dimanche 31 mars 2013

Agen 1992, replay…

Mardi 25 février 1992. L'internat d'un bahut quelconque à Agen. Dîner pris, un mortel ennui s'installe. Au fond d'un couloir un peu blafard, le foyer socio-culturel duquel la mention "socio-culturel" s'est progressivement effacée pour laisser place… à un certain vide culturel. Dans un coin, une radio hors d'âge se demande ce qu'elle peut bien faire là, en cette fin de millénaire. Sauf quand Hervé anime des soirées d'écoute et quand il réussit à sortir ses condisciples de la torpeur des soirées de "libre antenne". 20h. Les aficionados de musique sont là. Une poignée, mais une bonne poignée. Hervé tourne le bouton du poste et met en sourdine l'éternel flash d'infos qui radote. Il guette, et quand Gato Barbiéri entame sa version d'"Europa" (1), il frissonne. Foulquier laisse tourner le morceau 60 secondes avant d'annoncer "Pollen". On est parti pour deux heures de musique, quand, à 21h, l'Inrockuptible viendra  prendre le relai. "Pollen", pour Hervé, aura à jamais la couleur, les odeurs de l'internat.


Gato Barbieri
Vingt et un ans plus tard, jeudi, je publie la photo de la team de France Inter de 1980. J'aimerais bien avoir un son d'époque ou plutôt, choix très subjectif, j'aimerais un son de Foulquier puisque celui-ci démarre l'imposante légende de la photo. Hervé aime toujours la radio. Derrière son Transistor il n'a de cesse de la faire vivre. Et, radio oblige, il fallait bien qu'un jour on se croise. On se cause (mercredi). Il a un son de "Pollen". Entre chien et loup, il me l'envoie. Bingo ! Innocent les mains pleines (c'est moi), je convertis l'affaire en SoundCloud pour la publier sur ce blog. Mais voilà "le nuage à sons" a de l'oreille. Une minute de Barbieri (2) sans parole superposée ça ne passe pas si je ne paye pas les droits de publication afférents. Blanc à "l'antenne". Hervé, un peu comme à l'internat, laisse tomber sa vie perso et me bidouille du Barbieri/Foulquier arrangé à la sauce ultra compressée en secondes. 

Jeudi matin, genre vers 4 heures, je "fabrique" le SoundCloud pollénisé, le pré-publie et à 8h30 il est en ligne… Hervé est définitivement champion du monde de la réactivité. J'ai compris que j'étais un enfant de chœur et pas un pirate. Mais je suis un peu têtu, et je fonce à l'Ina, voir si jamais… Écoutez ça, si vous êtes de la génération Foulquier (le spectre est large), vous devriez vibrer. Le bougre savait laisser s'installer son émission, créer l'ambiance et "tenir" ses auditeurs captifs (3)… Un peu comme Hervé en 1992 dans son internat d'Agen.

(1) Carlos Santana,
(2) Les droits d'auteur qu'il a dû toucher grâce à Pollen ! 
(3) Foulquier m'a plus d'une fois hérissé le poil, mais le réentendre là, a quelque chose de magique. Une part d'Inter et pas la pire…

samedi 30 mars 2013

Florilège du samedi…

Charlie Parker, 
© The William P. Gottlieb Collection










Hey, "quand t'étais chanteur, tu te souviens… ?" Et, le musicologue Philippe Gumplowicz n'hésite pas à sauter de la chanson au jazz . Car c'est bien connu, de France Culture à France Inter il n'y a qu'un… pas ! Allez, du jazz on file à la Pop qui s'écoute aussi en numérique. On prend un peu de Cesaria, de Jimi, on ajoute du Black, du Keita,… Et puis en écoutant ça, on n'oublie pas qu'à côté de la musique et de la chanson, il reste l'oppression et, celui qui a su la dénoncer, même quand ça venait de son "camp"…

vendredi 29 mars 2013

La légende de la légende…

Pourriez-vous croire qu'avec Yves, devisant sur la mer, nous évoquiâmes la radio ? La radio marabout-bout d'ficelle… Celle-là même que l'on promène au fil de nos souvenirs, écoutes et autres anecdotes savoureuses, que l'on soit d'un côté ou de l'autre du poste de radio. Professionnel ou auditeur. Marabout-bout d'ficelle, mais pas Radio Conquet qui nous manquait, et plutôt Radio France et ses mille-mille petites histoires qu'on chuchote entre amis. Un nom en appelle un autre et, quand d'autres refont le match, ce mardi, au jusant, nous refaisions la radio. C'est Yves qui m'a envoyé cette photo (et la légende qui va avec, et quelle légende !). Mais de quand date-t-elle ? Il y a des indices. Je vous les donne et, si cela vous chante, vous me ferez quelques propositions et, à force, à plusieurs, vous finirez bien par trouver. Quelques petits mots sur des choix de noms très subjectifs !

La légende est dans le billet précédent.





























• Eve Ruggieri, star parmi les étoiles, est au centre de la photo. Elle rayonne, deux grognards à ses côtés. José (Artur) et Jacques (Chancel). Sur la même rangée : Foulquier, Lenoir cravaté, Blanc-Francard "désabusé". À la gauche de José, Averty qui n'en peut mais sourit,
• Au-dessus, Anne Brunel (jeunette parmi les jeunettes, aujourd'hui responsable éditoriale de NouvOson), puis Monique Desbarbat sans son "mentor" Claude Villers, Agnès Gribe (L'Oreille), presque cachée entre Desbarbat et Eva Darlan ("C'est mon homme"),
• Adèle, et à sa droite Maryse Friboulet (réalisatrice, sur les émissions ou Adéle organisait les plateaux de Foulquier). Jean Garretto, égal à lui-même. François Jouffa, "dandy" rock n'roll, Simon Monceau (le complice de Jouffa pour JJMS/Jeune Jolie Mais Seule), Macha Béranger, sans chapeau. Olivier Nanteau (réalisateur, puis co-créateur du Mouv'),
• Les Oreilles en coin : Denis Cheyssoux, Kriss (+ sa voix), [Jo Dona l'inoxydable d'Inter-Danse], Marie-Odile Monchicourt, Paula Jacques, Daniel Mermet. Jean-François Remonté (réalisateur, auteur de "Les années radio"),
• Pierre Codou (L'alter-ego de Garretto), Christine Lamazière (L'Oreille en coin), Jacques Maillot et Patrick Burgel ("L'oreille en coin du dimanche matin"),
• Gérard Klein, Jacques Pradel, Gilles Davidas (réalisateur, qui a "ficelé" les vingt épisodes du feuilleton des 40 ans de Fip en 2011) et un raton-laveur : Lucien Jeunesse (mais pourquoi est-il caché au fond ?).

