mardi 17 juin 2025

Catherine Soullard : il est midi…

Il est midi, oui, mais à quelle heure ? Le 6 avril 1993 à 22h40 ? Le 15 juin 2024 à minuit 05' ? À ces deux heures-là, ces deux années-là, Catherine Soullard, productrice, nous proposait sur France Culture, dans les Nuits magnétiques (1), quatre digressions autour de cette heure de midi, réalisées par Bruno Sourcis. Dimanche matin, il était 5h30, le jour pointait et je me mis à l'écoute de ce temps de midi que Catherine avait bien voulu suspendre pour nous. Suspendu pour toujours ou pour quelques heures, à midi. Que l'angélus sonne. Que le soleil donne en plein comme l'a écrit Marie Susini. Que José Mauro de Vasconcelos nous raconte son bel oranger et que Giono peste en plein midi contre le poids du soleil. Alors je vais écrire et j'attendrai midi au soleil pour publier ce billet.











Un seul des épisodes de ces Nuits Magnétiques n'y suffit pas. Comment ne pas avoir envie de prendre "tout le midi" dans ses bras ? Comment ne pas avoir envie de raccourcir la course du soleil ? De rester de midi jusqu'à minuit ? De sa voix douce, Catherine Soullard pose, en rond, ses petits cailloux blancs de soleil. Là, sur la placette d'un village de Provence mais surtout dans nos imaginaires acquis au bon midi. L'angélus va sonner. Tout autour va vibrer. Et tout va pouvoir commencer.

Ça commence comme un florilège joyeux. Très vite avec les accents du midi. Ça chante dans les mots et ça sourit. On y est. C'est sûr. Même si on doit se taire quand on ne sait pas chanter les mots. Midi tremblant. Midi étouffant. Midi suintant. Le soleil pleine face. Le soleil chanté. Le soleil enchanté. Les airs ne manqueront pas de nous attraper au col ou au cœur de petites ritournelles charmantes. Catherine enfile les rayons de soleil comme d'autres les perles (de pluie). Elle sait trouver, à l'ombre douce des tumultes, les mots justes pour, même la nuit, sublimer le midi. "C'est l'heure du partage. Lumière hallucinante où les pierres vont parler, les arbres frémir et, où les esprits rôdent démoniaques ou fantomatiques, dans l'air tiède qui défaille. Midi l'excès. Tout est possible. Apparaître et disparaître…"

Et puis "midi, un petit choc psychologique dans votre vie. Midi n'a pas le même sens que les autres heures…". Alors samedi 21 juin à 4:41, ici il fera petit jour et ce sera le solstice. Lheure idéale pour se mettre à l'heure du partage. "J'écris, assis sur un banc de pierre, dans un bourdonnement vague, il est midi. Le soleil achève de tuer les lilas. Même les oiseaux ne s'affairent plus, ils ne chantent qu'à mi voix comme s'ils se parlaient à eux-mêmes, …" Merci Catherine.

Un petit cabanon










À midi, à Marseille "même celui qui fait rien, il s'arrête !…"

(1) Dans les Nuits de France Culture, ce 15 juin, sera rediffusé le 1er épisode "Le temps suspendu",

lundi 16 juin 2025

En fanfares et… sans fanfarons !

Pour entrer dans le bal de ce documentaire réalisé par Benjamin Hû, Jérôme Sandlarz, l'auteur a choisi, pour commencer, de nous faire marcher au pas et de nous mêler aux gens (d’armes). Comme par réflexe, j’ai tout de suite eu envie avec Boris (Vian) de chanter "On n’est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé". Un peu par provoc' bien sûr, face à ces militaires "si bien élevés" et si sérieux. Mais il est peut-être dans l’ordre des choses, et de l’histoire, de commencer ce documentaire par de la musique militaire (ça rime).


