mercredi 31 octobre 2012

Radio Sauvage…



Lundi nous reprenions pied dans la lutte du bassin de Longwy avec Lorraine Cœur d'Acier, radio libre. Mardi avec Django, libre manouche dont le swing nous transporte, il fallait se rendre à l'évidence : tolérance pour la musique tzigane oui, mais tolérance pour les hommes, non ! Cette liberté des ondes, des hommes, a un goût sauvage et dans cet enchaînement "déchaîné" la radio d'Alain Veinstein (1) à toute sa place.

«J’imagine d’emblée une sorte de radio dans la radio, une enclave indépendante du reste de l’antenne,… Au fond, je vais conclure un pacte avec la nuit. Faire en sorte qu’elle ne nous coupe pas le son mais donne son plein sens, au contraire, au pouvoir de l’écoute. A une heure relativement tardive 22h30, pour beaucoup, de la plus vive disponibilité, je propose de créer un programme qui tenterait de renouveler l’auditoire de France Culture par l’expression d’une curiosité et d’une sensibilité plus contemporaine. Sur une durée significative (une heure et demie), de façon à être en mesure, justement, de jouer la carte du programme et non pas de l’émission, il convenait de mettre en place un lieu de vie, c’est à dire de surprise, d’émotion et de passion où les paroles vivraient en harmonie avec les sons.»

Les sidérurgistes ont osé la parole, les manouches ont osé la musique, qui osera le sauvage ? Sans qu'il soit besoin d'attendre la rentrée ceci, ou la sortie cela. Pour paraphraser un slogan politique de la campagne présidentielle de 1981 : "Le sauvage, c'est maintenant qu'on a besoin de lui !" (2)

(1) Radio sauvage, Le Seuil, 2010. Producteur à France Culture, Du jour au lendemain, lundi au vendredi, minuit.
(2) "Dans notre société si bien civilisée il faut que je mène une vie de sauvage" Gustave Courbet, cité ce matin dans La Fabrique de l'Histoire, France Culture,

mardi 30 octobre 2012

Swing Laurentin Swing…












L'Histoire fait une fleur au jazz, au jazz manouche même et à Django Reinhardt en particulier. Hier matin "La fabrique de l'histoire" (1) pour inaugurer une série sur les bohémiens l'entamait avec l'immense Django qui, non content de faire son "Swing de Paris" à la cité de la musique, s'invite dans une émission où nous n'avons pas l'habitude d'entendre de la musique (2). Vincent Bessières, commissaire de l’exposition Django Reinhardt à la Cité de la musique, n'hésite pas à rapprocher Django et Miles Davis qui a eux deux couvrent presque un siècle de jazz.

Puisque on est dans l'Histoire, Bessières et Laurentin montrent les paradoxes des phantasmes sur les romanichels : l'aura pour Django et sa musique et en même temps son "renvoi dans les cordes" en stigmatisant ses origines tziganes et la suspicion permanente de la population à l'égard de ces mêmes romanichels (3). Les deux prochains numéros de l'émission seront donc à suivre avec attention (4). Comme de courir voir le film de l'invité de ce lundi, Bruno Le Jean, "Les fils du vent".

Le titre de ce billet est inspiré d'un disque de Robert Charlebois paru en 1978 "Swing Charlebois Swing".

(1) France Culture, du lundi au vendredi, 9h05
(2) Pour autant on peut imaginer en lisant entre les lignes (sic), qu'Emmanuel Laurentin aime la musique, en écoute et en "joue" à la radio à chaque fois qu'il peut !
(3) Un texte de Cocteau évoque ce paradoxe quand il écrit "avoir rêvé être volé, de prendre les chemins de l'école buissonnière sauvage dans la roulotte, et de vivre avec des romanichels…"
(4) Mardi : Des tsiganes sous surveillance / du carnet anthropométrique au carnet de circulation. Mercredi : visite de l’exposition « Bohèmes » qui vient de commencer au Grand palais à Paris

lundi 29 octobre 2012

Le chiffon rouge…brûle







Longwy 1979. La Confédération Générale du Travail (CGT) crée la radio libre et pirate Lorraine Cœur d’Acier (LCA° qui émettra pour la première fois le 17 mars de cette année-là. Si l'objectif initial était de mobiliser pour la grande manifestation des sidérurgistes qui devait avoir lieu à Paris le 23 mars suivant, chacun prendra conscience qu'une telle possibilité de parole gagnée devra faire se poursuivre au-delà. Deux journalistes professionnels sont "recrutés" et arrivent à Longwy dès la première prise d'antenne. Il s'agit de Marcel Trillat et Jacques Dupont. Au fur et à mesure ils inciteront à la prise de parole de tout le bassin de population sur une radio de lutte et de libre expression où, petit à petit, au-delà des syndicalistes aux premiers postes de la lutte, ce sont les femmes qui vont s'exprimer et dépasser le seul cadre de l'activité professionnelle de leurs pères, maris ou fils.

"Un morceau de chiffon rouge" (1) est un documentaire radiophonique que Pierre Barron, Raphaël Mouterde et Frédéric Rouziès ont réalisé à partir des archives de L.C.A. À entendre ces reportages on prend rapidement la mesure de la soupape que cette radio a créée dans le bassin sidérurgique en brisant le monopole d'État de la radiodiffusion. Les témoignages de ceux qui s'expriment sont bouleversants de sincérité, d'engagement et d'espoir. Chacun prenant conscience que cette parole libératrice pourra peut-être "Changer la vie".(2) Petit à petit, pris au jeu de la "communication", ceux qui ont tellement de choses à dire vont inciter Trillat, Dupont et ceux qui gèrent l'antenne, "à se diversifier et à devenir le lieu de tous les débats", où même les enfants y trouveront leur place.

"La radio c'est permettre à ce qu'on a fait taire de s'exprimer", cette parole de Dupont ou de Trillat montre que l'esprit des radios libres était bien là, en germe, prêt à exploser et à fleurir sur tout le territoire pour ne pas dire en Europe. Des radios-libres d'abord pour parler, témoigner, échanger, proposer, confronter. Ce qui est bouleversant c'est que cette publication intervient au moment même où à Florange (Moselle) la fermeture des hauts-fourneaux à été prolongée par Arcelor-Mittal jusqu'à fin juin. L'histoire se répète et ce "morceau de chiffon rouge" est une chanson amère où la colère est en étendard et où sans doute la désespérance va s'installer pour longtemps. 

Où est-elle la L.C.A. qui permettra à ceux qui le vivent le plus douloureusement de le dire ? (3)




(1) Relate cette "aventure inédite" en 5CD + le DVD du film "Lorraine Cœur d'acier- Une radio dans la ville (1981) d'Alban Poirier et Jean Serres, Éditions de la Vie Ouvrière, septembre 2012,
(2) Slogan du candidat François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1981,
(3) Et ce ne sont malheureusement pas Twitter et Facebook qui la remplaceront ! 

dimanche 28 octobre 2012

Petites ondes… (et plus si affinités)

Vincent Liegey et Mermet © Jacob Khrist/21voix2012





Les petites perles de la mémoire (part 2)
Le 10 août 2011 j'écris un billet sur Mermet et hier je reçois un commentaire sympathique d'une auditrice qui se souvient d'une belle histoire racontée par Mermet autrefois. On échange, on avance il ne nous manque plus que… le son ! Avis aux collectionneurs. Mais le succulent de cette affaire c'est le besoin (pour chacun) sur un moment sensible d'écoute même très datée de l'entendre à nouveau. On commence à recoller les petits morceaux, on se laisse transporter par le rêve, on lance des bouteilles à la mer, on guette fébrile tout ce qui pourra nous permettre de RE-vivre ce moment enchanteur. Sa propre quête minuscule devient tout à coup gigantesque, il faudrait que tous les obstacles tombent, et que, sur un tapis volant, le bon génie nous livre dans sa lampe d'Aladin transistorisée la pépite que nous recherchons. Ah si seulement existait Radio Archives !

