jeudi 28 novembre 2013

Philippe Caloni, ce géant…

Philippe Caloni




J'ai du mal à me faire à ce que les choses soient des instantanés solubles dans l'espace temps d'une journée. En permanence passer à autre chose est lassant, et le manque d'approfondissement en tout, usant, me donnant l'impression d'être encore plus fatiguant que si notre esprit n'était encombré que de trois quatre voire cinq sujets. Notre temps manque de silence et la peur irrépressible de ce manque par les médias eux-mêmes fait jouer la surenchère tout le temps, à toute heure et bien sûr en tous lieux. Philippe Caloni, journaliste, dont on peut entendre le nom au moins une fois par an à l'occasion d'une remise de prix professionnel qui porte son nom, était dans le mouvement, dans l'agitation du monde mais à l'antenne savait marquer un tempo qui pouvait donner l'impression qu'un certain calme s'était installé tant il savait de sa voix apaiser la fureur… et les furieux qui vont avec. Voilà le géant !

Ça c'est le souvenir, sûrement un peu déformé que j'en ai. Mais je ne dispose d'aucune source sonore pour me rafraîchir la mémoire. Ou tout au moins d'aucune source sonore radiophonique pour réentendre Philippe Caloni dans les mêmes termes que ceux dans lesquels je/nous pouvions l'entendre sur France Musique, France Culture et France Inter. Ce billet va donc prendre la forme d'une supplique pour que tout un chacun puisse à sa guise réécouter celui qui a marqué de son esprit et de sa voix les ondes radio. J'en appelle donc à la Scam (Société Civile des Auteurs Multimédias) et à l'Ina (Institut National de l'Audiovisuel) pour que les archives sonores de Philippe Caloni soient disponibles à l'écoute du plus grand nombre. Et je compte bien que quelques récipiendaires de ce prix appuient ma démarche (1)…

Mais puisque nous sommes à l'époque de l'anniversaire des cinquante ans de France Inter, je ne peux m'empêcher d'évoquer (aussi) les instants douloureux, celui où Philippe Caloni a du quitter l'antenne, au tout début de l'année 1987 (2). Inter-Matin qu'il animait depuis le 6 décembre 1982 est "rayé de la carte" dans la formule qu'il avait créée avec le journaliste Gérard Courchelle. Bien qu'on lui laisse la possibilité de garder l'interview de l'invité, il décline, désemparé par une telle casse." En quelques jours, la tristesse me submerge devant tant de gâchis. Je suis malheureux et seul. Seul comme ce mardi 30 décembre (1986) où dans notre grand bureau désert j'écris une lettre en forme d'état des lieux à Jean Izard notre directeur général, dont l'honnêteté et le courage ont cimenté trois présidences de notre Maison. À sa lecture il a compris. Le 1er Janvier je rencontre Eve Ruggieri qui m'annonce que pour l'animation de la tranche elle va me remplacer… Le vendredi 2, Ambroise Guellec, secrétaire d'État à la mer, est mon dernier invité. Un symbole puisque le navire d'Inter-Matin vient de couler, torpillé par la bêtise. Et je quitte ma Maison, sur la pointe des pieds. Définitivement. Le lundi 5 janvier, pour la première fois depuis dix-sept ans je ne me lève pas de bonne heure…" (3)

(1) Emmanuel Laurentin, Marc Voinchet, tous deux producteurs à France Culture,
(2) Le 2 janvier très exactement,  
(3) in, Philippe Caloni, "Longtemps je me suis levé de bonne heure", Belfond 1987.

3 commentaires:

  1. Souvenir vif de sa voix chaude, de ses phrases nettes et de ses interviews. Je me suis beaucoup demandé ce qu'il est devenu. Avec Jean Lebrun ca reste en mon souvenir le meilleur des matins

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    1. Philippe Caloni est décédé en 2003. Voir son autobiographie "Longtemps je me suis levé de bonne heure" 1987, Belfond. Voir aussi le billet "Bbiblio radio" (25 décembre 2011)

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  2. Rien sur Caton de la reconquête ?

    Le 03 févr. 1983, Caton, pseudonyme de l'auteur du livre "De la reconquête", est interviewé : pourquoi l'utilisation d'un pseudonyme. Les conditions d'un retour de la droite au pouvoir. Dénonce la tendance de la droite à dramatiser la situation.
    Le véritable auteur de ce livre est André Bercoff ; celui-ci ne pouvant pas répondre aux interviews, sa voix étant connue des journalistes, a demandé à François Hollande de jouer le rôle de Caton.

    https://www.ina.fr/audio/PHD98004773


    Émission : Inter actualités de 07H30

    journaliste : Philippe Caloni
    participant : François Hollande

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