lundi 29 juin 2020

Baudrier vs Veil : l'éthique et le toc…

Fallait pas ! Fallait pas que j'aille réécouter sur Madelen la Radioscopie de Jacqueline Baudrier (1), journaliste et première Pédégère de Radio France (1975-1981). Fallait pas car je savais que ça ferait très mal. Comment oser comparer Baudrier qui vient du sérail (ex-directrice de la rédaction de France Inter) et un produit de l'énarchie dépourvu de la moindre sensibilité pour la question radiophonique ? La communication superfétatoire de l'actuelle Pédégère cache mal ce qui attend le personnel des sept chaînes de Radio France à la rentrée. Pour l'instant "Faisons comme si" pensent ensemble direction et directeurs de chaîne, les grilles d'été masquant mal une catastrophe annoncée.


À cette agression caractérisée d'un lieu médiatique
(jeudi 25 juin 2020)
Madame Veil n'a pas jugé utile de manifester
sa plus haute réprobation !























Je ne me suis pas encore remis de l'absolue médiocrité de sa prestation dans le talk de Yann Barthès sur Quotidien la semaine dernière. Journalistes médusés et hagards, débatteur flagorneur, éléments de langage estampillés "langue de bois/méthode Coué", zéro info, mépris pour les auditeurs du service public, prospective inexistante soit l'équivalent de cette photo pipole qui ne montre que le vide sidéral de la pensée et de l'incarnation pourtant indispensables à un tel niveau de responsabilités !

Juillet et août vont être différents mais, pas un seul média n'a eu envie d'interpeller Veil pour lui demander autre chose que les miyons et les miyards, les podcasts natifs et les quelques vedettes (toujours les mêmes) qu'elle met en avant ! Qu'advient-il de sa façon d'avoir "syndiqué" d'autorité les France Bleu pendant le Covid ? Combien de temps va durer la comédie du double langage pour la fermeture des locales de Fip et des sessions d'info sur la chaine ? Quid de la plateforme Frisch (2) qui devait bouleverser la façon d'écouter la radio publique ? Quid encore de l'ouverture de France Bleu Lyon, serpent de mer inventé par Hees, cajolé par Gallet et poursuivi par Veil ?

Jusqu'à quand les médias vont se satisfaire du "on produit tout nous-même" quand les studios de production privés sont à l'affût derrière les grandes baies vitrées de la maison de la radio prêts comme jamais à coproduire ? Pourquoi la fin de Sophia n'intéresse-t-elle aucun média ? Il y a pourtant du pluralisme et du service public avec cette entité. Pourquoi a-t-elle mis tant de zèle avec Delphine Ernotte à "marier" France Bleu et France 3, sans qu'aucune autorité ne l'ait imposé ? Pourquoi le silence est total sur l'alerte orange qui concerne France Bleu ? Pourquoi cette pantomime autour de la musique et cet affichage sur la tour de Radio France quand France Musique, Fip et Mouv' sont menacées d'une mutation inexorable vers le web ?


Écran du talk "Quotidien" repris sur le fil Twitter
de Sibyle Veil














À la rentrée Madame Veil s'appuiera sur la crise de la presse, celle des médias audiovisuels privés (Altice, RTL,…) et sur l'injonction gouvernementale à redistribuer ses aides financières en fonction des priorités sanitaires et économiques vitales et disposera alors d'un boulevard pour faire passer la pilule de son projet de réorganisation : départs volontaires, transformation des directions et des hiérarchies managériales, nouvelles méthodes de travail (télé-travail), etc, etc. 

Pendant ce temps le rouleau-compresseur Spotify, que dis-je les cinquante ou cent rouleaux-compresseurs en ligne (en ligne comme les moissonneuses-batteuses du middle-west ou d'Ukraine) écrasent tout sur leur passage et captent un public de plus en plus en phase avec ses offres ! Laurent Frisch peut toujours nous annoncer (pour demain, après-demain, après-après demain) l'évolution radiophonique, la révolution c'est Spotify qui la mène. Frish et consorts n'auront bientôt plus que Lisieux pour pleurer !

Puisqu'on parle de Lisieux, j'oubliais, pourquoi personne ne demande à Sibyle Veil à quoi va jouer le directeur de franceinfoTV, Laurent Guimier ? Là encore les gros sabots de l'intéressé, la maladie du zèle d'acter la holding avant même sa création (et quand bien même son abandon) laissent présager une… fusion. Pour aller où ? À la radio ou à la TV ? Devinez ? Il ne faut pas être grand clerc pour imaginer une OPA cousue de fil blanc !

