vendredi 30 septembre 2011

Peau de chagrin…

 

Toujours à la recherche de critiques radio je constate que Le Monde (1) réserve à la portion congrue ses "analyses" (sic) sur la radio. La semaine dernière on a eu le droit au couple tendance des soirées d'Inter "de Montaigne/Heraud" en deux colonnes et une large photo (absolument indispensable sans doute pour se faire une image… de la radio). Article qui décrit une émission en pleine création et "installation" mais dont il conviendrait de poursuivre l'écoute sur plusieurs… semaines. Toutefois la journaliste a bien "senti" les frissons d'Alexandre Heraud et le rire de Tania de Montaigne qui, semble t-il, insupporte quelques auditeurs ! Deux anecdotes auxquels la journaliste ajoutera une description chronologique du déroulement de l'émission à laquelle elle a assistée (et non pas qu'elle a écoutée comme un auditeur lambda). 

Comment fabrique t-on une quotidienne de deux heures ? Quels partis-pris ? Comment se dédouane t-on de l'image Pop de José Arthur ou du bouillonnant Claude Villers ? Comment réinvente t-on des soirées radio quand la concurrence s'est démultipliée ? Quel fil conducteur ? Comment garder la curiosité en éveil ? Autant de questions que visiblement la journaliste ne se pose pas, alors les poser aux producteurs concernés… !

Pour autant, en début de supplément (18 septembre) Nauleau a eu droit à 4 colonnes sur deux pages. Nauleau ça doit être tendance. La radio on la cache et la relègue à la fin du supplément(2). Pourquoi dès les premières pages ne pas mettre en avant une productrice, un producteur, une série documentaire, une fiction ? Ou Amaelle Guiton du Mouv', seule femme à produire une matinale avec brio sur l'ensemble du 7/10 toutes chaînes publiques ou privées confondues !

Cette semaine Adèle Van Reeth (3) a le droit à la page 7 toute entière. La philo ça doit être plus tendance que… la Matinale de France Musique ou que la "République du Mouv'" (4). En page 30 (pagination réduite ?) Patrice Blanc-Francard se contentera d'une colonne et demie pour présenter son projet de chaîne. Dans l'article suivant une présentation à minima du projet des "Villes-Monde" de France Culture est à peu près aussi enthousiasmante qu'une évocation de la radio scolaire dans les années 60. Et comme d'habitude rien d'autre que de la description plate et didactique. C'est donc ça le journalisme dans le "quotidien de référence" ? Quant à la radio comment peut-elle trouver sa place dans un supplément qui s'appelle "Télévisions" ?

(1) la nouvelle maquette du supplément Télévisions n'y change rien
(2) toujours en page 32, avant les grilles de programme qui ferment le ban radio)
(3) Les Nouveaux chemins de la connaissance, France Culture, lundi à vendredi, 10h,
(4) Le Mouv', 18h

jeudi 29 septembre 2011

La radio une petite université de poche…

 

Pour parler de sa création radiophonique Colette Fellous dit : " … cette petite université de poche que j’essaie de construire très modestement avec tout ce que je reçois du monde, tout ce que je vis et que j’aimerais voir se prolonger, pour ne rien oublier. Je vis ce métier très profondément, dans ma peau, dans mon corps. A partir de tout ce qui me touche." Et ce fondement là elle a pris le temps de venir l'évoquer le 14 novembre 2009 à l'invitation de l'Association des Auditeurs de France Culture

Cet auto-portrait complète la Mythologie de Poche que Thomas Baumgartner lui avait consacrée à la fin de l'été et dont j'avais parlé ici. Quand on passe tant d'heures à l'écoute d'une voix, qu'on se construit un personnage, sa parole complète le tableau et donne une nouvelle tonalité à l'écoute. Plus sensible, plus présente et plus proche…

mercredi 28 septembre 2011

Autoradiographique

Fred en majesté



Il semble bien que ce soit Christian Rosset qui ait inventé le mot en titre de ce billet. Petite indication avant d'écouter/réécouter ce documentaire (1) qui approche "un parcours à la frontière, en territoire de bande dessinée". Soit vous êtes un érudit de B.D., vous avez les albums de tous les auteurs que Rosset a rencontré et tournez au fur et à mesure les pages de leurs albums, soit vous n'en connaissez que quelques uns et préparez près de votre lieu d'écoute les images correspondant aux voix, soit vous jouez le jeu d'écouter et de vous faire défiler les images que vous avez gardé dans un coin de votre mémoire. En ce qui me concerne j'ai laissé mes souvenirs coller aux voix de ceux dont je connais le trait. Florence Cestac, José Muñoz, Martin Veyron, Killoffer, Fred, Mandryka. Ce jeu autoradiographique demande plusieurs écoutes comme on aime à relire une histoire en dessins et en bulles.

(1) France Culture, L'atelier de création, 20 septembre 2011.

mardi 27 septembre 2011

"On n’écoute plus une radio…

 

…mais des émissions."
Cette considération est de Jean Lebrun qui, le 29 novembre 2008 à l'initiative de l'Association des Auditeurs de France Culture, participait à un Déjeuner-rencontre au Chien qui fume (sic). Les effets de cette considération sont … considérables. Ce n'est sans doute pas demain la veille qu'un petit génie nous inventera un logiciel qui nous permettra de créer une programmation personnelle à partir des programmes des sept chaînes du groupe public Radio France. Même si aujourd'hui quand on s'inscrit sur le site de l'une ou l'autre des chaînes on est reconnu avec le titre "ma radio france" ! Jean-Luc Hees le Pdg du groupe tient à cette fédération des sept chaînes dans la Maison (ronde) commune, pour autant il n'a jamais évoqué la possibilité demain de faire son marché dans le grand magasin RF ! (1)

Le point de vue de Lebrun "mange du pain" ! Cela peut aussi vouloir dire que petit à petit la très forte identité des 7 chaînes s'est, petit à petit, érodée et que la facilité mécanique de passer d'une chaîne à l'autre accentue le zapping ou l'émiettement de l'écoute. Les auditeurs "uniques" d'une seule chaîne doivent être de plus en plus rare, non ? Et distraire, informer, interroger un auditeur du matin au soir, 365 jours par an relève d'une époque révolue ou RTL, Europe 1, RMC et Inter pouvaient compter sur des armées mexicaines d'auditeurs que l'on pouvait identifier qui à son bob (de plage), son porte-clef doré, son T-shirt moulant, son auto-collant scotché à vie sur la lunette arrière de sa voiture ! Les temps changent ! On a remplacé les gadgets par des slogans (2) et quelques bateleurs qui, aux heures stratégiques (de l'écoute radio), vitupèrent pendant le "quart-d'heure en or".

