mercredi 29 février 2012

Un inventaire à la Prévert…

Je suis rentré, ma besace débordait. Je l'ai vidée sur la table. Ya de tout, des p'tis bouts (d'papiers), des messages (codés), mon carnet (gribouillé), de bons mots, des plus tristes, des ragots, des souvenirs (à la pelle), des projets (bien tracés), des secrets (chuchotés), des histoires (croisées), des p'tites lumières (qui s'allument), des sons (qui meurent), des idées (qui fleurissent), et, et, et… un raton-laveur.

Écouter Louise où les feux de l'amour ou cette ritournelle datée Ce soir je me suis bien débrouillée j'écoute France Culture au fond de mon lit… Et cet homme qui me parle du muet de Gérard Sire. Un muet à la radio quand Gérard Sire tricotait les mots, l'Oreille en coin. Au 106 l'apocalypse et Garretto compagnon. Cette dame qui se souvient de Mermet les cacahuètes dans les baskets. Puis on cause des vaches d'Atom heart mother et d'un oiseau qui s'appelle Andrew. L'instant pop dans ce monde de brutes. Et les vinyles font des pastilles, des galettes pour la radio.

Au déjeuner le paysan bien campé ne se contente pas d'un jambon beurre pour se restaurer. Jambon-Beurre sa première émission de radio et déjà quelques mots pour l'histoire.Le chercheur qu'écoutait NRJ. Le roi David qui fait ses gammes et l'Étonnant voyageur qui colle des images et des slogans qui vont faire mal au printemps. Voilà le plus visible. Va falloir détricoter et monter. Demain, dimanche… ou plus tard. C'est selon.

mardi 28 février 2012

Grandes Oreilles Radio…

À partir d'aujourd'hui, Le Musée des Arts et Métiers (Paris) associé à Radio France et à l'Institut national de l'Audiovisuel (Ina) présente sa nouvelle exposition temporaire : "Radio, ouvrez grandes vos oreilles" consacrée à l'histoire de la radiodiffusion en France.
Depuis 1921, l'expo retrace les étapes majeurs de ce média. Outre la présentation des appareils de réception, d'enregistrement, de diffusion qui jalonnent le parcours de l'expo, on entre dans 8 méga salons "postes de radio" où l'on peut entendre les sons des différentes époques de la radio, chacun proposant une période précise. Les sons des grandes chaînes publiques et privées et de quelques radios libres de l'époque. Pendant l'audition de ces sons en boucle on peut lire sur le mur des "salons" les affiches, tracts, ou documents de promotion des stations de radio, des fabricants de récepteur, de l'État qui légifère. Plusieurs bornes permettent l'audition sélective d'extraits d'émissions de radio publiques et privées. Quelques écrans offrent à des témoins de présenter la radio qui les anime. C'est le cas de Sylvain Gire d'Arte radio.(1)

Je reviendrai sur l'entretien que m'a accordé Hervé Glevarec, commissaire de l'exposition et chercheur au C.N.R.S.. J'ai retenu cette phrase qu'il m'a dite pour situer la place de la radio dans notre quotidien "on n'est pas censé l'écouter mais elle est là bien présente…". J'ajouterai, participant du déroulement de notre vie intime…
(à suivre)

(1) En complément de l'exposition, un cycle de conférences, un catalogue, des visites guidées, un site web, et des ateliers jeune public seront présentés aux visiteurs.

lundi 27 février 2012

Le glaneur et la glaneuse…

Je fais mon tour et je glane… (1) Je glane des sons, des souvenirs, des bandes magnétiques, des confidences. Je tire sur le fil et je fais ma pelote. Sur mon carnet j'écris haché, serré quelquefois illisible. Les anecdotes se croisent, tricotent la petite histoire de la radio comme la grande. J'écoute les voix, les sons, les enchaînements, les indicatifs, les désannonces. Je fais mon miel. Le détail, vous le savez mes chers auditeurs, m'intéresse autant que l'information la plus pertinente. Je collectionne, assemble, recoupe et mes interlocuteurs s'amusent de cette frénésie. Samedi j'ai reçu de la glaneuse un petit bijou qu'il me faut réécouter. Au moins encore deux fois. J'en parlerai dimanche prochain. Promis. Ce matin ma besace est prête, large et profonde. Et ça suit mardi. À l'envie. Je fais mon tour et je glane. Je continue à faire le mistigri comme… un coq en pâte ! L'hiver n'est pas fini.

(1) Vendredi l'Oufipo (l'Ouvroir de finistérités potentielles) nous a écrit pour un retour son sur Longueur d'Ondes 2011 et Voix hors du silence avec Marion Thiba.

samedi 25 février 2012

Qui dit radio dit Radiola…

© René Ravo
Il m'avait donné rendez-vous au fond d'une cour pavée dans un quartier populaire de Paris, dans une échoppe du temps où les boutiques n'avaient pas toutes pignon sur rue et faisaient leurs affaires à l'abri des curieux. En chemin un perroquet multicolore me serinerait ad libitum "Qui dit radio dit Radiola …" Un très bon slogan radiophonique fait pour durer même si la marque n'existe plus. Quant aux perroquets à la radio…

Passé le porche, dans la demi-obscurité de la fin de journée, j'écarquille les yeux, le perroquet est en suspension dans sa cage verte à la porte de la quincaill'. Il s'agite à l'approche d'un inconnu mais pas un son ne sort de son bec. Pas encore ! Je souris. Jacques plastronne sur le seuil de sa boutique. Pas besoin de plaque d'émail ou d'enseigne, le signe est là ! Je pénètre dans ce qui me semble bien être une caverne d'Ali baba spécialisée radio. Je m'esbaudis tandis que mon hôte me fait asseoir à une table de bistrot. L'histoire peut commencer. 

Le simple avatar de l'affiche Radiola nous a donné envie de nous rencontrer et, tels deux cacatoès qui se retrouvent après plusieurs années passées sans se croiser dans la jungle sonore de la bande FM, nous avons rivalisé d'anecdotes, d'avis, et de plaisirs partagés à écouter telle ou tel. On parle le même langage. J'aime connaître les auditeurs de la Radio France et d'ailleurs, Jacques lui voulait voir le blogueur qui écrit tant. On a fait notre affaire, croisé nos sources, confronté nos rendez-vous immanquables, nos regrets éternels et nos espoirs fous. Le temps filait à la vitesse supersonique.