Alors si avec tout ça la radio d'État vous tente encore, faites-vous plaisir. Je suis non seulement très pessimiste mais encore bien plus, désabusé ! Une machine infernale a été lancée et on ne voit pas qui ou quoi pourrait stopper sa course folle ? Nous serons en septembre ou en octobre mis devant le fait accompli (3) ! Alea jacta est

Plutôt que de twitter de façon conventionnelle les 40 ans des premières locales : Fréquence Lille, Radio Mayenne, Melun FM, Madame Veil aurait été inspiré de nommer Jacqueline Baudrier qui, avec ses équipes, avaient "inventé" en 1980, les radios locales de Radio France. Communication de circonstance, une fois de plus désincarnée et glaciale ! Rideau !

(1) 6 janvier 1976, un an après sa prise de fonction Baudrier répond à un intervieweur lourdingue et sexiste, quand elle est subtile, délicate et convaincue !
(2) Laurent Frisch, directeur du numérique et de la production,
(3) Le 8 juillet à 9h30, Veil sera reçue par la Commission Culture de l'Assemblée nationale, en audition pour le point annuel du Contrat d'Objectif et de Moyens, 

mercredi 24 juin 2020

Pendant la crise la Pédégère de Radio France parade à la TV…

Comment le spectateur du talk "Quotidien" (TMC, 19h30-21h15) n'a pas, lundi dernier 22 juin, fui l'antenne en voyant apparaître Sibyle Veil, Pédégère de Radio France ? Lisse comme à son habitude, "ailleurs" qu'à la radio, en représentation sans incarnation, Veil est venue répondre à la flatterie d'un Barthès (visiblement fasciné et ayant perdu son mordant habituel) et débiter des phrases toutes faites, une roucoule rodée et sans saveur, une com' pour vendre la dernière station balnéaire ou les p'tits gateaux bio de l'apéro. Julien Bellver, le journaliste média de l'émission, n'a pas communiqué comme à son habitude, hier mardi, les chiffres de l'audience.



Veil est donc venue confirmer qu'on venait d'installer quelques ampoules de couleur sur la tour de Radio France inscrivant "Maison de la radio et de la musique". Soit affirmer le temps d'un été, ce que d'aucuns pourraient réfuter (elle n'est pas la seule), Radio France s'engage pour la musique… Plus didactique y'a pas ! Et depuis quand la radio a besoin d'écrire sur les murs ce qu'on peut entendre sur ses antennes ? L'idée est simple il faut partout dire "on est là, on est avec vous (les Français, les artistes, les chanteuses,…), on est les meilleurs". C'est bon pour les tutelles, la Sacem et la gloriole. Méthode Coué au sommet.

Le mutisme de Bellver face à autant d'auto-satisfecit est pathétique ! Pourtant le journaliste média avait de nombreux sujets sur lesquels Veil aurait pu disserter ! Mais le principe de l'émission veut que la castagne soit toujours mise en scène sans que les protagonistes soient présents (1). Bellver aurait pu l'interroger sur l'Alerte Orange que vient de rendre publique la C.G.T., sur la façon dont l'ensemble du personnel allait pouvoir réintégrer la Maison à la rentrée, sur la détresse de toutes celles et ceux qui, crise sanitaire oblige, ont été isolés et démunis. Sur la fin totale de Sophia, sur la fin des locales de Fip, sur le serpent de mer de France Bleu Lyon, etc.

Comme Saint-Louis sous son chêne…
Sibyle Veil, magnanime et habile, a décidé de façon unilatérale, à défaut de rendre la justice, de renvoyer à la rentrée les négociations concernant la réorganisation de Radio France. C'était le 26 mai dans les colonnes du Figaro. À cette date, cinq semaines avant les congés d'été, on voit mal comment il put en être autrement. Coup de com' qui pourrait laisser croire aux benêts que Veil a voulu donner du temps à un projet qu'elle n'a de cesse de vouloir imposer contre leur gré à un personnel, inquiet et désemparé devant les perspectives présentées depuis un an, bouleversant les fondements même de la radio. Com' d'hab' Veil hors-sol, hors-radio, est au garde à vous des décisions politiques qui, suite à la crise sanitaire ne manqueront pas, d'ici la prochaine rentrée, d'impacter très lourdement la radio publique.

Les exemples de la presse (papier et web), des radios et télés du Groupe Altice, en déconfiture absolue donneront des ailes à Veil pour inciter les personnels de Radio France à la "(dé)raison". Les injonctions du gouvernement envers les services publics risquent d'être imparables et Veil aura alors un boulevard de soutien pour engager son plan de réorganisation et plus si affinités. La visite de la Pédégère à Quotidien était juste une opération de com'. Minable, pathétique et superfétatoire !