"Je vous laisse écouter, je vous laisse regarder les lampions des souvenirs, un à un s'allumer" - Daniel Mermet

Co-radiotage
Vendredi, je sors de la ronde. Finie la récré ! Et pour la deuxième fois de ma vie je tente le co-voiturage. La Muette, 13h40. Eric va arriver. Je l'ai testé à l'aller, je vais profiter de ce second voyage pour échanger avec mes compagnons de bord sur leurs pratiques de… radio. Démarrage de l'automobile : RTL en fond sonore. Il semble bien qu'Eric accepte de se prêter au jeu de mon intrusion dans sa vie intime avec la radio. D'emblée il m'annonce deux choses : qu'il a été animateur radio dans une locale en Charente jusqu'en 1995, et qu'il y a juste un an Bahar Makool, journaliste à "Les pieds sur terre" (1) l'interviewait pour une émission sur le co-voiturage. Bigre ! Pouvais-je mieux tomber ? 

Éric me détaille son programme radio quotidien, du lundi au vendredi : 8h15/RMC, invité de J.J. Bourdin, 8h20/Europe1, allume l'ordinateur pour écouter l'invité d'Elkabach (2) et va jusqu'au Canteloup… la télé reste en fond sonore et la radio aussi en attendant 9h30/Morandini (3), puis à 11H30/RTL, pour Stéphane Bern ou pour l'ambiance (Éric regrette l'époque où Drucker rigolait sur Europe 1 jusqu'à midi). Plus de radio jusqu'à 15h30/Europe 1, Ruquier (plus jeune que RTL/Bouvard) et à 18hRTL Marc-Olivier Fogiel jusqu'à 19h30 et c'en sera fini pour ce média. Pas de radio le dimanche.

Je tente la question à deux balles "Et la radio publique ?" "France Info quand j'ai besoin d'infos" "Euh, c'est quoi le besoin d'infos quand on en ingurgite toute la journée ?" "Un événement particulier à suivre de près, je suis addict d'infos…". Je parle de son enfance. Il se souvient de "L'Oreille en coin"… mais pas de Jean Garretto. Dans son panthéon des voix : Madame Soleil/Europe1, Maryse et Jean Amadou/Europe 1 (et aussi Julie), Fabrice/RTL et Macha Beranger/France Inter.(4)

Demain, 8h30 le chiffon rouge… brûle !

(1) France Culture, coordonné par Sonia Krolund, du lundi au vendredi, 13h30
(2) Il "regarde" Bourdin (sur BFMTV) et écoute Elkabbach,
(3) Le journaliste, ne pas confondre avec l'animateur/amuseur du même nom, 
(4) On notera que toutes ces voix ont quitté l'antenne avant la fin… du précédent siècle

samedi 27 octobre 2012

Dali chancelle…











L'Institut National de l'Audiovisuel (Ina) vient de publier une Radioscopie qui aurait pu être décoiffante, fantasmagorique, ou surréaliste. Il n'en fut rien ! Le numéro de Salvador Dali a déçu Jacques Chancel (1). Le numéro de Chancel n'a fait aucun effet à Dali. On est en 1971 (4 janvier), l'émission, démarrée trois ans plus tôt et qui va très vite devenir culte, commence à s'installer et à faire parler d'elle. Chancel curieux de tout et du monde, mais aussi des beaux arts, n'a peur de rien et surtout pas des facéties du promoteur du chocolat… Lanvin ! (2)

Vous ne serez pas surpris, mes chers auditeurs, que je me sois intéressé à l'autour de cette rencontre au moins aussi invraisemblable que la rencontre elle-même. Le livret joint au CD relate les conditions de son enregistrement. Il a lieu à l'hôtel Meurice à Paris (près des Tuileries) ; le Maître ne se déplaçant quand même pas jusqu'à la Maison de la Radio. Une des photos du livret nous montre une scène qui avec un autre personnage n'aurait eu aucun intérêt ! Eve Ruggieri, (assistante de Chancel à l'époque, avant de voler de ses propres ailes) lui tend le micro, est à genoux et regarde le Maître droit dans les yeux contre le fauteuil où il se tient impérial. Et où l'on apprend alors que Dali refusait la perche de prise de son. Voilà bien une image surréaliste : Ruggieri aux pieds du Maître, Chancel goguenard dans son fauteuil et Dali en monarque absolu. Le même qui se fait un malin plaisir de déboussoler et désorienter son interlocuteur peu habitué à ce qu'on le mène par le bout du nez.

"Jacques Chancel a procédé à ce que, dans le jargon radiophonique, on nomme des « lancements », c’est à dire, en l’occurrence, des propos enregistrés après-coup et insérés au montage." (3) Avec notamment une introduction qui, pour situer l'affaire, en enlève  un peu de la "réalité" de l'entretien, particulièrement parce que Chancel ne précise jamais que ses propos-là n'ont pas été enregistrés au cours de l'interview. C'est d'une certaine façon le moyen pour Chancel de "reprendre le dessus" et surtout de ne pas montrer qu'il a eu beaucoup de mal à tenir son entretien. La Radioscopie livrée par l'Ina ne dure que… 38mn ! On peut imaginer que les 20mn "manquantes" ont du être utilisées par de la musique pour la diffusion d'une Radioscopie qui ordinairement durait un peu moins d'une heure.

"La seule sincérité de Dali, celle d’être « un mensonge qui dit toujours la vérité », pour reprendre la formule de Jean Cocteau, ou d’être un bouffon qui se moque de tout et de tous dans un catapultage verbal qui fait mine de n’être jamais guidé par la raison" nous dit Renaud Machart qui signe le texte du livret (4).

Merci à l'Ina de publier aussi, au-delà de l'événement en soi qui était de recevoir Dali à la radio, des archives qui rendent la "fabrique de la radio" un peu moins lisse, un peu moins culturellement correcte, un peu plus en prise avec le principe de réalité.

(1) Animateur sur France Inter de Radioscopie, du lundi au vendredi, 17h, 1968-1982 et reprise en 1988 jusqu'en 1990,
(2) Spot publicitaire TV pour la marque de chocolat,
(3) in le livret joint au CD de l'édition de cette Radioscopie,
(4) Producteur à France Musique. 
 

vendredi 26 octobre 2012

La maison ronde…








Vu de l'extérieur, la maison de la radio est immense, gigantesque même. Et ses "couches" de courbes superposées donnent de la rondeur et du mouvement. "Ça tourne rond" pourrait-on dire ! Et si ça tourne rond à l'extérieur, ça doit bien tourner rond aussi à l'intérieur. Dans les studios, dans les cellules (1) dans les bureaux, et même dans les coursives. Ça butine, ça bourdonne, ça produit. Du son, des voix, des sujets, de la musique, des paroles, des infos, et quelques improbables silences. Dans quelques mois (2), Nicolas Philibert présentera son film-documentaire sur la maison de la radio : six mois de tournage in situ en 2011. Attendre et voir… et continuer à écouter la radio ou ceux qui la font. 

