dimanche 27 octobre 2019

Le bon plaisir… de la radio buissonnière (9)

Je regarde hier le programme de France Culture et, avant même d'aller sur la page "Une histoire particulière", je devine qu'avec un tel titre "Raoul Ponchon (1848-1937), Le veau réchauffé est meilleur froid" le producteur ne peut en être qu'Olivier Chaumelle. S'entend le producteur buissonnier qui, hors modes, hors tendances, hors actus, sort du cadre, folâtre, divague et nous fait découvrir des trésors un peu enfouis mais qu'on l'imagine avoir passé une vie à les débusquer.


Chaumelle est un cabinet de curiosités à lui tout seul et mériterait une quotidienne sur la chaîne pour qu'on ait le temps, jour après jour, de savourer ses recherches fantastiques. Il pourrait nous tenir son journal et au risque de plagier celui d'une chaîne concurrente  (RTL) "le journal inattendu" lui irait comme… un gant !



Oui je sais, il faudra attendre le dimanche pour écouter l'histoire dans son entier ! Alors que les séries LSD sont disponibles dès le lundi en podcast, il faut pour cette émission "revenir" à l'ancienne mode du feuilleton et de l'épisode, jour après jour !

lundi 21 octobre 2019

Hey man ! Tu sais quoi ? J'suis grave has been dans l'open innovation… de l'audio orienté objet

Bon, la semaine dernière j'ai commencé par devoir ingurgiter les maléfices de la Sandbox (non ce n'est pas la boîte perso de George Sand !) Et puis heureusement j'ai trouvé l'antidote en lisant une interview d'Éric Hazan dans Regards… La LCR (1) on connaissait mais la LQR pas encore ! À lire Hazan on comprend mieux l'enfumage qui s'est installé à tous les étages de la société (du spectacle) et de ceux de la Maison de la radio… Le jargon technocratique est totalement has been, maintenant il va falloir vous habituer à la Lingua Quintae Respublicae… Trop fun ! 



Attachez vos ceintures : "La Sandbox est le dispositif d’open innovation de Radio France à destination des jeunes start-ups, des médias et de l’audio. Nous travaillons sur la base d’un MVP, d’une expérimentation de 3-4 mois et d’un échange non-financier." Euh Machin ça t'écorcherait le clavier de traduire MVP ? Car d'instinct je traduis par "Modèle very Pourri" ! C'est ça ? J'ai bon ? (2). Gallet, jeune fringant Pdg de Radio France, avait dès mai 2014, en se présentant devant le personnel, utilisé un MVP "Mauvaise Valeur Parlée" pour qualifier de "Boîte" la Maison de la radio. La propre mise sur le marché de Gallet s'avèrera un test extrêmement négatif pour la fonctionnalité de son projet stratégique qui finira en eau de boudin… (3).

Donc Hazan écrit tout haut ce qu'on supputait tout bas. Les patrons du Couac 40, les médias, les politiques et autres "Fous du roi" (4) se gargarisent d'un langage abscons : "[La Lingua Quintae Respublicae a pourbut de rendre acceptable l’inacceptable, respectable le racisme ordinaire. Elle veut nous faire croire que nous formons une grande cité unie à l’intérieur de laquelle il n’y a pas de conflit véritable : les gens qui ne sont pas d’accord sont ceux à qui on a mal expliqué. Tout le personnel politico-médiatico-financier qui contribue à faire proliférer cette langue a en commun de sortir des mêmes écoles et partage un objectif très clair : faire toutes les réformes que l’on veut à condition que rien ne change. La LQR doit faire accepter l’inacceptable, mais doit donner l’illusion du mouvement."


"L'illusion du mouvement" genre "agile" c'est ça ? Un autre mot que Gallet a usé jusqu'à la corde et que ses affidés (directeurs de chaînes et autres directeurs du groupe) ont repris en chœur, convaincus qu'il fallait opposer à ce mot l'immobilisme qui guettait un média qui allait se dissoudre s'il ne mutait pas en "tout numérique" (5). Pour enfoncer le clou de l'enfumage et de la mutation irrémédiable on jette le mot "radio" qu'on remplace, illico presto, par celui d'"audio". L'audio est à la radio ce que le SUV est à la bagnole ! Ne faites pas l'erreur de demander au vendeur (attaché commercial) si votre SUV est équipé d'un autoradio DAB+ il risque de ricaner sous cape et d'évoquer un lecteur audio compatible avec… votre signe du zodiaque !