Merci à Adéle, réalisatrice d'avoir rectifié la "légende" publiée dans le billet précédent.

"Manquent" : Jean-Pierre Farkas (directeur de la station, mais où est-il donc ?), Pierre Bouteiller (Le magazine), Claude Villers (Le tribunal des flagrants délires/TFD), Claude Dominique (L'Oreille, jamais sur les photos ?), Robert Arnaut (L'Oreille), Emmanuel Den (L'Oreille), Pierre Desproges & Luis Rego (TFD),…

Merci à Hervé, "mon" ingé-son, pour le petit souvenir ci-dessous (ce n'est pas un indice). Vous trouverez plus de sons d'Inter dans son Transistor.

La légende…

© 1981








• Jean-Louis Foulquier, Bernard Lenoir, Patrice Blanc-Francard, Jacques Chancel, Eve Ruggieri, José Artur, Jean-Christophe Averty, Jean Cocart, Odile Verdier,
• Maryse Friboulet, Michèle Prudhon, Anne Brunel, Alain Johanès, Didier Lecat, Denis Astagneau, Bernard Valette, Gilbert Denoyan, Michel Lis, Monique Desbarbat, Agnès Gribbe, Eva Darlan, 



• Adèle, Michel Bichebois, Bernard Foulquier, François-Xavier Antdreis, 
• Jean Garretto, Franz Priollet, Hélène Pommier, François Jouffa, Claude Guillaumin, Simon Monceau , Macha Béranger, Henri Charpentier, Pierre Loctin, Thierry Le Luron, Patrice Bertin, Annette Pavy, Olivier Nanteau, Jean-François Chiappe, 
Pierre Codou, Victor Azzaria, homme moustachu 9, Denis Cheyssoux, Kriss, Jo Dona, Marie-Odile Monchicourt, Paula Jacques, Daniel Mermet, Jean-François Remonté, Michel Touret, Pierre Douglas, Monique Bailly, Jean Fontaine,
André Blanc, Michel Godard, Etienne Fernagut, Bernard Gilet, Jean-Charles Aschero, Christine Lamazière, Leslie Bedos, Patrice Pellerin, Philippe Maneuvre, Bernard Grand, Muriel Hess, Raymond Mockel, Jacques Mailhot, Patrick Burgel, Jean Morzadec, 
Gérard Klein, Patrice Galbeau, André Petit, Jacques Pradel, Marie-Christine Thomas, Gilles Davidas, Patrice Cresta, Lucien Jeunesse, Jean-Jacques Pelletier, homme caché 18.

Merci à Adéle, réalisatrice, d'avoir apporté les précisions qui permettent d'avoir l'équipe presque au complet ! Merci aussi à Michel Bichebois (En gras les noms ajoutés le 29 octobre 2013)

jeudi 28 mars 2013

Camarade…

© Radio France








Pourquoi, quelquefois, la radio ou une émission, vous échappe ? Pourquoi quand des noms, des mots vous poursuivent toute votre vie, vous passez à côté de l'émission qui va porter haut ce nom ou ces mots. Pourquoi quand par "dix mille hasards" vous finissez par la retrouver, pourquoi est-ce alors si difficile d'appuyer sur "play" ? Pourquoi ?

Jean Ferrat a, non seulement illuminé le début de ma vie de misère (1), mais il a définitivement ancré ses chansons dans mon répertoire. Le voir, bien droit sur la place du village à Antraïgues en ce début d'automne 2007, pour la fête de la châtaigne, venir évoquer avec moi, mon travail d'écriture graphique. Parler d'Ernest Pignon-Ernest. Lui raconter mes collages sur Rimbaud à Charleville-Mézières. Et le voir s'en aller, doucement dans la foule, au plein soleil du midi, restera comme une certaine image du bonheur. Une image de paix. "Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange…" (Aragon/Ferrat)

Le documentaire, de Stéphane Manchematin et de Diphy Mariani (2), dit encore mieux comment Ferrat est entré dans la mémoire populaire et, d'une certaine façon au panthéon de la classe ouvrière. Il m'est difficile d'ajouter quelque chose à tout ça. Trop intime. Trop vivant. Trop à fleur de peau.

(1) Cette période immorale, honteuse, dégueulasse où un État vous traîne dans la boue au prétexte de la défense…
(2) Celui-là même que j'ai "loupé" à l'époque de sa diffusion le 21 juillet 2011.

mercredi 27 mars 2013

Le plancher des vaches…

Vaches Salers




Comme pour faire suite au billet page précédente, voici une puce documentaire réalisée par Thom pour la radio en devenir "Radio Fond de France". 

"Sur une idée originale soulevée au cours de la première formation au documentaire et reportage radiophonique à Radio Fond De France : "Que font et où sont les vaches en hiver ?" Rencontre avec deux frères, habitant de la vallée du Haut Bréda, au cours de l'hiver 2012 2013."

Tiens on dirait le début d'un "Pays d'ici" (1). Si le ton reste aussi calme et que cette radio prend le temps de vivre au rythme de son pays, ça va même nous donner envie de l'écouter depuis la… Bretagne.

