mercredi 30 octobre 2024

Nuits magnétiques : bonsoir !

L'ai-je déjà écrit ? Un indicatif d'émission de radio crée sur la durée une complicité immédiate avec la dite-émission, l'occasion intime de retrouver celles et ceux au micro, à la réalisation, au son. On s'installe pour écouter, souvent de façon aigüe, ce qui va sortir du poste, des enceintes ou des écouteurs. L'un des premiers indicatifs des Nuits magnétiques, créées et produites par Alain Veinstein, le "Full moon boogie" de Jeff Beck avait l'art de laisser sa bonne part au mystère avant que Veinstein, le lundi, présente le programme de la semaine. En 1980, le documentaire s'étend encore sur les cinq premiers jours de la semaine ! Les "Nuits de France Culture" nous donnent l'occasion de réécouter cette semaine "La fabuleuse épopée du far West"… de Pamella Tytell (qui se désannonce en Tamos Tytell) et de Josette Colin à la réalisation.

Linda Darnell et Henry Fonda, dans le rôle du shérif Wyatt Earp,
sur le tournage du film "La Poursuite infernale" ,
réalisé par John Ford, 1946 ©Getty - Sunset Boulevard/Corbis










Josette Colin, le gage d'une émission "cousue main" avec finesse et sensibilité. Il faudra ne pas relâcher l'attention pour attraper au vol des désannonces le nom, entre autres, de Joseph Rémiaux (technicien du son, un des quatre de L'Oreille en coin, France Inter). Pour ces cinq émissions on apprend beaucoup de choses et les intervenants s'appliquent à déconstruire les clichés "des cowboys et des indiens". La construction du documentaire s'applique à élargir le champ de l'épopée et à en mesurer les conséquences humanitaires, politiques, économiques et culturelles. C'est riche et l'on se souvient que la nuit était propice à ces "Nuits magnétiques" quand on disposait autour de soi du silence, de la nuit noire ou d'une lumière tamisée.

La durée même de ces cinq émissions (5 x 96') prenait le parti-pris d'auditrices et d'auditeurs que cette longue durée ne rebutait pas quand, aujourd'hui, il n'existe pour ainsi plus d'émissions de plus de soixante minutes ! Et ce dans une lente dégringolade depuis 1999 et l'arrivée de Laure Adler comme directrice de la chaîne.

Autre très bon moment des Nuits avec les cinq entretiens de François Maspero avec le géographe Yves Lacoste autour de la butte de Turenne en Corrèze. Calme et volupté d'une lecture du paysage passionnante dans Les Chemins de la connaissance

lundi 21 octobre 2024

France Inter : le cas Adèle Van Reeth…

Dans un long article, publié jeudi 17 octobre sur Télérama, François Rousseaux pose dès son titre la bonne question : “Mais que veut-elle ?” Enquête sur Adèle Van Reeth, la patronne qui inquiète France Inter". Autrefois une séparation plus nette de gestion entre les programmes et la rédaction maintenait un modus vivendi de bon aloi. Las, Van Reeth se sent des ailes et n'hésite pas à mettre le loup dans la bergerie et bouscule, irrite, perturbe la rédaction qui n'avait pas besoin de Patrick Cohen pour exister et faire son travail ! On a beau avoir des compétences en philo en quoi cela peut-il présager à diriger la 1ère radio de France ? Comme souvent Madame Veil, Pédégère de Radio France, a fait le mauvais choix.









Débarquer Yaël Goosz, chef du service politique, de l’édito de 7h44, pour offrir le siège à Cohen est juste une aberration «Une affaire si mal gérée qu’il faudrait l’enseigner dans les écoles de management !» soupire un animateur (1). "Les journalistes, soutenus par les producteurs d’émissions, votent à 80 % une motion de défiance contre elle… Une personnalité s’emporte : «Comment peut-on fragiliser une radio qui est la première de France ? " (1). Faut pas pousser ! Et Van Reeth sûre, trop sûre de son pouvoir, n'a pas su prendre la mesure de l'alchimie qu'il faut savoir faire vivre dans une chaîne ou les ego (quelques-uns surdimensionnés) se confrontent aux ego (quelques-uns sous-dimensionnés). Toute philosophe qu'elle est, elle a manqué beaucoup de philosophie, de pédagogie et de psychologie. Et quand la confiance est mise en jeu, rien ne dit que les mea-culpa permettront de retrouver un fonctionnement serein.

"Pour la première fois, les programmateurs et attachés de production (quarante-huit salariés) se sont réunis, et sont en train de se constituer en collectif pour se faire entendre sur leurs missions et l’avenir de la station. « On est au mieux dans une illisibilité, au pire dans une perte de l’ADN de la chaîne », soutient une journaliste". (1) Le bon état de la station que Laurence Bloch avait su installer pendant dix ans (2014-2023) est détruit. On se demande toujours pourquoi une très bonne animatrice et productrice d'émissions sur France Culture aurait les capacités pour diriger une chaîne telle que France Inter ? C'était a priori mieux que d'aller chercher quelqu'un de la TV (méthode Veil). C'était un pari, mais un pari perdu !

