mardi 30 avril 2019

Merca tôt… ou tard (ta gueule à la récré) !

Dès avril et ses vacances de Pâques et, en attendant Cannes et Roland Garros, l'année audiovisuelle est bouclée. La médiamétrique a frappé et le gotha est au paradis ou en enfer. Pour ne pas s'ennuyer ces dames et ces messieurs s'agitent et chahutent dans la cour de récré. Là, ils jouent aux billes (ou au billard à trois bandes), à la marelle, à cache-cache et plusieurs jouent avec leur coiffe (1)…

Marc-Olivier Fogiel, photo RTL


















Et puis il y a ceux/celles au coin, au piquet, désavoués, moqués et dans un quart d'heure oubliés… Avec tambours et trompettes (2) on apprend que Fogiel/RTL file diriger BFM TV et que Sotto (ex Europe 1) reprendra sa case de fin de journée. Question de certificat d'études "Pourquoi avoir viré Sotto de la matinale d'Europe 1 [par Frédéric Schlesinger à la rentrée 2017] pour lui ouvrir les portes de la concurrence avec l'animation du 18/20 de RTL deux ans plus tard?". Vous avez deux heures. En son temps Pradel, passé de la rue François 1er (ex-siège d'E1) à RTL, avait dit tout son désarroi à la façon dont il se sentait traité à Europe quand il avait trouvé une vraie famille à RTL !

Mais le Parisien (et Benoît Daragon son journaliste) nous apprennent que Fogiel aurait décliné la direction d'Europe 1 ! Ah bon ? Il y aurait donc une place à prendre pour diriger cette radio qui n'en finit pas de dégringoler dans les sondages ? Pas possible ? Comment Lagardère (Arnaud) le proprio peut-il être aussi insensible aux convictions d'un Guimier comme de celles d'un Schlesinger ? Les deux, rappelons-le, ayant occupé juste avant de s'installer sur le siège éjectable, le poste de n°2 à Radio France.

"Numéro 2 à Radio France", vous me voyez venir à grands pas… Donc Guy Lagache aurait toutes ses chances n'est-il pas ? Mais l'heure n'est sans doute pas propice à communiquer sur autre chose que la gloire, tant Radio France tient le haut du panier avec ses résultats médiamétriques exceptionnels… Et puis tant que Sibyle Veil, Pédégère de Radio France, n'aura pas annoncé officiellement l'arrivée de Dana Hastier, il faudra se contenter des supputations de la cour de récré.









Reste en arrière-plan, tout au fond du bois du paysage audiovisuel, la métronomie plaintive et faussement conquérante du vice-Pdg d'Europe 1, Laurent Guimier qui avec ses mantras twittés essaye de se persuader qu'il a refait l'Europe 1 phantasmé d'un âge d'or enfoui au plus profond des oubliettes radiophoniques ! De ses petits doigts agiles, forcément agiles ! Adepte invétéré de la méthode Coué usitée jusqu'à la corde (sic) avec son ex-mentor Mathieu Gallet (ex-Pdg de Radio France), Guimier flamboyant dit sans sourciller, le 30 juin 2018, au Figaro : "La situation n'est pas désespérée, nos auditeurs ne sont pas si loin. Nous en sommes au stade d'une séparation, pas d'un divorce». Tu l'as dit bouffi !!! On y croit c'est vrai ! Pas si loin les auditeurs ? À un million de km près, quoi ! Autant de morgue et de communication de crise à la Anne Meaux (3) font pitié et rappellent une citation de Chirac un peu déformée "Les promesses n'engagent que ceux qui y croient"…


Yann Hegann















Et puis, tel le chevalier blanc sur son beau destrier, Yann Hegann survint. L'ex-animateur pimpant et acteur dudit âge d'or d'Europe 1 vient de se fendre sur son compte FB d'une "Lettre ouverte à Arnaud Lagardère". "L'enfant d'Europe 1" n'y va pas par quatre chemins. Hegann n'envoie pas dire ce qui relève d'une analyse pertinente, fondée et où le bon sens tient largement la corde face à l'arrogance et la roucoule d'un Guimier ou d'un Schlesinger. "Depuis bien longtemps Europe 1 s'adresse au premier au lieu des seconds !" Et bim ça c'est envoyé ! Tremble donc Lagardère d'avoir manqué de tant de bon sens et d'intuitions. Yann Hegann taulier d'Europe 1 ça aurait de la gueule ! Je signe les yeux fermés !