Je regardais son bric-à-brac de Nagra, de postes en bakélite, de micros et autres raretés vintage. Fallait surtout pas commencer à évoquer l'un ou l'autre sinon nous étions partis pour y passer la nuit. Il fut convenu de se revoir dimanche peut-être au Point éphémère … s'il ne neigeait pas. En sortant le perroquet me salua d'un tonitruant "Qui dit Radio dit Radiola…". Tu sais quoi Jacques, tu devrais faire de la radio !
(à suivre)

vendredi 24 février 2012

Pas drôle du tout…


L'affiche du film par Siné
Alors qu’on a célébré en janvier la radio « déjantée » Carbone 14 (1) un amuseur public vient d’être remercié pour ses impostures téléphoniques qui mettent en scène des hommes politiques de premier plan au prétexte que la prochaine imposture, qui devait être diffusée sur les ondes, ne correspondrait pas à la ligne éditoriale (sic) de la dite radio (2). Quand on sait que la radio s’appelle Rires et Chansons et l’amuseur Gérald Dahan on se marre avant même d’avoir entendu l’imposture. Pas parce que ça pouvait être drôle mais bien parce que Rires et Chansons pratiquant la censure humoristique c’est très louche. Aussi louche que de revendiquer une ligne éditoriale, quand dans sa matinale ou dans ses choix de sketchs elle n'hésite pas à faire dans le graveleux. Sur cette même radio un certain Lafesse qui a fait les belles heures de Carbone 14 essaime à longueur de journée ses impostures téléphoniques très soft qui elles, il est vrai, ne concernent jamais le personnel politique.

Gérald Dahan déjà viré d’Inter pour insuffisance humoristique (sic) quelques mois après les renvois tonitruants de Porte et Guillon, avait déjà il y a quelques années assuré quelques bonnes parties de rigolade sur le même principe aux auditeurs de R&C. Renaud Revel sur son blog de l’Express analyse bien la situation et pourfend l’attitude du Pdg Jean-Paul Baudecroux (3) qui en 1984 n’hésitait pas à galvaniser les foules pour les faire manifester en masse au prétexte d'une interdiction d'émettre. Vingt-huit ans plus tard le même, sûrement « rangé des camions », ne peut supporter qu’un amuseur public vienne moquer le plus haut personnage de l’État, des fois que, passée la gaudriole, cela puisse nuire aux intérêts particuliers de son groupe de média.  

Qu’il était donc libre le temps de Carbone 14 qui voyait porter le sexe en étendard, injurier, moquer, pourfendre l’ordre établi, les conventions, les « bonnes mœurs » et de débiter vulgarités et autres insanités sorties tout droit de la fange.                                     .

(1) un film, un livre, une table ronde à l’Ina, l’analyse de F. Lefébvre sur Telerama.fr,
(2) Nicolas Dupont-Aignan piégé par un faux Cantona se lâche sur Sarkozy,
(3) du groupe de radio NRJ.

jeudi 23 février 2012

Muses musiques…

 

Depuis hier cinquante cinq émissions de musique des sept chaînes de Radio France sont accessibles en podcast. Faudrait quand même pas avoir l'air blasé, c'est une RÉ-VO-LU-TION ! Rappelez-vous pendant des années avoir pesté de ne pouvoir écouter régulièrement telle ou telle émission qui passait à des heures que les circonstances de la vie personnelle empêchaient absolument de satisfaire. Et je ne parle même pas du temps où l'on bidouillait avec cassettes audio ou mini-disc programmé sans jamais pouvoir les retourner et se priver ainsi d'une émission dans sa totalité.



Avec ses cinquante cinq émissions - et ce n'est qu'un début - le taux d'écoute devrait faire un bond gigantesque et révolutionner de fait la gestion du temps. Car si iTunes permet de picorer dans la myriade des petits carrés aux couleurs des émissions aucun ne propose un crédit temps journalier pour pouvoir profiter de telle ou telle. Imaginez un peu on pourrait alors allonger sa journée d'une, deux ou trois heures et plus si affinités… 


Avec cette offre exceptionnelle on s'approche à pas de loup d'une certaine radio "à la carte" puisqu'on peut maintenant se programmer des émissions de contenu "parlé" alternées avec des émissions de musique. La belle linéarité d'écoute, la même pour tous, au fil d'une journée sera peut-être demain concurrencée par sa propre programmation ?  Ce sera une autre révolution… Prenons déjà la mesure de celle-ci et découvrons ce que nous ne savions même pas exister sur telle ou telle chaîne. À bon écouteur salut !

mercredi 22 février 2012

À la mesure du temps…


À l'écoute de La Fabrique de l'Histoire (1), sans doute parce que le sujet m'intéresse (2) et bien que cela fasse douze ans que j'écoute cette émission, je me rends compte qu'elle offre un autre tempo, dans son déroulement comme dans la façon de raconter les Histoires. À rebours total d'un air du temps promoteur permanent d'une fuite en avant perpétuelle, du nouveau et autre sensationnel. Comme si aujourd'hui "revenir en arrière" n'était pas intéressant ou pas assez spectaculaire. L'Histoire permet une temporisation, de sortir du stress quotidien de l'Histoire immédiate et surtout d'élargir le champ de l'analyse. L'émission installe sur la longue durée une stimulation intellectuelle propice à l'approfondissement d'un sujet ou d'un autre.

Mais La Fabrique de l'Histoire nous préserve aussi de la tyrannie moderne du commentaire, de la description, de l'apparence et du diktat de l'urgence. On y développe un sens critique qui nourrit notre réflexion et enrichit notre savoir. C'est une université populaire comme un îlot de résistance à la société du spectacle qui n'en finit pas de déverser le flux à gros débit de la parlote, du commentaire, du superfétatoire et de sanctifier l'événementiel en religion, le tout dans une cacophonie insupportable.

Comme pour prendre la mesure de cette Histoire, ce jeudi 23 février on pourra lire le premier numéro d'une nouvelle revue de La Fabrique… sur "Les paysans", publiée chez Bayard.

(1) France Culture, du lundi au vendredi, 9h
(2) cette semaine l'agriculture et les paysans,

mardi 21 février 2012

Radio H.A.D. : une nouvelle e.norme…


Radio Hier
Le Musée des arts et métiers présente du 28 février 2012 au 2 septembre 2012 Radio : ouvrez grand vos oreilles ! : sa nouvelle exposition temporaire sur l’histoire de la radiodiffusion en partenariat avec Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
Émissions en public 
au Centre national des arts et métiers
mardi 28 février 
11h00-14h00 (enregistrement pour diffusion à 16h)  
Pas la peine de crier par Marie Richeux sur France Culture
13H30-14h00 (en direct)  
La marche de l'histoire de Jean Lebrun sur France Inter
14H00-15h00 (en direct)  
La tête au carré par Daniel Fievet sur France Inter
15H30-16H30 (enregistrement pour diffusion le jeudi à 14h)  La marche des sciences d’Aurélie Luneau sur France Culture


Radio Aujourd'hui
dimanche 26 février / cinéma pour les oreilles / 17h>18h / entrée libre
La radio web d’ARTE remet à l’honneur la création sonore, le charme de la radio élaborée avec soin. Une nouvelle génération d’auteurs s’empare du micro pour raconter des histoires intimes ou politiques : des échos élaborés du monde, sans commentaire mais non sans point de vue. Un dimanche tous les deux mois à Point Ephémère, les goûters d’écoute proposent de brefs reportages et documentaires à déguster les yeux fermés, confortablement allongés dans l’obscurité. Séance gratuite d’une heure environ, en présence des auteurs et de l’équipe d’ARTE Radio.
Point Éhémère 200 quai de Valmy 75010 Paris 01 40 34 02 48

