mardi 27 septembre 2022

France Culture… du chiffre !

Mercredi dernier, 21 septembre, Libération publiait sur son site web et le lendemain en une, une enquête - à charge - d'Adrien Franque et Jérôme Leffiliâtre, "France Culture, "un système de violence et de soumission" venu d'en haut." L'ambiance délétère dans la chaîne de service public est décrite en trois longues pages où les inter-titres donnent une idée du niveau de détresse et de désarroi qui "plombe l'ambiance" et la sérénité au travail. "On se prend des roustes", "Va mourir, la patronne te hait", "Droit de vie ou de mort sur les émissions", "Des gens très qualifiés s'en vont"… N'en jetez plus la coupe est pleine et déborde ! "Le malaise est énorme". Que devra-t-il arriver pour que des décisions radicales soient prises et que tous les personnels concernés reprennent sereinement le chemin de France Culture ? Que fait Sibyle Veil, Pédégère de Radio France ?







Un début de réponse viendra deux jours plus tard. "Dans un mail interne envoyé vendredi après-midi, la présidente de Radio France, Sibyle Veil, écrit «qu’aucun fait de harcèlement moral n’a été établi», et apporte son soutien à la directrice Sandrine Treiner, tout en annonçant plusieurs mesures pour améliorer le dialogue au sein de la chaîne." (1) 

Extrait du mail envoyé par Sibyle Veil au personnel de France Culture (vendredi 23 septembre) : "… Concernant France Culture, la réalité à ce jour est qu’aucun fait de harcèlement moral n’a été établi. Dans les dernières années, 4 salariés ont saisi la cellule de signalement de Radio France pour une situation en lien avec le comité de direction de France Culture, chacun dans des circonstances différentes. Comme à chaque fois, la cellule a fait son travail avec sérieux, impartialité et en préservant l’anonymat pour regarder les faits et elle a estimé qu’aucun des cas n’était constitutif d’un harcèlement. S’il en était allé autrement, des conséquences en auraient été tirées. Je vous rappelle qu’il y a eu l’an dernier 11 procédures disciplinaires à la suite de signalements de harcèlement.

Un directeur ou une directrice est là pour définir une stratégie et faire évoluer sa chaîne en conséquence. Un directeur ou une directrice est donc là pour diriger, prendre des décisions, arrêter, poursuivre ou faire évoluer des programmes, faire des retours à ses équipes. Il est normal que nos antennes soient guidées par une stratégie éditoriale. Si France Culture réussit si bien, c’est qu’il y a une stratégie et que c’est la bonne. Et ceci, nous le devons à Sandrine Treiner.









"Réussit si bien" quoi ?
Madame Veil montre en quelques lignes que la réussite stratégique est donc au prix de la souffrance, de l'acharnement moral et de l'arbitraire. Devrait s'en suivre "un dispositif de diagnostic et d’écoute". En l'état ce serait donc grâce à la presse qu'un énième dispositif va être mis en place ! Et pourquoi n'a-t-il pas été mis en place dès les premiers signalements de salariés ou de cachetiers ? En assurant Madame Treiner de sa confiance Veil joue un "drôle de jeu", au risque que les développements de l'"affaire" confirment un "management de terreur" et lors, l'urgente impérativité de décisions radicales pour protéger et soutenir le personnel.

Madame Treiner doit posséder le compte Twitter le plus fourni sur les dizaines et dizaines de chiffres qu'elle publie à chaque fois que Mediametrie sort du bois (et il sort souvent). L'autosatisfaction permanente de la Directrice de France Culture n'a d'égal que celle de Laurent Frisch, grand manitou du numérique, de la production et des… chiffres. A minima, il manque à ces deux personnes, "Les lettres". Treiner est persuadée d'en faire le meilleur usage chiffré, Frisch de les prendre au pied de … la lettre.

Où l'on ne cessera de dénoncer qu'en faisant entrer le loup dans la bergerie - Mathieu Gallet, comme Pdg de Radio France en 2014 - le CSA a ouvert la boîte de Pandore. Les effets délétères et collatéraux du management start up nation n'ont pas fini d'aligner les 0 et les 1. Avec une tendance très lourde à multiplier les 0, à désespérer Billancourt et, à marche forcée, délinéariser et plateformiser la radio de flux. Au risque à court terme voir disparaître les sept chaînes publiques assemblées/rassemblées sous une seule radio : Radio France.

