistez grave ! 
2) Mermet pas mort, allez donc fureter "Là-bas si j'y suis", pour "Nous ne sommes rien soyons tout et le reste…
3) Ronez, l'ex-taulier des Nouveaux Médias à Radio France se lance dans le Podcast avec tambours et trompettes (2)
4) Le pote Hervé Marchais, qu'aime participer à mon éducation radiophonique m'a conseillé d'aller lire ,



5) Les petits jeunes de Phonurgia Nova (30 ans) fêtent ça cet été, on pourrait s'y croiser… Viendez !
6) Les Dardenne, trop d'la boule ! Et leur doc sur la radio !
7) Et pis ya Syntone qu'écrit des histoires en papier
8) …

Sinon, si vous réunissez quelques potes at home, ou organisez un festival rigolo et différent, vous m'invitez et je viens vous raconter des histoires de radio ;-) Bel été, les aminches…





(1) Au 30 juin : 580 000 visites cumulées. Depuis le 17 juillet 2011, 1807 jours et 1693 billets publiés. Ce 30 juin 2016, 182ème jour de l'année, j'ai publié 181 billets (regardez colonne de droite). Qui dit mieux ?
(2) Clin d'œil à l'ami Davidas, co-producteur et réalisateur d'une émission de zique/chansons avec Jean-François Kahn, sur France Inter, au siècle dernier (1978-1980).

mercredi 29 juin 2016

France Culture Info…




La messe, la méthode Coué et Sandrine Treiner…
Toutes les émissions média font du décryptage : d'infos, d'images, de mots ! À mon tour de me lancer dans la cavalcade ! Sandrine Treiner, ci-devant directrice de France Culture, donnait récemment une interview au Monde (1). Soit l'occasion de lire un amalgame exceptionnel de slogans, affirmations péremptoires, auto-satisfaction au degré 9 de l'échelle de Richter médiatique qui en compte 10 (2). Revue de détail.


Le Monde : Après cette première saison, quels sont vos motifs de satisfaction ?
S.T : La double identité de la station – la création et les idées – a été renforcée à travers de nouvelles écritures et de nouveaux formats comme « Raconter le monde moderne », 

Treiner, sans rire, déclare presque avoir inventé la double identité de la chaîne ! On se pince là ! C'est juste ce que France Culture a initié depuis ses origines et depuis que la chaîne a été nommée "France Culture" en novembre 1963. La modestie de Treiner est patente. L'absence de culture radiophonique de la journaliste aussi 


Le Monde : En construisant la grille de rentrée, quels sont les points que vous avez cherché à faire évoluer ?
S.T. La première chose concerne – et c’est notre richesse – les émissions centrées autour des savoirs et des connaissances, qui ont été lancées sous la direction de Laure Adler (1999-2005).

Avant cette directrice : Agathe Mella, Yves Jaigu, Jean-Marie Borzeix et Patrice Gélinet dirigeaient une chaine consacrée à la mécanique quantique et au sevrage des agneaux dans les Basses-Alpes au temps de l'occupation romaine !

Le Monde : De quelle manière avez-vous pris en compte l’événement majeur de 2017, l’élection présidentielle ? (3)
S.T. : …il a été décidé de ne plus retrouver, sur des formats où ils s’exprimaient de manière unilatérale (sic), "Le monde selon…" Caroline Fourest, Brice Couturier ou Philippe Manière dans les "Matins". Ces billets seront remplacés par des chroniques quotidiennes sur la vie des idées en France et à l’étranger.



Gros blabla de circonstance pour mettre au piquet une partie de l'armée mexicaine des chroniqueurs vendeurs de roudoudou. Notons que pour une journaliste du Monde les programmes d'une chaîne culturelle c'est d'abord l'info ! Et qu'elle a eu beau chercher il n'y a pas d'événement culturel majeur en 2017.