(1) Émission créée à l'initiative de Jean-Marie-Borzeix, directeur de France Culture, 1984-1997. Coordonnée par Laurence Bloch (aujourd'hui adjointe de Philippe Val, directeur de France Inter, chargée des programmes)

En mer, en l'air, autour…












Hier matin, en mer. Brume, flots gris, visibilité moyenne, petit clapot. L'Atlantis II fait route. Cap vers ce qui deviendra une masse sombre. La radio de bord crachouille. Aucune voix humaine n'en sort. Pas plus qu'il n'y a de bateaux alentour. Un trait de côte file à babord comme à tribord. Informe, gris, sali. À la barre, Bernard. Les bancs de sable jaune se rapprochent. Basse-mer. Désert. Sauter dans la plate. Trois hommes dans un bateau, le quatrième… Poser les pieds nus sur le sable. Marcher. Marcher à s'en couper les dessous de pied. Il n'y a pas que du sable. Lever le nez en l'air. Écouter. Pas un oiseau. Ni goéland, ni mouette, ni cormoran. Rien, presque le vide. Si ce n'était cette masse sombre gigantesque. Le jour se lève. Inaccessible étoile. Quête celtique universelle… vers l'île… Tourner autour à 360°. S'étourdir. Le rouge est mis. Les sons, les voix. Aussi. Jusant. Frêle esquif sur l'océan. La passe. Les sables mouvants. Retour à terre. Laisser mariner… On y reviendra dans quelques semaines.

Le son qu'Arte Radio propose ici, ce matin, va assez bien au marin.

mardi 26 mars 2013

Histoire d'un couple : musique/radio…

 






Depuis la rentrée sur France Musique, Vincent Théval se la joue "Label Pop". Ce producteur, ne se contentant, loin s'en faut, de "pousser" ses disques. Il sait, chaque semaine, extraire de l'océan de la "sono mondiale"  (labels indépendants ou majors), ce qui "mérite" d'être partagé avec ses auditeurs. Théval, comme Assayas ou Lenoir, défriche pour nous ce qui, dans quelques sentiers ombragés voire lumineux, serait resté inconnu à notre oreille coincée dans ses habitudes. 

Lundi dernier, Théval recevait Joseph Ghosn venu parler des musiques numériques. Mais, chose intéressante, plutôt que de nous vendre son livre, Ghosn a contextualisé l'évolution récente (une quinzaine d'années) des pratiques musicales, de diffusion, d'écoute, et d'achat. Parler d'emblée d'évolution du "statut" de la musique est non seulement intéressant mais indispensable pour prendre en compte les dites évolutions. "La pierre angulaire de la pratique musicale n'est-elle pas d'écouter la musique sans la posséder ?", s'interroge Ghosn. Cette constatation frappée au coin du bon sens nous renvoie de fait à nos pratiques personnelles qui peuvent être différenciées, multiples et tout à fait conjoncturelles. (1)

Dans son livre Ghosn constate que l'effet "pyramide" s'aplatit. Il y a dix ans on était dans un schéma classique - de l'artiste/maison de disque au consommateur -. Quand aujourd'hui on serait plutôt dans un système transversal - de l'artiste en direct vers son public, via You Tube, Sound Cloud, … -. Théval, producteur radio interpelle Ghosn sur la fonction historique du couple radio/musique, le média radio permettant de s'"approprier" la musique sans la posséder. Ghosn constatant que la radio est contrainte par les grilles, les programmes, les play-list quand internet permet un accès ouvert permanent (2).

Hier, la fonction de prescription de la radio pour inciter à acheter de la musique était primordiale. Aujourd'hui si elle reste prescriptrice la radio est en concurrence avec les plateformes de musique (Deezer, Spotify, …), les journaux, spécialisés ou non, les sites des maisons de disque, et les artistes indépendants qui se font connaître via internet. La radio "impose" ses choix, quand internet permet de disposer à l'impulsion de la musique "immatérielle" en flux continu.

Voilà bien ce qui est séduisant avec Théval quand il nous permet d'aller un peu plus loin que le seul plaisir de découvrir des nouveautés, en invitant, celles et ceux, qui s'intéressent aussi aux phénomènes de diffusion, et/ou de promotion de la musique, au moins aussi importants que la création elle-même. Phénomènes qui bousculent nos façons d'écouter, d'acheter ou pas, de "collectionner" des objets (vinyles, CD) ou d'alimenter des bibliothèques de mp3 immatériels, et de contempler, nostalgiques, nos vinyls qui n'ont pas vieilli.

Le défrichage de Théval pour ses auditeurs est aussi important que celui de Ghosn et, de tout ceux qui vont permettre une analyse, une critique, un accompagnement de la musique, omniprésente aujourd'hui dans la vie quotidienne, que ce soit dans la sphère de loisir comme dans celle du travail. Le couple radio/musique a sûrement de belles heures devant lui avant de disparaître, mais il est bon de suivre comment les autres médias numériques interviennent dans la danse.
(à suivre)

(1) Je ne pratique pas l'écoute via You Tube donc le phénomène Lana del Rey m'a "échappé" par ce canal. Dans son livre Ghosn consacre un chapitre à cette artiste. J'achète spontanément sur iTunes un morceau entendu à la radio, consulte Deezer et Spotify et achète des CD physiques quand je veux un peu "matérialiser" ma musique.
(2) Sauf quand les sites web des radios permettent des écoutes hors flux.
 

lundi 25 mars 2013

Orson, le retour…







Hier soir je croise Orson Welles sur les docks ! «Hey man… !» Il me file une poignée de main à ébranler la Tour de Pise. On marche. Placides. Je me lance :
- ”Quand vous dites : «L'avantage de la radio sur le cinéma, c'est qu'à la radio l'écran est plus large." Vous pouvez m’en dire un peu plus ? “
  

Le géant plisse les yeux, sourit et, d’un pas alerte, m’entraîne à le suivre. Arrivés devant un immense bâtiment gris et sordide, il pousse la porte gigantesque de ce qui s’avèrera être un studio. Derrière un décor qui figure un immense poste de radio fourmillent une petite armada de femmes et d’hommes. Encasqués, ensonorisés, Nagrapés. Tensions et excitation sont extrêmes dans les studios-box ou les open space. Les oreilles sont démesurées. Les voix en retour semblent familières et complices de leurs auditeurs.

