samedi 31 août 2013

C'est demain dimanche...

 










En attendant ce jour dominical, écoutez en streaming ou en podcast le dernier "Boulevard des italiens" de Laurent Valero sur France Musique. Puis demain matin, ayez une puis deux oreilles pour Raphaël Kraft, qui dans "Interception" (2) a filé jusqu'aux Chagos (3). Pour une fois il ne semble pas que Kraft ait réalisé son documentaire à vélo, mais au coeur d'une île habitée autrefois par ceux dont l'exil fût tu. 

Bonne nouvelle de la rentrée, Alexandre Héraud a quitté son studio de nuit (4) pour aller courir la France le dimanche à 16h sur France Inter. Avec un titre auquel il aurait été judicieux d'ajouter des points de suspension, "Il existe un endroit" devrait nous faire découvrir des petits bouts de France à l'abri des pom-pom girls, des miss, labels de tout poil, réserves d'indiens et autres vrais-faux lieux ZAU-THEN-TIQUES. Je dis ça parce que je connais le Héraud qui semble revenir à ses premiers amours de "Tintin-reporter en Amérique latine". Souhaitons-lui de bons séjours dans ces "Pays d'Ici" (5).

On se retrouve lundi à 8h30 pour une série de quatre billets 
concernant les 50 ans de France Culture.

(1) De 7h à 9h, 4ème épisode,
(2) France Inter, 9h10,
(3) "C’est l’histoire des Chagos, un archipel de carte postale, un point sur la carte du monde quelque part dans l’Océan indien juste au sud des Maldives.",
(4) Ouvert la nuit, France Inter, 21h-23h, deux saisons depuis la rentrée 2011,
(5) Clin d'oeil très appuyé à Laurence Bloch, chargée aujourd'hui des programmes de France Inter qui, dès 1984, à la demande de Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture, coordonna Le Pays d'Ici, de 1984 à 1997.

vendredi 30 août 2013

Radio Numérique Totale...





Il est surprenant de lire dans la presse (Le Monde, Les Echos) le compte-rendu que
font les journalistes qui ont assisté à la même conférence que vous. Si les propos sont justes, les citations correctes, l'analyse pertinente, il manque juste l'écoute radio qui ne transparaît absolument pas dans ce qu'on lit. Je dirai qu'on pourrait remplacer le mot "radio" par "automobile" et cela pourrait fonctionner. L'analyse des chiffres, des résultats d'audience, des échéances de management masquent ce qui pourrait faire la singularité d'un compte-rendu : apprécier une politique de programmes et d'événements audio à partir de la création que proposent productrices et producteurs.

Il en va de même pour le projet de Radio Numérique Totale, fameux clin d'oeil appuyé pour promouvoir le projet d'intégration de l'antenne du Mouv' à la direction des Nouveaux Médias. Personne ne semble avoir relevé que pour ce projet il s'agit d'une formidable opportunité pour tenter un "tâtonnement expérimental" grandeur nature, en live, ajuster du jour au lendemain, réajuster, changer de modèle, de format, d'animateur. Une sorte de "bain bouillonnant" d'idées à mettre en oeuvre, sans risque d'être obligé de conserver à l'antenne ce qui ne fonctionnerait pas. Depuis le "Club d'essai" de Pierre Schaeffer, et le laboratoire permanent de "L'Oreille en coin" aucune antenne n'avait pu bénéficier "in vivo" d'un atelier de recherche.

Ce nouveau Mouv' appelé Radio Numérique Totale saura t-il mettre en oeuvre ce labo permanent, cette Factory vibrionante d'où pourrait sortir un nouveau concept hybride de radio ET de web ? L'enjeu est là et pas des moindres. C'est vraiment la toute dernière planche de salut pour un Mouv' qui n'en a toujours pas fini de renaître. Le défi est fantastique et excitant pour ceux qui, autour de Joël Ronez, le nouveau directeur de la chaîne, vont s'y atteler. Il y a sûrement à Radio France des tas de gens qui ont des idées et l'envie de participer à cette recréation. Il leur reste quatre petits mois. C'est peu et beaucoup à la vitesse où les temps d'Internet changent sûrement plus vite que ceux du temps du Club d'Essai et de l'Oreille en coin. Que la force soit avec eux !

jeudi 29 août 2013

Une conf' sobre avec du peps dedans…


L'exercice est forcément convenu, long, et quelquefois fastidieux. Cette année les Fipettes n'ont pas chanté, pourtant, Julien Delli-Fiorri, directeur de Fip, nous a fait comprendre à demi-mots qu'il avait un projet de clip (1) qui, le connaissant, aurait détendu l'atmosphère, même si celle-ci n'était pas tendue. Cette année c'est le Pdg qui a joué le M.C. (2). Calme, détendu il a "joué le jeu" de sa boutique avec sa part de nonchalance assumée. Et ce fut le grand défilé, chaîne après chaîne. Morceaux choisis.

Prélude
Avant le début du show on a pu voir un vrai FILM qui présentait la maison de la radio et son chantier en "work in progress" avec des musiciens de l'Orchestre national de Radio France (se) jouant de la construction pour mettre en musique l'affaire. Autant dire que ce "petit bout de film" était réjouissant et n'avait rien à voir avec ce qui au printemps nous a largement déçu.

Inter
Didier Varrod, directeur de la musique de la chaîne, outre une soirée Trenet le 20 novembre, annonce le "retour" du radio-crochet pour les Auteurs Compositeurs Interprètes qui démarrera le 11 janvier 2014 (3).

Info
Va changer de tempo avec des sessions plus longues d'information (une demie-heure). On devra s'attendre à "de la chaleur dans la rigueur de l'info", et à "une radio à l'écoute des auditeurs grâce à une interactivité possible en temps réel avec les nouveaux médias". Volonté affirmée de déformater l'antenne (sic). C'est un petit pas pour l'humanité mais un très grand pas pour la radio (c'est moi qui le dit).

Bleu
Se présente comme "accélérateur de démocratie locale", et annonce l'ouverture de la locale de Saint Étienne le 9 septembre. Alors que France Info déformate, gageons que dans quelques années ce pourrait être le cas de France Bleu.

Culture
Jean-Luc Hees parle de victoire médiatique. Olivier Poivre d'Arvor joue avec l'anagramme de sa chaîne "Lancer ce futur" et donne quelques noms de "nouveaux" : Jean De Loisy (directeur du Palais de Tokyo, une émission sur l'art le samedi, Élisabeth Tchoungui sur la musique le samedi aussi et Augustin Trapenard une quotidienne à 15h "Le carnet du libraire". Dans la matinale à 8h45, un choix musical alternant avec un choix numérique. Jean-Marc Four, directeur de la rédaction, n'a pas manqué de dire sa satisfaction du travail "main dans la main avec les programmes".

Musique
Olivier Morel-Maroger son directeur commence par affirmer le slogan de la chaîne "Ce monde a besoin de musique". Hees avait fait remarquer que l'audience de la chaîne progresse doucement avec subtilité.  Puis le directeur présente le nouveau "matinalier" Jean-Michel Dhuez, qui sera chargé de réaliser un mix d'actualités musicales et culturelles. Tiens, tiens, je crois bien me souvenir qu'autrefois c'était le credo de la matinale de France Culture.

Fip
Julien fait son one man show, de fait seul en scène, toujours aussi goguenard, perfide (il "remercie" la presse d'avoir relayé l'émission "Fip livre ses musiques" (4) et rappelle que ses programmateurs piochent dans 1,5 millions de vinyles pour proposer à l'écoute tous les genres musicaux. Comme chaque année il insiste sur la programmation régulière des instrumentaux. 

Le Mouv'
Hees puis Ronez se délectent de présenter Le futur Mouv' comme la Radio Numérique Totale (RNT). Clin d'œil et/ou coup de pied de l'âne aux attentistes de tout poil. Ce "laboratoire numérique" aura aussi pour fonction "d'aider les chaînes du groupe". Le Pdg et Ronez confirment que le Mouv' va rester une radio, et rappellent que celle-ci s'est créée sur le principe même de l'innovation ET du numérique. Pour Ronez Le Mouv' sera une synthèse entre la radio et le numérique (5).

Questions/réponses
La question récurrente qui agace ceux qui doivent en supporter l'écoute "M. Le Président souhaitez-vous solliciter un nouveau mandat gna gna gna…" Et Hees imperturbable de rappeler qu'il n'est pas un sujet, le sujet, et qu'il reste (jusqu'à la fin de son mandat, mai 2014) a continuer à entraîner les équipes et à les soutenir. CQFD. Et la question sur Mermet (6) pour laquelle en l'état le Pdg a rappelé ne jamais vouloir évoquer publiquement des "affaires" concernant des individus, particulièrement quand celles-ci sont en cours d'"instruction".

Dans les jours qui viennent je reviendrai, peu ou prou, sur quelques informations qui mériteraient d'être développées. 

Demain la Radio Numérique Totale

(1) Moins convenu que celui présenté,
(2) Maître de Cérémonie,
(3) Magnifique retour dans le rétro d'émissions qui ont permis aux "radios privées" d'avant guerre de se constituer un solide socle d'auditeurs accros,
(4) Encore faudrait-il que ladite presse à l'heure où est diffusée l'émission (le jeudi à 20h30) suggère à ses journalistes spécialisés d'écouter… la radio
(5) Mon billet de vendredi sera consacré à cette RNT là ! 
(6) Producteur de "Là-bas si j'y suis", France Inter, du lundi au jeudi, 15h-15h50, objet de la part d'ex-collaborateurs, d'accusations concernant l'animation de son équipe.

Ajout du 3 septembre 2013


mercredi 28 août 2013

La porte ouverte…

 












Patrice Blanc-Francard a quitté le Mouv', et de fait, ce n'est pas banal. Entré en 1969 au Pop-Club de José Artur (France Inter), il animera ensuite plusieurs émissions musicales et se distinguera vite pour sa passion de la musique, qui, si elle prend racine dans le jazz n'en a pas moins abordé le rock, les tropiques et la pop (1). En 2009 et 2010, pour France Culture il co-animera avec son complice Michel Le Bris deux séries d'été (2).

Quand Jean-Luc Hees, le Pdg de Radio France, en février 2011 l'a appelé pour diriger Le Mouv', il a, avec son flegme et son allure de gentleman, accepté de tenter l'"impossible" pour donner au Mouv' une identité ou mieux lui donner une place, sa place singulière au sein de Radio France. Pour sa première grille de programmes à la rentrée 2011 il jouera plusieurs cartes maîtresses (3) sans jamais tenter de coup de poker. À moins que le retour de Bernard Lenoir en janvier 2012, envisagé sur la chaîne pour animer de nouvelles Black sessions et, finalement décliné par l'intéressé, n'en soit un.

PBF aura été un directeur de chaîne, très à l'écoute de "ses" producteurs, de "ses" émissions, du son, et des musiques qui devaient caractériser Le Mouv', suffisamment pour lui permettre de retrouver un niveau d'auditeurs (+ de 1%)  qu'à sa création en 1997 à Toulouse la chaîne avait fini par fidéliser. Malgré "tout cela" les auditeurs ne se sont pas bousculés derrière leur transistor. Pourquoi ?

Sans doute, parce qu'il est très difficile, d'une part de changer l'image d'une chaîne mal née ou mal identifiée et les habitudes d'écoute d'auditeurs vers d'autres chaînes de radio et, d'autre part, depuis environ dix ans, les nouveaux réflexes d'écoute d'"auditeurs", plus tentés par les sons que par la radio elle-même.

Ne vous attendez-pas à lire ici (ou là) les propos amers, désabusés ou tout simplement tristes que Patrice Blanc Francard s'empresserait de livrer aux médias quelques heures seulement après avoir quitté ses fonctions. Avec dignité, tact et réserve, ce grand professionnel, sans faire plus de bruit qu'à son arrivée, laissera derrière lui… la porte ouverte.

(1) Quelques titres d'émission : Bananas, Souvenirs-Souvenirs, Loup-Garou. Et co-production avec Claude Villers, à la rentrée 1973, de "Pas de Panique" (20h-22h) sur France Inter,
(2) "Les années Jungle", "Fifties : Les années cinquante". On attend "Les années soixante" !
(3) Amaëlle Guiton, Éric Lange, Frédéric Bonnaud (et son Plan B resserré), Jacky Berroyer, Laurent Garnier, Akhenaton, Jules-Edouard Moustic, Christophe Crenel, Olivier Cachin, Francis Viel, …
(4) Pas comme Hervé Marchais (@LeTransistor_ sur Twitter) qui dès les origines de la station, dirigée par Marc Garcia, a suivi pied à pied les tribulations et autres bouleversements qui ont accompagné la déjà longue histoire du Mouv', et dont il a rendu compte sur son blog.

mardi 27 août 2013

Mme Irma (Le Mouv')…

Logo de 2002 à 2005


Depuis plusieurs mois les gazettes de tout poil ne manquaient pas au sujet du Mouv' de prédire l'avenir, de supputer, d'extrapoler juste pour faire coller leurs prédictions de comptoir à ce qu'ils pensaient inévitable à court terme : la mort de la station. Pensez, les résultats Médiamétrie ne passant pas la barre des 1%, la tutelle (l'État), le Pdg (Jean-Luc Hees) allaient bien finir par prendre "LA décision qui s'imposait". Quelle décision ? Se passer de 37 antennes réparties sur le territoire national ou continuer à chercher la bonne formule ? Comme toujours les médias avides de résultats se foutaient du tiers comme du quart de la démarche. Après un positionnement à la création un peu simpliste (musiques & musique), une localisation comme un cheveu sur la soupe (Toulouse), et plus de treize ans (1) de fonctionnement sans qu'aucune identité s'impose, la vraie question était : comment positionner la chaîne, quel public, quelles musiques, quelle grille de programmes ?

Hervé Riesen (2009-2011) puis Patrice Blanc-Francard (2011-2013) s'y seront essayés mais le public (les 18-30 ans ?) n'aura pas suivi ou pas assez pour s'approcher du fatidique 1%. Lors du Comité Central d'Entreprise (CCE) de juillet, Jean-Luc Hees a affirmé que la station ne serait pas transformée en web-radio mais qu'elle pourrait devenir une vitrine des "Nouveaux Médias", direction créée en juillet 2011 et dirigée depuis par Joël Ronez. Une vitrine ! Une belle opportunité surtout pour le directeur des "Nouveaux Médias" qui va pouvoir donner encore plus de lisibilité et de promotion aux projets de développement qu'il défend depuis maintenant deux ans et qui n'ont pas complètement trouvé leur écho auprès des publics des sept chaînes du groupe. À cela s'ajoute pour Joël Ronez un vrai bâton de maréchal puisqu'il vient d'être nommé, depuis le 26 août, directeur du Mouv'.

Wait and see. Nous en saurons plus demain, lors de la conférence de presse de rentrée de Radio France. D'ores et déjà nous savons qu'une nouvelle grille sera proposée dès janvier 2014… et que Frédéric Bonnaud animera dès la semaine prochaine deux émissions, le samedi et le dimanche, une sur la littérature et une sur le cinéma. Joli coup (de chapeau) de Patrice Blanc-Francard avant son départ.

Que va t-il encore se passer dans la ronde (maison) ? Quels Mouv' ements ? Quelles ondes sismiques et/ou radiophoniques à venir ? Vous le saurez demain en suivant notre grand radio-feuilleton "Ça va bouillir" !

(1) En 2010, et la recentralisation de la station à Paris au siège de Radio France,

lundi 26 août 2013

Comedia dell'arte… en ré mineur…

Extrait de l'hebdomadaire de B.D. "Pilote" (1959)









Pas facile de s'arracher de Cévennes ensoleillées et rudes pour "revenir au monde". "Montant à la capitale" pour, à la source, voir et entendre ce qui fait la radio, avant que je/nous nous plongions dans la radio, en une mécanique ou une spirale vertigineuse de laquelle il faudrait régulièrement s'extraire pour écouter le silence, absolument.

La radio revêt, tout à coup (dans les médias) une importance capitale, principalement parce que Machin arrive sur la chaîne, que le sort de l'humorisse-qu'-a-tant-pas-fait-rire vient d'être scellé, et que les anecdotes tragiques concernant un ténor du micro trouvent des échos jusque dans Gala (tsoin-tsoin). La bluette entre Bourdin (1) et Achilli (2) n'aura duré que le temps de survoler négligemment Le Canard Enchaîné cet été, entre deux siestes et cinq pastagas. Les rédactions sont sur les dents quand la même semaine Europe 1, RTL et Radio France vont faire leur show pour démontrer comment leurs auditeurs respectifs, et les nouveaux, vont (re)trouver toute l'authenticité de ce qui a fait l'image de marque de la station. On change tout sans rien changer mais grâce au talent de X, Y et Z (surtout Z) "on va écraser la concurrence " (sic), particulièrement dans "le prime, où la formule info-talk-humour-invité-politique risque de définitivement bouleverser les habitudes des auditeurs qui n'hésiteront plus à différer leur embauche pour ne rien perdre de la verve et de la qualité de notre show matutinal". Show ? Oui, il faut appeler un chat un show. Les français aiment avant d'aller au labeur se distraire avec la misère du monde, les chroniqueurs impertinents, les analyses fouillées, les invités uniques et surtout "le-p'tit-rigolo-qui-au-Stade-de-France-a-fait-pleurer-un-français-sur-dix-en juin-dernier-ou-le fera-en-novembre-prochain." "Oui mais, heu, y a pas que des infos sur la chaîne, si ?" Non, bien sûr, mais les journalistes aiment tant rendre compte de ce que leurs confrères fabriquent chaque jour qu'on pourrait vite croire que "tout le reste est du divertissement"... futile !

Que s'est-il passé en radio cet été ? Bien peu de choses "innovantes" quand, autrefois, juillet et août étaient des pistes d'essai réjouissantes et fécondes. Surtout ne pas bousculer l'auditeur qui, de fait, s'est habitué au ronron et va chercher ailleurs sa dose de découvertes, quitte, pour les radios généralistes, de ne plus (jamais) surprendre que par des coups. Qui ne restent que des coups et qui finissent par s'oublier. Dans deux jours j'entrerai dans l'arène pour entendre ce qui risque fort de ne jamais être repris dans la presse (papier ou web), par contre nous saurons tout de ce ministre-neveu qui, une fois de plus (3), sera à la bonne heure pour passer les plats. Ceux-là mêmes que tout le monde se passe, même quand il ne reste dedans que quelques miettes réchauffées.

Dès demain, j'évoquerai quelques bruissements qui risquent quand même de donner à la radio publique un coup de fouet, une autre image ou tout simplement d'annoncer les prémisses d'un passage dans une nouvelle ère. Mais que va t-il donc se passer ? Comme disait l'éternel Zappy Max (4) "... Vous le saurez demain, en écoutant la suite de notre grand radio-feuilleton "ça va bouillir"...

(1) Cap'tain Flamme à RMC,
(2) Franc tireur ex Inter, ex RMC,
(3) S'était déjà essayé autrefois sur France Culture le samedi après-midi, 
(4) Animateur radio sur Radio Luxembourg puis sur RTL.

samedi 24 août 2013

Phare haut…

Lire aussi ici


Retour à Cordouan par franceculture

Ben voilà, l'été, un certain été est fini… Lundi, je commence, guilleret, ma "saison 3" comme ils disent dans les gazettes spécialisées. Gazettes, qui pendant une semaine vont s'intéresser à la radio (nouvelles grilles oblige), avoir des avis sur tout, tirer des plans sur la comète (audimat et cie), révérer l'ancien ministre qui s'offre une dernière danseuse, flatter l'intuition de tel directeur des programmes et se féliciter dans le même article que la radio attire chaque jour quarante-trois millions d'auditeurs mais que tel matinalier "perde des auditeurs", s'esbaudir que telle coqueluche découverte à Saint-Tropez il y a dix minutes glousse dorénavant en prime time à 8h55 et patati et patata… la meilleure eau c'est là bas droit si j'y suis pas (sic).

Quand au fond, au son, au contenu, à l'art radiophonique ou à l'art de conter, vous n'en entendrez pas parler, des fois que ce serait ça… la radio, que justement les médias n'écoutent pas.

Lundi, 8h30, un premier billet, genre Madame Irma ou pas…

lundi 12 août 2013

L'île coquine…

Je l'ai trouvée, grâce à Arte (radio)…

 

À ne pas louper cette semaine (7)…

Laurent Valero





Surprendre, en radio, serait ma recette. Pour la deuxième année consécutive je crois, Olivier Morel-Maroger confie les matinales à des producteurs tournants. Pour le samedi c'est un producteur par mois. Samedi matin dernier, c'est Laurent Valero qui s'y collait pour quatre émissions d'août. Un générique qui à 7h respire le soleil, un temps arrêté dans les plis de l'accordéon, quelque chose d'Italie. Tout en douceur Valero annonce la couleur de sa matinale, "Boulevard des Italiens", balades dans les musiques populaires italiennes et joli clin d'œil fait de complicités, de promesses et d'évasion. Voilà, dès les premières notes, les premiers mots, le charme opère et on ne regrette pas s'être levé dès potron-minet. Morel-Maroger et Valero proposent une matinale qui oublie/casse les codes en vigueur le reste de l'année. Et ENFIN on peut y entendre de la chanson (1). La chanson le matin, ce n'est pas antinomique, non ? Chaque samedi, vous l'aurez compris ne pas louper Musique Matin (podcastable, of course). Tiens, je suggèrerais bien à Laurent Valero d'inviter, sur son boulevard, Simonetta Greggio, qui aurait sûrement des choses à nous dire sur la chanson.

De l'Italie on file chez Jean Giono, fils de l'émigré italien, qui lundi (2) sera pendant une heure lu par Edwige Feuillère (1970) et Michel Galabru (1971). Le lendemain ce sera au tour de Marcel Pagnol, lu par lui-même et Jacqueline Pagnol (1971). Un peu avant dans la journée dans "Continent Musiques" (3) on pourra se frotter à "L’effet Zappa, pour une contre-histoire de la culture américaine" par François Angelier. Le roi du mauvais genre va s'en donner à cœur joie pour pendant cinq heures revisiter la musique d'un artiste assez inclassable qui, dès la fin des années 60, commençait à jouer de tous les registres musicaux. Cette série est intitulée "pour une contre-histoire de la culture américaine" (4).

Plan B, Le Mouv', 12h, Samedi : William Friedkin, Dimanche : Patrick Deville. Et un très bon moment d'Alela Diane sur Fip.
 

(1) Dont "Paroles", version originale italienne, interprétée par Alberto Lupo et Mina, qu'on avait pas entendu dans Easy Tempo depuis au moins 2007,
(2) France Culture, Fiction/Un été de lectures, 20h,
(3) France Culture, du 12 au 16 août, 16h, de lundi à vendredi,
(4) Une bonne contre-histoire de la bouillie américaine que Martel, chaque dimanche soir sur France Culture, nous impose dans sa programmation, voulant nous faire gober à l'entonnoir un Mainstream qui l'excite et dont il truffe ses émissions et ses écrits, en répandant sa logorrhée branchouille et suffisante. 

samedi 10 août 2013

Silence radio (à la TV) 2…

© Perspective Films, Need Productions et France 3 Picardie






Les professionnels de la profession se sont extasiés quand Valéry Rosier a reçu le Fipa d'or 2013 pour "Silence radio" un documentaire touchant, sur une radio locale rurale de Picardie et ses auditeurs accros de chanson française. Il aura juste fallu attendre 6 mois pour que France 3 Picardie, co-productrice du film, le diffuse à la télévision hier soir à minuit, pour que le public "couche-tard" s'esbaudisse à son tour. Comme le signalait @KlerviLeCozic sur Twitter "on est encore loin de la diffusion en prime time". Reconnaissons à F3 Picardie d'avoir joué le jeu de la co-production, pour une histoire qui tourne autour de la radio, ce qui n'était "pas gagné d'avance" comme nous le faisait remarquer Valéry Rosier dans l'interview qu'il nous a accordé hier. 

Dès les premières images on est, (pour qui connaît un peu les radios locales), en pays de connaissance. Les bénévoles (dont plusieurs personnes âgées) qui se succèdent au micro sont concentrés, un peu inquiets, attentifs, s'épaulent entre eux et "jouent le jeu" d'animer une radio locale dont on comprendra bien vite qu'elle crée du lien social, et les conditions optimum d'une complicité-fidélité qui s'est installée en Picardie depuis vingt-neuf ans. L'argument principal du documentaire tournant autour de la chanson française, les protagonistes s'en donnent à cœur joie pour pousser la chansonnette dans les conditions réelles de leur vie quotidienne, au risque de faire remonter les souvenirs les plus douloureux de leur existence.

Le documentaire de Rosier est touchant de sincérité et de tendresse. De simplicité aussi. Comme si rien n'était joué. Comme si c'était tellement les situations de la vie habituelle qu'il n'a pas été trop dur pour les auditeurs-acteurs de jouer les scènes de leur vie quotidienne jusqu'à l'intimité la plus crue. Que ce soit dans la salle de bains ou dans la salle de bal. Dans ces deux lieux c'est la musique qui "tient compagnie" face à la solitude. Le transistor et l'orchestre jouent chacun sur les sentiments, le désir de l'autre. Sentiments qui s'expriment dans des gestes mesurés, d'autres qui se refoulent inexorablement. Avec beaucoup de pudeur et de tact, Rosier a su montrer comment la détresse de la solitude pouvait s'accrocher aux branches des relations sociales sans qu'il soit besoin de démonstrations appuyées.

La voix des animateurs de radio, celle des chanteurs "oubliés", est la marque la plus forte du rôle qu'une radio locale peut jouer pour souder un pays, une communauté et devenir un repère incontournable. Jusqu'à ce que le silence radio s'installe et "tout est dépeuplé". Au point d'ajouter à la solitude un peu plus de détresse. Rosier a réalisé un documentaire absolument incarné sans aucune faute de goût ni aucun artifice. Vous ne verrez ici aucun couloir désert alignant quelques parapluies siglés, pas plus que d'horloge électronique dans un studio sans lumière. Mais vous vous prendrez peut-être à fredonner ou aurez à votre tour envie de "mettre les mains dans le cambouis". 

On peut bien imaginer que bon nombre de radios aimeraient avoir ce type de "retours" avec leurs auditeurs, soit quelque chose qui irait un peu plus loin que les minutes d'antenne où les auditeurs sont censés avoir la parole. Je suggérerais bien aux organisateurs du festival "Longueur d'ondes" à Brest, d'inviter en février prochain Valéry Rosier et son "Silence radio" qui j'espère, d'ici là, fera beaucoup de bruit. Il le mérite vraiment.

vendredi 9 août 2013

Silence radio (à la TV)…







Pour nous et ceux qui aiment la radio, que s'annonce un documentaire qui s'intitule "Silence radio" et l'on tend immédiatement l'oreille… Sauf qu'ici c'est les yeux qu'il faut écarquiller en prenant bien soin de se pincer. La télévision qui parle de radio c'est a peu près aussi rare que les météorologues évoquant le soleil en Bretagne. France3 Picardie a co-produit un film qui tourne autour d'une radio locale, "Radio Puisaleine" (1). Et ce documentaire n'a rien moins obtenu que le Fipa d'or 2013, dans la catégorie documentaire de création (2). J'ai visionné ce film avant sa diffusion nationale (3). Plutôt que de vous donner d'abord mon avis, j'ai préféré publier ce matin l'interview de Valéry Rosier, son réalisateur.

Radio Fañch : La radio a t-elle été un prétexte pour parler des gens simples ?
Valéry Rosier : Cela tient à deux projets et à deux envies. Parler de la chanson française [Rozier est belge] et la mettre en valeur. Évoquer une radio picarde tenue par une vie associative locale forte. Avec des bénévoles acharnés parmi lesquels des personnes âgées tissent du lien social. C'est un lien des bénévoles entre eux et un lien avec les auditeurs. C'est aussi un lien avec le propre passé des gens, leur enfance et, pour cela, la musique réaliste, l'accordéon jouent un rôle très important.

R.F. : Pourquoi vous être intéressé à la radio et pas à la TV ou à l'amicale des joueurs de boules ?
V.R. : La radio est un média qui va disparaître à cause d'internet. J'ai voulu témoigner d'un média qui bientôt pourrait ne plus être là. La radio est un média intelligent quand la TV hypnôtise. La radio permet de faire autre chose en même temps et d'avoir un rapport critique et plus actif vis à vis de ce qui s'entend. Je voulais mettre en avant la magie de ce média. Un média qui permet "simplement" de faire du local avec de petits moyens, des bénévoles. On peut se former et très vite être actif.

R.F. : Vous aimez la radio, quelle est votre pratique de ce média ?
V.R. : Adolescent, la radio m'a aidé à m'endormir. Grâce à des voix rassurantes, une présence humaine et peut-être de désangoisser. Aujourd'hui je me déplace aussi beaucoup en voiture et donc j'écoute beaucoup la radio et je podcaste. Au ton formaté de la TV je préfère la liberté de ton de la radio, j'ai l'impression d'y entendre la vie. La radio est plus libre, plus humaine, plus proche de nous. J'écoute les radios locales belges, Radio 21 (aujourd'hui Pure FM, groupe public belge RTBF), Fun radio, Europe1, France Inter, Studio Bruxelles. Je cherche à écouter beaucoup de chansons françaises et fait des blind-test avec mes amis en écoutant Nostalgie. La chanson française est conviviale, elle donne toujours envie de chanter seul ou avec d'autres.


 


R.F. : Votre titre et vos images de "Silence radio" suggèrent qu'en l'absence de sa station préférée, l'auditeur ne va pas "écouter ailleurs" ?
V.R. : Au quotidien je ne crois pas que ce soit le cas, ils écoutent d'autres radios mais ils ont des rendez-vous réguliers avec "Radio Puisaleine". La radio amène de la vie et de la présence. L'absence de radio c'est un silence supplémentaire pour les personnes seules. Dans le mot même de silence il y a une évocation de la solitude. Pour certains le premier geste du matin c'est d'ouvrir la radio, le dernier de la fermer avant de s'endormir. La programmation musicale de Puisaleine ce sont des chansons que plus aucune autre radio ne passe. France Bleu avait autrefois ces types de programmes "accordéon et chansons anciennes", mais ça n'existe plus. Les auditeurs ont une relation amicale et même familiale avec leur radio. Ils appellent souvent aussi bien pour dire leur mécontentement que leur satisfaction. Certains animateurs sont des stars reconnues dans les lieux de la vie quotidienne locale.

R.F. : L'auditoire semble très ciblé, cela a t-il été votre choix de mettre en avant les célibataires, veufs et autre âmes seules ?
V.R. : Oui c'est un choix, j'ai dû cibler mais ça c'est presque fait tout seul. J'ai d'abord animé des émissions de radio sur Puisaleine pour trouver mes protagonistes. Je demandais aux auditeurs de raconter des souvenirs que leur suggérait une chanson. Je les ai ensuite rappelés. Les gens seuls sont venus à moi.
 
R.F. : Quels retours avez-vous eus de la population et/ou des auditeurs de radio Puisaleine ?
V.R. : Nous avons présenté le film en mars et l'accueil a été enthousiaste. Il y avait une vraie fierté à être reconnu pour la mise en valeur du travail des animateurs comme la mise en valeur des auditeurs. Ce film a demandé trois ans de travail avec les auditeurs. C'était une écriture conjointe de leur propre vie, une mise à nu et en même temps une grande confiance vis-à-vis de ma démarche. Je me devais d'avoir une grande sincérité vis-à-vis des protagonistes comme des spectateurs. Pour les scènes cocasses, burlesques ou rigolotes les protagonistes savaient que ça ferait partie du montage final. Il était très important pour moi qu'ils soient sûrs de cette sincérité. Voyez cette dame, Annie, qui en écoutant "Les roses blanches" évoque la perte de son fils, j'avais envie de mettre en valeur son énergie. Elle a 75 ans, "une peau du sud" (par contraste avec le nord de la France). Sa sincérité à se faire voir, et la mienne à la filmer ont fonctionné.

R.F. : Vous n'auriez pas trouvé en Belgique le même type de radio locale ?
V.R. : Si, il y en a. Mais mon père habitant dans la région de diffusion de Radio Puisaleine, je l'écoute depuis longtemps.

