dimanche 31 janvier 2016

Brunch #22





















• Version lecture
Je voulais consacrer tout mon billet dominical à ces phares qui nous manquent tant ! Non pas qu'ils soient tombés, non pas qu'ils n'éclairent plus la mer. Non plus que les âmes humaines les aient abandonnés, lâchement, pour des économies de bout de chandelle (sic) et au titre du progrès qui, comme d'hab', a bon dos. Non, je rêvais que ces phares dépassent leurs fonctions de vigies maritimes et éclairent tous les obscurantismes qui commencent à peser très lourd dans le monde.

Je vous ai déjà parlé de ces "Histoires de phares" dans un Brunch précédent. Touché, séduit, j'ai voulu plonger dedans comme, d'une certaine façon, je l'ai fait physiquement pendant tant d'années. Prenant la route touristique de Tremazan (1) jusqu'à la plage de Penfoul qui affleure Argenton, l'autre port de la commune, il me suffisait de regarder à l'est pour prendre le feu du phare de l'Île vierge (Plouguerneau), puis, plus près, face à moi le Phare du Four (Porspoder), qui sépare la Manche de l'Atlantique, et au loin, à l'ouest, le Stiff sur l'île d'Ouessant. Leurs balayages de lumière, incessants et synchronisés, sont un enchantement pour la nuit, pour le ciel et pour les marins surtout.

Ce beau livre érudit, et facile d'approche, est une invitation au voyage. Au voyage et à l'histoire même de ces phares. Et qui dit histoire dit contexte. Contexte local et contexte géopolitique mondial. À cela il faut ajouter l'histoire des techniques, tant d'éclairage que de construction, qui ont permis aux phares de… rayonner de par le monde. On navigue au près, plus au large, très loin sur d'autres continents. On est porté par le flot du récit. On se prend presque à souffler sur les pages pour qu'elles se tournent, et on ne se lasse pas de détailler les dessins minutieux de ces bâtiments de terre ou de mer, du monde entier.

Une mise en page sobre, une qualité de papier, une iconographie mate vont faire de ce livre mon livre de chevet pour plusieurs semaines. Histoire de prolonger le plaisir de la découverte, mais surtout histoire d'aller au rythme du vent. Quitte à ce que quelque fois il me prenne la furie de ne fermer l'œil qu'à l'aube, particulièrement quand derrière mes propres volets le vent n'aura eu de cesse de souffler (2).

(1) Port de la commune de Landunvez, Finistère (Nord),
(2) Pour Cordouan vous pouvez aussi vous téléporter . Quant au Phare des Roches Douvres (Côtes d'Armor) la pièce radiophonique de Yann Paranthoën, vous pourrez allez y voir ici et entendre un petit bout d'extrait. 

"Histoires de phare", Marie-Haude Arzur, Jean-Benoît Héron, Glénat éditeurs, 35€. Avec quatre tirés à part de Les Pierres noire, Granville, Lavezzi et Cordouan.



• Rivette, un vendredi 29 janvier 2016
L'Ina a vite réagi à l'annonce du décès du cinéaste en proposant la vidéo ci-dessus, extraite de l'émission cinéphilique par excellence de la télévision, "Cinéma, Cinémas" de Anne Andreu, Michel Boujut et Claude Ventura. Si j'ai sélectionné cette vidéo, c'est d'abord pour la voix de Boujut. Une voix dont on n'avait pas besoin de connaître le visage pour être séduit, capté, happé (1). Les angles que choisissaient les trois producteurs étaient toujours "cinématographiques", pointus, érudits et stylés. La voix de Boujut faisait le reste (2). 

(1) Une voix dont on ne faisait pas la promo en insistant lourdement pour dire que dans l'émission le journaliste n'apparaîtrait pas, comme a pu le faire Canal+, en utilisant la voix d'une animatrice radio qui, si elle n'apparaissait pas à l'écran, en faisait des caisses pour racoler le chaland !

(2) Boujut a aussi fait de la radio. Sur France Inter pour le feuilleton "Le perroquet des Batignoles" co-écrit avec Tardi. Et sur France Culture pour des émissions de cinéma et, entre autres, ""Something's Got to Give" de George Cukor, interrompu par le suicide de Marilyn Monroe".

