mardi 30 juin 2015

Partir/Mourir… Taylor/De Greef

Alex Taylor














Dans une "Lettre ouverte à Mathieu Gallet", Pdg de Radio France,  Alex Taylor, journaliste pigiste à France Inter, comme il se désigne lui-même, fait part de son dépit d'être viré après 31 ans d'activité à Radio France. Il précise "J'y ai vécu [à la radio] d'incroyables aventures - de l'Oreille en coin, Téléscopages, tout un été arpentant les quais de gare sncf les plus reculées de la France la plus profonde, et depuis 2à ans et quelque la revue de presse européenne. Si je suis resté depuis 1984 c'est qu'il y a un ton, une liberté que l'on ne trouve pas ailleurs…

Cet attachement au service public va prendre un dernier coup de poing à l'estomac : "Du coup apparemment je suis viré parce que, ému, j'ai commis l'énormité de Tweeter que j'étais triste. Vous ne l'auriez pas été, vous aussi après tout ça, après toutes ces années de piges et de passion ?". 

On ne manquera pas de guetter les tweets de Mathieu Gallet quand il sera viré !


Alain de Greef


















Alex Taylor part et Alain de Greef meurt. Si de Greef n'a jamais fait de radio, il a su dès l'invention de Canal+ puiser dans le vivier de Radio Nova. Radio créée par Jean-François Bizot le fondateur de l'underground mensuel Actuel. Philippe Vandel, l'homme aux tee-shirts, a parfaitement su rendre compte de l'inventivité d'un de Greef. Une inventivité comme on n'en a pas connu en radio depuis les années 70 avec un Pierre Wiehn, un Garrretto, un Codou ou Jaigu et Borzeix (1). Vandel précise : "Quand j'ai mis le pied à Canal+ (en provenance de la galaxie Actuel/Radio Nova), je lui avais demandé comment il fallait que je sois à l'antenne, il m'avait répondu : "comme tu es dans les couloirs". Et c'était vrai dans toute la chaine! " (2). Quel directeur de chaîne de radio oserait ça aujourd'hui ? L'inventivité, la recherche, l'exploration, le laboratoire, tout ça en radio c'est bien fini.

Alors Taylor viré de façon pitoyable, de Greef parti sans se retourner ce sont deux personnalités qui disparaissent quand l'une incarnait l'Europe vécue, l'autre le délire créatif permanent. Canal n'est plus que l'ombre d'elle-même, la radio publique élimine petit à petit les femmes et les hommes qui lui donnaient son âme.

(1) Wiehn, directeur d'Inter 74-81, Garretto & Codou, producteurs de "L'oreille en coin" France Inter (196!-1990), Jaigu et Borzeix, directeurs de France Culture
(2) Article du Huff Post, cité

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