lundi 21 avril 2025

Larzac : gardarem la memòria…

Bon c'est Pâques, ce coup-ci c'est sûr (1) ! Au jardin, j'ai passé l'âge d'aller chercher les œufs. Mais j'aime toujours autant revenir dans l'histoire. Jeudi denier, au petit matin, Albane Penaranda, productrice des Nuits sur France Culture nous proposait l'épisode 1 de "L'histoire en direct" sur le Larzac, du 1er septembre 1997 (2). Comment dire ? Voilà une formidable occasion de revenir sur nos jeunes années de luttes et d'utopies. Le tout au pluriel.

Larzac, 26 août 1973. W. Karel Gamma/Rapho
via Getty Image

Emmanuel Laurentin avec cet épisode entamait sa deuxième année aux commandes de "L'histoire en direct" (3). Et il ne faut pas longtemps à sa propre mémoire pour se replonger dans cette histoire sociale qui a accompagné la décennie 1971-1981. "Le , Michel Debré, ministre de la défense nationale à ce poste depuis le début de la présidence de Georges Pompidou en 1969, annonce formellement dans un entretien télévisé l'agrandissement du camp du Larzac, portant sa superficie de 3 000 à 17 000 hectares (de 30 à 170 km2), concernant douze communes aux alentours de La Cavalerie et nécessitant l'expropriation partielle ou totale de leurs terres des familles d'agriculteurs." (4)

Pile un mois plus tard, je me retrouvais à mille-vingt-huit kilomètres de ma chère Bretagne dans une tenue très proche de ceux qui, au Larzac, avaient envie de plus d'espace pour "jouer à la guerre". Difficile alors d'afficher sur sa veste un autocollant (pas encore créé) genre "Gardarem Lo Larzac" au risque de terminer au trou pour plusieurs jours… Las, par chance parmi quelques copains de "promo", un doux Arménien lisait Actuel, le nouveau magazine de free-press racheté par Jean-François Bizot. Et là sur fond, jaune, vert ou violet, voire entre les lignes on pouvait commençer à lire "les nouvelles du Front". On bouillait dans nos chambrées, plus que jamais solidaires avec les moutons et définitivement pacifistes face aux canons. 

La chronologie de ce combat sociétal si bien raconté par ses actrices (particulièrement Marizette Tarlier) et acteurs nous rappelle que moins de trois ans après 68, la jeunesse voulait en découdre avec des politiques autoritaires au mépris de ceux qui voulaient "Vivre et travailler au pays". La mobilisation de toute la France, au travers des "Comités Larzac", des fêtes d'été sur place, de l'appui permanent d'une population locale et extra-locale a permis au "mythe" d'exister au-delà des clichés enfermant les révoltés dans un stéréotype de "babas cool" ou de "hyppies" en mal de flower-power et de Woodstock (5).

Alain Lipiez (porte-parole des Verts en 1997) : "Pour fabriquer un mythe il faut qu'il y ait de la beauté", ce à quoi José Bové (paysan du Larzac) ajoute : "Le mythe s'est construit dans l'action". Et comme le précise ce dernier "C'est en prenant l'opinion public à témoin" que la lutte a pu être menée sans relâche jusqu'à la victoire finale. En effet, le 3 juin 1981, le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy, acte l'abandon du projet d'agrandissement du camp du Larzac. Un fait de société exceptionnel de mobilisation citoyenne contre un pouvoir politique qui n'a pas intégré les ressorts de la démocratie active.

J'ai pu remettre la main sur le n°15 d'Actuel de décembre 1971, qui dans un entrefilet évoque l'extension programmée du camp militaire du Larzac. Lire Actuel, de quoi replonger dans le ton libertaire d'une free-press indispensable pour s'extraire de la chape de plomb des années Pompidou !

(1) Lundi dernier j'avais juste un peu avancé le calendrier, 
(2) L'épisode 2, le débat, avait été diffusé dans les Nuits du 23 février,

(3) Son premier sujet le 2 septembre 1996 s'intitulait "Monsieur Tintin ou les aventures d'Hergé". En septembre 96, le créateur de l'émission, Patrice Gélinet, rejoignait France Inter et créait "Les jours du siècle". Laurentin entamait lui, un long parcours d'histoire qui le mènerait jusqu'à la fin de la saison 2018/2019,




(4) Source Wikipedia,
(5) Méga festival de musique aux E.U. les 15, 16 et 17 août 1969, "Trois jours de paix et de musique",

dimanche 20 avril 2025

Faites fort : fêtes foraines… quels manèges !

