mardi 30 avril 2013

L'oreille voit…

En contrepoint au petit spectacle d'hier, la vidéo de l'Ina ci-dessous nous montre, comment avant l'éclatement de l'ORTF (1), la télévision filmait et parlait de la radio. Vous apprécierez si vous écoutez France Culture ou France Inter comment Roland Dhordain en dresse les perspectives (à environ 20'). Quant à  Yves Froment-Coste, journaliste à Télérama, il est sympathique d'entendre son analyse qui nous suggère qu'à la fin des années 60, l'hebdomadaire culturel s'engageait pour la radio. La série "Micros et caméras" dont est extraite la vidéo ci-dessous,comporte plusieurs épisodes disponibles sur le site de l'Ina.

(1) Office de Radio et Télévision Française, dissout en 1974 et remplacé en 1975 par Radio France, l'Ina et les chaînes de télévision

Notice de l'Ina pour présenter l'émission
"Émission consacrée aux transformations de la radio et à la nature de la production radiophonique actuelle. Alternance entre les avis de trois auditrices et les interviews de Roland DHORDAIN de France Inter sur la programmation des émissions de la chaîne et d'Yves FROMENT COSTE, journaliste à Télérama sur ce qu'est la radio aujourd'hui, ses programmes et ses perspectives de changement, notamment les chaînes de Radio France (France Inter et France Culture). Leurs propos sont illustrés par des extraits d'images d'enregistrements d'émissions de France Inter."

lundi 29 avril 2013

La maison de la RTL…

La matinale de RTL ce matin 29 avril 2013







Matinée récréative médiatique puisque ce matin RTL inaugurait le cinéma, euh non, la TV, mais non pardon "la radio animée avec des images", que d'aucuns se sont empressés d'appeler la radio filmée. Dans "filmée" il y a "film", et je ne rate aucune occasion cinématographique particulièrement quand un tel évènement risque de faire passer "L'arrivée en gare de La Ciotat" ou autre "Sortie des usines Lumière" pour des bouts d'essais amateurs…

Donc ce matin, 7h, j'étais devant mon poste (1) pour découvrir enfin les secrets d'animation d'une matinale. Pour être vraiment "objectif", j'avais tenté d'oublier tout ce que je savais d'un studio de radio, voire même ce que j'avais pu imaginer depuis ma plus tendre enfance. Je n'ai pas été déçu. Des studios bien ternes. Une table rectangulaire avec des micros rouges siglés. Mais point de petite lumière rouge indiquant que les micros sont ouverts ? Un journaliste en chemise, casque sur les oreilles, avec, à sa gauche, une jeune femme chargée d'égrainer l'heure… L'"ambiance" est torride, la fièvre de l'info perle jusque sur les murs du studio, le son en léger différé fait sourire. Quant au bal des chroniqueurs qui entrent et qui sortent, au fur et à mesure de l'avancée des infos, il veut sans doute montrer que la mécanique horlogère luxembourgeoise (2) est parfaitement réglée. 

L'anchorman, Laurent Bazin, ne ressemble pas du tout à la belle image lisse qu'on trouve de lui sur le site de la radio. Les images sont fixes, et la caméra est sans doute pilotée depuis la régie. Pendant la pub (qu'on entend très bien, ainsi que le jackpot financier qui va s'ensuivre) on voit les mimiques de ceux restés en studio. Il faut vraiment de très bons yeux pour voir la petite plaque qui indique "studio Jean Farran". Qui saura en regardant RTL sur un écran qui était Jean Farran (3) ? À plusieurs reprises les gens assis montrent à ceux qui entrent l'emplacement de la caméra (4), et Jean-Michel Apathie de "balancer" l'info à Manuels Valls, le ministre de l'intérieur invité ce matin. Tout le monde est vraiment excité par cette intruse présence.

À un moment donné Laurent Bazin se souvient que la journée risque de devenir historique et annonce "…vous allez pouvoir nous voir à la télévision" (sic) en montrant du doigt la caméra, que bien sûr nous ne voyons pas…

Comment RTL s'est-elle préparée à cette "révolution audio" ? Comment a t-on pu faire plus minimaliste pour ne pas dire cheap ? Comment nous faire croire que demain les animateurs et invités ne vont pas devoir contenir leurs gestes, leurs mimiques, leurs tenues quand, oubliant la caméra, Valls amorce un mouvement du corps, puis se retient en entendant une musique qui donne envie de bouger ? RTL "filmait" ce matin du "vrai-réel", dans très peu de temps ce sera du "faux-réel" et des collections inépuisables de postures et autres visages fardés. On appellera sans doute à la rescousse des professionnels de l'audiovisuel pour filmer comme à la TV et donner du rythme aux "images". En effet, comment va t-on pouvoir rester "scotcher" à l'écran pour regarder de telles "images" ? Qu'apporte donc le filmage en plans fixes ? Et surtout pourquoi RTL, et toutes les autres radios, investiraient-elles, en plus, pour fabriquer quelque chose qui nécessiterait les moyens de la TV, alors que les programmes de la radio commerciale existent déjà à la TV ?

Et puis, perfide, un contrôleur de gestion fera remarquer que la matinale pourrait être tournée dans les studios TV du "T" de RTL. Et ainsi de suite pour toutes les émissions. RTL gardera les trois lettres de son acronyme, quittera la rue Bayard (5) et continuera de donner le nom de radio à des programmes qui, n'ont seulement n'y ressembleront plus, mais ne seront plus diffusés autrement que par la… TNT. Alors Jean Farran ?

(1) Lire : devant mon écran d'ordinateur
(2) Ben oui ça change de la Suisse, et puis RTL ça ne veut pas dire Radio Télévision Luxembourg ?
(3) Directeur de RTL de 1966 (Ex-Radio Luxembourg) à 1978,
(4) Un peu comme au cours du banquet familial,
(5) Le grand Duché aura investit là, dans un musée de la radio, 

Si vraiment vous ne pouvez résister (je n'ai tenu que jusqu'à 8h15) 
La matinée sur RTL en direct et en vidéo par rtl-fr

Des tartes à la crème comme s'il en pleuvait…

C'est sereinement le samedi après-midi que je commence à penser à mon billet du lundi, et à noter dans un coin, deux, trois idées force qui pourraient être la base de mon article de début de semaine. J'envisageais donc de vous parler ce lundi de la "tarte à la crème" que les pâtissiers de la rue Bayard à Paris offrent depuis ce matin aux auditeurs de RTL, la radio filmée. Méga révolution in the world ! Las, je vous proposerai ce billet aigre-doux vers 16h. 




En effet, à la lecture du Monde (1) paru samedi après-midi, j'ai eu envie de réagir à l'interview de Jean-Luc Hees, Pdg du groupe Radio France (en photo ci-contre).

France Inter
Le journaliste commence, "bille en tête", par une autre "tarte à la crème", la question sur le fameux sondage Médiamétrie qui montre : "un fléchissement d'audience pour France Inter. Comment l'expliquez-vous ?" Je me demande bien qui a pu décider que ce serait ce sondage Médiamétrie qui s'imposerait comme maître-étalon du fléchissement-infléchissement des politiques de programme et d'information des chaînes publiques de radio ? Que les radios privées s'en servent pour vendre fort cher leurs espaces de pub disponibles, c'est leur affaire. Mais en quoi la radio publique devrait-elle être confrontée à cette même mécanique dont la fiabilité reste à mesurer (sic) ? (2) Pour autant, à la vitesse du son, tous les médias ont publié les chiffres, mais d'analyse point. Elle est rare et/ou superfétatoire. Car ce sont bien les seuls chiffres qui font foi et, c'est bien connu, "les chiffres" parlent d'eux-mêmes (3).