Orson se déplace avec une démarche aérienne. Il flotte et savoure sans se lasser de l’effet qu’il produit. Personne ne le salue ou ne lui adresse la parole mais chacun semble lui faire un clin d’œil complice. Je le suis fébrilement. Je dois ressembler au petit Poucet. Il entre en studio. ON AIR. Il ajuste son micro, pose son havane dans le cendrier, et plisse des yeux. Indicatif ! Sans note, sans casque, Orson commence à raconter une histoire qui ressemble à un feuilleton. Je ne me trompe pas ! Depuis le 10 octobre 1985, Orson vient, chaque soir, dans son studio de radio, raconter une longue histoire qui n’en finit pas ! Ce soir c’est le neuf mille quatre cent trente-septième épisode (1).

Rosebud est un conte philosophique à destination d’un autre système solaire. Un monde sans écran, sans parabole. Juste des mots, des paroles qui, en même temps qu’elles se diffusent, s’inscrivent “là-bas” sur un écran de cinéma, circulaire et absolument démesuré. Au pied de cette tour gigantesque, une foule semble lire ce qui s’inscrit, portée par la voix de stentor d’Orson. Je me réveille en comptant. Si j’avais la prétention de rivaliser, il me resterait neuf mille cent un épisodes à vous écrire. Encore faudrait-il qu’Orson Welles mette fin à son feuilleton ce soir même ! Alors que, j'en suis sûr, il ne s’arrêtera jamais.

Définitivement immortel ! (2)

Mes chers auditeurs, je republie ici mon billet du 29 juillet 2011, dans l'éventualité où il vous aurait échappé !

(1) À ce jour, soit neuf-mille-neuf-cent-dix-huit épisodes,
(2) Denis Florent a publié une contribution sur la mythique émission d'Orson Welles à partir du texte "La guerre des mondes". À lire. Phonurgia nova en a fait toute une histoire. Quant à Slate il démonte la panique collective…

dimanche 24 mars 2013

Cesaria for ever…

Oxmo Puccino © Alexis Bogdanovitch-R.F.








Cesaria Evora à la radio, c'est un peu son histoire en France. "Là-bas si j'y suis"(1), "Le pont des artistes" (2), mais aussi Arte radio et le reportage de Jérémi Nureni Banafunzi, et même Radio Mindelo (qui émet au Cap Vert)… Il y a huit jours, Isabelle Dhordain proposait, sur France Inter, de consacrer deux heures en hommage à la diva. Première heure, des artistes réinterprètent les chansons de l'ambassadrice du Cap Vert. Deuxième heure, retransmission du concert du 1er avril 2004 au Grand Rex. Pourquoi avoir choisi au cours de la première heure de faire passer autant d'artistes, dans une succession froide et désincarnée, sans âme et surtout sans l'âme et la convivialité du Cap Vert ? Pourquoi ne pas avoir installé cet hommage pendant deux heures, quitte à se passer cette fois-ci du concert ? Et puis, pour cette émission, peut-être aimerions-nous que soient posées des questions moins évidentes, moins lissées, moins banales, aux artistes qui viennent chaque samedi soir… chanter ? Pourquoi Isabelle Dhordain force t-elle la connivence avec les artistes jusqu'à la caricature, ou jusqu'à la promotion trop appuyée ? Autant de choses qui gâchent un peu (beaucoup) la chanson !

Lire aussi ici.

(1) Daniel Mermet, France Inter, du lundi au vendredi 15h,
(2) Le samedi, 20h-22h,

samedi 23 mars 2013

Valli fait Radioscopie…











Leblack revient "at home" et c'est Valli qui s'y colle. Un genre de Radioscopie (1) pop qu"elle introduit par "Pince-moi, je rêve, Lenoir est toujours sur France Inter…". Alors peut-être que pour une fois on n'écoutera pas la musique mais juste les paroles de l'animateur qui, depuis deux ans, a quitté le navire des ondes. La musique on peut l'écouter sur un support CD déjà évoqué. Mais la petite histoire d'un Lenoir pudique et discret, qu'il fait bon retrouver quand on a passé tant d'années à ses côtés.

Je ne vais pas dévoiler ici ce que vous allez entendre là. Toutefois, une fois de plus on pourra se dire en l'écoutant "Mais à quoi ça tient de faire de la radio ?" et répondre "À rien, ou à la bonne étoile au bon moment". La bonne étoile c'était Pierre Wiehn, directeur d'Inter à l'époque (1974-1981), qui installe Lenoir chez José Artur. José qui lui "donnera" la première demi-heure du Pop Club (2), et ce quotidiennement. Puis José fin mai 1978, qui "arrête" le Pop et Lenoir qui se retrouve avec le challenge d'animer seul une émission à 21h, dont il n'aura le titre et l'indicatif que dans les quelques heures qui le séparent de sa prise d'antenne (3).

Je ne me souviens pas qu'un ex-producteur de radio, et d'Inter a fortiori, soit revenu dans les murs de la Maison ronde évoquer son parcours et ses souvenirs radio. Exceptés peut-être quelques uns avec Jacques Chancel, comme Roland Dhordain, mais ce dernier animait toujours une émission sur la chaîne. Lenoir, comme tant d'autres, a marqué plusieurs générations, beaucoup ne se sont pas remis de son départ. D'autres espèrent encore qu'il pourrait revenir animer régulièrement des "Black sessions" (4). Cette passion ou cet attachement du public à un animateur tient sans doute au fait que Lenoir parlait de musique et presque exclusivement de musique, et qu'il avait fini par "imposer" sa patte, sa griffe au point d'appeler son émission "C'est Lenoir".

Merci à Valli d'avoir inséré quelques annonces et autres indicatifs qui, en écho restent au panthéon radio de quelques aficionados, qui comme Lenoir ont mis " (de) la musique avant toute chose" (5). Quant à lui il n'a peut-être pas dit son dernier mot ?