Dans Alphaville, le film de Jean-Luc Godard (1965), Eddie Constantine, pousse presque convulsivement une succession de portes, placées les unes à côté des autres (3). Quand il m'arrive de pousser les portes de cette grande maison, il y a toujours quelqu'un derrière. On parle quelques secondes ou quelques minutes. J'écoute et ce que j'entends EST la radio, celle qui se fait avant ou après avoir été mis en ondes. Cette ébullition permanente échappe absolument à une diffusion à l'antenne. Et pourtant de ce "matériau" brut il y aurait sûrement de quoi faire quelques émissions car, quelquefois, l'envers du décor vaut vraiment l'endroit.

(1) D'enregistrement et de montage,
(2) Mars 2013,
(3) Scène "immortalisée" dans l'émission Cinéma-Cinéma (Antenne 2, 1982-1991) qui servait d'intermède entre chaque sujet,

jeudi 25 octobre 2012

Les routiers sont sympas…

Une petite madeleine. Une autre si vous voulez, une autre que celle du dimanche. Une qui montre que sous l'ironie il peut y avoir de la tendresse, de l'humour et une bonne dose de bonhommie. Ce dialogue improbable entre deux routiers aux gros bras (1) a peut-être existé dans la cabine d'un semi-remorque ou d'un poids lourd monstrueux. Tous les chauffeurs poids-lourds, en ces temps-là, n'écoutaient pas "Les routiers sont sympas" de Max Meynier sur RTL (1). 

Un tel spot de pub pour France Musique, chaîne si prestigieuse, un peu austère, académique quelquefois est de bonne augure. Cela montre de la part de son directeur, Olivier Morel-Maroger, un certain sens de l'humour, un côté facétieux et peut-être même un rien trublion ? Que de bonnes qualités pour diriger une radio qui a besoin d'élargir le champ de ses auditeurs classiques pour aller voir du côté de ceux qui le sont moins, bien qu'étant aussi amateurs de musiques. Là je ne peux pas ne pas mettre de "s", même si ce "s" en son temps a fait couler beaucoup d'encre au sein même de la chaîne. Pierre Bouteiller, son directeur de l'époque, avait imposé ce "s" qui pour la plupart ne s'imposait absolument pas. Trève de esse, goûtez donc à l'humour perfide d'un Jean Yanne qui n'en rate jamais une pour bousculer l'établishment.

(1) Jean Yanne et Paul Mercey : "Les forçats de la nuit "
(2) 1972-1983, 20h, et jusqu'à 3h30 d'antenne (source "Les années radio" Jean-François Remonté, l'Arpenteur, 1989)


Spot France Musique - septembre 2012 par francemusique

mercredi 24 octobre 2012

La minute nécessaire...

Je l'ai peut-être déjà écrit, mais au risque de me répéter il pourrait y avoir sur France Culture plusieurs fois par jour quelques virgules qui nous donneraient envie de sourire, de temporiser ce qui vient d'être entendu, de laisser filer l'esprit, de nous laisser le temps avant "d'enfourcher un autre cheval" de respirer, un peu comme mettre sur pause. Sauf qu'ici la pause serait une bulle de légèreté et de RES-PI-RA-TION. 

Comme France Culture+ va le faire avec les étudiants, la chaîne proposerait aux productrices et producteurs "amateurs" de lui envoyer des sons (1). La diversité des productions serait surprenante et, plusieurs fois par jour, nous aurions donc… des surprises auditives. Ces petites choses simples à écouter sans qu'il faille pour cela bouleverser les programmes, voilà sans doute ce qui manque le plus à la radio aujourd'hui. Mais qui voudra bien prendre le relai de cette idée simple ? Je lance une bouteille à la mer… Merci de faire suivre si jamais elle échoue dans votre boîte à bonnes ondes.

(1) Avec quelques critères techniques y afférant.
  

mardi 23 octobre 2012

Les trois font la paire…

Pascal Merigeau - DR











C'est la première fois que ça m'arrive ! Volontairement j'ai écouté trois émissions sur trois radios de Radio France, et ce, sur le même sujet. Et bien je ne me suis jamais ennuyé. Il faut dire que le sujet m'intéressait vraiment : la parution de la biographie de Pascal Mérigeau sur Jean Renoir (1). Soyez gentil de ne pas me dire que je radote même si vous avez bien lu mon billet du 6 octobre.

Jean Lebrun, La marche de l'histoire, France Inter, 16 octobre,
Lebrun dans sa "Marche" accueille Mérigeau en prenant l'angle de l'histoire et de l'archive, et même de la petite histoire familiale. Du Lebrun tout craché qui ne va quand même pas renier l'École des Chartes ! Lebrun s'est absolument adapté aux 29' de sa quotidienne et sait parfaitement osciller entre sa connaissance de l'histoire, sa passion de l'entretien et du détail qui fait sens. Il mène son affaire placidement, on l'imagine l'œil qui pétille, ne laissant jamais son invité en dire trop pour donner à l'ensemble un rythme soutenu qui accroche l'oreille et donne "forcément" envie d'en savoir plus. Les archives sonores tombent à pic. Lebrun ne fera pas l'impasse sur le Parti communiste ni même sur le Renoir américain. Je dis "forcément" car on aimerait que la demi-heure se prolonge. Lebrun a su se rendre captivant et rendre captivant son érudit invité. Les sens aiguisés il ne nous reste plus qu'à lire le "pavé" Ménigeau.

Michel Ciment, Projection privée, France Culture, 20 octobre,
Avec Ciment on entre à l'académie du cinéma. Ciment s'en tient à l'analyse du cinéaste et de son cinéma sans faire l'impasse non plus sur l'époque, mais on sent Ciment absolument dans son rôle de cinéphile "professionnel". Ce qui l'intéresse c'est de situer Renoir dans la galaxie du cinéma de la première moitié du vingtième siècle. Projection privée doit être une émission pour cinéphiles donc les cinéphiles doivent y trouver leur compte. J'ai les oreilles grandes ouvertes et je bois du p'tit lait. Ménigeau a recollé les vignettes pour aller voir derrière celles de la légende et cherché comment Renoir lui-même a fabriqué cette légende.Ciment et Ménigeau rendent Renoir absolument vivant comme s'il venait de finir son dernier film la semaine dernière ! Et tout d'un coup on ne va pas y échaper on a irrésistiblement envie d'en lire plus.

Frédéric Bonnaud, Plan B, Le Mouv', 6 octobre,
J'y reviens car dans ce trio Bonnaud apparaît comme l'éternel adolescent qui jubile, qui ne tient plus en place et qui, admiratif de son invité n'en est pas moins à la hauteur pour mettre son grain de sel à bon escient. Bonnaud se tortille sur sa chaise ça se sent. Il vit le cinéma et ne demande qu'à en vivre et peut-être même à ne vivre que de ça. À la radio il est aux premières loges pour faire son miel et il ne s'en prive pas ! Il est le spectateur engagé ou l'amateur éclairé qui a besoin de nourrir en permanence sa soif de connaissances et de références qu'elles soient académiques ou populaires.

Voilà, les trois font la paire ! (De quoi je ne sais pas mais ça sonnait bien !) Cela montre cette fois-là que les trois chaînes : Le Mouv', Inter et Culture, peuvent recevoir les mêmes invités quand on fait avec eux autre chose avec eux que de la promotion basique car sinon la redite est insupportable ! Quand j'aurai le livre entre les mains je serai à nouveau devant un sacré dilemme : pour y consacrer un temps journalier minimum il me faudra bien renoncer à d'autres activités. Mais lesquelles ? Pas la radio tout de même…

Et qu'en dira Antoine Sire dans son Filmographe ou dans sa Séance radio, si ce n'est déjà fait ? Ça j'aimerai bien le savoir!

lundi 22 octobre 2012

La voix-ci, la voix-là…











"La voix c'est un diamant, une carte d'identité, un passeport, un paysage…" disait Jacques Chancel dans l'émission de Caroline Ostermann que vous pourrez écouter ci-dessous. "La voix est beaucoup plus mystérieuse qu'un visage" ajoute t-il. Cette belle phrase pourrait-elle être écrite sur la façade gigantesque de la Maison de la radio ? Là, pour inciter, définitivement, à l'écoute plutôt qu'au voir. Chancel se souvient de Stephane Pizella (1) "romanesque, romantique, une voix particulière qui me faisait rêver" (2). 

