lundi 30 septembre 2024

La parole ouvrière… la radio si précieuse pour la recueillir !

9h50, ce dimanche. Je reprends l'écoute du long documentaire de Marion Thiba, "La parole ouvrière" (31 août 1991) rediffusé dans la nuit de vendredi à samedi dans les Nuits de France Culture. Je ne voulais pas passer toute ma nuit à cette réécoute. Je voulais prendre des notes pour ce billet. Et puis surtout dormir. Je reste frappé par la bonne intuition de Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture (1984-1997) d'avoir sollicité Marion Thiba, productrice, pour élaborer ce long documentaire diffusé dans la grille d'été, un samedi de 1991. Un samedi. Quatre heures quarante-cinq sublimes de plongée dans la parole et la culture ouvrière réalisées par Annie Flavell. Pas quatre heures quarante-cinq, assise dans un  studio, quatre heures quarante-cinq de témoignages in-situ, poignants, sensibles, vécus dans des bastions de l'histoire ouvrière. Boussac dans les Vosges. Fourmies dans le Nord. Le bassin houiller lorrain. Lip à Besançon. La mine de Bruay en Artois ou à Oignies. La Sollac à Dunkerque. Les haut-fourneaux de Longwy. Peugeot à Sochaux. Les chantiers navals de La Ciotat. Mais aussi la bonnetière de Troyes, le typographe de Paris, la monteuse-cableuse, l'instituteur… 


 









Marion Thiba : "Michel Verret, vous êtes philosophe, sociologue, vous avez écrit beaucoup de livres sur la condition ouvrière, vous avez l'habitude d'écouter les ouvriers. Je me disais que la radio était très précieuse pour recueillir la subtilité des différentes paroles ouvrières.“ À Troyes, Suzanne Parrigaux, évoque les bonnetières qui devaient supporter en permanence les bruits stridents de l'usine. À Fourmies (Nord), dans les filatures il était presque impossible de parler, c'était le bagne. Le bobineur était le souffre-douleur. Les ouvrières ont inventé cette image "La neige ce sont les fleurs de soumission. Si pendant la grève on ne reprend pas le travail, c'est la fin. C'est la mort". Déjà ces premières paroles montrent que ces mots n'auraient jamais pu être prononcés en studio à Paris.

Michel Verret précise "La parole nue, dans la tragédie la plus noire. La parole claire de la bonnetière. La parole franche d’une vie basse. L’oser dire de l’exploitation." Et il est joli que Verret traduise "le pain d’alouette", cette friandise que le mineur rapporte à ses enfants sans y avoir goûté lui-même pour son casse-croûte préparé par sa femme. Marion Thiba, pousse loin son écoute du sociologue au point de lui demander "D’où vient votre émotion ?". Verret : "Cette classe ouvrière peut retourner sa coopération de travail en coopération de résistance, en coopération de lutte, en coopération de définition d’objectifs de classe. Il faut que la classe ouvrière pour qu’elle soit classe survive comme classe. Et il faut que son expérience puisse se cumuler." Il faudra aussi quelques intermèdes d’accordéon pour tenter de prendre un peu de recul pour mesurer cette culture ouvrière disparue. Bafouée et disparue. Méprisée et disparue. Niée. "Il faudra au moins un siècle pour qu’on ne sache plus ce que c’est la culture ouvrière" annonce un témoin.

Puis ce sera au tour de Maurice Boivin, typographe du Livre, un "ancien du plomb" d'évoquer le cliquetis des linotypes. Louis Oury, ouvrier aux Chantiers de Saint-Nazaire. Bertrand Bartz, mineur de fond en Lorraine, "Loin du soleil, à la mine on ne siffle pas on ne chante pas, il faut bien ouvrir les yeux et surtout les oreilles, ce que vous ne voyez pas avec les yeux, vous pouvez l’entendre." Marcel Donati, ouvrier sidérurgiste de Longwy intervient à plusieurs reprises dans ce documentaire. Et puis il y a tous ces mots du travail. Qui d’autre qu’un mineur peut "Remonter au jour" ? Aucun, aucune, autre travailleur, travailleuse de la nuit peut finissant son travail peut dire qu'il "remonte au jour".



