1957





















• France Info travaille à la chaîne… continu(e)
Le patron de France Info a reçu, jeudi dernier pendant plusieurs heures, les organisations syndicales de Radio France pour leur présenter le projet de "Chaîne d'information numérique en continu" mené en partenariat avec France Télévisions, France 24 et l'Ina. Vous noterez bien que, n'étant pas impérialiste et ne le supportant pas, je n'attribue pas à la télévision publique ce projet dont le rapport Schwartz avait indiqué qu'il devait être mené par tous les opérateurs publics de l'audiovisuel. Alors les annonces et autres effets de manche de Mme Ernotte, Pdg de France Télévisions, n'altèrent en rien mon jugement, et mon analyse. À bon regardeur, Mme Ernotte, salut !

• À Brest, en février, on prend les "Oh", on prend les ondes… en longueur !


À dimanche prochain…

vendredi 29 janvier 2016

Radio-Archives : Henri Langlois (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…

55/117
Henri Langlois (8 juillet 1970)

"Le cinéma muet était plus facile, plus direct !" annonce Langlois à Chancel qui commence par vouloir comparer le muet le parlant. "Un certain public qui n'aimait pas le cinéma est venu au cinéma [depuis le parlant]…"

"La crise du cinéma [à Hollywood] c'est que le cinéma n'est plus un art populaire… au départ [avant l'industrie cinématographique] des analphabètes allaient voir des films fait par des analphabètes".

"Le mal est venu des salles des Champs-Élysées, l'industrie du cinéma a progressé grâce à ces salles, puis elles ont détruite la base populaire… Ce n'est pas la télévision qui est en cause. La télévision s'adresse aux gens qui ont des pantoufles, ce n'est pas une chose populaire !"

"Aujourd'hui on produit le cinéma pour une certaine élite". Quel régal d'écouter les analyses de Langlois qui a beau déclarer qu'il n'est pas prophète mais qui est sûrement visionnaire ! Une leçon de cinéma, pour nous amateurs de cinéma (1), et pour Chancel qui ne touche pas terre à opposer benoîtement populaire et élites ! Et Langlois ne manquera pas de lui dire que "chapelle est péjoratif", quand Chancel voudrait une fois de plus enfermer les choses dans des cases bien étiquetées et rangées dans des meubles bien cirés.

"Le cinéma c'est seulement un commerce ?" "Vous me posez de drôles de questions, vous croyez que c'est malhonnête d'être commerçant ? Le cinéma n'est pas déshonoré parce que c'est un commerce !"

Et vraiment Langlois avait très bien anticipé le "Tout le monde photographe, tout le monde cinéaste !" On mesurera le décalage entre un "acteur" et un "spécialiste" du cinéma et un journaliste qui reste terre à terre. Avec d'abord tous ses a priori et ses poncifs en bandoulière jusqu'à ce que Langlois ne comprenne vraiment pas où Chancel veut l'emmener. Pour ne pas dire l'enfermer !

Langlois en souriant : "C'est les questions qui me gênent, pas les réponses!". CQFD Allez celle-là on la garde aussi. Chancel : "Nécessairement un génie doit être un homme intelligent ?" !

(1) Le jour où nous apprenons la disparition de Jacques Rivette, ce 29 janvier 2016,

jeudi 28 janvier 2016

Radio-Archives : Isabelle Huppert (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…

54/117
Isabelle Huppert (2 avril 1981)

Allez, on commence par la reconnaissance ! "Être reconnu" grande question existentielle de Jacques Chancel. "Vous êtes passée par les écoles ?" Huppert "Je me suis toujours sentie mal à l'aise dans les écoles…"

"Pourquoi pensez-vous que je suis discrète ?… Je ne pense pas que je le suis. Si c'est le cas ce n'est pas de mon fait…" Chancel "Vous allez finir par le regretter et je vais vous dire pourquoi !"

"J'aime mieux parler à travers mes rôles qu'à travers moi-même". "Vous lui demandez quelque chose à la vie ?". Huppert : "Je lui demande tout ! Je suis boulimique" et cite Nizan "Un jeune homme (une jeune femme) est le seul être qui a le droit de tout exiger et de se sentir volé s'il n'a pas tout !"

mercredi 27 janvier 2016

Radio-Archives : Annie Girardot (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…

53/117
Annie Girardot (15 décembre 1968)

- "Qu'êtes-vous Annie Girardot, une femme, une actrice, une épouse ?" (1)
- "Pour une femme qu'est-ce qui est le meilleur, être volage ou être trompée ?"
- "La femme a-t-elle vraiment été créée pour le mariage ?"
- "Vous êtes pour la beauté ?"

