lundi 9 octobre 2023

Radio vs TV un long feuilleton au dénouement proche !

 Il y a tout juste huit ans et demi, le 5 mars 2015, Marc Schwartz conseiller référendaire à la Cour des Comptes, remettait à Fleur Pellerin, Ministre de la Communication, son rapport sur l'avenir de France Télévisions, intitulé "Le chemin de l'ambition" (1) La veille en soirée, je prenais la peine de lire en diagonale ce rapport de 122 pages (sans les annexes) parce qu'il y avait de la radio dedans. ""Le manque de coordination [des acteurs de l'audiovisuel public] a trouvé une expression récente lors de l'annonce, à quelques jours d'intervalle, du souhait de Radio France de disposer d'un "service global d'infos en continu qui mélangerait la radio, la vidéo et le numérique", puis de celui de France Télévisions de lancer une chaîne d'informations en continu en numérique, courant 2015." Début d'un long processus technique et administratif pour engager Radio et TV à se fondre dans une entité commune même si le rapport ne l'évoquait pas aussi précisement.




Depuis par petites touches ou par le coup de pied de l'âne, l'État (actionnaire des audiovisuels publics), son bras armé Bercy et l'autorité de régulation (CSA, puis Arcom) avancent leurs pions pour qu'il n'y ait d'autre alternative que la fusion (Radio France, France Télévisions, France Média Monde, Institut National de l'Audiovisuel) avec ou sans loi, entre dans les faits et bouleverse définitivement des pratiques autonomes héritées de la loi d'août 74 qui mettait fin à l'ORTF. Depuis presque trois ans on entend ânonner Delphine Ernotte et Sibyle Veil (Pdgères de France Télévisions et Radio France) faire état de la formidable innovation des matinales filmées de France Bleu disponibles sur France 3. La belle affaire ! Une façon comme une autre de préparer les esprits (des auditeurs-spectateurs), de pousser à marche forcée les équipes professionnelles à travailler ensemble, de donner des gages à l'État d'un semblant de fusion. Fusion "douce", fusion d'affichage, fusion "1er étage de la fusée".

Le 4 octobre dernier l'Arcom formule treize recommandations sur les Contrats d'Objectifs et de Moyens (COM) 2024-2028. Parmi celles-ci le régulateur incite FTV et RF à établir un pilotage unifié pour ce qui concerne France Bleu et France 3. Le lendemain Delphine Ernotte en verve combative annonce : "Je souhaite dans les prochaines années lancer un acte 2 dans cette décentralisation de France Télévisions… qui passera par une union entre France 3 et France Bleu". Elle ajoute : "Nous avons la volonté commune avec Radio France d'aller beaucoup plus loin en pensant un projet éditorial commun, une marque unique, des rapprochements immobiliers, des gouvernances uniques", a-t-elle dévoilé, travaillant à une "véritable union éditoriale et de moyens" et à "un projet très structurant" (1).

C'est clair non ? C'est même en béton armé. Toutes les roucoulades, jérémiades et autres galéjades qui voulaient rassurer sur la non-fusion des deux entités s'apparentent donc à du burlesque ou du très mauvais vaudeville. Nous voilà prévenus et au premier chef les personnels concernés. Cet étage 2 de la fusée préfigure le troisième qui verra la fusion à moyen terme "logique" des quatre audiovisuels publics.

Jusqu'en 1982 (2) les stations régionales de radiodiffusion crées avant 1980 opéraient sous l'égide de France Région 3 (FR3). Cette dernière pouvait fièrement le revendiquer (logo d'illustration de ce billet). Quarante deux ans plus tard (en 2024) ce sont toutes les stations régionales de France Bleu qui risquent de "rentrer au bercail" ou pire d'être absorbées par la TV. Comme disait Jules "le (mauvais) sort en est jeté !".

(1) La Correspondance de la Presse, 5 octobre 2023,
(2) 27 juillet 1982 : loi sur l'audiovisuel, attribution à Radio France des radios FR3 ; où l'on
apprend aussi que "les radios publiques locales seront transformées en sociétés régionales.

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