lundi 8 juin 2015

"Prenez garde à la poésie"…


















On ne s'y fera pas. Derrière le panel on nous compte déjà. Et sans tomber dans le panneau Mediametrie nous prend de haut. De travers. Et quelquefois dans le dos. En traître sans qu'on n'y puisse rien faire que le gros dos. Mais comme si ça ne suffisait pas voilà que quelques directeurs assoiffés de résultats se penchent sur les podcasts et se servent des compteurs pour décider ceci ou cela. Décider qui en sera l'année prochaine ou n'en sera pas. De la grille de rentrée ou définitivement écarté.

Dites-donc Messieurs les contempteurs de tout et de rien, savez-vous que la radio s'écoute en flux. Que c'est pas encore obligatoire de doubler cette écoute par une écoute différée. Qu'on peut aussi écouter en streaming et aussi collectionner les podcasts sans jamais rien faire d'autre que de les regarder et se désoler d'avoir encore tout ça à écouter. Ça ne suffirait donc pas d'écouter pour le plaisir, pour rien, pour le désir, du son, des mots, de la musique et encore d'autres mots. il faudrait donc que les producteurs fassent la retape (1) permanente pour inciter leurs auditeurs à podcaster quitte… immédiatement à tout jeter. C'est quoi cet invraisemblable truc farfelu ?

M. Olivier Poivre d'Arvor, directeur de France Culture nous a habitué depuis plusieurs années à venir compter au micro de la matinale les bons scores de la chaîne comme si c'était immédiatement un gage de qualité et de compter à chaque fois les podcasts comme étalon de félicité. "Ça rime à quoi ?" (2) À écarter à la rentrée une productrice de France Culture, Sophie Nauleau qui animait depuis 2008 la seule émission de poésie de la chaîne.

Vous, les nouveaux maîtres de la radio comptée "Prenez garde à la poésie" vous auraient crié Jean Tardieu (3) et Jean Chouquet (4). Jaigu et Borzeix sûrement aussi (5). Des ondes la poésie fout l'camp. C'est le reflet du temps. Du sale temps pour la radio. Pourtant les poètes et les conteurs au commencement à la radio étaient légion. Faudrait-il ici redire leurs noms ? Je pense à André Voisin, conteur et homme de télévision qui, avec "Les conteurs(6), avait su dans les années 60 mettre en valeur les gens simples ou "de peu" aurait dit Pierre Sansot.

"Producteurs vos podcasts", ça vous dégueule comme aurait dit Ferré…
 qui préférait chanter "Poètes vos papiers"…



(1) Un producteur de France Culture s'y est employé depuis le mois de mai sur Twitter,
(2) Le dimanche de 20h à 20h30,
(3) Poète, créateur du Club d'Essai (qui fait suite au studio d'essai de Pierre Schaeffer), véritable Atelier de création radiophonique (1947-1963),
(4) Réalisateur qui a fait ses débuts au "Club d'essai" et a pendant 45 ans fait les belles heures de la radio publique à France Inter particulièrement, à différents postes de responsabilités mais surtout comme passeur d'un savoir révolu,
(5) Yves Jaigu (1975-1984) et Jean-Marie Borzeix (1984-1997), directeurs de France Culture, pour lesquels la poésie avait toute sa place sur la chaîne,

(6) L'émission provient du fond de recherches de l'ORTF créé en 1960 et dirigé par Pierre Schaeffer. Ce Service de production et de recherche va proposer un renouvellement des programmes de la télévision. Pour cela il s'appuie sur des chercheurs : Jean Rouch et Edgar Morin qui considèrent la caméra comme un révélateur de phénomènes humains. C'est dans cette logique qu'André Voisin, conteur, découvre des inconnus qui savent raconter (berger, taxi, paysan). Il crée l'émission « les conteurs ». Les témoignages recueillis recevront un vrai succès auprès du public et contribueront à la reconnaisance du Service de la Recherche qui disparaitra en 1974 lors de l'éclatement de l'ORTF. L'Ina héritera en partie de ses missions. (Source Ina)