(1) programmer sur un jour, une semaine, un mois
(2) voir les campagnes de pub d'RTL et d'Europe1 pour cette rentrée.

lundi 26 septembre 2011

Piers… Fascinant

© PF

Piers Faccini aime associer Chansons&Paysages, et même My Wilderness, son dernier opus (1), et les Cévennes. Cela commence très bien la rencontre musicale qu'il a proposé sur FIP le 21 septembre dernier… Car bien plus que d'écouter quelques morceaux de son album il nous a fait partager ses choix musicaux, voire  ses choix artistiques (illustration de son CD).Piers Faccini est séduisant de douceur et d'humanité et FIP, dont l'objet est de mettre en avant la musique et les musiciens, nous permet de s'en approcher.

À la différence des chaînes où une "vedette" de la radio (2) invite une "vedette" de la société du spectacle, FIP met en arrière plan, présentatrices ou présentateurs. Cette discrétion, cette "réserve" sont des postures très rares dans l'audiovisuel. Delli Fiori, le directeur de la chaîne, en est la garantie formelle. Cela tient sûrement à sa propre histoire de radio, à son "goût des autres", et peut-être à une certaine forme de timidité séduisante. Alors pour une fois il mérite bien d'être mis en avant ! Viva Fip (3)!

(1) L'album paraît lundi 26 septembre, j'attendrai mercredi pour l'écouter… en pleine Cévennes
(2) Comme disait Pierre Bérégovoy (homme politique de gauche), à la tribune de l'Assemblée nationale "J'ai la liste…"
(3) Et coup de chapeau à Garetto&Codou ses inventeurs !!


dimanche 25 septembre 2011

Sur la route… de FIP, Kerouac



Pour la seconde de Fip livre ses musiques l'émission a slamé quelques fragments de "Sur la route" de Jack Kerouac. Une écriture au tempo des pulsations de la machine à écrire. Truman Capote disait "Kerouac ne savait pas écrire mais il savait taper…". Stanislas Rigot de la librairie Lamartine (Paris) de préciser : "Son écriture est comme une improvisation de jazz… On ne peut pas lire lentement Kerouac." Le programmateur musical de l'émission est toujours Julien Delli Fiori, ce qui commence à ressembler à une collaboration qui s'installe. L' émission est réécoutable et c'est une très bonne nouvelle.

Et ici, une fidèle lectrice (de ce blog) nous propose d'écouter et de voir Kerouac. Ceux qui ont archivé un "Tire ta langue" sur France Culture le 7 novembre 2010 "Le français de Kerouac", pourront se faire avec ses trois pépites une belle soirée "On the road, again…" 


(1) la réédition l'année dernière par Gallimard

vendredi 23 septembre 2011

Bref… à la radio

 

Que mes chers auditeurs (sic) veuillent bien m'excuser de radioter ! La télévision, en l'occurrence Canal+, "redécouvre" la pertinence d'un format très court -1'30"- (1). La radio ne pourrait-elle s'en inspirer et ce particulièrement pour la matinale de… France Culture ? Il y a quelques jours je veux écouter, via le podcast, l'invité Jonathan Franzen ! Je crains le pire et devoir me "fader" les 150 mn de tunnelinfo quand, ô surprise, je découvre que l'entretien est isolé de la matinale et peut être écouté débarrassé de ses scories ! L'entretien fait 15 mn ! On se pince ! On croit rêver ? C'est… bref ! Autrefois la matinale tournait autour d'un invité à qui l'on offrait le plus long temps d'antenne (2). C'est fini, l'empilage-chronique a eu raison de la place prépondérante qu'on lui réservait.

Comment a t-on pu en arriver là ? La matinale de FC est à elle toute seule un inventaire à la Prévert… mais sans sa poésie, où les journalistes (sûrement en mal de reconnaissance vis à vis de leurs confrères de France Inter) ont grignoté petit à petit et très méthodiquement du temps d'antenne. France Culture n'a pas été inventé pour faire de l'info et encore moins pour singer une de ses consœurs du groupe Radio France. L'invité dans très peu de temps ne sera sans doute plus qu'un prétexte… culturel, un faux-nez, et une grosse tromperie sur la marchandise. Que cet invité accepte encore d'être saucissonné dans le magma d'infotainment (3) ça le regarde, qu'on nous fasse avaler la couleuvre c'est indigeste !

Marc Voinchet ne pourrait-il revenir à une formule où la culture aurait toute sa place ? Aux journalistes d'exceller dans un format court et pertinent. J'ai le titre "En bref…"

(1) "Bref"… mais comme disait Jackie Berroyer autrefois dans Charlie "Je l'ai pas lu, je l'ai pas vu, mais j'en ai entendu causer…"
(2) Culture Matin (1984-1997) : l'invité disposait de presque 40 mn pour répondre aux questions de Jean Lebrun,
(3) Anglicisme, Genre de programmes (télévisés, cinématographiques, etc.) fournissant à la fois de l’information et du divertissement.

jeudi 22 septembre 2011

Les radiophonies




Les 23, 24, 25 septembre, le seul festival qui soit entièrement consacré à la Fiction radiophonique francophone permettra d' écouter une sélection internationale de fictions radiophoniques, de rencontrer des auteurs et de participer à des Rencontres. Cette 10ème édition sera présidée par la dramaturge et écrivain Noëlle Renaude et par le dramaturge et poète Eugène Durif.

" La radio a toujours été un lieu incontournable d'invention. Tout y est possible par le pouvoir de l'imagination, dont elle use sans limite; c'est pourquoi elle est par excellence le lieu de la fiction et n'a cessé d'attirer à elle tous les créateurs et tous les écrivains ". (cf Les Radiophonies)

Quand la musique est bonne…

Le titre Biko, dans cet album



Il vous est forcément arrivé comme à moi de prendre au vol une chanson ou un morceau de musique au cours d'une émission de radio et, d'une certaine façon ce "morceau là" reste attaché à un souvenir… de radio. Le 19 janvier 1980 (c'était un lundi) je me souviens, avec ma seule petite mémoire, qu'arrivé à Sochaux pour entre autre y visiter les Usines Peugeot, il neigeait ! Mais le soir à 21h rien ne m'aurait fait manquer Feed Back de Bernard Lenoir (1). Ce soir-là dès l'intro de l'émission pas de générique de Van Halen, pas d'annonce, un morceau de musique démarre… Il se révèlera être "In the air tonigh" de Phil Collins (2). Je ne désespère pas de raconter l'anecdote à Lenoir…

Un matin de 2006 sur Inter, après 9h, Dominique A chante "Revenir au monde". Ce morceau est dans le gratuit des Inrocks que je viens de recevoir. Ce jour-là, ce titre passera en boucle dans mes oreilles pendant huit heures consécutives…  Je ne suis toujours pas lassé de l'entendre, même si l'émission je ne l'écoute jamais. Mars 2009 Lionel Esparza reçoit sur France Musique, pour son magazine, Sonia Wieder Atherton, violoncelliste,  et nous fait entendre "Vespers, Op. 37: Nunc dimittis". Bouleversé je l'achète aussitôt et l'écoute aussi plusieurs fois par jour dans les semaines qui ont suivi.