Oignies (Nord), décembre 1990. Un mineur raconte : "Aujourd’hui on tire un trait sur tout ça (les charbonnages et la métallurgie, des colosses au pied d’argile) c’est comme si le magasin était en faillite." Et à cause du regard noir, charbonneux des mineurs une jeune femme rappelle que son père ne rentrait pas avec les yeux noirs à la maison et ne supportait donc pas que sa fille se maquille les yeux ! Pour tous les mineurs "L’or noir" ce n'est pas un vain mot, une utopie. Les femmes de mineur montrent qu'elles sont solidaires de leurs maris, "aux petits soins" comme l’évoque Marion. Les femmes ne se plaignaient jamais dans cet accompagnement lourd de leur mari et de toutes les charges domestiques et d’éducation qui leur incombaient à plein temps. Et elles évoquent aussi avec peine la silicose de leurs maris qui "crachent leurs poumons".


Un ouvrier de chez Peugeot : "C’est dur quand t’as pas parlé pendant 9 heures et que t’as tellement de choses à dire que t’arrives plus à les dire, que les mots ils arrivent tous ensemble dans la bouche, et puis tu bégayes, tu t’énerves, tout t’énerve…".  “Depuis la fin des années 70 le monde ouvrier vit un grand travail de deuil. Les ruptures [avec le reste de la société et des politiques, ndlr] et les clivages sont forts. En 1991, la blessure de la fermeture des puits n'est pas guérie, il y a maintenant l'habitude de cette mort, de cet abandon, de ce remembrement, de ces friches, c'est devenu une plaie habituelle."


Jean Hurtzel : "Les paroles sont un élément fondamental de la culture ouvrière, des cultures orales qui se méfient de l'écrit. Les bistrots étant les derniers lieux de convivialité." Quand, un autre intervenant précise "Le travail représente le fondement de l'identité pour un homme, c'est la légitimation de soi."


Grève ouvrière, Saint-Nazaire, 1955















Ce documentaire précieux de Marion Thiba est plus qu’une page de mémoire. Les témoignages sont des instants de vie, de vies consacrées à l’ouvrage, à l’œuvre d’ouvrières et d’ouvriers. Cette parole ouvrière devrait être enseignée au collège et au lycée. À la fois pour (ré)apprendre à écouter sans voir, et surtout pour prendre la mesure de l’histoire et de ce qui a forgé "les temps modernes".

Je n'ai jamais été ouvrier, mais j'en ai fréquenté de nombreux au cours de ma vie professionnelle. Et puis aussi des ami-e-s dont j'ai aimé écouter leurs histoires brutes. À "L'Humanité dans la poche", le journal communiste, on peut aussi entendre "L'humanité dans la poche" ! Le temps long de ce documentaire c'est aussi le temps long de l'histoire ouvrière avec une triste réalité, le temps de plus en plus court consacré aux documentaires sur France Culture, comme le temps de plus en plus court qu'il reste à la parole ouvrière. Merci à Albane Penaranda de l'avoir rediffusé dans "Les nuits".

vendredi 27 septembre 2024

Sublimer la musique, les mots à Fip radio…

La musique coule le long de ce merveilleux ruban (programme) musical et l'on tend l'oreille ou pas. Et puis de temps en temps quelques mots viennent ponctuer, sublimer, enrichir la musique. Il faut être un peu entraîné car on s'échappe assez vite à ses occupations. Il faut savoir guetter cette façon unique qu'ont les animatrices de dire l'heure quand, à 13 heures il est 1 heure sur FIP, ou qu'à 16h45, il est cinq heures moins le quart. Une voix peut nous accrocher plus qu'une autre. Un texte peut nous stimuler beaucoup plus que pour un partenariat ou une annonce de concert. Si s'ajoute de la poésie (ou de la prose) d'une autrice ou d'un auteur célèbre on prend ce moment-là, cet instant volé pour quelque chose qui ressemble à une petite madeleine ou à un rayon de soleil.











Hier un peu avant 1 heure, sur la musique d'Astor Piazzolla et de Yo-Yo Ma, "Regreso al amor", Audrey Stupovski laisse s'installer la musique puis se lance dans une courte histoire. 

"Elle nous quitta le 24 sept 2004 et, depuis ce temps là, "Bonjour tristesse" se glisse encore plus en septembre, en écho, comme un appel farouche à la vie qu'elle menait intrépide. Celle qui disait "Il n'y a pas d'heure la nuit c'est agréable"… Puisque la mort c’est l’immobilité, le mouvement c’est la vie. Une devise implicite pour la turbulente Françoise Sagan qui démontra, un peu malgré elle, mais en lançant la mode, que la vitesse c’est la grande vie. La Jaguar XK140 de Sagan, fonçant à plus de 150 km/h est un bolide inaccessible, délivrant des sensations inédites. La piloter, c’est appartenir à la race des seigneurs. Dans ce mouvement chaloupé tendu du tango, bonjour tristesse avec passion, "Regreso al amor" de Piazzolla qui se conduit sans lâcher la bride par Yo-Yo Ma, Sagan danse le tango sur FIP…"

On y était non ? Sans être dans son bolide, regardant ce très court métrage avec Sagan juste à côté de soi, whisky en main, silencieuse et rieuse au plaisir d'être dans la course sans être au volant ! Il fallait bien attraper ces quelques mots qui donnent à notre journée un peu de douceur entre les gouttes de pluie et l'affolement du monde. Merci Audrey et "Bonjour allégresse"… 

mardi 24 septembre 2024

Un bon dimanche avec Sagan… (enfin pas tout le dimanche !)

Sagan serait-elle devenue intemporelle et surtout le marqueur absolu d'un nouveau monde - après guerre et avant 68 - ? À écouter le bon documentaire de Virginie Bloch-Lainé on peut en être convaincu. Sa fraîcheur, son franc (et quelquefois inaudible) parler, ses postures hors système, hors sa classe sociale (bourgeoise), sa liberté tout simplement sont vraiment réjouissantes et incitent à relire "Bonjour tristresse" et quelques autres de ses romans ou essais.

25 sept 87. AFP © Mychele Daniau








Virginie Bloch-Lainé a très bien choisi celles et celui qui au micro sont venus témoigner du parcours fantasque et accéléré de la romancière, jet-setteuse, romantique new-look et totalement libérée. Libérée aussi du patriarcat (financier) et moral. Sans être féministe avec les codes d'aujourd'hui Sagan a pu être indépendante financièrement et ses deux mariages ne l'ont pas détourné de ses convictions et de ses choix de vie.

Comme je l'évoquais hier pour "L'affaire Lucien Léger", pour pouvoir développer son histoire Sagan aurait mérité un "Bon plaisir", cette belle émission inventée par François Maspero en 1984. Je ne crois pas si bien dire puisque le 25 mai 1994, sur France Culture, Monette Berthomier consacrait trois heures à l'écrivaine. L'archive disponible de ce "Bon plaisir" a été charcutée et découpée en 1h58 en août 2020. Cette maladie d'un formatage vers l'heure juste fait suite aux préconisations d'Arnaud Ténéze qui en 1996 publiait un rapport à la demande de Michel Boyon, Pdg de Radio France, dans lequel Ténéze préconisait de ne plus produire d'émissions de plus de une heure et de passer autant que faire se peut au direct. Consigne que Laure Adler appliquera à la lettre dès sa prise de fonction en 1999. En commençant par sortir "Le bon plaisir" de la grille.

Ce "Toute une vie" Sagan est un régal pour un flash-back sur une époque légère pour celles et ceux qui pouvaient en vivre à la manière d'un Scott Fitzgerald et Zelda Sayre dans les années vingt aux Ètats-Unis.

Cette nuit France Culture a diffusé "Les chemins du jour, Françoise Sagan", par Luc Bérimont, une émission de la chaîne parisienne du 26 août 1956 (Sagan avait 21 ans). Avec autant de fraîcheur et de naturel, Sagan se prête sans détours à la longue interview de Bérimont et nous propose une de ses vérités qui colle bien à l'esprit de la radio "Il n'y a pas d'heure la nuit, c'est agréable."

lundi 23 septembre 2024

Une histoire particulière… en morceaux !

Si je vous dis "Je vais te raconter une histoire particulière" et, à moins qu'il ne soit trois heures du matin et qu'au bout d'une demi-heure vous dormiez à poings fermés, vous aimeriez plutôt connaître la suite le jour même. Je raconte rarement des histoires à trois heures du matin, même s'il m'arrive d'en écouter dans les Nuits de France Culture. Si la coutume veut que sur cette chaîne on écoute un feuilleton sur plusieurs jours, voir plusieurs semaines, "À voix nue" sur les cinq premiers jours d'une semaine et "LSD" sur les quatre premiers, il est absolument incongru qu'une histoire d'une heure soit coupée en deux. Cette invention anti-radiophonique on la doit à Sandrine Treiner, ex Directrice de France Culture (2015-2023) qui ne s'est pas contentée de manager brutalement ses équipes, mais qui "au plaisir" du clic a saucissonné une histoire pour répondre aux injonctions de la Direction du numérique qui cherche par tous les moyens à gonfler les audiences délinéarisées. Pour ma part, j'écoute en replay, l'épisode 1, le dimanche à 13h et en direct l'épisode 2 le dimanche à 13h30. J'aime le suspens mais pas du tout "les coupes arbitraires".