Bobby Lapointe









Après l'écoute des quatre épisodes qui balayent quelques genres de fanfare (des mineurs, des ferias, des beaux-arts, techno,…), si nous faisions un blind-test, il nous serait sans doute difficile d'en distinguer les différents types, sauf peut-être celles des militaires et des chasses à courre. Le découpage par thème par épisode (quelquefois deux genres au sein d’un même épisode) est peut-être un peu trop didactique ? Trop sage. Pour moi, la fanfare c'est débrider l'académisme de la "musique sérieuse". C'est beaucoup de joie, de folie et de liberté. Mais ce n'est pas le style de Sandlarz de fanfaronner. En nous faisant voyager de l’une à l’autre de ces fanfares, un grand mix aurait sans doute permis d’abolir les "frontières de genres", quitte à bien distinguer ceux-ci au fur et à mesure.

Le panorama proposé est riche et la diversité des musiciennes et musiciens éclectique et singulière.Tous les intervenants sont passionnants, enjoués et en forte empathie/symbiose avec la musique, leur instrument-fétiche, le groupe mais, nous aurions aimé plus les entendre jouer.  Même si dans le temps imparti il est difficile de trouver le bon équilibre, paroles et musiques…

Radio France : Fêtes, défaites… Fêtes défaites !

Le 12 juin (mais pourquoi pas le 12 mai ou le 12 mars) Radio France avait convié à 18h le personnel présent à la Maison de la radio, pour un genre de parade moderne que la société de radiodiffusion publique appelle la "Soirée Radio France". Qui, nous le verrons, cache mal la dé-fête, et met sous le tapis renoncements et dénis. La parade, le faux-semblant, l'artifice (sans le feu) sont le B.A-BA que la com' et les communicants tissent et retissent depuis plus de cinquante ans. Marcel Bleustein-Blanchet, avant guerre, avait décrété morte la réclame, inventant la publicité. Aujourd'hui, au kilomètre, les communicants font de la prose en le sachant. Même dans une "boîte" (1) comme Radio France, il faut faire croire au personnel que tout va bien quand tout va plutôt mal (2). Mais si jamais l'auditeur savait ? Qu'on en juge !




Dans un communiqué publié jeudi dernier, quelques heures avant la "fête", l'intersyndicale de Radio France dénonce :
  • Les risques sur l'indépendance éditoriale, sur la place de la radio de service public, sur les projets de filialisation de France Info et d'ICI et plus largement sur les risques concernant les conditions d'exercice de l'activité que ce projet nous réserve,

  • L'entreprise elle- même, ayant intégré ces pressions extérieures [diminution récurrente des budgets], se saborde en menant des projets contre l'intérêt des équipes

  • Les spécificités de la radio publique et de ses missions, sources de son succès sont aujourd'hui remises en cause : une production interne à 100 %, un savoir-faire incontestable dans le son au service de tous les publics, une information fiable et vérifiée, une qualité de l'offre musicale, etc,

  • Multiplication des projets de nature à affaiblir Radio France : la disparition de Mouv', la diminution de fréquences FM,  la réforme des modes de production,

  • La Direction fragilise l’identité même des locales en centralisant d’avantage les décisions, en imposant des contenus nationaux, en réduisant la part d’antenne spécifique en direct et en laissant moins de latitude aux équipes jusqu'à faire disparaitre de plus en plus de chroniques locales.

Le "surtout faire comme si" de Radio France prévaut, épargne les auditeurs d'appréhender l'envers du décor, impose les apparences faites de chiffres toujours plus mirobolants, cache les effets dévastateurs d'une mue autant sociale que sociétale, met sous le tapis dénis et renoncements et multiplie les tartes à la crème à coups de gazelle, de fêtes maquillage et autres promotions +++ de personnels venus de la TV (3).

