mercredi 30 novembre 2011

JFK for ever…

Ce 22 novembre j'étais sur la route des Cévennes éclaboussée de soleil. Loin, très loin de Dallas 1963. Loin d'un souvenir d'enfance… d’un samedi de novembre. Je ne me souviens pas quel récepteur était près de moi cette nuit-là. Un transistor ?  Je ne crois pas. Le gros poste de radio peut-être. Je me souviens que c’était une émission de divertissement avec un sponsor très présent : l’ami Gringoire je crois. Je n’ai jamais écrit ce qui va suivre. C’est dans ma mémoire, ancré. 

Il y a eu une interruption brutale de l'émission. Le président John Kennedy venait d’être assassiné. J’étais sûr que c’était grave. Mais je ne me représentais ni les USA, ni le président lui-même. Il n’y avait aucun adulte près de moi pour m’aider à comprendre et je ne me souviens absolument pas en avoir entendu parler le lendemain. J’avais l’impression que c’était trop pour moi. Trop loin, trop grave, trop difficile à comprendre. 

À l’époque en rentrant de l’école, comme tous mes copains j’écoutais, « SLC- Salut les Copains » (1) mais ce n’était rien que les ritournelles d’un moment, à siffler pour faire le malin.  Cinq ans plus tard, en juin 68 c’est, pour moi, « Boum à tous les étages » (2), l’école n’a pas repris, ou en cahotant. C’est moi qui, entre deux slows, annoncerais aux filles et aux gars présents chez moi - absolument préoccupés de réussir leur flirt-, que Bob Kennedy vient d’être assassiné. Comment ai-je capté cette « nouvelle » dans le brouhaha de la musique ? Je n’en sais rien mais je revois très bien la scène. Ancrée elle aussi.

Quelques mois plus tard sur France Inter, vague soixante-huitarde "très passée", José Artur inventera et animera à 18h30 en plus de son Pop-Club, une toute petite demi-heure d’antenne au titre d’émission le plus long que je connaisse (3) :
« Qu’il est doux de ne rien faire quant tout s’agite autour de vous, une anti-émission de France Inter présentée par personne ». 

(1)  Europe N° 1,
(2)  Boum c’est pas les cocktails Molotov, juste les étapes dansantes de l’approche amoureuse,  
(3)  De mémoire : 18h30/19h.

mardi 29 novembre 2011

Chanter/Déchanter/Enchanter…

Sur France Inter la programmation musicale échappe à l'animateur/trice d'une émission, excepté les émissions spécialisées chansons/musique. Ce sont des programmateurs qui s'en chargent en essayant de coller au plus près des thématiques ou des couleurs des émissions, y insérant aussi les "choix d'Inter" (1). Mais à quoi ça sert que des artistes viennent jouer en live dans ces émissions si l'on s'en tient à leur seule prestation musicale ?

 
Charlie Winston dans les Affranchis a joué (2) deux morceaux en live, avec un temps conséquent entre les deux morceaux. Il n'a rien pu dire de sa musique ! À peine le morceau fini on passait à autre chose. Hier soir Me'shell N’degeocello dans Ouvert la nuit a joué aussi deux morceaux. Les animateurs, touchés par la grâce de la chanteuse, ne pouvant s'en tenir à inciter lourdement à acheter l'opus(3) et renvoyant les auditeurs à la prochaine émission "Sur le Pont les Artistes" où celle-ci interprétera quatre morceaux ! Bigre là non plus pas de place à l'improvisation ! Un comble pour une émission de musique qui semble trop bien ficelée.

Que les animatrices/teurs d'émission n'aient plus à se soucier de la programmation pourquoi pas ? Qu'ils restent sans voix ou sans rien avoir à dire de sensible face à une prestation live c'est assez méprisant pour l'artiste. Ce sont des occasions ratées de connaissance, de démarches et d'échanges qui à eux seuls justifient de faire venir jouer les artistes. 

Sont-ce les maisons de disque qui font le forcing ? On dirait qu'on déplace les artistes pour la forme, l'ambiance et l'image de marque de l'émission ! Pour l'effet, le prétexte, pas pour le fond (la musique elle-même) qui nécessiterait de sortir du cadre des 3 ou 4mn fussent-elles en live ! On reste sur sa faim ! On déchante… tant on était venu pour être enchanté.

(1) Dans l'éventualité où mon affirmation mériterait quelques nuances je suis prêt à amender ce billet,
(2) 22 novembre 2011,
(3) on est pas dans une émission de téléachat et c'est un peu court comme commentaire.

lundi 28 novembre 2011

Le roi Artur… (2)



Comme prévu hier soir Taddeï a fait parler Chancel de télévision (1)… Quelques heures plus tôt j'ai pu écouter grâce à une bonne fée (2), un enregistrement de la Mythologie de Poche de la radio de José Artur (3), qui bizarrement n'est plus en écoute sur le site de l'émission. Quel bonheur de réécouter l'intarissable et l'inénarrable José, encyclopédie vivante de la vie culturelle en mouvement. L'écouter sur le France interviewer un "vrai-faux" passager clandestin ou, nous expliquer comment il a "eu" le Pop Club "alors qu'on le croyait léger, juste capable de faire de bons mots", c'est autant de façons d'approcher un maître ès-radio. Cabot, joueur, cultivé et surtout tellement attachant. Ses patrons d'origine qui le testent avec une interview de Barbara (qui vient juste de perdre son père) constatent qu'il sait passer d'un genre à l'autre, du très grave au plus léger… Cette façon et sa gouaille deviendront sa marque de fabrique. (4)

Viré quelquefois ou déplacé dans la grille, Artur et son Pop ont duré 40 ans, en une alchimie toute particulière qui tenait tout autant du "salon où l'on cause" que du brouhaha du Café-PMU. Mais toujours avec cette grâce et cette curiosité qui l'ont installé dans la mythologie de la radio. Pourtant là, tout à trac Artur vient de prendre un coup de vieux et son bon mot sur la radio aussi "La radio a un avantage sur la télé c'est qu'on a réussi à supprimer l'image !". Pour combien de temps José, pour combien de temps ?


(1) Tête à tête, France Culture,
(2) Il (sic) se reconnaîtra,
(3) 4 décembre 2009, Mythologie n°12,
(4) Si les journalistes, qui à la rentrée ont très vite catalogué les émissions du soir d'Inter et d'Europe 1 comme des copies du Pop Club, avaient mieux connu et le Pop Club et José Artur le rapprochement ne les aurait même pas effleuré ! Il ne suffit pas de faire une émission dans un café pour faire le Pop !

dimanche 27 novembre 2011

Préparez vos mouchoirs…

Qu'est-ce que vous faites le dimanche, passée la messe de 11h sur France Culture ? (1)  Vous prenez un peu de "Tire ta langue" en apéro et festoyez avec " Les Papous " ? Puis harassé par une semaine éprouvante vous faites la sieste jusqu'aux frontières de " Villes-Monde " que vous avez pris soin de podcaster ?  Vous réécoutez aussitôt et passez en mode musique pour n'avoir pas à supporter les Vêpres du prédicateur glacial qui se la joue Cold Power ? Bon, vous faites bien ce que vous voulez, mais ce dimanche va falloir faire un nœud à votre mouchoir si vous ne vous voulez pas à 20h rater Le Tête à tête de Taddeï, sur France Culture !