(1) Radioscopie, Jacques Chancel, France Inter, 1968-?, qui durait 58 voire 59mn,
(2) Inscrire ce mot dans la recherche ci-contre et vous aurez quelques réponses tip-top,
(3) Je garde pour un futur billet les deux ou trois anecdotes que je possède sur ces débuts-là ! 
(4) Ça a failli se faire sur Le Mouv' en janvier 2012,
(5) Paul Verlaine, Art poétique,

Florilège du samedi…












La semaine dernière pas de florilège mais vous avez bien aimé Portsall perdu dans le grand silence des ondes… de la mer. Ben tiens, de Portsall au Crapaud il n'y a que quelques miles marins ou quelques embruns c'est selon. Et, si vous fermez les yeux vous vous laissez porter par la furie ou par le silence et il ne vous viendrait pas à l'esprit de "gommer le son" ou mieux de débruiter. Mais avant cette action "improbable" il y a (avait) celle de faire corps avec son magnéto qu'il soit Nagra ou Revox, et faire corps quand le bateau tangue cela s'appelle de la fusion. Et ce n'est pas Stéfan Kudelski qui me contredirait.

La bande magnétique, cette petite chose "dérisoire" ne gardait-elle pas les archives du sensible, pour elle-même au toucher, comme pour ce qu'elle avait à en dire ? Vous avez toute la semaine pour y penser…

Un bonus en début d'après-midi avec un player pour vos oreilles. Patience…


Demain 18h, la madeleine du dimanche…

vendredi 22 mars 2013

Il faut partir du silence…

© Arnaud Contreras/Le Nouchi












J'explique. Cette semaine "La fabrique de l'histoire" (F) et "Sur les docks" (S) ont affolé l'écoute tout azimut (1). Inventaire : Un bruiteur (F), au Kébec (S), un crieur (F), en Suisse (S), les accents (F), en Belgique (S), paysage et voix (F), le Nouchi (S),… En faisant cette liste, je veux montrer que les deux émissions auraient pu se croiser, un peu plus près, ou même voyager côte-côte. Redire ici, qu'à des rapprochements plaqués, nous aimerions des rapprochements sensibles. Et comme ces rapprochements peuvent bouleverser, le cœur, l'emploi du temps et les idées (toutes faites/mal faites), pourquoi ne pas oser le bouleversement de la grille ?

Plutôt que de mettre à chaque émission une étiquette sur le "thème du jour", ne conviendrait-il pas de fluidifier les passages de l'une à l'autre, d'inventer un crescendo spécial, de sortir du cadre figé de la succession mécanique ?  C'est à l'écoute que je me rends compte que l'âme de la chaîne y gagnerait en identité et en capacité d'inventer une autre façon d'écouter. À toutes les opérations spéciales qui donnent à la chaîne une image d'innovation et d'ouverture, il conviendrait d'ajouter une capacité à adapter la forme au fond. La segmentation de l'écoute, et par effet induit de la pensée (par petits bouts, petites cases, petites heures), ne va pas avec l'image que la chaîne veut se donner en faisant sortir la radio de son cadre traditionnel. La traduction sur la grille et les programmes de cet objectif reste à inventer en commençant peut-être par "partir du silence"…

Le titre de ce billet est une citation d'Alain Corbin, prononcée au cours de l'émission "La fabrique de l'histoire" le 21 mars 2013.

(1) France Culture, la première à 9h, du lundi au vendredi, la seconde, du lundi au jeudià 17h.

jeudi 21 mars 2013

Sa marche…









Ça marche bien même. Et pourtant, en fait-il toute une histoire ? Non, c'est pas le style ! De sa stature, il parcourt les couloirs de la ronde maison, même si aujourd'hui les couloirs se sont un peu déplacés et ressemblent, rectilignes et étroits, à ceux des immeubles de bureau. Il tisse la petite histoire - et la grande - depuis que, sorti de "La Croix" en 1984, il porte la bannière de "La république de la parole". Certes il la coupe (la parole), mais plus pour suivre son fil que pour empêcher son interlocuteur de s'exprimer, sauf si ce dernier prenant le chemin du tunnel risque de jouer les locomotives. Et Lebrun, puisqu'il s'agit de lui, de mener sa barque (ou son trois mâts corsaire, c'est selon) à sa façon. Godille au près ou, quand il prend le large, toutes voiles dehors. Et le large il en raffole.

L'homme est plutôt genre "coureur des toits" car, dans les studios, il étouffe vite. Ses "anciens" auditeurs de France Culture n'oublieront jamais que pour faire ses matinales, il n'hésitait pas à escalader les toits de Paris, sac au dos, micro aux vents.

En viendrai-je au fait ? J'y viens, mais ça m'a fait bien plaisir de broder autour (bien que je ne connaisse pourtant pas le point de (La) Croix), car l'homme déteste (beaucoup) qu'on s'intéresse à sa personne. Alors, de ce pas, intéressons-nous à l'affaire qui motive ce billet. Voilà qu'hier, juste avant qu'à mon horloge de quart ne sonne midi, j'apprenais via les services ad hoc de la chaîne, que France Inter remontait sur la deuxième marche du podium, en ce qui concerne les Jeux Olympiques du podcast (1). La mesure d'avant (janvier) ayant vu France Culture s'offrir cette deuxième place (2).

Et parmi les 176 podcasts disponibles de France Inter, c'est "La marche de l'histoire" (3) qui reçoit la palme avec 524 180 téléchargements. Fermez le ban ! Pour "la petite histoire", Lebrun était donc LE bon choix pour remplacer Patrice Gélinet (4). Certains en avaient douté, mais ça… c'est vraiment une autre histoire.

(1) 3 905 000 téléchargements (podcasts), selon Médiamétrie, février 2013,
(2) Si les radios du groupe Radio France se "tirent la bourre" grand bien leur fasse.
(3) Du lundi au vendredi, 13h30-14h,
(4) "2000 ans d'histoire". 

Ça marchait…

Pour celles et ceux qui aimeraient revivre les ambiances "hors studio" du "petit cirque" de Jean Lebrun.  

Bibliographie 
• Journaliste en campagne, Jean Lebrun, Éditions Bleu autour, 2006,
Journalisme en chantier, Jean Lebrun, Éditions Bleu autour, 2008,
Jean Lebrun, artisan-journaliste par Jean-Marie Borzeix


Jean Lebrun par slal

  
"Le journalisme en chantier" LEBRUN ET... par travauxpublics

mercredi 20 mars 2013

Relâche…

 Blanc-Francard et Lenoir - Feedback 1979 © Radio France - 2013








Hier soir, je suis allé au cinéma, revoir "La maison de la radio", le film de Nicolas Philibert (1), pour aussi vous préparer un joli billet. Un film c'est un peu comme les émissions de radio, j'aime bien les voir deux fois… de suite. Alors relâche ? J'avais un peu envie de prendre ma journée annuelle de congé-blog (2), car ces jours derniers la rédac' des billets m'a un peu vidé le cerveau (lent). Pourtant je me suis régalé avec le "Sur les Docks" de lundi (3), où l'on entend une Denise (Bombardier) qui a toujours autant de verve. Je devrai écrire là-dessus bientôt ! 

Mais avant d'aller au cinoche, j'ai, pour une fois, tendu l'oreille vers "Dowtown" (4), pour écouter les frères siamois interviewer Le Black (Bernard Lenoir). Ce dernier disait dans Les Inrocks (5) :"Le plus traumatisant c'est de revenir faire une émission spéciale sur France Inter, dans le même studio, avec le même ingénieur, à 22 heures.(5) Ici, vous pourrez lire la genèse de son arrivée à France Inter ! On me pardonnera d'insister, mais, comme le notait Guillaume en commentaire du billet consacré à l'Inrockuptible, "Je me rends compte aujourd'hui encore, et aujourd'hui surtout combien la voix et la médiation de Bernard Lenoir sont des choses qui comptent pour moi." Alors pour une fois qu'un producteur, qui n'y officie plus, revient dans la Maison, profitons-en ! 

Demain 8h30, Des chiffres et des lettres…

(1) Vu en première mondiale à Brest, Festival Longueur d'Ondes, le 8 février dernier, sortie nationale le 3 avril,
(2) Je suis en avance, l'année dernière c'était en juin, 
(3) "Le français est une chance (1/4) : "Bonne chance, good luck !"
(4) 18h20, France Inter,
(5) n°902, 13 mars 2013,
(8) Vendredi 22 mars dans "Pop, etc" avec Valli.

 

mardi 19 mars 2013

Pas la peine de crieur…

Daniel Kenigsberg sur le parvis © RF











En plus de 25 ans d'ancienneté à la radio, Emmanuel Laurentin a fini par prendre son envol hier matin. Pour la première fois de sa vie, sans doute, il a passé le mur du son (1). Dans la foulée, nous aurions pu imaginer que son émission d'aujourd'hui (2), il nous la crie pour être entendue le plus loin possible de la Maison de la radio ! Qu'il s'installe à la criée  
pour raconter l'histoire de Jean de Gascogne, crieur de Laon. Comme souvent, Laurentin et son équipe ont trouvé le bon angle pour l'approche de leur sujet. Ce documentaire est original dans sa forme (avec Daniel Kenigsberg dans le rôle du crieur), comme dans le fond, puisqu'il a bien fallu, d'un point de vue historique, s'appuyer sur les archives pour l'écrire et le mettre en ondes. Crieur est mort mais, qu'à cela ne tienne, les documentaristes ont mis en scène ses cris et ses apostrophes à la foule.

Hier matin, il était passionnant d'entrer dans l'histoire du son et surtout de pouvoir, "enfin", ne pas le considérer comme un ajout "banal" de création. En effet, depuis toujours, chacun d'entre nous entend du son, l'écoute et n'en prend la mesure créative qu'après avoir fait "l'effort" d'y penser pour écouter autrement. L'on comprend ,à entendre les deux invités de la "La Fabrique du son" (3), que ce n'est pas d'un claquement de doigts qu'ils participent à la création radiophonique en tant que telle. La société moderne induit un comportement de consommateur qui se satisfait et profite d'un résultat acquis, sans trop chercher à comprendre comment on en est arrivé là ! Trop peu souvent nous disposons des explications, détails, étapes présentant la démarche suivie. Quand la radio sait parler… de la radio, c'est un vrai bonheur pour l'écouteur. 

Enfin sont mis en avant les artistes qui sculptent, bruitent, designent le son. Succulent de faire "connaissance" avec les "outils", ficelles techniques, savoir-faire du/des métiers concernés. Des noms prestigieux (pour celui ou celle qui veut bien tendre l'oreille lors des désannonces des émissions) ont été cités… L'émission d'hier matin a forcément sa place dans les programmes scolaires des adolescents qui, non-éduqués au sujet, ont trop souvent l'habitude d'ingurgiter des résultats audibles sans se poser de questions. L'exemple du dessin animé (sans parole) présenté au cours de l'émission est tout à fait "parlant". (4) Quant au Crieur de Laon, il nous permet de prendre en compte l'importance de la parole et du cri dans une société qui ne possédait aucun autre moyen de communication de masse. 

Les "paysages sonores", que nous propose "La fabrique de l'histoire" cette semaine, sont aussi une très bonne occasion pour mettre en avant la radio, ses techniciens, ses artistes,… et pourrait donner lieu, à court terme, à une émission régulière qu'il ferait bon appeler "La fabrique de la radio".

Le titre de ce billet est un rapprochement audacieux entre l'émission du jour de "La fabrique" et l'émission de 16h de Marie Richeux, sur France Culture, "Pas la peine de crier".

(1) Producteur de "La fabrique de l'histoire", France Culture, du lundi au vendredi, 9h05,
(2) Jean de Gascogne dit « le rat », crieur public à Laon au XVe siècle. Un documentaire de Perrine Kervran réalisé par Séverine Cassar,
(3) Patrick Martinache, bruiteur et son invité, François Christophe, réalisateur,
(4) Écoutez Hervé Déjardin, Ingénieur du son à Radio France à la recherche de nouveaux espaces sonores, ici .

 

lundi 18 mars 2013

La bonne aventure…

 










Alors que les gazettes et autres presses "spécialisées" titrent "Est-ce la grille de la dernière chance pour le Mouv'?" (1), et se prennent à jouer les diseuses de bonne aventure, la chaîne du groupe Radio France profite du départ de Frédéric Bonnaud (2), pour booster sa grille avec du "tonic" et continuer d'affirmer sa différence avec de la musique live. L'entretien que j'ai eu avec Patrice Blanc-Francard (3) me permet de donner un autre point de vue que celui attendu des observateurs de l'observation.

Quand Blanc-Francard a repris les commandes de la chaîne en 2011, l'équation était déjà difficile. Au-delà de la musique qui occupait l'antenne, aucune identité à part son titre et son logo qui se voulait être/faire "jeune", par et pour des jeunes. Grosse tarte à la crème ce "segment" protéiforme, n'est-il pas ? Création du fait du prince, décentralisée à Toulouse (?) et audience confidentielle, n'aidaient ni à la reconnaissance ni à l'écoute. Le retour à la Maison ronde à Paris, puis le changement de direction, la création d'une grille structurée participaient d'une volonté de propulser Le Mouv' dans les appareils radio. Mais c'est un tout petit peu moins facile à faire qu'à dire, car les auditeurs ont leurs habitudes et elles sont assez tenaces. Comme quoi la fidélité a aussi du bon !

"17 h, est un carrefour important sur la journée radiophonique. Il est le deuxième après celui de 7h45", note PBF. Bonnaud, en annonçant son départ, crée un vide mais permet à la chaîne de rebattre l'ensemble des cartes. Ce qui fût fait. Avec sa part de défi, d'enthousiasme, de test et de challenge, forcément. L'expérience m'intéresse car on vit "en vrai" la création d'une "nouvelle" chaîne et, si ce n'était l'époque, cela ressemblerait furieusement au tâtonnement expérimental dont a eu besoin Roland Dhordain à la création de France Inter en 1963, pour faire face à RTL et Europe 1, rien moins.

Patrice Blanc-Francard (PBF) : "Nous avons commencé par donner un vrai cadre à la matinale, en la séquençant en trois périodes distinctes : divertissement (6/7), info (7/8), magazine (8/9). la consigne donnée aux animateurs (et à l'animatrice Amaelle Guiton qui anime le 7/8) du mettre du punch dans leurs animations, sachant que le temps moyen d'écoute le matin est de 20 mn. Ensuite nous avons déplacé "La Morinade", de la fin au début de l'après-midi, constatant qu'à l'heure initiale elle ne rencontrait pas son public." (4)
  • Réflexion perso : en ce qui concerne la matinale new-look ou new-mouv', il conviendrait peut-être qu'un jingle fédérateur fasse le lien entre les trois sessions - et les trois personnalités qui l'animent -, que le même générique "ouvre" à 6 et "referme" à 9 ? Ce qui, synthétisé, pourrait donner ceci : "La bonne formule pour notre matinale : 3 en 1 !"
Puis j'interpelle PBF sur les sirènes de mauvaise augure qui sifflent la fin du match avant qu'il ne soit complètement joué. "Le Mouv' ne s'arrêtera pas. Le président de Radio France, Jean-Luc Hees, nous a assuré de sa volonté de voir l'antenne continuer. Il a même demandé aux journalistes de la rédaction, lors d'une rencontre avant le changement de grille, "de ne pas parler de l'info comme sur France Inter". Ils ont déjà mis un coup d'accélérateur !" (5)

Question à cent balles : "Le Mouv' s'adresse à quel public ?". "C'est une radio pour les jeunes actifs et les actifs, bigarrée (6), connectée. Notre tendance est d'être généraliste. On traite de choses diverses, d'écologie, de musique,… Le Mouv' est une chaîne à découvrir car il y a, à son écoute, beaucoup de choses à… découvrir. La découverte est stimulante et devrait inciter notre public à venir et à rester. Il n'y a pas d'âge pour la curiosité." Voilà la bonne aventure ! (7)

(1) Le Monde Télévision, du 17/18 mars 2013. Mais aussi Télérama, Radio actu,…
(2) Il animait jusqu'au 1er mars "Plan B…",
(3) Directeur de la chaîne, le 12 mars au téléphone, 
(4) D'autres changements au cours de la journée, voir la grille,
(5) Ça s'entend déjà et c'est réussi, ce n'est ni le même ton, ni le même débit, ni les mêmes angles,
(6) Très joli mot qui mériterait une transcription graphique quelque part ! 
(7) Lire aussi le billet très documenté de la saga Le Mouv' sur Le Transistor,

dimanche 17 mars 2013

France Inter… le nouveau souffle

 









Hervé Hist m'a envoyé une image. Bon, là elle est un peu rognée (on devrait arranger ça) mais elle parle. Elle parle comme à la radio. Sans autre souvenir que ma mémoire, (Hervé n'ayant pas daté la chose), je la situe à la rentrée de 1980. Particulièrement parce que la première version du "Tribunal des flagrants délires" de Claude Villers ne durait qu'une heure (11h-12h). Petite revue de détail. Précisons que le directeur d'Inter à l'époque était Pierre Wiehn, celui-là même qui demanda à Villers et Blanc-Francard, à l'été 73, d'inventer une émission à la façon du journal "Pilote" (créé par René Goscinny). Ce qui donna "Pas de panique" à la rentrée suivante.

Eve Ruggieri 
L'égérie de la musique et des histoires ("Eve raconte"), après avoir été l'assistante de Chancel (Radioscopie) fera quelques belles heures de la radio publique, si l'on veut bien oublier l'épisode désastreux qui l'a vu "remplacer" Philippe Caloni (anchorman de la matinale d'Inter)… trois jours. Ça ne s'invente pas ce métier-là ! Pas beaucoup mieux sa période de directrice des programmes (de la rentrée 88 à…)

Gérard Klein
Le joyeux drille qui écuma toutes les radios des ondes longues, depuis le milieu des années 60 (France Inter, Europe 1, RTL, Radio Monte Carlo), est "casé" là, après Claude (Villers) et avant Lucien (Jeunesse). Aucun souvenir de son émission, alors que j'ai beaucoup écouté Klein sur la chaîne publique.

