vendredi 30 août 2024

Radio France Thérapie, Radio France quoi ?

On connaissait la radioscopie (avec ou sans Chancel), la radiothérapie mais la Radio France thérapie c'est quoi ce truc ? C'est pour un clip vidéo avec le docteur Cohen ? C'est pour une série TV avec Mathieu Gallet en guest ? C'est un sketch de Marie Bouasson ? Ou c'est juste un délire de communication ? Ben non c'est juste une fantaisie de la Présidente Sibyle Veil ! Un genre de madeleine de Proust, sans Proust ! Un sketch de Devos sans Devos. Une pensée philosophique sans philosophie. Rien. Du vide, du creux, du pathétique et une certaine forme de délire new old age.








La méthode Coué que je citais dans mon billet d'hier vient à mon secours quand c'est Le Monde des Livres (daté 30 août) qui rappelle "Cet homme-là, au fait de sa gloire c’est l’inventeur de la méthode Coué, dont le principe consistait à répéter vingt fois, matin et soir, la formule suivante tous les jours. À tous points de vue, je vais de mieux en mieux." C'est dit. Donc la méthode de management avérée depuis Gallet (2014-2018) est bien celle du bon docteur. La RFT (Radio France Thérapie) participe de cet enfumage XXL.

Nota bene
Comme évoqué dans mon billet de lundi, la TV entre en force à Radio France. Dernière prise en date Mme Agnès Varhamian, nouvelle directrice de France Info, qui vient de France Télévisions. 

jeudi 29 août 2024

France Bleu : la méthode Chouquet…

Yann Chouquet (1) nouveau directeur adjoint du réseau France Bleu depuis le printemps aurait trouvé la pierre philosophale, l'élixir d'audience, la formule pour faire revenir ou conquérir de nouveaux auditeurs. Dans une double page de Libération du 22 août, sous la plume d'Adrien Franque, Chouquet explique sa méthode qui ne serait pas loin de ressembler à celle de ce bon Docteur Coué qui, comme le savent les lecteurs de ce blog, a fait des miracles durant la Présidence de Mathieu Gallet (2014-2018).








La méthode
Adrien Franque écrit : "Dans ce contexte (en dix ans, France Bleu a perdu 1,3 million d’auditeurs quotidiens), comment, désormais, reconquérir des auditeurs ? Yann Chouquet est persuadé d’avoir la solution. Depuis [le printemps], il fait le tour des locales pour présenter sa stratégie. Comme ce jeudi à Poitiers, un stop sur sa route des vacances. Face aux animateurs réunis pour leur habituelle réunion de programmation, il sort sa tablette : «Vous voulez la présentation de la soupière ?» En réalité, le plat de service qui apparaît sur son écran sert à représenter la démographie française, évasée au niveau des 40-60 ans et qui se réduit progressivement en fonction du vieillissement de la population. «A France Bleu actuellement, on parle au couvercle, les 60-80 ans, explique Chouquet. Il faudrait qu’on descende au niveau des poignées.» Voilà a minima, un langage imagé pour ne pas dire trivial.

Le directeur poursuit : "En arrivant, j’ai croisé la démographie française et les audiences de radio. Et j’ai trouvé une énorme poche de baby boomers, de gens qui ont 50 ans aujourd’hui et qui peuvent constituer le renouvellement de l’audience de Bleu. À moins que M. Chouquet ne soit démographe ou sociologue, il fait une erreur pour appuyer sa démonstration, la "fin" des babby-boomers se situe à l'année1964. Personnes qui ont donc aujourd'hui 60 ans et qu'il nomme "le couvercle". Quand aux auditrices et auditeurs nés en 1974, ils ont effectivement 50 ans, mais ne sont plus des baby-boomers. Quel dommage pour "les poignées" et la démonstration scientifique de Chouquet. Et pas sûr du tout que ces cinquantenaires se piquent de France Bleu pour les quelques semaines qu'il reste à vivre au réseau, avant de passer sous la bannière ICI en fusion avec France 3.

