lundi 28 mars 2022

Revue de presque… comme disait Canteloup !

Ne supportant pas de rompre le fil médiatique du médiatique instant médiatique éditorialisé dans la médiatique matinale de France Inter, je me branche sur Inter un peu avant. À cette heure (environ 8h47) une voix d'homme débite un long chapelet de ce qui pourrait ressembler à des titres de presse. Presque !










C'est quoi ce débit ? Ou cette frénésie langagière ? Y'a l'feu ? Faut suivre ! Presque. Exercice de style oratoire ? Raté ! Le journaliste enfile des extraits d'articles qu'il a sélectionnés dans différents titres de presse qu'il nomme… entre deux ! Il ne faut avoir en tête ni en mémoire d'autres revues de presse pour imaginer pouvoir supporter un tel exercice de… phrases successives. Sans relief. Des mots, toujours des mots. Mina et Alberto Lupo faisaient vraiment beaucoup mieux.

Dans cette logorrhée, le mardi 22 mars, un mot particulier m'accroche l'oreille (le dernier de l'énoncé). Le Monde : «Yvan [Colonna] est le plus breton de mes enfants », avait confié au Monde Cécile Colonna lorsque son fils avait pris le maquis. Elle se souvient qu’Yvan «piquait dans [sa] bibliothèque Comment peut-on être breton ?, de Morvan Lebesque.» Deux questions se posent. Le Monde ? Daté du jour ? Déjà paru (daté d'hier). Visiblement aucune importance. On ne va quand même pas s'en tenir à ce détail. Ben voyons, Léon. La règle (autrefois) voulait qu'au journal du soir (daté du lendemain quand il paraît à Paris) soit toujours précisée la date. C'est fini. Pourquoi ?

Mais l'autre question que ça pose c'est que le journaliste cite un article paru la veille 21 mars, sur l'édition numérique à 21h45. Accessible aux abonnés. Et aux acheteurs de la formule "papier" à partir de 13h, ce 22 mars, dans les grandes villes de France. Le lendemain matin partout ailleurs. Pour le journaliste son exercice consiste à citer là un titre de presse sans imaginer, sans doute, quiconque pourrait vouloir lire l'article cité, devrait, soit être abonné à l'offre numérique, soit attendre la parution papier le 22 ou le 23 mars. Il n'y aurait donc d'autre effet attendu de la promotion de la presse… papier qu'une roucoulade calibrée (5 minutes max) ?









La Revue de presse n'a plus pour objectif de donner envie de lire (d'acheter) la presse ? Serait-ce alors juste pour montrer la diversité des points de vue de différents titres de presse dans le magma éditorial du moment ? Franchement que la Charente Libre ou La voix du Nord émettent un avis sur La fin du masque n'est pas important. Si ?

J'ai écouté de nombreuses R.P. de ce journaliste et ai fini par comprendre pourquoi c'était devenu un simple exercice de citations. Et, qui plus est, de citations tronquées. Il m'a fallu du temps. Les rédactrices et rédacteurs des extraits cités ne sont elles/eux jamais cités. On se pince grave. Donc un journaliste cite la prose de ses collègues sans trouver légitime de citer leurs noms. Ça doit être dans le nouveau code de déontologie, a minima ! Je rêve ! C'est juste dément !

Quelqu'un à la rédaction en chef et/ou la directrice de l'information de la chaîne a du décider qu'à partir de dorénavant, la reconnaissance d'un travail cité ne mérite plus de nommer son auteur. Quelle confraternité ! Comment oublier Pierre Charpy de la Lettre de la nation, Claude Cabannes de L'Humanité, Jean-François Kahn de L'événement du jeudi, Claude Sarraute ou Robert Escarpit du Monde ! Hélène Lee ou Marie-Dominique Arrighi à Libération. Ces noms prononcés chaque jour finissaient par s'incruster. Donnaient du relief au titre qui les publiait. Du sens et de l'incarnation à la revue de presse. Et quand elle était menée par Ivan Levaï (1989/1996) c'était, en huit minutes, un véritable exercice de synthèse, de hiérarchie de l'info et d'amour pour le papier imprimé ! Du journal dont on entendait au micro, tourner les pages…

O tempora, o mores ! Pour être dans le ton de la méthode Inter je ne citerai donc pas ce journaliste qui, à défaut d'avoir désespéré Billancourt, désespère la Revue de Presse, chaque matin sur France Inter (1).