S.T. : … Et, bien sûr, en vue de cette échéance électorale, la rédaction prépare un vaste dispositif avec, notamment, dès la rentrée, un journal tous les jours à 8 h 15, qui couvrira les primaires puis la campagne.

CQFD !

Le Monde : Comment se manifeste cette volonté de clarification de la grille ?
S.T. : A travers la matinale, qui désormais sera découpée en deux parties avec le "6 h/7 h", produit par Emilie Chaudet, qui a pour ambition d’être une vraie vitrine de station, avec de la culture…

Si, si, vous avez bien lu "avec de la culture". Preuve, s'il en fallait, que la dite-culture avait depuis très longtemps déserté la matinale au profit du "tout-tout-info-tendance-France-Inter". 

"… Il sera suivi du "7 h/9 h" de Guillaume Erner, dans lequel les rendez-vous seront quotidiens et non plus hebdomadaires."

Là, je pense qu'on atteint un niveau de création radiophonique jamais égalé depuis Marconi ou Coluche. Remplacer des chroniques hebdo par des quotidiennes c'est juste "incroyable… mais vrai" ! La clarification de la grille concerne donc 3h d'antenne ! Le poids des mots, le choc du réel !














Le Monde D’autres nouveautés sont-elles à attendre ?
S.T. : Oui, en particulier le samedi, avec l’apparition d’un "7 h/9 h" présenté par Caroline Broué, qui cesse d’animer "La Grande Table", reprise par Olivia Gesbert. Il sera très centré sur la culture [c'est une obsession, ndlr], les idées et prendra en charge le traitement de l’info dans les médias. Le journal de 8 heures sera plus long le samedi [sic, plus de temps d'écoute plus d'info, ndlr]. Toujours dans un souci de clarté et de simplification, avec Frédéric Barreyre, le directeur de l’information, nous avons repensé la présence de l’information sur l’ensemble de la grille afin qu’elle soit présente de manière régulière à l’antenne (re-sic). Tous les journaux gardent la même durée…

À la place de Laurent Guimier (France Info) et Laurence Bloch (France Inter) je déposerai plainte pour concurrence déloyale ! La "représentation nationale" nom pompeux que Mathieu Gallet, Pdg de Radio France, prononce à l'envi, se chargera bientôt de régler son sort aux doublons-triplons de l'info sur le service public. Les protagonistes du tout-info sur Culture : Four (Jean-Marc), ex-directeur de l'info et Barreyre n'auront qu'à bien se tenir.

Dans la série "Faire rimer réflexion et plaisir" Treiner spécialiste des formules à deux balles (4), nous a livré sa parole pour l'avenir via Le Monde. Au tour maintenant de Télérama (même groupe de presse) avec une journaliste, Laurence Le Saux, qui connaît la radio (5).



Télérama : Quelle ligne souhaitez-vous impulser à la rentrée ? 
S.T. : Il m’aura fallu du temps pour mettre à exécution mon leitmotiv : rendre la grille cohérente, équilibrée. Cette cohérence passe, par exemple, par le changement de la tranche quotidienne à 16 heures…

Ben voyons Léon ! Juste rappeler ici, aux esprits égarés, que c'est en tant que directrice éditoriale (nom pompeux pour dire directrice des programmes), que Treiner avait installé Marie Richeux à 16h ! Puis à 14h, pour placer la tambouille de 16h qu'elle rassemble aujourd'hui sous le vocable "La méthode scientifique".

Télérama : Quelle politique pour le documentaire ?
S.T. : "Sur les docks" devient "La série documentaire", coordonnée par Perrine Kervran. Un même sujet sera creusé du lundi au jeudi à 17 heures, par exemple la déradicalisation, l’économie sociale et solidaire, les frontières ou la psychanalyse (6). Le dimanche, Villes-mondes cède la place à un récit documentaire singulier (?) – en cinq ans, nous avions fait le tour des capitales… 


Hum ! Comment dire ? Un nom historique de la chaîne a disparu ! Serait-ce une coquille ? Où est Irène Omélianenko, coordinatrice de "Sur les docks", documentariste sur la chaîne depuis la fin des années 8O ? Surpris que Le Saux n'ait pas évoqué cette "disparition".