On me pardonnera ce long avant-propos pour présenter "L'affaire Lucien Léger" d'Alexandre Heraud et Yvon Croizier, pour les deux épisodes d'une nouvelle "histoire particulière" samedi 21 et dimanche 22 septembre, sur France Culture. Ce (trop) court documentaire est bien produit et bien réalisé (1). L'affaire Léger, l'"étrangleur", est sordide et tragique. Le récit donne envie d'en savoir plus. On pourra toujours se reporter aux livres de Philippe Jaenada, de Stéphane Toplain et Jean-Louis Ivani. Mais le format même de ce documentaire empêche au producteur de creuser le contexte social et culturel d'une époque qui était tétanisée par un crime d'enfant et qui pouvait tenir la une des journaux pendant de longues semaines. Pourtant le sujet se prêtait bien à un plus long récitatif. 

Depuis l'arrivée de Laure Adler à France Culture (1999-2005) le documentaire occupe de moins en moins de place dans la grille. Sandrine Treiner quant à elle, jamais à court de grands mots et d'effets d'annonce, prédisait, avec tambours et trompettes en décembre 2015 dans une interview au journal Le Monde "Nous allons offrir un Netflix des savoirs, avec un portail consacré au documentaire". Le portail n'a jamais été forgé. Quant au Netflix des savoirs c'est juste de la com' et de la poudre aux yeux… ou aux oreilles !

(1) Il est agréable d'y entendre le jingle "vintage" d'Inter-Actualités de France Inter, un repère mémoriel pour plusieurs générations d'auditeurs

lundi 16 septembre 2024

Radio France est grave malade…

Pendant la thérapie, instituée par la Pédégère de Radio France, devrons-nous nous plier aux prescriptions "médicales" de Radio France qui nous recommande (par l'intermédiaire d'une campagne publicitaire tapageuse) d'avaler plusieurs pilules - qui ressemblent plutôt à des couleuvres - pour résister aux frimas d'un monde bouleversé ? Rien moins. Je n'ai pas trouvé l'agence qui a réalisé cette campagne qui, si elle n'était pathétique, aurait pu à une autre époque faire sourire ? Jouer (mal) sur une approche médicale ne participe-t-il pas déjà à réactiver l'anxiété ambiante : Covid et post-Covid, instabilité politique, ambiance géopolitique sinistrée. Mais quel staff à Radio France a pu inventer ça ou donner envie à une agence publicitaire d'oser la méthode Coué ou celle du Docteur… Mabuse ?











Les contenants de ces "pilules miracles" ressemblent, trait pour trait, à ceux des compléments alimentaires ce qui permet de forcer le slogan : "Les 1ers compléments des Français…". Radio France transformé en laboratoire pharmaceutique (à défaut d'être un laboratoire de création radiophonique) on ne l'avait pas vu venir. Je me répète, on veut nous faire avaler la pilule (grossière et indigeste) et nous assurer que chaque flacon à défaut de contenir un élixir de jouvence contiendrait ce qui va nous prémunir de l'air ambiant…

Et la pub de décliner la médication avec des titres bien raccord : "multi-vitamines", "immunité", "inspire", "relax", "energy mix" et "régénaration". J'ai gardé "Feel Good", alias France Bleu, avec son titre anglais qui colle bien aux territoires ruraux dont M. Chouquet veut attraper les boomers qui n'en sont pas ! On se demande si l'"Inspire" (alias France Culture) est une tisane aux effets soporifiques et si "Régénération" s'adresse aux seniors qui voudraient redevenir jeunes. Quant à "Relax" là on est sûr que France Musique ne s'adresse plus qu'à des auditeurs figés sur leurs transats. Le fin du fin restera "L'Immunité" de France Info ! L'immunité de quoi ?

À ces camelots (new age) ayant inventé l'eau chaude, on aurait envie de dire "Vous pouvez toujours mettre un ou deux flacons de plus, on n'achètera pas le lot". On ne doute pas que Madame Veil soit en lévitation thérapeutique prête à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Depuis quand faudrait-il avaler tous ces "compléments" pour se sentir mieux ? Quand tous ces compléments-là, comme tous les autres médias, rendent compte plusieurs fois par jour de la misère du Monde et de la… France. À moins de créer sous peu "France bisounours" les chaînes de Radio France ne nous empêcheront pas de devoir supporter la "désinformation", le "complotisme" et la "polarisation" dont Veil, par ces mots, est persuadée que la radio publique permet d'en être protégé !