Installez le décor : mettez votre poste de radio sur un piédestal à hauteur de votre vue, placez devant fauteuils ou canapés, mettez la lumière douce qui va avec, approchez une table basse au cas où vous aimeriez siroter un liquide apéritif et des cahouètes, ajoutez une bonne boîte de mouchoirs, et à 20h tournez le bouton, le show va commencer.

Pour l'invité surtout, il s'agit de ne pas rater ce Tête à tête ! Parce que question radio ça ressemble à du Chancel et c'est à peu près aussi innovant que le jeu d'Émile ! Passons. L' invité de ce dimanche est… (roulez tambours, sonnez trompettes de Maurice André), Jacques Chancel, soi-même. Taddeï ne craint pas d'être face au miroir, il va assurer. M'est avis qu'ils vont peu parler de radio tant l'hyper médiatique Chancel est en pleine tournée promo pour son bouquin sur la… télé. Taddeï lui-même dans l'actu-promo, pas de risque qu'il débusque la face cachée du Jacques comme avait tenté de le faire Thomas Baumgartner (2), et comme le tentera sans doute Emmanuel Laurentin à Brest la semaine prochaine (3). Écoutons voir !

(1) Si, si, à 11h avec le Père Meyer au sermon et ses vrais-faux enfants de chœur, en direct aujourd'hui de l'Abbaye de Saint-Jacut-de-la-mer (22),
(2) Mythologie de Poche, France Culture, 1 août 2O11,
(3) Festival Longueur d'Ondes, Vendredi 2 décembre, 21h, Petit Théâtre du Quartz.

samedi 26 novembre 2011

Le Black version orange…


"Le contact avec le milieu et les groupes me manquaient", voilà l'accroche qu'a choisi le supplément Télévisions du Monde qui paraît aujourd'hui (en page 2 s'il vous plaît) (1) pour présenter le retour du Black sur le Mouv' ! Les afficionados noteront que Lenoir a enfilé le sweat orange pour être raccord avec les couleurs de la chaîne dirigée par son "vieux complice" Blanc-Francard. "Je n'aurai pas pu assurer une émission quotidienne, mais là, c'était une proposition que je ne pouvais pas refuser !".

Allez on a l'essentiel, laissons passer les fêtes et "Un jour viendra couleur d'orange…" (2).

(1) Le Monde 27-28 novembre 2011,  
(2) Louis Aragon

vendredi 25 novembre 2011

Révolution culturelle… la longue marche.

L'ourse Cannelle

Avec ou sans col Mao, la révolution culturelle qui se prépare à la radio risque de ressembler à la Longue Marche tant le bouleversement risque d'être profond… Il y a quelques années Jean-Louis Foulquier (1) faisait le "zouave" au standard de France Inter en dépassant sa fonction de standardiste. Roland Dordhain (2) le sermonne un peu et lui propose d'animer, en 1966, sa première émission qui fera, comme toutes les autres de sa carrière, la part belle à la chanson. Foulquier tournera autour du sujet pendant plus de 40 ans. La recette de la radio : une idée + un micro + une équipe de réalisation + un studio + un émetteur + quelques récepteurs et… un raton-laveur (femelle ou mâle). C'est "simple".

Je repense à Cannelle, l'ourse tuée dans les Pyrénées en 2004. Quand Irène Omélianenko, productrice à France Culture, s'est rendue sur place avec un technicien son et un chargé de réalisation ils ont fait à eux trois leur affaire et le documentaire est passé au "Vif du Sujet" (3). Demain cette même équipe va devoir intégrer une prise de son multicanal (optionnel bien sûr), une "transcription" écran et s'adjoindre les services d'un dessinateur, ou d'un vidéaste, ou d'un photographe animalier et tout le toutim… Ça change forcément la donne conceptuelle. Ce qui pouvait être assez "simple" peut devenir très vite complexe. Si cela décuple les possibilités créatives cela va forcément décupler les coûts. Qui payera ? Il y aura toujours des émissions de talk, dont celles bien lourdes à la manière des Affranchis, les émissions de flux musicaux, et puis celles très élaborées qui nécessiteront d'être regardées sur des écrans et qui impliqueront de nouvelles écritures, nouveaux métiers, nouveaux supports.

Y aura t-il deux radios : d'un côté la radio à écouter comme c'est le cas aujourd'hui, de l'autre la radio à regarder ? En voiture ça se passera comment ? Les écrans seront interdits ? Et sous la douche ? Un/des écrans dans le carrelage ? Hier on pouvait tous parler de la même émission de radio, même si on ne l'avait pas écouté en même temps. Demain comment s'y retrouver ? 
- "T'as regardé l'émission de Laurentin (4) hier matin ?
- Ben, à c'tt'heure-là impossible, mon patron me paye pas pour que je regarde la radio !". 
Comme je l'évoquais avant-hier, dans certains cas il faudra réécouter… pour voir.

On en est plus à de la science-fiction, la Révolution c'est pour demain matin et ça donnera en suivant un de ces dialogues dignes de St Ex et du Petit-Prince, ou même de Prévert : 
- " Vous faites quoi comme métier ?
-  Je suis dessinateur à la radio !".

(1) Studio de nuit,
(2) Directeur de France Inter après la réforme de la radio dont il aura la charge (1962),
(3) 8 février 2005, France Culture,
(4) La Fabrique de l'histoire, du lundi au vendredi, 9h, depuis 11ans sur France Culture.

jeudi 24 novembre 2011

Olivennes… l'inventeur de la radio.

Le "chouchou" de S.L.C.


Sans rire, Denis Olivennes, le PDG d'Europe 1 doit être un "gros" nostalgique des années 60&70. Voilà qu'avant l'été il remet à l'antenne l'"Europe Stop". C'est pas de la radio mais ça passe à la radio. Vous suivez la voiture Europain, on vous tend une enveloppe, vous l'ouvrez et ya du cash dedans ! Mieux que la valise d'RTL ! Comme tous les habitants de la ville où la voiture circule veulent savoir "oukélédon" ils écoutent et c'est bon pour l'audience d'Europin. Faire écouter à la radio ce qui n'est pas de la radio ! Chapeau ! Les communiquants à la mode tendance n'en sont pas encore revenus !

Fort de cette invention digne du concours Lépine, Olivennes, gonflé à bloc réinvente les "Musicoramas" ? Non ? Si si impératrice, vous avez bien lu ! Musicorama du concert live en radio. Incroyable une vraie première ! Là c'est sûr il va tuer le commerce de la musique live en radio. Le Black (1) ferait p'tête bien de rester à Biarritz plutôt que de remettre une couche de Black Sessions sur Le Mouv' à partir de janvier !