Télérama : Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?
S.T. : Maintenant que cette grille est clarifiée, très achevée, il s’agit de continuer à travailler son acuité. Concernant le Web, nous souhaitons développer des contenus en ligne, élaborer un journal des idées numériques, des modules courts imaginés à partir des émissions. Et proposer une offre de vidéos enrichie – pas question de se contenter de filmer ce qui se passe dans nos studios.

Dans ces deux journaux Treiner, avec cette façon de dire la "messe", met l'accent sur l'info, ne dit rien sur le remplacement d'Adler (ayant choisi France Inter), sur "Creation on air" (23h). À part la méthode Coué qui consiste à ajouter le mot culture dans quelques programmes stratégiques, on peut être absolument inquiet de la tournure, - définitive - info et journalistique, prise par la chaîne. Ce que visionnaire, Alain Veinstein, prédisait dans "Radio sauvage" (Le Seuil, 2010). Veinstein, producteur historique de la chaîne, débarqué en juillet 14 par Poivre d'Arvor et avec l'avis, certainement favorable, de la directrice éditoriale !

(1) Le Monde 25 juin 2016, interview par Christine Rousseau,
(2) Une côte spéciale a été créé pour l'intouchable bateleur Morandini qui a bloqué l'aiguille au chiffre 11
(3) Il aurait été bon de préciser à Christine Rousseau ont mission de rendre compte de l'info : France Inter et France Info,

(4) "Il faut marquer notre singularité", Télérama 9 sept 2015, 
(5) 28 juin 2016,
(6) On remercie par avance la directrice de nous donner les têtes de chapitre ! 

mardi 28 juin 2016

Les Fronts populaires des socialistes…

Front populaire : celles/ceux qui en sont dignes…
"Le Front populaire a mal à sa mémoire" ! C'est ainsi que débute le documentaire de Séverine Cassard et Séverine Liatard, ce matin dans "La Fabrique de l'histoire" sur France Culture.

Quant à "L'histoire est la perdante dans les commémorations", elle résonne d'une drôle de façon. On est en effet pas loin de le croire quand, en 2016, l'histoire sociale est en train de balayer l'histoire du Front populaire. Pascal Ory, historien, montre, exemples à l'appui, les rapprochements de circonstance, en 1936, entre "toutes les gauches" et leurs fragilités. Quand, aujourd'hui, il n'y a même plus de circonstances…

Mais, ce documentaire de qualité télescope immédiatement les "événements" de 2016. Sociaux avec la mobilisation contre la "loi travail". Sociétaux avec "l'état d'urgence" et son contrepoint footbalistique. On est en juin, et rien ne laisse le souvenir d'une grande fête qui aurait célébré le Front populaire. Il faudra donc se contenter de la mémoire des décennies en "6" pour prendre la mesure du désastre de 2016. Ce gouvernement "socialiste" aura là aussi failli. Comment aurait-il pu en être autrement ? Pouvait t-on conjointement célébrer les acquis sociaux de 1936 et constater leur régression absolue à l'aune de la "Loi travail" ? Non bien sûr.

Il faudra donc se contenter de la mémoire pour faire vivre "36" à défaut de pouvoir la (re)vivre cette année sociale exceptionnelle. Et se déplacer à Montreuil pour voir l'expo "Nouveaux regards, nouvelles images sur le Front populaire"…


lundi 27 juin 2016

Radio : deux bouts, trois ficelles, quatre smartphones, cinq cœurs, six bonnes raisons de l'éphémère…

© Gilles Davidas


Le 37 mars (6 avril 2016), une bande de copains-copines radiophiles, à l'écoute du temps qui bouge, décide, d'un geste généreux, d'occuper d'urgence, sous la toile, un petit bout de la Place de la République à Paris. De prendre au micro l'air du temps. Un temps à l'exaspération ultime contre la "Loi Travail". Un temps pour refaire le monde. Un temps pour changer la vie. Mais pas sous la forme d'un slogan jauni. Un temps pour prendre la parole. L'attraper. La mettre en ondes. La porter au delà de la chape de plomb médiatico-médiatique. Et plus encore redonner du sens à la radio en vie.