(1) Adrien Franque, co-auteur de l'enquête, publie sur le site de Libération "Après l’enquête de «Libé», un dispositif d’écoute ouvert pour les salariés de France Culture", 24 septembre,

lundi 26 septembre 2022

MagMa c'est fini… Je me marre !

Le 29 août je me suis pincé grave. Sur France Inter, à 9h04, après seulement 4' d'entonnoir-info - ce qui ne devait pas être arrivé depuis que le flash de 9h avait fini par s'allonger démesurément (1) -, une nouvelle émission s'insérait dans la matinale rallongée jusqu'à 9h30. MagMa, contraction futée du Magazine de la Matinale. Bien vu ! Animée par Sonia Devillers (ex L'Instant M) ce programme prenait la place de Boomerang animé de 2014 à 2022 par Augustin Trapenard. Patatrac, trois semaines après sa création, l'émission perd son titre et trois minutes de temps d'antenne. Et mettra quelques jours à trouver son titre définitif "L'invité de Sonia Devillers" (2) ¿ Que pasa ? Serait-ce une décision de la nouvelle directrice de la chaîne Adèle Van Reeth ? De la directrice de la rédaction Catherine Nayl ou des deux matinaliers Salamé/Demorrand ? Le saura-t-on un jour ?











Pourtant "MagMa" ça avait de la gueule mais ça n'avait peut-être que la gueule ? Pourquoi un entretien radio de 20' prendrait le titre de magazine ? Un magazine c'est une émission d'info ou de programmes avec plusieurs rubriques récurrentes (3). Devillers elle-même s'est fendu d'un tweet (19 sept) pour sans aucune explication acter ce changement en annonçant comme nouveau titre "le 9h10" !!!!!!! A minima que d'amateurisme pour la première matinale de France. Ce nouveau programme a pourtant du être validé dès le mois de juillet ou quand bien même il ne l'aurait été que mi-août (avant la "rentrée") il est assez surprenant que personne n'est relevé que le titre, à cause de son contenu, était inapproprié.

Devillers jamais en reste pour paraître à la télévision expliquait aux journalistes de "Quotidien", le 2 sept l'importance "depuis trente ans" (sic) d'un titre en radio ! Quoi ? Une fois de plus la journaliste montre sa parfaite inculture de l'histoire du média qui l'emploie depuis plus d'une décennie ! Faudrait-il lui rappeler "Qu'il est doux de ne rien faire quand tout s'agite autour de vous, une anti-émission de France Inter présentée par personne" (1968/1969, José Artur), "L'hippopotame fait des bulles de savon" (1995/1996, Julien Delli-Fiori), "Marche ou rêve" (1976/1978, Claude Villers), "À cœur et à Kriss" (1980/1981, Kriss)… Liste non exhaustive et pour saluer Europe n°1 "De 9h à Bibi" (1967/1968, Maurice Biraud) !











Profitons-en pour signaler que "L'invité de Sonia Devillers" est en tout point conforme à "L'instant M" : les mêmes stars médiatiques, les faits div' qui croustillent, le mélo surjoué, etc… etc… Recevant vendredi dernier, Jean-Noël Jeanneney, ex-Pdg de Radio France (1982-1986), Devillers n'en finissait plus de roucouler. Pour "illustrer" les relations tendues du Pdg avec deux animateurs bien connus "Claude Villers et Pierre Bouteiller", l'animatrice de l'émission envoie deux sons ! Villers pour "Marche ou rêve" (voir les dates ci-dessus) et Bouteiller pour "Le magazine de Pierre Bouteiller" (1979-1981) (4). Pas de pot, ces deux émissions n'ont jamais existé sous la Présidence de Jeanneney et pour cause ! Quand on invite un historien et qui plus est un historien des médias le minimum serait de respecter la "Concordance des temps" (5).

Devillers a perdu son titre et un peu plus de crédibilité pour sa capacité à rendre compte de l'histoire. En mai, recevant Mathieu Gallet, l'ex-Pdg de Radio France, elle annonçait à l'antenne qu'il avait fini par démissionner en mars 2018 quand "tout le monde savait" (et particulièrement à Radio France) qu'il avait été révoqué par le CSA le 31 janvier 2018 ! Une sublime fake news.