On en est là. Le 30 juin l'Assemblée nationale examinera la PPL Lafon, soit la loi audiovisuelle qui, tel le Serpent De Mer n'en finit pas d'apparaître et de disparaître. À moins que Macron dissolve l'Assemblée, à moins qu'une panne d'électricité, à moins que la grève générale, à moins que le soleil n'ait rendez-vous avec la lune, à moins que la Seine ait débordée plus haut que les marches de l'Assemblée, à moins que…

Si les auditeurs savaient…

(1) Terme employé par Mathieu Gallet, le jour même de son arrivée à Radio France pour y prendre ses fonctions de Pdg en mai 2014
(2) On me pardonnera de ne pas citer les chiffres-paravent du producteur Collin, le faiseur de millions, sauf que : "le podcast «Ex...», porté et produit par l’animatrice Agathe Lecaron, s’impose comme une référence en France. Cinq ans après sa création, il a fidélisé plus de 30 millions d’auditeurs grâce à ses histoires d’amour marquantes" (in La Lettre de l'Audiovisuel, 5/12 juin 2025)

(3) Yasmine Oughlis quitte "La maison des maternelles" (France TV) après quatre ans dans l’émission, pour rejoindre France Inter au mois d'août. Elle y animera l’émission Grand bien vous fasse… Tout en gardant son émission "C'est ça la France" sur RMC Story (source Diverto, 12 juin 2025)

mardi 10 juin 2025

Veil-Ernotte dansent la carioca… mais moins bien que Darmon et Chabat !

Dans Le Monde (daté 8-9-10 juin), Gil Rof, journaliste, écrit : "La volonté de la Présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, de faire de France 3, un réseau de chaînes régional plus qu’une chaîne nationale avec des décrochage locaux…" Bigre, on ne se souvenait pas que dans notre folle jeunesse, qui se foutait du tiers comme du quart de la télé, FR3 était une chaîne régionale (1) "tenue en laisse" depuis Paris. Centralisme quand tu nous tiens ! Presque au même moment 35 des 44 antennes locales du réseau ICI (ex-France Bleu) signent des lettres ouvertes pour alerter leur direction d'une gestion trop "verticale" et d'une centralisation qui dépossèdent de plus en plus les locales d'une maîtrise totale de leur programmation. Et voilà le revival d'ICI… Paris ! Décentraliser/Centraliser le pas de deux des dirigeantes de FTV et Radio France laisse présager d'une future harmonie exemplaire pour gérer ICi (Oula !). Plus pathétique tu meurs ! 

Ça a de la gueule non ?










On en est là ! Mais inexorablement le "tunnelier" avance. Le tunnelier késaco ? La version moderne du rouleau compresseur. J'explique. Parmi ses premières annonces depuis qu'elle a été nommée pour la troisième fois consécutive Pédégère de France Télévisions, Delphine Ernotte a décidé d'accueillir les podcasts de Radio France sur la plateforme de France Télévisions. Quelle meilleure preuve d'un rapprochement pertinent entre radio et télévision ! Sauf que les revenus de la publicité accrochés à ces "milliards de podcasts" à qui iront-ils ?  On se souvient que Sibyle Veil, Pédégère de Radio France avait refusé à Majelan, l'ex-site de Mathieu Gallet, qui avait pour ambition de réunir podcasts publics et podcasts privés, de diffuser les podcasts de Radio France.

Mais attention, là on est entre gens de bonne compagnie… publique ! Et donc, tel le tunnelier dune holding/fusion, Ernotte avance pour rendre tangibles et… incontournables les collaborations de l'audiovisuel public, vues surtout depuis les intérêts de France Télévisions. Ce n'est que le début d'une pagaille monstre annoncée. 

Et quoi qu'il advienne de la PPL Lafon (proposition de loi du Sénateur Lafon pour une holding "France Médias") la fusion est en marche. En marche forcée mais en marche. Dernière minute, Madame Dati, aurait obtenu du gouvernement, la discussion de la loi entre le 17 et le 19 juin. Entre ces deux dates, le 18 juin serait favorable à Madame Ernotte à qui il ne resterait plus qu'à… faire l'appel !