Girardot a sa gouaille et son franc-parler, et pense (encore) que dans un couple l'homme doit… commander ! À la dernière question sur la nudité Chancel donnera son point de vue à l'actrice sur sa propre nudité (à elle, Girardot) !

(1) Plusieurs réponses possibles ?

mardi 26 janvier 2016

Radio-Archives : Gérard Depardieu (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…

52/117
Gerard Depardieu (15 décembre 1980)

La voix est la même ou presque, mais la fraîcheur est là ! Depardieu nous dit ses hésitations, ses presque-certitudes, ses passés, ses émotions. On peut déceller ses extravagances en germe ou à fleur de peau. Voilà les richesses de Radioscopie, restituer, resituer un personnage dans son époque. C'est ce qu'il dit qui est important. Ce qu'il a envie de dire. Beaucoup plus que ce que l'animateur de l'émission peut croire qu'il est important qu'il dise ! Le factuel est dérisoire. Les chemins, les méandres les gouffres font l'homme. Et ce sont ces trajectoires-là qu'il est important d'essayer de faire raconter.

Émouvante son histoire de "perte de parole" et sa façon de si bien la dire. Depardieu est un sacré bonhomme, ici en devenir, et on se demande bien comment sa solarité a pu s'éclipser au profit d'une parole publique caricaturée ?

Et en 1980, Depardieu chante "Comédien, comédien", un genre de biguine trop pical (sic) ! Chancel "Les incertitudes de votre vie il faut les trouver dans vos chansons, pas dans vos films !" Bigre "les chansons" de Depardieu n'ont pas laissé un souvenir impérissable !

Depardieu (répondant à Chancel qui lui oppose loubard et romantisme) : "J'aime beaucoup le romantisme parce que ce sont des gens qui vont au bout". Et pour "finir" du pur Chancel "Vous pouviez prévoir que vous deviendriez Gérard Depardieu ?" "Oui, oui". Et Chancel de tomber de l'armoire "Ah bon ?" Faudrait savoir ! Soit on pose une question et on accepte la réponse sans s'étonner outre mesure de la réponse, soit on ne la pose pas !

[Ndlr] Comment en 1980 Chancel peut-il faire l'impasse cinématographique sur "1900/Novecento" de Bertolucci de 1976 ?

lundi 25 janvier 2016

Radio- Archives : Catherine Deneuve (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…


51/117
Catherine Deneuve (15 février 1973)

Tiens Deneuve dit "Poule over" ! Joli. Elle pourrait chanter en duo avec Gréco "T'es toute nue sous ton poule…" Chancel : "Pour vous le cinéma c'était la seule raison d'exister ?" Deneuve rit "Oh non heureusement !"

"Vous avez l'impression d'être libre à partir du moment où vous êtes tenue en laisse" (sic) !!! "On a écrit dans Newsweek que vous étiez la femme la plus belle du monde" Deneuve : "Tous les ans Newsweek sort une couverture avec une actrice européenne. Ça me fait plaisir sans me flatter.

Pourquoi Chancel croit-il toujours qu'à la suite de ses affirmations élogieuses ses invités vont se pâmer, monter sur la table et se mettre à hurler "I'm the queen" (ou the king, c'est selon) ? Attention la question qui tue "Disponible c'est le contraire d'esclave ?" Accroche-toi Catherine ! "Où voulez-vous en venir ?

Roulement de tambour, attention fin de l'intrigue : "On va forcément en venir au mariage !" Là, je mets sur pause et je me tape sur les cuisses. Donc Chancel voulait une réponse pour mieux lui dire après que "mariée elle n'était plus libre et pire, esclave"… On notera en quel point de vue Chancel tient le mariage pour… une femme. On n'imagine pas une seconde qu'il aurait pu dire ça au mari de Deneuve !

On retrouvera la rhétorique de Chancel sur le mariage, les enfants de parents mariés, ce que conteste, haut et fort, Catherine Deneuve, à l'appui de sa propre expérience. Attention, question perfide et l'air rien, "Tourner avec Marcelo Mastroiani c'est un effort ?" (1) "Deneuve "Alors c'est une question qui n'en est pas une !… Je n'ai pas de problèmes avec mes partenaires de cinéma." Et bam !

