jeudi 28 février 2013

Jimi the great…















En 1981, je croise un jeune de 18 ans qui m'annonce, sans rire, qu'en 1969 à Woodstock, Jimi Hendrix était déjà mort (sic). Je m'étrangle, je fonce dans ma collec' de Rock&Folk, je suis un peu nerveux. J'ai beau lui expliquer que dans le film de Michael Wadleigh (1970), le choix des images de poubelles, de boue et de départ des festivaliers n'a rien à voir avec la mort du bluesman, il ne veut rien savoir. Jusqu'à ce que, épuisé, je trouve l'article qui précise sa mort le 18 septembre 1970 (1). Comme quoi les images peuvent troubler l'esprit si on n'a jamais appris à les décrypter.

Bon, mais ce jeune, de maintenant 50 ans, va pouvoir se propulser sur un copieux dossier que Fip vient de réaliser pour être raccord avec la sortie, le 4 mars, d'inédits du "plus grand guitariste de tous les temps". Ce que j'aime avec Fip c'est qu'ils ne montent pas sur les toits (de la maison de la radio) pour hurler qu'ils font de la radio, ne se répandent pas dans la presse pour annoncer qu'il vont faire une émission de radio originale avec du son, des invités et de la musique, qu'ils ne prennent aucune posture pour se la péter. Le directeur de la chaine, Julien Delli-Fiori, et les programmateurs sont cohérents avec la ligne de Fip : de la musique presque 60' par heure, des instrumentaux en tout genre, et des "spéciales" documentées, commentées et partagées. 


Donc, ce lundi 4 mars de 21h à 23h, il fera bon être sur Fip pour, non seulement en prendre plein les oreilles, prendre des notes et ronger votre frein avant que la quincaillerie à musique ouvre ses portes pour que, si vous avez été séduit, vous rameniez at home "People, Hell and Angels". Mais, si je vous alerte dès maintenant, c'est que vous n'aurez pas trop de la fin de semaine pour découvrir, écoutez, feuilleter le dossier touffu que Fip a publié sur le sujet. Du lourd et du documenté. Naviguez et cliquez, sur l'image (ci-dessous) et vous serez au cœur d'un sympathique "revival". Entre Bowie et Hendrix, j'ai choisi, sans hésiter. Merci Fip pour cette bonne soirée à venir et ce dossier que je n'ai pas fini de découvrir. 

Je dédie ce billet à mon p'tit Kaou qui va prendre beaucoup de plaisir à fureter chez Fip.


(1) Je ne verrai le film (avec M.C.), qu'en septembre 1970, sans doute quelques jours après le décès du "guitar heroe".

 

mercredi 27 février 2013

Tout un monde…

Heaven's Gate - version 1980 © ED


Qu'il était agréable lundi matin d'entendre Marie-Hélène Fraïssé, en fin de matinale de France Culture, évoquer la nouvelle sortie du film de Michael Cimino, "Heaven's gate" (1). Marie-Hélène Fraïssé n'est peut-être pas spécialiste de cinéma, mais sa connaissance des États-Unis, et de l'histoire des Amérindiens, lui permet d'avoir, et un avis éclairé, et une analyse fine d'un film qui, "pour une fois", ne fait pas la part belle aux puissants. Le parti pris "marxisant" du film l'a forcément mis au ban de la critique, a incité le public suiviste à le bouder à sa sortie en 1980, et a laminé Cimino. Le film qui ressort demain est dans la "version conforme au montage du réalisateur".

Ce mardi dans "Tout un monde", Fraïssé recevait le cinéaste. Et c'est fort que ce soit là, dans cette émission d'après-midi, plutôt qu'avec les ténors du cinéma de la chaîne ou les spécialistes des "vedettes". Il y a une cohérence vis à vis de l'émission de Fraïssé et de son parcours radiophonique "autour du monde". Et si Fraïssé a pu "emporter le morceau" en obtenant l'interview, ça a peut-être à voir avec l'avis subtil de Cimino la concernant (2).

La tragédie évoquée dans le film restera pour l'Amérique une "tache, une souillure sombre qui ne pourra jamais être effacée, comme celle du génocide des Amérindiens" précise Cimino. Passée l'interview, la mise en perspective proposée dans la deuxième partie de l'émission, est aussi très intéressante. Marie-Hélène Fraïssé incitant ses invités (3) à "casser le mythe" autour des colons de l'Ouest, et à rendre compte de la réalité de "L'Ouest, le vrai". Mais, vingt minutes d'échanges, c'est beaucoup trop court et frustrant. Il y a quelques années Marie-Hélène Fraïssé disposait pour son émission d'une demi-heure supplémentaire. Il est juste de dire que ces trente minutes nous manquent chaque semaine.

À défaut d'avoir ouvert une porte sur le paradis, Marie-Hélène Fraïssé a ouvert celle de tout un monde qu'il nous reste à approfondir. Il était fort émouvant d'entendre Cimino au début de l'interview nous dire "Aujourd'hui je peux dire que j'aime ce film, je l'adore", alors qu' Heaven' gate avait, en son temps, participé à le boycotter. Je cours le voir dès demain !

(1) Plutôt que les professionnels de la profession de la critique : Le Fol (Le Figaro), Tétriak (Elle), Lannelongue (Le Monde),
(2) Qu'il est agréable d'entendre Cimino dire à Fraïssé qu'elle aussi "doit être une femme forte, comme l'a été sa productrice pour finir par le convaincre [Cimino] de ressortir la version non expurgée de son film",
(3) Jacques Portes, historien de l'Amérique du Nord, et Yves Figuereido,
spécialiste de la construction du territoire nord-américain et de l’idée de «Wilderness».

 

mardi 26 février 2013

Addor, l'écoute est d'or…

Andrew Orr












Dans le "petit" milieu de la création radiophonique et du documentaire radio, nous sommes "quelques" uns à aimer le retour sur écoute. Particulièrement quand ces écoutes confortent nos certitudes sur la richesse de ce qui s'entend. Quand paroles, sons, musiques, se superposent, se croisent, s'entrelacent au point d'assister à une œuvre, qui bouleverse à la fois notre façon d'écouter, notre façon de comprendre et notre façon de mémoriser. 

Quand on a la conviction que, sans images imposées, sans narration linéaire systématique, sans didactisme, la radio a ce pouvoir extraordinaire de mobiliser l'imaginaire, et de le stimuler à chaque fois qu'il se passe quelque chose de plus vibrant que l'écoute inattentive d'un flux de paroles et/ou de musique. Cette "mise en scène", mise en ondes est magique et le fait de magiciens qui s'emploient à fabriquer quelque chose d'inattendu, de complexe, de rare et de totalement original. Pas l'original galvaudé du consumérisme, mais celui, peut être, de "la rédaction primitive d'un document" (1). L'original de la mise en perspective ou en relief, de points de vue, d'idées, de "sujets" ou de témoignages. Pour écouter la création unique, de telle ou tel, jusqu'à lui reconnaître "un coup de patte", "une façon" ou une "technique" originales.