Radio Demain 
La radio numérique s'impose en Europe  
"Après l'Allemagne en 2011, plusieurs pays envisagent de lancer la radio numérique terrestre cette année ou l'année prochaine. Certains, à l'image de la Norvège, prévoient d'ores et déjà l'extinction du signal de la bande FM. En France, le CSA tente de relancer le dossier." (1)

(1) Chapeau de l'article de Gregoire Poussielgue, Les Echos, 20 février 2012.

lundi 20 février 2012

Pas de panique… sur France Inter

Claude Villers, photo illustrant l'article de l'Unité












"Un sondage révèle que RTL et Europe 1 sont plus écoutés que France Inter… sauf à l'heure de " Pas de panique". Le succès  d'une émission qui fait la nique au idées reçues face à l'intox et à la débilité, c'est bien réconfortant." (1) En voilà des propos qui ne font pas dans la dentelle et qui prennent position pour défendre la radio de création et une émission qui dépoussiérait l'antenne d'Inter, passée 20h au début des années 70. "En plein mois d'août 1973, Patrice Blanc-Francard et Claude Villers ont été tirés de leurs retraites de vacances par le directeur de France Inter, Pierre Wiehn : "Vous ne pourriez pas essayer de mettre sur pied une émission entre "Charlie Hebdo" et "Pilote" pour la tranche 20h-22h de la station ?" (2)

Je reviens sur ce bon souvenir de radio pour deux raisons :
• alors qu'il semble que certaines émissions de France Inter aient du mal à trouver leur public, il est intéressant de voir qu'en créant ex nihilo "Pas de panique" Wiehn et Villers ont parfaitement réussi leur coup,
• l'occasion d'un coup de chapeau à deux hommes de radio, l'un Villers profite aujourd'hui de la vie dans le Sud-Ouest, l'autre Blanc-Francard fait profiter de son expérience la petite compagnie du Mouv'. 

Et j'aurai pu en ajouter une troisième, le plaisir de lire une critique radio, approfondie, solide et argumentée. Vous pourriez me dire une critique de parti… pris. Peut-être mais je suis bien placé pour dire qu'à cette époque la télé était absolument plan-plan et qu'avec Pas de panique nous avions chaque soir l'impression de refaire (un peu) le monde. "À travers le succès de "Pas de panique" perce l'éveil d'un peuple qui a de plus en plus de goût pour les pieds-de-nez. Ce qui sous-entend une certaine tendance à la liberté" (1). Rien moins. Oreilles formées à cette "école" vous comprendrez mieux pourquoi j'ai du mal à avaler les couleuvres affranchies (sic) qu'on voudrait me/nous faire avaler sur France Inter au prétexte d'écouter la différence.

Pas de panique, une émission très travaillée, très contestée par le pouvoir politique, soutenue par Pierre Wiehn, dont les très bons sondages ont permis qu'elle dure et à Claude Villers de devenir une voix de France Inter. L'époque plombée par la fin de règne de Georges Pompidou n'empêchait à la radio ni l'impertinence ni une certaine liberté. Claude Villers : "Nous ne voulions donner ni dans le parisianisme, ni dans le style d'émissions construites par les attachées de presse, nous ne voulions pas non plus faire un magazine, c'est une mode commode. Nous ne voulions pas faire une émission pour jeunes ce genre de ségrégations est démagogue. La télévision ne nous intéresse pas… alors nous avons décidé de faire la radio que nous aimerions entendre. Ce qui supposait que nous ne limitions aucun propos sur aucun sujet. C'est resté la seule règle véritable de notre émission : parler de ce qui nous intéresse, de ce dont personne ne parle ailleurs" (1) C.Q.F.D.

(1) L'unité (hebdomadaire du parti socialiste) n°158, du 16 mai 1975.
(2) Wiehn est directeur d'Inter. Quand, lui et Claude, ont présenté à Jacques Sallebert patron de la radio à l'Ortf, l'émission et son titre  "Panique", Sallebert s'est écrié "Ah non, pas de "Panique". Et c'est ce titre qui a été gardé !

Et puis Julien Baldacchino, le 19 juillet 2013, sur France Inter, fait revenir Claude Villers à nos oreilles…

dimanche 19 février 2012

Radio-Vélo (2)…

Frontière entre le Bas-Rhin et la Moselle © R.Krafft
Je l'avoue ce titre est un peu ambigüe et sournois puisque "Le tour de France de deux compères en campagne" ne nous parvient pas par la voix des ondes. Mais, mais, mais je suis têtu et j'aime mon titre synthétique de billet. Je suis têtu car je reste persuadé qu'une histoire, un feuilleton se tisse par l'intermédiaire de la radio. Je ne sais pas encore s'il en va de même avec les deux réseaux sociaux (1) qu'ont choisis Raphaël Krafft et Alexis Montchovet pour aller au-devant des français ignorés des médias dans la longue marche vers les présidentielles (2).

En fin de semaine dernière ils se posent à Blumerey chez Bob et David et s'installent jusqu'au lundi inclus. La neige meilleur prétexte pour rester en bonne compagnie. Mardi les vélocipédistes-reporters reprennent la route. Raphaël fait des photos et les poste sur Twitter. À l'étape il en dit un peu plus sur Facebook. La continuité du récit quotidien est naturellement "interrompue" par les commentaires. Ce morcellement correspond à l'air du temps et surtout à l'ère facebook. 

Jeudi les deux journalistes postent leur web-road-movie-documentaire sur le site de francetvinfo, sur Rue89 et sur la page facebook de France Bleu. Les six minutes quarante quatre du documentaire chez Sylvette et Jacky me laissent un peu dubitatif. Peu importe si nous connaissons déjà ces deux habitants de Haute-Marne rencontrés par Raphaël en 2007. Leurs positions politiques ont pu évoluer même si "anciens communistes ils sont maintenant électeurs du Front national". On attendrait sur une semaine plus de portraits, de points de vue, de géographie des lieux. Mais notre exigence de voyeur doit être relativisée par les moyens dont disposent Raphaël et Alexis. Il faut intégrer le temps consacré aux déplacements, à la recherche du gîte et du couvert, à un repos minimum, aux interviews et au montage final du dit documentaire. Pas facile à concilier tout ça et pas évident à réaliser dans le temps imparti. Si je suis leur affaire c'est pour justement essayer de comprendre l'évolution des médias.

Prenons donc les choses à la mesure de la réalité. C'est sûrement un test pour beaucoup d'organisations audiovisuelles. Pour France Télévisions, pour France Bleu, pour les Nouveaux Médias de Radio France. Raphaël a proposé à son compagnon de route de "calquer" ce qu'il avait si bien réussi en France et ailleurs dans le monde. Mais la logistique radio n'a rien à voir avec une logistique "TV". Se présenter à deux chez l'habitant, moins facile que tout seul. Monter des images et du son c'est au moins aussi long que de monter uniquement du son. Et quelle disponibilité mentale il faut garder après avoir pédalé toute une journée dans des conditions pour l'instant difficiles ?