"On écoute seul, le bonheur n'est pas partagé à la radio" disait-il aussi. Cette pensée serait-elle déjà datée, quand l'époque va au partage à tout prix ? Et au partage de la radio surtout s'il peut s'appuyer sur des images. Joël Ronez, directeur des Nouveaux médias à Radio France, affirmait il y a quelques jours "Si la radio veut rester compétitive elle doit remplir les écrans que les auditeurs ont tous les jours entre les mains".  

À propos de la prédominance de l'image qui minore la voix et par là même la parole, "les journalistes de la radio ont intériorisé cette propre infériorité" nous dit Jean-Claude Guillebaud dans l'émission d'Ostermann. "Pourtant la parole est plus proche de l'écrit que de l'image". "C'est justement parce qu'il nous manque l'image que la radio est forte. Ce n'est pas seulement un média c'est aussi un art", ajoute Guillebaud. "Le pouvoir d'intimidation de la télévision a beaucoup joué dans un mauvais sens sur les journalistes et producteurs de radio." La messe est dite, merci pour votre analyse pertinente Jean-Claude Guillebaud.

Radio France à partir de sa riche discothèque a créé Radio Vinyle alors que la dématérialisation du son galopante nous empêchera demain d'utiliser chaîne hi-fi, magnétophone, lecteur CD et tutti quanti. De la même façon Radio France pourrait-elle s'imposer de produire des émissions exclusivement dévolues à la seule voix en même temps que les émissions multimédia ?  À la marche effrénée vers le progrès du "tout image" pourrait-on raison garder et continuer à développer l'identité de la nature même de la radio qu'est le son ? Il en va de la responsabilité de la radio publique qui doit savoir exister entre son ADN et les innovations technologiques présentes et à venir.

L'image qui illustre ce billet est celle de Claude Dominique, femme et voix de radio, qui a fait les très belles heures de L'Oreille en coin, sur France Inter.

(1) "Les nuits du bout du monde", programme parisien 1950, puis sur France Inter 1964,
(2) Comme beaucoup d'autres d'auditeurs ont du rêver… tels Pierre Lescure ou Daniel Mermet.

dimanche 21 octobre 2012

Éclectique Rebecca…





Dans la Maison ronde, Rebecca Manzoni semble faire son miel. D'émission en émissions elle tisse sa petite toile d'ondes sans se séparer d'une espièglerie discrète que l'on peut attraper au coin de l'oreille si l'on sait écouter avec attention. Car c'est peut-être ça la "méthode Rébecca", sous des apparences d'émissions de flux… de paroles, il y a sa petite musique qui vaut autant que celle de ses invités. Pour cela sa personnalité est attachante et donne envie de la suivre dans ses différentes aventures. Car sa voix est d'abord une invitation à l'écoute. Un seul regret qu'il faille se contenter aujourd'hui de 46 petites minutes le dimanche, quand c'était le meilleur jour pour en entendre un peu plus… (1)

Radio Fañch : Vous êtes une "Enfant d'Inter". Vous êtes née à la Maison de la Radio ?
Rebecca Manzoni : En tant qu'auditrice oui. J'ai participé au concours de l'émission de Roland Dhordain (2) "Les enfants d'Inter" en 1996. Après l'école de journalisme, j'ai fait un concours où, obtenant le 2ème prix, j'ai pu entrer comme reporter à RTL aux "infos géné", ce qui ne me correspondait pas du tout. Puis Olivier Nanteau (3) me propose d'être reporter au Mouv'. Bien que je sois qualifiée pour la finale de l'émission de Dhordain je suis obligée de me désister puisque j'ai déjà intégré Radio France.

R.F. : Vos souvenirs de radio enfant, puis ado ?
R.M. : La voix de Lucien Jeunesse (j'écoutais chaque jour "Le jeu des mille francs"), celle de Patricia Martin, de Jacques Pradel, de Claude Guillaumin (pour le journal de 13h), de Kriss ("L'oreille en coin") et puis ado "La coulée douce" de Daniel Mermet (4).

R.F. : Votre parcours radio depuis Le Mouv' ?
R.M. : Des chroniques de portraits de BD pour une émission d'été de Philippe Bertrand ("C'est comme à la radio", 1999), puis pour son émission matinale "Traffic d'influences" (9h-10h), puis en 1999, une émission d'été ("T'as pensé au parasol") à la demande de Jean Morzadec (directeur des programmes). Puis avec Frédéric Bonnaud je co-anime, pour la saison 2002-2003, le samedi "Ouvrez l'œil et le bon" une émission sur le cinéma. À la rentrée 2003 ce sera, toujours le samedi, "Écoutez voir". Puis pendant deux ans chaque matin à 9h "Éclectik" qui passera hebdo (2006) le samedi pendant deux heures, puis une heure le samedi et le dimanche (2008), et une heure le dimanche depuis 2010 (5).

R.F. : Avez-vous une préférence parmi toutes ces émissions ?
R.M. : Non aucune ! Chaque émission correspond à un parcours, un moment de vie, de ce que j'avais envie de faire à ce moment-là. J'ai pris énormément de plaisir à chaque fois. J'ai tout à fait conscience de cette chance.

R.F. : Aujourd'hui vous n'êtes plus à l'antenne que le dimanche, c'est un peu "maigre" non ?
R.M. : Je fais d'autres choses, et tente d'autres expériences d'écriture (en télévision entre autre). Une quotidienne ça reviendra peut-être ! (6)

R.F. : Êtes-vous à l'aise avec le format 45' ?
R.M. : C'est un défi, une contrainte qui me va tout à fait. (je lui fait remarquer que le dimanche à 10h, il n'est peut-être pas indispensable que les infos durent aussi longtemps !) La rédaction et les programmes ont chacun leur place. L'opposition journalistes/animateurs n'est plus de mise. Les deux s'enrichissent.

R.F. : C'est quoi le format radio idéal pour vous ?
R.M. : Tous les formats sont stimulants. C'est l'occasion de tenter de nouvelles choses. De CHERCHER. L'époque (actuelle) présente ses avantages. Il y a d'autres exigences aujourd'hui mais pour autant "c'était pas mieux avant" !

R.F. : Vous avez eu plusieurs expériences en télévision, c'est la marche obligée ? (7) 
R.M. : Pour ma chronique actuelle c'est l'envie de jouer avec les images, de connaître d'autres entreprises, de s'ouvrir, d'aller de l'avant…

R.F. : Dans votre panthéon radio il y a quoi ?
R.M. : Mermet qui m'a donné envie de faire de la radio et Kriss…

Ajout du 30 octobre…

R.F. : Vous êtes née à Villerupt (54), est-ce qu'au cours de vos émissions sur la BD vous avez pu interviewer Baru ? Que pensez-vous de ses histoires et de son dessin !
R.M. :  Oui, j'ai eu l'occasion d'interviewer Baru à 2 reprises. Une fois dans le cadre d'une chronique BD que je réalisais dans le 9h de Philippe Bertrand. La deuxième fois, c'était pour un portrait d'EclectiK tourné en janvier 2012 et diffusé au moment où Baru présidait le festival d'Angoulême. J'aime énormément le travail de ce gars. Pas uniquement parce qu'il parle de mes origines mais je trouve son boulot graphique et scénaristique très puissant. Beaucoup de mouvement dans son dessin. Ça se sent qu'il écoute du bon rock en dessinant.

