mercredi 5 juin 2024

Radio d'État : le retour (plus tôt que prévu !)

Avant-hier, 3 juin, le premier Ministre Gabriel Attal, s'est imposé et infiltré dans une émission de France Info, à l'auditorium de Radio France qui accueillait plusieurs candidat-e-s à l'élection européenne du 9 juin prochain, devant un public de jeunes. Sans y avoir été invité par Jean-Philippe Baille, directeur la chaîne et de l'info de Radio France, ni par les journalistes, il prit la parole sur le temps de Valérie Hayer (en pleine intervention pour la liste Renaissance). Cette façon grossière a, non seulement choqué les auditeurs présents dans l'auditorium, mais au moins autant les journalistes. Le premier Ministre, avec un tel sans-gêne, aurait-il eu la même attitude pour s'imposer dans les studios de RTL, d'Europe 1 ou de RMC ? Radio France serait-elle ouverte aux quatre vents, donnant la possibilité à quiconque de s'imposer à l'antenne ? Ou y-aurait-il, demain, des facilités pour permettre aux membres du Gouvernement de s'exprimer à leur guise à Radio France ? Mardi 4 juin, Madame Veil, Pédégère de la radio publique, si prompte à donner des leçons de civisme, de moralité, de bien vivre ensemble et de respect des institutions n'a pas réagi à cette intrusion du 1er Ministre, façon de procéder qui ne s'était pas vu depuis plus de cinquante ans, du temps de l'ORTF, aux ordres du pouvoir gaulliste et pompidolien.


15 décembre 1965, 1ère chaîne ORTF









Alors que des menaces sérieuses pèsent sur les audiovisuels publics qu'une loi voudrait fusionner, il est vraiment invraisemblable que le pouvoir exécutif donne un exemple de ce qui demain deviendrait une pratique d'ingérence, par-dessus les instances dirigeantes, par-dessus  l'indépendance des journalistes, par-dessus tout. On se pince ! En 1965, M. Michel Droit, journaliste au Figaro a reçu avant la première élection du Président de la République au suffrage universel, Charles de Gaulle, président en exercice depuis 1965. Obséquieux, Droit interpellait le Président, à grands renforts de "Mon Général" qui, pour l'occasion, les archives le montrent, était en civil. Mais qu'attendre du Figaro autre chose que cette obséquiosité ?

Et que dire d'une attitude, a minima sexiste, vis à vis de Mme Hayer qui n'a eu d'autre choix que de “laisser la parole” à M. Attal. Pathétique exercice du pouvoir et illustration des dangers d'un prompt retour à la "Radio d'État" que les radios privées n'ont pas manqué de fustiger, s'en faisant des gorges chaudes et multipliant les sarcasmes à tout va.

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