Pour renvoyer dans ses cordes Chancel, Deneuve dit "Aimer est plus fort que d'être aimé, c'est plus exaltant, non ?" Et cerise sur le gâteau l'animateur de Radioscopie veut savoir si Deneuve peut jouer un rôle où elle serait laide. Deneuve répond cash et clair. Mais on sent bien qu'elle trouve nombre des questions désarmantes !

(1) Deneuve vit avec Mastroiani,

Tout feu, tout flamme… Jean Lebrun

Jean-Louis Bory / AFP

















Dans ce titre, on préfèrera retenir que ce "Tout feu, tout flamme" était la devise de Jean-Louis Bory, critique cinéma (1) plutôt qu'un empilement de chroniques autrefois sur une chaîne du service public. Le dimanche, je butine à travers champs sonores, pour prendre le temps de repérer ce qui aurait pu, la semaine, me passer sous le nez et pire, loin des oreilles. Le "Bory" de Lebrun (2) en fait partie mais j'ai une excuse. Pas très valable, mais une excuse quand même.

La maladie des commémos ayant, à la radio (et ailleurs aussi), pris des proportions virales, démesurées et permanentes, je n'ai pas voulu, de près, participer par l'écoute à la prosternation autour du "Masque et la Plume". De loin oui (3). Et j'ai donc loupé l'angle (subtil) que Lebrun avait choisi le 20 novembre dernier. Bory, sans masque c'est vrai, reste et restera l'étincelle qui aura tellement fait briller l'émission d'Inter du dimanche soir, inventée par Michel Polac et François-Régis Bastide.

Dès l'intro de ses émissions Lebrun nous réserve souvent des accroches sensibles, joyeuses, décalées et quelquefois fort à propos. Quelle "petite main" ou quelle "bonne oreille" a pu dénicher Bory disant "La marche de l'histoire" ? Hopla ! Du grand art sonore. 

Et, au moins autant qu'au critique Bory, Lebrun s'intéresse à l'homme. À son histoire heureuse (prix Goncourt 1945 pour "Mon village à l'heure allemande"). À celle plus difficile ("Ma moitié d'orange") où il raconte son homosexualité. Lebrun de camper "son" village de l'Essonne où l'écrivain Bory était ancré. Le producteur ne lit pas une histoire, il l'a raconte en y mettant sa part d'émotion et de profondeur. Il s'empare de ses sujets au point de les rendre vibrants. 

C'est sans doute la rançon du succès de cette petite musique que Lebrun joue chaque jour à France Inter, et dont on ne se lasse pas d'écouter les modulations. Avec cette envie furieuse pour l'auditeur d'en savoir toujours un peu plus, même sur des sujets quelquefois ignorés. L'art du conteur, du passeur et du producteur radio, absolument dévoué à la cause de l'histoire, et même de toutes les histoires ! 

Cette année encore, "On a Lebrun". Réjouissons-nous !


(1) Au "Masque et la plume" sur France Inter et au Nouvel Observateur,
(2) Producteur et animateur de "La marche de l'histoire" du lundi au vendredi, 13h30, France Inter,
(3) Ma contribution à la marge, 

En exclu, jusqu'au 12 février, 
l'intégrale de la Radioscopie de Jean-Louis Bory



Et, puisque j'ai trouvé la photo qui illustre ce billet sur le site de la RTS, vous pourrez là avoir l'occasion de prolonger le souvenir de Jean-Louis Bory !

dimanche 24 janvier 2016

Brunch #21

Friedrich ©Inerfoto
















• Un caillou dans la chaussure

Alors que la littérature est sanctifiée sur France Culture (voir ci-après), Jean Clair, conservateur général du patrimoine et historien de l'art, participait dimanche dernier à l'émission d'Eva Bester sur France Inter "Remède à la mélancolie". Bon remède au cours duquel vous pourrez entendre la saillie ci-dessous

À la com' méthode Coué qui impose à Madame Treiner, directrice de France Culture, d'assurer que la matinale de la chaîne tient ses promesses, il est bon d'opposer le point de vue d'un intellectuel. Si Jean Clair devait venir dans la dite-matinale, il est bon de lui rappeler que Michel Onfray a été accueilli par "Le fond de l'air Onfray". Le catalogue de V.V. (Vannes Vermot) d'Erner (matinalier) étant inépuisable M. Clair peut s'attendre à tout et même à ça "Jean Clair, obscur !"… (Soupir d'accablement de l'auditeur)