R.F. : Quel place occupe le cinéma italien dans votre propre cinématographie ?

Le cinéma italien n'occupe pas une place particulière dans ma cinéphilie. Je dirais donc des choses assez convenues : j'adore Mastroianni et Amarcord fait partie de mes films de chevet.(même si c'est un Fellini sans lui !) En dehors du cinéma, j'aime quand ça cause rital de toute façon. Je viens de là.
 

Cet entretien a été réalisé vendredi en fin d'après-midi par téléphone (liaison très difficile par moments). À retranscrire cet entretien et à le compléter par différentes informations je découvre que Rebecca est née à Villerupt (comme Baru, le dessinateur de B.D.). Je lui ai donc posé deux questions subsidiaires auxquelles elle a bien voulu répondre par mail. Merci à elle d'avoir accepté cet interview.

(1) Éclectik, France Inter, le dimanche 10h12-10h58,
(2) Ex-directeur de la chaîne, animateur de l'émission 1991-1993 puis 1996, voir l'historique en son de Le Transistor,
(3) Journaliste, réalisateur à Radio France (entre autre avec Claude Villers pour Pas de Panique), à l'époque directeur du Mouv',
(4) Émission érotique, grille d'été 1985 et 1986. Jean Garretto est à l'époque directeur des programmes d'Inter,
(5) Le passage en hebdo était un choix personnel, ainsi que celui du "seul" dimanche,
(6) Rebecca Manzonni présentera en direct, mercredi 24 octobre, le concert de Camille à l'Olympia retransmis sur France Inter de 21h à 23 h,
(7) Aujourd'hui une chronique dans la Matinale de Canal +.

samedi 20 octobre 2012

Jean Yanne…









Je cherche. Je cherche et quel meilleur endroit pour chercher que l'Institut National de l'Audiovisuel (Ina) ? Surtout si l'Ina c'est chez moi derrière mon ordinateur… Çela fait un moment que j'avais envie de mettre du son sur ce blog, pas systématiquement, mais, pour du son radio venu de la radio, je voulais une "première emblématique". Je l'ai trouvée. Je cherchais, sans aucune illusion, la voix de Gérard Sire… Je cherchais cette voix car mon invitée (voir le billet de demain à 18h) n'a pas évoqué cette voix. Si d'une certaine façon cela ne m'a pas surpris (vu l'âge de cette invitée), d'une autre je me suis dit que l'extrême discrétion médiatique de Gérard Sire faisait qu'à la différence de Jean Yanne - ils étaient à eux deux comme les doigts de la main - il ne pouvait qu'être présent dans les mémoires des aficionados de la radio des années 60 et 70…

Ma recherche sur le site de l'Ina m'a donné deux résultats, dont la Radioscopie de Jean Yanne. Jean Yanne fidèle compagnon et complice de l'inventeur et conteur d'histoire qu'était Gérard Sire. Je vous laisse écouter Yanne et la verve questionneuse de Chancel. C'est la deuxième fois cette semaine, mais ça c'est le hasard de ma déambulation radiophonique. Alors non je n'ai pas "eu" la voix de Gérard Sire mais les propos de Jean Yanne y font écho. Mais, mais, mais je continuerai à chercher. C'est comme ça. C'est mon Graal !

vendredi 19 octobre 2012

Dans mon shaker-radio…










Aujourd'hui j'ai mis dans mon shaker des bouts de tweets des IIe Rencontres Radio 2.0, une voix pour le soir, des infos invraisemblables, un nouveau bégaiement de titre après Néon-Néon, une chose de Bretagne, une info Ina et l'inévitable raton-laveur cher à Jacques…

Radio 2.0
Joël ronez, directeur des Nouveaux médias, Radio France (via Twitter)
"Si la radio veut rester compétitive elle doit remplir les écrans que les auditeurs ont tous les jours entre les mains." Ce à quoi Laurence Pierre (1) répond : "Je suis forcément en profond désaccord avec votre "visualité" de la radio, c'est idiot !"
Ronez : "La dimension visuelle de la radio est un atout, pas une menace. Elle est, quoiqu'il arrive, incontournable"… "8% des auditeurs écoutent la radio sur un appareil connecté doté d'un écran. On est dans la civilisation de l'image."… "Il ne s'agit pas que de "filmer la radio" mais fournir sur écrans des terminaux numériques données associées & interactivité."… "L’image, en radio, ne doit pas être une image nécessaire à la compréhension du contenu.
De quoi méditer pour nos longues soirées d'hiver !
(à suivre)

Aurélie Charon
Cette productrice de France Culture ne se contente pas de produire le lundi "L'atelier intérieur" (2) elle annonce chaque soir qui "L'atelier de la création" (3), L'atelier fiction (4) et "L'atelier du son" (5). À la fin de chaque émission une fois la désannonce faite par le producteur ou la productrice, elle annonce l'émission du lendemain. J'aimerai beaucoup mettre en boucle ses annonces qui, de mots en mots créeraient, une fiction singulière. Car, la magie d'Aurelie c'est sa voix. Elle nous prend par l'oreille et nous conduit doucement vers l'atelier de tous les possibles. C'est l'accroche minuscule qui devient essentielle ou majuscule. C'est l'art de l'intro qui donnera envie ou non de s'arrêter de faire autre chose pour entrer en écoute. Mais c'est à soi tout seul une petite musique de nuit qui se suffirait à elle-même les soirs où, voulant jouer sur les mots, on écouterait deux ou trois heures consécutives d'Aurélie Charon…

En boucles incroyables…
Voilà t'y pas que "Nostalgie" et "Rire et Chansons" (6) ont décidé de créer chacune une web radio qui l'une diffusera "la même chanson en boucle toute la journée" et l'autre "un sketche… toute la journée". Oumffff ! Les heureux gagnants risquent de faire un jackpot à la Sacem ! Syntone, dont vous trouverez le lien sur mon billet d'avant hier, qui aime aussi le silence, n'a pas tardé à réagir sur Twitter "Vivement qu'ils lancent une webradio qui diffuse rien en boucle 24h/24."

Lichen lichen
Donc après Néon Néon, voici Lichen lichen, un documentaire de Jean-Guy Coulange. Je proposerai bien à Irène Omélianenko (7) de rebaptiser son "vieux" documentaire "Cannelle cannelle" et, à Françoise Seloron, son encore plus vieux "Pays d'Ici", "Cochon cochon". Que les protagonistes me pardonnent ça m'a fait du bien et m'a permis de faire deux clins d'œil à deux émissions MÉ-MO-RA-BLES.

Catherine Le Henan
Se présente sur Twitter avec en lien son émission "Bernadette et Anaïs, portraits d'une Bretagne qui disparaît"… Voilà donc un "Sur les docks" à se (re)mettre entre les oreilles (je l'avais podcasté mais pas encore écouté) et tankaff en profiter pour revenir vers "Louise ou les feux de l'amour" de Sylvie Gasteau.

Un player sorti de la grotte…
L'Ina prépare pour le début de l'année 2013 la mise en place d'un nouveau player pour sa section Ina radio qui permettra de choisir l'ordre des émissions à écouter parmi la sélection proposée, d'avancer et de reculer sur le doc, et peut-être de disposer d'informations un peu moins spartiates que celles disponibles aujourd'hui. Autant dire qu'on passera directement, et sans transition, du Néanderthal au 2.0. Youpiee !