Adrien Franque : "Ce France Bleu rajeuni aux quinquas suppose donc selon lui un nouveau ton à l’antenne : plus court, plus vif, avec toujours de l’info locale, la météo, l’info trafic, mais aussi des chroniques thématiques plus adaptées aux actifs, sur la mobilité, le pouvoir d’achat… Surtout, France Bleu proposera plus de musique aussi, jusqu’à devenir quasiment une radio à dominante musicale." Là on s'étouffe et on ne comprend plus rien. Aucune information tangible n'est annoncée pour présenter la grille (2). Mais de là à ce que France Bleu devienne une radio musicale (en reprenant le fil de Fip ?) c'est vraiment époustouflant ! D'autre part les cinquantenaires travaillent et hormis leurs trajets en voiture cela laisse très peu de temps pour écouter la radio. Mais la directrice du réseau, Céline Pigalle a trouvé la formule "On a longtemps confondu le local et le folklore. Ce qui intéresse nos auditeurs, c'est la vie e tous les jours" (Le Monde, 29 août 2024).

Tous ces chamboulements récurrents doivent laisser le personnel clairement dubitatif pour ne pas dire inquiet d'un nouveau volte-face de France Bleu. La radio va devoir continuer à apprendre à travailler avec la TV. Il faudra alors beaucoup plus que la méthode Coué pour inciter les auditeurs d'ICI à être fidèles à ce nouveau réseau.

(1) Depuis septembre 2012 au sein de France Inter, Yann Chouquet y est entré en tant que producteur adjoint de la tranche 11h-12h30 animée successivement par Frédéric Lopez et André Manoukian. Il est ensuite (2014) délégué aux moyens de production avant d’être promu, en juillet 2017, directeur des programmes. Il avait rejoint Radio France en 2004 comme réalisateur de nombreuses émissions (Là-bas si j'y suis, Eclectik, L'atelier, À votre écoute coûte que coûte, etc.). 

(2) Principale nouveauté : une tranche 12 heures-13 heures occupée par une recrue, Valérie Damidot. L’ancienne animatrice de D&CO sur M6 a été embauchée pour tchatcher avec les participants d’un nouveau jeu baptisé Au Taquet ! Comme je l'annonçais dans mon billet de lundi, Radio France recrute son personnel à la TV !!!!

mercredi 28 août 2024

FIP : de moins en moins…

Hier, dans son édition datée du 27 août (on est encore en août ?) Libération publiait en page 5, une pub pleine page pour Fip. Slogan : "Laissez-vous porter". Porter par quoi ? La passion des programmateurs qui tricotent un ruban musical souvent surprenant et éclectique ? L'inventivité des messages que distillent les animatrices tout au long de ce programme musical ? Par le radio-guidage passé par perte et profit ? Les infos enterrées ? La météo aux abonnés absents ? Plusieurs directeurs successifs se sont chargés de réduire FIP à sa portion congrue et ce n'est qu'un "début"…











Pourtant tout avait très bien commencé le 5 janvier 1971. Au studio 167, ce jour-là les producteurs géniaux Garretto (Jean) et Codou (Pierre) inventaient France Inter Paris (FIP) sur la fréquence 514m O.M. Ils répondaient à la commande du patron de la radio à l'ORTF, Roland Dhordain, qui leur avait demandé d'inventer une radio de services. Ce que Dhordain n'avait pas dit ou seulement fortement pensé "Inventez aussi la radio qui ira avec". Dès qu'ils ont eu l'assurance de disposer d'un studio permanent et du personnel technique, Garretto et Codou inventent la radio qui diffusera "60 minutes de musique par heure". 

Les bases : une programmation musicale (dont Garretto donne les tendances en pourcentage de genres sur la nappe en papier lors d'un déjeuner avec Dhordain) et une animation tout au long de la journée par des animatrices recrutées pour leur voix (et en aveugle pour ne pas être influencés par leur physique, très rare posture pour l'époque). Tout marche bien jusqu'en 2014 où l'arrivée du Pdg Gallet et de la directrice de Fip, Anne Sérode vont progressivement changer la donne (1). La migration potentielle et possible sur le web va petit à petit faire diminuer un par un tous les services comme les stations régionales de la chaîne.