J'aurai comme cela des dizaines d'exemple. Si Claude Villers, pour son émission matinale des années 90 sur Inter, - où il racontait chaque jour la vie d'un personnage ou d'un sujet particulier -, ne m'avait donné à entendre "La mémoire et la mer" de Léo Ferré, peut-être ne serait-ce pas la chanson que j'ai de lui le plus écoutée. Si vous avez comme cela des souvenirs de Musique et Radio utilisez la page de commentaires pour nous en faire part !

Il faudrait une mention particulière pour Fip qui fera l'objet d'un billet spécial dans les prochaines semaines, ainsi que pour Michka Assayas et son "Subjectif 21" (France Musique)

(1) France Inter,
(2) J'aime Genesis avec Peter Gabriel, mais pas Collins qui pour le début de sa carrière solo force sa voix pour la faire ressembler à celle de Gabriel. Lenoir passera dans d'autres de ses émissions, le morceau Biko en hommage à Stephen Biko, militant noir d' Afrique du Sud, une des grandes figures de la lutte anti-apartheid, décédé en 1977.

mercredi 21 septembre 2011

FIP se Livre… feat Julien Delli Fiori

Le boss


Julien Delli Fiori, le directeur de la chaîne avait pris beaucoup de plaisir lors de la conférence de presse de rentrée (1) à annoncer une petite nouveauté : "Fip livre ses musiques, une sélection de livres choisis par Fip… des nouveautés ou rééditions seront évoquées par une animatrice et surtout, Fip étant la plus musicale des radios, chaque livre sera illustré par des musiques. La musique dans le prolongement du verbe… ça c'est Fip". Initialement prévue deux jeudis par mois, l'émission avant même de démarrer est devenue hebdomadaire le jeudi après Jazzafip (2). Et cerise sur le gateau elle est réécoutable !

Jeudi 15 septembre, nous découvrions la mise en musique du roman "Le Turquetto"  de l'auteur suisse Metin Arditi (3). "A travers le peintre Titien, l'auteur nous narre les aventures de ce peintre inconnu, "Le Turquetto", qui aurait vécu dans les années 1570 à Venise. Une aventure de Constantinople à Venise et un voyage musical sur notre antenne." Il aura fallu attendre la désannonce de l'émission présentée par Caroline Osterman pour découvrir que le programmateur musical de cette première n'était autre que… Julien Delli Fiori soi-même. Le dir. qui retourne à ses amours, sympa ! Sur la page de l'émission vous trouverez toute la programmation musicale.

Maintenant j'ai envie de lire "le Turquetto" en écoutant Vivaldi (4) une des sélections proposée. Fip ne fait rien comme les autres et cette posture est séduisante. Pas de titre ronflant, de vedette du "milieu littéraire", juste de la délicatesse et un cocktail simple et bien frappé : " La Musicalité des Mots, une originalité Fip ! "

(1) Le 30 août pour les sept chaînes du groupe Radio France,
(2) de 20h30 à 21h,
(3) Acte Sud,
(4) "Aria di cesare "Se mai senti spirarti sol volto" (Chœur Faust) et "Aria di Catone "Dovena svenarti" album "Catone in utica".

mardi 20 septembre 2011

L'An 01… de la radio ? C'est pour quand ?


En hommage à Georges Fillioud
En 1982, Georges Fillioud présente une loi déclarant que la « communication audiovisuelle est libre ». Il est ministre de la Communication du 21 mai 1981 au 22 mars 1983 dans les deux premiers gouvernements Mauroy, puis secrétaire d'État auprès du Premier Ministre, chargé des techniques de communication du 22 mars 1983 au 12 mars 1986, dans le troisième gouvernement Mauroy et dans le gouvernement de Laurent Fabius. (1)

En 1997, Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture écrit « Nous avons aussi le souci prioritaire de « donner du temps au temps », comme disait F. Mitterrand. Car on sait bien que se soumettre à la loi de la vitesse, du live, de l’immédiat, du temps sans durée, c’est se détourner du sens, c’est capituler. » (2)

Pour trouver ce temps, nous pourrions interpeller M. Hervé Glevarec (3), nous installer dans un grand hangar, faire tomber les grilles… (de programmes) bien à plat et en scruter les contenus depuis… 1981. Certains s’occuperaient des durées d’émissions, d’autres des émissions elles-mêmes (durée dans le temps, producteurs, jour, rythme), d’autres des producteurs et d’autres du mode (documentaire, direct, archives). Mais ce Monsieur Glevarec doit déjà, peu ou prou, avoir tout ça en magasin. On croiserait avec lui nos grilles comme d’autres croisent le fer. Puis nous nous rapprocherions de spécialistes du son qui nous marqueraient au fer rouge le passage de l’analogique à la compression. Quelques orthophonistes pointeraient «grave» les nouvelles façons (à la radio) de parler-mâcher, de parler pour soi.

« … pour recruter des candidats qu’organisait la station Europe 1 … il y avait des essais de voix : les bègues, les nasillards, les zozotants, étaient écartés sans pitié… » (4) Et puis on essayerait de dater le moment où la voix n’a plus eu aucune espèce d’importance pour «passer à la radio».

Au-delà des commémos sympatoches (5) dont les radios ont fait des émissions spéciales, nous pourrions regarder dans le rétro (viseur), ce qu'aucun média ou journaliste n'a choisi de traiter. Et reprendre pour la radio le slogan de l'An 01 de Gébé "on arrête tout, on réfléchit et c'est pas triste"… (6)
 
(1) source Wikipédia, il est décédé le 15 septembre
(2) Jean-Marie Borzeix, Radio Exception, Le débat, n° 95, mai-août 1997,
(3) Chercheur au CNRS, prépare une exposition sur la radio (février/septembre 2012) au CNAM. Le contenu sera historique (la radio des années 20 à nos jours) et thématique (différents aspects des contenus de la radio dont les sons témoigneront).
(4) Pierre Bouteiller, Radioactif, Robert Laffont, 2006
(5) sur les trente ans des "radios libres" 
(6) L'an 01, Gébé, Folio

lundi 19 septembre 2011

De la géopoétique… à la radio




J'en appellerai bien à Erik Orsenna pour qu'il m'aide à faire entrer la géopoétique à la radio sans attendre qu'elle entre dans le dictionnaire de… l'Académie française ! Cette géopoétique aurait toute sa place dans les tunnels des matinales, au carillon de midi, au goûter (1), entre chien et loup, et au mitant de la nuit. Ça pourrait être court (3 mn et puis s'en vont). Ces "pastilles" seraient produites par Radio France et pourraient colorer les sept chaînes du groupe. Ce serait un repère sensible à l'oreille et un contrepoint à la présence très appuyée de la géo…politique à la radio.