Gagné par l'euphorie m'est avis qu'au printemps Olivennes va nous faire un petit revival de Salut les Copains (SLC) avec dedans le Chouchou et les vedettes d'origine. Et une tournée des plages en prime ! Ça s'appellera le Podium Europe1 et les lessiviers pourront continuer à polluer… l'antenne ! Mais dites M'sieur Olivennes, faut pas vous arrêter là ! Appelez à la rescousse Cohn-Bendit et il vous refera du Campus tous les soirs. Les frères siamois des émissions politiques, DuhamelKabach pourraient nous inventer Le Club de la Presse, Bellemarre le Sisco et les Histoires Extraordinaires ! Puis tiens pour mettre du rose au cœur des automobilistes Levaï ferait la Revue de Presse à 8h30.

Perso j'aurais vraiment aimé le retour de Philippe Alfonsi pour "Histoire d'un jour" de 14 à 15 mais il y a déjà Ferrand de 13 à 14. M. Olivennes, Val devrait copier sur vous, recycler les émissions à la mode 3ème millénaire. Et là sûr qu'à la place des Affranchis, Grand Entretien, Ouvert la nuit et autres Comme on nous parle on retrouverait Villers, Chancel, Bouteiller et autre Artur. Ah la radio de Papa, y'a que ça de vrai M'sieur Olivennes ! À côté du Lab' (2) vous pourriez créer "Le grenier". Vous mettriez en valeur toutes ces belles émissions qui dorment sous la poussière et que les "meilleures" pubs de produits ménagers n'ont toujours pas réussi à éliminer !

(1) Bernard Lenoir,
(2) un site web uniquement consacré à la politique.

mercredi 23 novembre 2011

Immortel… Chancel


À l'Académie de la radio Chancel serait Immortel, ce serait même son secrétaire perpétuel, mais last but not least, c'est après la télé que l'académicien court de plateaux télés en micros radio, avec la santé d'un coureur de fond. Après Radio Taddeï (1), gageons qu'Emmanuel Laurentin (2) n'a pas manqué de lui demander pourquoi il n'avait pas écrit "Le dictionnaire amoureux de la radio" (3). Moi je l'ai fait à l'issue de son show à la librairie Dialogues à Brest et il m'a répondu la même chose que sur Radio Twizz (belge) hier : " Quand on a fait la télé on ne peut pas faire la radio on aurait l'impression de radoter !". Hum j'insiste : "Mais pourquoi n'avoir pas commencé par la radio ?". Chancel ne s'en défendra pas mais malgré toutes ses créations à la télé il est peut-être d'abord dans "la mémoire collective des français" un homme de radio ?

Même si, c'est clair, le co-créateur d'Antenne2 - avec Marcel Julian le 21 décembre 1963 - a fait son miel de la télé (4), et qui, tel un ours des Pyrénées en a fait sa gourmandise essentielle.

(1) Tête à tête, France Culture, 27 novembre 2011, 20h,
(2) Rencontre en public, Petit Théâtre du Quartz, Festival Longueur d'Ondes, Brest, 4 décembre 2011, qui devrait pouvoir être écoutable sur leur site en janvier 2012,
(3) Dictionnaire amoureux de la télévision, Plon, octobre 2011
(4) il est aujourd'hui conseiller du Président de Canal+, Bertrand Méheut,

Écoutez voir…

 

Dans un blog dédié, Les nouveaux médias (nvx) auxquels travaille Radio France expliquent leur démarche tant autour du multimédia que du multicanal à l'occasion d'une prochaine émission sur France Culture ! Diantre ! Doit-on s'attendre à en prendre plein les esgourdes ? Doit-on s'attendre à recevoir le son autour plutôt que de face ? Notre appareil radio peut-il en rendre les effets nouveaux ? Autant de questions qui devraient trouver des réponses dans les semaines qui viennent.

Le billet signé Anne Brunel a le mérite de bien nous expliquer la démarche "multicanal" qui va avoir des effets induits outre sur le son mais aussi sur l'écriture, le montage, la production et… l'écran. L'écran ? Ben oui, pour pouvoir regarder la fameuse image radio ! Mais là la révolution sera totale car en plus d'écouter va t-on s'arrêter "de faire autre chose" pour se concentrer sur les images ? Si par exemple les images ne sont pas l'illustration didactique de ce qu'on entend comment ne pas être tenté d'y regarder de plus près ? Et si les images sont des dessins ? Anne Brunel pose un bon postulat : " Parce que la suggestion graphique autorise la suggestion sonore et laisse elle aussi libre cours à la création d'images mentales. Comme la radio. ". Bien vu ! Mais dans ce cas l'écoute ne se produira t-elle pas en deux périodes distinctes ? Une première pour le son une autre pour l'image associée. Un peu comme pour les vidéo-clips sauf qu'ici les émissions durant plus de 3mn il va falloir consacrer plus de temps à l'écoute radio. Et là c'est sûr les journées ne faisant que 24 heures il va bien falloir faire des choix.

Et peut-être que dans ce cas la radio va pouvoir prendre sa revanche sur la télé et retrouver ses auditeurs "perdus" ? Ce ne sera le cas que si la radio ne fait surtout pas de la télé et invente une nouvelle écriture très originale. Le challenge est merveilleux mais l'équation reste totale: est-on prêt à regarder la radio ?

mardi 22 novembre 2011

AAA+

Pierre Dumayet


Notation tarte à la crème, chiffon rouge ou hochet infantile, les médias se sont engouffrés dans le dernier gadget tendance et ils n'en peuvent plus de leurs litanies à faire désespérer Billancourt... Pendant ce temps la radio échappe encore, mais pour combien de temps, à ces notations dignes d'un système scolaire hérité des hussards noirs de la République (il a suffit de remplacer les lettres par des chiffres)…

Quelque fois pourtant on aimerait aussi donner du zéro pointé ou souligner l'excellence. Ce très grand écart existe sur les radios publiques françaises et je vous en livre aujourd'hui les deux extrêmes. D'abord considérons que AAA veut dire Audio Audible Auditeur. En clair la radio produit de l'audio audible pour les auditeurs. Ce principe a du totalement échapper à la nouvelle émission de France Inter Les Affranchis, animé par Isabelle Giordano (1). On ne trouve là que les très vieilles recettes de la promotion, de la conversation entre soi des chroniqueurs et de la platitude d'un concept (mot osé) pour installer l'invité en situation de "premier ministre" (ça doit être l'effet 2012!). On n'apprend rien, on ne rit pas et pire on s'ennuie. Affran...chiant !

Dans le même temps Pierre Dumayet reçoit quelques hommages de la radio et peut-être le plus inattendu est celui de Thomas Baumgartner (2) qui sur son blog nous donne à entendre quelques fragments d'un homme de radio humble et sensible. Ce qui est très touchant au départ, et qui a du toucher Pierre Dumayet, c'est qu'un jeune journaliste (moins de trente ans) s'intéresse à un vieux Monsieur qui avait encore des choses à dire et surtout une façon de les dire. Baumgartner aime la radio et comme Dumayet, Kriss et les autres de l'Oreille en coin (3) avaient du être émus qu'un "gamin" ressorte des placards les Grandes Heures d'une radio de l'excellence, pour la publication d'un livre qui brossait l'aventure d'une radio dans la radio (4).