(1) Même méthode pour la R.P. du week-end ! Avez-vous lu quelque part cette nouvelle façon de passer la presse en revue ? Peu probable que des journalistes qui n'écoutent pas la revue de Presse soient susceptibles d'en faire la critique !!!

dimanche 27 mars 2022

Une quête de Pauchon…

Un temps de Pauchon est venu. Le temps pour Pauchon (Hervé) de faire le Jak. Si vous prenez le temps et l'oreille pour l'écouter dans son long périple depuis Paris le 21 mars, jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle. N'ayant pas perdu la frénésie du reportage malgré son licenciement de France Inter il y a trois ans.









Chemin faisant, il laisse à demeure sa compagne et ses quatre garçons. Le bougre n'hésite pas à demander à chacun leur avis sur son projet qui au minimum le tiendra éloigné trois mois de sa vie de famille ! Le prétexte est aussi l'occasion pour Pauchon de recueillir la parole anonyme (ou pas) de celles et ceux croisés sur son chemin, dont il ne se lasse pas de connaître… le but !

On avance, on avance chante Souchon. Il y a quelques années, les reportages de Pauchon sur un très long feuilleton, auraient trouvé leur place sur Inter ou sur Culture. Aujourd'hui l'offre pléthorique existante comme la banalisation de la mise en scène de soi n'attirent plus la radio de flux. À l'auditrice, à l'auditeur de séparer le bon grain de l'ivraie. Et à Hervé Pauchon de rendre son périple singulier au point de nous donner envie de poursuivre l'écoute pour les quatre-vingt jours qu'il lui reste à parcourir !

So long, Hervé ! Et… 
À suivre.

lundi 21 mars 2022

L'embarras du choix, le choix de l'embarras…

Cette dernière semaine a été marquée par un gag et par le choix de l'embarras. Dans les deux cas la société du spectacle s'est donnée à fond. Au risque de nous plonger dans une perplexité absolue. Quand la communication rendra-t-elle les armes ?

















Le gag
Mathieu Gallet, ex-Pdg de Radio France révoqué par le CSA en 2018, s'ennuie. Il a beau 7/7 vendre sur les marchés des podcasts d'affaires criminelles, de bien être et de bla-bla, l'empilement ressemble à un joli fourre-tout. L'on s'attend à voir surgir, en vrai, le camelot nous en vendre dix pour le prix de cinq. Ou le contraire les jours d'"exclusivité", à grand renfort d'harangues de marchand de tapis. Dans ce souk, Gallet pris d'une inspiration pour le moins Voltairienne décide de faire part au monde entier et surtout au Monde de ses pensées sur la CAP. Apostrophant en creux le candidat Macron d'un "T'es pas CAP". Formule subtile qu'il n'a pas eu le génie de trouver (sourire).

Que révèle donc sa pensée profonde ? Rien. Mais strictement rien que le ban et l'arrière ban ne hurle déjà. Indépendance vis à vis du pouvoir, danger électoraliste de la budgétisation, liberté éditoriale, etc… etc… "La suppression d’une recette affectée à l’audiovisuel public va faire peser l’aléa d’un financement que le gouvernement et le Parlement auront toute latitude de geler, raboter ou réduire au gré des lois de finances et des collectifs budgétaires."  (1)

T'as raison Léon ! Le cocasse en dispute au risible (jaune). Au temps de sa Présidence de Radio France, le Pdg avait pourtant moins de scrupules à s'accommoder sans barguigner des injonctions de Bercy pour diminuer la masse salariale et supporter un budget raboté. Jusqu'à envisager la suppression de telle chaîne. Et/ou de l'une ou l'autre des formations musicales. Entraînant au printemps 2015, une grève de 28 jours consécutifs ! 