(1) voir le billet "Pas la peine de goûter", septembre

dimanche 18 septembre 2011

Lulu

Yann le berger, va rassembler ses sons.
Lulu, le documentaire de Yann Paranthoën s'écoute au moins deux fois (1). Une fois pour l'histoire elle-même, une fois pour la façon de monter. Car ici les sons, les silences, les voix, le déroulement font l'objet d'un montage savant et subtil. Écouter c'est comprendre. Les pas dans les radiales (couloirs) de la Maison de la radio, les mots hésitants quand ils sont dit en français par le personnel très majoritairement immigré, les mots vibrants quand ils sont dits dans la langue d'origine, la musique de ces langages superposés, et en "arrière plan" (2) l'histoire ordinaire des employées.

Le déroulement de ce documentaire ne ressemble pas beaucoup à ce que nous entendons aujourd'hui sur les radios publiques : intro, développement, conclusion. Yann Paranthoën nous oblige à bien écouter, à distinguer les voix. Il ne donne aucun résultat, ne conclue pas en sollicitant de la part de ceux qu'il fait s'exprimer des conclusions qui "fermeraient" le documentaire (3). Tout reste en suspend… Il a capté des moments de vies professionnelles (et personnelles), il y en a eu avant, il y en aura après.

Lulu passe de la timidité à la complicité et montre comment dans un lieu de radio s'approprier ce petit objet qu'est un bobino (4) lui permet de mettre une "marque" à son chariot de travail. Une marque de radio. Lulu est "dedans". Les couloirs, les secteurs, les étages ont (re)trouvé une âme. Celle de Lulu qui ne partira pas en retraite sans laisser une trace écrite sur son charriot. À la (Maison de la) radio les paroles s'envolent et les écrits… restent.

Jusqu'au 14 mai 2017, il y a eu ici un très court extrait de 2'38" de Lulu qu'à la demande des ayant-droits j'ai retiré.

(1) Le Cd produit par Phonurgia Nova est aujourd'hui épuisé, mais on peut lire sur leur site une interview de Yann Paranthoën
(2) je ne suis ni spécialiste du son, ni du montage, l'expression en "arrière plan", empruntée à la photo ou au cinéma, aurait peut-être déplu à Yann Paranthoën qui s'attachait à mettre en valeur la parole dans son environnement sans en rajouter. Je creuse le sujet et amenderai ce billet,
(3) comme les couchers de soleil qui concluent les reportages d'une émission télévisée spécialisée sur la mer,
(4) "trouvé dans une poubelle" précise Lulu, le bobino est un support de bande magnétique.

samedi 17 septembre 2011

"Je veux que tout change"…

La nuit étoilée. Van Gogh




Les indicatifs des Ateliers de la Nuit sur France Culture… changent. Chaque jour suivant le thème mais peut-être aussi d'une semaine à l'autre pour le même thème ? Je dis peut-être car ces génériques doivent être en train de se "caler" pour trouver la meilleure "accroche" à ce qui va suivre ou la meilleure illustration… thématique. Par exemple pour son troisième numéro l'indicatif de l'Atelier du son a "changé". Le tempo appuyé démarre dès la première seconde, avant "je veux que tout change", avant l'annonce d'Aurélie Charon.

La première réussite de ces Ateliers, l'indicatif créé par Eric La Casa. Preuve que ces illustrations musicales sont bien choisies puisque, dans le magma du bruit permanent, notre oreille est capable de discerner ces sons qui invitent à l' ÉCOUTE attentive et à ne plus rien faire d'autre. Surprendre par le son c'est aussi important que de surprendre par la voix. Inventer chaque jour une accroche différente c'est nous inciter à être attentif gage que nous soyons… Surpris !

Le conte est bon…

 

Que tous les conteurs (1) ici me pardonnent, ce titre est "joué" pour ne pas tout de suite dire que je vais compter. Voilà deux mois que ce blog s'est allumé, comme on allume la radio, que des pages se sont tournées, que des visiteurs du soir (ou du matin) s'y sont promenés, certains même allant à commenter… (1) Notre petite musique de radioteuses et de radioteurs s'installe à la mesure de notre passion d'auditeur, doucement, sans faire de bruit, à contre-courant du flot (im)média de l'image "visuelle" surexposée sans fin.

Pourtant que d'images radio flottent au-dessus de nos têtes ! Dans les nuages, dans la lune, à l'ouest… La radio justifie l'emploi de ces expressions géopoétiques (1) qui suggèrent à elles seules nos propres voyages imaginaires…

(1) à la radio et ailleurs
(2) 61, 93, 4650/jours, billets, pages vues
(3) Mot déposé © sur mon nuage

vendredi 16 septembre 2011

France Culture… en toutes lettres (2)

Pourquoi Télérama a t-il choisi de titrer grivois (1), de troubler ses lecteurs (2), de tenter un jeu de mot tout sauf subtil (tâte/tête/tête) ? Pour ce journal, c'est quoi la radio aujourd'hui ? Des vedettes du micro dont on fait le portrait semaine après semaine ? D'observer amusé le jeu des chaises musicales ? De s'intéresser aux départs tonitruants, aux arrivées "ronflantes", aux transferts médiatiques ? Cela fait lurette que Télérama n'a pas écouté, de l'intérieur, une émission ! En s'intéressant à mettre en valeur la recherche du producteur, son point de vue, les débats que son documentaire-son reportage suscite, le montage de l'émission, son rythme, sa couleur, ses silences, sa durée dans le temps, sa périodicité, ce que ça implique de travail et de curiosité, ceux qui collaborent à l'entreprise et tissent une collection du savoir, du jeu radiophonique, de la fiction ou du documentaire,… il y en aurait des articles à écrire et sur plus d'une page hebdomadaire !