Et le chevalier de poursuivre "Cher Arnaud, peu importe qu'un dirigeant eut été un remarquable journaliste, excellent animateur ou brillant financier". La messe est dite ! Et dans la "langue d'Europe 1", sans frou-frou, falbala et autres ronds-de-jambe. ! Vous savez M. Guimier pour le foot, ce sport que vous vénérez par dessus tout, ce sont les entraîneurs qui sont répudiés pour mauvais résultats, alors vous devriez vous préparer à faire votre sac.  

Chapeau à Yann Hegann pour la conclusion de sa lettre ouverte : "Europe 1, c'est Surnaturel" Zyva Yann !

(À suivre)…
Yann Hegann













(1) Expression du Finistère qui signifie que ça chauffe sous la coiffe et que s'agite… dessus !
(2) Tiens l'occasion de citer, "Avec tambours et trompettes", l'émission de France Inter du samedi matin (1977-1981), consacrée à la chanson, de Jean-François Kahn et co produite et réalisée par Gilles Davidas (1977-1980), et réalisée aussi par Jean-Claude Weiss et Xavier Fauche les autres années,
(3) Pléonasme, la communication de crise c'est forcément Anne Méaux,

lundi 29 avril 2019

Pourquoi ELLE(S) ?

Donc, vendredi dernier paraissait dans Elle, une double page recto/verso au titre glamour à souhait : "Success story : les bonnes ondes de Radio France". Comment dire ?  On n'imaginait pas trouver dans cet hebdomadaire fondé par Hélène Gordon-Lazareff en 1945 (1) des femmes qui ne soient pas un minimum tendance, à la mode (radiophonique), in et d'aujourd'hui (sic). En écho aux chiffres vertigineux d'audience de Radio France, la journaliste Julia Don et le photographe Hughes Lawson-Body rappliquent au 116, avenue du Président Kennedy (Paris) prendre "sur le vif" les nouvelles stars de la radiophonie publique. Des femmes qui réussissent dans Elle, c'est raccord non ?

©Hugues Dawson-Body

















Là, au premier étage de Radio France, quatorze femmes (et pourquoi pas quinze ou trente-deux ?) posent "figées pour l'éternité(2) !  Je n'ai pas le savoir et la culture de l'image comme Arlette Farge pour analyser ce cliché. Cette "image de groupe" n'est-elle pas plutôt la juxtaposition de poses/postures individuelles ? Quatorze femmes côte à côte, séparées l'une de 'autre, scotchées par l'objectif alors qu'elles sont habituellement toutes en perpétuel mouvement. Posées là, entre deux, faisant front, bloquant le passage, sans manifester quoi que ce soit. Se pliant juste aux desiderata du photographe à la mode.

Une photo lisse, presque glaciale, désincarnée, hors contexte tant rien, mais absolument rien, n'évoque la radio ! Une photo de magazine people, plaquée, dans un lieu qui n'évoque pas leur activité professionnelle (un bureau, un studio, une cellule de mixage et/ou d'enregistrement), un lieu dont la représentation ici est absolument impersonnelle.

Cette photo me donne pourtant l'occasion d'en remettre une autre en avant. Il y a juste quarante ans, plusieurs femmes de France Inter posaient ensemble au foyer "B" de Radio France devant la mosaïque de Jean Bazaine. Dans un bel ensemble où l'on perçoit une vraie complicité. Même si sur cette photo manquent plusieurs femmes qui travaillent pour la chaîne, et non des moindres, elle fixe un moment choisi pour se retrouver. Si elle permet de confirmer qu'en 1979 peu de femmes occupent des postes de responsabilité, il est bon de rappeler que Jacqueline Baudrier, journaliste, est la première Pédégère d'un groupe de radio publique et la première de Radio France, société créée le 1er janvier 1975 suite à l'éclatement de l'ORTF. Sa nomination marquera un tournant significatif et irréversible dans les médias.


La légende est ici
Ce 30 avril 2019, Danielle Nizieux à l'origine de la photo a publié un long
et détaillé commentaire à lire là.






















En ce qui concerne la place des femmes et leur histoire à la radio, le média a, comme souvent pour ce qui le concerne, la mémoire courte et sélective. Pourtant dès fin mars 1968, ce sont bien Jean Garretto et Pierre Codou, deux producteurs des fins de semaine à France Inter, qui vont mettre à l'antenne de L'Oreille en coin de nombreuses femmes qui, pour certaines, ont fait toute leur carrière à Radio France (4). Ce sont des pionniers car à la fin des années 60 très peu de femmes s'expriment sur les ondes publiques et privées.

Et puis il y a Lulu (5) et les réalisatrices avec qui j'ai pu échanger sur leur métier. Adèle, Maryse Friboulet, Marie-Christine Thomas, Claude Giovannetti, Yaël Mandelbaum, Michèle Bedos. Janine Marc-Pezet l'oreille des archives de Radio France. Ou Irène Omélianenko documentariste. Et dès janvier 1971 les animatrices de France Inter Paris (Fip 514) qui deviendra Fip. Les femmes à Radio France ont une belle histoire même si la parité n'est toujours pas acquise, même si elles doivent toujours se battre pour obtenir des postes de responsabilité et des salaires équivalents à ceux des hommes. Et que très vite leur soit confié l'animation complète des matinales de France Inter et de France Culture. Rappelle-toi Rebecca


n°114, 27 janvier 1948





















(1) Propriété de Daniel Kretinsky, milliardaire tchèque, depuis avril 2018. Question à dix balles "Si l'hebdo avait toujours été la propriété de Lagardère un tel reportage eut-il été possible, sans crucifier Europe 1 (Lagardère), de faire un tel papier" ? Réponse souhaitée,

(2) Charline Vanhœnaker, Sonya Mellah, Lucie Barbarin, Laurence Bloch, Sandrine Treiner, Mathilde Serrell, Sonia Devillers, Sibyle Veil, Amelle Zaïd, Léa Salamé, Frédérique Le Teurnier, Saskia de Ville, Adèle Van Reeth, Bérénice Ravache, (au dos de la photo apparaissent leur fiche « anthropométrique »),

(3) Christine Ockrent aura dès 1980 la responsabilité à l'antenne du journal de 8h d'Europe 1,

(4) Paula Jacques, Marie-Odile Monchicourt, Kriss, Agnès Gribes, Kathia David, Leïla Djitli, Christine Lamazière, Françoise Morasso, Claude Dominique, Régine Luciani, …
(5) L'histoire d'une femme de ménage de Radio France, Documentaire de Yann Paranthoën.

dimanche 28 avril 2019

Dimanche dans un fauteuil… d'archives, 7

Que d'histoires ! Et de belles ! J'essaye de dormir la nuit, alors j'écoute le jour, les belles archives des "Nuits" de France Culture. Un genre de puit sans fin où il fait bon… puiser. Plutôt en fin de journée quand le temps est propice à un certain recueillement et à l'écoute. Imaginer Belleville "comme ça" il y a quarante-cinq ans avec des témoignages qui évoquent aussi le début du XXème siècle… Impressionnant et touchant. Ça donne la mesure des choses et d'un "village" dans Paris juste avant sa gentrification.

Belleville, années 70
François-Xavier Bouchart




Jean Lebrun (producteur à France Inter) ne manque jamais de poser quelques petites balises sur/vers les lieux de sa propre histoire…



Et puis pour la saveur d'un Maigret sonore et sans image… un boulevard Richard-Lenoir à Paris (et alentours) d'un temps d'avant !



À dimanche prochain, 10h…

mardi 23 avril 2019

Avant la promotion (médiatique) c'était d'entrer à la TV… maintenant ce serait d'en sortir !