Vous avez dormi la nuit dernière? C'est bien. Maintenant que vous êtes réveillés vous allez peut-être pouvoir entrer dans la fête. Et pas n'importe quelle fête. La foraine, qui n'est pas la foire. Les manèges, les attractions, les baraques, les frites… De la musique jouée très fort et aussi pour que ça colle bien de l'accordéon. Après une nuit pareille quelque chose brille dans les yeux. Et ça n'a pas à voir avec l'enfance ou l'adolescence mais plutôt avec un moment de vie collectif où chacun vient chercher des sensations, des odeurs, des ambiances. Une parenthèse - enchantée - dans un monde normé, cloisonné et trop souvent déshumanisé…

Fête foraine organisée pour les enfants
sur l'esplanade des Invalides à Paris, 24 mai 1956,
©Getty - Keystone-France/Gamma-Rapho











Je l'ai écrit hier. Il y a eu du beau monde pour cette nuit foraine sur France Culture. La bonne idée était de commencer par "La matinée des autres", ce programme riche et singulier. Ruth Stegassy et Josette Colin nous mènent à la foire du Trône à Paris. On y est. C'est l'art de la réalisatrice de créer le climat sans jamais rompre l'ambiance propre à ce genre d'événement populaire et festif. Musiques qui se croisent et se télescopent au long du parcours sur la fête. Rires et cris. Harangues des forains pour inciter chacun à venir sur son stand. Et si l'on ajoute un orgue limonaire le tableau est complet. Quel manège, "Le cheval blanc qui monte et qui descend…"

Gros baume au cœur quand la fête foraine s'expose dans la planète aux chansons… Le gratin est là ! Qu'on en juge : Catherine Sauvage, Léo Ferré, Piaf, Les frères Jacques, Damia,… Et voilà les chevaux de bois d'un carrousel d'un Atelier de Création Radiophonique produit par Kaye Mortley, et réalisé par Michel Créis, Lionel Quantin et Bruno Roncière. "Un manège est rond et tourne sur lui-même"… Comme à la maison de la radio… un sacré manège, non ? "Les manèges c'est la mémoire. Dès qu'on a inventé des manèges on a eu l'idée de mettre des chevaux dessus en souvenir des carrousels du Louvre, de Versailles, de Marly… Des chevaux de bois."

Avec les forains Jean Bournet et Marcel Campion. "C'est le forain qui a fait découvrir le cinéma". Comme le chante Piaf "La fête continue". Alors filons au ciné… Pour Serge Bromberg, "L’un des films les plus étonnants qu’on ait retrouvés doit dater de 1898, où on voit Monsieur Kobelkoff, le premier exploitant de salles de cinéma en réseau, mais qui était aussi attraction foraine, en tant qu’homme-tronc. On le voit faire son numéro : n’ayant ni bras ni jambes, on le voit tirer au pistolet, manger sa soupe, peindre, faire des cabrioles et enfin saluer le public avec son moignon. C’est étonnant parce que ce film très choquant, très surprenant, nous montre exactement ce qu’était le numéro de Kobelkoff dans la fête foraine du 19e siècle." (source, la page de l'émission)












Puis on "plonge dans la France de 1950, en immersion dans deux fêtes foraines de tradition séculaire : en août, la fête des Loges, dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye, puis celle du parc de Saint Cloud en septembre." Et, presque quarante ans plus tard, en 1988, Agnès Pierron explore les mutations de la fête foraine, alors en déclin face aux parcs d’attractions, et recueille les témoignages de forains des Tuileries et de strip-teaseuses de Pigalle.

Voilà donc sept heures de programme, proposées par Albane Penaranda, qui nous ont plongés dans un monde forain presque intemporel, dans un fantastique manège qui, même si les fêtes foraines diminuent comme peau de chagrin, elles resteront longtemps de formidables attractions populaires. 

samedi 19 avril 2025

Forains et fêtes foraines : tout un programme…

Le programme des Nuits de France Culture vous l'ingérez comment ? Au p'tit bonheur la chance ? Au hasard de vos insomnies ? Méthodiquement sur les pages Radio de Télérama ? Ou le plus habituellement sur votre ordinateur ou smartphone ? That is the question ? Puisque je reçois le programme chaque jour dans ma boîte mail j'en scrute d'abord les Nuits. Et hier quand j'ai reçu le programme de samedi j'ai déjà eu un vrai sourire en découvrant le programme qu'Albane Penaranda nous avait concocté : forains et fêtes foraines… De quoi n'en pas fermer l'œil de la nuit ! Voyez plutôt. 

Fête des Tuileries- Paris - ©Getty

 













00:00 - 00:04 

Présentation - Forains et fêtes foraines 

(1ère diffusion : 20/04/2025) 

Par Albane Penaranda - Réalisation Emily Vallat 


00:04 - 01:29 

La matinée des autres - Les forains 

(1ère diffusion : 29/11/1994) 

Par Ruth Stégassy - Avec Michel Rouzière (collectionneur), Jacques Courtois (décorateur) et les forains : Gilbert Bournet, Fabrice Dussonier et Didine - Avec en archives la voix de Jacques Prévert - Lectures de textes de Raymond Queneau par Alain Rimoux - 

Réalisation Josette Colin 

  • La matinée des autres + Ruth Stégassy + Josette Colin + Prévert et Queneau = dormir avec une telle promesse de qualité ? Impossible…

01:29 - 01:41 

Edition spéciale - Kiki Bourdier doyen des forains français 

(1ère diffusion : 14/05/1962 RTF) 

Par Jean-Claude Héberl - Avec Kiki Bourdier (forain) 


01:44 - 02:04 La planète aux chansons - La fête foraine 

(1ère diffusion : 10/02/1951 RTF) 

Par Angèle Vannier - Présentation Catherine Sauvage - Avec André Popp au piano - 

Réalisation Jean Kerchbron 


02:04 - 03:29 Atelier de création radiophonique - Combien de lieues jusqu'à Babylone ? (1ère diffusion : 21/02/1999) 

Par Kaye Mortley - Avec Michel Butor (poète, romancier, enseignant, essayiste, critique d'art et traducteur) - Lectures de textes de Guillaume Apollinaire, de Kaye Mortley par Michael Lonsdale et par des enfants - Avec des sons enregistrés au Musée des Arts Forains à Paris, à l'exposition "Il était une fois la fête foraine : de 1850 à 1950" au Parc et à la Grande halle de La Villette - Réalisation Michel Créis, Lionel Quantin et Bruno Roncière 

  • Un ACR + Kaye Mortley + Michel Butor + Michel Creïs et Lionel Quantin = quelle fête on va se faire ?

03:30 - 04:01 Le monde insolite - L'évolution de la fête foraine 

(1ère diffusion : 03/06/1973) 

Par Michel Bichebois - Avec Jean Bournet et Marcel Campion (forains) 


04:01 - 05:28 Mardis du cinéma - Les forains au cinéma  

(1ère diffusion : 03/09/1996) 

Par Ruth Stégassy - Avec les critiques de cinéma : Serge Bromberg, Noël Simsolo, Jean Douchet et Patrick Brion - Avec des extraits des films : "Liliom" de Fritz Lang, "Les demoiselles de Rochefort" de Jacques Demy, "Freaks" de Tod Browning, "Les gens du voyage" de Jacques Feyder, "Zig et puce sauvent Nénette" de Georges Rollin, "Le Pirate" et "Comme un torrent de Vincente Minnelli, "La Nuit des forains" d'Ingmar Bergman, "L'inconnu du Nord-Express" d'Alfred Hitchcock, "Bronco Billy" de Clint Eastwood, "Le Troisième homme" de Carol Reed, "Jour de fête" de Jacques Tati et "La beauté du diable" de René Clair - 

Réalisation Isabelle Yhuel 

  • Quelle toile ! Stégassy + Bromberg + Simsolo + Douchet + Brion + Yhuel = magique !

05:30 - 05:46 Ainsi va le monde - La fête des Loges et la fête de Saint-Cloud  

(1ère diffusion : 12/09/1950 Chaîne Parisienne) 

Par Micheline Sandrel - Avec un reportage à la fête des Loges et à la fête de Saint-Cloud 


05:46 - 06:49 Grand angle - La fête foraine 

(1ère diffusion : 31/12/1988) 

Par Agnès Pierron - Avec Zeev Gourarier (conservateur du Musée des Arts et Traditions populaires), Pierre Bourgeade (écrivain), les témoignages de forains des Tuileries et de Pigalle et de strip-teaseuses à la fête foraine de Pigalle -

Réalisation Nathalie Triandafyllides


06:49 - 06:56 Extrait : Inter actualités - 1963, dernière foire du Trône avenue du Trône  (1ère diffusion : 12/04/1963 France I Paris Inter) 

Par Jacques Février - Avec un reportage à la foire du Trône dans le train fantôme et autres manèges 


06:56 - 06:58 Forains et fêtes foraines - Désannonce 

(1ère diffusion : 20/04/2025) 

Par Albane Penaranda - Réalisation Emily Vallat 


J'espère, avec ce programme détaillé, vous avoir donné envie de passer une belle nuit blanche. Invitez quelques voisins, le ou la maire du village, quelques ados en vacances et pendeant sept heures retrouvez le sens de la fête… foraine. Tout un programme !

jeudi 17 avril 2025

Sur les docks (12) : Jack Kerouac…

Un genre de blues, non ? "Black mud" des Black keys introduit bien le documentaire "Kerouac l'obsession bretonne" d'Arnaud Contreras et de Vincent Abouchar. Kerouac ou Kervoac aurait donc pris ses distances avec la génération hippie qui elle se retrouvait parfaitement dans "Sur la route" que l'écrivain publia en 1967, en plein "Summer of love"… Bad connection.











On se plaît à imaginer notre hobo-poète qui revendique le patronyme "(Jean-Louis) Lebris de Kerouac". Ça claque, un peu de noblesse au milieu de la beat generation, particulièrement quand il signe "Prince de Bretagne". "Kerouac c'était une contre -culture. Une contre-culture très importante à un moment et il y a toujours besoin d'une contre-culture dans chaque pays" dit Jon Nix. Allez un p'tit coup de "Going up the country" de Canned heat pour être in (1). 

Puis le documentaire nous fait voyager sur nombre de patronymes Kerouac, (5000 rien qu'aux E.U.) et sur un possible héritage inaccessible. Il est intéressant d'entendre Louis Bartholom évoquer l'écriture de l'errance, de la déambulation et du voyage sans but. L'occasion de (re)prendre la lecture de "Sur la route/Rouleau original"…

Merci à Contreras et Abouchar pour la bande-son, Buffalo Springfield, Woody Guthrie, Sonic Youth, The Undertones…

1ère diffusion 25 avril 2011.

(1) Chanson d'ouverture du film Woodstock, 

mercredi 16 avril 2025

Sur les docks (11) : Une semaine avec La Mondaine…

Il fallait pas moins "Les filles qui la nuit" de Fréhel pour qu'Alexandre Heraud et Yvon Croizier introduisent le sujet de la Mondaine en quatre épisodes. Irène Omélianenko, coordinatrice de "Sur les docks" prévient les auditeurs "Oreilles sensibles s'abstenir". Nous voilà prévenus. Je vais en profiter pour vous révéler ma méthode de travail. J'écris en même temps que j'écoute sinon il me faudrait multiplier par plus de deux le temps total écoute et rédaction. Cette fois-ci pour me laisser porter par le flux de l'histoire, je vais, à l'ancienne, prendre des notes… J'ai le fauteuil mais je ne fume plus la pipe. J'ai le fauteuil mais je ne bois jamais de whisky. Je vais maintenant tenter de me laisser bercer par les histoires sordides qu'Héraud va nous conter.

Sniff and Puff: Heroes of mine : Fréhel
Frehel











N'usurpant pas le titre de Tintin reporter dont je l'ai affublé il y a plusieurs années, Alexandre Heraud est à son affaire en pénétrant dans la Mondaine au 36, quai des orfèvres (à Paris). Initialement Brigade des mœurs, "police du sexe", celle-ci devient la Brigade mondaine pour surveiller "le monde des gens importants"… et les outrages aux bonnes mœurs. Dans les années 60, il y eût jusqu'à cent quarante cinq hôtels de passe à Paris. Les agents de la Mondaine portent au-revers de leur veston un "petit œil' en métal et vous comprendrez le sens de l'expression "entrer à l'œil.

On appréciera la richesse du vocabulaire pour illustrer la vie des proxénètes et de la prostitution. "Le groupe de la galanterie" concerne la surveillance de la prostitution de luxe. Seront évoquées les maisons closes, le vagabondage spécial, les tenancières de tolérance, les bordelières (le bordel est situé sur les bords). Et puis arrivera Marthe Richard qui fera fermer les maisons closes considérant que les femmes ne sont pas des esclaves.

Toujours avec les mots pour faire rêver, nous assisterons à la mort du "Roi René" et de l'insistance de Marthe Richard pour faire rouvrir les "maisons" quelques années après avoir acquis leur fermeture. On apprendra que le mot boogie (de la boîte Boogie/Boogie) veut dire coïter. Comment être plus clair ? Héraud termine en apothéose au Bois, avec les Inspecteurs en planque. On s'y croyait, il s'y croyait, fier comme Artaban, comme s'il était un peu de la Maison. Du 36, quai des Orfèvres, le temps d'un long documentaire où l'on a appris beaucoup de choses sur le Milieu et même… sur l'intérieur.