On était là. On était dedans. On était avec. Pas à côté. Pas n'importe où. Sûrs que les paroles plurielles, singulières, tranchées, d'espoir, de résignation, de construction-déconstruction, de prendre le temps de réfléchir, d'échanges, de brassage, de mixité, de métissage, de tissage feraient Histoire. Alors certains avaient beau me reprocher de constater la défaite de Radio France à s'installer à la République (Place de), de parler autour, et, pire, depuis les studios de la Maison ronde quand seulement 7,4 km séparent les deux lieux, sans Radio Debout nous aurions été com' d'hab', informés avec un méga gros filtre qui aurait gommé la parole populaire, spontanée, vivante, rebelle et enthousiaste.


© Arnaud Contreras






















Et puis sur la Place, petit à petit, le mouvement Nuit Debout s'est amenuisé. L'étincelle du printemps s'est mise à vaciller lentement. Pour mille et une raisons qu'il sera toujours temps d'analyser le moment venu. Mais alors qu'allait donc devenir Radio Debout ? S'institutionnaliser ? Se reproduire ad vitam aeternam. Courir sur d'autres luttes ? Construire des grilles, des programmes, des chaînes (thématiques) ou simplement accepter l'éphémère, le moment présent, le temps T ? Les protagonistes ont débattu et les tendances se sont exprimées. Celles qui voulaient s'inscrire dans la durée, celles qui voulaient "lever le pied" pour mieux renaître ou pour définitivement disparaître.

Radio Debout est en stand-by… Et c'est bien. C'est mieux même que de s'auto-régénérer jusqu'à l'asphyxie, la routine ou l'institution, avec toutes ses pesanteurs, ses carcans, et ses fermetures… Cet éphémère-là, qui colle si bien à la spontanéité et à la générosité de l'engagement de tous ceux qui se sont appuyés montages/démontages quotidiens et qui ont assurés une antenne "in situ", prend toute sa force s'il accepte de sortir du jeu quand le jeu est fini.

Rien n'est fini, tout est à venir. L'expérience de Radio Debout est reproductible et, les femmes et les hommes concernés, peuvent vite remettre le couvert. Particulièrement si, dans quelques jours, il fallait vite tirer la soupape d'une cocotte-minute prête à exploser ! Et comme vient de me l'écrire une des productrices de Radio Debout : "La "faim" de l'aventure est toujours là !"

jeudi 23 juin 2016

Schaeffer : ce géant !

P. Schaeffer



















À la radio, ou sur ce blog, il y a des jours particuliers ! Le même jour, je relate la sordide posture d'un paltoquet et, quelques heures plus tard, un documentaire qui, en quelques presque 60', revisite l'histoire de Pierre Schaeffer, le formidable créateur du "Studio d'essai" et du "Service de la recherche de l'ORTF" qu'un Giscard a jeté aux orties par perte et profits (1).

Dans leur documentaire, diffusé ce soir à 23h à France Culture, Stéphane Bonnefoi et Alexandre Bazin, nous donnent à entendre Schaeffer dire "Nous avions envie de faire une radio qui soit intelligente, qui soit dans la ligne de la culture, de la tradition française. Comme nous étions radio d'État… le combat de cette jeune équipe pour faire une radio française digne de ce nom [par opposition aux radios privées, ndlr] était un combat extrêmement idéologique !"

Schaeffer revient sur la genèse de la radio des PTT (Postes, Télécommunications, Téléphone) et, constate en 1935, les dix ans de retard pris par ce média balbutiant. Il est touchant d'entendre le mot "bricolage" par opposition aux radios du groupe Radio France qui, aujourd'hui, ne bricolent absolument plus rien. L'ordre et la mécanique de création sont institués, policés, enfermés "derrière" des grilles, dont la similitude avec le régime carcéral faisait sourire (jaune) Philippe Caloni.