• Tout et son contraire
Avant de prendre la porte A, en juillet dernier, pour quitter la Maison de la radio, d'Arvor (Olivier), directeur de France Culture avait annoncé, plein d'emphase et de suffisance, que la musique avait été trop négligée sur la chaîne depuis 5 ans. Treiner avait repris l'antienne et assuré de la continuité… musicale. Mais, patatrac, voilà que dès demain l'émission "Culture musique" en pleine "saison" ira rejoindre les oubliettes des émissions passées par "pertes et profits". Un 25 janvier, mais allez donc ! 

On peut bien sûr imaginer que les contrats passés avec les producteurs obligeaient la chaîne à diffuser les émissions dument contractualisées, mais pourquoi cette urgence de ne pas remplacer de la musique par de la musique et proposer une émission sur la littérature (1) ? 

Amateurisme de la part d'une directrice qui a œuvré aux programmes de la chaîne depuis 2010 (2) ? Reprise en main du directeur éditorial des sept chaînes de Radio France, Frédéric Schlesinger ? Invit' directe à se rendre plus souvent sur France Musique ? Autant de questions sans réponse qui permettront à chacun de supputer ! Supputez supputez il en restera toujours quelque chose (ou rien).

(1) "La compagnie des auteurs", du lundi au jeudi, 15h, producteur, Mathieu Garrigou-Lagrange,
(2) Avec le titre ronflant de directrice éditoriale !



• Après le Mont Saint-Michel, le nouveau site de France Culture lui aussi désensablé
Pas moins ! On peut s'attendre à la 9ème merveille du monde, tant son promoteur, Florent Latrive y travaille depuis 13 mois. Le journaliste (ex-Libé), pas connu pour être le cousin d'Hercule devrait, grâce au temps imparti à la tâche, nous délivrer un joyau digne du percement du canal de Panama, voire de l'arrivée de la couleur sur la 2ème chaîne de Télévision française en 1967. 

France Culture parle plus sobrement de révolution (sic). L'attente est énorme, tant les déceptions se sont accumulées depuis tant d'années. Ça commence aussi demain avec pour vous mettre en appétit le discours du révolutionnaire Latrive. Pis surtout, Sandrine Treiner agite la tarte à la crème : "ce site sera un Netflix des savoirs" ! Faire référence à une entreprise audiovisuelle américaine, qui vend des images qui bougent, pour qualifier le site d'une radio culturelle montre un certain niveau culturel, définitivement indépassable ! CQFD.

• Chaine d'info… ça continu (lien)

• La danseuse de Baudecroux (lien)
Où l'on apprend qu'Europe 1 serait la pépite du groupe Lagardère. Comme quoi ce mot passe-partout est galvaudé et un hochet pour Mathieu Gallet pour désigner une des chaînes du groupe Radio France qu'il préside. Les pépites sont faites pour changer de main, non ? À bon entendeur salut !

• Pas assez littéraire ? (lien)



• Paré à sombrer
31 villes reçoivent Mouv' : résultats Médiamétrie (1) pour les audiences de nov.dec. 2015, 152 000 auditeurs (-43 000 sur un an, -51 000 sur une vague), soit 4903 auditeurs par ville (ce qui ne veut rien dire j'en conviens). Les 18 mois initiaux que Mathieu Gallet avait donnés en décembre 2014 à la station pour "s'installer" menaient à fin juin 2016. Quand bien même si, par une jolie entourloupe, l'expérience devait se poursuivre jusqu'en décembre de cette année, on voit mal comment les auditeurs pourraient rejoindre cet "accident industriel". Pour nommer cette catastrophe M. Gallet connait-il le contraire du mot et du sens de pépite ? Ce Pdg n'a sans doute pas plus la culture des couleurs. Faire flotter un pavillon noir sur la Maison de la radio est un signe. Dommage qu'il aura fallu attendre des résultats désastreux pour l'interpréter ! Mouv' c'est définitivement rapé !