France Bleu a prévu de faire intervenir "les forçats de la route" tous les mardis à 21h30 sur les 43 locales du réseau et ce pendant 3 minutes ! "Trois minutes par semaine ?" s'exclame Syntone sur Twitter. C'est pourtant à ce moment là (ou à un autre) que nous aurions aimé entendre du son. Mais leurs quatre jambes, quatre bras, quatre mains, quatre yeux et autant d'oreilles y suffisent à peine. Les pédaleurs tâtonnent ils finiront bien par trouver à défaut du modèle la bonne formule à leur croisade, quitte à une occasion ou à une autre à nous envoyer de bonnes ondes.
 
(1) Twitter et facebook
(2) Au quotidien, ce sont quatre personnes mobilisées en permanence : Raphaël et Alexis en vélo, Marc (Community manager) et Stéphane (directeur du projet) à Paris,
(3) On trouvera sur facebook le compte-rendu d'un échange entre Raphaël et Bob.

samedi 18 février 2012

Pop Valli, Valli Pop…

Valli
Prenez un bon shaker, mettez dedans : les ondes magnétiques de Michel Magne (compositeur de musique), la patte de Dominique Blanc-Francard (ingénieur du son), un lieu mythique d'enregistrement (le château d'Hérouville), la jeunesse de Marie-Claude Magne (mascotte du lieu), l'accent de Valli (animatrice qui pétille et qui connaît bien son sujet) secouez plus que de raison. Versez dans chacun des verres un cocktail détonnant où chacun pourra savourer en couches fines et multicolores : "Goodbye Yellow Brick Road" Elton John, "Toute le monde il est beau, tout le monde il est gentil" Michel Magne, "Rïah salhïltaahk" Magma, "Chrysler" Dashiell Hedayat, "Sugar Magnolia" Grateful Dead, "Sound and vision" David Bowie, "Dansez sur moi" Claude Nougaro.

Vous serez alors en parfait état pour écouter les souvenirs et les détails musicaux de Gérard Delassus (ingénieur du son et compositeur) et ceux de Blanc-Francard que Valli nous a donné à entendre vendredi soir sur France Inter. Ces histoires de musique des années 70 ajoutent un supplément d'âme aux disques que nous avons beaucoup usés sur nos platines semi-automatiques. Regrettons que, pour ce sujet au moins, Valli soit contrainte dans un format de 55 mn où elle donne l'impression en fin d'émission de n'avoir plus le temps de tout dire et où toutes les infos se bousculent de façon un peu brouillonne. On reste sur sa faim !

Une web radio pour les étudiants…


Dans son édition daté 19 & 20 février, Le Monde nous apprend deux choses : une "fausse", une vraie. Une "fausse" en annonçant (sans l'avoir vérifiée) que France Culture Papiers (1) "se veut la première revue culturelle réalisée à partir d'émissions de radio, retranscrites, illustrées et enrichies." Je l'ai écrit il y a déjà dix jours, France Inter a publié un hebdomadaire en 1976 à partir de l'émission "L'oreille en coin". Ce n'est pas parce que l'hebdomadaire n'a duré que sept semaines qu'il n'en n'a pas moins été pionnier !

La vraie : "France Culture lancera en avril une webradio à destination du public étudiant."

(1) à paraître le 23 février prochain et dont nous ne manquerons pas de parler !

Le transistor de François Bon…

Je ne sais rien dire de l'affaire qui afflige l'écrivain. Je connais surtout le raconteur de musiques. Hier sur Le tiers livre je clique sur transistor et me voilà transporté dans sa Vendée d'adolescence où, avant d'acquérir le "Double blanc" des Beatles, il possédera cet objet indispensable pour s'ouvrir aux mondes et aux musiques qui vont avec. Cet objet mythologique des sixties : le transistor.  

Sixties c'est le mot juste pour François Bon dont la vie quotidienne, comme celle de nombreux adolescents de l'époque oscille entre une culture française bloquée dans sa gangue, et un regard éperdu vers l"Angleterre et les États-Unis qui chahutent les certitudes de plomb. Dans la simplicité de ses souvenirs Bon est émouvant de tendresse pour le dérisoire comme pour le sensible. Sur la place d'Armes de son village où tout semble éternellement figé c'est le mouvement consumériste qui va bouleverser les habitudes voire les mentalités. Et comme Bon sait si bien le faire pour ses feuilletons radiophoniques, il tourne autour en s'approchant lentement de son sujet central. On marche avec lui, on écoute, on sent, on perçoit et on entre en complicité. Ou mieux en fraternité.

"…la nuit dans le noir, sous l’oreiller, une oreille sur le minuscule haut-parleur, je commençais comme des milliers d’autres de mon âge d’écouter le Pop Club et les concerts en direct la nuit – l’année 1965 venait de commencer, allez donc voir ce qui se passait, dans la musique en anglais." (1)

(1) François Bon, autobiographie des objets I 15, le transistor, in Le tiers livre, 2 mars 2011, modifié le 9 février 2012.

vendredi 17 février 2012

La passeuse de l'aber…


À l'occasion d'une des Mythologies de poche de la radio (1) et, de l'émission au cours de laquelle j'ai pu faire état de mes propres souvenirs, est passée une anecdote dont j'ai voulu tirer le fil. Thomas Baumgartner avait choisi un "son" qui mettait en scène Annik Beauchamps, animatrice à France Inter dans les années soixante, qui interviewait Fine Peton, la passeuse de l'aber (2). J'écoute attentif ce son en retour studio. À l'issue Baumgartner me demande si je reconnais l'endroit évoqué. J'hésite. J'annonce avec prudence qu'il peut s'agir de l'Aber Ildut (3)… Un détail annoncé par la passeuse me trouble quand elle dit que deux kilomètres séparent les deux rives. Si c'est le cas ce n'est pas l'Aber Ildut !

Retourné au pays, j'enquête (4). Très vite Kaou en parle à Yann-Ildut dont la grand-mère a connu la passeuse de l'aber… Ildut. Bingo. Au mois d'octobre 2011 nous rencontrons une dame très douce qui, avec une voisine de Fine Peton, nous brossent le portrait d'une très originale, typique et nature femme née en 1901 qui n'est pas restée les deux pieds dans le même sabot. Les anecdotes se succèdent. Nous apprenons qu'avant Annik Beauchamps, Pierre Bonte d'Europe1 est venu interviewer Fine pour son émission matutinale "Bonjour Monsieur le Maire" (5) et qu'il le raconte dans son livre. Je n'ai pas encore trouvé le livre et ce sera difficile de retrouver le son, les archives d'Europe 1 n'étant pas accessibles. 

Magie des souvenirs "notre" douce grand-mère au fur et à mesure de toutes ces évocations se souvient avoir entendu à Toulon où elle était "émigrée" l'émission de… Madame Inter-Annik Beauchamps. C'est ce titre de "Madame Inter" qui lui a remis en mémoire l'émission. Comme quoi le titre était bon et mémorisable !