Pierre Henry



















"Ce micro à l'entrée et ce haut-parleur à la sortie, c'était le raccord entre l'univers de la technique et l'univers des programmes, l'univers de l'homme avec sa voix, sa musique et ses pensées et l'univers de la transmission électronique." (2) Oh oh et voilà que surgit une analogie entre "cinéma" et "dinéma". Dinéma : dynamique ! La dynamique pouvant transformer la perception. 

Schaeffer : "la radio est le langage des choses et est le lieu où les choses nous parlent". Ces définitions, observées et vécues, formalisent ce qui aujourd'hui ne se pense plus. Mais plus du tout (3). La radio, l'art radiophonique, se sont banalisés, galvaudés au point de ne plus se distinguer de la masse vulgaire du "talk", celui qui a envahi et pollue les antennes ! "On a essayé de développer un art radiophonique. En voulant développer la mise en ondes, [Schaeffer] a fait un "studio d'essai" avant la lettre et on a travaillé au micro, un ton radiophonique, un ton naturel qui est celui maintenant de la radio… On a travaillé l'ABC de la radio."

"Le micro c'est le gros-plan sur le cœur". La formule est de Jacques Copeau, homme de théâtre. Elle a fait florès. Et "l'on voit bien" ceux qui, au micro, peuvent revendiquer en être et ceux qui ne sont que des bateleurs de foire (d'empoigne). Karine le Bail :"Au Club d'essai ou au Service de la recherche, Schaeffer a voulu renouveler les genres et les formats radiophoniques. De donner à tous ces corps de métier la façon dont ils pensent le métier pour faire évoluer leur propre métier. Cette dimension d'expérimentation était géniale. On sort du flux, on sort de la productivité de l'antenne, on crée un espace à côté, on a le droit de se tromper, on expérimente. C'est là qu'on peut renouveler les choses. Ce n'est certainement pas dans la contrainte du flux quotidien d'une production radiophonique !" (4)


Pierre Schaeffer


















Le documentaire de Bonnefoi et Bazin a le mérite du miroir. Et quand on s'écoute dedans on prend toute la mesure du gouffre qui nous sépare de cette création-là, cette invention-là, cet enthousiasme là, qu'un Schaeffer avait porté au plus haut. On tombe alors de l'armoire et on aura bien du mal à s'en relever !

Ça devrait pouvoir s'arranger !




(1) En 1974, la loi qui entérine la fin de l'ORTF, crée 7 sociétés distinctes de l'audiovisuel public. Le "Service de Recherches" est enterré… 
(2) Cette pensée - simple et de bon sens - devrait être dictée à tous ceux qui, aujourd'hui, arrivent au micro, la bouche en cœur, persuadés de savoir (faire) par le simple fait qu'ils croient savoir parler. Quant à penser ce serait un long débat…
(3) "On va faire venir machin, il est suffisamment connu pour faire de l'audience". Et sa version rézo zozio, quand la directrice de France Culture se félicite de l'audience de la chaine sur… Facebook !!!!!

(4) Je repense aux "Radio debout" (Place de la République, à Paris) qui étaient absolument dans cette dynamique-là !