Van Reeth décase la bande à Charline à 17h (rentrée 2023), la remplace par trois (pourquoi pas six ?) personnes qui ont à peu près autant de compétences pour faire de la radio que moi pour diriger un opéra ! À la rentrée 24, "D’autres décisions ont secoué : l’arrêt l’année dernière de l’émission de l’historien Patrick Boucheron, la fusion des services sciences, santé et environnement (décidée par la pdg de Radio France et finalement abandonnée), la suppression d’émissions de reportage à la fibre sociale (la direction les jugeant « vieillissantes ») (1). "Vieillissantes" l'adjectif le plus bidon en vogue à la radio ! "Le jeu des 1000€" lui, ne serait pas vieillissant ? "Le Masque et la plume" ? Quand on veut dégager une émission on se sert d'un fallacieux "vieillissant" pour tenter faire passer la pilule (cf "Là-bas si j'y suis", 1989-2014). Quant à offrir (par défaut) une heure de plus à Matthieu Noël (Zoom zoom zen) c'est un aveu de faiblesse. et un manque absolu d'imagination.

Plutôt que faire leur marché à l'extérieur, les directrices et directeurs de chaîne seraient inspirés à faire sortir du rang celles et ceux à qui il faudrait faire faire des essais (l'été comme c'était le cas autrefois ou dans "Les bleus de la nuit"). Mais la mode n'est plus ni à la découverte ni à l'essai, il faut tout de suit une "figure" et une renommée, l'antithèse de ce qui s'est fait à la radio depuis quatre-vingt ans (jusqu'au début des années 2000). Les jours de Van Reeth sont comptés et ce ne sont pas que les résultats d'audience qui pourront la sauver d'un management inapproprié et… lunaire !

(1) Cité par F. Rousseaux dans son article.

lundi 14 octobre 2024

France Inter : Nagui & Luchini, la spirale du mépris…

9 juin 2016, Nagui persifle sur Europe 1 au micro de Morandini en évoquant qu'à France Inter pour son émission "La bande originale" il fait du bénévolat. Sans tarder Charline Vanhoenacker avec quelques complices de France Inter fustigera le "bénévole" qui, huit ans plus tard ,continue à animer l'émission. Preuve s'il en était que le bénévolat… paye. Dans la même veine et avec autant de mépris Fabrice Luchini, mercredi dernier sur Quotidien annonce que pour son émission du dimanche soir sur France Inter (Les admirations littéraires) : "… Paye très modeste. Je n'ai jamais été aussi mal payé de ma vie". Pas de quoi rire !

La vidéo ici


Cracher dans la soupe ces deux paltoquets savent faire. Cracher sur le service public et en percevoir des émoluments ils savent faire aussi. C'est indigne et misérable. Les "belges" ne sont plus là pour moquer le cabotin. Cette preuve flagrante de déloyauté devrait valoir à Luchini quelques remontrances de la part d'Adèle Van Reeth, directrice de la chaîne. Et donner aux auditrices et auditeurs envie d'aller sur Nova écouter "La dernière" de Guillaume Meurice !

lundi 7 octobre 2024

Radio France : tout sauf de la radio !

Avec un cynisme de mauvais aloi, le staff numérique de Radio France déconstruit méthodiquement la radio (ou ce qu'il en reste). Le staff numérique ? Mais que reste-t-il d'autre ? La publicité dans le métro parisien dit tout du projet calamiteux : tout donner à entendre sauf de la radio. Oui sauf de la radio car pour les geeks qui gouvernent cette Maison (de quoi ?) le mot est à ranger aux rayons poussiéreux des antiquités. Le mot radio n'apparaît plus que dans le nom de la société : Radio France. Un faux-nez, une entourloupe de première, un cache-sexe qui ne trompent que ceux qui ne veulent rien y entendre et surtout pas de la radio. Madame Veil, Pédégère de la société qui a su si bien rebaptiser le bâtiment de l'avenue du Président Kennedy pourrait, sans gêne, débaptiser Radio France qu'on y verrait que du feu. Feu la radio !








Madame Veil s'acharne pourtant devant la représentation nationale ; à l'Assemblée ou au Sénat, à pérorer sur la nécessité que la radio puisse conserver son autonomie fasse à une fusion où, la grande louve France Télévisions, l'avalerait en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Effets de manche, théâtre épique, galéjades qui ne trompent que ceux qui veulent bien marcher dans la combine ! Défendre la radio oui, encore faudrait-il qu'il soit encore produit de la radio et non des petits morceaux de trucs et de machins qu'on bricole en collections, en série. Le tout délinéarisé et pire encore détemporalisé. Il s'agit bien d'additionner les clics et, surtout, n'être comptable que de chiffres plus mirobolants les uns que les autres. 

Au risque d'avoir détruit l'incarnation, par ses équipes, d'un programme de radio, d'émissions du petit matin, de l'après-midi, du soir et de la nuit. Jetant la nuit par la fenêtre du jour. Au risque d'avoir gommé le moment présent qui ne doit surtout pas être entendu dans les rediffusions des rediffusions. Au risque d'avoir cassé la chaîne de fabrication et d'avoir tout aussi méthodiquement casser les métiers spécialisés de technicien du son, de réalisatrices et réalisateurs et tenter d'inventer des productrices et producteurs, moutons à cinq pattes et à plusieurs bras pour faire seul-e-s ce qui se faisait en équipes de réalisation.

Mais l'auditrice ou l'auditeur ne le voit pas, ne l'entend pas. Avec son support habituel il peut encore croire qu'il écoute de la radio. Il n'écoute plus ni la radio ni même des émissions. Il écoute des podcasts. Petits modules sonores qui se faufilent dans la grande toile numérique. The dream is over chantait John Lennon. Oui, le rêve est fini. Le rêve d'être en fusion dans des moments de radio singuliers, surprenants et quelquefois magiques. Le rêve d'une affection solide pour une compagne de route et de vie. Le rêve tout simplement…

Le texte des deux visuels : Plus de 3 milliards de podcasts, 168 heures de direct par jour. Playlists, concerts musiques, direct, podcasts.