Voilà, une nouvelle histoire est en marche et je ne vais pas en rester là. C'est vraiment ça la magie de la radio : le détail qui fait sens, qui touche, émeut ou bouleverse, aiguise la curiosité et fait du simple et de l'anecdotique une histoire sensible et… inattendue.
(à suivre)

(1) France Culture, été 2011, de Thomas Baumgartner, 6h et 20h,
(2) un aber, comme une ria est un bras de mer qui se jette dans une rivière. C'est une appellation spécifique au Finistère qui possède quatre abers : l'Aber Wrac'h, l'Aber Benoît, l'Aber Ildut et l'Aber Konk. Les quatre situés à l'extrême pointe Nord-Ouest du Finistère, en Bas-Léon,
(3) entre les communes de Lampaul-Plouarzel et Lanildut,
(4) j'habitais à 8 km de L'Aber (Lanildut),
(5) 9 minutes, 1959-1974, 6h20 puis 6h50.

jeudi 16 février 2012

À interval (régulier)…

© félix, inspiré de Van Gogh

J'aime bien ce titre… subliminal ! La semaine dernière dans le très petit monde de la radio gros buzz concernant la couverture de l'Hebdomadaire Culturel de Référence (1). En chemin vers chez le marchand de journaux (1), tel Perrette et son pot au lait, je faisais des calculs invraisemblables…

France Musique qui ne déméritait pas verrait peut-être en couverture une photo collective de ceux qui, tel un orchestre éclectique (1), jouent heure après heure, et semaine après semaine leur partition, classique il est vrai, mais avec quelques bons morceaux de fantaisie ? Dans les replis de la partition que mène Olivier Morel-Maroger le directeur de la chaîne il y a de quoi faire un bon papier. Ou alors ce serait Anne Brucy, la déesse aux quarante-trois bras de France Bleu qui la joue locale-locale et pas uniquement en période de grands froids, ou pourquoi pas le Major PBF du Mouv', dit aussi Patrice Blanc-Francard, qui fait jouer d'autres musiques avec quelques solistes qui ne demandent qu'à être reconnus : Guiton (7/9), Dana (Midi2), Bonnaud (Plan B), Bouscarel (La République du Mouv') ?

Et pourquoi pas une (large) couverture où, en ronde autour de leur maestro Julien Delli-Fiori, on découvrirait les programmateurs de Fip ? Ceux-ci ont forcément quelque chose à dire puisqu'ils ne parlent jamais à la radio ! Ou alors une belle couverture artistique (sic) sur Les Nuits de France Culture et la richesse de son patrimoine radiophonique j'oserai même dire encyclopédique ? Là il y aurait de quoi noircir quelques feuillets, non ? Enfin, sortir des sentiers battus, traquer la subtilité, flairer l'original, susciter le saute-mouton (entre les chaînes), sublimer la virgule inattendue, débusquer un montage incisif, déceler un ton nouveau et… oublier les figures imposées. Et surtout, surtout écouter entre les ondes…

Mais me voilà hagard, qui tombe devant la fameuse couverture du fameux hebdomadaire culturel de référence (1) à peine remis de mes rêveries. Là, tout en réglant mon achat je marmonne dépité "adieu, veau, vache, cochon, couvée… à intervalle régulier"

(1) Si, ça existe.

mercredi 15 février 2012

28' de très bonne radio…

Mes chers auditeurs me pardonneront cette incursion de l'autre côté du miroir (aux alouettes). Depuis la nouvelle année j'écoute (sic) l'émission d'Élisabeth Quin, 28' sur Arte (1). Je dis j'écoute car j'ai constaté que si je dévisse de devant l'écran de mon ordinateur pendant l'émission je ne perds rien de son contenu puisque je continue une écoute attentive. Élisabeth Quin a le bon goût d'interpeler par leur nom ceux qu'elle sollicite pour intervenir, ce qui permet de rester dans le fil de la conversation. 

L'épure de son décor, la sobriété des incrustations texte et/ou image, l'ambiance douce qu'elle installe en feraient une très bonne émission de radio. Ses invités, "une personnalité du monde artistique ou culturel dont le parcours est en résonance directe avec le thème traité", comme ces spécialistes inattendus - et c'est le mot inattendu qui participe de l'innovation - , "ainsi que des experts de différentes spécialités comme la sémiologie, les mathématiques, l’histoire ou encore la philosophie, passent au crible un point d’actualité."

Élisabeth Quin mène son affaire avec mesure, doigté et délicatesse sans se mettre en avant comme c'est la règle à la télévision (2). C'est fluide, apaisant et enrichissant. Les avis scientifiques sont surprenants et donnent toujours envie d'en savoir plus. C'est un moment de très agréable compagnie qu'on aimerait tellement entendre à la radio à cette heure-là. Ce qui est passionnant avec 28' ce sont ses angles d'approche (pétillants) qui mettent à mal le concept éculé de l'invité qu'on flatte en solo, le bruit intempestif d'une bande qui ne s'écoute pas parler (3) ou la branchouille d'un animateur qui parle à la façon de la télé à la radio. 

28' c'est modération et ponctuation subtile, à rebours des modes et des codes du moment. Ce qui n'empêche ni les sourires, ni la légèreté ou la perfidie qu'Élisabeth Quin manie d'adroite façon. 28' ce serait comme feu le Panorama de France Culture en plus léger et moins fouillis (4). Une très bonne émission culturelle qui manque à la radio. Vraiment. Bravo à Arte qui sait innover et surprendre et à l'équipe Quin de se renouveler chaque soir.

(1) 20h05 du lundi au vendredi,
(2) des mots qui ne correspondent pas du tout aux attributs de la télévision,
(3) et qui oublie qu'elle s'adresse à des auditeurs,
(4) ex émission mythique du midi des années 80 et 90.

mardi 14 février 2012

Blum radio…

La télé c'est pour Blum TV !!!
Si je lis sur un message des pédaleurs fous (1) : "Blumerey, Bob, horloges comtoises" me reviennent immédiatement à l'oreille les émissions de Travaux Publics (2). Jean Lebrun avait trouvé dans ce village de Haute-Marne une façon d'y venir et d'y revenir, avec ses hôtes originaux Bob et David. Hôtes indissociables de leurs "horloges comtoises". Jean Lebrun était comme ça, il avait ses marottes : Saint-Malo son port d'attache, Saint-Denis son port du réel, "Saint" Blumerey son havre du sensible… Et ce sont bien ces marottes-là qui donnaient, années après années, sa marque de fabrique à l'émission et à son producteur… charismatique.

