Toutes les nuits, toute l'année, Albane Penaranda, productrice, nous incite à ouvrir les petites cases de ses nuits si souvent magnétiques, même si depuis la rentrée nous avons encore perdu deux heures de rediffusion du patrimoine radiophonique qu'entretient France Culture depuis janvier 1985. C'est souvent un régal, un pas de côté pour mesurer une autre temporalité, s'extraire de l'info qui est devenue la marque de fabrique d'une chaîne qui se FranceIntérise. Je l'ai écrit ici plusieurs fois : un indicatif, une voix, un générique et l'on est transporté dans le tourbillon de la vie, pour citer Jeanne Moreau… Pour la première fois depuis la création de ce blog en juillet 2011, j'ai laissé passer un mois entier sans écrire. Le tourbillon de la vie était ailleurs…
Mais mon tourbillon radiophonique ne s'est pas interrompu… la nuit. J'ai virevolté avec Maspero et Lacoste en Corrèze, me suis régalé avec cinq épisodes sur Montréal, (cinq Nuits magnétiques de février 1978) et ces derniers jours en virée aux Halles (ex-Baltard) avec Josette Colin, le 19 juin 1997. Josette, réalisatrice, qui "pour une fois" passe à la production et, micro en main, revisite l'histoire même de ce grand marché bruyant et odorant en plein Paris jusqu'en1969. Si on ne sent pas les odeurs on les devine car la productrice sait les suggérer subtilement. En faisant raconter les acteurs singuliers qui ont vécu leurs nuits et leurs petits jours dans l'ambiance effrénée du déballage, de l'achat et de la vente et surtout dans cette ambiance "festive" que le vocabulaire particulier des Halles raconte si bien.
À presque trente ans du départ des Halles pour Rungis, il est surprenant d'entendre la mémoire intacte de ses nombreux acteurs et leur mémoire croustillante et imagée. On est dans les Halles, on visualise les étals, les bistrots, les corporations de bouchers, une faune incroyable accrochée à ses savoirs-faire, ses combines, ses habitudes et ses rituels. Un monde à part et vivant pour ne pas dire souvent joyeux malgré la rudesse et l'intensité des tâches à accomplir. Josette Colin, fondue dans le paysage, nous donne à entendre un "lieu de mémoire" d'humanités et de fraternités de "bons vivants" comme à l'abri des contingences d'un monde déjà bousculé et fragile.
Un documentaire à archiver. Merci Josette !
Merci Fanch, depuis les halles modernes...
RépondreSupprimerC'est qui qui m'écrit ? ;-)
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