Dans le syndrome récurrent, à intervalle régulier tous les trois mois, qu'entretient Médiamétrie et qui frappe les directeurs de chaînes et autres responsables d'antenne ou de groupe audiovisuel, se pose particulièrement la question des matinales (4) qui reflète la mesure d'audience la plus importante pour la radio. De ce fait, on comprend mieux pourquoi immédiatement on en vient à la question "tarte à la crème" sur la ligne éditoriale à faire évoluer. Je dis "tarte à la crème", car, comment et pourquoi, tous les trois mois, faudrait-il changer de ligne éditoriale pour essayer de reconquérir des "points perdus", au seul prétexte un peu simpliste… qu'il ne faut pas les perdre. Si les auditeurs ont envie de butiner plutôt que de manger tous les jours le même grain dans la même gamelle, ne sont-ils pas libres de le faire ? Quelle serait la réaction du journaliste du Monde si on lui demandait de changer de ligne éditoriale au seul prétexte d'un fléchissement des ventes ? C'est quoi cette tyrannie insupportable du chiffre ?

Et on se demande bien pourquoi Patrick Cohen, anchorman du 7/9 de France Inter, porterait seul, sur ses larges épaules, la responsabilité d'une baisse des taux d'écoute de la dite matinale. Jean-Luc Hees répond sans ambiguité : "La tranche matinale du 7/9 animée par Patrick Cohen est ce que l'on fait de mieux en radio. Elle continue d'évoluer et draine des millions d'auditeurs. Il y a sûrement encore quelques améliorations à réaliser. On les fera, car Patrick Cohen est quelqu'un avec qui on peut discuter et affiner les choses."

Dans un sketch célèbre Coluche se demandait quel pouvait être le nom de la couleur qui permettrait de créer un " blanc plus blanc que blanc" ? En radio être "premier" est une chose, mais être encore "plus" premier n'existe pas. Si j'apprécie une chaîne, justement pour ses programmes, RMC aura beau réunir 80% des taux d'écoute matinaux, je n'irai jamais écouter RMC. Si les chiffres d'Inter peuvent être améliorés, ils peuvent l'être jusqu'où ? Quand c'est bien, faut-il toujours faire mieux et pourquoi ? Voilà une question qui risque de n'être jamais posée au Pdg de Radio France !



Le Mouv'
Puis le journaliste en arrive à la question du Mouv'. Ça c'est bon Le Mouv', c'est "LA tarte à la crème" de la presse qui, comme dans 99% des cas, veut le résultat et se contrefout de la démarche. Il paraîtrait même, à lire Le Monde, que "la tutelle s'impatiente". Non mais on se fout de notre gueule. Je veux bien accompagner Daniel Psenny dans les couloirs de l'assemblée et du Sénat pour mesurer le taux d'inquiétudes des parlementaires au fait que la radio des jeunes adultes n'aurait pas encore trouvé son public. Je rêve ! Que la commission parlementaire s'interroge une fois l'an sur la situation des 7 chaînes du groupe public lors de l'audition du Pdg, c'est une chose. Que ce soit un motif permanent d'inquiétude en est une autre.

Mais il est intéressant de lire ce que pense Jean-Luc Hees de ce Mouv' à qui il a su donner du temps pour s'installer. "Le Mouv' reste le plus beau projet de Radio France, mais il va falloir le prouver ! Nous n'arrivons pas à nous situer sur le marché de la radio pour les jeunes adultes, et le robinet à musique n'est pas ma conception du service public. Donc, il faut inventer. Les jeunes sont aujourd'hui plus expérimentés, nous devons leur proposer une radio à contenus. Lorsque Frédéric Bonnaud parle d'Alain Robbe-Grillet, je ne suis pas sûr que l'on mobilise les jeunes dans les banlieues, mais c'est dans cette direction qu'il faut aller. Tout comme la musique et l'information sur lesquelles nous devons travailler. L'offre culturelle doit être différente sur cette antenne. Patrice Blanc-Francard, un grand pro de la radio, a commencé à remettre les choses en place, mais il reste encore quelques fondations à installer. On va y arriver !" (5)

Eh bien oui, la presse a beau tout faire pour s'entendre dire que Le Mouv' va fermer, Jean-Luc Hees est cohérent avec son projet initial, soutient Blanc-Francard son directeur de chaîne et ne désespère pas de l'audience à venir.

Dernière tarte à la crème la "remise en jeu" du mandat du Pdg, après la loi modifiant la désignation des Pdg de l'audiovisuel public. Hees ne varie pas "Je ne suis pas un sujet mais Radio France est un énorme sujet." Mais ça, ça ne fait pas frétiller la presse. Et la radio, la presse elle l'écoute comment ? Et qu'en pense Médiamétrie ?

(1) Le Monde daté du 28 et 29 avril, lire aussi le billet de Guillaume Fraissard, "C'est dit", in Le Monde, supplément TéléVision du 5 mai,
(2) Mais par qui ?
(3) Turlututu, chapeau pointu !
(4) Plus ou moins extensibles suivant les chaînes,
(5) Frédéric Bonnaud, ayant quitté la chaîne depuis le 2 mars, appréciera d'être toujours cité au présen et, dans tous les cas, d'avoir marqué sa chaîne avec des choix culturels pas évidents à défendre sur Le Mouv'.

dimanche 28 avril 2013

Extinction de voix…

Antoine Spire











Lors du dernier festival Longueur d'Ondes (1), les organisateurs avaient eu la très bonne idée d'inviter Antoine Spire et Julie Clarini, respectivement producteur et productrice à France Culture. Le premier ayant quitté France Culture à l'arrivée de Laure Adler en 1999 à la direction de la chaîne, la deuxième ayant démarré sa "carrière" radio avec Antoine Spire en octobre 1997, pour l'émission quotidienne "Staccato" (2). Intitulée "Extinction de voix", la rencontre  ne manquait pas de subtilité ou d'audace, quand on sait, entre autres, que sur la chaîne culturelle, Antoine Spire a longtemps animé le magazine "Voix du silence".

Si vous avez comme moi assidûment suivi cette émission, vous aurez plaisir à réécouter deux de ses protagonistes. Il est assez rare, pour ne pas dire très rare, que soit donnée l'occasion à des voix de radio de venir témoigner (in ou hors radio) de leur expérience au sein du média audio. Si je possède en mp3 l'enregistrement du premier Staccato (3), j'ai voulu aller fouiller dans mes archives de K7, voir si jamais j'avais quelque chose qui pouvait expliquer pourquoi cette nouvelle émission a commencé fin octobre ?

J'ai trouvé, avec la K7, sur un vague index, écrit à la hâte "Nouveau Culture Matin, présentation de Staccato". Bingo, mais l'appareil pour écouter ce support antédiluvien, où est-il ? Je creuse, bouscule, renverse, éparpille, mille choses avant de mettre la main sur un immense poste de radio que j'aurais pu porter sur l'épaule pour faire du "music sound" dans la rue. La bête est poussiéreuse, ses câbles sont ailleurs, ses touches particulièrement lentes pour effectuer les commandes. Le cœur battant, j'enclenche la cassette dans son tiroir et attends, passée l'amorce, d'entendre Marc Perrone nous jouer l'indicatif de Culture Matin.