Cette indécision sur un titre d'émission est anecdotique. Je n'ai pas souvenir d'un précédent radiophonique ces dernières années. Une émission peut changer de présentateur/présentatrice, de jour de diffusion, de durée mais changer de titre après seulement trois semaines de diffusion, c'est sans doute un cas d'école !

(1) D'au moins deux minutes supplémentaires grignotant d'autant sur les "programmes" toujours à la merci des desiderata de l'info,

(2) Depuis le 19 septembre, annoncée à 9h10 et qui démarre à 9h08, précédée d'une chronique supplémentaire "La chronique médiatique" par Cyril Lacarrière qui ronronne et ressasse ce qui bruisse déjà partout ! 
(3) Dont le maître incontesté restera sans doute Pierre Bouteiller avec "Le magazine de Pierre Bouteiller" dès la rentrée de 1969 et pendant de longues années sur France Inter,

(4) Ces deux années là le "Magazine" est diffusé de 18h10 à 19h,
(5) Émission hebdomadaire de Jeanneney, le samedi à 10h sur France Culture, depuis la rentrée 1999, 

vendredi 2 septembre 2022

La relève à Radio France… mais la relève de qui ?

Sibylle Veil, Pédégère de Radio France est beaucoup plus moderne que Mathieu Gallet (ex). Ce dernier, à défaut de savoir gérer une entreprise publique, était adepte de la méthode Coué qui, comme l'histoire le montrera ne lui a pas réussi. Veil, beaucoup plus dans l'air du temps fonctionne au mantra. Pour cette nouvelle saison elle agite deux mots censés changer le cours de l'histoire radiophonique : la relève, le tournant. Des mots de communication parfaits pour exciter les médias et, par effet domino, tomber dans les oreilles des tutelles : Bercy (Finances) et Valois (Culture).

La relève du menhir à Plabenneg (29)










Madame Veil qui, pour la Conférence de Presse de rentrée, a choisi, pour une fois, de sortir de ses postures statiques et tenter (sur l'estrade de l'agora de Radio France) d'être punchy, assume le mot relève, quand les quelques noms de jeunes cités font pâle figure face aux ténors du micro bien installés sur les chaînes de France Inter, France Culture et France Musique. Mais, au risque de mal connaître la radio, si relève il y a ce sera pour la prochaine saison (23/24). Que ce soit une volonté de la Pédégère c'est une chose, mais il aurait été judicieux de mettre, dès ce mois de septembre, en actes un mot, une idée, un projet. Or comme c'est le cas à Radio France depuis 2014 (1) la communication tient lieu d'action.

Et, comme un mantra, Madame Veil n'aura de cesse de machouiller relève toute la saison radiophonique, au risque pour l'auditeur (attentif) d'imaginer, qui sait, qu'elle prépare sa propre… relève ! Oui car toujours dans la com' la Pédégère a choisi de faire durer le plaisir du suspens pour annoncer sa décision de postuler à sa succession ou de jeter l'éponge. Sa dernière annonce sur le sujet précisait qu'elle informerait - le monde entier - en septembre ! On y est ! Elle a pris soin au passage de rappeler qu'elle est contre la fusion des audiovisuels publics et qu'en l'absence de visibilité d'un projet de gouvernement sur le sujet elle en tiendrait compte pour décider. Dont acte !

Et si, comme par hasard, La relève et Le tournant étaient la base de son futur projet stratégique pour les cinq prochaines années (2023-2028) de gouvernance de Radio France ? Son effet d'annonce prend les marques et devance de quelques têtes les prétendants au poste qui, comme elle, ne savent pas ce qu'il va advenir des audiovisuels publics au cours du mandat présidentiel d'Emmanuel Macron (2022-2027). Particulièrement puisque C.A.P. (Contribution à l'Audiovisuel Public) jetée aux orties, aucune formule de remplacement n'a été définitivement actée.

Quant au Tournant vous en trouverez ci-dessous les principes. Mais, comme ça, au débotté, La relève, le tournant ne ressemblent-ils pas à des incantations politiques, de programme politique ? De là à imaginer que quelques politiques aux affaires aient pu influencer la politique managériale de Radio France il n'y a qu'un pas que… je ne franchirai pas !












(1) Depuis l'arrivée tonitruante de Mathieu Gallet en mai 2014,