(1) Chiffres communiqués par H. Marchais/Le Transistor

• VSD fait honte à Maurice Siegel
VSD, dans la tête de son promoteur voulait signifier "Vendredi, Samedi, Dimanche". Pour un hebdo de fin de semaine. Son promoteur : Maurice Siegel qui, aux premiers jours de l'aventure de la création d'Europe n°1 en 1955, avait aux côtés du créateur, Louis Merlin, dirigé la rédaction puis toute la chaîne jusqu'à que Chirac, en 1974, 1er ministre de Giscard, le limoge.

Quelqu'un peut-il me traduire la phrase suivante (extraite d'un article de VSD) ? "Pour la radio, l’au­dience poten­tielle cumu­lée de toutes les stations déte­nues par un groupe ne peut pas dépas­ser 20%.Ça vaut " Quelle est la différence entre un pigeon". Le pigeon c'est celui qui voudrait lire la cohorte des pisse-copies qui copient-collent à longueur d'articles.

• Le mouvement, l'ordre et les Shadoks


À dimanche prochain…

vendredi 22 janvier 2016

Radio-Archives : Bruno Cremer (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…


50/117
Bruno Cremer (30 octobre 1981)

Cremer : "Acteur, c'est une manière de vivre, une manière d'être". Chancel "Vous avez fait le conservatoire ? Dans les bonnes classes ?" Où l'on apprend donc qu'il y avait des mauvaises classes, mais lesquelles ? Sympa d'entendre Cremer parler de Belmondo, avec qui il était au Conservatoire, avec sympathie et tendresse.

"Notre génération (avec Belmondo, Marielle, Rochefort) caractérise la désinvolture…" Et puis Cremer revient sur le film de Pierre Schoen doerferr "La 317 ème section" (1965), ce qui fait toujours autant plaisir à Chancel !

- Chancel "Dites-moi trois films qui ont compté pour vous (parmi les trente)
- Cremer "Il n'y en pas !" 
- Ça va faire plaisir à vos metteurs-en-scène ! Et s'offusquant "Allez, 3 films !"

Dans cette Radioscopie, il y aura eu de grands bons rires, ceux tonitruant de Cremer et même ceux de Chancel, assez rares et forts, pour être entendus.

jeudi 21 janvier 2016

Radio-Archives : Michel Bouquet (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…


49/117
Michel Bouquet (13 novembre 1979)

Bouquet : "Un acteur doit être fou par l'intuition". Et l'acteur de nous raconter Gérard Philippe… et d'autres choses de théâtre, avec humilité et sa voix inoubliable.

Le poids des mots, pour le choc… y'a pas photo




Presque deux ans après la nomination par le Csa (27 Février 2014), du Pdg de Radio France, Mathieu Gallet, l'Assemblée nationale (1) s'est penchée sur la procédure "opaque" de sa nomination. Il ne fallait pas perdre espoir, enfin la représentation nationale levait un lièvre, et pas n'importe lequel. Que Schrameck (Olivier), président du Csa, ait déclaré confidentiel "le projet stratégique de Mathieu Gallet", et n'en ait délivré qu'une synthèse est a minima une forfaiture ou une grosse farce.


M. Schrameck, grand donneur de leçons juridiques et constitutionnelles, va avoir beaucoup de mal à continuer à s'enferrer dans une posture pour le moins équivoque pour ne pas dire scandaleuse qui, une fois de plus, met à mal la démocratie !

Questions :
- Comment la représentation nationale et les tutelles ont pu ne pas avoir connaissance du projet stratégique d'un Pdg d'une entreprise publique qui dépend des finances publiques ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier d'un tel vice de forme ? À moins de reconnaître l'absurdité des textes.

- Comment un projet de développement d'entreprise publique peut-il être caché au public ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier ce déni de démocratie ? À moins d'agiter l'absurdité de la démocratie.

- Comment un Pdg de l'audiovisuel, en l'occurrence celui de la radio publique, n'aurait-il pas l'obligation de présenter au personnel un projet qui engage durablement l'entreprise (5 ans) ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier d'une telle aberration de management ? À moins d'agiter une époque d'avant les accords de Grenelle (1968) !

- Comment, comme le constate lucidement le député Marcel Rogemont (Parti socialiste), le Pdg va-t-il pouvoir à l'issue de 4 ans de présidence, évaluer son projet stratégique, celui-ci n'étant pas connu de ceux qui l'auditionneront ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier une telle disposition ubuesque ? À moins d'introduire Grand Guignol dans le dispositif ?