Pas d'indicatif ce matin-là (4). Quelques minutes avant 8h30, la matinale va se terminer, Jean Lebrun donne la parole à son confrère du magazine vespéral "Staccato" qui, le soir même à 18h, entamera avec trois jeunes universitaires (5), une belle et courte carrière de magazine quotidien à France Culture. Spire pour présenter "Staccato" dira : " Ce sera une émission claire, rapide et approfondie"(6). L'indicatif créé par Monique Veilletet, sa réalisatrice, est un petit bijou de "mise en jambe" ou de "mise en rythme" (7). C'est pour moi totalement jubilatoire et engageant. J'ai toujours été stupéfait car, bien que les sujets aient été ardus ou nouveaux pour moi, je poursuivais l'écoute, tant j'avais l'impression d'avoir quand même appris quelque chose et même d'avoir envie d'en savoir plus. C'est pour moi le gage d'une émission très réussie.

(1) Brest, 8 au 1à février 2013,
(2) Du lundi au vendredi, 18h- 19h45 (entrecoupé d'un quart d'heure d'info à 18h30), oct 1997-juillet 1999,
(3) 27 octobre 1997, thème "Qui est étranger ?
(4) Un jeune pianiste invité jouera "live" les virgules entre les différentes sessions de la matinale de Jean Lebrun. La nouvelle grille démarre ce 27 octobre.
(5) Julie Clarini, Dominique Treilloux, Alain Leibkowicz,
(6) "L'objectif de mettre France Culture au diapason d'une nouvelle génération" dixit Antoine Spire,
(7) Je ne désespère pas de pouvoir vous en proposer prochainement un extrait ici.

samedi 27 avril 2013

Belle suite… culturelle

Rodolphe Burger
Je l'avoue tout net, avant que Burger fasse le bœuf avec Jacques Higelin, il m'avait complètement échappé. Et pas plus Kat Onoma que ses "fantaisies" musicales auquel l'artiste semble se prêter avec délectation. Bigre ! Comment ce fait-ce ? @LeProf_Higgins sera surpris peut-être, mais c'est comme ça. Mais alors quel bonheur d'écouter un "savant" de la musique. Un savant habité et partageur. C'est je crois ce qu'Higelin avait senti dans le bonhomme. "L'atelier du son" donne le temps à l'artiste pour nous faire entrer dans sa galaxie. Et à cette heure-là c'est bon comme du pain blanc. On est avec Burger et on aimerait que ça dure toute la nuit !



Répliques
Alain Finkielkraut continue de s'interroger sur la galaxie "épouvantable" (c'est moi qui l'écris) d'internet. Et de démêler les interférences incessantes qui nous plongent dans la "réalité modifiée" repérée par Bruno Patino, invité de l'émission avec Cédric Biagini. Vous (ré)écouterez avec attention cette émission qui a le mérite d'analyser ce qui nous influence au quotidien, de ne pas en surajouter sur les peurs récurrentes de Finky, et d'anticiper sur la gestion de la déconnexion et l'invention de lieux déconnectés. De quoi entrer en méditation soutenue pour lire "La condition numérique" de Patino, et la critique de Biagini sur la "colonisation des nouvelles technologies" (voir ici)

 

Concordance des arbres
Ce qui est vraiment chic avec Jean-Noël Jeanneney c'est qu'il aborde chacune de ses émissions avec le vrai plaisir gourmand de creuser un sujet, comme celui d'inviter celle ou celui qui apportera "de l'eau au moulin" de l'Histoire. Sa recherche documentaire est toujours captivante et le choix de ses chansons n'est pas qu'illustratif. Il faut s'appeler Jeanneney pour dénicher "Les prénoms effacés" de Jean Tranchant, chanson contenant pour lui tous les éléments de la conversation qu'il va avoir avec Alain Corbin. Il fait bon entendre ces historiens, comme il fait bon s'installer prendre "la douceur de l'ombre", pour me mettre à lire "L'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours" (références ici)



Autant dire que je coupe la radio jusqu'à demain 18h, madeleine oblige !

Mes p'tits sons…

La passion selon Hervé Hist
Suite à mon papier sur "l'emplumé-déplumé", un fou de radio a "sauté" sur Jacques Paoli et écrit ce qui suit : "Le son que je te propose est la fameuse interview par Jacques Paoli (1) d'un expert plus ou moins pédant qui tente d'apporter un éclairage sur les motivations du criminel. (Pour mémoire, celui-ci se fait appeler Minos et tue des femmes dont le comportement lui semble peu vertueux.) A noter qu'une grande partie des scènes du dernier tiers du film a été tournée à quelques rues de la Maison de la radio, laquelle fait donc l'objet de magnifiques plans. Malheureusement la seule scène en studio a bien sûr eu lieu chez RTL."  

La passion selon Radio Sympa
Il y a deux ans j'avais écrit un texte "prémonitoire" sur la radio 3D.
Alors que la Radio Numérique Terrestre patine dans la choucroute on pourrait attendre beaucoup de la radio en 3D. Vous n’avez pas été sans remarquer que le langage radio en perte totale d’identité se joue des mots (et des maux) de la télévision. Plusieurs producteurs passant sans vergogne des studios aux plateaux, et on ne dira rien d’une innovation récente appelée « l’émission/spectacle ».
 

La radio 3D qu’est-ce que c’est ? C’est le filmage permanent des émissions en 3D et leur réception sur un écran ad hoc ! De la télévision me direz-vous ? Mais non ! On ne change rien ; on filme en plans fixes producteurs et invités assis autour de la table, régie, décor a minima, doigts dans le nez, T-shirts fanés, mimiques stupides, messes basses et tout le toutim. Et là, paf (paysage audiovisuel français)! La radio grimpe d’un seul coup dans la hiérarchie de l’industrie culturelle mainstream et ça fait vendre des récepteurs adaptés. Bon c’est sûr au bout d’un moment on regarderait plus les images, on se contenterait d’écouter en faisant autre chose, comme avant. Mais de temps en temps on pourrait faire un arrêt sur image et zoomer pour vérifier si Marc Voinchet (2) est rasé de près et si Julie Clarini (3) a le fard à paupières assorti aux murs du studio !

Le slogan ça serait
« La radio c’est comme la Télé, il y a des images mais ça sert à rien de les regarder, écoutez la différence ! ».
Il manquait le son à ma chronique, Radio Sympa l'a fait.

(1) Jouant son propre rôle de journaliste radio à RTL, in "Peur sur la ville" film de Henri Verneuil, 1975
(2) Animateur de la matinale de France Culture,
(3) Ex France Culture, aujourd'hui journaliste au Monde des Livres,

vendredi 26 avril 2013

"Chaff"…

 



Il est exceptionnel que j'écrive sur un sujet de radio pour lequel je n'ai ni connaissance, ni écoute, mais ce qui touche à la radio me touche et m'intéresse pour comprendre son fonctionnement et sa vie propre. Avant-hier un communiqué nous apprenait la mort subite de Philippe Chaffanjon, journaliste, directeur du réseau France Bleu de Radio France. Si j'avais pu entendre son nom autrefois sur France Inter puis sur RTL, je ne le connaissais pas du tout. On peut bien sûr imaginer que dans une communauté de travail, Radio France, la disparition aussi subite d'un collègue, tétanise, attriste et désempare chacun. Que cela s'étende à la maison RTL, où il a travaillé vingt ans, cela se comprend. Ce qui m'apparaît assez exceptionnel c'est l'unanimité de reconnaissance que chacun pouvait avoir de lui, du journaliste des dépêches au Pdg, en passant par les équipes qui le côtoyaient.