Pourquoi la radio devrait-elle porter le projet audio ?
Dans ce grand bain de MVP+ les opérateurs audio sont sur la place (et sur le coup) et ils ont même leur Festival (6). Ne sont-ils pas les mieux placés pour développer l'audio ? Et en quoi cela fragiliserait-il la radio ? Qui se cache derrière cette psychose ou ce phantasme (c'est selon) ? La radio ne peut pas perdre son monopole. Elle a toujours su faire évoluer une "mécanique" et des "savoirs-faire" qui peuvent vivre longtemps sur ses fondations. Mais la mutation audiovisuelle (qui ici n'est pas une "illusion du mouvement") est excitante pour ceux qui l'inventent et la pilotent mais pas pour ceux qui la subissent !!! C'est la forme la plus odieuse du déclassement, du renouveau qui supprime d'un geste méprisant de la main ceux qui ont fait la renommée de la radio publique !

Entre le MVP et la LQR nous voilà en rupture absolue de sens avec ceux qui ont en charge l'avenir de la radio. Le grand public peut toujours patauger, les sorciers de l'audio numérique sont à la manœuvre. La radio qui nous rendait curieux va nous imposer la curiosité ultra-personnalisée, segmentée, triée par affinités. Nous ne faisons déjà plus grand chose ensemble alors nous n'écouterons plus, non plus, ensemble, un "programme commun". Et petit à petit la production se changera en co-prod' pour qu'à terme il ne reste plus qu'un immense studio RF prestataire de service…  audio. Ils auront alors définitivement tué la radio… (mais sans jamais le dire) !


(1) Ligue Communiste Révolutionnaire,
(2) "Le produit minimum viable (ou MVP de l'anglais : minimum viable product) est une stratégie de développement de produit, utilisée pour de rapides et quantitatifs tests de mise sur le marché d'un produit ou d'une fonctionnalité. Cette stratégie a été popularisée par Eric Ries pour les applications Web" (source Wikipédia),
(3) Là il est en test de "Majelan Very Podcast" (MVP),

(4) "Fous du Prince" qui nous gouverne,

(5) Fut donc nommé un Directeur du numérique (Laurent Frisch en l'occurence) qu'on peut imaginer être le véritable patron de l'éditorial puisqu'il cumule cette fonction avec celle de Directeur de la production… Agile, forcément agile, pour porter les casquettes et régner "sans en avoir l'air" sur le groupe radiophonique public…
(6) Paris Podcast Festival,

dimanche 20 octobre 2019

Le bon plaisir… de la radio poétique (8)

Chantons. Chantons pour passer le temps… Et écoutons le poète Raymond Queneau raconter ses chansons et écoutons-les chantées par d'autres. Pour prendre du champ un dimanche d'automne près des châtaignes qui crépitent dans la cheminée ou, regardant les nuages, imaginer que Jean Chouquet (1926-2009), homme de radio, producteur et réalisateur a largement contribué à l'invention de la radio moderne et pas uniquement la radio publique (1). Il rentre à la Radio Télévision Française (RTF) en 1947, au club d'essai de Jean Tardieu… "Club d'essai" ces deux mots qui recouvraient l'envie absolue de mettre la poésie au cœur du quotidien et d'une certaine façon au cœur de la radio… qui au mitant du siècle dernier était dans le cœur de tous les Français.

Raymond Queneau















Ces six émissions ont été diffusées de fin 1952 à 1953 sur le "Programme musical à modulation de fréquence" (créé en 1954 par le poète Jean Tardieu) qui deviendra en 1959 "France IV - Haute Fidélité", puis "RTF Haute Fidélité", puis "France Musique" en novembre 1963. C'était joli d'avoir dans son titre "Haute Fidélité"…

"Si tu t'imagines"


"Le Havre"


"La banlieue"


"Le burlesque"


"Province un peu, Paris beaucoup"


"Poésie et poètes"


(1) Europe n°1, Radio-Luxembourg (RTL), Radio Monte-Carlo,

dimanche 13 octobre 2019

Le bon plaisir de la radio… de création (7)

Il est des noms qui sonnent… avec le son ! Mais, avant de rentrer dans l'affaire, il y a l'annonce, le "premier" micro, celui qui va brosser le paysage. Et là, dans ce que vous allez entendre, il y a non seulement la "vedette" Michel Creïs, ingé-son, mais la coordinatrice de l'émission, (ne se contentant pas d'ânonner un texte insipide qui nous raconte ce qu'on va entendre…) qui non seulement incarne son émission mais sait de quoi elle parle. Avec sensibilité et attention. Irène Omélianenko aimait, vivait, pensait la radio quand tant d'autres se contentent d'en faire…  


Michel Creïs


















J'ai écrit de nombreux billets pour évoquer la fabrique de la radio et quelques uns sur les ingénieurs du son : Paranthoën, Senaux, Beurotte, Le Hors. Cet épisode de "Creation on air" est touchant et sensible quand il montre à quel point l'ingénieur du son prend en compte des dizaines et des dizaines de paramètres qui font et ont fait le savoir-faire d'une profession tirée par l'excellence. L'ingé-son joue avec le studio, les micros, les consoles, les couleurs, les réalisatrices (et réalisateurs) et une palanquée de "ratons-laveurs"… Il met tous nos sens en éveil et développe de façon aigüe notre capacité d'écoute. Qui aime la radio ne peut se contenter de l'écouter, il doit la comprendre. Il faut donc savoir la raconter par le menu et surtout la faire se raconter par ceux qui sont ses acteurs premiers.