L'objectif de cette tribune ? Revenir aux affaires ? Hasardeux ! Plutôt l'opportunité de tester si le sujet n'impose pas illico et derechef la création d'un podcast natif. "La fabuleuse histoire de l'audiovisuel public au temps de la CAP". Narrée par Stephane Bern, ça ferait un tabac. Surtout auprès des fumeurs. D'une vacuité absolue cette tribune aura eu le mérite de nous avoir distrait quelques secondes de la furie mondiale.








Le choix de l'embarras
Difficile de choisir dans l'embarras que nous impose la frénésie médiatique dont s'est emparée Sonia Devillers dans l'Instant M (France Inter). Son excitation quotidienne, les angles choisis, sa façon de surjouer tout ce qu'elle décrit pipolise ses sujets. Accentué par le ton employé, le débit de paroles, l'admiration perpétuelle surjouée, son temps de parole démultiplié. Pourquoi recevoir des invités ? Devillers devrait allonger la formule de L'édito Média (8h50, France Inter) et parler, parler, parler pendant 18 minutes.

Elle n'en peut plus d'être assise sur sa chaise à mettre en abîme ses sujets. Elle est la photographe en Ukraine, la gameuse sur YouTube, l'actrice du Palma Show, l'envoyée spéciale en Afghanistan ou plus modestement la directrice des programmes de telle chaîne TV. Elle veut en être. Elle en est. La preuve : écoutez/regardez je raconte si bien. J'y étais. J'y suis.

Où est passée la distance indispensable à un tel exercice ? Qui a bien pu lui dire qu'elle a trouvé le ton juste ? De l'enthousiasme de ses débuts (depuis 2014, les quatre premières saisons) on est passé à l'hystérisation médiatique d'une société médiatique hystérisée. La boucle est bouclée. Un cercle infernal. Le moindre fait (divers) et geste est médiatique. Et par l'intermédiaire de son émission surmédiatisé.

. "Vous racontez très bien dans votre livre votre travail de journaliste avec la rebellion paysanne dans une jungle hostile et dangereuse. Et c'est formidable comment vous décrivez… bla bla bla… bla bla bla…". C'est quoi cette obsession à faire redire/décrire ce que son invité raconte déjà avec le support qu'il a choisi (livre, film, photo) ? De la promo déguisée ?

Pourquoi Devillers a-t-elle autant besoin de parler et surtout de laisser si peu la parole à ses invités ? Ce n'est plus de la médiation mais une quelconque conversation de deux personnes passionnées. Si au lieu de parler avant des choses qui vont être publiées/diffusées Devillers en parlait après ça changerait la donne, non ? On passerait de l'effet immédiat (i-média), instantané à une possible analyse avec un tant soi peu de recul (1).

L'instant M, L'instant Média, porte mal son nom. Il fallait appeler cette émission L'Instant Médiatisé.

(1) Ce que faisait Marcel Julian dans "Écran total" sur France Inter dans les années 80 en parlant des émissions TV après leur diffusion !

lundi 14 mars 2022

Macron, t'es pas CAP ?

"Si je l'suis" ! Et bam ! La semaine dernière, entre deux riens, sans rire, le Président-candidat annonce, la Contribution à l'Audiovisuel Public (CAP) définitivement rayée des cartes. Bingo ! 138€ d'économies à investir direct sur les plateformes audio et visuelles privées ! C'est chic non ? Un de ses prédécesseurs, Giscard à la barre, moins de 90 jours après son élection en mai 1974, éparpille façon puzzle, l'ORTF, en sept sociétés publiques indépendantes. Radio France née de ce schisme émettra sous ce nom à partir du 6 janvier 1975. C'est une manie, les Présidents de la République n'aiment rien tant que casser les services publics. Et quand il s'agit de l'audiovisuel ils se sentent pousser des ailes !