Quant au raton-laveur ce pourrait bien être Patrick Serres, qui, le 9 novembre, sera dans "L'atelier du son". "Dessinateur, créateur d'émissions à la radio comme « La Radio à roulettes » sur France Musique en 1977 et «Trésors vivants» sur France Culture l'année suivante. De 1977 à 1981, il permet à des écoliers d'organiser des débats, dans l'émission « L'Orteil en coin » diffusée sur France Inter."

C'est tout pour aujourd'hui, le shaker est secoué et totalement vidé.  

(1) Productrice et animatrice d'Addictions, France Inter, du lundi au jeudi à 23h15,
(2) Le lundi, France Culture, 23h,
(3) Le mardi et jeudi, France Culture, 23h,
(4) Le mercredi, France Culture, 23h,
(5) Le jeudi, France Culture, 23h, 
(6) Appartiennent à NRJ Group,
(7) Responsable de la fiction à France Culture, productrice à "Sur les Docks" et "L'atelier de la création".

jeudi 18 octobre 2012

O.P.A. chez Chancel…










Hier 17h. L'indicatif inoubliable de Georges Delerue vibre dans l'enceinte de mon transistor. Chancel entame sa Radioscopie quotidienne. "Hein ? quoi Fañch ? Chancel ? Radioscopie ? Où ça ? Sur Inter ?"
- Bien sûr sur Inter,
- Mais pas hier quand même ?
- Mais si hier, à 17h03 précises,
- …

- Et même que Chancel recevait Olivier Poivre d'Arvor !
- Hein, tu te fous de nous Fañch, Chancel ne fait plus de radio et Olivier Poivre d'Arvor n'était pas sur Inter hier c'était…
- Mais je n'ai jamais dit qu'il était sur Inter HIER,
- Alors c'était où ?
- C'était ! Ou, si vraiment vous êtes trop impatient d'attendre que le player arrive sur Radioscopie, allez donc !

Ci-dessous un petit florilège de quelques questions à la mode Chancel ! Du pur Chancel qui fera sourire Emmanuel Laurentin (1) qui, au festival Longueur d'Ondes 2011, à Brest, l'avait interviewé avec uniquement les questions-types de l'intervieweur de Radioscopie !

- De quel poids de promesses on est chargé à 22 ans ?
- Est-ce que ce grand frère fait de l'ombre ?
- Le jeune que vous êtes attend t-il une parole venue d'ailleurs ?
- En votre âme et conscience vous attendez le mariage pour demain ?

Quant à Poivre d'Arvor j'ai retenu ceci : "Les mots sont faits pour rouler les uns sur les autres". Si vous pouviez Monsieur le Directeur de France Culture en faire rouler quelques uns pour répondre à ma lettre ouverte du 23 août dernier ce serait fort sympathique de votre part.

(1) Producteur de "La fabrique de l'histoire", France Culture, du lundi au vendredi, 9h05

mercredi 17 octobre 2012

Art, thé, radio…








Alors que Syntone vient de publier un volumineux dossier sur arte radio, qui va fêter incessamment sous peu ses dix ans, et une interview fleuve de Silvain Gire son directeur, je vais tenter un modeste avis qui a juste à voir avec ma pratique de cette radio singulière (1). 

Un jour, il y a déjà quelques années , un/une passionné(e) de radio m'a conseillé d'aller y traîner mes deux oreilles. Ce que je fis, fissa, et picorai à loisir parmi déjà plus de mille sons en écoute libre et durable. Un grand marché, de beaux fruits, de bons légumes, quelques fromages frais, miches croustillantes et des petits nectars de pays. Des sons multicolores, multiformats, des reportages, des fictions, des témoignages, des clins d'œil aussi et des cocasses, comme par exemple l'élection d'Olivier Besancenot en mai 2012. Des pastilles rafraîchissantes ou surprenantes qui laissent toujours "tout ouvert". C'est fini : on réécoute ou on ne réécoute plus. C'est une grande liberté qui se dégage d'arte radio et une égalité de traitement pour ceux qui s'y produisent. Pas de vedette du micro, même si certains en font plus (de micro) que d'autres. Pas de rente de situation non plus. Juste une belle collec' de sons (1637 quand j'écris ces lignes).

J'ai aussi en son temps, "plongé" sur Kriss, puis Jean Lebrun qui se racontent. Mais voilà cette pratique totalement libre d'aller "chercher du son" (formule) ne correspond pas "naturellement" à ma pratique de la radio. J'aime, je l'ai écrit dans cette colonne à droite, les rendez-vous, m'y préparer et, si besoin est, tourner le bouton et écouter (ou pas) autre chose. Pour écouter la radio, qui pour moi est une petite mécanique du plaisir, il me faut être interpellé. Hier je lisais "La semaine de Radio France" (2), aujourd'hui Twitter me permet d'être aux aguets en plus de mes petits rituels d'écoute "obligatoire".

Et justement si aujourd'hui Chloé Sanchez (3) m'invite à aller tendre l'oreille "Sur la route des vents" de Charlie Marcellet, je mets ça de côté et irai écouter ce soir avant de m'endormir ou demain à l'occas'. Pareil quand je reçois la "lettre" d'arte radio dans ma boîte à coucou, les facéties rédactionnelles des rédacteurs (dont Sylvain Gire) me donnent envie illico de me rendre sur le site et d'écouter. Mais autrement je dois bien dire que je n'ai pas le réflexe d'aller systématiquement voir "ce que je pourrais bien écouter maintenant".

Serait-ce saugrenu d'imaginer que chaque jour une alerte, sur différents supports, viendrait rappeler à nos oreilles un peu moutonnières que "par là il y a quelque chose à écouter" ? Sûrement que chaque membre de la "communauté" arte-radio peut le faire, et le fait d'ailleurs suivant sa propre impulsion. Mais ça reste aléatoire. Imaginant Silvain Gire (je le connais peu, mais il est un "peu" connu quand même), je me doute qu'il doit préférer qu'arte radio se mérite plutôt que d'en faire une promotion incessante acharnée. Rien à dire c'est louable. Je manque sûrement de réflexe pour sauter plus souvent sur l'occasion. Ce billet aura au moins eu le mérite de réchauffer mes motivations.

Bon anniversaire arte.radio !

(1) En fait j'avais envie d'écrire un papier sur le blog de Syntone ou un commentaire et puis après discut' avec Etienne Noiseau, le rédac-chef, j'ai décidé d'écrire ici. (Le dossier Arte radio est bouclé),
(2) Feu l'hebdo "maison" évoqué récemment,
(3) Documentariste radio, arte.radio et France Culture, 

mardi 16 octobre 2012

Giono/Amrouche…












Début août 1987. Je sors de chez le réparateur de mon transistor gris. Il est environ 13h. Je tourne la molette. De la minuscule enceinte sort alors une voix. Une voix à l'accent de Provence. Une voix que je ne connais pas, que je n'ai jamais entendue. Mais j'en suis sûr c'est la voix de Jean Giono. Mais quelle est donc cette radio qui diffuse du Giono à cette heure-là ? Pas France Inter c'est les sacro-saintes infos ! Je file à la Maison de la Presse, j'achète Télérama (si ! si!) et je compulse fébrilement les pages du programme radio…

Dans mon souvenir l'émission commençait à 12h50 et finissait à 13h20 ! C'était la grille d'été de France Culture avec quelques rediffusions. Celle-ci concernait les entretiens que Jean Giono avait donnés à Jean Amrouche et Marguerite Taos à l'été 1952. Si Giono n'a jamais truffé ses romans d'objets de la modernité comme la radio, il se plie volontiers au questionnaire de Jean Amrouche. Quelques temps plus tard Marguerite Taos seule, interviewera Giono qui sera plus à l'aise pour répondre même si Taos est assez invraisemblable et assez en décalage avec le poète de Provence (1).