R.F. : Avec le Fipa d'or vous avez obtenu une très belle récompense. C'est important d'être reconnu par ses pairs ?
V.R. : Bien sûr, mais pourtant à l'origine c'était pas gagné. Il a fallu convaincre, car se présenter avec comme sujet "Des histoires très tristes avec des personnes âgées qui vivent à la campagne et qui écoutent d'anciennes chansons" ça ne fait sauter personne au plafond.

Merci à Valéry Rosier d'avoir un moment interrompu ses vacances au soleil pour, au téléphone, répondre à mes questions.

Ici demain matin, 9h, mon avis sur ce documentaire… 

(1) À Carlepont dans l'Oise,
(2) Ainsi que le prix Télérama du documentaire étranger,
(3) France 3, samedi 10 août à 0h00 (lire nuit de vendredi à samedi). Une coproduction Perspective Films, Need Productions et France 3 Picardie.
 

mardi 6 août 2013

Road n' folk…

En fait je crois que j'adore les road-movies, et j'aurais bien aimé que Julie Sellier pousse un peu plus loin la chansonnette in America. C'est ce genre de docs que j'aimerais entendre sur France Culture à 13h30 ou à 21h. Seillier et Nicolas Ruffault m'ont surpris et c'est ça que je préfère à la radio…

lundi 5 août 2013

T.P.E. : Tupelo, Mississipi, Elvis…

© Gilles Mardirossian - RF






J'ai écouté les 15h de "Grande Traversée" que Michel Pomarède consacre cette semaine au King Elvis Presley. Mais avant de vous parler du fond, je voudrai vous reparler de la forme. Je dis reparler car, il y a un an, je crois avoir déjà évoqué le sujet. Je n'ai pas envie de relire ce que j'ai écrit mais plutôt ce qu'il m'est passé par la tête dès le début de cette nouvelle écoute (1). Pour une grande traversée, qu'elle soit littéraire, en mer, en montagne ou à travers les États-Unis ou son département d'origine, on se prépare. Une fois prêt on consacre toute son énergie et son temps disponible à ladite traversée. Dans cet esprit pourquoi toute l'année, le samedi ou le dimanche, ne nous préparerions-nous pas à écouter la radio trois heures consécutives comme nous savons le faire pour les "Grandes Traversées" ? 

Qu'est-ce donc cet "argument" moderne qui voudrait que la pensée ou l'attention décroche passée une heure ? Sur cet a priori fumeux pourquoi donc France Culture continue t-elle à diffuser de longues traversées dans sa grille d'été ? Sachant que ce n'est pas forcément en flux, mais en podcast que chacun va pouvoir l'écouter à sa guise. Si ce principe, qui régit maintenant toutes les émissions de radio toutes chaînes confondues, s'applique à l'écoute des programmes radio, pourquoi hésiter à proposer ce type d'émissions de septembre à juin ? J'aimerais vraiment une réponse, d'autant plus que le découpage des Grandes Traversées en trois fois une heure permet à chacun d'y piocher ce qu'il recherche.

Donc Pomarède est parti à la découverte du King. La première heure de chaque session consacrée au sujet (1) et aux archives est tout à fait passionnante car ces archives contextualisent l'avènement Elvis et ses origines, jusqu'aux détails les plus dérisoires mais qui font sens. N'est-ce pas la fonction de la radio de raconter des histoires ? Ici, dans cette radio-là, je suis à mon affaire, car les documentaires de la deuxième heure prennent le temps de raconter. Celle-ci étant datée, chacun a pu prendre du recul et mettre en scène (en ondes) l'histoire du King avant qu'il n'explose, bouffi de beurre de cacahuètes, pour ne rien dire des amphétamines et autres substances chimiques dévastatrices. Quant au débat (3ème heure) on aimerait entendre ça tous les soirs de l'année à 21h, plutôt que les très factices joutes verbales jetables qui gâchent nos débuts de soirée.

Le sujet m'intéresse, je me régale et on entend de la musique (celle qui vient de là, du blues et du gospel). J'ai un peu envie d'aller à la quincaillerie de Tupelo acheter une petite fiole dont quelques petites gouttes suffiraient pour éloigner les moustiques ou pour me fournir en vinyls d'époque. Mais j'ai surtout envie de voir et d'écouter ce Sud que Pomarède a traversé à la recherche de celui qui bouleversa la musique, les mœurs et le show-business.

(1) Oui je sais, pour respecter ma grille d'été j'aurais du rester sous le cocotier, mais c'est l'occasion qui fait le larron ou l'écouteur, c'est selon !
(2) Du 5 au 9 août, 9h-12h, 1 heure d'archives, 1 heure de documentaire, 1 heure de débat.

À ne pas louper cette semaine (6)…









Je l'ai tellement attendu, que l'Easy Tempo des "frères" Valero-Jousse a fini par arriver, ce lundi à 17h sur France Musique. Ce programme d'une demi-heure est à la bonne heure, au bon endroit (juste après l'Instant Pop de Vincent Théval, 16h55). Je profite opportunément de cette tribune pour  adresser une petite supplique supplémentaire à Olivier Morel-Maroger, directeur de la chaîne. Comme avec d'autres producteurs de la chaîne que vous dirigez, Valéro & Jousse ont le ton, l'envie de nous faire partager, et la culture musicale humble pour ne jamais nous écraser de leur savoir érudit. Mais, Monsieur Morel-Maroger, une demi-heure d'"Easy Tempo" c'est vraiment trop court. On vient juste de commencer de savourer leur propos que déjà il faut les laisser repartir. L'été est propice à un autre tempo et mieux à l'Easy Tempo, peut-être alors, pour assouvir une certaine frustration (insurmontable) accepterez-vous de prolonger leur set tout au long de l'année ?

Bon si vous aimez les histoires au long cours, le Missisipi et les balbutiements du rock n' roll, vous écouterez jusqu'à vendredi la Grande Traversée d'Elvis Presley que Michel Pomarède a mijoté (1). Quelques heures après, "Si ça vous chante" la petite série de Sophie Nauleau (2) aurait toute sa place dans la grille, toute l'année, en ponctuation de programmes parlés qui nécessitent respiration et recul. En suivant, la série de Laurentin et Garbit sur les 50 ans de France Culture est bien sûr à ne pas louper. Pour ensuite aller flirter avec la musique des tropiques pour cette nouvelle série de "Continent musiques" (3)

Les rediffs de Plan B : Yasmina Reza, Catherine Robbe Grillet (4) .