Après cette annonce, dans l'air du temps pré-électoral, reprenant les thèmes de campagne de la droite et de l'extrême droite, les sociétés audio-visuelles publiques (Radio France, France Télévisions, Ina, France Média Monde et Arte) sont K.O. debout. Pour atténuer les effets dévastateurs sur le moral (et les finances) des troupes, le gouvernement rétro-pédale en mode "Le service public audio visuel public doit continuer d'exister" ! Oui mais comment ? Là, tout et son contraire se bafouille.

Inscrire 3,8 milliard au budget annuel de l'État comporte les risques annuels que cette somme joue tous les ans du yoyo. Autant d'inquiétudes à avoir si la CAP est remplacée par un plan de financement pluriannuel via une loi de programmation, comme il en existe dans la recherche. L'alternance politique mettant, de fait, en jeu, tous les cinq ans, la fragilité d'une telle option. Macron Président, Macron candidat, ont donc fait un énième effet d'annonce. Rocard à la suite de Mendès-France a toujours stigmatisé cette façon de faire de la politique.

L'effet d'annonce est toujours suivi du "On verra bien". Si ça c'est faire de la politique, autant dire que tout à chacun fait de la politique comme M. Jourdain fait de la prose. Quand fier-fière comme Artaban elle ou il annonce "Demain je tonds la pelouse" quand une tempête avec des vents à 130 km/heure est annoncée. Ou plus responsable "Je ne dirai du coup plus jamais du coup.". Du coup, Macron joue au poker ! Pour voir. Et entendre. Sa majorité, ses opposants, et l'audiovisuel public tout entier qui, depuis une semaine ne s'est pas ménagé pour crier "Au secours, on nous assassine !"

On notera que Madame Veil, Pdgère de Radio France contrairement à ses habitudes de communication sur les rézo n'a pas jugé utile de s'exprimer via Twitter. Quand on sait sa propension absolue, sur l'oiseau bleu, à régulièrement nous informer des événements petits ou grands qui émaillent sa Présidence. La boum organisée fin janvier dans les locaux de la Maison ronde. Tel concert exceptionnel à l'auditorium. La convention Machin signée avec Truc. Et la roucoule permanente pour telle ou telle nomination à la radio. 

Bizarre non cette impasse ? M'est avis qu'elle doit être un peu gênée aux entournures quand cette annonce émane de son camarade de promotion à l'ENA. Toutefois pour ne pas être en reste, elle s'est fendue d'un communiqué à la presse pour rappeler l'impérieuse nécessité de l'indépendance financière de l'audiovisuel public. Pouvait-elle faire moins ?

Julia Cagé, économiste, spécialiste d'économie politique et d'histoire économique, a publié dans Libération le 9 mars une tribune "Suppression de la redevance télé : la honte de la République" (1). En boomerang d'un autre effet d'annonce dévastateur de Macron "L"audiovisuel public, la honte de la République". La tribune de Cagé résume parfaitement les enjeux de la disparition de la CAP. Et pointe du doigt, s'il en faut, la légèreté d'un Président de la République pour la chose audiovisuelle. 

En 1965, De Gaulle en ballotage face à Mitterrand au deuxième tour de la Présidentielle n'avait pas jugé utile dès le premier tour de faire campagne à la TV. Mépris de sa part pour un média qui allait devenir dominant. Les Présidents successifs depuis lors n'ont jamais cherché à garantir la pérennité de l'audiovisuel public. "Depuis la nuit des temps" l'audiovisuel public et son financement devraient être sanctuarisés à l'abri des fluctuations politiques.

Un tel vecteur d'influence, aucun politique prêt à en assumer l'autonomie et l'indépendance financière absolue ! 

(1) Abonnés, https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/suppression-de-la-redevance-tele-la-honte-de-la-republique-20220309_LA356LVHZZEFTD6UHQLXVVCIIQ/

mardi 8 mars 2022

Yvonne Baby… Une femme du Monde !

