mercredi 4 juin 2025

La fin des ondes… La fin d'un monde !

"Un siècle après l’arrivée de la télévision sur la TSF, la transformation de l’audiovisuel s’accélère en basculant de la diffusion par voie hertzienne vers le tout numérique sur les réseaux filaire désormais, le public fait sa propre programmation au risque de s’y perdre." Voilà comment Le Monde, dans son édition datée du 3 juin 2025, introduit un long article de Charles de Laubier, intitulé "Audiovisuel : l'adieu aux ondes".



Ouf ! Nous voilà "rassurés" l'adieu aux ondes concerne aussi la télévision et il n'y aura donc pas que la radio à avoir des regrets éternels. Ce que nous écrivons modestement depuis quelques années est donc validé par un état de fait de société pour lequel les politiques se sont contentés de "voir passer le train". Le mouvement, on peut même dire la révolution, est engagé depuis les années 80.

"Que de chemin parcouru depuis le démantèlement, il y a un demi-siècle de l’Office de Radio diffusion-Télévision Française (ORTF), cet établissement public qui concentrait le monopole d’état de l’audiovisuel et s’appuyait sur les infrastructures hertziennes de la TSF. Mais il a fallu attendre la loi du 29 juillet 82 proclamant, la "liberté de communication audiovisuelle" promise par François Mitterrand. La fin de l’ORTF - du monopole - a été marquée par la multiplication des émetteurs, diffuseurs et producteurs de programmes audiovisuel et des innovations, raconte Jean-Jacques Cheval, professeur émérite des universités. L'arrivée d’Internet et celle de la TNT ont joué de grands rôles, mais celui de la télécommande a aussi permis le zapping, qui a lui-même changé le langage télévisuel." (1)

La tyrannie progressiste de l'informatisation-numérisation a fini par reléguer la diffusion hertzienne au rang des antiquités. Les auditeurs-téléspectateurs organisant, à façon, leurs programmes, sans grille, sans contrainte temporelle et sans continuité formelle. The dream is over. Le rêve est fini de se laisser porter par une succession de programmes qui, si son/sa responsable était qualifié(e) donnait lieu à de nombreuses découvertes. On passe de la politique de l'offre à celle de la demande, ne se laissant plus porter par l'inattendu, l'in-entendu. La plateformisation devenue l'alpha et l'oméga du développement audiovisuel.

Wolfgang Ernst, (2) dans le même journal, sous le titre "La radio et a télévision ont perdu leur âme en tant que techniques autonomes" dit : "…Il existe une beauté particulière propre à la radio sans fil du point de vue de la philosophie des médias, être "dans les airs" [on air] renvoie à cette forme de beauté, voire de spiritualité de l’immatériel…" Comme c'est bien dit. Seulement avant que l'Organisation Mondiale des Geeks Acharnés (OMGA) ne s'en rende compte on sera peut-être revenu dans la grotte Chauvet, dessinant au charbon de bois des petits rectangles de plastique surmontés d'une antenne, devant lesquels les spéléologues du troisième millénaire, en larmes, se pâmeront en chœur.

La radio a perdu son âme dans un long processus engagé depuis 2014. À coups de dénis et de renoncements irréversibles…

(1) Le Monde, "L'adieu aux ondes", Charles de Laubier, 3 juin 2025
(2) Professeur à l'université Humboldt de Berlin, est l'un des principaux théoricien de l'archéologie des médias, 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire