mardi 31 mars 2015

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la radio publique sans oser le demander à Jean-Marc Morandini…



















Quand on batelle (1) sur une radio privée, quand on veut profiter de sa situation pour dénigrer le service public, quoi de mieux que de prendre le prétexte d'un mouvement social à Radio France pour se hausser du col et donner l'impression d'être déontologiquement irréprochable en choisissant de parler d'un service public de radio sur une radio privée. Tarte à la crème et pétard mouillé, Morandini le camelot d'Europe 1 ne sait faire que le camelot et personne n'est dupe à moins que ses auditeurs ne l'entendent ainsi.

Hier matin dans "Le Grand cirque des médias", "Le grand direct des médias" Morandi dans son sommaire annonce que pour ceux qui ne comprennent rien au conflit de Radio France il va, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous expliquer tout ça. C'est bizarre j'ai eu dès le début la très nette impression qu'au ton du bateleur l'affaire serait vite pipée.

Sûrement par souci déontologique supplémentaire Morandini fait la passe à Fabienne Schmitt (au téléphone) pour décrypter le mouvement social. Cette journaliste des Échos autrefois chargée des médias est aujourd'hui chargée du high-tech (sic). Et là l'auditeur va assister à un grand moment de radio. Nous ne saurons pas si Schmitt a perdu ses notes, si au pied levé elle a du remplacer Grégoire Poussielgue (2) ou si elle n'a pas préparé son intervention. L'absence formelle de chronologie, l'accent mis sur les révélations du Canard, l'omission de préciser le déficit, la "dette" de la tutelle (87 millions de redevance non perçus par Radio France), la mise en avant des suppressions annoncées alors qu'elles ne l'ont été que la semaine dernière, le mélange entre le fonctionnement et les travaux… Dire que ce sont les révélations du Canard qui ont déclenché la grève, c'est juste au minimum de la légèreté ou au maximum une méconnaissance totale du dossier.

Merci à E.S. pour la captation.


Morandini se lèche les babines en citant Nagui (3) qui demande "un droit à travailler". On ne pouvait pas compter sur le bateleur pour y opposer un gréviste pouvant revendiquer "le droit de grève". Heureusement que Morandini avait précisé qu'il s'agissait de faire comprendre aux auditeurs le mouvement social. On voit bien comment l'infotainment, avec laquelle jongle Morandini tous les matins, prend le risque de tronquer voire de falsifier l'information. 

Lire ici le point de vue de la Société des Journalistes (SDJ).

(1) La bateleur batelle,
(2) Journaliste aux Échos,
(3) Émission quotidienne sur France Inter, 11h-12h30.





















La société de producteurs de Radio France a ce lundi 30 mars élaboré l'émission ci-dessous. Elle a été diffusée en direct sur le web vers 19h hier soir. Vous découvrirez plusieurs voix connues. L'émission était animée par Marie Richeux (France Culture), Mathieu Vidard (France Inter), Alex Dutilh (France Musique).

Quelle plus belle démonstration de la capacité des producteurs, réalisateurs et techniciens du service public d'élaborer en un temps record une émission intelligente, positive et constructive qui montre la richesse et la diversité de la création radiophonique. 


lundi 30 mars 2015

Reprendre… Reprendre quoi ? Pourquoi ?

Boîte à outils de grève radiophonique © Arnaud Contreras




























Vendredi dernier une productrice à Radio France disait avoir eu une boule au ventre avant de prendre la décision de faire grève. Quelques jours auparavant une autre imaginait les ravages de cette grève sur la fidélité des auditeurs et comment ils fuyaient à la concurrence. Dans les deux cas l'arrêt de la production s'il perturbe l'auditeur, il perturbe de fait le producteur. Mais comment faire grève, comment informer les auditeurs, comment ne pas perturber la production ? La quadrature du cercle. Insoluble. Imparable. 

Ce temps suspendu, tendu, éprouvant pour les acteurs comme pour les auditeurs n'est-il pas le passage obligé pour que les tutelles sortent de leur cynisme ? Pour que le Pdg s'engage et défende l'entreprise qui le paye pour remplir sa mission de service public. Comment se fait-il que les négociations se soient interrompues samedi avant 1h du matin ? La fin de semaine que d'aucuns appellent le week-end a ici un goût amer pour ceux qui sont sur le fil d'un avenir très incertain, d'un attentisme insupportable, d'un mépris des plus hautes autorités de l'État pour l'audiovisuel public de radiodiffusion.

N'est-il pas venu le temps d'une médiation ? Le temps pour les syndicats de journalistes de s'engager auprès de ceux qui font la radio (1) ? Le temps pour les producteurs et les techniciens de trouver une forme de diffusion ponctuelle qui respecte le droit de grève et permette aux auditeurs de ne pas perdre le fil ? Le temps pour les auditeurs d'arrêter de vanter le ruban musical d'Inter quand toute l'année ils peuvent écouter celui de Fip ? Le temps pour les auditeurs de suivre l'initiative de #FipToujours qui coordonne les auditeurs vigilants à la survie et au développement de leur chaîne musicale ?

Que dans son émission dominicale "Le supplément" Canal+ invite hier Patrick Cohen à nous faire part de ses états d'âme sur le mouvement social qui agite Radio France montre bien à quel point les journalistes média ont une vision étroite pour ne pas dire très étriquée d'un mouvement qui, au-delà des effets sur la diffusion des programmes, est un vrai mouvement sociétal qui de fait leur échappe totalement. Habitués à simplifier et à rétrécir le champ des possibles, ils doivent sûrement attendre l'oracle qui les décillera.


Un pas de plus et je vous fais entendre la Radiodiffusion française





















Philippe Meyer dans sa Tribune au Monde vendredi dernier a parfaitement brossé le tableau (2) "Le premier de tous [les défis pour Radio France] est de demeurer un service public dans un monde où l’on fait bon marché de l’intérêt général, dans un domaine, celui de l’audiovisuel, où la spécificité des programmes proposés par les sociétés nationales n’a fait qu’aller en s’érodant, et dans un secteur d’activité, celui de la culture, d’autant plus difficile à faire vivre qu’il est devenu une auberge espagnole en même temps qu’une variable d’ajustement budgétaire."

Quant aux journalistes qui, pour situer les enjeux de la grève, ne savent qu'agiter le chiffon Médiamétrie qui stigmatisera en avril les audiences en chute des chaînes de Radio France, on mesure parfaitement leur médiocrité et le peu de cas qu'ils peuvent faire du service public audiovisuel.

L'État ne semble plus vouloir s'engager pour les services publics, les intellectuels non plus pour rappeler le sens et l'histoire de la radio publique. Les sociétés d'artistes, cinéastes, comédiens soutiennent le mouvement et devraient prochainement en faire la manifestation. Les musiciens seraient inspirés eux aussi d'en faire vite autant. Tant la radio publique sert leur diffusion et leur promotion. O tempora, o mores, le 8 décembre 1984, 200 000 jeunes descendaient dans la rue pour défendre NRJ. Combien seront-ils (avec leurs parents) trente ans plus tard pour défendre Radio France ?

(1) À titre individuel plusieurs journalistes de plusieurs rédactions de Radio France (dont France Bleu) sont en grève,
(2) "Il faut stopper la dérive de Radio France", Le Monde 27 mars 2015,



Le Reportage d'Abdelhak El Idrissi et Eric Chaverou de France Culture, ici.

samedi 28 mars 2015

Demain/Hier… Radio France

Le personnel de Radio France a montré sa colère au PDG de l'entreprise © RF/ Eric Chaverou

Qui se souvient que le 27 mars 2009 au studio 105 de la Maison de la Radio, Jean-Paul Cluzel, Pdg de l’époque réunissait les contributeurs d’une consultation web intitulée "Demain Radio France". J’y étais après avoir émis 99 propositions sur différents sujets… d’avenir. Dans la salle, Jean Lebrun, Laurence Bloch, Marc Voinchet, Irène Omélianenko,… Sur scène Cluzel, Kessler, Patino,… Le 27 mars c’était juste 45 jours avant que M. Cluzel ne prenne la poudre d’escampette chassé par Sarkozy qui allait introniser Jean-Luc Hees aux fonctions de Pdg. "Demain Radio France" a fait long feu. Et voilà le triangle des Bermudes radiophoniques réuni : Cluzel, Hees, Gallet. Ce CHG aura entraîné la Maison de la Radio dans la spirale infernale de travaux pharaoniques dont on est pratiquement sûr que la radio (fabrique, diffusion) n’en aura retiré qu’une part très très congrue.

La lisibilité pour les auditeurs est quasi-nulle. Le chantier un scandale. Les effets induits désastreux. Le moral des troupes en berne. La légèreté des tutelles et de l’État phénoménale. Le service public dégradé. Et la radio dans tout ça ? Portée  "à bout de bras" par tous ceux qui s’engagent pour le service public radiophonique. Techniciens, réalisateurs, producteurs, journalistes, attachés d’émissions, collaborateurs spécialisés. L’auditeur écoute la radio et ne sait pas ce qui se trame entre les ondes. Le politique écoute les infos et ne veut surtout pas entendre ce qui se drame entre les ondes. Le trio CHG parade.

Si l’on ajoute le désengagement de l’État à travers la diminution de la redevance audiovisuelle (- 87 millions quand même), la morgue des officines et autres comètes liées à l’audiovisuel, la souffrance des personnels accumulée depuis dix ans, tous les ingrédients étaient réunis pour pousser à la grève. Et ce ne sont pas les injonctions pathétiques d’un Valls, déconnecté de la réalité audiovisuelle qui pourraient y changer quelque chose.

Les quarterons de méprisants vont valser. Mais la valse a mis le temps. L’auditeur est atterré et désemparé. Tout est à reconstruire. Sauf le bâtiment suffisamment déconstruit. Gallet ne croyait peut-être pas si bien dire : "Et si on (re)partait de zéro ?". Mais avec quel capitaine ? Za tiz ze koué cheun’.



vendredi 27 mars 2015

De Gaulle revient… à la radio






















L'Assemblée (ingrate) ne s'est pas mise debout pour entendre le Général slamer sur Radioactivity de Kraffwerk. De Gaulle à la Maison de la radio c'était pas arrivé depuis l'inauguration en décembre 63 du local imaginé par Henry Bernard. Spécialiste des bonnes ondes et trop ému par ce qui se passe à Radio France le Général a cru bon en remettre une couche. On connaît l'antienne ce n'est pas un quarteron de manageurs qui vont le faire ciller.

La comédie du pouvoir… ou grand guignol revisité

















Si nous avions assez d'humour ou de dérision nous pourrions inventer un nouveau jeu de l'oie. Une oie cynique ou une oie blanche, c'est selon. Une oie qui se dandinerait de l'Élysée à Radio France, de la Rue de Valois (Ministère de la Culture et de la Communication) au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (Csa) et du Csa à Radio France. Mais avec à chaque fois, entre chacun de ces hauts-lieux du pouvoir, l'obligation pour l'oie de passer par la case "Radio France".

C'est ce "jeu" dans lequel sont entraînés les syndicats de Radio France (1) qui n'arrivent à obtenir aucune réponse aux questions existentielles qu'ils se posent pour la pérennité du service public et qui sont la base de leurs revendications. La tutelle montre du doigt la direction de Radio France, Radio France attend de la tutelle les arbitrages, le Csa fait le dos rond et l'Élysée commence à désavouer le Csa pour son choix du Pdg Mathieu Gallet. Et Hollande qui, main sur le cœur, avait déclaré dès le début de sa présidence que le Csa serait l'autorité indépendante de l'exécutif jusqu'à lui donner le pouvoir de nommer les Pdg de l'audiovisuel public. Las, les mauvaises habitudes autocratiques reprennent le dessus et balayent d'un revers de maroquin l'autorité du Csa et de son président Olivier Schrameck. Grand guignol à tous les étages.

Quant à vous auditeurs si vous y comprenez quelque chose, grand bien vous fasse. Reconnaissons l'initiative de l'"Instant M" (2) pour hier matin avoir donné la parole à trois producteurs de trois chaînes du groupe public. Mais alors que le mouvement entame sa deuxième semaine de grève (3), il va bien falloir que les auditeurs sortent du bois s'ils ne veulent pas être demain les désespérés du service public audiovisuel ou quelques oies blanches… hors-jeu.

(1) Unsa, Cfdt, Cgt, Sud, Snfort. Pour l'instant le SNJ (Syndicat National des Journalistes) n'a pas rejoint le mouvement,
(2) France Inter, du lundi au vendredi, 9h40/10h. Productrice Sonia Devillers,
(3) Le point de vue de France Musique.

jeudi 26 mars 2015

La voix est libre et… la parole libérée

"Il y en a un peu moins je vous l'ai mis quand même"

















"La voix est libre" fût le slogan de France Inter de 2012 à 2014. Ce slogan publicitaire est devenu une réalité tangible à Radio France dans les assemblées générales qui se succèdent depuis le 20 mars. La voix est libre et la parole est libérée. Alors que la radio parle toujours aux autres, la radio (enfin) se parle à elle-même, pour elle-même. Chacune, chacun s'écoute. Chacun, chacune entend tout haut ce qu'il pensait tout bas ou n'osait même plus penser tout bas. Derrière les micros, les équipes, les Nagra il y aurait une âme et ils ne le savaient pas. Ils, les monstres froids qui gouvernent sans émoi. 

Il y a une âme. L'âme de la radio publique. Métissée, singulière, plurielle. Et on a beau vaille que vaille vouloir l'enfermer dans des mécaniques horlogères, des mécaniques médiamétriques, des mécaniques industrielles, des mécaniques marketing, elle résiste. Du mieux qu'elle peut jusqu'au point ultime ou "trop c'est trop" ou, ce n'est "plus assez". Juste avant d'être étouffée. Juste avant de changer d'ère. Juste avant de n'avoir plus ni l'air ni la chanson.