La France radio en deuil…

Ouvrard















- Tu sais quoi ?
- Non !
- Il n'y a plus de directeur de la musique à France Inter !
- Hein ? Non ? Y'avait un directeur de la musique à Inter ?
- Ben je veux mon n'veu et un balèze !
- Un balèze ?
- Hey, le gars c'est lui qui avait créé la chanson française !
- Non ? À lui tout seul ? 
- Pas moins !
- Rina Ketty ?
- Bien sûr ! Et Maurice Chevalier, Ouvrard, Edith Piaf, Barbara, Mouloudji, Julien Clerc, Brel, Brassens, Ferrat, Alain Barrière, Françoise Hardy, Demis Roussos, Hervé Vilard, Serge Lama, Ringo, Reggiani, Zaz,…
- Ah Zaz aussi et… François Valéry ?
- Bien sûr "Aimons-nous vivant" c'est lui ! Et Christine and the queens, Vianney, Florent Pagny…
- Et Ferré ? 
- Pas Ferré. Léo c'est un seigneur, il conchie ce genre de bateleur à deux balles !
- Et Sheila ?
- Bien sûr. Bon, mais là il était très jeune…
- Et c'est lui "la playlist de grève" ?
- C'est lui
- C'est pas glorieux…
- …
- Mais alors pour la chanson française c'est une perte énorme ? La bérézina ! Le blitzkrieg ! Le début de la fin ! Le retour aux enfers ! La fin d'un monde ! L'apocalypse !
- N'exagérons rien !
- Comment as-tu appris ça ?
- Par la bande…
- La bande originale ?
- Non lui c'est un mariole ! Non, non par la bande. Dans un hebdo !
- Ah ben dis-donc et il dit quoi le Créateur ?
- Ben des salamalecs, qu'il ne voulait pas cumuler, qu'il revient aux origines…
- Aux origines du monde ?
- C'est ça avant Bloch, Schlesinger, Gallet et même J.C.
- Jésus-Christ ?
- Non, Jacques Chirac !
- En fait on le vire ? 
- De ce poste ronflant pour ego surdimensionné…
- Mais qui va le remplacer ?
- …
- Tu ne sais pas ?
- …
- Non ne me dis pas qu'il est…
- Si
- Non ?
- Si
- Pourtant ya un gars à Culture qui pourrait faire l'affaire !
- Ah bon ? Qui ?
- Couturier
- Couturier ? Le gars qu'a l'air mais qu'à pas la chanson ?
- C'est ça !
- Mais tu crois qu'il pourrait remplacer le phénix des hôtes de ces bois ?
- De ces bois je sais pas ! Mais pour enfiler les perles et réciter son cathéchisme il est champion !
- Ça suffit pas ! Il faut être introduit…
- Il s'introduira. Pour ça aussi il est champion. Il s'introduit facilement dans la pensée des autres, il touille, il crache dedans et il en fait du yaourt !
- Du yaourt ? Mais nous on veut de la musique à Inter pas du yaourt !
- Pas de problème ! Il rajoutera des fruits et du coulis de fraise…
- Alors s'il fait ça il est sur la bonne voie ! Et de la guimauve aussi ?
- Bien sûr de la guimauve, du sucre, un peu de sel, du poivre, des épices, et surtout un truc indispensable…
- Quoi ?
- De la suffisance ! De la bonne grosse suffisance qui dégouline, qui colle, qui se boursoufle et même qui se dégueule… Tu vois ?
- Je vois, c'est tragique !
- La société du spectacle, rien moins. Avec la morgue en plus ! La morgue qui vous sort de la bouche en un filet ininterrompu, jaune et acide, pestilanciel…
- Mais c'est déguelasse ?
- C'est dégueulasse !
Rideau

jeudi 16 juin 2016

Place de la République… Place à prendre

Place de la République, Paris, juin 2016 ©Gilles Davidas
















Ça démarre, ça commence… Quelques traces, quelques mots pour tourner autour. Et puis cette façon de dire "République, Place de". Clémence Gross et Julie Beressi ont refait l'histoire de cette place parisienne qui, depuis le 31 mars vibre. "Comme une sœur que l'on aime", "Place à prendre" (1). 280m x 120m.

Un architecte décrit la situation physique de la place, ses fonctions, sa localisation dans "trois arrondissements aux sociologies particulières". Clémence et Julie nous installent dans la Place. A place to be. Pourquoi elle est devenue, focale, vivante, rassembleuse ? Pourquoi elle vit de ses passages, déambulations, traversées ? Clémence et Julie tissent et métissent le lieu d'autant mieux qu'on en a une représentation physique. On marche avec. Et on se prend en pleine poire, comme si on y était, ce slogan d'un SDF "Ils nous ont promis la lune, on a même pas vu une étoile".

