jeudi 4 juin 2015

Le coup de grâce… sans grâce

Arièle Butaux "Le dimanche idéal"









Une question de décence. Dans quelques jours France Inter publiera un double CD "L'esprit Inter". Quel esprit ? Dans un communiqué Didier Varrod (1) écrit : "Fort de l'enthousiasme de notre programme musical de grève…". Le mot enthousiasme fait très très mal. Où était donc l'enthousiasme du 19 mars au 17 avril 2015 ? Une telle entreprise de discrédit d'un mouvement social de 28 jours atteint ici un point culminant. Par-dessus tout donc pendant la grève le plus important pour M. Varrod a été de produire et de diffuser une play-list que les auditeurs ont plébiscité. "Du moment qu'ils écoutent la chaîne" doit se féliciter le directeur de la musique. Aller jusqu'à donner un tel "spectacle" une telle publicité à une "play-list de grève", c'est juste révoltant, dégueulasse et indigne. 

Quel esprit ? Je croyais bien avoir entendu plusieurs artistes dirent leur soutien au service public de radio, non ? Les artistes qui se produisent sur ces CD ont-ils choisi d'y être ? Savaient-ils que M. Varrod en profiterait pour justifier de son travail et de ceux des programmateurs de la chaîne (2) ? Et surtout valoriserait la play-liste de grève au détriment du mouvement de grève lui-même. Si en France tout finit par des chansons là ça venait juste de commencer.

Capture d'écran Twitter 7 juillet 2015
M. Varrod a la mémoire bien courte. Il oublie sans doute que sans Jean-Louis Foulquier (3) il ne serait peut-être jamais entré à la radio. Foulquier qui en soutenant les artistes soutenait souvent les mouvements pour lesquels ceux-ci s'engageaient. Existe-t-il dans l'histoire d'un mouvement de grève une telle désinvolture ou une telle action pour le discréditer voire le faire oublier au bénéfice des intérêts du "patron" ou de l'organisation touchée par la grève ?

Mardi soir, ironie sordide de l'histoire, était enregistré en studio à Radio France "Le dimanche idéal" d'Arièle Butaux émission hebdomadaire de France Musique. Avant l'enregistrement la toute nouvelle Coordination de Radio France a tenu à faire le communiqué suivant :

"Pardon de vous interrompre. Nous nous permettons de nous inviter un court instant parmi vous ; sans y avoir été conviés, mille excuses Arièle. Ce qui motive notre présence est en fait en lien avec ce qui arrive à votre émission.

Nous sommes des personnels de la radio, nous sommes venus vous dire qu’il est fortement probable que cette émission hebdomadaire "Le dimanche idéal" d’Arièle Butaux à laquelle vous assistez ce soir - que ce précieux rendez vous avec vous, public - ne soit pas reconduit l’année prochaine.

Nous voulions que vous sachiez que comme de nombreux salariés qui travaillent ici, nous ne sommes pas d’accord avec ce choix éditorial des dirigeants de Radio France.
Si vous refusez, vous aussi, la réduction des émissions en public et les moyens de leur production, vous pouvez signer cette pétition, merci de la faire circuler dans les rangées et de la laisser à l’équipe.

La coordination de Radio France vous souhaite une excellente soirée… Et vive la radio publique !" (4)

Voilà donc les nouvelles façons de faire la promotion de la musique à Radio France. D'un côté la promotion d'une play-list de grève, de l'autre le choix d'arrêter une émission musicale en public. C'est quoi cette roublardise permanente qui veut à la fois ouvrir la Maison de la radio au public pour lui faire vivre de l'intérieur "La fabrique de la radio" et dans le même temps empêcher le public de continuer à être fidèle à une émission musicale (5) publique plébiscitée par le public ? 

Il y a beaucoup de fois le mot "public" dans ma phrase précédente. C'est sans doute parce que c'est un mot en voie de disparition…

(1) Directeur de la musique à France Inter. In le Communiqué de Presse,
(2) Il est bon de rappeler qu'en plein audit d'Inter sur sa politique musicale, Varrod courrait les rédactions pour vendre sa "play-list de grève",
(3) Producteur d'émissions de chansons sur France Inter pendant 40 ans, 
(4) la pétition recueillera 135 signatures !
(5) Autrefois "Un mardi idéal".

4 commentaires:

  1. Je crois Fanch que dans ce monde où l'argent est roi, le cynisme n'a plus de limites. Monsieur Varrod fourni sans doute une magnifique illustration de ces nouvelles "valeurs", auxquelles nous devrions nous plier désormais....

    Je me demande - comme toi sans aucun doute - ce qu'en pensent les artistes présents sur cette compilation France Inter. Cautionnent-ils eux aussi cette triste farce ? Sont-ils les complices et les bénéficiaires de ce misérable coup de com' ???

    Qui touche les royalties ?

    En tout cas, moi auditeur, j'ai choisi : c'est la radio de service public que je défends, pas les renégats !

    Guillaume, de Saint-Brieuc (dans les Côtes d'Armor)

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    1. Merci Guillaume,
      J'ai lancé l'alerte à d'autres d'aller voir du côté des artistes !

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  2. Public? Vous avez dit public? Mais vous n'y êtes pas, cher ami! Dans le monde merveilleux de l'audiovisuel public français, qui se soucie du public, du bien public, de l'intérêt public? Comme si, au CSA(il semblerait que l'on soit davantage préoccupé par les règlements de compte des anciens conseillers ou par le tir de barrage contre le président de cette institution), à Francetélévisions(ou tout le monde se soucie de la répartition des postes à la rentrée), au ministère de la culture(ou on compte les soutiens en vue de la prochaine campagne électorale) ou encore à Radiofrance(avec un PDG sur le fil du rasoir avec une affaire de favoritisme qui lui tombe dessus) ou à l'INA(à quand des archives réellement en libre accès?), les mots de public et de gratuité semblent des mots tabous voire même des gros mots...

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  3. Rappel : pour être publiés les billets doivent être signés…

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