dimanche 21 avril 2013

Minuscule…

1968. Samedi 7 septembre. Il y a 16 jours l'URSS envahissait la Tchécoslovaquie. Il y a quatre mois la France s'installait en "révolution". Le samedi 30 mars précédent (1), à 14h démarrait sur les ondes de France Inter "TSF 68", l'émission "expérimentale" de Jean Garretto et Pierre Codou qui, en 1971, prendra le nom de "L'Oreille en coin". L'idée est de proposer aux auditeurs de la chaîne un programme de fin de semaine (2) construit, très élaboré, fait de plusieurs émissions courtes, longues, aux rythmes différents, avec de nombreuses femmes à l'antenne et une volonté de création, hors normes, hors formats, hors principes. Ce qui finira par s'appeler "une radio dans la radio" (3) est proprement révolutionnaire et marquera longtemps une génération d'auditeurs qui, aujourd'hui encore, écoutent Paula Jacques, Daniel Mermet, Denis Cheyssoux,… (4)

Alors, ma petite madeleine minuscule là voici. Hervé Hist un collectionneur fou d'émissions de France Inter des 70' a déniché dans ses cartons, le son ci-dessous, enregistré juste avant le journal de 19h de France Inter, du 7 septembre 1968. En seulement 1'19 trois choses sont surprenantes :
• le son incompréhensible avant que l'animatrice ne commence sa désannonce de la fin de session du samedi après-midi,
• la voix et l'accent de cette animatrice africaine (?), qui est-elle ?
• le "rajout" d'Arnaud Monnier, animateur à France Inter, qui "double" la désannonce, 

Au fou ! Quand je fais part à Hist de ma surprise pour les premières secondes de ce son, il décide de chercher. Et il trouve cela :" Comme je te l'ai dit, je vois les choses ainsi ; la bande magnétique se sera retournée en cours de transfert analogique/digital et le fantôme d'une voix enfuie nous est restitué par magie l'espace de deux à trois secondes". Bon si Hervé Hist a raison, il est champion du monde ! (5)

Voilà mes chers auditeurs à quoi mène la folie des ondes : prendre un petit plaisir à écouter une désannonce minuscule de rien du tout. Mais autour il y avait la "chienlit" de De Gaulle et "L'imagination au pouvoir" des étudiants. Et une "Maison de la radio" comme à l'abri de la fureur du monde. Roland Dhordain, directeur de France Inter, qui donne carte blanche à Garretto et Codou. Et ces deux-là qui, sans faire de vagues, vont imprimer une sacré oscillation à la radio nationale et je n'ai pas dit à "la radio d'État".

(1) Huit jours après le "Mouvement du 22 mars" de Daniel Cohn-Bendit,
(2) du samedi 14h au dimanche 19h, avec interruption le samedi à 19h, et le dimanche pour tous les flashs et session longue d'info du midi "Inter Actualités",
(3) Voir biblio ici,
(4) France Inter,
(5) Les secondes remises à l'endroit ne présentent aucun intérêt pour notre histoire !

Bonus
"Cette interviewe à la forme originale a été diffusée dans la tranche horaire expérimentale de "L'oreille en coin" dans l'émission "Bande à part". Qui étiez-vous à 17 ans ? C'est la question que pose Simon MONCEAU à Gilbert Bécaud." (Présentation de l'Ina) 

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