lundi 18 mars 2024

Trois femmes dans un bateau : qui saute à l'O… RTF ?

Après les déclarations affirmées de Mmes Dati et Ernotte, respectivement Ministre de la Culture et Présidente Directrice Générale de France Télévisions, sur le devenir de l'audiovisuel public la semaine dernière, "on" était très inquiet de l'insondable silence de Mme Veil, Pédégère de Radio France. Avait-elle dans un moment de grand trouble rejoint en hélicoptère Baden-Baden pour rencontrer quelque générale de la communication de crise, à l'instar d'un autre général qui en 1968 en fit de même pour sonder auprès d'un camarade de combat s'il y avait lieu d'envoyer les chars sur Paris enjaillé ? Que nenni, Madame Veil s'apprêtait juste à confier "en exclu" à La Tribune Dimanche le B-A-BA de ses convictions sur les méfaits de la fusion des audiovisuels publics. Montrant par là les risques d'"effacement" de la radio qu'elle appelle le plus souvent "l'audio". À cette posture risquée d'isolationnisme Madame Veil joue son va-tout comme le Général d'autrefois avait failli jouer le va-t-en-guerre.

À l'époque (2017), je n'avais pas encore
inventé l'acronyme HO.R.T.F.














La ministre a annoncé vouloir "rassembler les forces" de l'audiovisuel public souhaitant une gouvernance unique" et "avancer sans aucun tabou""De pouvoir avoir une gouvernance unique, de fusionner, de pousser à la coopération, aux synergies – j'allais dire à la fusion –, en tous les cas qu'il y ait une efficacité dans la gouvernance et le fonctionnement, c'est un objectif qu'on doit tous avoir". La messe est dite… ou presque.

Mme Ernotte, devant les salariés de France Télévisions, a enfoncé le clou : "Je soutiens le projet de la ministre. C'est une surprise pour personne, cela fait cinq ans que je rabats les oreilles de tout le monde avec cette histoire de fusion. Je suis pour qu'on y arrive… Dans un univers numérique foisonnant, je le répète, seule l'union fait la force. On doit s'unir" (1).

Il ne restait plus à Mme Veil qu'à porter l'estocade. "En matière de gouvernance commune il ya plusieurs options possibles. Je rencontre la Ministre dans quelques jours à ce sujet, sur lequel je suis constante depuis plusieurs années… Une fusion de l'audiovisuel public affaiblirait la radio. Et ce n'est pas le moment d'affaiblir l'audio quand on voit les ravages du trop d'écrans  sur la santé publique en général et le bien être des jeunes en particulier. Sans compter qu'une fusion très consommatrice en temps et en énergie managériale pourrait aboutir à un grand ensemble bureaucratique (2)".

Déjà en 1980 !







L'affaire est posée. On va voir avec quel sens du "tout et son contraire" Mme Veil essaye de tenir un équilibre précaire pour ne pas dire pathétique. Si comme elle l'affirme une fusion est  "très consommatrice en temps et en énergie managériale" elle le sera donc formellement pour la fusion de France Bleu et France 3. "ICI est un projet de coopération entre France Bleu et France 3 pour créer le grand média public de proximité. Mais aujourd'hui quand on regarde nos matinales communes, on voit trois logos, France 3, France Bleu et ICI, c'est incompréhensible. (2). Un petit ensemble bureaucratique ?

Cette démonstration ne peut qu'aller dans le sens de ce que la Ministre évoquait il y a quelques jours sur France Culture "Il est important de garder un audiovisuel puissant et pour qu'il reste puissant il faut rassembler ses forces et arrêter de travailler en silo."  Si la holding France Médias (3) continue de distinguer les quatre partenaires - France Télévisions, Radio France, France Média Monde et l'Institut National de l'Audiovisuel -, les entités de chacune (pour Radio France ses sept chaînes) pourraient être fondues sous le seul chapeau de leur maison-mère. Exit les "silos"

Sous la marque générique Radio France resterait quelques boutons à cliquer pour distinguer les antennes par leurs noms ou seulement des logos de couleur pour reconnaître ce qui autrefois s'appelait France Inter, France Culture et plus si affinités ! Ou moins puisque la loi pourrait aussi inciter les acteurs audiovisuels à des regroupements propices aux… économies d'échelle !!!! 

Les Shadoks









À cette Mécano de la Générale en pleine ébullition on peut dire sans se tromper que Mme Veil joue plutôt corpo que la défense de la radio dont elle s'applique à gommer le sens et la fabrique en se gargarisant à longueur de propos du terme générique et non distinctif d'audio. Il en faudrait plus à Mme Dati pour freiner son projet et se convaincre que la solution d'un retour à l'HO.R.T.F. (Holding de Radio et Télévision Française), quitte à renier M. Giscard d'Estaing, ne serait pas le bon choix du moment et de l'époque ! Faire et défaire…

(1) La Correspondance de la Presse, 14 mars 2024,
(2) La Tribune Dimanche, 17 mars 2024, avec en accroche de une : Big bang dans l'audiovisuel public : la mise en garde de la Présidente de Radio France,
(3) Le nom avancé pour le futur regroupement des audiovisuels publics,

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