L'époque veut qu'on s'attache aux résultats et presque plus à la démarche. Qui prend conscience en mangeant son poisson ce qu'il a fallu aux pêcheurs mettre en œuvre pour qu'il arrive dans notre assiette ? Qui en montant dans sa voiture pense à sa manufacture ? Quelle Pédègère de Radio France écoute les professionnels de la profession pour comprendre leurs métiers avant de décider ci ou ça pour eux d'une façon managériale mais certainement pas d'une façon "artistique". (1)

Je ne suis pas le premier à le dire ou à l'écrire : l'école devrait aussi nous apprendre ça, ça changerait nos façons d'écouter, de comprendre la "réalisation" de la radio, de ne plus mégoter pour une redevance indispensable aux moyens techniques et humains, de supporter sans rien dire le fait du Prince (Président de la République) et de son affidé le Ministre de la Culture prêt à jeter la radio avec l'eau du bain télévisuel, de laisser faire des député.e.s qui votent des budgets et des orientations sans ne connaître de la radio que des vedettes et des chiffres, de confier à des marketeurs et des manageurs (de moins de cinquante ans) la gestion de la création audiovisuelle qui ne se résume pas à des bilans et des comptes d'exploitation ! 

Irène Omélianenko, Michel Creïs, et tant d'autres avec eux, ont fait de la radio une université populaire. Il est urgent aujourd'hui d'en prendre conscience avant que la radio ne soit plus associée qu'à des chiffres : ceux de Médiamétrie, ceux des podcasts, ceux des moindres événements qui font la com' et la roucoule et éclipsent progressivement la radio de création qu'on a pu appeler "art radiophonique".



(1) Jacqueline Baudrier, journaliste, première Pédégère de Radio-France (1975-1981) confiait à Jacques Chancel au cours d'une Radioscopie que souvent le soir avant de quitter la Maison de la radio elle écoutait "Pas de Panique" de Claude Villers (France Inter, 1973-1975, 20h/22h).

lundi 7 octobre 2019

Le poids des mots… Le choc des maux !

Il y a lurette qu'il convient de lire des infos sur des médias en général pour comprendre ce qu'il va pouvoir advenir de la radio publique en particulier. Sur Radio France bien sûr, mais si c'est le groupe qui communique c'est 99% de com'. "Un pas de côté" permet de faire quelques plans sur la comète. Si j'avais accepté en mars 2015 d'abandonner ma lecture de Truman Capote pour l'indigeste rapport Schwartz sur la télévision, c'est parce qu'entre les lignes ou sur les lignes les intentions de mutations étaient claires et la suggestion de "rapprocher" tous les médias publics l'était plus encore !














Mardi sur le compte Twitter de Roch-Olivier Maistre (@romaistre), Président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, en visite à la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone), on pouvait lire : "Aux côtés de Jean-François Philippot, administrateur général @RTBF, et de François Tron, directeur général du pôle contenus. Le groupe belge édite 4 chaînes TV et 6 services de radio tout en s’adaptant aux nouveaux usages numériques à travers son plan stratégique "vision 2022"". Les mots ont du sens !

Directeur général du pôle contenu
J'écrivais, lundi dernier, qu'on peut s'attendre pour les chaînes de Radio France, à ce que les directeurs disparaissent si ce groupe public suit ce qui est opérant aujourd'hui à France Télévisions à savoir des "directions thématiques transverses". À Radio France le directeur du numérique Laurent Frisch est devenu en 2019 "directeur du numérique et de la production", ce titre ressemble assez au titre de son homologue belge. Les contenus ou les transverses sont supervisés par un cadre hiérarchique qui a terme va largement minorer le rôle des directeurs de chaîne. (1)

Dans cette logique si l'on ne parle plus de chaînes quoi de plus simple que de mutualiser "sport, investigation, culture…" etc, etc. Plus besoin non plus d'annoncer à terme leur traumatique disparition. Sous couvert de transverses exit les entités autonomes héritées de la réforme de 1963 (2). Autant dire que des dizaines et des dizaines d'emplois vont être concernés pour tout ce qui concerne l'administratif mais aussi la production. Rien ne sera écrit de cette façon c'est, à l'usage et à court terme, que les bouleversements vont avoir lieu.