Si ce n'est pas la première fois qu'un événement aussi douloureux frappe la "maison ronde", j'ai l'impression que c'est la première fois qu'il traverse toutes les strates de la communauté. Une autre épreuve collective dont je me souviens était le décès, en novembre 2009, de Kriss (France Inter). La chaîne a su témoigner, faire témoigner et écrire les auditeurs sur une page du site de l'émission de Kriss. Mais l'impact professionnel n'était pas le même, même si, bien sûr, ses collègues de France Inter ont pu dire leur tristesse et surtout leurs plus beaux souvenirs. Les journalistes sont une corporation établie quand les "saltimbanques" n'ont pas de corpo. Ceci pouvant aussi montrer le poids que représente le métier de journaliste à la radio et l'esprit de corps qui l'anime.

Les témoignages que vous pourrez lire sont forcément émouvants et unanimes à reconnaître la bienveillance, la droiture, la rigueur professionnelle dont pouvait se revendiquer Philippe Chaffanjon. Ce site qui permet et de témoigner et d'archiver la mémoire individuelle et collective ira sans doute rejoindre bientôt quelques archives spécialisées, inaccessibles au grand public.

Ne serait-il pas temps que Radio France et son Espace Public consacrent un site dédié aux femmes et aux hommes qui ont fait Radio France, et marqué de leurs voix ou de leurs responsabilités la radio publique ? Si l'on veut entreprendre des recherches ou si l'on est simple passionné, les informations sont éparpillées et lacunaires, les trouver au meilleur endroit serait une reconnaissance légitime de ceux qui ont participé de la grande "aventure".

jeudi 25 avril 2013

Rire oui, mais à quelle heure ?

Topor ou pour être sûr
de ne pas rire à heure fixe












Je ne me résous vraiment pas, au coup de sifflet ou d'horloge, à rire au moment où la radiodiffusion a décidé que maintenant, oui ça y est, c'est bon, RIEZ ! Pourquoi, après une longue et riche conversation autour de l'ANI (Accord National Interprofessionnel) mardi matin, faudrait-il sans transition, écouter telle ou tel se démener dans le temps imparti pour, au mieux qu'on s'esclaffe, au pire qu'on sourie ? Cette capacité du cerveau à se rendre disponible instantanément est très certainement prodigieuse pour les autres, elle ne l'est pas pour moi. Après le riche moment de débat évoqué ci-dessus, j'ai plutôt envie d'aller regarder l'avancée de la loi en cours, son historique, le blog de Gérard Filoche, d'écouter les débats dans l'une ou l'autre des assemblées, de réfléchir en silence. Mais rire pour rire, désolé, non là vraiment je ne peux pas. Je coupe net. Je n'écoute pas la radio pour disposer d'un flux permanent de paroles et de musiques et, ingurgiter jour après jour le grand mix du "tout -immédiat" qui, demain, sera "recouvert" par le grand mix du "tout-indispensable", avant que ne se profile celui du "tout-nécessaire"…

"Au secours, fuyons !" De telles façons n'ont rien à voir avec le rythme et la raison (1). Proposer des réflexions de société le matin à la radio nécessite de la part de l'auditeur attention, concentration, réflexion. Les "petits cailloux" semés, soit on les laisse à terre, soit on les ramasse pour constituer un point de vue, une opinion, un a-priori favorable ou non. Cette façon devenue systématique de faire intervenir des comiques (2) pourrait ressembler à ce qu'a fait la presse papier pendant des années, proposer dans les dernières feuilles du journal, quelques vignettes drôles et autres strips pour refermer le canard, histoire de ne pas totalement désespérer le lecteur. Mais savez-vous que de nombreuses personnes commencent par lire le journal par la fin et donc, quand il y a lieu, par rire. D'autres qui ne sauteraient une page pour rien au monde, arrivés aux "mots-croisés" laissent nonchalamment tomber leur feuille de chou et y reviennent… plus tard.

Ce passage obligé par le rire à la radio, d'une façon aussi plaquée, planifiée, segmentée relève d'une mécanique "industrielle", dans laquelle on a dû oublier qu'"il n'est de meilleur rire qu'inattendu".

Inattendue la pirouette de Syntone qui, ce même mâaardi, proposait à ses lecteurs, sans doute pour se "reposer" du très fort texte de Brice Parain, une petite récréation sonore désopilante, dont on ne pouvait imaginer qu'elle ait été un jour une référence pour Etienne Noiseau.

(1) "Le rythme et la raison" titre d'une émission de France Culture,
(2) Troupiers, pas drôles, vulgaires, sentencieux, arrogants, méchants, idiots, cabotins, présomptueux, flagorneurs, graveleux, misérables ou pédants, et très très rarement
drôles.

mercredi 24 avril 2013

La mémoire en (dé)chantant…

Carol Amar © Photo pqr/Le Parisien /Maxpp






De quoi faut-il se réjouir ce 23 avril ? Dans un autre contexte on aurait pu prendre la mesure d'un bouleversement de société. Mais, derrière la joie des uns et le dépit des autres, les feux du désespoir brûlent un peu partout. Un peu partout où le socle des usines, du travail et des luttes vacille. Mais dans l'empilement du marasme quotidien il est bien difficile de perdre la mémoire.

Difficile de chanter aussi. Pourtant si j'osais faire ce que faisait si bien François-Régis Barbry, je serais déjà en route pour Florange. Et, au tout petit matin, arrivant devant la porte de Mittal, j'enregistrerais les bruits de l'usine, les assourdissants comme les imperceptibles. Les sans-voix, et les silences, assourdissants ou imperceptibles eux-aussi. À cela je mixerais "tu verras bien qu'un beau matin fatigué, j'irai m'asseoir sur le trottoir d'à coté…" (1) Puis, venant de loin, presque étouffé, le chant sublime d'Aragon "tout ce que l'homme fut de grand et de sublime, sa protestation, ses chants, et ses héros…" (2) Les regards des hommes seraient insoutenables, noyés par les larmes de la colère et le sentiment tragique de l'abandon. "Est-ce ainsi que les hommes vivent…" (3)

Pléonasme ? Si vous voulez. S'rez pas obligés d'écouter ! Et même si le Bernard est reparti on en remettra une couche :
"Viens petite bourgeoise demoiselle
Visiter la plage aux de Wendel
Ici pour trouver l'Eldorado
Il faut une shooteuse ou un marteau
La vallée d'la Fensch ma chérie
C'est l'Colorado en plus petit
Y a moins de chevaux et de condors
Mais ça fait quand même autant de morts
Ma belle femelle de métal
Je t'invite dans mon carnaval
Ici la cadence c'est vraiment trop
Ici y a pas d'place pour les manchots
" (4)

Y'aura pas une parole de trop ! Surtout pas celle des traîtres. Y'aura tellement pas eu d'soleil depuis si longtemps, qu'il n'y aura pas "de belles, la folie en tête". Même si le Jean-Baptiste, Clément, nous entraîne à chanter, faux, un "temps des cerises", passé, désolé, brisé. Même si au "conditionnel de variétés" il faudrait ajouter Florange, Pétroplus, Good Year,… "Comme si je vous disais que les cadences exténuent les ouvriers, jamais les présidents…" (5)

Et puis après un trop long silence, la parole des sans-voix reviendra, assourdissante, tonitruante, déterminante…

Léo Ferré - Le conditionnel de variétés par Alonzo52

(1) Alain Souchon
(2) Jean Ferrat
(3) Léo Ferré
(4) Bernard Lavilliers
(5) Léo Ferré

mardi 23 avril 2013

Grand Jacques…












"Que ce soit dimanche ou lundi… soir ou matin, midi minuit…" (1), je ne me résous pas à avaler les informations avant d'écouter une émission que j'ai choisie. Je les digère mal ces infos, ou plutôt j'ai envie de les "ingérer" à un moment qui ne correspond pas au cadencement (l'heure juste) proposée par la radio. Et ce, encore moins le dimanche matin, quand, écoutant les oiseaux de la rue, le vent dans la girouette ou la caravane qui passe, j'ai plutôt envie de me languir en attendant paresseusement que, tel le chat, le poète bondisse sur le fil des ondes et me fasse son numéro d'équilibriste, avec mots et musiques qu'aujourd'hui il aura choisis.