C'est aussi ça la radio, non ? Installer fidélité et complicité. Une émission de Travaux publics en direct de Blumerey c'était comme un feuilleton au long cours. Avec des repères qui interpellent l'oreille immédiatement. On entrait en compagnie dès Blumerey annoncé au seuil de l'émission. Je n'ai jamais été à Blumerey et ne connais pas les héros Bob et David mais j'imagine que, les croisant dans leur antre, j'aurais quelques anecdotes à partager ! Voilà donc comment trois petits mots de rien du tout font pétiller la mémoire et donnent envie d'aller écouter d'autres sons de cloche ou à défaut d'entendre sonner les comtoises…

(1) Raphaël Krafft, Alexis Montchovet, La campagne à vélo,
(2) France Culture, du lundi au vendredi, 18h30/19h30, de 2003 à 2008. Les dernières émissions à Blumerey auront lieu les 19, 20, (avec Raphaël Krafft) et 27 juin 2008.

lundi 13 février 2012

Un toast, une chronique, un toast, …

Donc le matin vous croquez vos biscottes, vous vous barbez devant la glace ou vous roucoulez sous la douche, mais, mais, mais, vous écoutez la radio (1). Et le matin il y a une petite musique lancinante, dite aussi "chronique", qui cadence les matinales sur les chaînes de radio (2). Elles sont multiples, variées et asticotent les méninges au point de frôler l'overdose. Passées neuf heures qu'en reste t-il dans nos cerveaux sursollicités par l'empilement gargantuesque des infos du matin ?

Prenons un exemple. Audrey Pulvar anime sur France Inter le 6-7. Dans cette émission elle s'est réservée une case où chaque jour elle livre un billet d'environ trois minutes. Et comment fait-on pour s'imprégner des idées, des points de vue défendus par la journaliste sans être obligé de s'arrêter pour écouter quand on est dans les situations décrites ci-dessus  ? Comment peut-on une fois la chronique passée y repenser ? Le rouleau compresseur de l'info, qui ne s'arrête jamais faisant son office de compresseur, venant perturber, saturer ce qu'on a décidé d'approfondir en y réfléchissant ? On éteint la radio ? Presque impensable ! On prend des notes ? Pas toujours facile ! On y pense puis on oublie ? Alors "la chronique ça sert à quoi ? ". Et vous aurez remarqué qu'aucun journaliste dans les pages "radio" des quotidiens ou des magazines ne l'a jamais posée à qui de droit. 

Le syndrome "chronique" est bien engagé. Son formatage et son cadencement aussi. C'est une façon de "distraire" l'attention tout en la sollicitant. On frôle la schizophrénie ! C'est une façon d'employer au cours d'une même émission des tas de "pigistes" au statut très précaire. Et je ne parle pas des chroniques humoristiques : les pas drôles du tout, les prétentieuses qui se haussent du col, les prétentieuses pas drôles et autres carrément déplacées. Chaque chroniqueur se sentant au cours de ses trois minutes un peu "le roi du monde !"

Audrey Pulvar pour sa chronique du 24 novembre 2011 a eu la bonne idée d'en mettre le texte sur le site de son émission. Heureuse initiative ! On la lit, on l'imprime, on la relit, on la diffuse ? Et après ? On imprime celle du lendemain, puis celle du chroniqueur de France Info, celle de la chroniqueuse de France Culture, celle du chroniqueur du Mouv', d'RTL, d'Europe 1, d'RMC,… ? Au secours fuyons !

Alors à quoi sert une chronique si, à peine entendue, on ne peut y repenser sereinement ? À quoi sert-elle si aussitôt elle est, de fait, oubliée ? La multiplicité aiguë de ces formats très courts imposés plusieurs fois par heure et par jour, ressemble à du gavage. Ou pourrait donner l'impression que l'animateur principal de l'émission s'en sert pour, lui-même, en faire un peu moins (d'émission). Ce qui devait être une virgule, un focus ou l'avis d'un spécialiste est devenu un principe prégnant pour ne pas dire une posture… imposée. La fluidité des émissions s'en ressent et perturbe une écoute attentive ou soutenue, un peu comme le matin, hagard devant son toaster, où il faut remplacer toutes les trente secondes, vaille que vaille, une tartine par une autre.

(1) Ou alors vous "piétinez" dans les bouchons et vous écoutez encore plus la radio (pour calmer vos nerfs),
(2) autres que les débiteuses de musique animées par des duo, trio niaiseux,
(3) pour éviter sans doute comme à la télé que l'auditeur ne s'ennuie et change de chaîne.

dimanche 12 février 2012

Radio-vélo…


Interpellé par France-Bleu (1) avant le départ le 6 février des "forçats de la route" dont Raphaël Krafft fait partie, je ne pouvais oublier la résonance de ce prénom et de ce nom, qui en 2007 avait pris la route de la campagne (présidentielle) pour aller à la rencontre des français "de tous les jours", et qui en rendait compte sur l'antenne de France Culture et plus particulièrement dans les "Travaux Publics" de Jean Lebrun. Une voix, un style, un projet, une attention et une volonté d'avaler le bitume quand d'autres (journalistes) avalent des couleuvres. L'aventure de ce pèlerinage est contée par le menu dans un petit bouquin (2), dont je viens de commencer la lecture.

Deux jours avant son départ, Raphaël Krafft a répondu à mes questions, simplement et avec détermination. Lui faisant remarquer que nous devrions nous passer de sa voix quotidienne à la radio il précisa "si on veut faire de la bonne télé on ne fait pas de la radio en même temps et inversement". J'ai reçu le message cinq sur cinq et décidé de jouer le jeu des réseaux sociaux pour suivre l'épopée et découvrir une fois par semaine le webdocumentaire que les deux compères se sont attelés à fabriquer dans quelque soupente ou grenier campagnard. Pour autant la connexion mondiale facebook+ twitter a aussi ses limites : "Nous voulions tester la réactivité du réseau pour nous trouver le gîte et le couvert lors de notre première nuit de voyage. Nous constatons vite, par 6 degrés en dessous de zéro, qu'aucun de nos "fans" ou "followers" ne vivait ou n'avait de famille entre La Ferté-sous-Jouarre et Château-Thierry. On prend note que nous ne croiserons pas tous les jours l'un des 25 millions de Français connectés à Facebook durant notre périple."

© Raphaël Krafft
On the road (again), Raphaël prend le temps d'envoyer des messages via son oiseau bleu, de faire des photos, de passer un temps certain à se rendre d'un point à un autre en pédalant, pédalant, pédalant. Et puis à faire tout le reste qui n'est pas rien, même si leurs hôtes sont attachants et attentionnés. Rappelons juste que la vague de froid sibérienne qui frigorifie la France a commencé juste un peu avant leur départ. 

L'expérience du webdocumentaire est certainement un très bon test pour voir (et entendre) comment les images, plus les messages courts, plus le documentaire lui-même, irriguent la population française (et mondiale de fait) et donc particulièrement les "accros" des réseaux sociaux. Nous verrons "au bout du compte" si l'audience a été décuplée et si alors l'effort et le travail de nos deux journalistes sont encore mieux reconnus.