Voilà donc, en deux exemples, balayé le spectre du pire comme du meilleur. Pas besoin de notation, l'auditeur exigeant saura séparer le bon grain de l'ivraie...

(1) 11h/12h30, du lundi au vendredi, France Inter
(2) Producteur à France Culture,
(3) L'oreille en Coin de Jean Garretto et Pierre Codou, France Inter, 1968-1990
(4) Thomas Baumgartner, L'oreille en coin, Une radio dans la radio, Nouveau Monde Éditions, 2007

lundi 21 novembre 2011

Blanc à l'antenne

 
"Mes chers auditeurs" je vous dois quelques explications de la publication différée du billet de ce matin. En déplacement plein sud je ne suis pas en sieste permanente sous les oliviers mais plutôt profitant d'un immense silence réparateur. Silence radio et éclipse rédactionnelle. Ce qui me permet de me souvenir de deux absences au micro d'Inter il y a plusieurs années déjà.

Jacques Pradel qui devait animer une émission du matin n'arrive pas à la Maison de la Radio car dans sa banlieue périphérique (sic) son gasoil a gelé. Il dit à l'antenne "sa hargne et son courroux, coucou" (1) qu'au XXème siècle on ait pas inventé un gasoil ispicial grand froid ! Quand Claude Villers racontait des histoires à 9h du matin, Monique Desbarbat constate un matin qu'il ne va pas être à l'heure pour l'émission. Elle s'affole un peu même si elle a longtemps réalisé "Pas de panique". Je crois me souvenir que pour Villers ce fût une panne exceptionnelle d'oreiller !

Si vous avez quelques anecdotes sur le sujet faites-nous en part et "A demain si vous le voulez bien "

(1) façon Desproges

vendredi 18 novembre 2011

Otto Route...


Sur les belles routes de France qu'on appelle aussi des autoroutes on peut écouter les radios "guidage" avec de la musique dedans et même des infos... Les sociétés d'autoroute gèrent ces flux radio et l'une d'entre elles a délégué l'affaire à Radio France. Donc avalant du bitume cette semaine je n'ai pas pu résister au "plaisir" d'en croquer une bonne tranche...

Si le speaker speake bien l'angliche il bute grave en français et débite ses annonces d'incidents comme s'il était sur TRJ ou autre Charrie FM... Les annonces d'événements c'est le moment le plus important et ce que j'ai entendu était complètement raté, voire navrant. Par contre le flux musique est original et bien typé Radio France et les sessions courtes d'info "reprises" de France Info bien placées.

Pourquoi l'expertise de Radio France ne va pas jusqu'à former speakers et speakrines ? Il y a dans la grande maison ronde des fipettes qui pourraient en apprendre à ces animateurs et donner un autre ton aux radios autoroute. Ce n'est pas accessoire mais qui s'y intéresse ?

jeudi 17 novembre 2011

nvx RF (c'est codé)

Après un directeur, Joël Ronez, la direction des Nouveaux médias de Radio France a son blog, on va donc pouvoir échanger sur les nouveaux projets ! Attendons demain car disons qu'aujourd'hui Radio France doit bicher car les sondages Médiamétrie annoncent une rentrée en très grande forme avec une part d’audience de 23,6%, meilleur score depuis 2003.

France Inter 10,4%, France Info 9%, France Bleu 6,9%, France Culture 1,8%, France Musique 1,4%, en audience cumulée semaine (source Médiametrie). Et Le Mouv' ?

Et dix... dans le mille




Voilà, demain cela fera quatre mois que ce blog est ouvert : Le feuilleton de la radio, du lundi au vendredi, et quelques billets de fin de semaine pour ne pas perdre le fil ou le retrouver. En 161 billets plus de 10 000 pages ont été vues !  Vos commentaires sont pertinents et abondent la discut'. J'ai rencontré quelques uns de mes chers auditeurs et ai tenu compte de leurs remarques. Je reste à l'écoute et aux aguets de ce qui se passe sur les chaînes publiques de Radio France, et quelquefois des "périphériques". Je guette la modernité, celle qui pourrait faire sombrer la FM, comme celle qui pourra enrichir la création radiophonique. Je dis bien enrichir et non pas appauvrir comme c'est trop souvent le cas, au titre justement de cette modernité... qui du passé ferait bien table rase. Et puis je cherche partout les archives qui me permettent de compléter ma petite encyclopédie de poche de la radio et de vous en faire profiter quand il y a lieu.

Je peux aussi compter sur la vigie syntone dont le champ radiophonique est ouvert aux radios libres et à la création radiophonique mondiale. Je vais tâcher de poursuivre l'affaire au même rythme, en m'offrant toutefois un petit break à la fin de l'année, ce qui ne m'empêchera pas d'écrire, si les bonnes ondes se propagent jusque sous mon sapin de noël.

Merci mes chers auditeurs de suivre le feuilleton de la radio et rendez-vous ici demain pour un nouvel épisode. " ça va bouillir ! " (2) 

(1) 10 009 à 18h hier,
(2) Slogan publicitaire déclamé par Zappy Max, sur Radio Luxembourg, au cours d'émissions "sponsorisées" (années 50 et 60).

mercredi 16 novembre 2011

Le Black dans Le Mouv'


Sur le site des Inrocks, on pouvait lire cet après midi : " D'après une information de Libération, Bernard Lenoir relancera ses Black Sessions sur le Mouv’, radio appartenant elle aussi au groupe Radio France. Fin août, l'animateur de l'émission C'est Lenoir avait annoncé, à la surprise générale sa décision de quitter france Inter. Sur sa page Twitter, Le Mouv' confirme que les concerts live reprendront en janvier 2012 sur une base de deux diffusions par mois – plus éventuellement."

Joli coup de Patrice Blanc-Francard, directeur du Mouv', "vieux compagnon de route" de Bernard Lenoir. Quant à France Inter...

"Femmes qui parlez dans les radios…"

 

"Femmes qui parlez dans les radios/On devine derrière vos voix des yeux, des visages, des seins, des jambes/Une façon de respirer,…" C'est avec sa sensibilité que Julos Beaucarne le dit et ça n'aurait pas été pour déplaire aux animatrices de Fip. À voix nue sur France Culture, en début d'année, nous a fait savourer Julos Beaucarne et je ne résiste pas au plaisir de vous donner envie de lire Julos car, à le lire on entend sa voix. À jamais. Une voix chargée d’émotions, de paysages, de fontaines, d’étoiles et de gouttes d’eau.