En effet, si le ban et l'arrière ban de la TV rappliquent à la radio, ce média serait-il devenu une base arrière, en attendant la reconstitution de l'ORTF (ligue dissoute par Giscard en 1974), soit le signe avant-coureur et tragique de la fin du média audio ? Trois personnalités viennent successivement depuis janvier 2018 d'intégrer Radio France. Avec par ordre d'entrée en scène Catherine Nayl (TF1) pour diriger la rédaction d'Inter, Guy Lagache (C8) comme "directeur délégué aux antennes et à la stratégie éditoriale de Radio France", Dana Hastier (France 3) pour "harmoniser les programmes de l’ensemble des antennes du groupe" (1). 1-8-3 serait donc la bonne combinaison pour toucher le tiercé dans l'ordre à l'occasion de la course, sans obstacles, dite de la loi audiovisuelle, qui devrait se tenir, à Chantilly au mois d'août prochain.

Dana Hastier à France Télévisions © AFP/Stéphane de Sakutin


















Les ficelles sont grosses. Lagache chargé de la stratégie éditoriale serait "déchargé" par Hastier de l'harmonisation des programmes. On va aller jusqu'où comme ça ? Qui sera le prochain, la prochaine de la TV à intégrer RF et pour quoi faire ? Lemoine, Calvi, Lapix, Pujadas, Ithurburu, Drucker, Biraben… N'en jetez plus la cour est pleine ! La partie de "Grand échiquier" qui se joue (sans Chancel) en parallèle des consultations du Ministre de la Culture, Franck Riester, peut laisser penser que "tout se trame" off et que le jour venu les nouveaux responsables de l'audiovisuel public seront "dans la place".

"Tout se trame" ou "Tout ce drame" ? Les deux forcément. Les "nouvelles" stratégies managériales imposent non seulement l'agilité permanente de fonctionnement des dirigeants mais aussi des personnels concernés (2), mais, surtout, impliquent un black out absolu qu'il s'agisse de la mise en place d'une nouvelle organisation, d'un projet stratégique (3) ou autres camouflets pour fragiliser et diminuer le service public qu'il soit de l'audiovisuel, de La Poste ou de la SNCF.

Les grandes manœuvres, bien plus que celles du mercato de saison, continuent à Radio France Télévisions. Après la grande consultation citoyenne sur l'audiovisuel public il serait peut-être temps comme s'y sont engagées Mmes Veil et Ernotte (Pédégères de Radio France et de France Télévisions) de confronter les chamboulements à venir avec les auditeurs-téléspectateurs concernés. Au risque sinon de laisser accroire, une fois de plus, que cette grande consultation n'avait d'autre but qu'une parodie de démocratie… participative.

À réécouter Dana Hastier dans l'Instant M (ci-dessous) on comprend qu'elle a une expérience solide de l'éditorial et du documentaire. Souhaitons que ses responsabilités l'autorise à créer (enfin) le portail documentaire - longtemps annoncé (2015), jamais créé - qui permettrait à France Culture et à France Inter (4) de développer, conforter, enrichir le documentaire audio. Mais si sa mission ne devait concerner que la "fusion" de France Bleu et France 3 ce pourrait bien être la mort annoncée de la radio régionale en tant que telle. Et une forme de retour à la situation d'avant le 1er janvier 1983 où les locales de radio publique étaient sous la coupe de… FR3.

Une dernière… pour la route : et si un jour, comme à France TV, les directeurs de chaîne de Radio France disparaissaient ?"

(À suivre… de près) 

(1) Nayl : 8 janvier 2018. Lagache : 16 mai 2018. Hastier : mai 2019. S'il n'y en a plus que pour les vedettes TV, peu de chance alors pour Laurent Guimier, en rupture de ban à Europe 1, de réintégrer Radio France… à moins que Lagache ne parte diriger Europe 1. C'est le poste de n°2 à R.F. qui veut ça ! Après Schlesinger et Guimier, Lagache aurait donc toutes ses chances,
(2) En n'utilisant pas sciemment le mot "collaborateurs", car les pratiques sont souvent de ne pas les associer et de ne pas les faire collaborer à ces fameuses décisions stratégiques ou mutations structurelles,
(3) Personne n'a oublié le déni de démocratie du CSA qui a rendu confidentiel le projet stratégique de Mathieu Gallet pour Radio France (2015) quand quelques mois plus tard celui de Delphine Ernotte pour France Télévisions l'était,

(4) À l'occasion de la journée de la Scam du 27 septembre 2016, Laurence Bloch, directrice de France Inter reconnaissait ne pas avoir réussi à faire vivre le documentaire sur sa grille.

Au micro de Sonia Devillers, le 4 septembre 2018,


Sonia Devillers ne croyait pas si bien dire en saluant en fin d'émission Dana Hastier "Bonne période de réflexion et revenez nous voir !" Elle va revenir à la radio mais pas forcément dans L'Instant M !

lundi 22 avril 2019

Lagache à Radio France : une histoire impossible…

Ça y est je me lance, je vais écrire un roman. J'ai le titre. Ci-dessus. Si Lagache le fantomatique "directeur délégué aux antennes et à la stratégie éditoriale de Radio France" qui n'y connaît absolument rien en radio écrit des romans, je peux sans doute moi-même m'y coller, non ? Ça pourrait commencer comme ça ! Toute ressemblance…

Lucien Jeunesse, un temps "Monsieur Loyal"
pour le cirque "Pinder-ORTF"






















"G. traîne la savate depuis plusieurs jours du côté des quais de Seine dans le XVIème arrondissement. Ahuri, il ne reconnaît pas un célèbre bâtiment circulaire qui lui évoque plutôt un hôtel de luxe du temps de sa splendeur quand il gazouillait dans la TV privée. Mais ça c'était avant. Avant le drame. Son drame personnel. Halluciné, il regarde les panneaux d'acier qui encerclent la création architecturale d'Henry Bernard. La Maison de la radio ça ne lui dit vraiment rien. Ou alors il y a très très longtemps "Le jeu des mille francs". Ado il imitait l'allant de Lucien et de sa jeunesse. "À demain, si vous le voulez bien" glousse t-il en se raclant la gorge.

Hagard, il se demande vraiment ce qu'il fait là ? A-t-il un emploi ? Est-il connu ? Inconnu ? Vedette ? Les yeux fermés par une immense lassitude, il ne se souvient plus de rien. Son drame existentiel, avoir gâché son "Capital" TV. Bon c'est pas Karl Marx non plus ! Mais pour le sortir de cette impasse existentielle quelle bonne fée aurait seulement l'idée de s'épancher sur son sort et l'extraire du traumatisme dans lequel il s'enfonce comme un clou rouillé dans le bois tendre ? Ses potes ? Disparus ou aux abonnés absents ! Lagagne fait le mort, Lajoie en chimio, Ladure en Afghanistan, Lartiste sur les traces de Gauguin. Quant à Lagache, son cousin…

La désolation le mine…

Dans cet état de totale déliquescence, entre deux larmes, une fée inattendue surgit de nulle part. G. se recoiffe à la hâte, rajuste sa veste, frotte ses souliers poussiéreux sur l'arrière de ses bas de pantalon et esquisse un sourire de premier communiant devant une gourmette en or massif. Ébahi, la mélopée qui lui parvient le touche au plus profond de son cœur. Ces mots si doucement prononcés le bouleversent : "média global… espace de distribution… chronologie des contenus… nouvelle complémentarité entre les chaînes… nouveaux formats éditoriaux… nouvelles écritures… publics renouvelés et diversifiés…"  "Vais-je savoir faire tout ça ?", pense t-il incrédule. Il ouvre la bouche pour esquisser un remerciement sans même qu'un son n'en sorte. Pour un gars qui va entrer dans "le temple du son" ça la fout mal. L'émotion sans doute après tant de mois d'errance. 

Seulement voilà, un an après son arrivée dans le saint des saints, le quidam-auditeur reste absolument effaré par son absolue discrétion et son sens inné du secret. G. a-t-il sans rien dire imaginé fusionner les sept antennes du groupe en leur proposant l'antenne une journée par semaine chacune ? De rendre celle de Fip itinérante à travers la France pour une diffusion nocturne de vingt-trois heures à cinq heures ? De remplacer "Le jeu des mille euros" par une rediffusion du "Jeu des mille francs" des années 60 et 70 ? De confier à des speakrines et speakers la lecture des seuls bulletins d'information de 8h le matin et de 7h le soir ?" Le gotha médiatique se demande bien quand le cador se décidera-t-il enfin à annoncer quelques éléments tangibles des décisions hautement stratégiques qu'il n'a sûrement pas manqué de prendre ou qu'il va prendre dans les minutes qui viennent ?

14 juillet 2019. En haut de l'Arc-de-Triomphe, G. les bras en V, costume tricolore, chevelure péroxydée s'apprête à s'élancer… vers le micro. Mais alors que la Patrouille de France le survole…"


Suspens insupportable, n'est-il pas ? Bon, c'est la première mouture (du premier et seul chapitre), hein ! Soyez indulgent mes chers auditeurs. Dès que ça me viendra je vous raconterai la suite de cette Histoire impossible à Radio France. Promis ! (Pour les non-initiés il faut savoir que Guy Lagache vient de publier chez Grasset "Une histoire impossible") 

* Ce billet a été écrit avant l'annonce vendredi dernier de la nomination de Dana Hastier (ex directrice de France 3) à Radio France (source Le Parisien)

dimanche 21 avril 2019

Dimanche dans un fauteuil… d'archives, 6

Bon cette simple et enthousiasmante image m'a remis dans l'oreille le formidable documentaire de Judith Perrignon sur France Culture… Et permis une petite discut' avec celle qui me l'a transmise. Sinatra on peut s'y replonger régulièrement. Surtout si ça dure plus que "le temps d'une chanson" aurait dit Gainsbourg…
Merci à MrsHuitHuit pour cette photo
Le "Do be do be do" de Sinatra Annie Ernaux a bien du le fredonner aux moments les plus doux de sa vie au risque de s'y perdre (dans la musique du crooner)…



Plus douloureux son roman "L'événement" qui évoque son avortement peut être relu après réécoute du documentaire récent de "La fabrique de l'histoire" du 11 avril 2019…



Voilà donc les cinq "Grandes traversées" de "The voice" dont j'avais parlé ici``

Pour l'instant l'épisode 1 est en panne (et je n'y peux !)









À dimanche prochain, 10h…

vendredi 19 avril 2019

De la tyrannie en général et de celle… des audiences médiamétriques en particulier

Badaboum ! Benoît Daragon, journaliste au Parisien, n'a pas attendu ce jeudi 18 avril, pour communiquer les codes nucléaires, euh pardon les résultats d'audience trimestriels des radios élaborés par Mediametrie (1). Cette société, redoutable épée de Damoclès au-dessus de la tête des différents Pdg et/ou directeurs de programmes des radios publiques et privées, fait sabrer le champagne ou provoquer les infractus, c'est selon. Dès mercredi Daragon annonçait que "France Inter passait devant RTL". M. Baldelli (vice-Pdg du Groupe M6, auquel appartient RTL) devait sourire jaune, Madame Veil (Pdgère de Radio France) sourire… 



Alors comme d'hab', chacun de se préparer à commenter ses et ces résultats qui dans la marche du monde moderne sont à peu près aussi indispensables que de connaître la marque des chaussettes de Kim Jong-un. Mais voilà, la tyrannie de communication ajoutée à la tyrannie commerciale ont imposé aux radios privées de commander à Médiametrie ces sondages et autres enquêtes pour agir sur les annonceurs, pour "taquiner" la concurrence radiophonique et se faire des com' de fanfarons ! Même si "le média radio perd 788 000 auditeurs en un an" !

Enfin "des com' de fanfarons" encore faut-il naviguer en tête pour se payer des placards dans la presse et autres affiches auto-satisfaites au cul des bus (2). Pivot (Bernard) avait dès les années 80 critiqué ce système qui risquait de devenir un fléau et pire influer et influencer les programmes non plus pour être dans une situation de l'offre mais subordonnés à la demande (2) ! Mais l'invraisemblable tient au fait que l'audiovisuel public ait accepté de se fourvoyer dans un tel système de notations, de premier de la classe, de cancres et de remise de diplômes permanente.

Les décideurs de cet état de fait lorgnaient sûrement du côté des tutelles (Bercy et Culture), voire de la Cour des Comptes pour justifier les deniers publics octroyés à la radio et à la télévision. Avec une obligation de résultats permanente et plus aucun autre indicateur de qualité, de service, de diversité de l'offre, d'éducation ou formation. Les ministres concernés et autres hauts-fonctionnaires zélés pouvaient avec la morgue qu'on leur connaît agiter en permanence le chiffon rouge de la diminution de crédits, d'économies invraisemblables, de fermetures de chaînes etc, etc. 


La Maison de la radio en construction















Au début des années 60, un peu avant l'inauguration de la Maison de la radio, (14 décembre 1963), il est demandé à Roland Dhordain, futur directeur de la radio au sein de l'ORTF (1964) de "transformer cette ringarde de Paris-Inter en une radio capable de rivaliser avec les stations périphériques" (4). Il réussira parfaitement dans cette entreprise à l'appui des sondages maison et au concours de sociétés de sondages spécialisées. Pour autant fallait-il concrétiser ad vitam æternam cette course à l'échalote, ridicule et pathétique, au risque d'adapter les programmes à la seule demande du public ? Et continuer à donner aux tutelles et à la Cour des Comptes un seul type d'argument pour faire ou défaire l'audiovisuel public ?












Pour conclure sans répondre à ces deux questions de fond, je voudrai donner un coup de chapeau à Fip et à son journaliste, Eric Pachet, qui hier pour son flash de 9h50, a mis en valeur, avec talent et jolies tournures, les chaînes publiques de Radio France (pour leurs résultats d'audience) sans jamais citer "sa" radio (5). Caroline Ostermann, animatrice à Fip (antenne nationale) l'a désannoncé de belle façon "Quels jeux de mots, Eric Pachet, vous êtes un artiste" (6). Touchant, émouvant. La "petite puce Fip" discrète, efficace, qui "fait le job" sans moufter pourrait-elle une fois pour toutes ne plus s'inquiéter des humeurs des tutelles ou de la Cour des Comptes ? Ces dernières ne pourraient-elles définitivement jeter aux orties leurs sordides comptes d'apothicaire et reconnaître à sa juste valeur Fip et ses trois régionales qui, là où on les écoute, donnent à l'oreille (en coin) son absolu besoin d'évacuer les marasmes quotidiens, les plaies du monde et la logorrhée permanente des causeurs de tout poil ? Alea jacta est…  

(1) "Audiences : France Inter devient la première radio de France devant RTL"
in le site du journal, mercredi à 17h01… alors qu'il serait convenu avec les radios, principales intéressées, que ces résultats ne peuvent être communiqués que le Jour J à 8h,

(2) Quelques petits soldats "aux ordres" de supers Pdg trouvent le moyen ce jeudi sur Twitter d'enfumer les chiffres calamiteux de la station qu'ils dirigent (Europe 1) pour écrire "notre antenne progresse, chaque jour plus proche de son public"… bel exemple de charabia de com', non ? "La station dirigée par Laurent Guimier voit ainsi partir encore 30.000 fidèles sur une vague et près de 500.000 habitués sur un an. Europe 1 se retrouve par conséquent au coude-à-coude avec Nostalgie", in Pure Médias, 18 avril 2019. La motion de défiance des salariés d'Europe 1 à l'encontre d'Arnaud Lagardère votée hier calmera certainement les ardeurs communicantes du zélateur ! Europe 1… c'était naturel (avant) ! Et le Canard Enchaîné (17/04) d'annoncer le possible remplacement de Guimier par son second, Donat Vidal-Revel…



(3) Journaliste, producteur d'"Apostrophes" sur Antenne 2 (deuxième chaîne de télévision publique),
(4) Martine Valo, in Le Monde, 13 décembre 2003 (pour les quarante ans de la Maison de la radio), 
(5) Les résultats sont connus quelques jours plus tard que pour les radios généralistes,
(6) Pachet ne manque jamais de bien tourner ses mots, une heure après pour parler de Notre-Dame il dira à propos des dons qui affluent qu'ils sont "partis en flèche"…

mardi 16 avril 2019

Lettre ouverte au Ministre de la Culture, Franck Riester…

Monsieur le Ministre de la Culture, 
Vous êtes en période active de consultations en préalable de la future loi audiovisuelle qui devrait être proposée au législateur l’été prochain. Je me permets de vous interpeller car je ne suis pas sûr que vos interlocuteurs vous fassent part de ce qui pourrait apparaître comme un détail.