Si l'incantation est d'imposer un "traitement" (radical) pour que tout aille mieux on frise la publicité mensongère a minima, le foutage de gueule a maxima ! Et on se demande si M. Meslet, nouveau Directeur éditorial des sept chaînes de Radio France, a trouvé sur son bureau en prenant ses fonctions en septembre, les sept fioles de couleur, charge à lui d'inventer la politique éditoriale qui va avec ? Par quel mot commencer ? Un vrai casse-tête ? Radio France est tombée (c'est une société et non pas un groupe) bien bas, jusqu'à se vautrer dans des pratiques médicinales qui tristement rappellent celles de gourous farfelus qui tentaient de s'imposer pendant la décennie 70.

vendredi 13 septembre 2024

Un bien beau vendredi… 13 !

N'en déplaise aux grincheux, aux pisse-froid qui écrasent le passé avec leurs santiags à clous et aux ravis de la crèche qui ne jurent que par un présent (de rêve, en rêve) je n'ai pas prévu de me ruer à la FDJ pour gratter des morceaux de carton. Ce vendredi 13 m'inspire car la Scam a eu la bonne idée de publier aujourd'hui l'article que j'ai écrit sur Aline Pailler, et Le Monde un article sur Fleetwood Mac et le documentaire que diffuse aujourd'hui Arte.











Pour une fois je vais vous parler d'une autre de mes passions et du band "Fleetwood" que je fréquente depuis 1979. Hein ? Quoi ? Comment ? Tu as loupé la sortie de "Rumours" en 1977 ? Oui, j'avoue et du aussi louper (à l'oreille) quelques diffusions que l'ami Bernard Lenoir envoyait sur France Inter dans "Feedback", même si son émission n'a démarré que fin mai 1978 ! C'est à la sortie de "Tusk" en 1979 que je ferai un retour salvateur en arrière. Alors forcément "Dreams", "You make loving fun" et "The Chain" ont beaucoup tourné sur ma platine, j'ai aussi du plaisir à écouter "Songbird" et surtout "Sara" (sur "Tusk"). Mais comme je n'ai pas le talent de Michka Assayas ("Very good trip", France Inter) ou celui de Thierry Jousse ("Retour de plage", France Musique), je ne vous en dirai pas beaucoup plus…

Sauf que Jacky L. en 1979 me fit remarquer et apprécier qu'aux origines en 1968, le Fleetwood Mac, version anglaise (avec Peter Green), version blues beaucoup moins mainstream valait le détour. (en illus, la pochette de leur disque de 68)

mercredi 11 septembre 2024

Ce 11 septembre là… 1973 !

Il y a cinquante-et-un an on prenait un sale coup dans les tripes. Quelque chose de notre adolescence vacillait. On voulait pas croire qu'on était devenu adulte juste parce que nos utopies s'envolaient par perte et profit. Le coup d'État de Pinochet nous laissait sans voix, désemparé, atterré, K.O. Le Chili si loin était devenu si près. On ne pouvait même plus écouter Quilapayun sur la platine et encore moins Victor Jara, emprisonné, torturé et assassiné par la junte le 15 septembre 1973. Aucun autre 11 septembre ne pourra effacer celui-là, l'assassinat conjoint d'Allende et de la démocratie chilienne laissent une plaie béante dans l'histoire. Aujourd'hui peut-être j'écouterai "El pueblo unido jamas serà vincido" mais je sais que ce sont les larmes qui viendront…

Photo de famille avec Salvador Allende en 1972
à Santiago du Chili © Rodrigo Gomez Rovira










Vous devriez pouvoir retrouver sur le site de France Culture le documentaire en trois épisodes d'Alain Devalpo et Jean-Philippe Navarre (1), diffusé du 9 au 11 septembre 2013 ("Chili 1973, la Révolution Allende) et à défaut vous replier vers cet A.C.R. (Atelier de Création Radiophonique) de 1976.