J'écris tout ça mais je ne sais rien. Peut-être après tant d'années d'écoute, une certaine intuition. Car, oui, je suis d'abord un écouteur qui, petit à petit, a fait des choix, a discriminé son écoute, a cherché à comprendre les "façons" de celles et ceux qui me bouleversaient, a écouté "plus loin" que ce qui rentre par une oreille et ressort par l'autre.

Tout ça pour vous dire qu'Addor (2) organise depuis sa création des soirées d'écoute avec des productrices et des producteurs de documentaires qui donnent à entendre des petites et grandes choses "enfouies" quelque part dans un rayonnage de l'Ina et/ou dans la mémoire collective des aficionados dudit documentaire. Euréka, voilà que maintenant ces soirées concentrées dans la capitale vont se déconcentrer dans nos petites machines à clavier, nous permettant ainsi, à notre tour, d'entendre et de partager, les bonnes choses (3). J'ai commencé par Andrew Orr, (4) et ai pris deux bonnes heures de plaisir à donner le temps au temps de l'écoute, voire à savourer des moments qui maintenant vont s'incruster dans ma mémoire.

Petit à petit, toutes les séances, ou presque, seront disponibles à l'écoute, ne reste plus qu'à s'imposer de tourner le bouton de la radio pour entrer dans ce monde, là où le documentaire est… d'or.

(1) in Le Robert,
(2) Association pour le développement du documentaire radiophonique,
(3) Traou mad en breton, tiens ça sera mon hommage du jour à Yann Paranthoën,
(4) Co-fondateur de Radio Nova et Nova Prod, ancien producteur pour France Culture, qui témoignait dans le documentaire sur Jean-François Bizot, samedi dernie.

lundi 25 février 2013

De la crise à l'extinction… de voix

Image extraite du site de Vanina Gallo












Ce soir à 17h, "Sur les docks" (1) donne de la voix et, cette crise de voix qu'elle nous propose est un joli florilège des possibles, des plus possibles, voire des retrouvailles avec sa propre voix. La diversité (des voix et des situations) présentées est intéressante tant pour la représentation qu'on peut en avoir que pour l'image et l'identité que ces voix véhiculent. Particulièrement judicieux de nous donner à entendre Natalie Dessay qui, outre son métier de soprano léger, propose tous les mardis matins une chronique dans la matinale de France Musique (8h40). La correspondance entre voix et aspect physique est une "bonne question" à laquelle Dessay répond très vite pour immédiatement mettre en question sa voix et sa personnalité. Voilà un sujet extraordinaire qui interroge bon nombre d'entre nous, particulièrement quand on a l'occasion de s'écouter suite à un enregistrement et qu'on peste en écoutant ce qu'on entend. Vous entendrez aussi Guillaume Gallienne (2) et le parcours étonnant de sa voix. Ainsi qu'une drôle d'expression "Boxer la voix".

"Qui n’a jamais été trahi par sa voix dans un moment de stress ou sous le coup d’une émotion forte ? Le langage le traduit : « Je suis resté sans voix ! »" (3). Et cette expression irait bien quand, par exemple, on apprend la fin d'une émission de radio ou quand une productrice ou un producteur est remercié. Le 8 février, au cours du festival Longueur d'Ondes, les organisateurs avaient eu la TRÈS bonne idée de proposer une séance d'"extinction de voix", pour laquelle ils avaient invité Antoine Spire et Julie Clarini (4). Nous entendrons cette séance dans les mois qui viennent sur le site de l'Oufipo.

Mais pour s'en tenir à la voix, réentendre Antoine Spire au micro c'était réentendre le galop de Staccato et les annonces vertigineuses de Spire qui, à elles seules, étaient de très courts "documentaires du réel". Son duo avec Clarini était touchant car tous les deux nous rappelaient comment la fulgurance de leur émission était un petit bonheur intellectuel quotidien.

(1) Lundi 25 février, 17h, un documentaire de Jérôme Sandlarz et Anna Szmuc,
(2) Comédien et producteur de l'émission "Ça peut pas faire de mal", France Inter, le samedi,18h10,
(3) in le site de "Sur les docks" à la page de l'émission d'aujourd'hui, 
(4) Producteur, entre autres, de Staccato sur France Culture, 1997-1999, et "remercié" par Laure Adler. Julie Clarini, co-animatrice de Staccato, puis du Grain à Moudre, puis d'une chronique dans la matinale. Désormais journaliste au Monde des Livres. 

 

dimanche 24 février 2013

Actuel… Bizot

Tonton souterrain à la façon Crumb…


Le saviez-vous Jean-François Bizot (1) était un jardinier. Un jardinier de pépinière même. Mais pas une pépinière d'arbres bien rangés en ligne, une pépinière de jungle que l'on observe depuis les galeries souterraines autour des racines (roots), jusqu'à la canopée où, si proche du ciel on plane.

Il nous fallait bien ça, nous qui, au début des 70', parqués en R.F.A. (République Fédérale d'Allemagne) devions tuer le temps misérable que l'"on" nous infligeait à grands coups de galons, de misère intellectuelle, de beauferie, de mépris, de gabegie financière, d'oppression morale et de modèle de société ridicule et méprisante. Vomir forcément vomir, dégueuler même.

Je te revois, mon copain arménien, un peu rond et jovial, sortir de ta valise et brandir Actuel, petit flash immédiat dans cette nuit permanente d'encre souillée et putride où il nous fallait souvent, contraints et forcés, "fermer les yeux" (2). Nous avions apporté avec nous quelques 33 tours (3), de Pink Floyd à Jefferson Airplane en passant par Janis Joplin, Zappa, Hendrix, Soft Machine, Led Zeppelin et quelques autres bien dans l'air du temps (4). Alors forcément "Actuel" a pour moi cette image et ce goût d'une autre révolution, des mœurs, de la musique, de la vie "définitivement" libérée de la gangue de l'après-guerre.

Dans ce n°d'"Une vie, une œuvre", diffusé hier sur France Culture, je suis assez surpris que personne n'évoque l'aspect graphique du journal et sa version première manière (5). C'était l'"explose" totale des codes graphiques en vigueur en France, l'illisibilité assumée, la couleur comme si elle débordait (de vie) et la garantie d'être surpris numéro après numéro. Le fond et la forme étaient "raccord" et ce jusqu'à la texture du papier genre recyclé avant l'heure. À l'époque on ne "savait pas" que c'était Bizot le grand manitou ou le gourou de tout ça, et qu'il y avait eu un "Actuel" avant "Actuel", sans doute encore plus "confidentiel" que celui de Bizot qui ne le resterait pas longtemps.