On monte en tension, en humanité, en rage. Latente et étouffée. En cris. En foule. En manifestations. En slams. En poésie. (Tous poètes, Léo. Tu serais fier.) La statue de la République des frères Maurice est dans l'axe du boulevard Voltaire. Mais comment s'y taire ? "Liberté, Égalité, Fraternité". Lila nous explique le sens de ces trois mots. La vérité sort de la bouche des enfants! (Si les adultes voulaient bien les écouter).


Place de la République, Paris, juin 2016 ©Gilles Davidas

















Après 76 jours de #NuitDebout, sur la Place (2), Gross et Beressi ont su prendre de la hauteur (et de la profondeur) pour nous dire ce lieu. Nous le dire c'est, une fois encore, bien mieux que le montrer. Nous le dire c'est raconter par l'événement comme par les traverses, les histoires, les strates, les mémoires. Populaires et académiques. Ensemble. Croisées (3). Tricotées. Détricotées.

Le doc de Clémence Gross et Julie Beressi est émouvant, parce qu'à l'écoute de la Place depuis 76 jours, il nous manquait ce regard (cette écoute) dans tous les sens de l'histoire. Ce regard aiguë, curieux, global et détaillé. Ce regard qui fait le sel d'un documentaire. En fait un écrin précieux pour la mémoire. Pour l'histoire. Pour y revenir avec la certitude d'y retrouver un peu de sa propre histoire. Avec ses joies, ses peines, ses histoires, ses illusions, ses désillusions. 

Un documentaire à la radio c'est bien plus qu'une émission de radio. C'est un objet sensible. C'est précieux et indispensable. Comme un livre. Comme un film. Comme un journal intime. Où l'on écrit comment on est bouleversé. Merci alors, Clémence et Julie, d'avoir réussi ce bouleversement-là. Avec autant de tact et de tendresse.


Place de la République, Paris, juin 2016 ©Gilles Davidas
















(1) France Culture, "Sur les docks", ce soir 16 juin 2016, 17h
(2) Du 1er avril au 15 juin 2016,
(3) "Le Lion représentant le peuple" d'accord. Mais, j'ai envie de dire "C'est pas des lions qui nous représentent".



mercredi 15 juin 2016

France Inter : grille, grillons, grillé…





Le bouffon
On commence par un tartuffe qui, s'il a de l'esprit, n'a visiblement pas l'"esprit Inter". Cet animateur grossier pour ne pas dire gougeat croit faire un bon mot au micro de Jean-Marc Morandini (Europe 1), jeudi 9 juin (1)  pour faire savoir, à qui voudrait l'entendre, que son statut au sein de la radio publique serait celui de bénévole ! Le fat ! Le petit joueur ! Le minable.

Mais c'était sans compter sur l"'esprit frondeur" de Charline Vanhoenacker et sa bande, (et plus si affinités) qui, elle, n'avait pas oublié les paroles de "SOS Ethiopie" de 1985 pour fustiger le cabot qui aurait mieux fait de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de pérorer ! Allez prends-ça vilain et ne la ramène plus !

(1) On reconnaîtra ci-dessous en début de vidéo le rire du camelot d'Europe 1 qui se gausse des propos navrants du petit joueur,




La discrète
Et puis Laurence Bloch, la très discrète, directrice de France Inter monta au filet dans un entretien au Monde (12 juin) et nous livra quelques lifts et autres revers dont elle entretient un jaloux secret. Revue de détail. Sur le départ de Pascale Clark : "J'ai compris que les preuves d'estime que je pouvais lui donner ne seraient jamais suffisantes… Alors, oui, c'est une rupture. Mais elle reviendra quand je ne serai plus là…" Ah bon ? Cet oracle semble lourdement chargé de sous-entendu et de… passifs.

