jeudi 21 novembre 2013

Les maracas (de Fip) devant, les hochets derrière…

© A.Gelebart - 20 minutes




Mardi grosse activité fébrile dans les nurseries où les hochets "offerts" par Médiamétrie (1) étaient agités par les commentateurs de tout poil, même par ceux qui ne parlent jamais de radio. Mais pensez, ça doit être totalement excitant de donner en pâture aux lecteurs, aux auditeurs, aux spectateurs des chiffres d'audience dont on peut penser que leur niveau d'intérêt pour le particulier est quasi nul. Qu'à cela ne tienne envoyons la sauce et la "grosse comédie peut se mettre en place". Comme le signale finement 20 minutes sur son site, tous les responsables de chaîne radio trouvent les moyens de se satisfaire de leurs audiences, qu'elles soient en hausse ou en baisse. Il suffit alors d'agiter "les PdA (parts d'audience) qu'on multipliera par le nombre d'auditeurs dont on prendra soin d'occulter les écoutes de fin de semaine, et auxquelles on ajoutera l'âge du capitaine et le déraillement du TGV qui a bouleversé les programmes et a pu inciter les auditeurs choqués à aller voir ailleurs. Toutefois si l'on constate un léger fléchissement en journée, la part du Groupe est en hausse". Fermez le ban. Rappelons-nous comment les journalistes accrédités moquaient en son temps Marchais (2) ? Autre temps, autres mœurs, aujourd'hui gaillardement, la tutelle (pour les radios publiques) et les annonceurs (pour les privées) doivent "accepter" (combien de temps ?) de tordre le cou à tout ce qui pourrait ressembler à une désaffection des auditeurs.

Et la presse de s'engluer : "Le match des animateurs", "RMC, gonflée à l'air du temps", "Europe 1 revient, France Inter se perd", "Des hauts pour NRJ… des bas pour RTL", "Nrj première radio de France" et tant d'autres pseudos-analyses dans un salmigondi totalement indigeste. Mais dans ce show funeste digne de la société du spectacle j'ai pu extraire une petite perle inattendue. L'illustration photographique du premier article mis en lien au début de ce billet n'est autre qu'un studio de Fip (3), avec une légende que j'ai trouvé magnifique (je suis sincère) : "Jane Villenet, une des voix « anonymes » de FIP, dans le studio 139 de la Maison de la radio." Vous pourrez regarder les illustrations des billets mis en lien et constaterez le "parti pris" des choix iconographiques. Et bien, je ne sais pas si pour 20 minutes c'est un "parti pris" mais en tous les cas c'est original, décalé et peut-être même subtil. Si ça permet au quotidien gratuit de ne pas mettre en avant une radio "médiamétrisée" plus qu'une autre c'est réussi. Et en même temps la légende est absolument intéressante. On nomme, avec nom et prénom, une des "voix" de la chaîne, et on précise que les voix sont toujours "anonymes" (4), ce qui est vrai. Jane Villenet pour sa part a quelques années d'antenne à Fip et, si l'on veut bien tendre l'oreille à ses messages subtils, on sait la reconnaître.

Ce clin d'œil, volontaire ou pas, m'a permis de sortir de la torpeur engendrée par la "bouillie de chat" qu'il a fallu ingurgiter pour comprendre que les tendances lourdes d'écoute sont assez stables. Si ces chiffres n'étaient pas communiqués qui s'en plaindrait ? Pas le public. Avec leur publication les médias attisent et mettent en avant les "querelles" des radios entre elles et surjouent une compétition qui n'intéresse que ceux qui jouent avec, les médias eux-mêmes. CQFD. Médiamétrie a trouvé la façon de promouvoir ses chiffres, gratuitement, en les lançant en pâture aux médias affamés. L'effet pervers  touchant directement telle productrice ou tel animateur qui prend, au-dessus de sa tête, en quelques secondes, une "épée de Damoclès" dont il se serait bien passé, quand dès son arrivée un challenge quantitatif lui a été imposé, au détriment de contenus ou d'angles qui ne seraient pas en phase avec l'objectif suprême de "faire de l'audience".

(1) L'audience de la radio en France sur la période septembre - octobre 2013,
(2) Georges, secrétaire du Parti Communiste Français, années 70 et 80, qui d'élections en élections se félicitait des résultats à la baisse qui cachaient une forte adhésion populaire exceptionnelle que les "alliés" politiques avaient captée par les bulletins de vote,
(3) Une des sept chaînes du Groupe Radio France non comptabilisée par Médiamétrie dans les mesures d'audience,
(4) Sauf à bien les avoir identifiées quand elles sont nommées pour les sessions quotidiennes de "Jazz à Fip" 19h-20h30.

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