C'est ce qui me fait écrire de "moins en moins"… Car à cela s'ajoute les conditions techniques et de production. En régie aujourd'hui une seule personne, un technicien/réalisateur. En studio l'animatrice doit se préparer à bientôt devoir elle-même "appuyer sur le bouton" qui la mettra à l'antenne. Quant à l'affiche elle ne dit rien ni ne met en valeurs programmateurs et animatrices. Sans elles, sans eux c'est… Radio Meuh !!!! C'est très inquiétant pour l'avenir. Il ne semble pas que Ruddy Aboab, directeur de l'antenne, défende son personnel au point de laisser s'imprimer une affiche tellement impersonnelle. Quand les autres chaînes depuis des années mettent en tête de gondole toute l'année productrices et producteurs.

Incarner une chaîne c'est la défendre et l'imposer dans sa singularité. aujourd'hui Fip fait des coups. Des retransmissions de concert, des sets avec Laurent Garnier et des podcasts pour enfants qui doivent surtout intéresser leurs parents. Alors qu'il conviendrait de "porter" programmateurs et animatrices, absents sur l'affiche, qui font vraiment figure de "derniers des Mohicans…".

Ajout de 10h30
Il est bon de lire ce témoignage de Denis Soula "metteur en ondes" (réalisateur, sauf que les réals ont disparu) : « l y a un très beau terme de métier qui n’est presque plus utilisé, qui est presque désuet, qui est « metteur en ondes »… Je l’ai toujours aimé, il dit beaucoup de choses… Mettre en ondes des sons, des voix… L’autre terme est plus pratique, c’est « réalisateur », ce que je suis aussi… C’est Patrick Derlon, un ancien programmateur de Fip qui disait ça : »Réalisateur, c’est quelqu’un qui se situe quelque part entre chef d’orchestre et garagiste » (sourire), et ça aussi ça me convient assez bien (sourire) !" (Paris Bazaar, 24 mars 2021)

(1) Vous trouverez sur ce blog, de nombreux billets consacrés à cette radio et à ses circonvolutions…





La curiosité… en bouche !!!!!

mardi 27 août 2024

France Inter : matinale… une salade (dé)composée et amère !

Puisqu'il est définitivement établi que la rentrée des radios de Radio France ne peut pas avoir lieu en septembre, des fois que ceux qui sont encore en vacances rêveraient de ne pas être tout de suite submergés/envahis par la tonne d'infos anxyogènes que distillent les radios publiques, et que ce matin se tient la Conférence de Presse de rentrée, tentons le décryptage de la matinale d'Inter, formidable ronron calibré pour que la pensée (la nôtre) ne s'évade jamais au risque de ne plus y croire du tout. 



Après avoir ingéré et avoir été gavés de deux heures d’infos de 5 à 7, les plus accros (à leur autoradio) s’apprêtent à digérer la salade (amère) qu’on va leur servir sur un plateau doré. Sans aucun temps-mort M. Loyal-Demorand, sans flamme, sans joie, sans empathie (ni même appétit) va passer les plats et tenter de faire prendre une mayonnaise qui ne montera jamais (excepté dans les sondages!). Il aura beau saupoudrer la chose de sésame, de poivre, de sel ou de curcuma et de levure de blé, rien ne pourra nous détourner d’une mécanique implacable d’infos attachées comme des saucisses industrielles, sans goût et, sans odeur. 

De 7h00 à 9h20 c’est bourrage de crâne. À partir de cette dernière il s’agit de détendre l’atmosphère avec des invité-e-s plus géniaux et tendance les uns que les autres. Soit la tarte à la crème sans transition après la salade. À 10h00 notre esprit n’ayant plus aucune place pour penser par lui-même s’affalera là où il peut. À la limite du burn-out informationnel et de nausées répétitives. Ce grand mix, beaucoup moins fun que celui inventé par Bizot sur Nova, nous mène comme des moutons à l’abattoir quand, ces mêmes moutons, rêveraient de trèfles, de belles prairies vertes et autres pâturages digestes. En clair, d'autres plages radiophoniques qui n'auraient pas décidé, elles aussi, de tout jouer sur l'info.

Pour ce grand manège ou cette amère salade, le manègement est pathétique pour ne pas dire out. Quant au cirage de pompes de Demorand à Cohen (L'édito politique), pour l'accueillir dans la matinale, c'était non seulement pathétique mais tragiquement si flagorneur que même Cohen a eu du mal à répondre ! Mais à tant sacraliser le retour du héros Demorand plombe l'exercice. Chaque jour Cohen montant en chaire va nous imposer sa bonne parole, ce qu'il faut penser et ne pas penser, en nous sermonnant la/sa vérité. De cette salade on a fini dans le panier. Nassé ! Au-secours, fuyons ! 