"Le quotidien de la rue des Italiens n'a placé pendant vingt-cinq ans que des hommes à sa tête. Jusqu'en 1971, lorsque le directeur Jacques Fauvet a l'idée de confier à Yvonne Baby le nouveau service culturel" (1). Il y a lurette que Le Monde a quitté la rue des Italiens à Paris. Pour cette "Journée internationale des droits des femmes" j'ai eu envie d'évoquer Yvonne Baby. Si Fauvet nommait il y a cinquante ans une femme cheffe de service, depuis une seule femme a dirigé le journal depuis sa fondation en 1944. Nathalie Nougayrède (mars 2013-mai 2014).

Yvonne Baby et Orson Welles © Le Monde








Deux archives radio permettent d'entendre Yvonne Baby. Avec Chancel en 1975. Avec Adler quarante ans plus tard. Chancel extraordinaire et fidèle à sa misogynie tente en 56 minutes d'enfermer Baby dans le communisme. Celui de son père particulièrement, puisqu'elle n'est pas communiste elle-même. S'il lui fait évoquer son livre Le jour et la nuit (2), il aborde ses fonctions au Monde avec une question perfide "Êtes-vous acceptée par les hommes ? Baby "Il faudrait leur demander à eux. Mais je ne suis pas très gênée par la différence entre les femmes et les hommes. Beaucoup d'hommes étaient sceptiques et pensaient que j'arriverai à me débrouiller parce que j'étais une femme. Du genre femme-femme. Mais n'avaient pas une idée très sérieuse de mon sérieux !".

Comme il a l'habitude de le faire avec ses invités il s'acharne sur l'os qu'il a décidé de ronger. Avec deux attitudes opposées. Soit l'admiration excessive. Soit l'insistance très lourde à vouloir faire dire à ses invités ce qu'il a envie d'entendre. Sans nuance, ni finesse. 

Baby fait preuve de beaucoup (trop) de patience et de courtoisie. Face à un homme, Chancel aurait vite été renvoyé dans les cordes. Les réponses de Baby sont intéressantes à plus d'un titre. Les témoignages de femmes dans les années 70 sont assez rares. Ses différents points de vue éclairent ce qui se joue dans une société dominée par les hommes. Chancel évoquant "L'année de la femme" (3) il s'empresse d'ajouter "On n'aurait pas imaginé l'année des hommes" ! Cet homme ne doute de rien. Et surtout pas de son machisme ! Baby sourit à l'évocation de ce label ! Pour écouter ce témoignage il vous faut être abonné à Madelen/Ina. Lire aussi ceci !

Pour conclure Chancel et sa question rituelle à 2 balles "L'amour est-il plus important que la politique ?" (Vous avez toute la vie pour répondre).

Marilyn Monroe








Quarante ans plus tard, Adler n'a bien évidement pas ce surplomb ni ces a-priori. Baby évoque ses étapes au Monde. La signature de ses papiers avec ses initiales. Envoyée spéciale à Venise signant avec Nom et prénom. Et son recrutement par le fondateur Beuve-Mery. Elle décrit les conditions d'écriture de ses articles et du temps dont elle pouvait disposer. Et constate l'emballement et l'urgence qui s'imposent au métier. Quel bonheur de l'entendre évoquer son papier sur la mort de Marilyn. Passer la nuit entière au journal  pour ce qui ferait la une le lendemain. Mon papier commençait plus comme un roman que comme un article classique.

"Inerte, la main crispée sur le téléphone, Marilyn Monroe semble avoir voulu, dans un sursaut dérisoire, échapper à cette solitude qui jusque dans !a mort a marqué sa vie. Lorsqu'elle disait, ces derniers jours, à un journaliste américain combien capricieuse et fragile était la gloire, elle se savait sans doute déjà la victime de ce "star System" qui allait entraîner en même temps que sa fortune et l'adoration des foules sa propre destruction." Yvonne Baby, 7 août 1962.