Voilà donc mes chers auditeurs comment Giono, qui a bouleversé mon adolescence avec son road-movie "Les grands chemins", m'a fait entrer en France Culture. C'est à partir de ce moment que petit à petit, et par petites touches,, je vais me laisser apprivoiser par cette radio surprenante, où je ne comprends pas bien toujours tout, et basculer d'une écoute quasi exclusive de France Inter vers cette chaîne qui sait installer la durée, la réflexion et surtout surtout, n'est pas inféodée aux tyranniques infos… Le directeur de la chaîne s'appelait Jean-Marie Borzeix et à la suite d'Yves Jaigu avait su prolonger et développer une exception culturelle dans le paysage radiophonique…


Alors cette entrée aléatoire dans le monde de France Culture a été déterminante aussi pour me faire aimer à jamais la radio par-dessus tout !

(1) Giono ne supportait pas qu'on circonscrive son œuvre à la seule Provence. Ses entretiens (25) avec Taos ont été publié en 5 CD + 1 livret par Phonurgia Nova.

lundi 15 octobre 2012

Audio vs Visuel…

 




Le 24 septembre la Scam (Société Civile des Auteurs Multimédias) réunissait le gotha de l'audiovisuel pour une réflexion prémonitoire (sic) intitulée "Auteur de vue". L'objectif de ces assises de l’audiovisuel, était de "penser l’avenir du secteur alors que se préparent d’importantes réformes législatives et notamment « l’acte II de l’exception culturelle»". Je n'étais pas de ce raout et ai dû me contenter de suivre l'événement sur Twitter et de guetter les comptes-rendus proposés par la SCAM et par l'INA (Institut National de l'Audiovisuel). Puis j'ai lu le générique, parmi les intervenants : Alain Weill (PDG de NextRadioTV) (1), Thomas Baumgartner (producteur de l'Atelier du Son sur France Culture) (2) et suis resté assez dubitatif…

Dans audiovisuel il y "audio" et il semble bien que cet "Auteur de vue" ait manqué un peu de hauteur pour la radio, le son, le web et les internets (comme ils disent). Pas de représentant de Radio France en tant que tel (3), ni même sa direction des Nouveaux Médias et son sémillant directeur Joël Ronez qui, comme lors de la conférence de presse de rentrée du Groupe public, aurait pu développer l'immense chantier auquel la radio publique s'est attelée. Pourtant cette mutation qu'est en train d'opérer Radio France aura des effets sur l'ensemble des opérateurs radio à court, moyen et long terme. Je ne sais pas ce que Baumgartner aura dit (actes non publiés) mais son expérience d'#antibuzz cet été sur France Inter aurait pu démontrer aux professionnels de la profession que la radio de demain risque aussi de passer par là.

Il y a presque 50 ans Jean Prouvost (4) pouvait créer RTL sur les fondations de Radio Luxembourg, Roland Dhordain (5) quelques années plus tard favoriser la création de Fip (6), Jacqueline Baudrier (6) les locales de Radio France, et il y a juste 30 ans, le gouvernement socialiste, l'explosion du monopole d'état de radiodiffusion. Mais tout ça c'était pour faire la même chose : de la radio avec un émetteur, des studios, des techniciens et des animateurs.… 

Demain pour faire de la radio il faudra croiser des techniques audiovisuelles (vidéo), de son (multicanal), de photographie, de réseaux (sociaux et autres), d'écriture et ne pas oublier de casser les grilles statiques qui brident la création. Car le paradoxe est bien là, Joël Ronez et ses équipes inventent de nouvelles approches d'écoute quand les programmes de flux n'inventent rien pour sortir du cadencement infernal. Si Garretto et Codou (7) avaient été repérés par Dhordain pour leur Radio-vacances au Pays basque, c'est bien parce que les deux créateurs avaient cassé les rythmes, les tempos et les habitudes bien rigides qui déjà s'installaient sur les radios, qu'elles soient publiques ou privées (8).

Donc, pour conclure, je proposerai bien à la Scam et à l'Ina de nous inventer une "Hauteur de vue audio" où, "du train où vont les choses", il risque bien d'y avoir du visuel dedans !

(1) Table ronde n°1 > Entre risques éditoriaux et risques économiques, comment la création audiovisuelle s’épanouit-elle ?
(2) Intervenant du débat pleinier : Entre écrans plats et tablettes, entre réseaux sociaux et télévision de masse, quelles offres et quels usages demain ?
(3) alors que RMC et BFM Business Radio étaient représentées par leur Pdg Alain Weill,
(4) Industriel français, 1885-1978, a présidé à la naissance de RTL en 1966,
(5) Créateur de France Inter en 1963 et directeur de la station,
(6) Première présidente de Radio France, 1975-1981,
(7) Inventeurs de Fip et producteurs de l'Oreille en coin, France Inter, 1968-1990,
(8) #antibuzz, laboratoire d'inventions, aurait du trouver une autre place dans la grille d'Inter, coincé qu'il était en 45 petites minutes entre les infos et les infos omniprésentes… 

dimanche 14 octobre 2012

Sans fioriture… Julien Delli-Fiori








Je pourrai vous le faire genre "Je rentre de Cuba (île Atlantique) où j'ai pu rencontrer Julien Delli-Fiori le charmant directeur de Fip. Autour d'un mojito bien tassé, nous avons parlé et écouté tant et tant de musique afro-cubaine…" Je ne vais pas vous raconter de craques, il y a une dizaine de jours j'ai préféré ne pas déranger JDF pendant ses vacances sur une île atlantique (qui n'est pas Cuba) et l'interviewer au téléphone mardi dernier…

Radio Fañch : Vos débuts à la radio…
Julien Delli-Fiori : C'était un mois après la création de France Inter Paris (Fip aujourd'hui), en février 1971, comme programmateur. J'étais avant l'assistant de Pierre Bachelet (68/69) qui faisait de l'illustration sonore pour l'émission (mythique) de la télévision "Dim Dam Dom" et je venais régulièrement à la discothèque de Radio France chercher la musique utile aux créations de Bachelet. J'ai fini par croiser une programmatrice du projet Fip de Jean Garretto et Pierre Codou, j'ai proposé un programme et j'ai été embauché. Aujourd'hui après 42 ans de maison, je peux dire que ce fût le plus beau jour de ma vie. Vivre en marge du monde, en coulisse des plus grands musiciens : un rêve. Être payé pour écouter des disques, aller au concert et rencontrer les artistes reste toujours pour moi un véritable enchantement, et je ne suis pas prêt d'en être blasé.

R.F. : Un souvenir plus personnel de Jean Garretto…
J.D.F. : À "la scène comme à l'écran" il était comme dans la vie : élégant, class, avec un jugement incroyable, à l'écoute, pas frimeur, foudroyant d'exemplarité. Il représentait le service public à 100%. Aucun autre directeur n'a eu comme lui le courage, l'audace et la liberté de mettre "légèrement" de côté les "barons" d'Inter (1) quand il était directeur des programmes, de "casser" les grilles (et les programmes qui vont avec).