Le sursaut est venu juste à temps. Juste avant que la maison de la radio ne devienne le supermarché de la radio. Avec ses offres promo, ses animateurs qui se gondolent, ses badauds qui arpentent la rue du commerce, de la Porte A à la Porte D, ses soirées spectacles sponsorisées par Dunlopillo pour mieux endormir la culture qu'on attrape à la porte C. Qu'on attrape et farces en tout genre. Mais pas du genre des Gillois, des Schaeffer, des Tardieu, des Chouquet, des Jaigu, des Trutat, des Farabet, des Jentet,des Dhordain, des Garretto & Codou, des poètes, des fous, des rêveurs.

Ces poètes, ces fous, ces rêveurs qui ont fait la radio et qu'un quarteron de manageurs voudraient défaire d'un coup de marketing ravageur.

"La voix est libre" et les Hollande, les Pellerin, les Schrameck il va bien falloir qu'ils finissent par l'entendre. Jusqu'à s'il le faut que les auditeurs aillent dans la rue.

Radioscopie André Gillois, 16 sepembre 1980, Intégrale en exclu jusqu'au 13 avril

mercredi 25 mars 2015

Le feu au lac, à la forêt…

A.G. à Radio France, 24/03. ©Arnaud Contreras




















Ce qu'il y a de plus terrible dans ce conflit qui dure à Radio France c'est le radioscopage des gens simples, professionnels engagés dans leurs métiers et les chiffres "financiers" gigantesques qui n'en finissent pas d'éclater à la figure de chacun, à la une des journaux, à l'oreille des tutelles, à la bouche de ceux qui les prononcent. Les uns avec arrogance et mépris, les autres avec dépit.

Comme si tout d'un coup dans ce manège infernal, cette spirale sans fin, la seule alternative à la poursuite d'un service public de radio passait définitivement par une mécanique financière prégnante, définitive, implacable. Comme si tout d'un coup la radio à son tour était entrée dans l'ére infernale et obsédante de "l'argent roi", de "l'argent fou" et pour faire bonne mesure de "l'argent sale". Ou mieux de "l'argent sali".

Quel choix de société a donc fait le Csa en nommant Mathieu Gallet, Pdg de Radio France ? Quel choix de service public fait l'État en s'arqueboutant sur des restrictions budgétaires… bornées ? Quel autre choix peuvent avoir les salariés que de tomber de l'armoire et de mettre les pouces ? Autrement dit ça suffit ! ¡ Ya basta ! À l'insupportable n'ajoutons pas la morgue. N'y ajoutons pas cette inhumanité qui est l'exact contraire d'un service public. N'y ajoutons pas le défi des puissants mercantiles aux "gens de peu" de Pierre Sansot.

C'est un enjeu de société qui se joue à Radio France. Un enjeu qui dépasse de beaucoup l'interruption des programmes. Le risque imminent est là. 

Silence radio.

mardi 24 mars 2015

Le feu au lac…

Mathieu Gallet, Pdg de Radio france
















Y'a l'feu au lac ! Et pourvu qu'Anne Hommel (1) ne rapplique pas avec sa lance à incendie ! Vendredi dernier un peu plus d'une heure après le début de sa confrontation avec les salariés de Radio France son Pdg, Mathieu Gallet, pose son micro et quitte la scène ! Pathétique et théâtral (2). Sûr de lui et surtout incapable de prendre la mesure du désarroi qui plombe l'Auditorium. Quand on laisse écrire partout qu'on est un manager, il conviendrait peut-être que le dit manager sache adopter une posture pour s'adresser au personnel. S'asseoir en bord de scène est pour le moins incongru, pour ne pas dire absolument invraisemblable. La fonction n'oblige-t-elle pas à savoir se tenir ?

Et voilà qu'hier matin la Présidence de Radio France déclanche le plan OrSec (3) de la com'. Lettre aux salariés, interview dans Le Monde (4), décision d'un moratoire sur les travaux, ... 

Pourquoi cette décision hâtive et soudaine d'un moratoire n'a t-elle pas été annoncée vendredi à l'A.G ? Mieux, pourquoi le Pdg n'a t-il pas pris cette décision quelques mois après sa prise de fonction en mai 2014 ? Cela fait des années que le personnel doit supporter les contraintes d'un chantier qui n'en finit pas. Nuisances sonores, déménagements fréquents, délocalisation à Mangin (5). Ce mouvement permanent et persistant ne participe-t-il pas pour le personnel a créer les conditions de l'insécurité morale, du stress ainsi qu'une perte continue de repères professionnels ?

Qui donc a pu imaginer une opération de réhabilitation sans, en contrepartie proposer une organisation rigoureuse pour permettre au personnel d'assurer ses tâches de production dans des conditions correctes ? Une fois encore on dirait que la fonction radio est "accessoire", passe après, tant les contraintes de chantier s'imposent au fonctionnement normal d'une entreprise de création radiophonique.