Du 11 au 14 avril 2011.

mardi 15 avril 2025

Sur les docks (10) : Carnets intimes…

Où sont-ils ? Les carnets ? Je me suis débarrassée de deux cent carnets dit Anne, diariste. Deux cent carnets dans une valise noire… "J'ai commencé en 75, j'avais quinze ans… mais surtout à partir de 1976 j'ai commencé à écrire dans des carnets plus ou moins grands et je continue aujourd'hui…" Soit  vingt-deux kilos d'écritures… intimes.



"Puis est venu pour écrire son journal intime, le temps de l'internet au début des années 2000. Puis celui des blogs vers 2003, et puis Facebook qui est peut-être en train de ralentir le phénomène des blogs." Le blog serait une socialité alternative. Bien vu ! Pour ce qui concerne mon blog "Radio Fañch" il s'agit de faire partager un vécu radiophonique, sans doute intime, mais avec la ferme intention de créer une communauté d'auditeurs que je ne rencontre que très rarement. "Une relation de soi à des intimes" dit un intervenant. 

Serge Tisseron, psychanalyste parle "d'extimité". "L'extimité qui serait d'abord un désir de trouver une confirmation dans le regard de l'autre ou les réponses de l'autre à ce que je lui propose. Le désir d'extimité apparaît avant le désir d'intimité…"  J'apprends, à la fin de ce documentaire, que puisque je suis resté sur la durée écrire sur ce blog (et pour cause puisque j'ai commencé six mois après cette diffusion) je suis "un aristocrate de l'écriture" ! Ça vous pose un homme quand même. Merci donc à Gildas Illien, chef du dépôt légal numérique de la BnF, pour cet avis d'expert ;-) 

Un documentaire de Stéphane Bonnefoi, producteur et Christine Diger, réalisatrice. 18 février 2011.

lundi 14 avril 2025

Paris-Roubaix 1981 : à quelques jours de l'élection présidentielle…

Quatorze jours séparent ce 12 avril 1981 du premier tour de l'élection présidentielle. Les deux principaux candidats sont sur le front. Valéry Giscard d'Estaing, président sortant (1974-1981), cinquante-cinq ans, François Mitterand, parti socialiste, soixante-cinq ans. L'un a l'accordéon en bandoulière, l'autre la rose au poing. Les amateurs de la petite reine sont ailleurs. À Paris, pour le départ du Paris-Roubaix, le long des routes pavées qui mènent à Roubaix, dans la trouée d'Arenberg, à l'arrivée. Yann Paranthoën et Claude Giovannetti, sont dans les starting-blocks pour enregistrer la fureur de cette route et course mythique. Bernard Hinault, le Blaireau, est concentré.

©AFP - STF/AFP










Donnez-vous l'occasion ce lundi pour réécouter l'épopée du Blaireau dans le Paris-Roubaix 1981. Une formidable victoire, un formidable documentaire de Yann Paranthoën et Claude Giovannetti. Documentaire qui obtint le Prix Italia la même année. En 2012, Marc Floriot, producteur de "La nuit rêvée d'Abou Diouf", présente d'une belle façon le reportage "Trois rubans pour cette course : un granitier (les pavés), un magnétique (bande du Nagra), un en caoutchouc (la chambre à air)".

Je me souviens parfaitement de ce dimanche du 12 avril 1981. Comme tous les dimanches nous faisions la tournée de notre quartier (hameau) du Finistère. Les vieux pensaient se régaler de chouchen (pas d'hydromel, sacrilège, mais d'un fameux mélange de cidre et de miel) et de lambig, les jeunes, soit cinq ou six de moins de trente cinq ans, nous pensions à l'élection à venir. Tous à gauche pour faire bonne mesure face aux vieux tous à droite. En fin de tournée on s'arrête chez D. pour voir l'arrivée du Paris-Roubaix. Et on fête la victoire du Blaireau.

Quinze jours plus tard, les jeunes, on vote Mitterrand, les vieux, Giscard. Le 10 mai à 20h, les vieux, déçus et inquiets, plongeront la tête dans leur soupe. Quant à nous, les jeunes, nous aurons pour quelques mois l'illusion du temps des cerises.

P.S. : J'ai visionné hier sur FTV le Paris-Roubaix 2025. Les images disent tout, les commentateurs… commentent tout ce qu'ils voient. Mais rien sur les autours. Ils commentent des images. L'image ne laisse aucune surprise.  Je regrette depuis des années de ne pas revoir le documentaire de Claude Lelouch sur le Tour de France que j'avais vu à l'âge de 14 ans, pour revoir son interprétation d'une course cycliste. Tandis que par les sons, Giovannetti et Parenthoën nous donnent des yeux, des images et permet à notre imaginaire d'être au plus haut.