(1) voir aussi le billet publié à 9h05 qui présente cette série,
(2) France Culture, 14h23, du lundi au vendredi, une série d'émissions qui revisite "plus de trente poèmes mis en chanson pour ressusciter la voix des poètes en plus de celles de leurs interprètes"
(3) France Culture, du lundi au vendredi, 16h ,
(4) Le Mouv', samedi et dimanche, 12h

dimanche 4 août 2013

Robert Arnaut… universel







Il y a (malheureusement trop souvent pour les décès) une traînée de poudre qui court dans le tout petit monde de la radio. Vendredi dernier j'étais en écoute concentrée de la Grande Traversée que Michel Pomarède consacre à Elvis à partir de demain sur France Culture. Pas de Twitter, pas de mail, pas de téléphone. 17h30, Guy Senaux s'affiche sur mon portable. Et la nouvelle, cruelle, tombe : Robert Arnaut est décédé la veille. Les échanges opèrent dans le réseau. @KlerviLeCozic, jeune journaliste diplômée, passionnée de radio, incite ses lecteurs à visionner une vidéo : "J'ajouterai aussi ce docu où la vidéo n'enlève rien au charme de la voix de R.Arnaut". J'y cours (voir la vidéo ci-dessous). Claque, chamboulement, émotion, peine. Tout ça. Fallait pas, fallait pas "en plus" de sa voix, voir le bonhomme serein, solide, lucide et visionnaire. Fallait pas ? Mais si il le fallait. Merci Klervi d'avoir trouvé ça.

Après le visionnage, j'envoie un petit mot sur le formulaire "contact" proposé. Réponse expresse. La magie du griot blanc, Robert Arnaut, fonctionne. Il ne nous lâche pas, pas plus qu'on ne sera capable de le lâcher. Jamais. Good vibrations. Le nom de la personne qui signe (l'auteur du documentaire) me surprend. Je connais ce nom. Je m'en souviens instantanément. Je l'ai entendu au cours de nombreuses désannonces sur France Inter : Jean-Yves Casgha. Mais je ne me souviens absolument pas (c'est assez rare) de ce qu'il faisait à la radio (1). S'ensuivent quelques échanges épistolaires à la vitesse de la comète. J'arrive à pénétrer sans encombre le réseau facebook pour y lire l'hommage très émouvant que Casgha lui rend et que vous pourrez lire ci-dessous.

Visionnaire Arnaut ? Voilà ce qu'il dit à Casgha dans les couloirs de la maison de la radio en janvier 1996 : "L'avenir de cette maison [Radio France], je le vois différemment de ce que les autres peuvent le voir. On parle beaucoup en quantités d'auditeurs, d'audimat. Je ne pense pas que ce soit ça l'avenir. Je pense que l'avenir d'un service public d'une maison comme la nôtre qui en a les moyens c'est la qualité. Faire de la qualité que les autres ne peuvent pas faire. C'est comme cela que nous allons nous distinguer."  Je persiste à penser qu'Arnaut avait raison. Viendra bien un jour où cette course folle à un audimat marchand finira par déserter la radio de service public pour mettre en œuvre des mesures de satisfaction et de fidélité qui n'auront absolument rien à voir avec les critères utilisés par une société privée (Médiamétrie) à des fins exclusivement consuméristes.

Puisse la sagesse et la pré-science d'Arnaut finir par toucher le cœur de la radiodiffusion publique.

Le texte de Jean-Yves Casgha publié sur sa page facebook, (avec son autorisation).
"Robert Arnaut vient de nous quitter. Je perds une seconde fois mon père cette année, mon père en radio, mon père en Humanité, mon père en écoute de l'autre, en respect des différences. Un grand monsieur des medias tels qu'ils auraient pu être. Merci Robert, j'aurais tellement aimé que tu me racontes encore une fois, dans ton bureau hors du temps qui recélait la mémoire des Hommes, l'histoire du bananier qui avait poussé sous tes yeux en une seule nuit, aux fins fonds d'une forêt dont les rares habitants n'avaient jamais vu un homme différent d'eux mais qui t'avaient reconnu comme un des leurs. Au point d'accepter, plusieurs années de suite, de confier leur voix à l'étrange appareil qui ne quittait jamais ton épaule, ce gros Nagra si lourd mais si précieux et que tu m'avais si patiemment appris à manipuler...

Toi, l'inventeur de l'ethnologie sonore, tu savais bien que nous n'étions sur cette petite boule bleue qu'un seul peuple, enrichi à l'infini de nos différences...J'ai mal à l'incroyable bibliothèque qui vient de prendre feu avec ton départ...mais je crois que nous sommes nombreux à vouloir suivre encore longtemps les petits signes que tu as semés sur ta route, dans nos cerveaux et dans nos coeurs de ta voix chaude, rocailleuse de pyrénéen. Et puis, là-bas, derrière ces infinis nuages, je sais bien que tu as encore "en bretelle", accroché à ton épaule, ton magnétophone, et dans la poche latérale de ton pantalon large, la paire de ciseaux qui te permettront de nous envoyer les reportages de l'envoyé très spécial que tu as passé ta vie à être. J'avais tenu à faire ce documentaire sur toi en images, une hérésie pour celui qui disait avec humour que "la radio représentait un grand progrès sur la télévision parce qu'on avait enfin réussi à supprimer l'image"! L' Histoire, hélas, te donne raison...Mais finalement, je suis heureux aujourd'hui d'avoir pu filmer quelques morceaux de la plus belle bibliothèque du monde, celle que ton oreille a su capter partout sur la planète Terre. Bon voyage, Robert, on se revoie quand tu rentres de tes terres inconnues. J'ai hâte. Jean-Yves."

 
(1) Journaliste-producteur à France Inter de 1981 à 1994, à RFI depuis 94.

samedi 3 août 2013

Arnaut/Senaux : tout pour le son

Robert Arnaut du temps de l'Oreille en coin



Passée l'émotion et un besoin de penser sereinement et silencieusement à ce producteur sensible, j'ai demandé à Guy Senaux, ingénieur du son à Radio France, avec qui il a travaillé quarante ans d'évoquer la mémoire du conteur-explorateur Robert Arnaut.

Radio Fañch : Dans quelles conditions l'avez-vous rencontré ?
Guy Senaux : À "L'oreille en coin" (1). Natifs tous les deux de la région de Toulouse nos accents nous rapprochaient. Robert Arnaut c'était une vraie palette de talents. J'étais absolument admiratif de sa voix, riche, timbrée. Il avait une écriture précise et rigoureuse et une érudition énorme. C'était un bourreau de travail, toujours à la recherche de la perfection. Il avait une très grande soif de savoir et la volonté d'en être le passeur. Il avait une extraordinaire oreille musicale qui lui permettait de placer son texte en harmonie et en rythme avec les sons et les musiques qui composaient ses émissions.