Mais la grande question qu'il convient de poser à cet hebdo comme aux quotidiens et aux autres hebdos qui évoquent l'actualité de ce média, c'est : " Qui parmi les journalistes aujourd'hui écoute la radio de façon professionnelle ? " La réponse risque de surprendre ! Cette absence d'écoute, de curiosité et d'intérêt mène tout droit à la facilité qui consiste à parler autour, parler de celui ou celle qui anime/produit, et de s'en tenir à des anecdotes bien croustillantes bien vite oubliées. Alain Veinstein producteur à France Culture a toujours dénoncé les journalistes qui venant l'interviewer (3) ne connaissaient rien de sa pratique et n'avait même peut-être jamais écouté ses émissions.

Avec cet article au titre déplacé, Télérama se décrédibilise, renie ses origines de "Radio-Cinéma", et n'aide pas à donner une autre image de la radio à de jeunes ou moins jeunes générations (gavées de radio privées) qui ont toujours renâclé à "écouter la différence" et refusé de s'engager dans des chemins de découverte. Télérama défrichait la radio ! Il le fait toujours pour la télévision, le cinéma, la littérature, le spectacle. Télérama a renoncé et sa page quotidienne est un faux-nez. Il serait temps de penser à rebaptiser l'hebdo car, c'est probant, le "ra" a quitté le navire !

(1) "Taddeï tâte du tête à tête à France Cul" (Telerama.fr, 11 septembre 2O11, 16 h)
(2) voir les commentaires à la suite de l'article sur leur site,
(3) producteur entre autre des Nuits magnétiques, Du jour au lendemain, Surpris par la nuit, …

France Culture… en toutes lettres (1)



Le 11 septembre à 16 h, "l'hebdomadaire culturel de référence" (1), sur son site, Telerama.fr, publie un article avec le titre : Taddeï tâte du tête-à-tête sur France Cul". On se frotte les yeux, on guette la "mauvaise" césure (2), on relit deux et trois fois. On s'inquiète du téléscopage de "tâte" et de "Cul". On s'interroge sur le sens de "tâte du tête-à-tête". Télérama ne nous avait pas habitué à la trivialité !

Qui a bien pu écrire un tel titre ? La journaliste qui signe l'article ? Le secrétaire de rédaction ? Comment a t-on pu laisser galvauder le nom d'une chaîne du groupe public Radio France ? Pourquoi trois jours après la publication l'article est-il toujours en ligne sans que son titre en soit modifié ? La chaîne publique va t-elle réagir ? 

Autant de questions qui interrogent des pratiques journalistiques pour le moins surprenantes. Qu'il soit d'usage courant de nommer France Culture en usant d'une contraction dans les conversations , c'est le jeu même du langage. Mais que cette contraction soit reprise telle quelle dans un organe de presse plutôt héritier de valeurs morales inspirées par ses fondateurs catholiques, laisse pantois. Particulièrement pour l'ambiguité du mot ainsi contracté. Voilà un hebdo qui ne manque pas une occasion - à bon escient - d'interroger la société, les citoyens, les institutions, les pratiques sociales et culturelles, qui promotionne avec conviction la Culture avec un petit comme avec un grand C et qui tout d'un coup "se lâche" ou ne fait plus grand cas de la langue française en usant à son tour de la trivialité d'un langage courant.

De ses origines en 1950 (3), et de son nom Radio-Cinéma, ses fondateurs ont très vite installé le très bon titre de Télérama (4) et affirmé, de fait, la "relégation" de la radio après la télévision. Aujourd'hui, chaque semaine une page est consacrée à la radio (en fin de magazine) avec, en suivant, les grilles des chaînes publiques (Culture, Musique, Inter) et le repérage d'autres radios à écouter.

La radio n'a bonne presse nulle part et pas plus à Télérama qui, pendant plusieurs décennies pourtant à contribué à promotionner et explorer ce média…
(la suite dans le billet suivant)

(1) Télérama avec un label dans la ligne promotionnelle de l'actionnaire Le Monde-La Vie
(2) coupure d'un mot et renvoi à la ligne
(3) fondé par Georges Montaron
(4) Télévision, radio, cinéma

jeudi 15 septembre 2011

Le roi Artur… et sa légende

Le roi a fait son show à Brest sur la scène du petit théâtre du Quartz à l'invitation de Thomas Baumgartner pour sa Mythologie de poche de la radio ! Et "mine de rien" l'homme de radio survole, en moins d'une heure, presque 58 ans de radio qui, il le dit lui-même "n'ont pas commencé avec mon interview de Thomas Edison…". L'homme reconnu et applaudit par le public se connaît parfaitement et annonce à son interlocuteur que ce dernier va avoir du mal à l'interrompre tant il a su inventer l'"interview monologue". José s'offre de jolis tunnels de paroles et ne manque pas de faire remarquer à Baumgartner qu'il trouve les archives trop longues à écouter (sic)… "Si j'avais été dans mon émission !…"

José Artur a eu l'idée de faire venir à son micro celles et ceux dont à l'époque la télévision ne parlait pas (1) et d'en faire des conversations … "sans fin" ! Sa culture, sa décontraction jamais vulgaire, son entregent et petit à petit un carnet d'adresse phénoménal ont fait le reste. Ses directeurs successifs, - auxquels il aimait plaire (2) - ont du assez vite comprendre que le bouche à oreille était excellent et donnait à la chaîne une image…pop et dans le ton des époques. Car Artur, sur la longue durée,  a toujours su rester "in" en s'entourant de collaborateurs comme par exemple Blanc-Francard et Lenoir qui programmaient une musique qu'on entendait nulle part ailleurs et surtout pas sur les radios privées à la botte des maisons de disque et des hit-parades.

Cette Mythologie est savoureuse car José Artur a beau être très cabot, sa façon de le faire et d'en jouer - personne n'est dupe - rendent le personnage encore plus sympathique. Il a marqué des générations d'auditeurs et, si l'on n'a pas forcément retenu une émission plus qu'une autre, c'est sa voix et son personnage qui sont inoubliables. Cette "archive" est à réécouter aussi pour la bonne humeur qu'elle dégage. José a fait son show et il n'y avait pas besoin d'images pour "voir" avec quel brio… Chapeau maestro !