(1) Chaîne de télévision généraliste française de service public à vocation régionale. C'est vrai que le "à vocation régionale" est lourd de sens et peut cacher les volontés jacobines du pouvoir,

lundi 9 juin 2025

Roland Dhordain : une façon joyeuse de faire de la radio…

Fallait oser ! Et, depuis ses débuts à la radio dans les années 50, Dhordain ose tout. La radio de nuit, les radios-vacances, France Inter Paris (Fip 514), "Les enfants d'Inter" et la découverte de tant de talents et de voix inscrites au panthéon radiophonique. En 1963, chargé de la réforme de la radio à l'ORTF, il baptisera les trois chaînes publiques : France Inter, France Culture et France Musique. Ses 24/24 sont bien 24h de programmes frais, Dhordain n'ayant jamais osé "repasser les plats "(rediffusions). En 1971, moins de six mois après la création de Fip 514, il va tenter pour la grille d'été un sacré coup.

Roland Dhordain, au micro…








Dhordain le futé (il a été scout) imagine que pour les 4 semaines d'août et la première de septembre (dites grille d'été) ce sont les équipes de Fip (les animatrices et le journaliste Jean-Luc Hees (1) qui vont prendre l'antenne de France Inter (soit genre 24/24 comme le disait le slogan!). Ça s'appellera France Inter Vacances (FIV). Je donnerai cher pour entendre à quoi ça a pu ressembler.

Joli coup éditorial. Et utilisation intelligente des potentialités maison. Une belle synergie aurait pu dire Jean-Luc Hees (2). Aujourd'hui, on n' imagine pas un seul instant que la Directrice d'Inter, Adèle Van Reeth, ait assez d'audace, d'intuition et de bon sens pour oser ça, et surtout faire une vraie grille d'été ouverte aux quatre vents, en tentant de multiples formats, de nouvelles voix voire de nouveaux genres ! Et oui le culot et la confiance de Dhordain en ses équipes ont fait des merveilles. Dhordain était un homme de radio !

(1) J'écris Jean-Luc Hees qui est bien, le premier (et le seul) journaliste de la chaîne à cette époque, mais sans savoir s'il a vraiment participé à ce F.I.V.. Mais Dhordain parlant d'équipe on peut le supposer !
(2) De 1990 à 1999, Hees animera à 18h sur France Inter, le journal de 18h et en suivant "Synergie" un genre de magazine à la Pierre Bouteiller en moins parisianiste !

jeudi 5 juin 2025

Un pied dans l'audiovisuel public, un pied dans l'audiovisuel privé : conflit d'usage ?

Où il est question de l'arrivée à la prochaine saison sur France Inter, du journaliste Benjamin Duhamel, dans la matinale, pour l'interview politique de 7h50. Le journaliste conserverait toutefois la présentation de "Tout le monde veut savoir" sur BFM -TV (du lundi au jeudi). Les syndicats (1) de Radio France (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD, UNSA) ont publié hier soir un communiqué qui stipule : "… la rédaction a massivement exprimé au directeur de l'information [Philippe Corbé, ex-BFM] son opposition à ce cumul inédit pour France Inter" .

Wladimir Porché










Le communiqué poursuit : "Quid des conflits éditoriaux pour ce potentiel futur collègue, appelé à officier le soir comme tête d'affiche d'une antenne concurrente de celle dont il sera l'incarnation le matin-même, à une heure d'écoute stratégique ?… Comment dès lors la direction pourra-t-elle continuer à refuser à d'autres journalistes ou producteurs de Radio France de travailler en même temps pour des concurrents privés, alors qu'ils sont tous jusque-là tenus d'obtenir l'autorisation de la direction pour toute collaboration extérieure, même bénévole ? Des questions de fond qui, au milieu du siècle dernier, avaient été tranchées radicalement.

En 1955,  Wladimir Porché, Directeur (1946-1957) de la Radio-Télévision-Française (RTF), prend la décision d'interdire aux journalistes et aux animateurs d'émissions de radio de la RTF (1) d'avoir en parallèle la même activité sur les radios privées (Radio-Luxembourg, future RTL, Radio Monte-Carlo, Europe n°1), et donc, impérativement de faire un choix entre radio publique et radio privée.