Radio Fañch : Ce devait être très intimidant de travailler avec lui ?
Guy Senaux : Non, car il était lui-même très respectueux de ceux avec qui il travaillait. il avait une imagination sans borne et surtout quelque chose de rare : le respect de la discipline radiophonique. Cette discipline c'est accepter de travailler dans un carcan technique, avec la qualité pour objectif. En étant soigneux de la forme et régulier par rapport aux contraintes de prise de son. Qualités que Robert avait naturellement en lui, peaufinées par sa grande expérience.

Radio Fañch : Il écrivait donc en pensant "technique" ?
Guy Senaux : Bien sûr. Il pensait mixage absolument. Je disais de lui que c'était "un poète sur gamme". La rigueur de la note, du rythme, la poésie de son agencement. Et puis il avait une qualité alliée à cette rigueur morale, il était ponctuel.

Radio Fañch : Donnez-nous un exemple ?
Guy Senaux : Pour "Le singe soleil" on a fabriqué et ciselé ce documentaire comme un diamant. On a travaillé pendant des semaines tous les jours. Pour le "Cataclysme sonore" on finalisait 3 minutes par jour. Il relevait les changements ou améliorations à faire dans le texte et le lendemain tout était tapé à la machine à écrire pour tout l'équipe. C'était un amoureux total du son ; dès le début de sa carrière, il a collaboré à l'"école" de Jean Thévenot (2).

Radio Fañch : Votre complicité professionnelle se manifestait comment ?
Guy Senaux : Par le regard, de façon instantanée. Il savait exactement ce qu'il fallait faire pour réaliser techniquement ses émissions, il avait le choix final mais il était absolument ouvert à toutes les remarques de ses collaborateurs. Ce qui était magique c'était la maitrise totale de sa diction. Il laissait ses fins de phrase légèrement "en l'air", jamais en baissant le ton, pour que l'auditeur reste suspendu, toujours à l'écoute de la suite à venir. Cela permettait de remonter la musique ou les ambiances un peu plus vite afin de faire un film sonore artistique. On ne mixait pas une émission de Robert Arnaut "à la souris". Il fallait un studio avec un équipement classique : 3 micros, 3 Magnétophones, 3 lecteurs CD, chambre d'écho (Studio 115) pour que le mixage ait lieu en direct et que la sensibilité du producteur soit en osmose avec celle du preneur de son.

Radio Fañch : Comment s'est fait le passage de l'analogique au numérique ?
Guy Senaux : Robert a continué à travailler avec une implantation de studio analogique classique, mais on enregistrait et montait sur un ordinateur.

Radio Fañch : Robert Arnaut disparu, c'est une page de la radio qui se tourne ?
Guy Senaux : Absolument. Il a été mon maître. Il a marqué la radio dans la deuxième moitié du XXème siècle en étant à l'avant garde sur le son, pionnier sur l'écriture en son multi-canal. Il restera comme un formidable chercheur/découvreur.

Tous les liens sur les productions de Robert Arnaut disponibles à l'écoute sont sur le billet publié ce matin. Et ce qu'en écrit Thomas Baumgartner sur son blog.

Demain à 18h ici, un autre témoignage d'un de ses fils spirituels …

(1) France Inter, co-produite par Jean Garretto et Pierre Codou, 1968-1990,
(2) Journaliste (1916-1983), producteur d'émissions de radio comme "Chasseurs de sons",

Robert Arnaut : toute une vie avec la radio…

Robert Arnaut







Hier 17h30, Guy Senaux, ex-ingénieur du son à Radio France m'apprend la mort de Robert Arnaut, le conteur/explorateur avec lequel il a beaucoup travaillé à France Inter. Je dirais que c'est un cataclysme sonore si je ne craignais de plagier la fiction expérimentale qu'Arnaut avait créée en 1995. Ce producteur-conteur faisait partie de la famille de "L'Oreille en coin" (1). Il y a produit pendant quinze ans des reportages dans lesquelles l'Afrique avait toute sa place. Puis ce seront ses "Chroniques sauvages" (1), et ses "Histoires possibles et impossibles" (2). "Robert Arnaut a reçu le prix Ondas en 1979, et le prix Italia en 1991 pour ses "Chroniques Sauvages" sur le Cap Vert." précisait @LeTransistor_ hier sur Twitter.  


Robert Arnaut avait la radio dans l'âme et aimait à dire : "La radio peut aussi être un art et le son supérieur à l’image." Il était une très grande voix de France Inter, une voix remarquable, forte, sensible de laquelle on ne pouvait se détacher quand elle nous était tombée dans l'oreille. 

Il est en bonne place sur le site de NouvOson, où vous pourrez aussi écouter son "Singe soleil" (4). Aujourd'hui samedi, j'ai encore son indicatif dans l'oreille. Pendant une heure, chaque semaine, Robert Arnaut nous emmenait avec lui dans ses voyages extraordinaires et ses rencontres pleines d'humanité. Souhaitons que France Inter sache lui rendre l'hommage qui lui est dû.

Le "griot blanc" disait en 1977 à Jacques Chancel (Radioscopie) : "J'ai ce magnétophone qui en moi, en quelque sorte, au point que sa bretelle est imprimée sur mon épaule gauche à force de courir la brousse. Je le dois à Radio France International (RFI) qui m'a permis depuis 17 ans (1960) de faire des émissions de toutes sortes."

(1) Émission des fins de semaine de France Inter, samedi après-midi et dimanche toute la journée. Créée et produite par Jean Garretto et Pierre Codou. 1968-1990. Coffret disponible à l'Ina,
(2) France Inter, de septembre 1985 à septembre 1996,
(3) France Inter, de septembre 1996 jusqu'en juin 2006, le dimanche de 13h20 à 14h,
(4) Promenade sonore dans la forêt des Abeilles, au cœur du Gabon, inexplorée par l'homme jusqu'en 1984. A cette date les chercheurs du laboratoire de Primatologie et de biologie évolutive du CNRS on découvert dans ce lieu unique au monde une nouvelle espèce de singe : le singe soleil.

jeudi 1 août 2013

Les sons… la plage aux romantiques

Bon, je l'ai déjà écrit plusieurs fois, mais j'en remets une couche pour les nouveaux. Quand les bûcherons d'Arte-radio nous envoient quelques bonnes tranches de bon bois, on/je ne résiste pas. J'écoute et en rajoute quelques couches pour rester dans le ton, même si je sais mélanger les essences. Vous pouvez écouter ces trois pastilles à la suite, ou séparément. Les sons… laissez-les, romantiques, se balader avec vous. (La prochaine fois on file en road n' folk)