(1) Les saillies souvent drôles de Barthès en début d'émission ou pendant le "Morning-Glory". Demander à Veil si elle se voyait patronne d'une holding audiovisuelle alors que France Médias est dans les choux, c'était cocasse pour ne pas dire "à côté de la plaque" !

mardi 23 juin 2020

Casser la voie…

Au fil de l'eau, il y a trois semaines on apprend, au détour d'un détroit, que Majelan c'est fini ! Patatrac ! La façon d'agrégation (coulos), l'attrappe-tout du podcast du moment, la re-diffusion (non autorisée) de podcasts (par exemple ceux de Radio France), c'est fini ! Rideau ! On remballe la camelote. On passe à autre chose. Sans autre forme de procès. Enfin si, les deux créateurs de la start-up, Arthur Perticoz et Mathieu Gallet, se sont fendus d'une communication subtile. Ils ont produit un… podcast. Étonnant, non ?

Un autre Magellan













Après avoir annoncé sur tous les toits qu'ils allaient devenir, sans rire, "le Netflix du podcast", Filochard et Ribouldingue, les joyeux pieds nickelés de la gaudriole, se sont pris une veste magistrale. Les miyards d'abonnés ont fui sous d'autres agrégats, les actionnaires ont psalmodiés unanimes "Adieu veaux, vaches, cochons, couvées, thunes…" et le reste des Français a continué à se taper sur les cuisses. De joie.

Sans blague ! On a eu beau faire le beau au cabinet d'un ministre, présider l'Institut National de l'Audiovisuel et Radio France, avoir été révoqué par le CSA, ça ne suffit pas à s'improviser marchand de cravates dans un parapluie au carrefour des boulevards St Germain et St Michel. Gallet si. Il y croit. Dur comme fer. Mais le fer (à dix sous) c'est pas cher comme le disait sans rire, Bourvil, un vrai comique, lui. 

Le podcast de fin de partie s'appelle "Le 7 juillet, nous lançons une nouvelle application". Ça donne envie non ? Préparez-vos mouchoirs ! Avec un ton (il n'a jamais su l'avoir) de misère, les gaziers nous expliquent comment ils vont nous vendre du développement personnel. Le développement personnel de qui ? Le leur ? Le leurre. Faudrait vraiment rien avoir à foutre d'autre pour tenter (et croire) se développer juste par les effets subliminaux de la voix. Autant prendre sans compter une bonne rasade de l'élixir de l'abbé Soury, sinon c'est 20' de foutues à écouter des sornettes !

Justement la voix. Non content de chambouler Majelan dans ses fondements, Gallet publie, il y a quelques jours, quelques feuillets "Le nouveau pouvoir de la voix". On reste sans…* C'est marrant dans le titre c'est surtout le mot "pouvoir" qui retient mon attention. Car franchement on n'a pas attendu les mantras du chef d'entreprise (sic) pour, depuis les origines du monde, être convaincus des pouvoirs merveilleux ou maléfiques de la voix.

Quant à la sienne de voix elle ne compte pas. Il lui faudra trouver autre chose pour tenter d'attraper les mouches et peut-être enfin trouver sa voie !

* L'éditeur contacté affirme qu'il n'y a pas de faute d'orthographe dans le titre. C'est bien voix qu'il faut lire et non "voie" comme je l'avais entendu(e) !

lundi 22 juin 2020

Zorro est arrivé : changements à la tête de la chaîne…

Lundi dernier, 15 juin, la commémo de l'Appel du 18 juin 40 n'est pas dans les radars des médias. Brouillard total. C'est ce moment, sensible et creux, qu'a choisi Delphine Ernotte-Cunci, Pédégère de France Télévisions, à deux mois de la fin de son mandat, pour faire des nominations stratégiques. Un peu comme si, inquiète du renouvellement de son mandat fin août, elle voulait placer quelques personnes pour continuer à faire le job ! Quel job ? C'est ce que nous allons voir. Les médias participent des mêmes intrigues que les politiques. Avant un remaniement, une cohabitation, les ministres et autres secrétaires d'État placent leurs affidés à des postes où ils seront assurés de ne pas être tout de suite au chômage. Et/ou continuer l'"œuvre" entreprise.