Mais je me demande si un troisième larron (3) n'aurait pas du être du voyage pour faire un reportage radio, car en l'état de ce que j'ai vu et entendu de ce webdocumentaire, ça n'a rien à voir ? Une fois de plus l'image capte l'attention et on pourrait bien ne plus entendre la prière des religieuses en ne regardant que leurs attitudes. Laissons filer les trois mille cinq cents  kilomètres de l'exploit physique et nous solliciterons les hérauts au temps des cerises quand ils auront pris un repos bien mérité !
(à suivre dimanche prochain…)

(1) en pleine promotion du projet,
(2) Un petit tour chez les français, Raphaël Krafft, bleu autour, 2007
(3) outre les problèmes logistiques que cela peut poser,

samedi 11 février 2012

BBDP…



Là maintenant, tout de suite, immédiatement sur ina.fr vous pouvez profiter de soixante six minutes de Bons Baisers De Partout (1). Voilà ce qu'en dit Jean-François Remonté (2) : "BBDP se moque ouvertement de James Bond en racontant les aventures de Nicolas Leroidec, marchand d'enclumes et as du contre espionnage français, entouré de personnages dont les noms resteront au Panthéon du calambour, de Jérémie Ménerlache, à Hubert de Guerrlasse, sans oublier l'adjudant Tifrice et les frères Fauderche.". Alors prenez le temps de (re)découvrir sur la longue durée dix épisodes de l'historique feuilleton de France Inter (3).

(1) de Pierre Dac et Louis Rognoni,
(2) Les années Radio, L'arpenteur, 1989,
(3) en vente sur la boutique de l'Ina.

vendredi 10 février 2012

Écouter, seulement écouter…



Ce serait comme ouvrir sa sonothèque, tendre la main vers un joli dos de couleur, sans avoir besoin de lire le titre, mettre le support dans "un appareil à lire", s'installer et écouter. (Ré)écouter pour le plaisir, des sons, des mots, des histoires. En dehors des programmes de radio et des formats habituels. 

Écouter des histoires extraordinaires ou ordinaires. Sans image. Pour le plaisir d'écouter et de se faire son pt'tit ciné perso ou son roman-photo ! Juste dans l'écoute et rien d'autre. Rien pour perturber le son, détourner les sens en éveil, faire diversion. Écouter des voix ou des sons et laisser l'imaginaire buter sur un congère, une tempête de neige, une baraque à frites, une morne plaine ou un soleil jaune pâle au petit matin derrière la brume. Fermer les yeux peut-être et ne rien dire. Écouter. Seulement écouter et ne rien faire d'autre. Sortir un moment de la grande parade audio-visuelle. Revenir à l'essentiel. Tendre l'oreille. Écouter. Sourire. Avoir la chair de poule. Frisonner. Pleurer ou éclater de rire, l'émotion à fleur de peau. Écouter.

Si j'avais tous les contes de Gérard Sire disponibles j'en écouterais un tous les soirs. Où même les histoires de Jacques Trémolin ou de Jean-Marie Pelt. Écouter des histoires qui prennent le temps de dire. J'ai trouvé ça sur l'Ouvroir de Sonorités Potentielles. Et ça m'a remis les pendules à l'heure ! Une diversion buissonnière dans l'empilement quotidien. J'ai pris du champ ! Je vous invite a en prendre aussi. Allez ! dès ce soir, voyons voir si vous êtes ouvert à l'Ouvroir… .

jeudi 9 février 2012

La radio en papier…

Couv' du N°1



Alors qu'on pourra dans deux semaines lire France Culture dans le texte, j'espère qu'il ne viendra à l'idée de personne sur cette chaîne, à Radio France ou dans les médias d'annoncer que c'est la première fois qu'une radio s'imprime dans un journal. France Culture Papiers a eu de grands devanciers il y a … trente six ans. Le 18 septembre 1976 paraît "L'oreille en coin, supplément hebdomadaire" (1) de l'émission éponyme qui depuis 1968 fait les beaux samedis et dimanches de France Inter.

Voilà ce qu'en dit Pierre Wiehn, le directeur d'Inter de l'époque : "Quand nous avons pris la décision de vous présenter, chaque semaine, cette Oreille en coin-Hebdo, la situation était simple : il y avait vous, les auditeurs de "l'Oreille en coin", qui souhaitiez (vos lettres l'affirmaient) plus d'informations, plus de détails, plus de textes sur votre émission préférée du week-end. Il y avait nous, les gens de France Inter, l'équipe de Pierre Codou et Jean Garretto, qui désirions avoir un contact plus étroit, plus nourri, plus fécond avec vous tous. C'est à dire dans ces conditions que les accordailles (2) étaient inévitables. L'enfant désiré vient de naître : le voici. Nous le confions à votre indulgente sollicitude…".

Ce journal ressemble graphiquement à Pilote (3), pour les couvertures grâce au dessin de Paolo Garretto (on pense vraiment aux grandes gueules de Morchoisne), et pour l'esprit des joyeux lurons qui s'y répand. Mais bien que Wiehn évoque dans son édito "la satisfaction de nous avoir permis de tordre le cou à cette vieille sorcière de la radio : l'ÉPHÉMÈRE ", c'est l'hebdo qui sera éphémère puisqu'il s'arrêtera au… septième numéro. Jean Garretto précise (4) : "Jacqueline Baudrier, présidente de Radio France nous avait donné son accord mais un de ses directeurs adjoints n'était pas pour. Il partait du principe que la presse écrite ce n'était pas une mission de la radio, ce en quoi il n'avait pas tout à fait tort."

Mais quelle belle folie éditoriale ! En plus de la préparation de leurs émissions les productrices et producteurs "jouaient à écrire". Mes chers auditeurs si vous avez au fond de vos greniers un ou plusieurs numéros de L'oreille en coin-Hebdo, je suis preneur.

Pour France Culture Papiers, l'article en lien précise qu' "il ne s'agit pas d'une coédition". L'affaire pourrait donc durer, la mode aux revues étant de retour.

(1) 3 francs, vendu par abonnement (le premier numéro était à 4 francs !),
(2) le mot va tout à fait quand on sait le lien affectif des auditeurs avec cette émission culte (1968-1990),
(3) hedomadaire créé en 1959 par René Goscinny qui deviendra mensuel au début des années 70, l'heddo de l'Oreille format 27 x 40 (presque un A3)
(4) "L'oreille en coin", une radio dans la radio, Thomas Baumgartner, nouveau monde éditions, 2007.

mercredi 8 février 2012

Mermet à France Culture… c'est fait

Du temps de "L'Oreille…" © Coll. part.

"Je suis moche, petit, tordu et j'aimerai correspondre avec une femme jeune, riche et belle, parce que quand on se ressemble on s'entend mieux." Ce n'est pas Mermet qui profite de son micro pour passer une petite annonce personnelle publiée dans Libé… (1) Il poursuit : "Écrire : Doniguian André 6757 182 309. Prison de Fresnes.1, avenue de la division Leclerc. 94261"

Ce 15 février 1979, les Nuits Magnétiques (2) viennent de démarrer, Daniel Mermet dans son émission "Chiens écrasés" fait du Mermet. Après les avoir coupées au couteau, il lit des brèves et autres entrefilets comme il lirait des titres de presse, les unes derrière les autres, sur une musique mécanique comme autant de loupes sur un quotidien "banal". Mermet jongle avec la poésie, la provoc', la perfidie, des mots scandés, apostrophés, annoncés au scalpel, avec un rock torride en fond. Des sons aigus pour la plainte… Tout est dans sa voix, son rythme. Mermet attrape par le petit bout de la lorgnette la société qui l'entoure. Ce qui l'intéresse : la marge, l'inattendu, l'invisible médiatique, le microscopique, le dérisoire, le truculent, le bas-côté ténébreux pour ne pas dire les bas-fonds. Ceux qui sont dans l'ombre et qu'il met en lumière dans l'espace de ses mots.