Écouter Julos c’est suspendre le temps. C’est embarquer pour ses galaxies. C’est revenir au très lointain, savourer le tout juste hier et aborder Utopia la planète de son cœur. C’est là qu’opère toute la magie de la radio quand elle veut bien capter l’indicible. Ses yeux à Julos, on les voit qui pétillent, on touche ses doigts qui effleurent le papier à musique ou celui de ses carnets, on sent les parfums de ses tournures. Ces images vibrent. Elles bouleversent. Elles reposent comme les silences complices qu’il installe dans la bonne conversation à cheval sur son arc-en-ciel. Julos nous parle sans masque, sans calcul, sans effet, sans fard. Julos parle comme on ne parle plus. À voix nue. 

mardi 15 novembre 2011

Radio=micro, point…


Un bateleur du matin officie à la fois sur une chaîne de télé (privée) et sur une chaîne de radio (privée). De passage chez des amis je constate à l'image la présence appuyée d'un microphone type radio posé ostensiblement et devant l'intervieweur et devant l'interviewé. Pourquoi ces attributs au look années 30 sont-ils ainsi mis en avant sur un plateau télé qui par ailleurs dispose, en fond d'écran, de multi-incrustations et d'infographies dernier cri ! 

Eureka j'ai trouvé ! C'est sûrement pour rappeler au spectateur que "ça passe aussi à la radio" ! Voilà donc comment la télé, qui n'en est plus à un pléonasme près, veut symboliser, par un micro vintage, que la radio est présente à la télé ! Au-delà de l'inutilité du gadget visuel à quoi ça sert dans le décor et dans le duplex avec la radio ? À rien, mais c'est un signe repris dans le logotype de l'émission donc ça participe de l'image du bateleur. La radio ce serait donc un micro et rien d'autre ? Ce serait l'image signifiante et fédérative ? Et comment fait-elle la télé pour signaler à l'auditeur radio que l'émission passe aussi à la télé ? L'auditeur n'a pourtant pas besoin de signe supplémentaire tout concentré qu'il est à écouter ! Tandis que le spectateur il faut lui en donner pour sa taxe TV ! Et le gros cliché bien péchu, ça peut pas faire de mal parmi d'autres clichés qui sont bien loin de faire dans la distinction ou autre chose que des pléonasmes eux aussi très lourds !

Pour se distinguer, parmi la masse des bateleurs matutinaux, ce bateleur-là a décidé de passer en même temps à la radio et à la télé. Quel concept ! On se croirait au XXIIéme siècle ! Et puis en montrant un microphone aussi rétro, la télé, une fois de plus, moque la radio ou en donne une image désuète ou ringarde. Comme du temps des speakers, fonction que notre bateleur aurait pu exercer s'il ne l'exerçait déjà ? Alors "viva la radio" et au diable les images-clichés que traine la TV… boulet !

lundi 14 novembre 2011

Un transistor… d'archives

 

Je l'ai mon appareil à stocker les archives radiophoniques ! Ce serait un transistor. Il en aurait la forme et en tournant le bouton il restituerait du son. Ce serait un objet un peu plus fun qu'une clef USB. Il pourrait se brancher sur le port USB d'un ordinateur, d'une tablette, d'une TV, d'une box… Il stockerait un max d'archives en fichiers Mp3 venant des radios elles-mêmes (podcasts) et de l'Ina. Stockerait ? En fait il serait capable de proposer la liste de ses propres archives, archives qui seraient stockées dans un petit nuage (cloud) au-dessus de la maison (de la radio, of course). Le tout tournant au wi-fi 24/24 !

Ma p'tite fiction d'amateur doit sûrement pouvoir être confrontée avec la réalité des techniques et projets de développement à venir. Mais j'aimerai bien qu'il existe un projet dédié "Archives radiophoniques", ouvertes, partageables et accessibles at home ! Bon, mes chers auditeurs si vous pouvez abonder ma petite fiction, faites-le illico. Quand à vous les professionnels de la profession dites-m'en un peu plus sur ce que vous savez qu'on puisse commencer à gamberger sur les possibles plus que sur la fiction. Et si l'une ou l'un d'entre vous à un accès direct à l'Ina qu'il veuille bien faire circuler le lien de ce billet de blog.

Voilà donc une occasion de faire "revivre" le transistor avant que la RNT (1) ne l'envoie au musée et autres brocantes de village. Mais juste une dernière chose qu'il ne fonctionne plus avec des piles mais à l'énergie solaire.

(1) Radio Numérique Terrestre

samedi 12 novembre 2011

RNT dans l'air…



Dans une brève en page 30 du supplément Télévisions (1) du Monde (vous savez la fameuse page radio) nous apprenons que " Le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti) et le groupement Les Indés Radios lancent une " semaine de la radio numérique pour tous ", qui se déroulera du 11 au 19 novembre. L'occasion de remettre la radio numérique sur l'agenda du gouvernement et du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). " La RNT est déjà dans le Grand Lyon, pourquoi pas partout en France ? Les radios indépendantes soumettent cette question au débat public, en pointant le blocage de ce projet par quelques groupes de médias audiovisuels ainsi que l'inertie des pouvoirs publics. " Une campagne de publicité radio et presse écrite soutiendra cette semaine."

(1) 13/14 novembre 2011

Radio-répondeur-(bip-bip-bip)



Il existe un outil de communication qui n'aurait jamais du croiser la radio : le répondeur ! Pourquoi ? Parce que ça crachouille, que les propos rarement fluides, hésitent, bafouillent, et que c'est un avatar de la participation interactive (sic) de l'auditeur… Quand c'est utilisé à des fins promotionnelles et démagogiques c'est carrément minable ! Il en va ainsi du télérépondeur (sic) du grand direct des médias (Europe 1) où chaque jour Morandini écoute béat les remarques de M. et Mme Michu sur l'émission-de-télé-qu'ils-sont-en-train-de-regarder-et-qu'il-serait-temps-d'arrêter-Delarue-par-ce-qu'-au-moins-avec-Thalassa-on-s'évade ! Doit t-on comprendre que Delarue arrêté il lui faudra passer par Thalassa pour s'évader ? Les messages de ce répondeur passent à la radio (privée) pour parler de télé, pour ne rien en dire, pour flatter très souvent l'animateur qui ricane.Stop !

Dans un autre esprit Mermet (1) a 'inventé" le répondeur pour fédérer ses Auditeurs Modestes et Géniaux (AMG) qui, d'un bout à l'autre de l'hexagone, peuvent enfin connaître les dates des "repaires" locaux (2) (au café Pilpoil de Macon les Gonesses par exemple), ou entendre les- témoignages-nombreux-pour-dire-qu'on-en-peut-plus-de-toute-cette-misère-et-qu'il-va-bien-falloir-un-jour-que-ça-cesse-! Ce temps d'antenne du répondeur-tunnel peut en "manger" jusqu'à 20mn quotidiennes. Mermet n'envoie son générique qu'après et il ne reste alors plus que 30 ou 35mn de documentaire à écouter. Même si l'humour, la dérision, l'analyse technique (ou sociologique ou philosophique) voire même le bon sens émaillent de temps en temps le propos, c'est lourd, très lourd et on est, dans la forme, très proche du "café du commerce" et cela n'a plus rien à voir avec la création radio que Mermet défend (ou défendait) !