"Une vie, une œuvre" s'attache ici à faire témoigner ceux qui ont approché le mythe (6). Surprenant alors qu'on ne rappelle pas, au cours de l'émission, à chaque fois qu'ils prennent la parole, le nom des intervenants. C'est juste un peu agaçant car on est obligé de "chercher" et ça gâche forcément l'écoute ! Mais succulent d'entendre en annonce de l'émission "… un certain désordre aide à créer, à inventer. D'ailleurs […] l'oxygène l'a été par une forme de négligence…". Tout est là, Bizot a inventé l'oxygène et, enfermés derrière nos murs verts de gris, nous avons réappris à respirer (7).

Qui d'autre que Bizot aurait pu, après avoir publié du Crumb "à longueur de pages" - ce dernier, dans la dèche, en attendait un peu un retour financier -, lui faire immédiatement un chèque pour s'acquitter des droits de reproductions "dus". Bizot gagne à être connu et "il y a sûrement quelque chose à faire" pour qu'on en parle encore à la radio. Avis aux amateurs (et aux professionnels !)…
  
Mes chers auditeurs, j'ai beau être collectionneur de presse je n'ai plus aucun n° d'Actuel première formule, si, par hasard, dans votre grenier, vous en aviez un ou deux exemplaires et que vous acceptiez de me les prêter, je vous les retournerai dans les deux jours.

(1) Fondateur d'Actuel (mensuel, en deux époques distinctes), de Radio Nova et de Nova (mensuel),
(2) Lire "fermer sa gueule",
(3) On ne disait pas vinyle à l'époque,
(4) Mais Jean Ferrat aussi qui chantait Aragon,
(5) Mais peut-être que dans la série, "Les années Actuel" que la Fabrique de l'histoire sur France Culture avait consacrée au journal (diffusion du 31.12.2007 au 4.01.08), cette particularité avait été évoquée ? J'ai les podcasts en archive et vais, de fait, les réécouter. L'occasion fait le larron,
(6) "Le mythe", c'est Matthieu Garrigou-Lagrange qui le suggère en annonce de l'émission, 
(7) Lire aussi ici. Et si vous l'avez conservée, écoutez : "L'Événement, la dernière aventure d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie, de Thomas Baumgartner et Christine Robert diffusé in La Fabrique de l'Histoire, 27 septembre 2005".

De la com' d'abord et s'il en reste… de la radio…

 










Il y a plusieurs semaines "on" nous apprenait (1) qu'une "nuit spéciale" aurait lieu en direct sur une chaîne publique de Radio France, avec une animatrice, une vedette, et des surprises. Cela s'appelle du teasing ou l'art d'organiser le buzz sur quelque chose somme toute de très banal. En début de semaine la pression monte, on est passé du tambour à la qualification de l'affaire en "événement". Rendez-vous compte une émission va avoir lieu la nuit pendant cinq heures consécutives avec une vedette ? Du jamais entendu ! 

Jamais entendu ? Au début des années 70, Jean-Louis Foulquier, animait sur France Inter "Studio de nuit" avec des "vedettes" quelquefois (2), de 1h à 4h du matin. Mais sans tambour ni trompette (si justement, puisqu'il aimait tant la musique et la chanson). C'était normal et banal de faire des émissions la nuit pour une station dont le slogan était "vingt-quatre heures sur vingt-quatre…". Mais aujourd'hui tout l'art est de faire un événement d'un non-événement (3). On applaudit bien fort.

Pour le passage de l'année 1988 à 1989, France Culture avait proposé à Léo Ferré de "faire sa nuit" à la radio. Léo évoque des souvenirs, reçoit ses amis, disserte sur la vie qui passe. Jacques Erwan et Marc Legras, qui animent l'émission, sont présents mais discrets, en arrière-plan, laissant à Léo toute sa place. Je ne me souviens pas de tambour pour annoncer ça. Je me souviens d'une belle nuit d'humanité, pas une nuit de spectacle business-show…

Au bout de cette nuit (de jeudi à vendredi), un très court extrait sera rediffusé dans la matinale (4), puis idem dans le journal de 13h (5). Les communiquants avaient vraiment bien pensé les choses. Cette nuit il faudrait la mériter car elle ne serait pas podcastée. Créer du manque comme pour un produit de consommation courante, en faisant croire qu'il n'est créé qu'en édition (écoute) limitée et… "le tour est joué".

Toutes les nuits de samedi à dimanche, sur France Culture, Philippe Garbit et son équipe proposent" La nuit rêvée…" à un invité qui, pendant 6 heures, propose à entendre un choix d'archives de la radio. En fait-on autant de promo, de battage, de teasing, d'autopromotion ? Non bien sûr, et pourtant les invités sont aussi quelquefois des "vedettes".

La radio ne pourrait donc plus se contenter d'"émettre", il lui faudrait aussi aller en place de foire, avec jongleurs, bateleurs, crieurs et autres diseurs de bonne aventure pour conquérir l'auditeur ? Faire le spectacle, ici faire semblant d'une nuit entre copains (jet-set), faire beaucoup parler autour et donner l'illusion d'un événement… radiophonique. Et si la com' tuait définitivement le désir  ? (en tous les cas, ici, elle a tué le mien)

Pendant ce temps-là, il y avait ailleurs de la radio, plus humble, plus riche, plus profonde que des centaines d'insomniaques ou passionnés suivent avec attachement. 

(1) Communiqué de presse,
(2) Je me souviens de Ferré,
(3) Cocasse alors que France Inter a interrompu ses émissions de nuit à la rentrée 2012 !
(4) La plus écoutée de France,
(5) Là ça s'appelle auto-promotion et auto-persuasion,

Arte radio ne manque jamais une occasion de pointer du doigt les travers de la com' en voici un exemple succulentissime !

samedi 23 février 2013

Florilège du samedi…







Ça me démangeait beaucoup de vous parler de l'autopromotion appuyée de certaines chaines publiques mais vous attendrez quelques jours… et passerez un bon samedi à l'écoute des liens ci-dessous. Tout commence par une balade en Alabama, et se poursuit à Joinville-le-Pont. Écoutez bien le début du doc, vous reconnaîtrez l'indicatif des "Nuits magnétiques" et quelquefois, à la réécoute, ça donne la chair de poule ! Ça c'est moi "full sentimental"… On retraverse l'Atlantique et on file chez Jack, on the road (again).

Mais tout ça est à fleur de peau. Comme pouvait l'être Pierre Barouh ! Et puis vous en prendrez bien un dernier pour la route

Vous l'aurez remarqué, au fur et à mesure des republications pour le "Florilège du samedi", j'ajoute sur chacun des billets le player correspondant, vous permettant ainsi d'écouter après avoir lu…

Demain 18h, une madeleine tout à fait Actuel…

vendredi 22 février 2013

Comment l'entendez-vous ?

Avec ou sans image. Le titre de ce billet renvoie au titre d'une émission d'une grande dame de la radio :  "Comment l'entendez-vous", était aussi la touche si particulière des conversations animées par Claude Maupomé. De 1975 à 1990, elle orchestra avec une élégante curiosité cette émission-salon hebdomadaire qui reçut entre autres Raymond Devos ou Claude Lévi-Strauss pour parler musique classique." (1)

C'est elle qui s'entretient avec Pierre Dumayet dans l'extrait ci-dessous, extrait bien court sur un sujet où Pierre Dumayet avait l'autorité pour aborder la question de la comparaison entre radio et télévision. On reste sur notre faim mais on apprend toutefois que Raymond Castans (directeur des programmes de RTL, 1978-1985) avait proposé à Dumayet un entretien en "vis à vis" avec une même personnalité tous les jours. La réponse de Dumayet à Castans montre quel homme intuitif était Dumayet et comment il avait la science de la radio.

J'enquête pour savoir où est passé le reste de l'émission.

(1) in Libération, 17 avril 2006. Claude Maupomé est décédée le 31 mars 2006,
 

jeudi 21 février 2013

La mémoire en chantant…








Si la radio vous flanque un coup de poing qui vous renvoie au chaos, si elle y ajoute des chansons, des légères et des graves, si la chose évoquée vous ramène quarante-cinq ans en arrière, si ce mois d'août-là a mis par terre votre innocence d'adolescent ou de jeune adulte, si c'est absolument inoubliable et infâme… Si ce 11 février dernier, à 0h55, vous écoutiez les Nuits de France Culture, et si (ré)écouter François-Régis Barbry ne pouvait que vous troubler, alors peut-être avez-vous comme moi touché à une certaine quintessence de la radio ? Ou plus simplement à un moment d'excellence où sont réunies, l'histoire, la mémoire, la chanson qui, avec l'humilité et l'effacement de Barbry, portaient haut son émission (ainsi que France Culture qui la diffusait).

Je suis K.O. debout. K.O. car trop touché par ce fait historique (1) et trop ému par l'assemblage judicieux de témoignages et d'extraits de chansons que Barbry a su en faire. Le télescopage de Serge Lama et d'Hélène Martin peut surprendre, celui de Rika Zaraî et de Jean Ferrat aussi. Qu'importe ! Ces chansons souvent très populaires sont aussi dans l'histoire. Mais Barbry est délicat et fin, et rien ne choque. Mieux, tout séduit ! (2)

"Votre enfer est pourtant le mien/Nous vivons sous le même règne/Et lorsque vous saignez je saigne/Et je meurs dans vos mêmes liens//Quelle heure est-il quel temps fait-il/J'aurais tant aimé cependant /Gagner pour vous pour moi perdant/Avoir été peut-être utile//C'est un rêve modeste et fou/Il aurait mieux valu le taire/Vous me mettrez avec en terre/Comme une étoile au fond d'un trou…" Aragon, "J'entends, j'entends"" (Cet extrait, chanté au cours de l'émission, le serait-il par Cora Vaucaire ?)
  
• François-Régis Barbry a été trouvé mort à son domicile (août 98) d'une rupture d'anévrisme. Il avait 56 ans. Journaliste (Le Monde, La vie catholique), producteur à France Culture (La mémoire en chantant), il avait beaucoup œuvré, en passionné et en érudit, dans le domaine de la chanson." (3)

Je dois cette réécoute à l'attention et à la générosité d'un écouteur de radio qui m'a envoyé la captation de la rediffusion, ainsi que la biblio ci-dessous, et qui poste régulièrement des commentaires sur ce blog. Je le remercie ici très chaleureusement.  

(1) L'invasion de Prague par les chars russes, le 21 août 1968,
(2) "Le printemps de Prague, le 15 avril 1968", diffusée le 11 avril 1987,
(3) in Libération, 25 août 1998, voir aussi ici.

mercredi 20 février 2013

Bleu(s)…

Nu bleu II. © Henri Matisse, 1952










Pourquoi ce mot a t-il autant d'impact sur nos sens ? Marie Richeux décide d'en faire le thème de sa semaine et nous voilà électrisés… Nouveau numéro d'équilibre pour moi, puisqu'il faudra attendre la fin de la semaine pour "voir" si les bleus ont touché notre âme (1). Lundi soir, en m'endormant, me revenaient en mémoire toutes les expressions qui comportent le mot "bleu"… Comme on compte les moutons, je commençais mon inventaire, mon nuancier, ma petite collection qui n'ont d'autres intérêts que de partager, échanger, attraper, lâcher ces mots dans le grand bleu de notre imaginaire.

Je suggèrerais bien à Marie Richeux d'ouvrir une page spéciale du site internet de son émission pour recueillir expressions et tournures qui magnifient le bleu. Aussitôt d'ailleurs, à la lecture de ces mots, j'aurais envie de les écrire à la plume ou au pinceau, de les noyer dans l'encre, de les fondre dans quelques outremers, ou de les suggérer en filigrane sur un joli papier bleu pâle. 

Pour cette écoute-là, mes chers auditeurs, je vous propose après celle en direct (ou pas) de vous rendre sur le player de l'émission, d'avancer le curseur jusqu'à 20' et de vous laisser porter jusqu'à la fin du thème. Procédez ainsi chaque jour ou faites le grand saut vendredi ou samedi en écoutant les cinq "sessions" d'affilée. Vous n'y aurez vu que du bleu ou plutôt, ce que vous aurez entendu vous donnera peut être envie de plonger plus profond dans la thématique.

Cette semaine c'est Emmanuel Laurentin (2) qui a enfilé son bleu avec le thème de l'usine (ou de l'industrialisation). Il ne manque plus qu'un "Atelier de la nuit" ou un "Sur les docks" pour parfaire le sujet. Mais si cela avait été "décrété", institué et programmé cela perdrait (de fait) de sa spontanéité. Il doit encore être possible de "convoquer" Laurentin au pied levé pour le faire réagir à "bleu", quant aux Ateliers ou aux Docks c'est moins facile mais pourquoi pas, pour une fois, tenter un "doc à maturation courte" (DMC) en attrapant au vol (des couloirs de la maison de la radio) quelques petits bleus qui traînent ici ou là, quelques archives (faudrait jouer serré) et une conversation avec telle ou tel que l'on sait épris de bleu.

Bien sûr c'est fou et tout ça "ne se fait pas" d'un claquement de doigt, mais pourtant c'est là que la radio nous surprendrait, en laissant de temps en temps s'installer un espace de création brute, bouillonner le laboratoire, et exploser les schémas, codes et autres habitudes… 

Ce sera pour une autre fois, pour le jaune par exemple, ou pour un autre thème universel (ou pas). J'ai quelque espoir de recueillir les avis de Marie Richeux, Irène Omélianenko et Emmanuel Laurentin.

(1) Lundi/Annie Mollard Desfour, linguiste et lexicographe au CNRS. Mardi/
Olivier Bleys auteur de "Pastel" (Gallimard). Mercredi/J.M. Durou "Le peuple bleu". Jeudi/François Rouan "Voir la peinture en bleu". Vendredi/Philippe Paraire, "Philosophie du blues",
(2) Producteur de La fabrique de l'histoire, France Culture, du lundi au vendredi, 9h05. 

 

mardi 19 février 2013

Michka, la belle pop…

 









C'est assez rare à la radio, pour ne pas dire très rare. Michka Assayas a animé pendant 5 ans sur France Musique (1) "Subjectif 21" puis à l'été 2012 s'en est allé sur la pointe des pieds. Vincent Théval, qui anime depuis la rentrée "Label Pop", recevait hier soir… Michka lui-même ! Belle passe, très belle passe même. Et sympathiquement confraternelle, ce qui, vous en conviendrez, ne court pas les ondes. 

Je tente ici, et pour la première fois, (roulements de tambour) un numéro d'équilibriste. En effet, je ne pouvais écouter en direct l'émission d'hier soir (2), mais, "grâce à mes antennes", je crois pouvoir vous dire que l'émission est à réécouter. Pour plusieurs raisons. La première, Michka est venu présenter son nouveau livre (3) et s'est entretenu assez longtemps avec Vincent Théval pour évoquer sa "propre histoire" du rock (4). La deuxième, entendre les compères - l'un très doux, l'autre très fou - échanger sur un sujet que chacun maîtrise pourrait bien nous faire passer un très bon moment (5).

Voilà mes chers auditeurs, je compléterai ce billet après écoute et vous pourrez comme toujours y aller de vos commentaires. Je viens de terminer la première écoute (15h30) et, un peu comme Michka écoutant un nouveau disque, il va m'en falloir une seconde…

Michka Assayas


Seconde écoute
Théval sait choisir (dans la jungle) de la production les petites choses touchantes, les quatre premiers morceaux de sa playlist me vont tout à fait et mieux me font tendre l'oreille pour les réécouter. Bon signe non ? Ajoutez un peu de Beach Boys "ringards" dirait Assayas et l'affaire prend un tour pop fraîche. Pop dans le sens des origines de la musique anglaise et américaine. Assayas parle d'imprégnation en écoutant la musique. Si cette imprégnation produisait sur lui des effets d'attention, il pensait que si le disque qu'il écoutait passait le cap de la "soupe ambiante", il méritait le détour. S'ensuivait une écoute scrupuleuse de chacun des morceaux. Si la musique "résistait" à l'effet "commerce-showbiz-tendance", Assayas avait envie de proposer à ses lecteurs d'aller y écouter de plus près.

Théval a permis à Assayas de venir dire sa subjectivité et sa sincérité à écrire et à traduire sa passion de la musique. Avec Assayas on était sûr de ne pas être dans la ligne droite (toute tracée par l'industrie musicale), et mieux, on était assuré d'être surpris, voire séduit. Autre chose très importante si les deux compères sont complices ils ont eu le bon goût, au cours de cette émission, ni de ricaner de leurs souvenirs communs, ni de leurs affinités communes, voire autres private-joke intempestifs qui polluent aujourd'hui les ondes quand un producteur invite un de ses collègues.

Théval et Assayas ont balayé en moins d'une heure une petite partie de l'histoire de la musique "pop". Il nous reste à trouver un bon paquet d'heures pour lire "In a lonely place", au risque, pendant ce temps-là, de ne plus écouter la radio !

(1) Le dimanche de 22h à 23h,
(2) Que je n'écouterai en podcast qu'en début d'après-midi,
(3) In a lonely place, Écrits rock, Le mot et le reste,
(4) "L'ouvrage est une anthologie des meilleures chroniques de Michka Assayas parues depuis le début des années 1980 jusqu’aux années 2000, dans Rock & Folk, Les Inrockuptibles, VSD et Libération. Les chroniques suivent un ordre chronologique et sont regroupées par groupe et par thème, chaque section étant précédée d’une introduction qui la contextualise." (note de l'éditeur)
(5) Et leur analyse du disque réédité "Dexys Midnight Runners "Searching For The Young Soul Rebels" (1980)".

lundi 18 février 2013

Blanc…







C'est pas un blanc de panne ou de silence, c'est un blanc de court-circuit !!! En attendant le billet… de demain, ne pas passer à autre chose… Et tendre l'oreille ci-dessous, Jo Brassens n'a pas tout dit !

dimanche 17 février 2013

Jo… Brassens

Chez Roger Delpont - D.R.©Radio France







Bon je me demande encore comment cette petite perle d'humanité a pu m'échapper (1). Mais bon, il y a plusieurs jours déjà, elle a fini par atterrir dans mon ordinateur et j'attendais. J'attendais le calme, une bonne lumière et d'avoir un peu fait le vide du bric-à-brac qui obstrue mon esprit. Alors ce dimanche j'étais prêt et je me suis régalé. Là, en écrivant ce billet, j'écoute pour la deuxième fois. Qu'est ce que le simple fait du bien. Grand bien même.

C'est bon pour le dimanche. Pour chasser le bourdon, au cas où celui qui colle à ces fameux dimanches reviendrait, et pour se prendre à fredonner. Parce que ça on n'y échappe pas, on fredonne, on chante et, le doc "refermé", on s'envoie illico sa propre intégrale. Les images du malicieux Brassens reviennent doucement. Le bonhomme, le gaillard solide et timide occupe la place qui lui revient au panthéon de la poésie et de la chanson, mais si l'on n'y prend garde, elle s'efface, tant le matraquage de l'insipide prend aujourd'hui toute la place.

C'est quand ces "Docks"-là prennent les chemins buissonniers qu'ils sont les plus touchants et peut-être les plus essentiels à notre équilibre psychique. Ils sont le contrepoint du "tambour battant" qui, aujourd'hui, rythme la moindre émission qu'il faut à tout prix promouvoir, coûte que coûte.

Goûtez cette madeleine, savourez et n'écoutez plus rien d'autre avant demain. La petite musique de Brassens vous transportera jusqu'à vos rêves et, avec ses copains d'abord, vous surprendrez-vous à faire le tour de la colline ? Et, peut-être même à refaire le monde avec lui ? Et ça, le monde, il en a bien besoin.

