lundi 20 mai 2019

Les nouvelles (radiophoniques) sont mauvaises d'où qu'elles viennent…

Il y a l'euphorie des résultats médiamétriques de Radio France d'avril dernier, quelques récompenses diverses et variées pour telle ou telle chaîne du service public et puis dans l'ombre, l'envers du décor. Revue de détails…



Comme un bruit qui courait…
Charlotte Perry, Antoine Chao et Giv Anquetil, trois "anciens" de "Là-bas si j'y suis…" animaient le samedi à 16h sur France Inter, une émission de reportages pour raconter autrement l'actualité sociale et culturelle en donnant la parole à ceux qui ne l'ont jamais ou si peu. Las, l'émission engagée et décalée dans la grille bien lisse de France Inter n'a semble t-il plus l'heur de plaire à Laurence Bloch la directrice de la chaîne. Sur son compte FB Charlotte Perry début mai écrivait : "Nous venons d’apprendre que l’émission "Comme un bruit qui court" que j’anime depuis cinq ans avec Antoine Chao et Giv Anquetil ne serait très probablement pas reconduite à la rentrée. Les raisons invoquées sont le « ratio nombre d’auditeurs/coût de l’émission » qui n’est pas atteint. L’émission n’est pas suffisamment « rentable » avec 600 000 auditeurs pour être maintenue à l’antenne…"

Ce ratio-là, annoncé comme tel, est juste révoltant. Il balaie au grand jour la notion même de service public et plombe pour longtemps toute tentative de création radiophonique en dehors des sentiers battus et rebattus du divertissement mainstream et du politiquement correct. Tenter, expérimenter, bousculer (les ordres établis) seraient donc des principes à ranger aux antiquités de la radiophonie. Le ratio de l'économie libérale a fait ici aussi sa basse œuvre de destruction massive. Avec l'objectif absolu de s'affranchir de l'offre pour ne plus répondre qu'à la demande. À la demande des gouvernements qui n'en peuvent plus d'accompagner la radio autrement que par des injonctions récurrentes d'économies, de rendement et de résultats tangibles d'auditorat. Pas de marges, pas de minuscule, pas d'indicible. Le ratio, juste le rationnel.

France Musique, 23h…
La valse continue ! Sur son blog de Médiapart, Jean-Jacques Birgé, compositeur de musique, écrit : "La direction de Radio France a décidé de supprimer les émissions Tapage Nocturne de Bruno Letort, À l'improviste d'Anne Montaron, Le Cri du Patchwork de Clément Lebrun, Couleurs du Monde de Françoise Degeorges... C'est tout ?! Probablement pas. La suppression des émissions de 23h semble actée, mais il y a d'autres créneaux horaires sur la sellette..." Si le directeur de France Musique, Marc Voinchet, s'explique via la médiatrice de Radio France, Emmanuelle Daviet, pourquoi cet effet d'annonce désastreux pour les producteurs concernés ? Pourquoi générer autant de stress quand les plaies et les souffrances suite à la longue grève de 2015 à Radio France ne sont ni refermées ni disparues ? Il n'y a pas de fumée sans feu… La méthode est grossière. Radio France, sûre de ses succès et de sa gloire, a choisi le meilleur moment pour donner des gages à la tutelle (Culture et Budget) et gommer tout ce qui ne rapporte pas du buzz, de la com' "positive" et de l'auditeur, au prix d'un formatage qui risque très vite de ne plus distinguer la radio publique de la radio privée. Ce jour-là pourquoi faudra t-il conserver la radio publique ? Cette dernière ayant sciemment et patiemment… scié la branche ! 


Avant le 1er janvier 1983, FR3 c'était aussi la radio !











France Bleu/France 3 : le grand mariage ou le grand ménage ?
Pourquoi tout d'un coup avant l'été 2018, les Pédégères de Radio France, Sibyle Veil et de France Télévisions, Delphine Ernotte se sont-elles mises en tête de bouleverser radio et télévision au point de mixer la radio dans la télé ? Pour élargir l'offre TV ? Assurément ! Pour, au final et à moyen terme, faire disparaître la singularité audio ? On peut le craindre. Pour ce qui les arrange les médias ont la mémoire très courte. Quand il était député (UMP/LR), Franck Riester, aujourd'hui Ministre de la Culture avait interpellé à plusieurs reprises, en audition de la Commission de la Culture de l'Assemblée Nationale, le Pdg de Radio France, Mathieu Gallet pour suggérer le rapprochement des deux entités radio et TV, France Bleu et France 3. Et qui est en charge aujourd'hui de la future loi audiovisuelle ? Le Ministre de la Culture lui-même. On voit bien qu'avec ou sans loi audiovisuelle (repoussée aux calendes grecques) l'allégeance des médias audiovisuels publics est totale. Les deux Pédégères ont annoncé de concert que la généralisation de la diffusion TV des matinales des 44 locales de Radio France est actée et serait complètement opérationnelle en 2022. Le cordon ombilical État/Audiovisuel public est solide et n'est pas prêt d'être coupé. Quant au CSA…

Du mimétisme en marche…
Depuis toujours, n'ayant pas de télévision, regardant très sélectivement quelques émissions, je me suis toujours intéressé à ce média et ai toujours lu ce qui le concerne. Dans son édition de samedi, Le Parisien, sous la plume de Carine Didier et François, Rousseau, publiait une interview de Takis Candilis, n°2 de France Télévision qui avait pour but de faire le point sur les "Émissions arrêtées, nouveautés... [et] ce que prépare France Télévisions à la rentrée". Dès le début de l'entretien Candilis annonce : "nous ne raisonnons plus chaîne par chaîne mais dans un souci de complémentarité." Aie ! Immédiatement cette phrase très lourde de sens pour la TV m'évoque la venue probable, prochaine de Dana Hastier (ex France 3) pour, auprès de Sibyle Veil, "harmoniser les programmes de l’ensemble des antennes de Radio France" .

La messe est dite. S'il n'est pas à l'ordre du jour de supprimer des chaînes de Radio France le sera peut-être demain celui de "ne plus raisonner chaîne par chaine". Adieu directrice-directeur de chaîne, responsables de programmes d'antenne et peut-être grand mix des noms historiques : France Inter, France Culture, France Musique, Fip… Avec ou sans nouvelle loi audiovisuelle la grande marche du mariage forcé radio/TV est à l'œuvre. Souhaitons qu'à l'instar de la révolution culturelle de Mao elle ne s'appuie pas sur sa doctrine "Marche ou crève" !


Fip à Strasbourg © David Marcelin













Quant aux Fip…  régionales (Bordeaux, Nantes, Strasbourg)
Dans ses rencontres avec les personnels de Fip et de Bleu en région, la pédégère de Radio France, Sibyle Veil, répète à l'envi que Fip est une antenne nationale et profitera progressivement d'une couverture RNT sur tout le territoire, sans jamais se prononcer sur les antennes régionales de la station ! Comprenne qui pourra ! Aux animatrices concernées d'attendre et voir…

À bon entendeur, salut !

Ajout du 23 mai 2019,
À 16h38, sur son fil Twitter Radio France annonce la nomination de Didier Varrod, cet animateur de France Inter qui avait fait ses débuts à la radio avec Jean-Louis Foulquier. Quelques jours après la longue grève de 28 jours à Radio France en 2015, celui qui était à l'époque directeur de la musique à France Inter, roucoule en vue de la publication en CD de la playlist de grève ! Sans honte, sans gêne et avec toute la morgue qui caractérise ce personnage

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