Plus surprenant France Culture a introduit en son cénacle cet outil désuet alors qu'on eût pu imaginer du Live Tweet (3) à tour d'oiseau, du mèl, du chat. Ben non, Laporte a choisi le répondeur sans doute pour faire le pendant "simpliste" à l'armée mexicaine de ses "critiques spécialisés" (4) qui l'accompagne chaque soir. Bien sûr pour nous mettre en situation de répondeur - honte à la radio qui joue la médiocrité de ce son-, le bip qui sépare chaque message est présent. Sauf que bientôt plus personne n'écoutera ce type de répondeur "classique" et que l'environnement sonore pour le signifier sera surjoué (voix d'outre tombe ou suraïgues, crachouillements, parasites et autres verbiages triviaux). Quelle modernité ! Alors qu'un Martel nous impose ses Live Tweet et autres #hastags softpowerisés (5), Laporte le joue rétro, désuet et surtout démagogique !

Soyons justes je n'écoute pas la Dispute mais pour ce billet j'ai écouté plusieurs répondeurs de l'émission. Laporte est sûrement dans une démarche d'installation de répondeur contemporain, ça ne mange pas de pain, ça amuse la… galerie (d'art du même nom), peut-être un peu moins les auditeurs…

(1) Là-bas si j'y suis, France Inter, lundi au vendredi, 15h
(2) Appelation d'Origine Contrôlée des auditeurs qui prolongent l'esprit de l'émission en confrontant des points de vue sur des sujets,
(3) Sur le site de micro-blogging Twitter,
(4) voir sur le site de l'émission,
(5) Soft Power, France Culture, le dimanche à 19h, émission en Live Tweet où les auditeurs twittos interviennent en temps réel sur le "fil " de l'émission #Softpower.

vendredi 11 novembre 2011

Sous les moustaches… la poésie.



Voilà le joli titre que Les greniers de la mémoire (1) ont trouvé pour l'insoumis Georges Brassens. Quand on croit en avoir fini avec le sétois on découvre dans ces archives ce qui se cache encore derrière ses moustaches "vivantes". L'engagement personnel, la chanson, et surtout la tendresse à fleur de peau. Il faut revenir à la parole de Brassens qui accompagne si bien le bonhomme et fait voler en éclats clichés et autres calembredaines. Aujourd'hui 11 novembre, après avoir écouté Brassens il ne sera pas trop tard pour l'entendre chanter "La guerre de 14-18". Juste pour se souvenir autrement de l'infamie !

(1)  France Musique, le samedi à 17h30, par Karine Le Bail, 22 mai 2005, rediffusion par l'Ina,

jeudi 10 novembre 2011

Radio-Carambar…

Heureusement à France Musique ils ont eu l'humour de créer Le casque et l'enclume (1) en se rendant compte "après coup" (2) que ça pouvait être un clin d'œil au Masque et la Plume ! Bravo pour le clin d'œil nous ne tarderons pas à écouter Lionel Esparza. Le Masque et la Plume (MELP) s'enorgueillit de durer et ses nouveaux animateurs en ont fait beaucoup pour fêter ses 50 ans (3) et pour faire accroire que le Masque d'aujourd'hui est aussi subtil et érudit que celui d'hier. Il paraît même qu'il reste des auditeurs des origines (4) et que les autres ne tarissent pas d'éloge. Cesse-là oui ! Sauf que fallait pas écouter Bory et Charensol les duettistes merveilleux du MELP dans la séquence de réécoute que nous propose l'Ina cette semaine.

Ce n'est pas un critère de qualité que de considérer que seuls les 56 ans d'émission vaudraient label. Et simplement quand il n'y a pas/plus d'esprit, trop de conversation intra-parisienne, de la promo qui pèse des tonnes, un écrivain-journaliste-animateur-de-radio-absolument-pas-inféodé-aux-éditeurs-ni-à-la-presse, on peut changer de chaîne non ? C'est ce que j'ai fait !

Je me souviens qu'un jour invité de TF2 (sic) Antoine Riboud (5) avait exhibé de sa poche de costume un Carambar avec un sourire gourmand, fier de valoriser ce petit bout de caramel. Mais si l'emballage était le même, le petit morceau de caramel avait fondu et le prix décuplé. La belle affaire : le même bonbon, le même goût (pas forcément les mêmes ingrédients) mais plus grand chose à se mettre sous la dent ! Pareil pour le Masque et la Plume, plus grand chose à se mettre sous l'oreille. Dommage !

Il semble qu'en radio on garde en vitrine quelques figurines, bons petits soldats et chromos défraîchis pour faire voir (écouter) la différence. Et justement la différence d'avec l'original s'entend beaucoup, vraiment beaucoup trop !
(la suite et la fin demain)

(1) Lionel Esparza, le vendredi à 12h30,
(2) cf conférence de presse du 30 août 2011,
(3) en 2005,
(4) créé en novembre 1955,
(5) Pdg de Danone/BSN.

mercredi 9 novembre 2011

Auprès de mon arbre…

Il n'y a pas que Georges Brassens… ! Il y avait lors d'une Matinée des autres (1) un homme que l'on connaît par la voix et sa passion des plantes, Jean-Marie Pelt (2). Ce formidable pédagogue esquisse au cours de cette émission "La mythologie de l'arbre" et un moment nous replonge dans ses émissions d'Inter où sa façon si limpide d'expliquer nous donnait presque envie de devenir herboriste, écologue, ou jardinier (3).

Désolé pour les caciques du "faut faire avec son temps" je ne me fais pas à cette maladie virale et contagieuse qui gangrène les émissions petit bout de chronique par petit bout de chronique. Si cette façon donne du travail à pléthore de pigistes elle finit par rompre le fil de l' émission écoutée et sur le mode de la télévision incite au zapping mental permanent.

Le temps donné au sujet par "La matinée des autres" est savoureux et, l'émission comme toutes celles de la série un formidable moment d'érudition. C'est donc si difficile de shunter quelques chroniques de conversation ou de logorrhée verbale qui n'en finissent pas d'agacer l'esprit, pour retrouver au détour d'un matin ou d'un après-midi le partage du savoir ?
(à suivre demain)


(1) France Culture, 23 janvier 1990 par Marion Thiba,
(2) Président de l'Institut européen d'écologie,
(3) Histoires de plantes, France Inter, 1985-1987.

mardi 8 novembre 2011

La radio au tribunal…

Le président : C. Villers

Josiane Balasko donne souvent le meilleur d'elle-même avec légèreté (sic) et bonne humeur. Elle avait toute sa place au Tribunal des Flagrants Délires le 26 octobre 1982 (1), face à un Claude Villers jovial, perfide et… bon enfant, un Desproges au fait de son art du sarcasme et un Luis Rego trublion et facétieux. Dans cette très bonne parodie de justice, chacun joue sa petite partition mais aucun ne vient vendre sa salade. L'émission est fluide, les différentes séquences s'enchaînent comme au… tribunal et le chanteur ou la chanteuse qui vient chanter passe aussi à la moulinette puisqu'il est le témoin à charge ou à décharge de l'accusé(e). Claude Villers prend vraiment du plaisir et son équipe adhère à ce parti-pris qui régalait les fins de matinée d'Inter à l'époque charnière d'un "changement de société"… assez profond. (2)