Crédit : David Balicki
Olivier Schrameck























- Comment le CSA a-t-il pu valider un projet qui serait muet sur sa partie financière ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous cautionner une telle faute d'expertise ? À moins de justifier que votre Conseil ne soit composé exclusivement de "ravis de la crèche"?

- Comment un postulant aux fonctions de Pdg peut-il prétendre diriger une entreprise sans en connaître les finances ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier d'une telle invraisemblance ? À moins sans doute d'imaginer que les finances publiques audiovisuelles feraient exception aux règles de rigueur et d'encadrement budgétaire ?

Et cerise sur le gâteau :
"Le projet stratégique est source de confusion et a de nombreux inconvénients", explique Marcel Rogemont. Selon lui, les projets stratégiques sont élaborés "sans connaissance réelle des données de l’entreprise, sans discuter avec les tutelles, sans discuter avec les salariés".


Le CSA : Crédit : Marie Etchegoyen/CSA - Droits réservés
















À cette nomination, qui n'a sûrement pas fini de faire parler d'elle, il faudra mettre sur la table le rôle du Csa, sa décision, ses arguments, ses vices de forme, son choix en regard des autres candidats. M. Schrameck n'est-il pas le mieux placé, en bon spécialiste du droit, pour dénoncer l'incurie ?

Au-delà, François Hollande, qui l'a nommé, n'échappera pas à rendre des comptes sur sa façon normale de faire croire que, confier au Csa la nomination des responsables de l'audiovisuel serait une garantie quand, le président précédent les nommait lui-même. M. Schrameck n'est-il pas le mieux placé pour dire au Président que l'anormalité est à l'œuvre, depuis ce 27 février 2014, avec la nomination d'un Pdg qui a, en moins d'un an, montré toute sa capacité à enfermer l'entreprise dans un conflit majeur, assortie d'une grève de 28 jours ?

Marcel Rogemont,député














La conclusion de M. Rogemont est sans appel :
"Au moment de la nomination, ni le candidat, ni le Conseil, je dis bien ni le Conseil, n’avaient une vision suffisamment éclairée de la situation notamment financière de l’entreprise (…) c’est vraiment une opération hors sol."

Pas besoin d'être grand clerc ou spécialiste du droit constitutionnel, pour comprendre que la représentation nationale constate amèrement que l'enfumage n'aurait que trop duré. Gageons que M. Schrameck prépare studieusement ses réponses et qu'il va bientôt être sommé de rendre public le rapport stratégique de M. Gallet. Ce serait une façon symbolique, un an après le démarrage du conflit à Radio France, de "remettre les pendules à l'heure" fussent-elles, dans les studios de radio, électroniques ?

(1) La commission des affaires culturelles a examiné mercredi 20 janvier, le rapport d’information sur l’application, par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), de la loi du 15 novembre 2013 relative à l’indépendance de l’audiovisuel public,

Les vœux du Président du Csa ici,

mercredi 20 janvier 2016

Radio-Archives : Bernard Blier - (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…

48/117
Bernard Blier (1er décembre 1970)

"Jean-Pierre Melville me disait l'autre jour "Depuis la mort de Bourvil, il n'y a plus que 13 comédiens en France et il vous compte, Bernard Blier, parmi ces treize !"

Blier "Je suis un homme de gauche depuis toujours, c'est comme ça dans la famille ça remonte bien avant Jaurès". "Une chanson engagée ça a souvent été dans l'histoire une façon de se défendre pour les gens !"

Blier ne manquera pas d'apprendre à Chancel le discernement entre le "confort" et la "bourgeoisie". Le premier pouvant se passer de la seconde. Et Blier de passer en revue les hommes politiques en décernant un satisfecit aux bons acteurs et aux mauvais ! Magistral.

À propos de voir les spectacles en salle (et non pas à la TV) et en communauté, Blier cite Cocteau : "La cérémonie du spectacle", un rite !" Petite perle à propos du travail de comédien, et des accessoires, comme des cheveux, pour Blier. "Un acteur dit au metteur en scène "Oui je répète mal, mais vous verrez quand j'aurai les bottes "

Et Chancel s'intéressant inévitablement au re-mariage de Blier va jusqu'à compter les années qui séparent l'acteur de sa jeune femme, et comme il compte mal Blier ne lui envoie pas dire. "Bernard Blier, deux fois mariés, quel est le bon voyage de noces pour vous ?". "Tout de suite, demain, c'est le meilleur !".