Sur l'offre musicale : "La soirée du vendredi sera consacrée à la chanson francophone, au live et aux nouveaux talents, sous la conduite de Didier Varrod, qui quitte, dès lors, sa fonction de directeur de la musique." Grillé ! Dès lors ? Disons un "dès lors" à retardement alors, car Didier Varrod a beaucoup pris le micro depuis qu'il a été nommé "Directeur de la musique" à France Inter en septembre 2012, faisant fi d'une bonne pratique, qui voulait à Radio France, qu'un directeur ne cumule pas sa fonction avec celle de l'antenne. Ceci n'empêchant pas de s'interroger sur le bien fondé et la nécessité d'une telle fonction sur Inter.

Sur les changements et les économies : "J'ai tranché la question des économies radicalement, en décidant de faire de la multidiffusion à partir de minuit. La richesse de nos programmes nous le permet." "Tranché" est le bon terme. Quant à la richesse des programmes OK ! Mais que dire de l'abandon et de la perte de création des programmes de nuit, qui eux aussi faisaient la "patte" d'Inter, sinon que de déplorer une telle attitude "tranchée" ?






















La grille d'été (2 juillet-28 août)
Je pourrais vous refourguer mon antienne qui déplore, d'été en été, depuis une dizaine d'années, l'absence définitive de tentatives, d'expérimentations et de risques pour tenter l'été ce qui pourrait surgir dans la grille l'hiver. Le laboratoire, le tâtonnement expérimental a fui cet "esprit d'Inter" qui a œuvré des années 60 aux années 90 et révélé combien de talents. La grille de cet été est sage, policée, sans aucune aspirité pour venir surprendre les oreilles de l'auditeur qui aurait le droit de "bouger" ses habitudes. Mais le syndrome de la "fidélisation/audimat à tout prix" empêche les responsables de tenter l'aventure et le dépaysement, synonymes même de l'été.


Outre les rediffusions nombreuses et quelquefois pertinentes : La marche de l'histoire (13h30/14h, lundi au vendredi), Very good trip (rediffusions et live, 17h du lundi au vendredi), "Sur les épaules de Darwin", Jean-Claude Ameisen (samedi, 11h) Rendez-vous avec X (13h20/14h, le samedi), nous tenterons curieux d'aller y écouter là :
• "Ça va pas la tête", Ali Rebeihi, 9h/10h, lundi à vendredi (comme à l'été 2015),
• "Back to back ", Mélanie Bauer, ou quelques classiques de la chanson,
• "Histoire(s) d'un soir", Giulia Foïs, 21h/22h, juillet
• "On se fait un cinéma", Guillemette Odicino, 21h/22h, août (heu, Guillemette; le langage populaire disait "on s'fait un ciné" !)
• "Terres d'alliances", Alexandre Heraud, 16h en juillet et août, où le globe-trotter a repris du service de par le monde entier,
• "Interclass", 20h/21h en juillet, (2)
• "Les soirées de l'été", 21h/23h, juillet et août, où "de la musique avant toute chose"…




Bon ben on pourrait dire que, comme le titre "les soirées de l'été", la grille d'Inter manque de fantaisie et d'allant. En collant à l'heure près à la grille d'hiver elle ne laisse place à aucune surprise, au point que l'oreille aura peut-être un peu de mal à se sentir en été. France Inter n'ose plus "faire un pas de côté", n'ose plus décaler, quand on aurait absolument besoin de changement et de soleil après un si long et rude hiver.

(2) "De septembre à juin 2016, cinq équipes de France Inter, constituées de producteurs et de journalistes sont allées travailler avec cinq classes de 4ème et 3ème de lycées différents. Au total ce sont 180 personnes mobilisées, des allers/retours constants entre France Inter et les collèges avec pour objectif la fabrique d'une série de magazines diffusée cet été" (Communqué de France Inter)