Quand on aime la radio, que ce soit le cinquantenaire d'une chaîne ou les vingt ans d'une émission, une bonne façon de les fêter est sans doute de se remémorer "comment on en est arrivé là ?". Et comment, jour après jour, la petite musique des voix, des mots, une relation intime a pu à ce point se fixer dans la mémoire ?
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À droite Claudine Giraud, à gauche… |
Pour essayer d'y répondre on dispose sur sa table les petits morceaux épars, on rassemble trois photos, on griffonne à la hâte sur un bout de papier les mots qui font sens, on recontextualise, on se revoit à faire la vaisselle, à bêcher le jardin ou à faire la sieste sous les pommiers. C'était quand ? Pourquoi c'est si important ? Pourquoi on peut en faire une petite histoire ? C'est toujours ce que je me demande dix ans presque depuis que j'ai commencé à écrire ici en juillet 2011. Six mois auparavant, Gilles Davidas, produisait et diffusait sur Fip deux fois/jour (10h/18h) son feuilleton "Vous avez loupé Marie-Martine ?" (1) Marie-Martine ? Bisson : première animatrice de FIp en janvier 1971. J'ai réécouté samedi et dimanche dernier ce feuilleton qui avec de nombreux témoignages raconte la petite et la grande histoire de Fip. J'ai repris contact avec Julien Delli-Fiori et beaucoup échangé avec Davidas. Il manquait une seule pièce à mon puzzle… Kriss.
Delli-Fiori
"Je suis rentré à Fip au milieu du mois de février 1971. Vers les 15 ou 17, soit un mois après le début. Au moment où l'antenne s'arrêtait le vendredi soir pour reprendre le lundi matin. J'étais engagé pour faire le samedi matin. Ensuite notre superbe duo Codou - Garretto a obtenu le samedi après-midi, ensuite le dimanche."
Radio Fañch : "Comment ça se passait en cabine ?"
J.D-F : "Il y avait trois platines Clément, pour galettes 33cm et 45 t., deux techniciens et un chef d'antenne (+ un préposé aux droits d'auteurs). Les programmateurs écrivaient manuellement la liste des thèmes choisis, environ 12 à 16 titres par heure. Pour préparer nos listes j'ai souvenir de deux heures au début. Ensuite carrément le même programmateur faisait une demie journée, et, à l'usage les chefs se sont rendus compte et, c'était vrai qu'il y avait un programmateur qui était trop branché "guitare"... Alors on a partagé par des tranches réduites à quatre heures pour équilibrer l'ensemble. Évidemment impossible de me souvenir des dates de ces changements."
Radio Fañch : "Et alors ?…"
J.D.-F. : "En 1982 , Jean Garretto [créateur et directeur de Fip, ndlr] propose aux six programmateurs de trouver une idée d'un rdv musical à partir de 19h ou 19h30-21h. Trois ont choisi le jazz : Jacques Pantalacci, Patrick Tandin et moi. Mais le hic c'était la charge d'emploi ! Et nous avons accepté. Sans cela "Jazz à Fip" n'existerait pas aujourd'hui. Quelques années plus tard grâce à Guy Breton [directeur de Fip 1991-1994, ndlr] nous avons obtenu un cachet."
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Logo de lancement, 1971 |
Après 3h12 d'écoute des vingt épisodes de "Marie_Martine", non seulement j'ai bcp souri mais je me suis pris au jeu de ne pas lâcher l'affaire et de survoler quarante ans d'une seule traite ! C'est des noms que je retiens et d'autres que je (re)découvre. Tous ensemble c'est une famille, non ? Pas ce terme galvaudé, c'est une histoire qui par strates joue sur le thème de la transmission et du passage (de témoin) de façon tacite sans que ce soit annoncé aux culs des bus ni même au fronton de la Maison de la radio ! Enfin jusqu'à l'arrivée d'Anne Sérode (2014-2017) juste avant les émissions du soir et le raccourcissement de "Jazz à Fip". Un drame oui. Pourquoi bouleverser quelque chose qui marche si bien ? C'est la méthode Gallet/Veil ! Sans états d'âme et sans âme surtout !
L'âme, c'est Marie-Odile Monchicourt (animatrice à L'Oreille en coin, Fip et ex-chroniqueuse à France Info) qui l'incarne avec ce message "C'est pas parce que l'ennui est la mère de tous les vices qu'il faut en profiter Bd St-Michel" et, si on se souvient de sa voix c'est subtil, taquin et drôle ! Michèle Lussan (programmatrice à Fip aux tous débuts) se souvient des deux mois de répétition qui ont précédé l'ouverture de l'antenne et des nombreux programmes variés qu'elle a proposés à Codou et Garretto avant de trouver "la bonne formule". ! Et Jacqueline Baudrier (Pdg de Radio France 1974-1981) qui, en 80 vante, "FIp stéréo" (en Modulation de Fréquence).
Cet enthousiasme en prend un coup quand "Marie-Martine" (le feuilleton) nous rappelle les fermetures programmées des Fip de Marseille, Reims, Metz, Lyon, Nantes, Strasbourg,… avec les témoignages d'auditeurs ou des personnels concernés (1). Tout ça inscrit dans le "Plan bleu" de Cavada (Pdg 1999-2005) qui normalisera les locales en France Bleu et consacrera Fip et Mouv' comme variables d'ajustement.
Voilà, Fip aura fêté ses 1an puis 10, 15, 20, 30, 40 et 50 ans. Aujourd'hui à l'antenne :
17h/19h : Fip Story. De 19h à 20h30 : 50 ans de jazz à Fip avec Julien Delli-Fiori. 20h30/23h : Soirée anniversaire. Et dimanche sur Arte, Karambolage, un sujet consacré à Fip ! (2)
Et pour conclure, une autre "accroche" de Monchicourt :"En passant par La Rochelle avec vos sabots vous auriez été plus vite qu'en passant par Bastille avec votre auto". Ça, comme le révèle "Marie-Martine" c'était le fruit d'une cogitation poussée entre Kriss et Marie-Odile pour trouver la jolie pirouette qui détendrait l'atmosphère circulatoire ! (3)
(1) Quand Bordeaux, Nantes et Strasbourg finiront par y échapper jusqu'au 18 décembre 2020,
(2) J'ai pu le visionner. C'est court, pop et sympa et Jean Garretto aurait adoré l'accent allemand de Maija-Lene Rettig qui réalise le sujet. C'était son accent préféré !
(3) On notera que Marie-Odile Monchicourt s'est affranchie de la Lorraine en lui préférant… La Rochelle !
Et avec le son ! (Merci à Anthony Gouraud)
Le 1er programme musical était signé Anne Marie Leblond. 😍
RépondreSupprimerBen en voilà une nouvelle qu'elle est bonne ! Alors il est où ce programme qu'on exhume le 1er morceau (et le deuxième tankaff) Merci inconnu ! ;-)
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