lundi 8 avril 2024

Un nouveau métier radio : assembleur ou reformateur !

Reformateur sans accent sur le "e". Parce que de réforme il n'y en a pas ! Déforme oui et déformer, encore mieux. Voilà donc que la Directrice de France inter, Adèle van Reeth enfonce le clou (1) et formalise à nouveau l'alpha et l'omega de la mue : son fameux "huitième jour" et toutes les circonvolutions oratoires pour expliquer ce métier de manageur consistant à gérer le stock, rationaliser les contenus et "faire du neuf avec du vieux" ! Revue de détail.



On se croirait dans une grande surface (suédoise)
«Nous multiplions les occasions de points de contact pour créer une proximité avec la marque France Inter. [En tête de gondole, ndlr] Rapprocher les antennes du numérique impose de nouveaux processus de fabrication. On ne peut plus se contenter de réfléchir à la seule production des émissions en direct. Il faut penser la fabrication du contenu radiophonique selon une double chronologie qui entremêle le linéaire et le numérique." (1) Van Reeth parle encore de contenu radiophonique quand la Pédégère, Sibyle Veil parle d'audio.

Et voilà la cuisine interne : trois pour le prix de deux !
Une partie du travail consiste à reformater le contenu existant. Au cours d’une saison, l’émission «Grand bien vous fasse», par exemple, peut consacrer plusieurs numéros à l’alimentation chez les enfants. Nous en faisons alors une série thématique disponible en podcasts. Dans ce cas, nous ne produisons rien de nouveau. Mais nous avons une nouvelle série à mettre en avant. C’est une manière d’éditorialiser différemment nos contenus. La création et le reformatage de contenus numériques ont un coût financier et de main-d’œuvre «équivalent à un huitième jour de direct". Grâce à nos nouvelles stratégies de production et de diffusion, nous pouvons proposer davantage de contenus à budget et moyens humains à peu près constants". (1) Ce tripatouillage digne de la cuisine d'assemblage a-t-il encore quelque chose à voir avec la fabrique de la radio ?

Ces nouvelles pratiques et nouveaux métiers c'est ce qu'ailleurs Madame Veil ,et son armée mexicaine de geeks, appellent des éditeurs numériques ! On va donc pouvoir à terme défaire la radio pour faire de l'audio. Joli tour de passe-passe digne de Gérard Majax ou de Garcimore quand la ficelle est vraiment trop grosse. À terme la création radiophonique va se raréfier comme peau de chagrin. Mais il y aura toujours quelqu'un pour monter sur la table et annoncer la création d'une "nouvelle" série sur New-York. Soit quelques collages et décollages plus ou moins douteux à partir des cinq premières "Nuits magnétiques" (2) : "New-York Moyen-âge" (3), saupoudrées de quelques reportages supplémentaires pour donner le change de l'actualité du moment. Me vient alors l'impérieuse envie de citer John Lennon "The dream is over".

Ajout du 9 avril
"Les diffuseurs traditionnels trouvent une nouvelle jeunesse dans la «plateformisation». C’est l’un des enseignements de l’étude Glance de Médiamétrie, présentée lors du Salon de l’audiovisuel MIPTV, à Cannes." (in "Les chaînes de télévision s'inspirent des plateformes et vice-versa", Marina Alcaraz, Les Echos, 9 avril 2024). Il en va bien sûr de même pour la radio !

(1) Adèle Van Reeth: «France Inter est une radio progressiste et elle l’assume» par Caroline Sallé, Le Figaro, 28 mars 2024,
(2) Émission (1978-1999), inventée et mise à l'antenne de France Culture par Alain Veinstein, en janvier 1978,
(3) Par Pascal Dupont, du 2 au 6 janvier 1978, France Culture.

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