6 services de radio !
Elle est bien bonne celle-là ! Les belges n'auraient déjà plus de chaînes ? Qui auraient été remplacées par des services qu'en France on appellera demain "directions thématiques transverses" ? Logique imparable pour laquelle il convenait de s'attarder sur des mots qui ont un sens et qui "mangent du pain".

La mue, les bouleversements que j'évoque depuis de nombreux billets sont bel et bien là. Toute la question va être de savoir si demain on dira "L'audio de Radio France" avec des thématiques qui auront gommé non seulement le nom des chaînes mais aussi jusqu'à leur propre identité d'origine ? Radio France produirait - et co-produirait - des émissions qui ne seront plus repérées, écoutables, podcastables, via une chaine hertzienne ou en dab+, par un nom mais par une transverve. Renversant non ? C'est un scénario, c'est encore écrit nulle part, mais il est probable qu'il faille lire le projet stratégique de Sibyle Veil avec ses hypothèses en creux !

À demain si vous le voulez bien !!!

P.S. : Un ex-professionnel de la profession suggère : "Même Radio France n'aura plus de raison d'être, "Audio France" sera la bonne appellation !"

(1) J'écris aussi tout ça pour ceux qui croient encore que je me fais un gros phantasme paranoïaque !
(2) France Inter, France Culture, France Musique,

dimanche 6 octobre 2019

Le bon plaisir de la radio… taurine (6)

Prendre à l'oreille quelques accents. Celui de Nîmes. Le sujet : la feria. Sujet qui aujourd'hui porte à controverses. Mais hier ? Il s'agit ici d'écouter une histoire, une coutume et des us. Le titre de l'émission : "La radio sur la place" me rappelle que France Culture savait sortir le "car-régie", sortir des studios, courir la France et être en prise avec le quotidien des Françaises et des Français. Être vivante en sachant tendre le micro in situ…



Écouter c'est comprendre ou essayer de comprendre… J'aime ici entendre les témoignages de ceux qui vivent avec ferveur et passion ce que d'aucuns appellent un art. Même si…

mardi 1 octobre 2019

Salut les copains…

Et les copines bien sûr ! Ça y est je suis miyonaire ! Depuis hier matin vers 8h15 ! Bon, il m'aura quand même fallu huit ans ! 17 juillet 2011-30 septembre 2019… Alors, modeste restons, quand Madame Veil, Pédégère de Radio France, ne passe pas une journée sans additionner les miyons d'auditeurs, de podcasts, de mantras numériques et… d'économies à réaliser dans le quart d'heure ! Mais ne boudons pas notre plaisir. Ce résultat faramineux je vous le dois chères auditrices-lectrices (et les gars aussi !). C'était pas gagné ! Parti de très très loin, inconnu au bataillon médiatique ! Innocent les mains pleines (de doigts)… de deux-mille-cent-quarantième billet.

Visuel du mensuel éponyme de l'émission culte d'Europe n°1








À l'origine, j'avais envie de raconter des histoires de radio ! Je me suis pris au jeu et il m'a fallu, en cercles concentriques (autour de la Maison de la radio), creuser un peu plus loin que l'émerveillement béat ou la critique facile. J'ai commencé par beaucoup d'émerveillements puis, le "chevalier blanc" (du pouvoir politique) Mathieu Gallet venant (mai 2014), il a bien fallu me rendre à l'évidence que la grande casse de la radio publique allait s'engager. Gallet qui, pour son discours inaugural devant le personnel de Radio France qualifiait de "boîte" la Maison de la Radio, n'allait cesser de nous surprendre et pire de nous désappointer jusqu'à ce qu'un tribunal de Créteil et, CSA aidant, il prenne la poudre d'escampette !

Il m'est quelques fois reproché d'être nostalgique ! Un peu quand j'écoute les 3h39 du "Bon plaisir" de Pierre Schaeffer et que je prends un réel plaisir. Sinon je veux continuer à défendre une radio de qualité et dénoncer le supermarché de la chronicroquette qui a fini par encombrer tous les étages de la Maison ronde. Et, surtout, observer et commenter le grand-remue ménage, la valdingue attendue pour la troisième décennie de ce siècle… pathétique !

Je n'irai pas jusqu'au prochain miyon. Je continue ce blog le temps que soit achevée la mue de l'audiovisuel public puis, j'irai cultiver mes radis au fin fond du Berry, de la Creuse ou de l'extrême pointe nord-ouest du Finistère…

Avec ma bonne amitié, encore merci pour votre attachement à ce blog "modeste et génial" … ;-)