RF : Rappelez-nous ce qui a présidé au cocktail explosif Clémentine Célarié/Julien Delli-Fiori l'après-midi sur France Inter.
J.D.F. : C'était ça le talent de Garretto et Codou, inventer des associations à priori improbables. Garretto était un timide introverti et il écoutait beaucoup, ce qui l'a fait repérer des gens en retrait. Il a aimé mes programmes pour Fip. Mais moi je n'ai jamais voulu faire de micro. Notre émission avec Clémentine c'était extravaguant, et c'était ça le génie de Garretto.

R.F. : Le jazz vous transporte plus que d'autres musiques non ?
J.D.F. : Oui car avec le jazz c'est infini. Les époques, les formations, les instruments… Jazz à Fip existe depuis 1982, encouragé par Jean Garretto (2). Mais j'aime aussi beaucoup la musique afro-cubaine. Notre singularité à Fip c'est de proposer plusieurs fois par heure des instrumentaux de quelques genres qu'ils soient. C'est notre marque de fabrique.

R.F. : Dans l'une de vos émissions d'Inter vous m'avez fait découvrir Lucio Dalla. Vous m'avez confié récemment que, décédé le 29 février, vous n'avez pu aller à son enterrement à Bologne mais l'avez suivi à distance.
J.D.F. Lucio était, à l'origine, clarinettiste et saxophoniste de jazz. Il a aussi fait des sketches et de la comédie. C'était un improvisateur qui avait l'art de la scène en lui. Pour ces funérailles c'était comme pour Pavarotti (à Bologne aussi), une foule immense qui reprend plusieurs de ces chansons. Absolument époustouflant.

R.F. Vous n'êtes pas frustré de ne plus faire de quotidienne ou d'hebdo depuis que vous dirigez Fip ?
J.D.F. : Si ! Je m'autorise un "Jazz à Fip" de temps en temps. Il y a des rencontres incroyables, un invité que l'on admire, j'adore ça. Mais c'est un piège aussi. L'histoire de Fip continue et on ne peut pas être juge et partie. La règle formelle c'est que les directeurs n'ont n'a pas le droit (statutairement) de faire de l'antenne !

R.F. Le feuilleton des 40 ans de Fip "Vous avez loupé Marie-Martine" réalisé par Gilles Davidas n'est plus accessible en intégralité sur le site de la chaîne. Pourriez-vous faire quelque chose pour y remédier ?
J.D.F. Je vais regarder ça !

R.F. Vous venez de prendre des vacances en Bretagne mais vous ne retournez jamais en Italie ?
J.D.F. Si, mais l'Italie c'est une scarlatine ! (Rires)

Voilà mes chers auditeurs, la conversation commencée avec Julien commencée le 4 septembre au 22ème étage de la tour de Radio France, a pu prendre "fin" ce 9 octobre. Merci beaucoup à Julien Delli-Fiori d'avoir accepté avec simplicité et modestie d'évoquer quelques souvenirs de radio. Ce n'est qu'un début, nous sommes convenus de nous revoir…

Avec Fip on est toujours surpris, ce dimanche alors que je retranscris l'interview ci-dessus, à 13h58, Genesis et "The lamb lies down on Broadway" et à 15h "Echoes" des Pink Floyd, enchaînement avec Archive "Stick me in my heart"… Quelle autre radio peut faire ça sans en faire tout un fromage ?

(1) José Artur, Pierre Bouteiller, Jacques Chancel, Claude Villers,
(2) Ècouter le "Jazz à Fip spécial hommage à Jean Garretto.

samedi 13 octobre 2012

Les ondes, Libé, Marchon…

Photo Alan Levine, CC BY







Les ondes folâtrent, se dispersent, courcircuitent, reviennent en boomerang et finissent par tomber dans l'escarcelle (sic) de votre boîte aux lettres ou de votre transistor ou alors carrément par changer de galaxie. Dans celle qui nous réunit à promouvoir la radio de qualité, il m'arrive de pester contre les médias et les journalistes qui ignorent superbement ce média ou qui se contentent du service minimum. Pourtant tel le "poor lonesome cowboy" quelques-uns s'appliquent, vaille que vaille, à défendre et promouvoir la création radiophonique. Hervé Marchon, journaliste à Libération, est de ceux-là. Mais avant d'évoquer le sujet un petit détour par une formule…

"En 1969, chez Duigou (célèbre disquaire nantais), de passage dans cette ville, ma tante achète le 45 tours (1) "Je t'aime moi non plus" (version Birkin). En 1981, en vadrouille dans le nord-finistère, je cours les "maisons de la presse" rurales pour acheter le dernier n°de Libération (2) dont le titre de une, en surimpression sur une trame grise, proclame "Je t'aime moi non plus". En ces temps pré-socialistes, Gainsbourg a muté en Gainsbarre et Libération va opérer sa première mue qui verra Serge July prendre les rênes du journal à sa reparution le 12 mai 1981 (3)…"

Cette petite digression pour dire, entre autre, que je ne suis pas passé à côté de Libé mais qu'aujourd'hui les fantaisies en plumes d'indien de Demorand (4) ne me font aucun effet et ne m'incitent pas à acheter ou même à lire ce journal. Pourtant c'est à cause de gens comme Hervé Marchon journaliste qui s'intéresse, se passionne et écrit sur le son et par effet induit sur la radio (ou inversement), que je retourne jeter un œil et même une oreille à Libé.

Marchon a commencé par faire ça ! Des reportages en mode sonore avant de passer à des sélections sonores. Mais il semble bien que l'audio diminue comme peau de chagrin sur Libe.fr laissant (trop) toute la place à la vidéo. "Image ma belle image". Pourtant ces reportages "audio in vivo" laissaient la place à l'imaginaire visuel, chose sans doute la moins partagée par les-promoteurs-acharnés-du-spectaculaire-qui-se-voit. Un exemple !

Aujourd'hui il fait ça ! "Entendu sur le web", est déjà un très bon titre en soi puisque on ne dit jamais ça, ânonnant comme des moutons (sic) "T'as vu sur Internet…". Marchon est un guetteur, un fouineur, un sonneur qui quelquefois sait agiter "le chiffon rouge". Il met en avant ses sélections sonores de la semaine. Celles qu'il peut recommander parce qu'écoutables sur le web.

Bon, moi qui aime les rendez-vous réguliers avec telle émission ou tel producteur, je vais devoir faire évoluer mes pratiques d'écoute et tendre l'oreille un peu plus souvent vers les chroniques soniques d'Hervé Marchon et vous parler quelquefois de celles qui auront retenu mon attention. De ce fait il me faudrait sans doute ajouter une entrée à mon billet "Les copains d'abord". Hervé Marchon n'est pas un copain (je ne le connais pas) mais c'est ce fameux billet qui nous a donné envie de communiquer. Les bonnes ondes ont bien fonctionné, il eût été dommage que je passe à côté de quelqu'un qui promeut avec conviction la création sonore. L'autre a beau faire l'indien, à Libération Hervé Marchon est peut-être le dernier des mohicans…

Demain à 18h, c'est du lourd, pardons du solide…

(1) Interdit à la vente aux moins de 21 ans, mais j'ai jamais vu aucune mention sur le 45 tours qui en face B propose "Jane B",
(2) Dernier numéro de la première formule inventée en 1973 par Sartre, July, Gavi et d'autres… Que je possède en deux exemplaires,
(3) En une "Il est mort le soleil" (non c'est pas Giscard qui vient d'être battu par François Mitterrand) mais Bob Marley qui a cassé sa pipe,
(4) Ex-matinalier de France Culture puis de France Inter, s'est déguisé en indien dans un numéro de 2012.