Robert Beauvais qui anime sur "Paris-Inter", "Dimanche dans un fauteuil", travaille aussi en parallèle pour Radio-Luxembourg. Contrit et contraint, il choisit la radio privée. Il faut lui trouver un remplaçant. Jean Chouquet, réalisateur, présente à Paul Gilson, Directeur de la radiodiffusion, José Artur à qui sera confié l'animation de "Dimanche dans un fauteuil". Ce sera la première expérience de José au micro (3).

(1) Texte également soutenu par la Société des réalisateurs de France Inter (SDRI) et le collectif des programmateurs et attachés de production de France Inter (CAP),
(2) Idem pour les journalistes et animateurs télé qui ne peuvent exercer en même temps les mêmes fonctions dans les radios privées,
(3) iI avait commencé par être l'assistant de Jean Chouquet.

mercredi 4 juin 2025

La fin des ondes… La fin d'un monde !

"Un siècle après l’arrivée de la télévision sur la TSF, la transformation de l’audiovisuel s’accélère en basculant de la diffusion par voie hertzienne vers le tout numérique sur les réseaux filaire désormais, le public fait sa propre programmation au risque de s’y perdre." Voilà comment Le Monde, dans son édition datée du 3 juin 2025, introduit un long article de Charles de Laubier, intitulé "Audiovisuel : l'adieu aux ondes".



Ouf ! Nous voilà "rassurés" l'adieu aux ondes concerne aussi la télévision et il n'y aura donc pas que la radio à avoir des regrets éternels. Ce que nous écrivons modestement depuis quelques années est donc validé par un état de fait de société pour lequel les politiques se sont contentés de "voir passer le train". Le mouvement, on peut même dire la révolution, est engagé depuis les années 80.

"Que de chemin parcouru depuis le démantèlement, il y a un demi-siècle de l’Office de Radio diffusion-Télévision Française (ORTF), cet établissement public qui concentrait le monopole d’état de l’audiovisuel et s’appuyait sur les infrastructures hertziennes de la TSF. Mais il a fallu attendre la loi du 29 juillet 82 proclamant, la "liberté de communication audiovisuelle" promise par François Mitterrand. La fin de l’ORTF - du monopole - a été marquée par la multiplication des émetteurs, diffuseurs et producteurs de programmes audiovisuel et des innovations, raconte Jean-Jacques Cheval, professeur émérite des universités. L'arrivée d’Internet et celle de la TNT ont joué de grands rôles, mais celui de la télécommande a aussi permis le zapping, qui a lui-même changé le langage télévisuel." (1)

La tyrannie progressiste de l'informatisation-numérisation a fini par reléguer la diffusion hertzienne au rang des antiquités. Les auditeurs-téléspectateurs organisant, à façon, leurs programmes, sans grille, sans contrainte temporelle et sans continuité formelle. The dream is over. Le rêve est fini de se laisser porter par une succession de programmes qui, si son/sa responsable était qualifié(e) donnait lieu à de nombreuses découvertes. On passe de la politique de l'offre à celle de la demande, ne se laissant plus porter par l'inattendu, l'in-entendu. La plateformisation devenue l'alpha et l'oméga du développement audiovisuel.

Wolfgang Ernst, (2) dans le même journal, sous le titre "La radio et a télévision ont perdu leur âme en tant que techniques autonomes" dit : "…Il existe une beauté particulière propre à la radio sans fil du point de vue de la philosophie des médias, être "dans les airs" [on air] renvoie à cette forme de beauté, voire de spiritualité de l’immatériel…" Comme c'est bien dit. Seulement avant que l'Organisation Mondiale des Geeks Acharnés (OMGA) ne s'en rende compte on sera peut-être revenu dans la grotte Chauvet, dessinant au charbon de bois des petits rectangles de plastique surmontés d'une antenne, devant lesquels les spéléologues du troisième millénaire, en larmes, se pâmeront en chœur.