(1) Comme quoi Radio-Archives aurait toute sa place dans le groupe Radio France. Un documentaire de Sophie Delpont et Diphy Mariani. France Culture, 29 septembre 2011.

Des passionnés de radio…

Retour sur écoute du Pixel de France Culture consacré aux écouteurs et aux faiseurs de radio… (comme ça si vous ne saviez pas pourquoi j'écoute la radio…)

samedi 16 février 2013

Florilège du samedi…






Puisqu'il y a juste une semaine nous étions quelques-uns à Brest pour le Festival Longueur d'Ondes, vous pourrez prendre la mesure d'un Chancel au mieux de sa forme, lors de l'avant dernier festival. Pierre Dumayet n'était pas à Longueur d'Ondes mais "À voix nue". Sur la page du billet, vous trouverez les cinq players qui vous permettront de réécouter cette belle série de 2001. Il faut réentendre Pierre Dumayet. Ce qu'il dit temporise l'agitation perpétuelle qui nous entoure.

Je ne sais pas si l'on peut qualifier ces entretiens de grands, mais la formule en vogue aujourd'hui sur les radios publiques est trop souvent un trompe-l'œil pour ne pas dire un "trompe-oreille" voire un trompe-couillon. À 17h en semaine, ça rivalise et pourtant c'est que ça se passe (et vous pourrez l'écouter cash sur la page du billet).

Et puis allez donc tendre l'oreille du côté du transistor. Et, de là, vous aurez peut-être envie de revenir "Là-bas…", et c'est bien le diable alors si ces Diablogues ne vous font pas un bien fou.

Voilà mes chers auditeurs, ces billets augmentés de son devraient vous permettre de passer un samedi à l'écoute de ce qui pourrait s'appeler Radio-Archives… Qu'on se le dise !

Demain, 18h, la Madeleine (vient nous servir à boire)…

vendredi 15 février 2013

Le masque et la plume… L'original

X, F-R Bastide, M. Polac






C'était le dimanche… J'emploie l'imparfait à dessein. Qu'on ne compte pas sur moi pour parler d'une émission qui a ce titre-là aujourd'hui (1). France Inter a eu la très bonne idée de titiller notre mémoire en publiant un court son qui met en scène Bory (Jean-Louis), Charensol (Georges), et Pasolini (Pier Paolo). Les deux premiers, critiques de cinéma, le troisième cinéaste ! C'est peu dire qu'un son de 3'18" laisse sur sa faim. 
Alors j'ai couru à l'Ina (Institut national de l'audiovisuel) et trouvé l'intégralité de l'émission du 2 février 1969. Régal. Régal, car, même si Charensol et Bory surjouent quelquefois leurs différents, on sent derrière de vraies positions antinomiques, de vrais points de vue opposés et une vraie joute verbale "naturelle" qui n'existe plus en radio aujourd'hui (je parle de radio publique, et hors échanges politiques ou d'actualité). La contradiction étant gommée au profit de vraies-fausses conversations lissées par la tendance actuelle de l'insipide élevé au statut de maître-étalon (2).

Mon adolescence a été bercée par ces dimanches soirs qui nous faisaient oublier pendant soixante minutes que le lendemain il faudrait passer de nombreuses heures à s'ennuyer au lycée. La joute des compères est magnifique mais le reste s'écoute avec attention. Cette "comedia dell'arte" participait du bonheur d'aller bientôt voir le film critiqué ou de celui d'y avoir été. C'était une mise en bouche (et en oreille) et la promesse, une fois sa religion faite, qu'on pouvait y aller "les yeux grands ouverts" ou "rester à la maison". C'était aussi un spectacle, mais pas celui qu'aujourd'hui l'on vend partout et que l'on subit, mais un spectacle de l'agora vivante, bouillonnante, partisane, et au final de bonne compagnie culturelle. Un spectacle des mots, de la pensée intelligente et de l'analyse critique pointue du cinéma.

Pour écouter cette émission il ne faut rien faire d'autre et très vite on est dans le studio 104, dans le fauteuil avec les autres spectateurs-auditeurs. On rit, on sourit, on grogne, bien décidé à ne pas louper la "séance" publique du dimanche suivant. Bastide (François-Régis) et Polac (Michel) ne jouent pas aux vedettes de la médiacratie cinématographique ou littéraire. Ils font le job avec conviction(s) et le font bien. Ils sont (eux aussi) "Le Masque" et "La plume".

(1) Au début des années 60 a été inventé le "Malabar" chewing-gum bien rose, goûtu, et épais, qui durait en bouche et coûtait 10 centimes. Aujourd'hui cette friandise n'a plus que le nom et la couleur, le reste a fondu et son prix a décuplé. Tromperie sur la marchandise !
(2) Les exemples ne manquent pas sur les radios publiques comme sur les radios privées.
 

jeudi 14 février 2013

Le capitaine "ad hoc" au Congo…

Lebrun (Jean), poursuit sa longue marche de l'histoire (1) en allant sur les traces de Tintin au Congo et plus précisément à Brazzaville (2). On sent bien qu'à rester en studio, cet homme-là, a des fourmis dans les jambes. Le globe-trotter ronge son frein et à la première occasion "taille la route" ou "prend la mer". À Brest, samedi et dimanche dernier, il était à quai pour Longueur d'Ondes. Après avoir fait découvrir aux festivaliers, par un subtil jeu de questions, l'invité mystère Louis Bozon (3), il n'a pas hésité à se confronter au monument "Pierrot les bretelles" dit aussi, Pierre Bellemare. 

Sur le port, pipe bien en main et regard vers le large, je le vois bien contempler, à quai, le "Léopoldville 5" (4) sur lequel, une fois embarqué, il aurait pu réaliser quelques croustillantes émissions, comme autrefois José Artur à bord du paquebot "France" (pour France Inter). Observant humains de tous poils et mœurs à l'avenant, notre reporter nous aurait fait partager quelques aventures rocambolesques qui auraient bien valu un feuilleton quotidien ! Aussi bien dans le poste de pilotage avec le pacha qu'en salle des machines avec les mécaniciens, au carré des officiers comme dans la soute avec quelques clandestins "anonymes". Et le soir, soleil couchant ou lune de croissant, demandant à Hélène Starozum de conter quelques mésaventures de la colonisation belge, ou à Raphaël Krafft de narrer par le menu les exploits vélocipédiques d'Eddy Merckx.

La belle affaire que voilà ! Il serait bon que Laurence Bloch et Philippe Val (5) proposent à ce valeureux capitaine malouin d'embarquer sur les flots, à l'occasion ou à une autre, et mettent les moyens ad hoc pour qu'on en prenne plein les esgourdes. Vous en conviendrez, mes chers auditeurs, nous tiendrions là une bonne série pour l'été.