Depuis le début des travaux en 2006 sous l'ère Cluzel, et l'ère Hees en suivant, on dirait qu'aucun de ces deux Pdg n'a pris la mesure du poids écrasant de ce chantier pour préserver de bonnes conditions de travail et assurer le personnel de leur bienveillance respective. Le pompon a été atteint quand le Pdg et les équipes de réhabilitaion du bâtiment ont été jusqu'à imaginer l'externalisation des studios "moyens"

Ne serait-ce pas l'âme même de la maison qu'on externaliserait en engageant un tel processus  ? 

Copie d'écran de la une du Monde 24/03/15














Et de finir par se demander pourquoi la Maison de la radio aurait été créée si ce n'était pour rassembler, en un même lieu, l'ensemble des bureaux et studios disséminés dans Paris depuis les origines de la Téléphonie Sans Fil jusqu'en décembre 1963 (6).Les démarches empiriques successives concernant le chantier perturbent le fonctionnement même de la radio. Y a-t-il un pilote dans l'avion ? Le CSA a t-il mesuré toute la complexité de faire cohabiter chantier et fonctionnement des antennes ? Cela a t-il été pris en compte pour la "mission" que le CSA a donnée à Mathieu Gallet ? Ou plutôt le projet d'entreprise de Gallet a t-il pris en compte la finalisation du chantier dans sa dimension technique, fonctionnelle et humaine ? On est enclin à se le demander au vu des événements récents qui semblent avoir atteint un point de non-retour lors de l'AG du 20 mars dernier.

N'oublions pas le leit-motiv de M. Gallet de tout vouloir remettre à plat ou de partir de zéro. N'étant sûrement pas un adepte de "L'An 01" (7), on imagine mal le Pdg engager une réflexion "participative" avec l'ensemble des collaborateurs salariés. "Remettre à plat" les studios moyens ce serait les condamner à mourir et condamner les professionnels à "courir la campagne"… pour exercer leurs métiers. L'unité géographique, humaine et sociale, sise à la Maison de la radio, exploserait quand force serait de constater que le public disposerait lui de vastes espaces (la rue traversante de la porte A à D, l'agora,…).

Le tambour médiatique à charge ou à décharge (8) est en train d'inventer un nouveau cocktail : un peu de la théorie du complot version Guillaume, une bonne louche de ratage du Csa, quelques zestes de nervosité du côté de la rue de Valois (Fleur Pellerin), un soupçon de comedia dell'arte, quelques épices pour le-la futur-e Président-e de FTV, et tous les ingrédients de la société du spectacle sont réunis. Ce coktail explosif risque de faire quelques dommages collatéraux et l'épaisseur de la moquette du bureau du Président Gallet ne pourra suffire à elle seule à amortir le choc.

Une pétition en soutien au mouvement social à Radio France. 

Lors de l'AG du 20 mars 2015

(1) "Ancienne d’Euro RSCG, spécialiste de la communication de crise, a régné pendant plus d’une décennie sur l’agenda médiatique de Dominique Strauss-Kahn." in L'Opinion, 15 janvier 2015,
(2) Au moins Giscard avait-il dit "Au-revoir" en quittant son fauteuil le 21mai 1981,
(3) ORganisation des SECours,
(4) Édition datée 24 mars 2015,

(5) Immeuble proche de la maison de la radio, qui pendant dix ans a hébergé France Inter, aujourd'hui France Bleu,
(6) Inauguration de la maison de la radio par le Général de Gaulle, Président de la République,
(7) Folio, voir aussi le film éponyme de Jacques Doillon (1973),


(8) Dans l'Express, repéré par Éric Schulthess, Renaud Revel joue les plaideurs. C'est tout juste si à la fin de son article on a pas envie de créer une association de défense ou un remake d'un Spielberg bien balourd "Il faut sauver le soldat Gallet",

lundi 23 mars 2015

Save our souls…

On pourrait traduire le titre de ce billet par "Sauvez notre âme" ! Notre âme collective de service public de la radio. C'est le cri, l'appel bouleversé adressé à Mathieu Gallet le Pdg de Radio France (1). Les salariés de l'entreprise publique sont à fleur de peau, tendus, inquiets, désespérés. L'heure que leur a consacrée Gallet vendredi est dérisoire. Qu'aura t-il entendu ? Gallet pense et agit Maison de la radio quand les salariés pensent et agissent radio. Cette onde de choc pourra-t-elle ébranler un management pour lequel la dimension humaine passe… après ? Pourra t-elle mobiliser les tutelles en camps retranchés ? Pourra-t-elle rendre sa dignité aux métiers de radio bafoués par une vision marketing à des années-lumière d'un service public de radio digne de ce nom ? Digne de l'histoire de la radiophonie française.