Yann Paranthoën sous son parapluie de berger
Paris-Roubaix 1981 ©Marc Enguerand 

























Le rapprochement de Radio France et de France Télévisions s’il peut être pertinent d’un point de vue comptable et fonctionnel l’est peut-être moins pour celui de la création audiovisuelle en général et pour la création radiophonique en particulier. Je vais illustrer cela d’un exemple précis.

Passionné par la ferveur populaire qui anime les courses cyclistes je ne peux que louer la qualité des retransmissions que propose France Télévisions et ce depuis de nombreuses années (et dimanche dernier pour Paris-Roubaix). Qui mieux que la télévision publique rend compte de tous les instants de course, en tête, en queue de peloton, des péripéties, des sprints, des arrivées au demi-millimètre près… ? Aucun autre média assurément.

Pourtant un très grand ingénieur du son de Radio France, Yann Paranthoën a, au moins à deux reprises, magnifié Le Tour de France et Paris-Roubaix. Deux très riches documentaires dont l’un a concouru pour le Prix Italia en 1982. À l’écoute de ces deux documentaires, si l’on aime le cyclisme, on accède à des subtilités sportives que la télévision reste impuissante à faire entendre (1).

Pourquoi ? Sans image, Paranthoën a su par le son, ses mixages et son montage, créer un rythme, une ambiance qui rendent compte tant de la ferveur du public que de l’effort des coureurs, des situations exceptionnelles de la course comme de l’euphorie collective. Sans image, je le redis.

Yann Paranthoën au centre, 14 avril 1996
©Marc Enguerand 
















Paranthoën a été beaucoup plus loin qu'un reportage en temps réel. Il a capté des sons que la télévision ne captera jamais. Bien plus que les seuls résultats sportifs il a sublimé les efforts, les abandons, les réussites individuelles et/ou collectives. Il a forcé nos imaginaires à «être dedans, avec, autour» aussi bien que dans la roue des cyclistes filmée par les professionnels de France Télévisions. 

Pourtant la tentation est grande de dire "La TV montre tout, sans image la radio ne peut pas faire mieux". Une autre de "tout mélanger", le son radio et l’image TV, les savoirs-faire radio et ceux de la TV. Mais une volonté politique peut-elle (doit-elle) imposer un "média-mixe", un média surgonflé, bouffi, qui avalerait le média audio sans tenir compte de son identité, son histoire et la fidélité de ses auditeurs, aficionados du son ?

La radio publique ne peut, ne doit être réduite à l'aune de ses matinales filmées (reprises en TV) ou à quelques sketches humoristiques. Dans la future loi audiovisuelle la création radiophonique devrait être sanctuarisée en donnant aux chaînes publiques les moyens, le personnel (producteurs, réalisateurs, équipes de réalisation) pour que leurs productions soient audibles dans les programmes de flux.

En 1974, les promoteurs de l'éclatement de l'ORTF avaient, quelques jours avant la promulgation de la loi, oublié les archives radiophoniques qui avaient fini, sur le fil du rasoir, par trouver un point de chute à l'Institut National de l'Audiovisuel créé pour l'occasion. 

En 2019, la radio doit absolument être confortée dans ses missions, ses moyens humains et techniques et ses développements qui dépassent le "tout numérique" trop souvent agité comme seule source de salut. L'audio, le son doivent trouver leur pleine puissance en radio. C'est le véritable challenge du XXIème siècle. Ne jetons pas la radio avec l'eau du bain…TV.

Recevez, Monsieur le Ministre de la Culture, mes sincères salutations.

(1) "Yvon, Maurice et les autres… et Alexandre ou la victoire de Bernard Hinault dans Paris-Roubaix 1981", France Culture, 1982, une version de 45' a été produite pour concourir pour le Prix Italia,
"Le Tour de France 1989 de Vincent Lavenu, dossard 157", France Culture, 1990,

J'ai posté ce jour, en papier, cette lettre au Ministre de la Culture.