Mermet, à l'époque, a toute sa place dans le vivier protéiforme des Nuits Magnétiques impulsées et coordonnées par Alain Veinstein depuis 1978. Ses vingt minutes de "Chiens écrasés" sont un sordide catalogue à la Prévert, comme des tranches de vie minuscules qui prennent par sa voix, ses sons, son montage une autre dimension. Par sa diction Mermet "écrase" ses brèves, nous les renvoie en pleine figure. Ces mêmes brèves qui paraissaient et paraissent encore dans la presse quotidienne nationale et régionale. Mais cet écrasement magistral c'est une mise en oreille que Mermet nous propose. Un appât. Mermet a ferré son auditeur, il n'y a plus qu'à l'amener doucement au cœur d'un conte noir au nom sordide de "Miss Poubelle", précédé d'un blues ad hoc, pour être "dedans" et se laisser embarquer au fil des mots.

Pour ce retour sur écoute il ne fallait pas manquer "Les Nuits" de France Culture, et surtout celle du 27 au 28 janvier 2012. Mermet est un formidable conteur. Il a mis cet art en "sommeil" depuis 1989. Après toutes ces années de reportage aux quatre coins du monde, il aurait pu revenir à ses premières amours radiophoniques. Il aurait pu…

(1) à l'époque où ce n'était pas un jockey qui était propriétaire de Libération, les petites annonces pour les "taulards" étaient gratuites,
(2) France Culture, en soirée après 22h. Certains vont découvrir que Mermet avant "Là-bas si j'y suis" (France Inter depuis 1989) avait débuté à France Culture (1976), avait participé à L'oreille en coin (1968-1990), animé une émission en public Bienvenue à bord du Titanic (1987) et une émission d'été érotique, La Coulée Douce (1985 et 1986), toutes sur Inter,
(3) Les Nuits, de 1h à 6h, du lundi au vendredi et le dimanche. Le samedi étant consacré à "La nuit rêvée de…". Ces Nuits il faut les mériter, les flairer, les suivre et s'en faire sa petite pelote de nuit, au risque d'insomnies prolongées.

mardi 7 février 2012

Blanc, silence, neige…

Nous avions rendez-vous sur la place. Nous ne nous connaissions pas autrement que par l'écriture. Ce petit bonhomme est arrivé d'un pas volontaire une casquette de marin sur le chef. Tout en marchant il gardait près de l'oreille un transistor qui ne semblait pas émettre autre chose que des grésillements. Après nous être salués nous entrâmes dans la première gargote venue et enchaînâmes sur notre passion commune de la radio.

Il avait posé son transistor comme neuf à côté de lui, éteint. Nous rivalisions de commentaires et quelquefois de jugements assassins. Le temps faisait son affaire. Dehors la neige avait repris. Puis avec un sourire gourmand il alluma le poste et se mit en quête d'une station. Ça crachouillait. Ça donnait des bribes de musique, des incantations politiques, des publicités bidons, des blancs, des silences. De vrais silences de radio où on sentait qu'il devait y avoir eu quelque chose avant et que si la neige arrêtait de tomber d'un coup ça pourrait reprendre.

Il me dit "Tu entends ça  ?". Je souriais, à part le bruit environnant il ne sortait plus rien de son coucou. "Ben tu vois c'est exactement comme pour… il essaye de jouer avec les silences mais il n'installe que du vide." Je ne lui fis pas répéter le nom de la personne qu'il avait nommée. Sa sentence pertinente pouvant s'appliquer à quelques unes ou quelques uns. Nous promîmes de nous revoir. En quittant l'estaminet il remit sa casquette de marin en place installa le transistor en bonne place à côté de son oreille. Le temps de neige avait installé un silence profond. Il n'eût pas besoin de monter le son. Il prit le chemin des docks. Mais avant même qu'il ne se mit en marche je crus bien reconnaître la fiction qu'il écoutait.

Voilà bien un original qui a du se bricoler un MP3 caché dans un transistor. C'était son secret et sa fantaisie. L'objet était désuet et magnifique et donnait au bonhomme une présence intemporelle. Comme un autre marcha sur les eaux, lui semblait flotter au-dessus de la neige, capitaine de son corps dont il voulait ménager les roulis. Je compris mieux le sens de la casquette. Et le regardant s'éloigner je lui tirais mon chapeau.

lundi 6 février 2012

Radio, TV, on mélange tout ?

En fin de semaine dernière et jusqu'à demain se tient à Paris le salon "Le radio". Je n'y étais pas mais dans sa présentation des ateliers et des conférences j'y ai trouvé  plusieurs choses sur le mélange des genres ou sur le mélange des médias. La palme revenant sans doute à BFM. Lisez plutôt : "Passée de station de radio en véritable télévision, BFM Business est la première radio télévision basée intégralement sur des concepts « radio » avec des équipes radio." Oui mais la station radio existe toujours, non ? Mais c'est de la télé ? Ça veut dire qu'avec de la radio on peut faire de la télé ? Là j'ai besoin d'un décodeur.


Plus grave la situation de Radio France International (RFI) qui elle aussi a tenu un stand sur ce salon avec : "RFI Riposte" qui défend les métiers de radio, la déontologie et les emplois". On l'aura compris RFI Riposte est le collectif de RFI qui lutte pour ne pas se faire désintégrer en intégrant France 24 (1). "Qui défend les métiers de radio", ce qui veut bien dire qu'à terme la toute puissance du média TV et la toute puissance de France 24 pourraient reléguer la radio à un "gadget de son". On prend le son TV qu'on met dans les tuyaux radio, un peu à la façon BFM, non ?

La radio est tendance et aiguise les appétits au risque de la galvauder en la mélangeant dans la grande marmite de la télévision dont on sait les capacités à avaler, digérer et recycler l'air du temps. Le cinéma n'est pas le théâtre, la radio doit exister pour elle-même et par elle-même, coûte que coûte ! Quitte à s'engager !

(1) la chaîne d'info et d'actualité internationale,

Et celle-là n'est-elle pas excellente ? 
Fabienne Schmitt des Échos, interviewant Christopher Baldelli, président du directoire de RTL. "La radio n'est-elle pas un média vieillissant ?" "Avant d'arriver à RTL, j'étais dirigeant de télévision, donc j'avais une idée préconçue sur la radio et je me disais que c'était un média moins moderne que la télévision. Aujourd'hui, je pense l'inverse." (6 février 2012)