A.G. du 20/03, Auditorium R.F. © Arnaud Contreras



























"Que vous soyez grévistes, non-grévistes, CDI, CDD, moquette, 
parquet, boiseries... Venez interroger le PDG." LOL " (2)
Vendredi sur ma Tweet Line (TL) tombent à intervalles réguliers des S.O.S., des cris, des colères, des stupéfactions. Quand dans le même temps des photos laissent apparaître la statue (vivante) du Commandeur passée de debout à assise avec une nonchalance et une désinvolture qui en dit long sur les qualités managériales de celui auquel il aura fallu moins d'un an pour être surnommé Grin-Gallet. Et voilà que volent en éclats ses trente-sept printemps mis en valeur l'an passé comme le gage d'une efficace jeunesse propre à réformer radicalement une Maison de la Radio cinquantenaire

Las, pendant ces dix mois il aura fallu ranger au vestiaire ou jeter aux oubliettes, l'homme de média le plus sexy (3), au bronzage parfait, à la beauté singulière, au parcours sans faute, à un projet qui avait fait se pâmer un CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) sous le charme, votant à l'unanimité pour un héros des temps modernes qui, tel Jeanne d'Arc, bouterait bientôt hors des murs de la Ronde tout ce qui est à mettre au rebut : personnels disqualifiés, techniques obsolètes, organisations dépassées, moyens de production luxueux, formation musicale superflue,… Last but not least.

Bureau du Pdg, travaux interminables et coûteux,…
Ces symboles du pouvoir et du prestige reviennent en boomerang face à la précarité des emplois, aux restructurations, à une absence de vision stratégique versus vision économique, à des choix marketing plutôt que structurels "On veut faire de la radio pas un centre commercial avec rue traversante". Le Pdg, s'il comprend la colère des salariés, se défend très mal de n'avoir pas su différer les travaux de son bureau pour d'autres choix économiques prioritaires. L'image qu'il donne à l'intérieur comme à l'extérieur n'entache-t-elle pas sa légitimité à négocier avec l'État les modalités du prochain Com (Contrat d'Objectifs et de Moyens) qui imposera une cinquantaine de millions d'économies ?

Auditorium en … chantier

















Chantier/Emploi…
La remarque la plus cinglante exprimée par les salariés : "Que l'emploi ne soit pas la variable d'ajustement si, pour payer le chantier (emprunt), il faut supprimer des emplois." Quant à la porte D (4) qui va engager de monumentaux travaux et va obliger à la fermeture de studios les salariés s'insurgent : "Nous ne voulons pas sacrifier notre lieu de travail pour l'accueil du public". Les compétences professionnelles des différents métiers de la radio s'expriment tous les jours  sur les antennes de Radio France. Ces professionnels s'interrogent sur les compétences des architectes qui depuis le début des travaux (2006) ont très peu pris en compte leurs réalités fonctionnelles, celles qu'impose la fabrique de la radio.

Studios "moyens"…
Dans le jargon de la maison les studios "moyens" sont les studios 107 à 110 et le 111 dans lequel sont enregistrées les fictions. Ils pourraient être "touchés" par les travaux et réouverts en 2020 ! Pendant cette période des solutions extérieures devraient être trouvées.

Externalisation…
Malgré l'affirmation par Gallet que "les hommes ne sont pas une charge mais une ressource, une richesse", son langage comptable et financier heurte l'assemblée. L'externalisation d'un des deux orchestres, du service propreté et de la sécurité inquiète l'ensemble des "collaborateurs" concernés et renvoie vers les questions de stratégie versus des questions purement économiques.


Mathieu Gallet… assis






















"Standing ovation pour le personnel de nettoyage de #radiofrance 
dont les emplois sont menacés"
En élevant sur le trône les nouvelles valeurs du parfait manageur : monétisation des espaces, des concerts, des événements, développement de la radio sur tous les supports, vente de produits dérivés (podcasts), externalisation, … Ce n'est plus une mue c'est une révolution existentielle qui fait dire à une salariée (propreté) "Aujourd'hui, vous allez nous mettre au sous-sol" (5). Filons la métaphore et demandons-nous si toutes les activités essentielles au fonctionnement de la radio ne vont pas être "reléguées" dans des lieux improbables, inaccessibles, éloignés du cœur battant de la Maison de la radio ? Tout cela participe du constat lucide d'un salarié : "un divorce entre les salariés et leur président".

"Fusion","autonomie"... Ce que vous faites pour les orchestres, 
c'est un laboratoire pour ce que vous allez faire pour les rédactions" 
Les mots font mal ! "France Culture, France Musique, France... ce sont des identités, mais derrière ce sont des marques" Si Gallet ajoute le mot "Marque" pour qualifier les différentes antennes du Groupe, les salariés hurlent. Les mots passent très mal. Le supermarché se rapproche ! Ajoutons la syndication de France Bleu et "c'est toute la notion de proximité des locales" qui implose. Quant à "changer l'état d'esprit des collaborateurs" Gallet n'aura donné aucune réponse. Sur le service public Gallet manie la sémantique en s'engageant pour le service public mais en insistant sur les publics qui ont changé et la nécessité de faire évoluer le service public de radiodiffusion. À marche forcée ? À quel prix ?