Pour ce qui va suivre, levons l'équation pénible du "c'était mieux avant" et de "radio nostalgie". Un peu facile de toujours nous renvoyer dans les cordes de ces assertions qui permettraient de ne jamais mettre en regard des émissions passées avec "ce qui se fait aujourd'hui". Marre et plus que marre d'avaler les couleuvres au titre de la "modernité" ou des tendances. Tendances de quoi ? Au relâchement perpétuel et à la chronique… chronique ? Aux apparences (effet TV) ? À la notoriété plus qu'à la qualité ? À l'effet d'annonce permanent et à l'évènement créé seconde après seconde ? "Je me marre" aurait dit Jean Yanne devant autant de bouffonneries ! La radio se dilue et se noie dans le maelstrom médiatique avec les mêmes codes imposés par les communiquants comme s'il s'agissait d'être dans un état permanent de "vendre sa salade" ou d'atteindre vaille que vaille la gloire d'avoir un Solex… à 50 ans ! 

Ce qui est croquignolesque c'est quand ce ne sont pas les journalistes qui font des rapprochements hâtifs et faciles "cela s'inspire du Pop club de José Artur…", ce sont les chaînes elles même qui "vendent" leurs nouvelles émissions sous le parrainage tutélaire des grandes anciennes. On a ainsi pu lire qu'Isabelle Giordano créait sur France Inter "Les Affranchis" dans l'esprit, entre autre, du "Tribunal des flagrants délires". J'ai écouté et me suis pincé. Pour remplacer "Le fou du roi" il fallait du lourd, on a "mis la gomme", forcé le concept et imposé à Giordano de relever le défi. Elle a "inventé" la "promo-de-ceux-qui-viennent-se-"vendre" et l'enfilage de chroniques bien calées tendance-tendance. Une vraie révolution créative ! Il serait temps de passer la radio au tribunal des flagrants délits des très mauvaises imitations ou d'une certaine "peine à se renouveler"…
(à suivre demain)

(1) France Inter, 11h30/12h45 du lundi au vendredi, sept 80/juin 81-sept 82/juin 83,
(2) Ce tribunal avec Josiane Balasko est réécoutable ces jours-ci sur ina, séquence magazine,
Voir aussi la mythologie de poche du Tribunal… par Thomas Baumgartner. 

Dans son émission "Déshabillons Inter", le vendredi 9 août 2013, Julien Baldacchino a interviewé Claude Villers pour évoquer le "Tribunal des flagrants délires"…

lundi 7 novembre 2011

Reiser vs Chancel…

Dessin de Reiser

En 1980, Giscard ronge son frein ! Chancel, une des "idoles" d'Inter, aligne déjà 13 ans de Radioscopie et accueille ce jour-là Reiser. J'imagine que le fossé culturel et politique entre les deux hommes est un abîme… Pourtant tout au long de l'entretien Chancel semble compréhensif des choix que revendique Jean-Marc Reiser (1) : liberté de ton d'écriture, écologie, changement de société, voire même des choix graphiques du dessinateur. Chancel semble bien connaître le "mécréant" et à aucun moment on ne sent d'animosité de la part de Reiser à l'égard d'un Chancel plutôt classé à droite et qui n'est pas tout à fait style Charlie-Hebdo (2) .

Je n'avais jamais entendu Reiser. D'une certaine façon "Gros dégueulasse " a maintenant une voix (douce). À écouter sur le site de l'Ina, 58 mn actives (3). Cet entretien situe l'état de la société au tout début des années 80 qui verront Charlie-Hebdo, à la peine (des ventes), s'arrêter en décembre 1981… pour mieux repartir 10 ans plus tard.

(1) Dessinateur 1941-1983
(2) Ou pire le Hara-Kiri qui avec la une "assassine" "Bal tragique à Colombey : 1 mort" avait définitivement enterré le Général de Gaulle en novembre 1970, 
(3) À quelques années lumière de ce que qui est proposé aujourd'hui à 17h sur Inter,
sans "jingle maison" intempestif, sans pause musicale et sans que l'intervieweur ne s'écoute parler.

dimanche 6 novembre 2011

Nova… 30 ans c'était pas tant !


Dans une interview au Monde (1) Marc H'Limi le directeur de Nova dit : "… l'idée d'envoyer, à l'occasion des 30 ans de Nova, trente animateurs dans trente pays du monde pour faire de la radio constitue une nouvelle forme de radio ! J'aimerai aussi relancer un atelier de création radiophonique. J'ai un projet assez avancé dans ce sens."

Le Monde précise : "Le vendredi 11 novembre 2011, il sera 11 heures pendant trente heures sur Radio Nova ! Pour fêter son trentième anniversaire, la station créée par Jean-François Bizot a choisi d'envoyer trente animateurs (et salariés du groupe) en reportage vers trente destinations réparties sur tous les fuseaux horaires de la planète. Depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Groenland, le Japon, le Brésil, l'Éthiopie, le Cap-Vert, la Nouvelle-Zélande, ou encore les Émirats Arabes Unis, chacun prendra l'antenne à tour de rôle, à 11 heures (heure locale). Une expérience un peu folle et très enthousiasmante. Pendant que les figures actuelles de Nova quadrilleront le monde, d'anciennes personnalités de la station reprendront par surprise les commandes de l'antenne (du 7 au 10 novembre)." (2)

(1) Daté du dimanche 6 novembre 2011
(2) Nova30ans.com et Novaplanet.com

ina.fr/radio

Dimanche dernier nous étions au charbon et ce dimanche je vous propose d'écouter quatre émissions d'archive que l'Ina met à disposition sur son site dédié à la radio. Je reviendrai dans les jours qui viennent, séparément, sur ces cinq émissions tant elles disent quelque chose de la radio d'aujourd'hui. À l'écoute :
• Reiser, dans sa Radioscopie en 1980 (France Inter),
• Les dialogues mythiques de Jean-Louis Bory et Georges Charensol dans le Masque et la Plume (France Inter),
• Josiane Balasko au Tribunal des Flagrants délires (France Inter),
• Georges Brassens dans les Greniers de la Mémoire (France Musique),
• Jean-Marie Pelt et la mythologie des arbres dans la matinée des autres de Marion Thiba (France Culture).

Il semble que ces rediffusions durent une semaine (quand débute la semaine ?). Il n'y a pas de player actif pour choisir son programme ou mettre sur pause. Mais pour les avoir écouté toutes les cinq ce samedi je peux vous dire qu'avec chacune j'ai passé de très bons moments de radio, et ça n'a rien à voir avec la nostalgie du "c'était mieux avant "…

samedi 5 novembre 2011

FM… FMR ?