(1) il nous rappelle que les émissions de la seule et unique première chaîne s'interrompaient à 22h quand lui commençait juste à cette heure-là !
(2) c'est pour lui une règle de la radio !

mercredi 14 septembre 2011

Rappelle-toi Rebecca…

 
il ne pleuvait pas sans cesse sur Brest quand tu es venue rencontrer Christophe Miossec. Pour que tu files au bout du monde (ou au début c'est selon) il te fallait un vrai désir d'écoute de celui qui dans son dernier album chante "…Tout a déjà été dit mais ce n'est pas grave puisque personne n'écoute… ". Une bonne dose de lucidité le jour où la terre entière commémorait (1)… sûrement plus occupée à regarder qu'à écouter. Miossec le timide n'a pas résisté à ton espièglerie subtile, à tes rires et à l'intérêt que tu lui portais en dehors de la promo. 47 mn bien agréables et non pas une heure comme l'autopromo s'évertue à le clamer, nous prenant certainement pour des gogos ! C'est quoi ce format comme vous dites à la radio ? C'est quoi cet impérialisme de l'info qui à 10h réussit encore a manger 13 mn supplémentaires ? Qu'est ce qu'il y a donc à dire à 10h qui n'a pas été dit à 9, à 8, à 7 ?

Pourquoi ton transfert dans la grille d'Inter, des matinées (9h/10h), aux samedis, dimanches et puis pour finir le dimanche only (2). Pour mieux te consacrer à la télé ? Et pourquoi tu ne revendiques pas une vraie heure du dimanche qui en fait durerait deux pour coller à l'esprit de ce qui est écrit sur ton site  : "Parce qu’il se passe autre chose dans le poste lorsqu’on sort d’un studio de radio. Parce que les propos sont différents quand on reste deux heures avec quelqu’un plutôt que dix minutes."

Ta voix Rebecca Manzoni, tes façons, ton rythme feraient du bien à France Musique. Et pourquoi diable sur cette chaîne il n'y a pas ce type d'émission ? Les 13 mn perdues de l'heure d'Eclectik manquent car tu aurais eu une façon plus fluide de fermer le ban. Les évocations de Perros (Georges) de Léautaud (Paul) des chanteurs statufiés (Brel, Brassens, Ferré) pouvaient se prolonger ! C'est dimanche merde ! C'est un autre rythme, une autre écoute, une autre complicité avec les voix de la radio et comme tes ainées Kriss, Claude Dominique et la bande de l'Oreille, tu as ta place le dimanche pour le réenchanter.

Pardon Rebecca de t'avoir tutoyée mais commençant avec Prévert le vous aurait tout gâché !

(1) dimanche 11 septembre, 10h, Eclectik, France Inter
(2) deux saisons d'Eclectik de 9 à 10, du lundi au vendredi, 2004/2006

Bel interview sur :http://www.evene.fr/celebre/actualite/arte-metropolis-rebecca-manzoni-tele-1992.php, mais ça parle de télé, bonne télé Arte !

mardi 13 septembre 2011

La chronique "Mange disques" !




C'est vendredi, vous achetez (1) votre canard quotidien dans un kiosque (1) et vous vous engouffrez dans un transport en commun où il va falloir jouer serré pour déplier le-dit journal. Quarante minutes, c'est le temps qu'il vous faut pour savourer la lecture de ce canard tout frais qui tâche encore les doigts. Ce matin vous vous attardez un peu trop sur la page Débats "Lacan, Lacan, Lacan,…". Il vous reste moins de 8 mn de transport ! Comment faire pour avaler vos trois pages Culture et particulièrement la chronique Pop de T.V. ? Ça pousse, ça coince, vous lisez en diago, les titres et rien de ce qui suit. Plus le temps. Ça pousse, votre journal vous échappe, se contorsionne et, vous y accrochant comme à une bouée, tentez de sauver quelques feuilles en lambeaux sur lesquelles plus question d'y lire la chronique de ce disque, dont la musique vous a attrapé l'oreille cet été sur France Musique…

Ce journal déchiré c'est exactement ce qu'a fait Marc Voinchet vendredi (9 septembre) avec la chronique Tout feu Tout flamme (sic) où Vincent Théval (2) devait présenter en moins de 6 mn trois disques avec extraits sonores ! Cette chronique quotidienne est tenue par plusieurs producteurs de la chaîne qui viennent faire part, à tour de rôle, de leurs choix culturels. Pour y avoir entendu une fois L.A. (Woman) et A.L. (Man) j'ai pu constater qu'ils ont eu tout le temps de disposer de "leurs" 10 mn pour présenter calmement leurs choix. Le "pauvre" Vincent Théval dont c'était la première dans la matinale a été fairplay d'accepter de participer au massacre de sa chronique, écrapoutie, froissée, déchirée par Marc Voinchet.

À quoi sert cette charge de la Brigade Légère à la fin de cette matinale ? A s'obliger à tout "faire rentrer dedans ? Comment le professionnel Marc Voinchet a t-il pu à ce point "sinistrer" le temps d'antenne d'un collaborateur compétent ?  Pourquoi ne pas avoir "lâché" Lacan plus tôt. Pourquoi ce timing stressant égrené pendant deux heures trente ?

Pour l'auditeur, au final, comment retenir quoi que ce soit de ces minutes télescopées et totalement improductives ! Cette chronique TFTF est-elle un faux-nez, un gadget, une farce, rien ? Est-ce la caution culturelle d'un épais journal qui contiendrait si peu de culture qu'il faille se rattraper en "dernière page" ? J'étais venu écouter Vincent Théval (je refuse d'écouter la matinale) je n'ai rien entendu.

Proposition simple : que l'invité reste 5 mn de plus, que Voinchet soigne sa désannonce, sans-fourguer-un-extrait-de-chanson-comme-un-cheveu- sur-la-soupe, que Tout Feu Tout Flamme aille se caser ailleurs… et la culture sera bien gardée !

(1) si, si, ça existe encore !
(2) Après trois saisons d'été sur France Musique pour "L'instant Pop" et une chronique mensuelle (!!!) chez Marie Richeux depuis la rentrée, Pas la peine de crier, France Culture, du lundi au vendredi 16 h,

lundi 12 septembre 2011

Pas la peine de goûter… (mieux à faire)



C'était jeudi. Pas celui de la semaine des quat' jeudis, non ce jeudi 8 septembre, en plein milieu d'après midi, de la musique sur France Culture ! Wouf ! On est immédiatement radioporté sur la route, Piers Faccini nous précède, sa voix nous murmure des échos des 60' & 70', sa guitare nous fait dresser le poil… Pas la peine de crier, No reply, aucune réponse, il suit sa route, on s'arrête pour savourer… No reply ! On se frotte les yeux, on se frotte les oreilles, la musique est revenue sur Culture, un poco agitato (1) et du temps pour en parler avec ce musicien sensible de l'intime…

Cette voix douce qui engage la conversation vient du matin. Les matins de la grille de 2010/2011 où le temps était à l'enfilage de perles. Pas celles qui font les colliers, celles qui au petit matin rebutent l'auditeur obligé de sauter - plus vite qu'un toast de grille-pain -, d'une chronique à l'autre, sans jamais avoir eu le temps nécessaire pour y penser. Les temps changent ! Et les après-midi de France Culture (enfin… l'heure du goûter) vont retrouver une certaine sérénité, un ton, et un temps de paix… intérieure.