Être à la hauteur…



















"C'est pas un choix d'emploi, c'est notre âme qu'on touche, 
quels sont vos engagements ?".
Une salariée ajoute "Ce n'est pas un choix de métier, c'est un choix de sacerdoce. On ne veut pas que les productions soient amputées". Une autre "On aimerait des engagements de votre part pour que vous protégiez cette âme de la radio".

"Je ne vais pas vous donner une réponse alors que l'actionnaire, 
l'Etat n'a pas décidé." (Gallet)
Les salariés interpellent de façon très lucide le Pdg en lui faisant remarquer que s'il a les "mains liées" sur des sujets qui impliquent la tutelle, pourquoi, là où il a les mains libres sur des sujets où il peut agir, il ne propose pas de réponse et d'action immédiate ? Une salariée enfonce le clou "On n'est pas nés de la dernière pluie". La tutelle super parapluie pour jouer double-jeu ? Un salarié précise "Vous faites une réforme insidieuse de cette maison, c'est un grand puzzle et vous manipulez certaines pièces de ce puzzle les unes après les autres…".

"Bon ben M. Gallet a posé son micro et est parti 
sous les huées. The end."
Les syndicats appellent à une AG à 14h le jour même (6).



(1) Choses entendues à l'Assemblée générale du personnel, Auditorium de Radio France, 21 mars 2015. À partir de plusieurs contacts téléphoniques avec des personnes ayant participé à l'AG,
(2) Les tweets publiés vendredi pendant l'Assemblée générale à laquelle le Pdg avait été invité à venir répondre apparaissent en rouge,
(3) Magazine Têtu,

(4) Extrémité de la "rue traversante" depuis la porte A, quai de Seine,
(5) Gallet reconnaît des maladresses et s'engage à revenir sur "le projet",
(6) Voir aussi l'événement "Orchestre national de France".

samedi 21 mars 2015

Postures, impostures…

Assemblée générale des personnels de Radio France
20 mars 2015. Auditorium
Mathieu Gallet, Pdg, K.O. assis






















Quand on aime la radio ce n'est pas possible de rester insensible à ce qui se passe à Radio France aujourd'hui. Serait-ce une grève de plus ? Non. Serait-ce l'absence cruelle des émissions ? Non. Serait-ce d'appréhender un bouleversement magistral ? Oui. Alors il faut changer le sens de l'écoute, comprendre comment on en est arrivé là. Et comment les auditeurs devraient, doivent prendre part à ce qui se joue, se trame, se dramatise. Nous, auditeurs n'avons ni tribune, ni agora, ni écoute. Le service public est fait pour nous. Mais au-delà de la mécanique syncopée et mathématique de médiamétrie, nous n'existons pas. Jamais.

Vous n'entendez plus sur aucune antenne mes chers auditeurs car on se rappelle de nous après que toute la mécanique et le process de mise en ondes aient été aboutis. Et quand nous existons nous n'existons que pour nous-mêmes. D'abord individuellement et un tout petit peu collectivement. Quand nous nous retrouvons à Longueur d'Ondes à Brest. Quand nous signons la pétition pour le maintien de Fip. Quand nous irons soutenir les grévistes vendredi prochain à Montreuil. 

Après, par médias interposés, valsent les mercatos de fins de saison, les pantomimes d'"Assises de la radio" de novembre 2013, les ambitieux faits rois de Radio France, les renflouements permanents de l'esquif Mouv' (1), le vedettariat surjoué par des Lopez de pacotille et de paillettes (2), les (im)postures de Clark & Cohen et de quelques autres avant eux (3), les travaux pharaoniques de la Maison de la radio (4), l'Auditorium avec sa régie dans un car-studio qui siège devant la façade du bâtiment (5), l'ouverture au public un peu factice alors que la Maison aurait d'abord besoin de se retrouver avant de s'ouvrir, et les annonces récentes de BTP (6), de voiture et de sièges en cuir qui confinent à l'écœurement.





















Mais où est donc la radio dans tout ce qui n'est pas 
la radio à la Maison de la Radio ?