L'auditeur appréciera alors qu'il reste 13 secondes avant la fin de l'émission, que Chancel demande "Vous n'avez rien à vous reprocher ?" Quel dommage que Blier n'ait pas dit oui et ait commencé un inventaire inimaginable !

Un bonus ici !

mardi 19 janvier 2016

Audiovisuel public : une mue, des mutants…

©lemonde.fr
Philippe Bouvard : 1er journaliste-amuseur ?













Subrepticement deux micro-événements se sont croisés il y a quelques jours à la télévision. Julien Lepers, débarqué de son animation du jeu "Questions pour un champion" sera remplacé en février par un journaliste : Samuel Etienne. Samedi dernier dans le talk-show "On n'est pas couché", sur France 2, le premier ministre, Manuel Valls, a été interviewé pendant 1h37  sous la conduite du maître de cérémonie, Laurent Ruquier, amuseur parmi les amuseurs.

Dans son émission quotidienne à France Inter, L'Instant M, Sonia Devillers a reçu lundi matin "Madame Barma", productrice de l'émission de Ruquier sur France 2. Devillers n'a pas manqué de faire remarquer à Barma que les bons résultats d'audience (2,7 millions d'auditeurs, pour un horaire très tardif) pourraient inciter les responsables de la chaîne à utiliser Ruquier et son style pour renouveler les émissions politiques à la télé, particulièrement à quelques mois des présidentielles. 

Ce show, à la gloire de Valls, n'était-il pas un "pilote" grandeur nature ? Filmé dans les conditions du direct, sans montage, avec deux cautions intellectuelles fortes, Léa Salamé journaliste (1) et Yann Moix, écrivain. Auquel il faut ajouter, "venu de nulle part", un candide, pas si candide que ça, Jérémy Ferrari, humoriste, qui n'a pas épargné le chef du gouvernement. Tous les ingrédients pour inventer une nouvelle émission politique sont réunis. Wait and see.


Laurent Ruquier


















À la radio ce sont d'abord des chansonniers et des humoristes qui ont reçu des hommes politiques. Comme sur France Inter au début des années 80 dans "L'oreille en coin du dimanche matin" (2). Mais en 1977, Philippe Bouvard, n'a-t-il pas été le premier des journalistes-amuseurs,en animant 37 ans "Les grosses têtes" sur RTL ? Plus proche de nous, Charline Vanhoenhacker, journaliste-humeuriste, dégoupille chaque jour l'actualité avec sa bande sur France Inter à 17h (3)

À moins de 15 jours d'intervalle on assiste donc à un glissement des métiers de l'audiovisuel. Samuel Etienne en acceptant d'animer un jeu télévisé désacralise le métier de journaliste. Métier qui, maintenant, pourra prétendre à cette fonction d'animation ludique. Ruquier, dans quelques mois, damera peut-être le pion des journalistes et des ténors de la profession qui ont animé les grandes joutes politiques télévisuelles (Duhamel, Elkabach, de Virieu, Chabot, Sinclair, Pujadas) ?

Ce glissement des métiers et des fonctions s'il en dit long sur la société actuelle, révèle aussi la désacralisation du politique et la sacralisation du divertissement. Ces deux effets se croisent et se mixent indifféremment. Le mélange des genres, après avoir été tant décrié, sera donc reconnu, encouragé et pratiqué. Le style, le savoir-faire des "animateurs" ayant définitivement pris le pas sur le statut. Les mutants arrivent : l'humoriste pourra être sérieux et le journaliste drôle. C'est à ça qu'on reconnaîtra qu'on a définitivement changé d'ère… audiovisuelle, mais pas que !

(1) Prix Philippe-Caloni 2015, de la meilleure intervieweuse,
(2) Principe que Laurent Ruquier a lui-même prolongé avec "Rien à cirer", sur la même chaîne au début des années 90,
(3) "Si tu écoutes, j'annule tout".

Ce billet a été publié conjointement dans le Huffington Post.

N.B.: Ce jour, la SDJ (Société des Journalistes) de France Télévisions constate que le Soir3 est déprogrammé et diffusé après le "Divan" (saison 2) de Marc-Olivier Fogiel, et regrette que le divertissement passe avant l'info !