L'anecdote avec Giacometti est sublime. Et donne envie de lire Baby. En commençant par "À l'encre bleu nuit" (Baker street, 2014) qui évoque Giacometti, Aragon, Cartier-Bresson, G. Sadoul, M. Cournot, A. Fermigier, Paul Morand, Hervé Guibert, C. Guérard et P.-M. de la Gorce.

(1) Le Monde, Ariane Chemin, 23 juillet 2014,
(2) Grasset, Septembre 1974. On notera l'ardeur de Chancel à recevoir son autrice six mois après la parution de son roman,
(3) L'ONU déclare 1975, année internationale de la femme (AIF).

lundi 7 mars 2022

Le pape est mort… Inter canonise !

Euh, le pape est mort ?… Le pape du 13h ! Du 13h de quoi ? De TF1 pardi. La plus grande télé du monde de la France. Faut pas rigoler avec ça. Heu… et pourquoi pas Dieu tant qu’on y est ? Ben… Dieu est déjà mort. Ah bon ? Y’a longtemps ? Non, depuis #MeToo.















Les médias laminent tout. Sacralisent. Désacralisent. Suivant l’humeur du moment. Là jeudi l’humeur est à l’emphase. Le 2 mars, le pape Pernaut est mort. Et alors ? C’est grave docteur ? Ben oui très grave pour la corpo des journalistes. Toujours être dans l’admiration, la vénération, la perpétuation. La reproduction dit Bourdieu.


Jeudi 3 mars, Inter, première radio de France peut pas louper ça ! C’est parti pour la roucoule. 7h/10 h. Deux chroniques et une émission de 18'. Hagiographique. Pathétique. Dramatique. Le hic ? Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi donc la plupart des médias se médiatisent avec autant de détermination ? En boucle. H24. Pourquoi vivent-ils en circuit fermé ? D’une consanguinité affolante !


Mais qu’est ce que ça change au monde que Pernaut ait passé l’arme à gauche ? Seule chose d’ailleurs qu’il ait jamais passé de ce côté-là ! Ça change rien. On s’en fout ! ¡ Hasta la vida ! Les aficionados ont une chaîne pour ça. Qu’ils la regardent et ne parasitent pas les ondes radiophoniques.


Défilé de condoléances sur Inter : Cadet, Telha, Roque, Nayl (1). Et bla bla bla. Et bla bla bla. Le meilleur d’entre nous de la France des villages des hameaux des gros sabots de la météo et de la baie de Somme. En somme… un surhomme. Tagada tsoin tsoin. Ploum ploum tralala. (2)


La radio n’en peut plus de caresser la TV. Tout le temps. En toutes occasions. La TV se marre. Elle renvoie jamais l’ascenseur. Sauf peut-être si un demi-dieu, un sous-pape calanche. Et encore ! Ce ne sont plus des ponts que la radio érige avec la TV. C'est carrément la fusion. À commencer par l’effusion. Ça va mal finir. La radio va perdre voix (au chapitre). L’air et la chanson. Et même l’image. L’image d’un média audio, au diable vendu. 


(1) Journaliste 7/9, "Rédacteur en chef"* L'Instant M, Journaliste L'Instant M, Directrice de la rédaction d'Inter,

(2)) Coup de bol, Guimier, le remplaçant de Sotto pour la messe politique (France 2) ne nous a pas fait part d’un souvenir (minable) avec Pernaut. Un dimanche à Lisieux au café des sports après qu’une colonie d’hirondelles ait volé sur le dos ! Le même Guimier qui en 2021, pour se souvenir des 100 ans de la radio… se souvenait qu’il y a trente ans


* C'est quoi le rédac' chef d'une émission ? Telha n'appartient pas à la rédaction d'Inter. Il travaille dans une équipe de 4 à L'Instant M : productrice, réalisateur, attachée de production et lui-même ! Rédac' chef sans rédaction !