Pas question donc de dispersion de l'esprit quand une émission nous fait la promesse de sortir de la nasse, de quitter l'immédiat tragique ou la litanie perpétuelle des affaires de ce monde.
Au tiquetaque de ma pendule ce dimanche matin, je guette 10h12 ou même 10h13. Je me fous absolument de l'auto-promo, comme de tout ce qui m'empêcherait de commencer l'écoute par l'intro que Rébecca Manzoni a choisie pour démarrer son Éclectik dominical (2). Dimanche dernier j'ai finassé avec le player du site d'Inter et ai pu démarrer " raccord". J'avais réussi à faire, autour de moi, taire le bruit de toutes choses superflues et étais préparé comme pour aller ouvrir "au passant qui passe" et avec qui on entame une conversation complice.

Le Grand Jacques accueille Manzoni dans son home de Pantin. Le bougre est égal à lui-même. Joueur surtout (avec lui-même), drôle, émouvant, complice, rieur, inquiet, sûr de rien, lucide sur l'ego démesuré de l'artiste sur scène, humble à sa façon, mélancolique et même encore suffisamment du "parti de l'enfance" pour manier l'espièglerie à laquelle Manzoni ne résiste pas de rire. Higelin sait toujours s'émerveiller pour la chanson, pour le poète, pour la vie, même s'il n'est dupe de rien de ce qui la plombe.

Le temps coule. Serein et enthousiasmant.
Le concept d'intimité de l'émission va parfaitement au chanteur. La rencontre avec Manzoni qui devait durer une heure en a duré quatre. Comment pourrait-il en être autrement avec ce rêveur impénitent qui, d'un nuage à l'autre, saute sans jamais prendre le temps de regarder tocante ou pendule, si seulement il en a une ? 

Partis à fredonner avec Lina Margy pour son "Petit vin blanc", on aurait bien continué à chanter, avec ce Grand Jacques plein de tendresse, que l'âge n'a en rien entamée. Higelin a ouvert la porte, on ne va pas de si tôt pouvoir  la refermer. La mécanique du programme passe à autre chose. On n'est pas obligé d'obtempérer. C'est dimanche, la queue du chat balance. Ravis, en son "Beau repaire", nous voilà partis.

 

(1) "Nous dormirons ensemble", Louis Aragon, mis en musique par Jean Ferrat,
(2) France Inter, le dimanche, 10h passées de plusieurs minutes.

lundi 22 avril 2013

Déplumé…




Pour se dépêtrer du cyclone médiatique dans lequel il s'est laissé enfermé, un certain Nicolas Demorand n'a pas hésité à cracher dans la soupe "J'ai choisi de quitter la radio pour la presse écrite, précisément pour éviter de faire un métier de rente". (1) Une phrase méprisante qui ne manquera pas d'alimenter "grands débats et [des] petites haines qui agitent le théâtre du journalisme parisien" (2). Faisons confiance aux journalistes radio pour régler leurs comptes avec celui qui avait moins de scrupule pour sa rente quand il se pavanait de la matinale de France Culture à celle de France Inter. Parti de façon un peu subite de cette dernière à la rentrée 2010, il rejoint Europe 1 pour animer le 18-20. Une façon sûrement très désintéréssée de faire fructifier sa "rente". Moins de six mois après il prend la direction du quotidien Libération.

Ici, je voudrais dire mon dégoût pour un homme qui, à trop fanfaronner et à faire le paon (3), finira bien par mordre la poussière. Ce mépris pour la radio dépasse la seule corporation des journalistes. Demorand du haut de sa statue (sic), oublie un peu vite qu'il a travaillé avec des techniciens, des attachés d'émissions, des réalisateurs, des producteurs et que, dans les couloirs, il croisait bien d'autres personnes encore, qui ensemble, pour la radio, ne devaient pas souvent donner l'impression d'être rentiers.

Le persiffleur a la mémoire courte. Il a sûrement oublié comment, à la présentation de la nouvelle grille de France Inter à la rentrée 2006 (retransmise sur les ondes), flagorneur, il cire énergiquement les pompes de Stéphane Paoli (qu'il va remplacer) "C'est vous qui m'avez donné envie de faire ce métier" (4). Ce jour-là Demorand aurait-il eu la morgue de dire à Paoli que son père, Jacques, avait fait toute une carrière de rentier à Europe 1 ? Et que ce même Stéphane, si bien installé lui-même à France Inter, pourrait bientôt en revendiquer le titre ? 

Jean-Paul Sartre, Serge July et la bande de Libé 1 (1973-1981) doivent vomir quand le paltoquet prend les plumes pour, le croit-il, "sauver" Libération ? J'espère que, tous personnels de radio confondus, ceux-ci sauront l'attendre au pied de la Maison ronde, des fois que, dans quelques semaines ou quelques mois, lui vienne l'envie de reprendre du service radio. La soupe qu'ils pourraient lui préparer pourrait bien être chargée de beaucoup d'amertume.
 
(1) Le Figaro, par Alexandre Debouté & Enguérand Renault, 18 avril 2013
(2) Phrase extraite d'un article sur Jean-Michel Apathie, in Le Monde par

dimanche 21 avril 2013

Minuscule…

1968. Samedi 7 septembre. Il y a 16 jours l'URSS envahissait la Tchécoslovaquie. Il y a quatre mois la France s'installait en "révolution". Le samedi 30 mars précédent (1), à 14h démarrait sur les ondes de France Inter "TSF 68", l'émission "expérimentale" de Jean Garretto et Pierre Codou qui, en 1971, prendra le nom de "L'Oreille en coin". L'idée est de proposer aux auditeurs de la chaîne un programme de fin de semaine (2) construit, très élaboré, fait de plusieurs émissions courtes, longues, aux rythmes différents, avec de nombreuses femmes à l'antenne et une volonté de création, hors normes, hors formats, hors principes. Ce qui finira par s'appeler "une radio dans la radio" (3) est proprement révolutionnaire et marquera longtemps une génération d'auditeurs qui, aujourd'hui encore, écoutent Paula Jacques, Daniel Mermet, Denis Cheyssoux,… (4)

Alors, ma petite madeleine minuscule là voici. Hervé Hist un collectionneur fou d'émissions de France Inter des 70' a déniché dans ses cartons, le son ci-dessous, enregistré juste avant le journal de 19h de France Inter, du 7 septembre 1968. En seulement 1'19 trois choses sont surprenantes :
• le son incompréhensible avant que l'animatrice ne commence sa désannonce de la fin de session du samedi après-midi,
• la voix et l'accent de cette animatrice africaine (?), qui est-elle ?
• le "rajout" d'Arnaud Monnier, animateur à France Inter, qui "double" la désannonce, 

Au fou ! Quand je fais part à Hist de ma surprise pour les premières secondes de ce son, il décide de chercher. Et il trouve cela :" Comme je te l'ai dit, je vois les choses ainsi ; la bande magnétique se sera retournée en cours de transfert analogique/digital et le fantôme d'une voix enfuie nous est restitué par magie l'espace de deux à trois secondes". Bon si Hervé Hist a raison, il est champion du monde ! (5)

Voilà mes chers auditeurs à quoi mène la folie des ondes : prendre un petit plaisir à écouter une désannonce minuscule de rien du tout. Mais autour il y avait la "chienlit" de De Gaulle et "L'imagination au pouvoir" des étudiants. Et une "Maison de la radio" comme à l'abri de la fureur du monde. Roland Dhordain, directeur de France Inter, qui donne carte blanche à Garretto et Codou. Et ces deux-là qui, sans faire de vagues, vont imprimer une sacré oscillation à la radio nationale et je n'ai pas dit à "la radio d'État".