(1) Et mes trois billets de l'époque

lundi 9 septembre 2024

Meurice, la RF thérapie et la nouvelle appli…

Allons-y dans le désordre. Dans son gazouillis quotidien de quatre-vingt secondes (appelé sans grâce le 80'') sur France Inter, Nicolas Demorand a jugé utile de faire une promo appuyée à la nouvelle appli de Radio France. C'est de l'info ou de la pub ? Aux débuts de la radio, ce sont des speakers qui lisaient les informations écrites par des journalistes. Ce 2 septembre sans le moindre doute Demorand s'est transformé en speaker et mieux en “meneur de jeu” comme autrefois le faisaient les animatrices d'Europe n° 1 en donnant des “conseils”. Voilà Demorand au service de la promotion ou de l'auto-promotion ce qui a fait aussitôt écrire Laurent Frisch (Directeur du numérique de Radio France) sur X : Après 6 ans, l’app @radiofrance fait peau neuve, et c’est @ndemorand qui en parle le mieux”. Quelle harmonie et renvoi d'ascenseur ! Tout ça ressemble à une mauvaise farce. Une bouffonnerie à nous aire pleurer… de rage !!!!











Dans le même registre on passe maintenant à la tartufferie de la thérapie (Radio France thérapie) de Madame Veil, Pédégère de Radio France. Après avoir révélé le nouveau mantra, la presse a tôt fait de lâcher l'affaire et, au risque de parodier Chirac, on peut être persuadé que ladite thérapie a fait Pschiiittt ! Alors que plusieurs ex-Radio France avaient du mal à croire que ce slogan ait pu être déployé, M. Paulin Césari écrivait samedi dans Le Figaro-Magazine : 

Tout est culte dans cette pure expression de la doxa. À commencer par cette thérapie, proposée à des citoyens jugés malades pour ne pas dire déviants. Mais jugés par qui ? Par Radio France, qui serait donc tout à la fois soignant, éclairé, remède, approprié guide pour égarés. Par Radio France, qui saurait donc ce qu'est le Bien, le détiendrait, pourrait le dire sur ses ondes, et ainsi le faire : "Nos radios sont là pour faire du bien.” Dès lors, tout auditeur ainsi perfusé se verrait guéri ; bien-pensant donc bien portant. À condition toutefois qu’il soit protégé du Mal, toujours renaissant donc “…de tout ce qui met à mal le vivre ensemble : désinformation, polarisation, repli sur soi…” Quand, même Le Figaro s'en prend aux roucoulades de la Pédégère, c'est vraiment ballot !

La bande à Meurice sur Nova : un boomerang en pleine poire pour Adèle Van Reeth (directrice de France Inter)
Forcément si c'est Matthieu Pigasse lui-même (propriétaire des Nouvelles Editions Indépendantes qui possède Radio Nova et aussi les Inrockuptibles) qui vous sollicite pour intégrer “sa” radio, on peut comprendre que Guillaume Meurice n'ait pas hésité si le banquier d'affaires lui a garanti carte blanche et liberté totale. Dès hier de 18h à 20h à l'Européen à Paris et en direct sur Nova, Meurice, Aymeric Lompret, Juliette Arnaud et Pierre-Emmanuel Barré vont dégoupiller l'actu avec le mordant qu'on leur connaît.

Des transferts d'une radio à une autre il y en a eu de nombreux avec plus ou moins de réussite et souvent moins que plus (1). Là, Nova frappe un grand coup qui va enfoncer les audiences du dimanche après-midi de France Inter. Dans une période récente Demorand, Cohen ont aussi émigré sur Europe 1 sans y faire venir leurs anciens auditeurs de France Inter. Meurice n'a plus qu'a surfer sur le créneau 18-20h qui avait formidablement réussi à Inter, la saison précédente. Qu'en plus l'émission soit en public est un bon remède à la mélancolie et au blues du dimanche soir. Gageons que moult Parisiens vont s'y ruer.

(1) En 1989, au pied levé, Pierre Bouteiller remplace à la direction d'Inter, Eve Ruggieri parti diriger Antenne 2. Bouteiller est catégorique, il ne laissera pas les clefs d'Inter tout le week-end à Jean Garretto qui ne pourra plus produire "L'oreille en coin" (du samedi après-midi au dimanche soir) et devra se contenter du dimanche matin avec les chansonniers. Garretto décline et à partir de la rentrée 1990, émigre sur Europe 1 avec "Persona… gratter" le dimanche matin de 9h15 à 11h avec les mêmes chansonniers. Le directeur des programmes de la chaîne, Patrice Blanc Francard, ne parviendra pas à convaincre Garretto de changer son titre assez abscons. L'émission restera à l'antenne quatre ans, Garretto ne se remettra pas de cette éviction vengeresse de la part de Bouteiller.