(1) France Inter, du lundi au vendredi, 13h30
(2) Avec plusieurs émissions de la chaîne, en direct de Brazzaville, les 14 et 15 février, à l'occasion du Festival "Étonnants Voyageurs",
(3) Soirée anniversaire du Festival,
(4) Non identifié par son nom dans "Tintin au Congo",
(5) Respectivement Directrice des programmes et Directeur de France Inter

Les deux autres émissions de la série "Afrique" suivront, sur ce blog, au fur et à mesure de leur diffusion.

mercredi 13 février 2013

La fabrique de l'amour…

"Le Diable au corps" de Claude Autant-Lara (1947)








Que du bonheur ! Comment prendre plus de plaisir en écoutant la radio ? Mais au fait, l'amour c'est de l'Histoire ? En tous cas, Emmanuel Laurentin (1) a su en faire toute une histoire, et même plusieurs. Un tel sujet permet une autre ponctuation au fil de l'Histoire et, s'il favorise une certaine "légèreté", il incite Laurentin à flirter avec des thèmes qu'il semble affectionner : la musique et le cinéma. C'est à l'écouter que l'on se rend compte qu'il est à son affaire pour, gourmand, savourer les mots des chansons et les images qu'ils suggèrent, qu'elles soient photographiques ou cinématographiques.

Lundi, Emmanuel commence par s'intéresser à la "fabrique" de la chanson d'amour… Profitons-en pour dire que ce temps passé autour de la chanson, et ce dès le matin, ne peut pas faire de mal après avoir été sonné par le tunnel d'infos qui précède l'émission. Entendre Frehel, et nous voilà plongés au cœur des années trente, "réalistes" comme les chansons du même nom. Très bonne idée d'avoir invité un parolier (Juliette, Guidoni) pour être au cœur de la "fabrique de l'amour"…

Mardi, le documentaire (2). Et quel documentaire ! Un joli périple autour de "Le diable au corps" de Raymond Radiguet. Et là, je me régale à écouter "l'histoire de l'histoire". Le tricotage et le détricotage de l'histoire, et de son histoire, m'excitent les sens, car j'aime autant l'une que l'autre. Ajoutez-y les Gymnopédies d'Érik Satie et le charme opère au point d'avoir envie et de (re)lire le livre et de (re)voir le film. Voilà, j'en suis à ma deuxième écoute et ne m'en lasse pas. 

Mercredi, Laurentin a commencé à désannoncer son émission. "Sans rien dire" sa réalisatrice, Séverine Cassar lance, "en fond," "Lujon" une musique d'Henry Mancini qui ferait fondre un bloc de glace en Antarctique. Musique totalement raccord avec le sujet (3) ou l'invitation au plus beau baiser, sur le boulevard de la mer, entre, par exemple, Villers-sur-Mer et Trouville…

Jour après jour, Laurentin et son équipe tissent méticuleusement leur propre histoire de l'Histoire. Ils inscrivent, par là, de très belles pages de radio qui très vite auront valeur encyclopédique. Merci à eux de nous les donner à entendre avec une belle constance.

(1) Producteur de "La fabrique de l'histoire", France Culture, 9h05-10h, du lundi au vendredi,
(2) D’Anaïs Kien réalisé par Séverine Cassar,
(3) Qui a servi de générique aux compères Laurent Valero et Thierry Jousse pour leur sublimissime émission "Easy Tempo" sur France Musique pendant des années.
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mardi 12 février 2013

Ça ira mieux demain…

Photo © Mathieu Le Gall







Tout comme Ulysse, les festivaliers de Longueur d'Ondes ont fait un beau voyage… Sur l'Azenor (le bateau), dans la rade de Brest, accompagnés par Christian Cleres, ils ont, en plein jour et pleine mer, écouté "La nuit de la radio" de la Scam (1)… Son président, Pierre Bouteiller (2), qui la veille participait au "Jeu des 1000 euros" animé par Louis Bozon, était du tangage…

(1) Compilation d'archives issues essentiellement du fonds de la Phonothèque donnée à l'écoute au casque ou dans l'auditorium de la SCAM à l'occasion de la Nuit de la Radio qui a eu lieu le Mardi 19 juin 2012 à partir de 20H, organisée conjointement par la SCAM et l'INA avec le soutien de RADIO-FRANCE. Sur le thème "Ca ira mieux demain", Christian CLÈRES propose un programme sonore autour des progrès techniques, industriels ou sociaux réalisés depuis un demi-siècle. 

(2) Longtemps producteur d'un magazine sur France Inter, puis directeur de cette chaîne, puis directeur de France Musique (avec un "s"). Anime aujourd'hui tous les matins à 9h sur TSF Jazz, une émission sur le… jazz !
 

lundi 11 février 2013

Salif Keïta… enchanté


Radio Vinyle #16 avec Salif Keita au micro de l... par radiofrance

J'ai déjà écrit que Radio Vinyle pourrait être la huitième chaîne de Radio France. Ce dimanche, alors que nous étions dans les ondes du bout du monde, Solo Soro et Vladimir Cagnolari recevaient (1) Salif Keïta, à la discothèque de Radio France, pour l'enchanter et "appuyer" par la musique la nécessité de ne pas passer à autre chose

(1) France Inter, le dimanche à 17h.

dimanche 10 février 2013

Heureux qui comme Ulysse…







Alors que Pierre Bellemare est encore sur le gril de Jean Lebrun, je viens de vider mes poches des petits cailloux blancs récoltés au fil de Longueur d'Ondes à Brest, ces 8, 9, et 10 février. Le cœur bat encore des émotions radio qui flottaient dans le bateau (Le Quartz) et à fond de cale (auditorium du Musée des Beaux-Arts). Je les regarde ces petits cailloux et n'ose y toucher. Ils brillent un peu avec leurs petites taches de couleur, leurs fines fêlures ou bien même leur blancheur immaculée. Leur désordre est apparent, demain ils devraient se ranger tout seul dans ma mémoire.

Je revois et j'entends encore Christophe (Deleu), Antoine (Spire), Julie (Clarini), Irène (Omélianenko), Nicolas (Philibert), Pierre (Bouteiller) et celles fixées sur la "pellicule" de "La Maison de la radio" (1), Anne (Brunel), Aurélie (Zbos), Christine (Angoujard), Didier (Giraud). Je croise Norbert, Emmanuel (Laurentin), Laurent (Le Gall), Hervé (Mariton), Pascal (Mouneyres), Chloé (Sanchez), Thomas (Baumgartner), Jacques (Depierreux), Laure-Hélène (Planchet), Jeannine (Pezet), Laëtitia (Peyre), Marie (Guerin), Léa (Minod), Francis (Zegut), Pascale (Boucherie) et le monsieur de la presse (papier)… Nous trouvons (enfin) le temps d'échanger plus de cinq minutes avec Étienne (Noiseau), puis avec Jeanne (Mourge) et Yvon, Guillaume (Hamon), Hervé (Marchais) et tous ces "anonymes" qui ont la radio chevillée au corps. Il faut ajouter au tableau Jean (Lebrun), Dies (Blau), Anne-Claire (Lainé) et Fabrice (Derval), et bien encore quelqu'une (Klervi) et quelqu'un (Sylvain).