TDF… fête 30 ans de FM en diffusant une radio FM éphémère que l’on pourra entendre, le 9 novembre prochain entre 20h30 et 23h, sur Paris sur la fréquence FM 107.9 et également sur www.weloveradio.fr (nousaimonslaradio.fr pas assez tendance ?). Espérons que cet anniversaire ne sera pas le préambule à la disparition de la FM au seul bénéfice de la Radio Numérique Terrestre ?

vendredi 4 novembre 2011

Topor de rire… de joie Dominique.









Drucker aurait-il invité Topor (1) ?  On connaît la réponse, passons ! Claude Dominique, la géniale et rieuse Claude Dominique l'a fait (2) et la bande (magnétique) qui traînait dans un trou de souris est arrivée jusque sur l'étagère de Mermet (3). Le 31 octobre 2007 il diffuse ce petit bijou dans Là-bas si j'y suis (4). Heureusement le player (bien fait) de la-bas.org permet de sortir du bric-à-brac "répondeur-amg-cuba-corse-cnr" (ouf!) et d'écouler Roland et Claude en totale complicité surréaliste. À l'occasion de la parution des "Mémoires" du dit Topor (5).

Cet interview n'a rien à voir avec le sirop que font dégouliner des animateurs de radio qui aiment tant se donner à voir à la télé. Ils sont nombreux sur les chaînes du groupe public à faire commerce de la promotion qui a envahit les ondes et dont ils sont les valets serviles. Claude Dominique a beaucoup préparé son interview, court, furète et s'arrête entre toutes les strates de vie de Topor avec, comme en permanence, un sourire complice et joueur. Il faudrait vraiment une chaîne du groupe public dédiée aux Archives pour que de telles émissions irradient les ondes.

(1) Michel Drucker anime sur une radio périphérique qui a perdu beaucoup de son lustre, depuis la rentrée, à 10h30 une émission de gaudriole,
(2) Dans une séquence "Les pages rousses du petit Larose" de son émission du samedi après-midi, dans L'oreille en coin, France Inter,
(3) Producteur à France Inter
(4) France Inter, 15h, du lundi au vendredi

jeudi 3 novembre 2011

Juste une mise au point…

Nagra III © Samuel van Dijk/Flickr


Mercredi 20 octobre, Pascal Mouneyres des Inrocks publie sur une page " France Culture délaisse la création sonore". (1) Bigre ! Au 6ème étage de la Maison ronde on a sans doute failli s'étouffer ! Mais bon, quelques semaines auparavant grossièrement Telerama.fr grivoisait le titre de la station sans que l'affaire ait semblé énerver qui que ce soit à France Culture !

Mouneyres s'interroge sur la disparition de l'Atelier de Création Radiophonique (2) et des Passagers de la nuit (3), conclue sur les Ateliers de la nuit (4) en omettant de signaler l'Atelier du son, du vendredi produit par Thomas Baumgartner. Il remet en question le slogan du directeur de la chaîne " Il y a aura plus de création sonore sur Culture", considérant qu'il n'a pas tenu sa promesse.

Aujourd'hui dans le n°831 des Inrocks, le directeur de France Culture, Olivier Poivre d'Arvor, a usé de son droit de réponse ! Il présente sa grille, les détails des Ateliers de la nuit et donne sa vision de la radio " Faire de la radio, ce n'est pas en être l'historiographe, ni même l'archiviste intransigeant et nostalgique ". Et pour enfoncer le clou " Mais c'est être, contre tous les conformismes et toutes les vieilles rengaines, obsédé par la découverte de nouvelles écritures radiophoniques et la place faite à celles et ceux qui les osent."(5)

Mais une question reste à poser, si "nouvelles écritures" pourquoi des Ateliers d'une heure et pas d'une heure et demi ? Quelle justification ? Économique ? Si d'Arvor dans ce droit de réponse vénère producteurs et création radiophonique, il ne peut faire l'impasse sur la réussite des Nuits Magnétiques, de Surpris par la nuit, qui par leur format donnaient une autre dimension au documentaire et une écoute en adéquation avec la fin de journée et/ou le début de la nuit.

(1) L'article ne mentionnait pas l'"absence" de Francesca Isidori et ses "Affinités électives" sur la grille de rentrée !
(2) inventé en 68 par : Alain Trutat (conseiller des programmes d'Agathe Mella, première directrice de France Culture), Farabet (producteur des ACR), puis Smith et Langlois,
(3) Créés par Thomas Baumgartner à la rentrée 2009 pour cinq heures du lundi au vendredi, et passés à 30 mn à la rentrée 2010, plus une fenêtre d'appel tous les soirs à 20h55. Lors de la première saison chaque vendredi était consacré à la "Mythologie de poche de la radio",
(4) du lundi au vendredi, 23h
(5) rappelons que le directeur de la publication des Inrocks est David Kessler (ancien directeur de France Culture) et que Caroline Cesbron responsable de la communication de France Culture vient d'y prendre, hier, les fonctions de chargé du Développement.

mercredi 2 novembre 2011

Émile Franc…


Le culte d'Émile Franc est tenace même s'il a changé de monnaie, même si Lucien est mort, même si c'est un coup permanent à la Jeunesse… passée (1). Il semble toutefois que ce qui plaise encore aujourd'hui soit la simplicité de l'affaire, des questions intelligentes de bonne culture générale, un niveau gradué de difficultés associées aux couleurs de la France, "la foule en délire" pour soutenir les candidats et un Cocorico permanent (à défaut d'un raton laveur). 

Cette émission serait une affaire de "famille". Enfant on écoutait grand-mère ou grand-père redoubler de perspicacité et on s'essayait timidement à répondre aux questions bleues. Devenu adulte on incite sa famille à participer au quart d'heure culturel "que le monde nous envie" et on se déplace dans la ville voisine pour "passer à la radio". L'appât du gain ? Si peu. Le plaisir d'un jeu simple, collectif, qui rassemble et fédère "autour du poste". Même si aujourd'hui le rassemblement est plus dilué que dans les années 6o où les trois grandes stations, Inter, Europe, RTL voire quatre avec RMC organisaient en chapelles bien identifiées la France qui joue et… gagne à jouer.

J'ai en mémoire le vibraphone du jeu d'Émile Franc qui égrène les secondes qui défilent en attendant que le candidat donne sa réponse. Ce son aigrelet, s'il était une "bonne invention" radiophonique, plombait tous les repas de midi de mes vacances d'été, où ma grand-mère faisait tout pour que j'acquière quelques rudiments de culture générale, quand je ne rêvais qu'à filer à la plage le plus vite possible (après la vaisselle) pour saluer les copains. Déjà apparaissait un petit "fossé" générationnel alors qu'Émile voulait franchement rassembler la famille autour de la table et du poste de "radio". O tempora, o mores.

(1) Crée en 1958 par Henri Kubnik pour la RTF, et diffusé aujourd'hui sur France Inter.