(1) Huit jours après le "Mouvement du 22 mars" de Daniel Cohn-Bendit,
(2) du samedi 14h au dimanche 19h, avec interruption le samedi à 19h, et le dimanche pour tous les flashs et session longue d'info du midi "Inter Actualités",
(3) Voir biblio ici,
(4) France Inter,
(5) Les secondes remises à l'endroit ne présentent aucun intérêt pour notre histoire !

Bonus
"Cette interviewe à la forme originale a été diffusée dans la tranche horaire expérimentale de "L'oreille en coin" dans l'émission "Bande à part". Qui étiez-vous à 17 ans ? C'est la question que pose Simon MONCEAU à Gilbert Bécaud." (Présentation de l'Ina) 

samedi 20 avril 2013

Sans les images…

Magique moment de grâce hier matin dans la matinale de France Inter (1). Desserrant l'actualité tragique, Patrick Cohen recevait Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes. En deuxième partie d'interview, pour donner des voix et des sons aux souvenirs de l'invité, France Inter fit écouter à Gilles Jacob une petite pépite sonore.
Gilles Jacob est ému, touché. Mais qui peut se rendre compte à quel point ce moment de radio est précieux ? La radio a fait avec ses moyens spécifiques : le son. Et pourtant le "message" s'adressait à un homme qui a consacré toute sa vie aux images cinématographiques. Jacob n'a pas eu besoin d'images visuelles pour faire affluer celles suggérées par ce collage sonore sensible.  

Quel plaisir vraiment en écoutant ce concentré de souvenirs, de pouvoir chacun mettre les images de son choix, celles qui nous "sautent aux yeux", celles qui restent floues, plutôt que béat voire défiler des évidences. Quand la radio disposera d'équipements audiovisuels il sera alors "facile" de faire des images. Et le son passera après !

France Inter, par une toute petite chose "banale",
a sublimé hier matin son métier en donnant à la radio toutes ses lettres de noblesse. Alors, qui voudra nous faire accroire que l'avenir sera "à tout prixde coller des images sur les sons ?

Un grand merci à Jakki qui, hier, a peine sauté de son destrier d'acier extrayait cette pépite…

(1) le 7/9

vendredi 19 avril 2013

¡ Ya basta…

J'avais la télé/Mais ça m'ennuyait
Je l'ai retournée/De l'autre coté, c'est passionnant
Boris Vian







Ça suffit ! Il est insupportable que les chaînes de radio publiques participent, à travers de nombreuses émissions, à la promotion de la télé, et ce, de façon récurrente. Tel animateur "en panne de sujet" cire tous les jours les pompes d'un média qui non seulement n'en a pas besoin, mais qui se tape sur les cuisses pour cette promotion gratuite qui n'exige aucun retour… d'ascenseur. Ces mêmes animateurs (1) imaginent-ils un instant que, le soir, quand ils ont regagné leurs pénates, des tas de francais-es écoutent la radio, se foutent de leurs prescriptions et pour certains ont depuis longtemps mis leur télé au rebut. Visiblement pas puisqu'ils continuent allègrement, entourés "d'experts", à gloser sur la série truc, le livre de machin, du people Y à la star Z. STOP. STOP. STOP. Trop c'est trop. Ces animateurs ont-ils seulement une seule fois envisagé de promouvoir la radio ? Et pourtant n'y aurait-il pas quelque chose à faire ?

Ce matin, Bruno Patino était l'invité de Patrick Cohen, dans la matinale de France Inter, pour parler de son livre "La condition numérique" et particulièrement des pratiques évolutives d'internet, réalité intégrée à notre vie. Patino toujours aussi clair et limpide. Je me régale et redis "Mais quelle radio nous aurait-il inventé s'il était resté directeur de France Culture ?". 



Mais, pour en revenir à la promotion du média TV par la radio, j'aimerais bien rencontrer Bruno Patino pour lui demander s'il encouragerait, dès la prochaine rentrée de septembre, une émission quotidienne, sur une des chaînes de France Télévision, qui serait consacrée à la promotion de la radio publique (2). Je crois que je saurai faire et solliciterai mon p'tit camarade Etienne Noiseau (3). À nous deux nous bouleverserions les pratiques télévisuelles, et Médiamétrie serait bien obligé de constater que le programme radio à la TV détourne régulièrement des téléspectateurs qui, le soir, changent de média.

Fiction ? On n'a jamais vu la télévision faire la promotion d'un média concurrent qui pourrait lui ravir ses propres spectateurs. Alors pourquoi le contraire est-il possible ? Les animateurs évoqués au début de ce billet ont sûrement intégré comme une fatalité le fait que "le soir c'est TV", et sont proprement incapables d'imaginer qu'une alternative est possible. Comment pourrait-il en être autrement quand eux-même sont incapables de valoriser le média qui les emploie (4). En attendant d'aller rencontrer Patino avec Noiseau, je boycotterai ces émissions qui, non seulement n'ont pas leur place à la radio, mais qui en plus sont déloyales envers un média qui longtemps a enchanté nos soirées. À bon entendeur, salut !

(1) Je ne vais pas en plus, en les citant, faire la promo de ces paltoquets  !
(2) On commencerait par 28mn et plus si affinités,
(3) Animateur patenté du blog Syntone.fr,
(4) Une exception, Marcel Julian, premier président de la 2ème chaîne de télévision française (Antenne 2), qui animait en 1986, sur France Inter, Écran total, une émission critique sur la TV, (dans mon souvenir vers 8h40)

jeudi 18 avril 2013

Deux ondes de choc…

Bernard Lavilliers © Image du film






1. Florange
Mardi soir à la télévision française (1), je regarde un documentaire sur la "catastrophe industrielle" de Florange (Moselle). Je ne fais jamais ici la promotion de ce média. Le sujet m'intéresse et m'interroge par rapport à la radio, j'y reviendrai. Le documentaire d'Anne Gintzburger est poignant, tragique et désespérant. C'est un upercut supplémentaire à nos convictions, nos espoirs ou nos rêves. Le "changer la vie" est depuis longtemps parti en fumée (1983), englouti par les hauts-fourneaux avant même qu'ils n'arrêtent de fonctionner. Gintzburger a filmé pendant plus d'un an (février 2012) les étapes de ce qu'on pourrait appeler la mise à mort totale et définitive de la sidérurgie lorraine. Quand le documentaire prend fin, on a la gorge sèche, le dépit en bandoulière, la rage au cœur. C'est pas possible que le mépris soit la valeur universelle la mieux partagée par les puissants…

Le 11 avril 2013, France Bleu Lorraine Nord rendait compte sur son site de la soirée d'avant-première du film (2). Mon interrogation porte sur la création de documentaires audio à partir de la multitude de reportages que la locale de France Bleu a réalisée depuis des années. Mais cette interrogation va au-delà de Florange et concerne tous les sujets (sélection) que la radio publique traite et diffuse sur ses antennes. Pourquoi France Bleu ne réalise t-elle pas ces documentaires, qui comme celui de Gintzburger, prendront avec le temps valeur de témoignage et d'archive ? Les Ateliers de Création Radiophonique décentralisés de France Bleu ne seraient-ils pas le bon lieu de création de ces documentaires ? S'agissant bien, à partir de "tous les petits bouts", de créer des collections thématiques, éditorialisées et contextualisées (3).