Et puis de façon encore plus grave ce lancinant et persistant désanchantement des personnels à se sentir étrangers aux évolutions, aux restructurations, aux perspectives. Étrangers dans le sens où souvent mis devant le fait accompli quand ce n'est pas le fait du Prince, des princes et des princesses. Une politique de Nouveaux Médias joué à la charge de la brigade légère parce qu'un matin de 2011, Joël Ronez (directeur de ce service) avait été touché par la grâce d'un Jean-Luc Hees (Pdg de Radio France à l'époque) tout à coup ébloui par les nouvelles technologies. Une politique de radio filmée quand tout semble aller vers un mariage forcé Radio/TV (7). Une tutelle qui déshonore ses engagements et qui s'apprête à forcer des (re)structurations dignes du plan Métallurgie de 1983. Un CSA quasi monopolistique en train de se faire souffler la nomination du Pdg de France TV (8). La Radio Numérique Terrestre dans les limbes. Et les moyens de production, marque de fabrique étalonnée du service publique de radiophonie, en train de s'étioler comme peau de chagrin.

Alors que les ronchons habituels de l'anti-grève se calment. Que les politiques qui n'écoutent que les infos-radio s'intéressent aux programmes. Que les tutelles prennent la mesure, les mesures des mues et mutations plutôt que de jouer elles aussi les postures et impostures d'un Ponce Pilate moderne. Qu'on arrête de nous-vendre-le-si-merveilleux-ruban-musical-de-France-Inter-pendant-la-grève. Qu'on ouvre grand les oreilles pour entendre la supplique des personnels de Radio France pour ne pas être enterrés à la plage des quais de Seine.

Un écho de l'Assemblée générale de vendredi 
à Radio France dans le billet de lundi à 8h.

(1) Chaîne de Radio France dédiée aux jeunes urbains (!) qui depuis sa naissance en 1997 à Toulouse n'en finit pas de… renaître, a depuis février 2015 hissé le pavillon noir (voir logo),
(2) Animateur de TV pathétique et, entre parenthèses, qui est venu faire le beau sur France Inter rentrée 2012 jusqu'en janvier 2014,
(3) Pascale Clark, journaliste-productrice à France Inter, anime "A'live" du lundi au jeudi 21/23h, Patrick Cohen anchorman de la matinale de France Inter, 7/9h

(4) Cette "avenue" qui démarre porte A et qui devrait déboucher porte D en passant par l'Agora où se mélangeront personnels de Radio France et public de Radio France,

(5) Pourquoi pas dans l'Auditorium ? 
(6) Boiseries Tapis Parquets, ce n'est pas de moi, cet acronyme m'a été offert, que son auteur en soit ici remercié,
(7) Voir le rapport Schwartz,
(8) François Hollande enclin à soutenir Marie-Christine Saragosse,  

vendredi 20 mars 2015

À voix nue…

Orchestre National de France. Impromptu.
Hall de Radio France cause de concert annulé *
19 mars 2015 © Arnaud Contreras






















C'est une voix. Vous ne l'avez pas vu venir. Elle est tout près de votre oreille. La gauche écoute. La droite analyse. C'était où ? Quand ? Ce timbre. Ce ton. Cette ponctuation. À la radio ? Vous ouvrez votre petit meuble. Vous la déposez précieusement dans le tiroir magique. Celui qui s'ouvrira subrepticement quand elle vous repassera dans l'oreille. 

Lundi. Une onde court en bord de Loire. Vive. Joyeuse. Des milliers de voix. Des centaines. Des dizaines. Une. À voix nue. Radioscopages. Une conférence d'oiseaux. Mes anges. Le coucou. Une tourterelle. Un rire. De la joie. De vivre (1). L'oreille part en coin. Parle. Parle-moi. De toi. De cette émission. Tu sais ça commençait par. Cet indicatif. Tous les soirs. Me met en arrêt. Me transfigure. M'arrache au monde. Je vole. Oiseau. Mésange.

Pas de mots. Pas tout de suite. Que ça dure. Sans voix. Tu sais ça commençait par. C'est ça. Elle dit ça au début. C'est son générique. Derrière, les oiseaux en conférence. Easy tempo (2). Radioscopages. Lujon. Henry Mancini. Hey baby, tu captes là ? Lujon et tu décolles. Je pourrais enchaîner. Déchaîné. Empiler. Raconter. Mille et une histoires. Écouter cette voix. Feedback. Retour. Tisser. Fil rouge. Le rouge est mis. Au studio. Aux joues. Aux lèvres. Au cœur. Le rouge émis.

C'est une voix. Je l'ai vu venir. Dans un bel élan. Mes anges. Temps suspendu. Yo !

* Lire ici et ,
(1) "La joie de vivre", programme parisien, Dimanche 20h30, 1952-1956, (source "Les années radio" Jean-François Remonté, L'Arpenteur, 1989),
(2) De Laurent Valero et Thierry Jousse. Plusieurs années en hebdo. L'été dernier en quotidienne d'été pendant 8 semaines, France Musique,

Pendant la rédaction de ce billet j'ai écouté en boucle "I aint' gonna be the first to cry" de Bob Moses, chopé sur France Inter entre 21h et 22h. Hier matin sur une autre radio en roulant j'avais pécho "Somewhere only we know" de Keane…