J'ai réécouté les premiers numéros de Plpdc, Marie Richeux, la productrice, a trouvé sur le "format" d'une heure, un découpage, un rythme et une cadence qui se fondent dans le Tea Time (2). Quand elle déshabille sa courte histoire racontée chaque jour, d'un titre qui a plus à voir avec le commerce de l'instantané photographique qu'avec celui du conte ou de la poésie, on peut prendre la pleine mesure des mots et des images. Guettons, goûtons cette heure, murmurons-là, mais surtout Pas la peine de crier… sur les toits.

(1) Sur France Culture au moins pendant deux saisons de 2004 à 2006 par producteurs tournant suivant les thèmes
(2) Titre de l'émission de ce jeudi 8 septembre

dimanche 11 septembre 2011

Silence radio

Ce titre va bien avec le sujet précédent. Le silence est de rigueur. Mais passé ce temps de mémoire, Silence radio vaut la peine d'aller y tendre l'oreille. Là, des créations sonores et pour cette rentrée dix nouvelles pastilles multicolores. Alors si plusieurs fois par jour, dans le grand "maelstrom" des ondes, nous avions sur les chaînes de radio publiques ces ponctuations subtiles ou ces soupçons de sons, ce serait une merveilleuse et indispensable éducation de nos oreilles…

11 septembre… 1973

 

Ma petite histoire est dérisoire et un peu minable ! J'avais 20 ans et je ne me pardonnerai jamais d'avoir attendu de recevoir le Nouvel Obs pour découvrir en couv' le coup d'État de Pinochet au Chili. Même si loin très loin des horreurs faites au peuple chilien et des souffrances qui allaient durablement miner leur vie, je ne pouvais "partager" qu'une souffrance morale. Préoccupé à "conter fleurette" et harassé par un travail débilitant, j'étais sorti du monde. Le retour a été un coup de poignard à la liberté, déchirant pour ma génération nos utopies et nous laissant en bouche, muette, un goût bien amer. Sans doute dépités de ne pouvoir rien faire quand, depuis trois ans nous guettions, joyeux, l'avènement d'une nouvelle société, que commençait à mettre démocratiquement en œuvre Salvatore Allende… jusqu'à y laisser sa vie.

Vous pourrez entendre un extrait du dernier discours du président Salvador Allende sur Radio Magallanes (1). Et avec les liens suivants vous remettre en mémoire cette infamie.
(1) le 11 septembre 1973 à partir de 9h10
(2) je découvre (14 sept) cet article de la revue Regards

L'illustration est la reprise de l'affiche du film de Patrizio Guzman, 2005

Pourquoi j'écris sur la radio…

 

Mais pour en faire toute une histoire ! Au delà de ce que j'aime écouter j'essaye de montrer comment, de façon sensible, la radio s'incruste dans nos vies quotidiennes et comment elle laisse des traces, des "mythologies", des émotions. Comment elle s'associe à notre intimité. Comment s'en rapprochent nos souvenirs personnels sans trop bien savoir pourquoi. Comment les voix nous transportent et comment d'en connaître leur visage fait tomber le charme de l'inconnu. Au-delà des sujets, ce sont les passeurs les passeuses qui m'intéressent. Pas pour les connaître dans "la vie réelle" mais pour partager leurs passions, leurs convictions quelquefois, et les accompagner sur leurs "chemins de radio". Voilà c'est ça, ce sont des compagnons de route et quand la complicité s'est installée il s'agit de l'entretenir. Ils/elles sont dans le premier cercle et n'en sortent que par effraction. Un décès, une retraite, un licenciement ou un "transfert"…

 

Pour autant la gymnastique du football, que d'aucuns appellent le mercato, quand elle se met à polluer la radio ne produit pas forcément les effets attendus par les… entraîneurs.

Déplacez Demorand de Culture à Inter ne me fait pas tourner le "bouton" d'une chaîne pour l'autre et encore moins pour la périphérique bleue (1). C'est là que le podcast peut être utile. Je réécoute Lebrun dans sa Marche de l'histoire, car ni l'avant ni l'après ne m'intéresse. Quand je dis l'après c'est la part de cirque qui consiste en l'auto promo et autres annonces qui perturbent les sens (2). Et je ne parle même pas des "transferts" sur des chaînes où il s'agirait de supporter toutes les dix minutes de la réclame. Il y a sur les radios publiques une ambiance, une atmosphère, une couleur diront certains qui, en l'absence de pub (3) créent une relation particulière à l'oreille et à l'esprit. Pradel d'Europe 1 à RTL c'est pareil. Pradel d'Inter à Europe 1, rien à voir, même si la voix est toujours aussi captivante. 

Cette façon d'écouter la radio est peut-être en voie de disparition et les grands communicants habitués à la "grande lessive" (4) ne veulent pas en tenir compte. "La radio de papa c'est fini" croient-ils savoir ! Écrire autour, malgré tout, c'est faire vivre une radio qui rend intelligent, fait prendre les chemins de traverse, jubiler, qui donne envie d'en parler autour de soi, d'y revenir jour après jour avec ou sans… rendez-vous, sauf (peut-être) celui du feuilleton radio, ici même.

(Je n'écris pas dans le New Yorker mais cette couv' est jolie et le nom de son auteur est révélé dans le premier commentaire)

(1) oui je sais je ne devrai plus appeler Europe 1 comme cela, tant la Sarre (là où réside l'émetteur d'Europe 1, en Allemagne) n'est plus dans la même "périphérie" qu'à la création de la station privée en 1955, mais c'est comme un gimmick et ça m'amuse. Bleu à cause des couleurs du logo, des locaux, des micros,
(2) je veux dire la promo, le flash d'info car après, "La tête au carré" de Mathieu Vidard vaut la peine d'y tendre l'oreille,
(3) sauf France Inter aux heures de plus grande écoute,
(4) des mots, des idées, des produits, des slogans, des voix, des femmes et des hommes de radio, de télé, de sport,…

samedi 10 septembre 2011

Mafalda… écoute la radio







Mafalda la célèbre héroïne de Quino n'a, ni la langue dans sa poche ni ne manque d'à-propos… Ceux-ci, souvent désopilants, laissent ses parents et ses copains absolument… dubitatifs ! Ce qui m'intéresse et devrait intéresser les lecteurs de ce blog c'est "comment Mafalda interpelle la radio pour comprendre et juger le monde" ?