14 juin. Sur son fil Twitter, Caroline Sallé, journaliste au Figaro poste : "Franceinfo: changement à la tête de la chaîne. Laurent Guimier remplacerait Alexandre Kara". Je relis trois fois le tweet. Alexandre Kara. Qui c'est ça ? France Info, mais laquelle, radio ou TV ? Voilà déjà une preuve, s'il en était besoin, de la confusion possible entre les deux chaînes de service public, dédiées à l'info en continu. Jamais entendu parler d'Alexandre Kara ! Faut dire que je ne regarde pas la TV, et encore moins les chaînes d'info en continu, et encore moins celle créée du seul fait du Prince (François Hollande, Président de la République, 2012-2017). À l'époque Laurent Guimier, nommé par Gallet en mai 2014, directeur de France Info, participe à l'élaboration de cette chaîne, dont les audiences quatre ans plus tard sont toujours aussi confidentielles, laissant caracoler loin devant BFMTV dans bon nombre de foyers français.

Le 17 juin, dans leur article du Monde (1), Sandrine Cassini et Aude Dassonville écrivent : "L’idée, cette fois, est de renforcer les liens avec Radio France. «Multiplier les coopérations, faire jouer les synergies et fluidifier les relations, c’est l’une des missions que j’ai confiées à Laurent Guimier» [dixit Delphine Ernotte, ndlr], confirme Yannick Letranchant, le directeur de l’information de France Télévisions." Bigre ! Il ne s'agirait plus d'être seulement directeur de chaîne mais en plus de devenir l'ambassadeur de FTV ? (2). En faisant jouer les missi dominici à Guimier Ernotte court deux lièvres à la fois. Donner des gages au gouvernement (et au CSA) de sa volonté de coopération serrée avec un partenaire de l'audiovisuel public. Être à l'initiative d'une préfiguration d'une "petite holding" audiovisuelle, en attendant le grand soir où France Médias sera enfin sur les fonds baptismaux d'une loi audiovisuelle (3). De ce fait le CSA serait inspiré de reconduire Mme Ernotte-Cunci dans ses fonctions, n'est-il pas ?

Dès mardi dernier, jour de sa prise de fonction, le fougueux nouveau patron de France Info (pour France Télévisions) annonce au Monde avoir «déjà pris contact avec les autres partenaires de l’audiovisuel public : Radio France, France Médias Monde et l’INA». Après quoi Guimier court-il donc si vite ? Directeur de France Info (radio, 2014-2017), vaguement n°2 de Radio France (2017-2018) se voit, à défaut d'avoir su refaire Europe 1 (2018-2019), missionner pour tenter refaire l'ORTF ! Ben si, "refaire travailler ensemble radio et TV" c'est refaire l'ORTF période avant son éparpillement façon puzzle par Giscard en août 1974 (4). Sera toujours temps avant la fin du Macronat ou sous un prochain régime, d'associer FMM et l'Ina.

Les zélées Veil (Pédégère de Radio France) et Ernotte avaient anticipé la loi (fermeture de France 4 et France Ô, rapprochement France Bleu/France3) et s'étaient préparées à la holding. Les organigrammes virevoltaient dans tous les sens pour que chacun y trouve son compte et en soit. Malgré ce qu'annonce sur son fil twitter une journaliste de France Inter, Vanessa Descouraux (5), la "petite holding" va permettre de placer amis, relations, influenceurs et bétonner l'organigramme d'un futur France Médias, genre répétition grand modèle, avec vedettes et figurants.

Pour cela Guimier sera parfait. Se croyant important et indispensable, il pourra multiplier intrigues, chausse-trappes, roucoule, du même tonneau que ses prestations, sur Europe 1, où, dans "Les pieds dans le plat" quand le journaliste répondait aux facéties de Cyril Hanouna. Sans doute la façon la plus subtile que Guimier avait trouvé de rapprocher programmes et information. Autant dire que nous allons suivre de pied ferme les tribulations de cet avatar médiatique, prêt à tout pour refaire radio et TV d'État… comme était qualifiée l'ORTF en 1968 ! Et surtout pourquoi Ernotte l'envoie, lui, au front pour formaliser rapprochements TV et radio ?
(À suivre)

(1) Nominations stratégiques à France Télévisions,
(2) En l'état, la mission dévolue à Guimier ne précise pas s'il s'agit de France Info ou si cela concerne l'ensemble du groupe !
(3) La crise sanitaire du Covid-19 a eu raison de la loi audiovisuelle qui devait (à l'automne prochain) voir la création d'une holding associant Radio France, France Télévisions, France Médias Monde et Institut National de l'Audiovisuel,

(4) Loi du 7 août 1974 qui voit la dissolution de l4ORTF en 7 sociétés distinctes : Radio France, TF1, Antenne 2, France Régions 3, Société Française de Production, Télé Diffusion de France, Ina, 
(5) Suite à l'article de Télérama (19 juin) annonçant l'abandon de la loi audiovisuelle. "Pensées émues aussi pour les cadres qui n'avaient pour objectif que de briguer une belle place dans la holding. Sorry les chatons."