On pourrait me rétorquer que c'est ce que fait le magazine "Interceptions" de France Inter (4). Ce pourrait aussi être le fait d'émissions documentaires de France Culture. Ces deux dernières chaînes ayant habitué leurs auditeurs à écouter du documentaire à des heures spécifiques et régulières. Le documentaire audiovisuel se taille la part du lion de la diffusion voire de la multidiffusion, de "l'écoute" et de la reconnaissance/renommée. Les images y sont pour beaucoup mais pas que. Si j'ai beaucoup apprécié le documentaire de Gintzburger (5) j'aurais aimé pouvoir aussi écouter son pendant radiophonique avec les mêmes critères de format. Qu'en pensez-vous, mes chers auditeurs, mon idée est-elle si saugrenue que ça ? Cela prêche en tous cas pour une Web-RadioArchives.











2. Cinquantenaire du ghetto de Varsovie (6)
Réentendre la voix d'Antoine Spire (7) est aussi un choc. Son "Grand angle" d'avril 1993 célébrait le cinquantenaire du ghetto de Varsovie, et sera diffusé cet après-midi "Sur les Docks" (8). On pourrait me reprocher pour un sujet aussi grave, d'attacher tant d'importance à la voix du producteur. Et pourtant, cette voix qui donnait la parole aux "Voix du silence" (9), a marqué la chaîne culturelle pour ce qu'elle engageait Spire à prendre le parti de ceux dont on ne parle pas ou si peu. Les témoignages de ce documentaire sont essentiels pour comprendre cette onde de choc.

J'en profite pour lancer une bouteille à la mer vers Longueur d'Ondes pour que soit bientôt mis en ligne, la séance avec Julie Clarini, lors du dernier festival en février…

(1) France 5, Le monde en face, 20h40, "La promesse de Florange" d'Anne Gintzburger, 1h35m,
(2) Depuis décembre 2012, ce blog ajoute, au fur et à mesure, les players qui rendent compte de l'avancée du conflit,
(3) L'Ina (Institut national de l'audiovisuel) promeut et vend d'ailleurs très bien ses thématiques de télévision et de radio,
(4) Le dimanche, 9h15. Mais ce sont "moins" de 45 documentaires/an, 
(5) Que je chercherai à revoir dans quelques jours,
(6) Grand Angle, France Culture, le samedi à 11h, productrice coordinatrice Laurence Bloch,
(7) Producteur historique de France Culture,
(8) France Culture, 17h 
(9) Émission hebdomadaire, le samedi, 10h-10h40 

mercredi 17 avril 2013

La tyrannie des chiffres…




Comme le retour des hirondelles à date fixe, hier matin, la presse faisait ses choux gras des résultats Médiamétrie des audiences radio… Et vas-y de cerner qui chute, et zyva de pointer qui grimpe. Des chiffres plats, glacials, à peine contextualisés et surtout magnifiques paravents des contenus, des programmes et des grilles. "Pendant qu'"on" parle de ça on dit pas de mal de la TV" ! Mais en même temps on ne dit rien. Mais strictement rien. Les médias se sont sans doute donné le mot, "Si Médiamétrie publie à 8h faut absolument qu'on en parle avant 10". Pour qui ? Pour quoi ?

Pour que l'auditeur de NRJ enrage que sa station n'ait pas encore doublé RTL ? Pour que l'auditeur du Mouv' bouleverse ses habitudes au point de ne plus écouter que France Bleu, deuxième des radios publiques de Radio France ? Ou pour que les auditeurs de RMC se désolent que France Inter existe encore ? Ça change quoi pour les auditeurs ? Rien. Donc l'auditeur qui lit ça, s'en fout comme de la première pub radio qu'il a entendue en tétant son biberon chocolaté il y a plus de vingt ans. Donc ça intéresse qui ? Les annonceurs pour les radios privées, et la "tutelle" pour les radios publiques. Point barre. Donc les médias, eux, font semblant de s'intéresser à la radio (une fois par trimestre) et le plus sérieusement du monde glosent sur des chiffres, parce que c'est bien connu, les chiffres c'est sérieux. 

Rendez-vous compte, jusqu'à L'Express qui s'interroge sur la perte de 250 000 auditeurs radio (toutes radios confondues) pour la dernière période de sondage. On se fout de notre gueule, non ? 250 000 auditeurs sur 65 millions de français, de quoi déclencher le plan Orsec (1) ou Marshall c'est selon et, un minimum pour faire "revenir" à l'écoute les brebis égarées. Mais d'analyse vous n'en trouverez point. Pour quoi faire ?  L'écoute radiophonique consciencieuse, quotidienne, prolongée, de plusieurs émissions, et l'analyse et/ou la critique qui pourraient s'en suivre ça n'existe plus. Has been. Out. Rideau.

Ce grand lamento ou rigoletto de la presse, met surtout en exergue, à chaque "vaguelette" Médiamétrie, la renonciation de la presse à la critique radio. L'institut vend sa "sauce", les médias font semblant de s'y intéresser en pérorant, et le public écoute ce qu'il veut quand il veut. Il serait donc invraisemblable que des responsables, de groupe audiovisuel public, de chaînes, de commissions parlementaires se servent de ces "hochets" pour infléchir des grilles, des programmes, pour virer ceux qui tentent l'alchimie des voix et des contenus, pour faire accroire que la science exacte de Médiamétrie serait le maître-étalon de la fabrique de la radio. 

Le "tâtonnement expérimental" - véritable méthode des pionniers de la radio -, des chaînes publiques comme des chaînes privées a permis à de nombreuses voix, de femmes et d'hommes, de donner ses lettres de noblesse à la radio. La mémoire collective se foutant du tiers comme du quart de savoir si le "Jeu des 100 000 francs" était plus écouté que le "Quitte ou Double" ou si les "Maîtres du Mystère" ont ridiculisé les audiences du "Hit parade". 

La radio est un long fleuve tranquille ou turbulent, peuplé de poissons et même de sirènes. Passer son temps à les compter ou à les mesurer relève de la mécanique du contrôleur sourd. Tendre l'oreille permet d'écouter la diversité, la richesse, et la singularité de ce qui jaillit au fil des ondes. Et ce n'est pas la plus grosse bulle qui, en éclatant, libère le son le plus harmonieux.

(1) ORganisation des SECours,

mardi 16 avril 2013

Comme Jane j'entends des voix…

Chez Boris Vian © Radio France















L'atelier de Vincent Josse (France Inter, samedi 19h20)
Autrefois il m'arrivait d'écouter l'émission de Josse quand elle suivait la session d'info d'Inter animée par Nicolas Demorand. Interpellé par sa visite de l'Atelier de Boris Vian, samedi dernier, je me suis laissé tenter. Mais c'est quoi cette nouvelle tyrannie auditive qu'a institué Inter en nous rappelant plusieurs fois par émission le titre et le thème de l'émission ? En moins de trente-quatre minutes, on peut quand même se souvenir "de quoi et de qui on parle" non ? On est très loin des trois heures du "Bon plaisir" de France Culture où on pouvait "tomber" sur un tunnel de vingt minutes, sans trop savoir de qui il était question, si, en plus, on ne faisait aucun effort pour se reporter à un programme radio.