Et puis la surprise… Louis (Bozon), sa lumière, sa belle voix, sa délicatesse et sa vraie joie de faire (re)vivre la radio (2), d'éblouir candidats et spectateurs du Petit Théâtre du Quartz…

Et ce matin, Jeanne, Hervé, Sarah, Guillaume et Christophe qui ont fait entendre "La parole des auditeurs" avec des sons émouvants et des commentaires touchants. La radio au cœur, la radio aux oreilles. La radio dans laquelle on mord à pleines dents. Voilà il me faudra doucement décanter et laisser s'incruster le formidable partage que ce festival donne depuis dix années. Je suis dedans et déjà un peu loin. Ce fut un vrai festival de radio avec un très, très gros supplément d'âme. Banco ! Bingo ! Bravo !

(1) Film de Nicolas Philibert, sortie nationale 3 avril 2013,
(2) Henri Kubnick créateur du Jeu des 1000 francs, Lucien Jeunesse son inoxydable présentateur et Louis Bozon fidèle successeur.

samedi 9 février 2013

Florilège du samedi…

Roland Topor












Puisqu'il m'arrive de causer dans le poste pour dire pourquoi j'écris sur la radio, voilà ce que j'écrivais en septembre 2011. Et puisque je suis à Brest pour le 10ème festival "Longueur d'Ondes", c'est l'occasion de réécouter le Roi Artur qui y était venu enfiler les ondes comme d'autres enfilent les perles. Si vous êtes accroché et attentif vous écouterez aussi ces voix-là !

Et peut-être aimerez-vous m'aider à trouver la musique de l'indicatif de la formidable émission d'Antoine Spire, "Staccato", sur France Culture. Car, c'est "bloqué" à vie, si j'entends ce générique j'entends la voix de Spire, qui avait su inventer un magazine radio tonique, pétillant et plein de saveurs. Puisque j'en suis à évoquer quelques souvenirs, voilà que, comme un petit nuage, passe Lucien Jeunesse. Et, si vous-même êtes à Brest ce samedi, peut-être viendrez-vous assister à l'enregistrement d'Émile Franc. Si c'est le cas vous risquez d'avoir une drôle de surprise !

Et j'en appelle à Roland Topor pour prendre une grande claque de rire, mais aussi pour retrouver la voix de Claude Dominique. D'entendre Daniel Mermet en annonce de son émission dire "Claude Dominique et Roland Topor" m'a foutu des frissons. Qui d'autre que Mermet parle de Claude Dominique à la radio (1) ? L'affaire est belle ! Ces deux-là, - Claude Dominique et Topor - vont bien ensemble pour, sur la bande magnétique, exploser les mots, exploser de rire, exploser de sens. 

Nouveau : j'ai mis à jour chacun des billets proposés ci-dessus et ajouté les players-sons à chaque fois que c'était possible !

(1) Excepté la Mythologie de poche que lui a consacré Thomas Baumgartner, en septembre 2009.

vendredi 8 février 2013

Les auditeurs ont la parole…

Photo © Clément Baudet










Voilà un titre qui renvoie à une émission de RTL qui existe depuis 1981 et que je n'ai jamais écoutée ! Par contre France Culture met en ligne aujourd'hui un reportage multi média sur les auditeurs passionnés de radio. Dès mardi nous pouvions y entendre ça ! Vous prendrez la peine de lire le commentaire de Pierre Girardin : "Aujourd'hui, les émissions sont trop courtes (le rêve est cassé… je ne supporte ce monde qui zappe (mon moral !)…"

Quand vous lirez ce billet je serai sur la même Longueur d'Ondes que les festivaliers de Brest et nous pourrons nous y rencontrer. 
(à suivre)

jeudi 7 février 2013

Nous vivons dans un monde…

Il faudrait au minimum prendre une pastille d'Arte radio par jour. Pour se soigner ? Pour se soigner des formats, des grilles, des tendances, des sujets, des infos, des documentaires, des réflexes, des habitudes, des marronniers, des platanes, des boomerangs, des évidences, des experts, des clichés et des "ronrons". Rien que pour avoir entendu "On est égaux en dignité, en bêtise et en bon sens…" dans "Honni soit qui Mali", ça valait le coup de faire la radio-buissonnière !

mercredi 6 février 2013

Une bonne tranche…

Françoise Giroud








Si cela fait plusieurs mois ou plusieurs années que vous n'avez pas écouté les "fameuses" questions de Jacques Chancel, vous allez pouvoir vous régaler en écoutant la Radioscopie de Françoise Giroud. Il faudrait d'ailleurs écouter deux fois son émission. Une fois pour les questions en essayant de suivre la logique de l'intervieweur, une fois pour les réponses. Les questions sont "impayables" et font quelquefois sourire les invités de l'émission, tant elles étaient faussement candides, faussement naïves ou vraiment naïves et déconcertantes.

On dira que c'était le charme de Chancel et sa marque de fabrique. Il est toutefois très intéressant, - pour l'histoire - de réécouter ces "tranches de vie" et autres témoignages en prise avec leur époque. L'Institut national de l'audiovisuel (Ina) vient de remettre sur le devant de la scène (et sur son site, en téléchargement payant) la série "À voix nue" (1).

Après avoir (ré)écouté sa Radioscopie, les "À voix nue" enregistrées vingt ans après, permettront sans doute, entre autres, d'apprécier l'évolution de la "condition féminine" qui lorsqu'elle en était ministre (2) faisait dire à Giroud à propos des hommes : "Ils accepteraient plus volontiers la polygamie que l'égalité".

J'ai eu plaisir à (ré)écouter Françoise Giroud, pour sa sincérité, ses rires et ses sourires. Sa légèreté était séduisante et sa façon d'aborder les choses, avec conviction et sérénité, en complet décalage avec une société machiste, pas du tout prête à entendre et à vivre la mutation qui inexorablement allait - enfin - commencer à laisser leur place aux femmes. Trente six ans plus tard, cette place-là est encore loin d'être totalement faite. 

Lire aussi ici.

(1) France Culture, Marion Thiba, décembre 1996,
(2) Secrétaire d'État à la condition féminine, 1974-1976,