lundi 9 janvier 2023

Documentaristes, créatrices et créateurs de Radio France s'expriment par voie de presse…

Vendredi en tout début de matinée sur son site Libération publie une tribune. En chapeau "49 documentaristes et créateurs sonores de la radio publique dénoncent leur “exploitation systémique”. Ils demandent aux ministres de la Culture et du Travail que leurs métiers soient considérés comme artistiques et non simplement techniques, pour une réévaluation de leur rémunération.” En conclusion les autrices et auteurs précisent : “Cette publication collective est anonyme afin de limiter les risques d’éviction consistant à ne plus reconduire nos collaborations respectives.”

Albert Facelly/Divergence















La conclusion de cette tribune montre à quel point la situation sociale est délétère à Radio France, au point que les acteurs de la production radiophonique n'ont plus d'autre issue que de s'exprimer anonymement sur un support de presse. Ce pavé dans la mare s'ajoute aux révélations et à l'enquête que Libération avait menée sur "Les dérives d'une direction autoritaire" à France Culture et publiée le 21 septembre 2022. Une enquête externe a été diligentée, les personnels de la chaîne qui le souhaitaient ont pu être entendus, hors les murs. Les résultats de cette enquête devraient être connus avant la fin du mois.

Ceux qui font la radio ne se sentent pas reconnus de façon statutaire, ni rémunérés au réel de leur temps de création.La radio publique nous recrute sous les appellations inappropriées de «productrices-teurs délégué·e·s» ou de «collaboratrices·teurs spécialisé·e·s» et nous considère uniquement comme des technicien·ne·s alors que nos fonctions consistent avant tout à créer des expressions sonores inédites.”. Les cordonniers, ici encore, seraient les plus mal chaussés alors qu'une armée mexicaine de cadres en tout genre bénéficie de contrats à durée indéterminée et du plein emploi. Le sentiment d'être de plus en plus invisibilisés les assaille.

Ils-elles ajoutent : “Si nos œuvres viennent d’ailleurs enrichir le patrimoine radiophonique et sonore de manière permanente, nous sommes, quant à nous, des salarié·e·s «Kleenex», jetables à souhait. Que Radio France soit notre employeur unique, principal ou très occasionnel, nous sommes, en effet, toutes et tous engagé·e·s sous contrats courts intermittents (bénéficiant ou non d’indemnités chômage).”

Les tutelles, Finances et Culture, vont devoir réagir rapidement pour permettre aux personnels concernés d'obtenir une reconnaissance de leurs compétences qui doit se traduire par une redéfinition de leur statut, avec effet induit sur leur rémunération. Quant à l'Arcom ce n'est sans doute pas dans ses attributions d'intervenir. En reconduisant, dès le mois de décembre dernier, Sybile Veil à la Présidence de Radio France (2023-2028) elle semble bien avoir ignoré la situation sociale à France Culture. Cette tribune de Libération est une alerte grave sur la détérioration des conditions de production artistique.

Souhaitant que les vœux que la Présidente présentera au personnel demain ne soient pas que des vœux pieux, des slogans et autres mantras qui cachent des réalités sociales de plus en plus difficiles à vivre pour le personnel et un management qui, avec ses orientations "tout audio" met en péril l'art et la création radiophonique.

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