4 commentaires:

  1. Quand Poivre d’Arvor jure la main sur le cœur qu’il « ne réfléchit pas en termes économiques » et « ne pense qu'au projet, à l'éditorial.”, il applique une logique de boutiquier à France Culture. Laurence Le Saux dans cette interview de télérama http://www.telerama.fr/radio/rassurer-incarner-et-rassembler-olivier-poivre-d-arvor-directeur-de-france-culture,125811.php se garde bien de l’entrainer sur le fond, et sur ce qu’il entend par « projet ». Pour les auditeurs, le résultat radiophonique est simple : on vire les bons (Chaslin, Veinstein, Fellous) et on conforte les médiocres (Voinchet, Goumarre, Chaverou). Olivier Poivre d’Arvor ne vient à l’antenne que pour vanter des scores médiamétriques, tout en livrant un joli numéro de clown avec Marc Voinchet qui s’exprime encore plus mal que lui. Le seul talent d’Arvor est d’avoir réussi à bétonner un jeu de réseaux (partenariats & recrutements réciproques) avec des médias amis (Télérama, mediapart, libé), avec le bénéfice de l’anesthésie critique. Cependant, on se gardera bien de se complaire dans la facilité à s’en prendre aux « managers », car ces réseaux ne peuvent se construire qu’avec l’adhésion de leurs acteurs, et donc de certains producteurs de France Culture. Si les mots « solidaires », « service public » ou « indépendance » ont un sens pour la Coordination de Radio France, qu’ils s’expriment donc là-dessus.
    Signé : auditeur agacé.

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    1. Bonjour auditeur agacé apparaissant… masqué,
      Puisque votre référence biblio est dans votre texte, je n'ai pas d'autre choix que de la …publier. Je n'aime pas faire la promotion d'une gazette qui signe régulièrement des partenariats avec RF et depuis des années enfile les perles de la critique radio.
      Borzeix parti en 1997, Gelinet faisant le tampon la grande affaire de la casse progressive d'une "culture" fût à l'œuvre. Cela continue insidieusement ou pas et les renoncements sont légion. Les "nouveaux" auditeurs de Culture sont aux anges et d'Arvor à la droite de Dieu…

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  2. La lecture marxisante du patron comptable contre les petits prolétaires à noble conscience est finalement assez mensongère et obsolète pour ce qui concerne France Culture. Certes, le directeur a les yeux rivés sur sa calculatrice, mais autour de lui, il y a une constellation de producteurs qui entretiennent une vision étriquée et abusive du service public, c'est à dire un organe pseudo-journalistique qui nous pompe l'air avec un discours militant appliqué à tout, dans tous les domaines, où les dominants écrasent les dominés etc. La vérité, c'est qu'il est plus facile de faire une radio militante, peu professionnelle, peu curieuse, mais qui radote, répète et ressasse ses mêmes refrains idéologiques, tout en jetant la culture à la poubelle, parce que la culture, c'est élitiste, et à gauche, on n'aime pas beaucoup ça. La démolition progressive de France Culture est surtout due à cette gangrène militante, à tous ces nouveaux petits producteurs qui ne savent pas grand chose, ne lisent pas, ne se sont pas constitué de bagage culturel, mais disposent d'un réseau de certitudes qui résiste à tout. Voilà pourquoi France Culture ne fait plus que du tourisme culturel, léger et peu professionnel. Parce qu'à l'intérieur, on ne "veut plus".

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    1. Partage votre point de vue non-marxiste… ;-) Bien plus que la gauche n'aime pas la culture. personne de gauche ou de droite ne veut inventer, questionner, remettre sur le métier. Il vaut mieux être en permanence dans l'air du temps et au ras des pâquerettes…

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