Un exemple : dans les trois premières cases d'un "strip", Mafalda ne parle pas, elle a à l'oreille un écouteur branché sur son transistor. Elle est dépitée ! Dans la quatrième case elle dit : " Il devrait y avoir un jour de la semaine où les informations nous mentiraient un peu et nous donneraient rien que des bonnes nouvelles…".

Et celui-ci :
 
"Instable… Ne s'améliore pas… C'était notre bulletin météorologique. Je  croyais que tu parlais du gouvernement… espèce d'alarmiste !" (traduction : Jacques Meunier/Glénat)

Mafalda écoute la radio et… j'écoute Mafalda ! 
(à suivre… chez Glénat, éditeur de Mafalda en français)

vendredi 9 septembre 2011

11 septembre… 1973



Modestement, dimanche à 18h, je publierai un billet pour Allende et pour le Chili, victimes de Pinochet…

La radio : de la télé sans image ?…



Dès l'avènement de la télé on a puisé dans le vivier des speakers et animateurs radio pour assurer l'animation des informations et des divertissements. La liste de ces caciques est un véritable florilège du gotha audiovisuel. Vous les retrouverez forcément dans les annales de la télé. Vinrent les années 70. La radio en perte d'"image" (1) fait appel aux "vedettes" (2) du petit écran. Fin de siècle aidant, les vases communicants (sic) entre les deux médias deviennent permanents et, les jeux de chaises musicales qui en découlent n'excitent bien sûr que les communicants eux-mêmes.

On se tape sur les cuisses en se rappelant la promo du Grand Journal de Canal+, si fière en son temps d'accueillir "Ali-Baddou-de-France-Culture" pour parler de livres (sic). La chaîne cryptée, "sans le vouloir", accentuait l'image plombée, figée, d'une radio "trop" élitiste qui faisait tout pour s'en émanciper, au risque d'écorner l'excellence qui fit ses heures de gloire ! Bon coup de prestige pour Canal, bon retour d'image pour France Culture (3). C'était parti ! Les amours incestueuses de la télé et de la radio allaient maintenant se voir en clair à la télé et, en retour parasiter la radio de tics télévisuels. Aux orties l'écriture et la grammaire radio justes bonnes sans doute pour les émissions d'archives… de nuit !

Par effets induits de paillettes, quelques pisses-froids, se foutant du tiers comme du quart de la radio et, faisant semblant de produire des émissions, - quand ils ne font que bavarder devant un micro -, s'ingénient à employer le langage télévisuel pour, sans doute, rameuter quelques téléphages ahuris de découvrir qu'à la radio il n'y a pas que de l'info ! Chaque jour alors on doit supporter à l'antenne : "plateaux" (4), "grand escalier", "live" et même "spectacle" ! Je ne parle pas des spectacles de "podium" et autres tournées de plage ultra sponsorisées, non, mais du spectacle dans les studios radio avec la geste de la télé ! Pitoyable ! Singeries dignes du grand Barnum.(5)

À Radio France, Joël Ronez (6), fraîchement "débauché" d'Arte, a la lourde responsabilité d'inventer et d'installer une "image radio" ! Radio pour laquelle il précise qu'"il ne s'agit pas de la filmer !". Va falloir être subtil et oublier toute la grammaire télévisuelle moderne qui sauterait immédiatement aux… yeux de l'auditeur qui, n'ayant jamais eu besoin d'image pour imaginer, ne supporterait pas qu'on lui en impose des toutes faites. Encore faudrait-il que cette radio-là l'auditeur ait envie de la "regarder" ? Si l'affaire se concrétise c'est à une véritable "révolution copernicienne" qu'il va falloir se préparer (7). "Attendons de voir"… c'est le cas de le dire et, profitons encore un peu de la radio… sans image.

(1) un paradoxe ! je devrai dire en perte de reconnaissance, non ?
(2) c'est le mot en usage et ça va forcément influencer le style, le cachet et l'ego de ces dites vedettes et bien les mélanger avec celles du show-biz,
(3) sans oublier Sciences-Po où le dit Baddou enseignait,
(4) à la radio on dit studio
(5) "Le tribunal des flagrants délires" de Claude Villers sur France Inter était une émission en public et ce n'est pas la même chose. Le "public" qui n'est pas dans le studio assiste bien à une émission de radio. Que les intervenants "fassent le spectacle" cela n'a rien à voir avec une émission spectacle revendiquée comme telle,
(6) recruté par Jean-Luc Hees, Pdg de Radio France, pour diriger les"nouveaux médias"
(7) j'aime la formule.

jeudi 8 septembre 2011

Le journal parlé…

Vintage, n'est-il pas ?




En juillet 1967, Jacqueline Baudrier journaliste (1), présente -à la télévision (2) - les Informations de France Inter qui vont prendre leurs quartiers d'été. Sur cette vidéo de l'Ina on découvre les "animateurs et animatrices" de la chaîne qui présentent les programmes d'été. Aux voix nous mettons des visages, des styles et des façons de dire, même si on se rend très vite compte que les femmes et les hommes de radio sont moins à l'aise devant une caméra de télévision que devant leurs micros.

Le reportage présente aussi les nouvelles capacités de l'émetteur d'Allouis (1100 KWatt) ce qui donnera l'ébauche d'un slogan "France Inter une radio qui fait le poids …". Le speaker du reportage, lyrique, annonce "Mais pour le profane un émetteur c'est aussi un nom et ce nom prestigieux c'est France Inter, 1829 m …". Cette vidéo nous permet de réentendre les jingles (3) et autres sonals de la station. Un jingle spécial pour Gérard Klein "voix des jeunes" et autres hits-parade qui, avant de devenir un animateur radio, accompli et tendre, se targuera d'avoir "fait les 4 grandes" (Inter, RTL, Europe1, RMC).

Annick Beauchamp - Madame Inter - présente la tournée d'été qui mènera son émission de Saint-Malo à Hossegor. Ce qu'avait évoqué un Mistigri cet été sur France Culture.

(1) entre autre Rédactrice en chef des journaux parlés (sic) de France Inter 1962-1968, avant de devenir le premier PDG de Radio France en 1975 et ce, jusqu'en 1981,
(2) Micros et caméras, sûrement sur la… 1ère chaîne
(3) Les Parisiennes, quatre chanteuses- danseuses, est un groupe vocal féminin créé en 1964 sur une idée de Claude Bolling, pianiste de jazz, chef d'orchestre et compositeur de la plupart de leurs chansons. Le plus connu des jingles étant peut-être dans nos mémoires : " Vingt-quatre heures sur vingt-quatre La vie serait bien dure Si l'on n'avait pas le Pop Club Avec José Artur ".