Cette interruption "moderne et incessante" des émissions est épouvantable. Quant à la généralisation du "système", il dépersonnalise l'annonce et la façon que pourraient en faire chaque présentateur. "Externaliser" cette fonction aseptise l'émission comme si on voulait à tout prix que, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, on soit absolument dans le même studio ou dans la même couleur. "Écoutez la différence" qu'ils disaient. La différence de quoi ? (1)

Le tête à tête de Frédéric Taddeï (France Culture, dimanche, 20h)
Je n'écoute jamais cette émission de conversation qui ne renouvelle ni le genre ni l'esprit des idoles, Jacques Chancel et Bernard Pivot, que vénère Frédéric Taddeï. Dimanche dernier, Taddeï recevait la crécelle des ondes, dite aussi Elizabeth Lévy. Je dis, sans haine et sans crainte, "crécelle" car, en tant qu'auditeur de France Culture, elle m'a suffisamment escagassé les oreilles pendant deux saisons, à pérorer sur tout ce qui bouge, en invitant une vraie-fausse bande à commenter, ou plutôt à ergoter sur des sujets si importants qu'on les a tous oubliés. Complètement amateure pour animer une émission de radio, incapable de contenir le débat sans vociférer. L'horreur absolue. Taddeï lui tendant la perche de ses renvois multiples et variés (de médias en médias), Lévy, rappela sa totale incompréhension et déception quand, David Kessler, directeur de France Culture, décida de ne pas la reconduire (ad vitam aeternam, sans doute).

Donc la jeune Cosette est venu dimanche expliquer son positionnement idéologique, sa défense des "sans voix", et autres postures "va-t-en guerre" dont elle s'est fait le chantre. La voix et le ton n'ont pas changé. Insupportables. De quoi se gâcher grave le dimanche soir. Heureusement que Laura et Otto Preminger m'attendaient dans le hall, on a fini la soirée ensemble.

Michel Legrand, forever
Oups ! L'idôle des idôles m'a souvent très énervé par ses postures un tout petit peu suffisantes et prétentieuses. Mais bon il y a des choses (des bonnes) qui restent. Le travail de "sauveteur" de musique de films qu'a entrepris Stéphane Lerouge est séduisant car on pourrait croire qu'en ce qui concerne Legrand, tout serait au chaud et soigneusement rangé. Si Lerouge sait exhumer quelques chutes et autres "brouillons", l'histoire de sa recherche est au moins aussi intéressante que le résultat final. M'infliger cinq heures de Legrand peut-être pas quand même, mais 10'36" de petits bouts d'histoire, ça s'écoute tip-top ! C'est ça la magie d'arte radio !

 

(1) J'aurai bien aimé qu'aux trente-quatre minutes on en ajoute vingt-six, car si Josse a su nous mettre en appétit son émission nous laisse quand même un peu sur notre faim, Vian ne pouvant se résumer à si peu !
(2) "Le premier pouvoir", le samedi à 8h, 2004-2006,

lundi 15 avril 2013

Du buzz… à l' #antibuzz






La radio ne restera pas hors du temps, à côté du réseau des réseaux, des réseaux sociaux ou à côté de la recherche. À la radio quelques avant-gardistes veulent explorer tous les possibles. Thomas Baumgartner (1) est de ceux-là. Il creuse, il cherche, il expérimente et sort de son chapeau multiforme une longue série de "Mythologies de poche de la radio" (2), tente son propre "Club d'essai' (3), et double son émission radio de l'été dernier, #antibuzz sur France Inter (4), par un mini-site interactif qui prolonge la temporalité de l'émission radio. Interview.

Radio Fañch : Alors #antibuzz c'est reparti ?
Thomas Baumgartner : Antibuzz, le site, oui, à partir d'aujourd'hui lundi (15 avril).

R.F. : Pourquoi en plein milieu d'année un nouveau site #antibuzz ?
T.B. : L'idée est de poursuivre l'élan de l'émission de l'été dernier, mais sans "coller" de la radio sur le web. Alors on garde le même esprit, la même ligne éditoriale d'explication, de décodage ludique, d'enthousiasme critique et de curiosité, dans une forme adaptée à l'internet, une sorte de revue vivante. Le sous-titre, c'est : "la culture pop du web". Aujourd'hui la connexion est quasi constante, sans qu'on s'en rende toujours compte. Il y a une manière d'être, un langage, des modes de rencontres, des enjeux sociétaux qui viennent des réseaux mais qui les débordent. C'est de ça qu'il sera question sur le site #antibuzz.


R.F. : Pourquoi est-ce la radio qui initie un site web ?
T.B. : Nous avions envie de poursuivre l'expérience de l'été, née par et pour la radio. En premier lieu, poursuivre sous forme de site, c'est aussi être cohérent avec la matière qui était la nôtre. En deuxième lieu, poursuivre sous forme d'un site qui sera très ouvert et j'espère de plus en plus contributif, c'est rester proche des gens qui nous écoutaient, qui souvent tweetaient, commentaient, participaient. Et quoi qu'il en soit, l'émission était déjà "plus" que ce qui passait à l'antenne. Il y avait une expérience complète, et on s'en est rendu compte petit à petit (je le racontais , à l'issue de l'été dernier). Finalement, on va dire que c'est un glissement cohérent ! Même si l'antenne, c'est une concentration, une tension uniques. Le son, la radio, le net : la convergence est là depuis un petit moment. Ce site, c'est une autre manière d'envisager cette convergence.

R.F. : Le nouvel #antibuzz ce sera quoi ?
T.B. : Une interview (sonore) chaque semaine, d'un-e observateur-trice ou praticien-ne du web. De l'écrit, des liens, des dessins. Il y aura des chroniques aux formes variées, signées de la même équipe que l'été dernier : Anne Jocteur Monrozier traitera de la nostalgie des technologies, "Webostalgie", Thibault Lefèvre sera sur les enjeux internationaux du World Wide Web, Julien Goetz décodera la grammaire des réseaux et Florent Maurin, aka (5) "ThePixelHunt", ouvrira le bal avec sa chronique sur les narrations en ligne, "Il était une fois en numérique". Il y aura une "revue de tags" hebdo, pour analyser avec le sourire les mots-dièses (ou "hashtags") les plus utilisés sur twitter et les requêtes les plus fréquentes sur Google. Jean-Cloud, notre auditeur qui aime le contre-pied, sera présent par twitter. Il ne posera plus sa question bizarre à l'invité, mais à nous tous, la multitude cliquante.
Enfin, Lewis Trondheim signera deux fois par mois un strip de bande dessinée en "Turbomedia", comme un flip-book en ligne •


Je crois pouvoir dire, que d'une certaine façon, #antibuzz le site, renouvelle l'expérience  unique d'un support papier qui prolonge une émission (6) et qui, peut-être là, l'anticipera. Guettez donc aujourd'hui sur vos écrans multiples et variés l'apparition de l'#antibuzz nouveau.

20/04 7h (T.U.) La fusée #antibuzz a fini par décoller. Le pilote respire…

(1) Producteur à France Culture et à France Inter, auteur de "L'oreille en coin-une radio dans la radio", Nouveau Monde, 2007,
(2) Dans le cadre des "Passagers", chaque vendredi, 60 voix qui ont fait la radio (enfin 59 + 1 mistigri)
(3) Les passagers de la nuit, 2009-2011 (deux saisons), France Culture, 23h,
(4) Les samedis de l'été, à 9h10 (9 émissions de fin juin à fin août),
(5) Abréviation de also known as, (alias en français), formule introduisant un synonyme,
(6) L'oreille en coin, l'hebdo, 7 n° de septembre à octobre 1976.