Claude Villers
Passe de la nuit ("Pas de Panique", "Marche ou rêve", …) au jour. Villers en inventant "Le tribunal des flagrants délires" reprend "une très ancienne formule de radio, celle du tribunal. Dès avant la guerre, le tribunal d'impéritie, puis le fameux tribunal de Picq et Ferrary… ont démontré les vertus d'une telle mise en scène."(1)

Kriss
Bon, que n'ai-je pas écrit sur Kriss que vous ne sachiez déjà ? Kriss n'a peur de rien ! Ce "creux" de l'après-midi lui va comme un gant. Sa présence peut tout transformer. Elle transforme le quotidien banal en aventure, le minuscule en grandiose, un détail en conte. Elle nous fait pleurer de rire, et rire à pleurer. Elle installe sa légende, sa proximité avec ses auditeurs, sa sensibilité. Kriss la vie, for ever.

C'est dimanche alors vous reprendrez bien un peu de sa voix, juste pour sa voix.

 
(1) in "Les années radio", Jean-François Remonté, L'arpenteur, 1989,


samedi 16 mars 2013

16 mars 1978… Portsall

Jeudi 16 mars 1978, 21h04. En reprenant l'antenne après le flash, Claude Villers (1) donne un court avis sur l'information qui a conclu le dit flash. Je ne l'ai pas écouté, même si la radio est restée allumée. De mémoire, Villers parle de catastrophe écologique et/ou de folie humaine. Je comprendrai vite, aux infos suivantes, qu'un immense pétrolier vient de s'échouer sur les côtes du Nord-Finistère, à Portsall (2). De toutes celles et tous ceux qui ont vécu "cette nuit-là", nombreux ceux qui se sont levés pour vérifier si l'odeur qui empestait leur maison n'était pas due à une fuite de leur cuve à fuel. Même quand ils n'avaient pas de cuve à fuel ! (3)

Le 14 mars 2011, la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF) - La première -, diffusait le  documentaire de Jean-Guy Coulange, "Portsall" (4). Aujourd'hui, trente cinq ans après la catastrophe, n'étant programmé sur aucune chaîne publique, vous le trouverez ci-dessous (5).

L'illustration du SoundCloud ci-dessous est l"abri" du canot de sauvetage et sa rampe de "lancement" à Portsall.

(1) "Marche ou rêve", France Inter, 1976-1978, 20h-22h. Hervé Hist a peut-être l'enregistrement du flash et de l'émission dans ses cartons ?
(2) Le port de la commune de Ploudalmezeau,
(3) Comme il savait si bien le faire, Pierre Bellemare sur Europe 1, avait organisé la mobilisation des français et des entreprises, - "il y a sûrement quelque chose à faire " - pour fournir bras et matériel pour "nettoyer" les grèves et les rochers de la côte nord du finistère. Des stocks de bottes arrivèrent, mais elles étaient exclusivement pour le pied… gauche ! 
(4) Dans l'émission "Par Ouïe-Dire", de Pascale Tison,
(5) D'autres sons autour de ce documentaire ici www.jgcoulange.com


vendredi 15 mars 2013

Leroy/Manchematin…




Si je commence ce billet en lui donnant un titre qui associe le grand leader communiste et un producteur de Radio France, c'est parce qu'un concours de circonstance m'a donné envie de réécouter attentivement cette série. En effet, en commentaire de mon billet du 23 juin 2012, Jakki nous incitait à écouter les "À voix nue"  ci-dessous. Venant juste d'écouter la dernière production de Manchematin, "Le cul entre deux chaises", j'ai eu envie de retrouver ses "partis pris" . 

C'est le moment de dire que s'il existait Radio France Archives, nous serions nombreux à rebondir d'un documentaire à un autre, d'un reportage à un autre pour nourrir notre soif d'imaginaire et de culture. Laissons grand ouvert cette parenthèse…

Roland Leroy, au bénéfice de l'âge et de l'expérience, fait preuve dès son premier entretien d'une grande humanité, sans vouloir faire un jeu de mot facile. Humanité pour l'histoire de sa famille, de sa classe ouvrière, et de l'histoire en train de se faire, qu'il a vécu en résistant et en militant communiste. Ses anecdotes sont sensibles et souvent humbles. L'une d'elles évoque sa blessure profonde d'enfant pauvre, humilié par un commerçant cupide, une autre, le début de sa carrière à la SNCF avec Pierre Bérégovoy, ouvrier comme lui.

Il porte un regard lucide, critique et auto-critique sur le communisme international et sur le sien en particulier, avec chevillé au corps et au cœur un idéal dont il ne s'est jamais départi ! Leroy accepte de se mettre "à nu" et pas qu'à voix nue. Il éclaire alors les ombres tragiques de l'international communiste et par effet simultané celles du communisme français. Reconnaît que les communistes français, au cours de leur 14ème Congrès, dirigé par Maurice Thorez, "passent à côté, avec tranquilité, regrets et tristesse, de la signification des révélations du rapport Kroutchev (1956), en en négligeant la portée…".

Même 50 ans après, c'est important d'entendre ça ! Manchematin avec ses questions précises et franches, sans jamais tourner autour du pot, veut éclairer l'histoire et Leroy joue le jeu, ayant peut-être aussi l'occasion, de se "libérer" oralement du poids de ses dilemmes. Il n'échappe pas à la question cruciale de la non-déstalinisation du parti communiste français que Thorez n'a pas voulu mettre en œuvre, alors que le "stalinisme était une négation du communisme" reconnaît Roland Leroy, pour ajouter "même si ça n'a pas tué le communisme, ça l'a blessé gravement et les dommages se sont prolongés…"

Cette série d'"À voix nue" est passionnante pour qui aime l'histoire récente et celle d'un parti politique qui a rassemblé tant de français, pour aujourd'hui ne pratiquement plus exister auprès des classes populaires. Roland Leroy est touchant de sincérité en révélant son étouffement "de ne pas s'autoriser à penser ce qu'il pensait". Est-il besoin d'en écrire plus ? Je ne crois pas. Il vous faut écouter cette série en continu. Elle bouleverse quelques certitudes, "évidences" et autres vérités qui, enfin, sont bonnes à dire, et à entendre.






 Le cinquième épisode n'est disponible qu'ici.