mardi 31 mai 2022

L'Instant M, L'Instant Mathieu… sur France Inter !

Sonia Devillers jubile. Elle reçoit dans son émission médiatique pipole ou pipole médiatique l'ex-Pdg de Radio France, Mathieu Gallet. L'Instant Mathieu, un de plus, que Radio France octroie à Gallet pour venir pérorer et se perdre en lamenti plus pathétiques les uns que les autres ! Cinq jours après la parution de "Jeux de pouvoirs" Gallet dispose d'une tribune pour venir ressasser des histoires qui n'intéressent plus personne outre les journalistes de faits div'. Et encore !








Dès son micro d'introduction Devillers prend le parti de la "victime" et enfile les perles "Maintenant que justice a été rendue, il prend la plume et tire à son tour. Comme à la fin d’un bon western où le justicier – plus solitaire que jamais- destine une balle à chacun de ses adversaires." Pour l'instant aucun rappel des faits, ni aucune contextualisation. Cette façon de biaiser la réalité montre bien l'orientation éditoriale de L'Instant M. Papoter autour sans s'intéresser au fond. Offrant à Gallet une occasion supplémentaire d'apparaître (et de parader) tel qu'il veut être plutôt que tel qu'il est. Merci France Inter.

Gallet a été jugé le 15 janvier 2018 pour favoritisme, pour des faits concernant la période où il était Pdg de l'Ina. Devillers préfère raconter une autre histoire croustillante avec des méchants, des jaloux, des puissants et le jeune Pdg (37 ans) découvrant effaré les Jeux de pouvoir. "Le pouvoir ne se partage pas, pour le garder, il faut savoir tuer." conclut Devillers dans son intro.

Devillers va construire sa courte émission (18') en tentant de montrer comment Gallet a été très vite dans le collimateur du pouvoir. En insistant sur l'affaire du "Bureau du Pdg" le montant des travaux révélés par le Canard enchaîné (affaire classée) et essayant de donner à l'auditeur l'image d'un Pdg "au-dessus de tout soupçon". Devillers prend parti et ça s'entend (trop). Gallet lui s'empare du manteau de la vertu et justifie la publication de son livre comme "C’est un livre sincère. Moi, j'aime faire, transformer. J’avais vu que Radio France était une entreprise sous-administrée, pas pilotée. C’est peut-être dur pour l'équipe précédente, mais c'était le sentiment que j'avais. Le pouvoir est fait pour être exercé, ce n'est pas une question de représentation."

Arrogant et indélicat il fustige la gestion de la radio publique par ses prédécesseurs - rien moins - mais reconnaît qu'il n'avait pas présumé que la fonction qu'il allait occuper est "un poste politique". On notera les certitudes bravaches et revanchardes de l'ex-Pdg et son ingénuité à découvrir le monde politico-médiatique. Postures habiles pour un coup "jouer le petit roi" et l'autre "jouer le candide". Attitudes dont il s'était prévalu au tribunal de Créteil en novembre 2017 lors de sa comparution initiale.

Habile, Galet en profite pour rappeler à Devillers qu'il a participé avec Laurence Bloch à la nouvelle grille de France Inter et à la création de "L'instant M" (1). "Si je vous dois tout je vais avoir du mal à vous poser les questions qui fâchent"' rétorque Devillers dans un rire mi-nerveux mi-désemparé ! La productrice reprend à bon compte les propres jugements de Gallet pour fustiger les  positions de la Ministre de la Culture, Fleur Pellerin (2) sans jamais rappeler le contexte social et la longue grève de 28 jours de 2015. Ça en dit long sur le propre positionnement de Devillers sur le conflit.

Gallet affecté par la rumeur d'une liaison avec Emmanuel Macron n'en finit plus de la remettre sur le tapis et de la touiller dans le marigot. Il n'en fallait pas plus pour que Devillers lui tende un micro complaisant (4'34" d'antenne). Tentant de faire prendre une mayonnaise qui depuis lurette a fait Pschittt. Écoutez-moi bien insiste Gallet en creux, "je suis une victime".

Dans cette émission comme dans les nombreuses qu'elle anime, Devillers a fait le choix de sur-pipolisé son invité et d'insister sur les détails croustillants s'y référant sans jamais une seule fois évoquer la situation juridique qui a amené le CSA à révoquer le Pdg de ses fonctions le 31 janvier 2018. Pire elle affirme dès son micro d'entrée une fausse information : "Notre Pdg fut obligé de démissionner". Pour France Inter qui se targue de faire la chasse aux fake news c'est un très mauvais exemple en interne.

Si seulement Devillers avait lu l'article de France Inter, publié sur son site le 31 janvier 2018 : "Le CSA retire son mandat à Mathieu Gallet…". Gallet n'a pas démissionné, il a été révoqué. Cette fin d'activité brutale n'était sûrement pas assez glamour pour la productrice de l'Instant Mathieu !

(1) Alors qu'il s'est toujours défendu de s'intéresser aux programmes dont il avait délégué l'éditorial à Frédéric Schlesinger ,
(2) Qui avec le Ministre des Finances sont les deux tutelles de Radio France.

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