Dernière minute : hier en milieu d'après-midi Télérama révélait que "Guillaume Meurice avec deux de ses anciens collègues d’Inter, Aymeric Lompret et Juliette Arnaud, et l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré, s’apprête dès le 8 septembre à rejoindre une autre antenne, celle de Nova, pour une émission d’humour enregistrée en public le dimanche en fin d’après-midi – comme le fut, la saison dernière, Le grand dimanche soir, sur France Inter. Selon un communiqué de la station, l’émission s’appellera La dernière. Meurice et sa bande « livreront une analyse pointue, objective et impartiale de l’actualité ». Bien joué ! À priori ce serait l'humoriste Thomas Legrand qui occuperait une des deux heures laissées vacantes par "Le grand dimanche soir" de Charline Vanhoenacker, non reconduites à l'antenne !

lundi 26 août 2024

Radio France : une rentrée tout en TV…

Si l'on n'a vraiment plus rien à attendre des grilles de rentrée des sept chaines de Radio France, il faut se réjouir désespérer de la montée en puissance de femmes et d'hommes venus de la TV pour prendre des responsabilités au sein de la radio publique. La Pédégère, Sibyle Veil, qui psalmodie à longueur de discours son attachement à la radio et à sa défense face à l'ogre TV, pose dans les faits quelques actes qui discréditent absolument ses discours de façade et sa communication hasardeuse.










Pour remplacer Laurence Bloch, directrice éditoriale de Radio France, partie à la retraite fin juin, Veil a choisi Vincent Meslet. Producteur des feuilletons à succès Plus belle la vie et Ici tout commence, il dirigeait la branche française de la puissante société de production Newen – filiale du groupe TF1 – depuis janvier 2021. On suppute immédiatement la pertinence de son expertise radiophonique qu'il va pouvoir mettre au service de Radio France.

En fin de saison dernière, Yann Chouquet, directeur des programmes de France Inter, parti pour France Bleu, Jonathan Curiel le remplacera. Directeur général adjoint des programmes de M6, W9 et 6ter chargé des magazines et des documentaires en 2019, il travaillait sur l’ensemble des magazines des différentes chaines, notamment. Idem pour l'expertise radio.

C'est pas fini ! La journaliste Marie Labory, présentatrice d'Arte Journal depuis 2010 va rejoindre la rédaction de France Culture pour présenter "Les midis de Culture", rendez-vous quotidien entre 12h30 et 13h30. Il manque sûrement de journalistes en interne pour animer cette session. Et aussi Marina Carrère d'Encausse (20 ans d'animation sur France 5 du "Magazine de la santé") pour une hebdo sur la… santé ("Carnets de santé"), le samedi de 12h à 12h30 sur France Culture.

Pour finir, Patrick Cohen, un petit nouveau venu de C' dans l'air (France 5) chroniqueur depuis 2011. Pour l'édito politique de France Inter dans la matinale en remplacement de son confrère Yaël Goosz (chef du service politique de France Inter) qui tenait cette chronique depuis deux ans. En juin, cette nomination avait gravement secoué la rédaction. Ce Monsieur Cohen fait donc la pluie et le beau temps à France Inter. Un coup il est là, un autre il claque la porte de Culture, un coup il revient ! Un prince assurément.

Rappelons que Mesdames Pigalle et de Jonq, respectivement directrice de France Bleu et de France Culture viennent de la TV. De BFMTV pour l'une, d'Arte pour l'autre. D'aucuns, les larmes aux yeux, attendent le retour de Guy Lagache comme celui de Messi… au PSG !

La coupe est pleine, non ?

Cerise sur le gâteau, Mme Van Reeth, directrice de France Inter, refusant de s'investir pour chercher de nouvelles voix… à la TV, confie au sinistre Matthieu Noël une heure supplémentaire de "Zoom zoom zen”, des fois que la diagonale du vide ne serait pas complètement achevée. C'est plutôt là les auditeurs qu'on achève.

Video killed the radio star !