La radio a perdu son âme dans un long processus engagé depuis 2014. À coups de dénis et de renoncements irréversibles…

(1) Le Monde, "L'adieu aux ondes", Charles de Laubier, 3 juin 2025
(2) Professeur à l'université Humboldt de Berlin, est l'un des principaux théoricien de l'archéologie des médias, 

lundi 2 juin 2025

Lundi 2 juin 1975… Radio France

Je me suis souvenu qu'il y a cinquante ans le 2 juin était aussi un lundi. Ou plutôt je me suis souvenu qu'il y a cinquante ans Radio France avait à peine six mois. Si les gens qui dirigent Radio France aujourd'hui avaient un tant soit peu d'amour pour la radio, au lieu de faire des ronds de jambe en début d'année, ils auraient pu/du prévoir, pour l'été une programmation spéciale pour Inter, Culture, Musique et Fip. Faut pas rêver ces gens-là n'en ont rien à faire de l'histoire, des voix et des émissions qui ont fait le patrimoine radiophonique de la radio publique. Tout à leur affaire de plateforme, de podcasts et de réduction des moyens de production, ils roucoulent devant des chiffres, dansent la gigue sur Mediametrie et appliquent à la serpe la diminution de la masse salariale, sans complexe, sans l'ombre d'un doute et surtout sans âme. Avoir confié à des managères de moins de cinquante ans la gestion de ce service public audiovisuel, c'était pour les pouvoirs publics l'occasion d'en finir avec la création radiophonique et des formes trop élaborées de radio. De faire entrer aux forceps la radio dans un conglomérat où sa singularité serait définitivement diluée pour ne pas dire rayée de la carte.
















France Inter, 2 juin 1975
Claude Guillaumin : 8h30, la revue de presse. Pierre Bouteiller : 9h, le magazine. Jean-Pierre Elkabbach : 13h, le 13/14. Jacques Chancel : 17h, Radioscopie (Léopold Sedar Shengor). Claude Villers, : 20h, Pas de panique. Patrice Blanc-Francard : 22h, Cool. José Artur : 23h, Le Pop-Club. Madeleine Constant : 1h, Aujourd'hui c'est déjà demain. Jean-Louis Foulquier, 2h, Studio de nuit.
(Exceptées Anne Gaillard (Inter Femmes), Eve Ruggieri  et Liliane Bordoni (Les panthères roses), Madeleine Constant, les femmes sont rares en semaine. Ce qui n'est pas le cas le samedi et le dimanche dans L'Oreille en coin)

France Culture, 2 juin 1975
Pierre Sipriot : 9h, Les lundis de l'histoire. Pierre Lhoste : 11h30, un quart d'heure avec… Jacques Duchâteau : 12:45, Panorama culturel de la France. Françoise Malettra : 13h30, Les après-midi de France Culture. Edith Lansac : 18h30, Réflexion faite. Lucien Malson : 22h30, Black and blue.
(Pas mieux pour la présence des femmes à l'antenne)

France Musique, 2 juin 1975
Philippe Caloni : 8h35, Au programme cette semaine. Claude Maupomé : 13h30, Les intégrales. Lucien Malson : 18h30, Le club du Jazz - Visages du jazz. Jean Fontaine : 1h30, Nocturnales.
(Pas mieux pour la présence des femmes à l'antenne)

















Quant à Fip, que des femmes à l'antenne. Et même si j'ai bien en tête le feuilleton de Gilles Davidas, sur les 40 ans de Fip (2011), "Vous avez loupé Marie-Martine", il est très difficile de nommer les animatrices qui étaient à l'antenne ce jour-là. Simone Hérault, Isabelle Dutilh Lafrance, Marie-Marine Bisson, Claudine Giraud,… ?

(Source programmes, Radioscope)