mercredi 30 mai 2018

30 mai 1968 : Je vous ai (pas) compris… De Gaulle enfile les perles et serre les dents

Le 30 mai 1968, le président de la République, Charles de Gaulle, après sa "fugue" la veille à Baden Baden (RFA) pour rencontrer le Général Massu, réapparait, reçoit Georges Pompidou à 14h30, convoque un conseil des ministres pour 15h, puis annonce à 16h à la radio la dissolution de l'assemblée et des élections législatives. Une manifestation, prévue la veille, rassemble 800.000 personnes le soir-même, pour le soutien au président de la République et contre le mouvement social.
En tête du défilé aux Champs-Élysées, 30 mai 68















"Françaises, Français,
Etant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine j'ai envisagé depuis vingt-quatre heures toutes les éventualités sans exception qui me permettraient de la maintenir. J'ai pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J'ai un mandat du peuple, je le remplirai, je ne changerai pas le premier ministre dont la valeur, la solidité, la capacité méritent l'hommage de tous. Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la composition du gouvernement. Je dissous aujourd'hui l'assemblée nationale.

J'ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens l'occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre université et en même temps de dire s'ils me gardaient leur confiance ou non par la seule voie acceptable, celle de la démocratie. Je constate que la situation actuelle empêche matériellement qu'il y soit procédé. C'est pourquoi j'en diffère la date. Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans les délais prévus par la Constitution, à moins qu'on entende bâillonner le peuple français tout entier en l'empêchant de s'exprimer en même temps qu'on l'empêche de vivre par les mêmes moyens qu'on empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler.

On veut la contraindre à se résigner à un pouvoir qui s'imposerait dans le désespoir national, lequel pouvoir serait alors évidemment essentiellement celui du vainqueur, c'est-à-dire celui du communisme totalitaire. Naturellement, on le colorerait pour commencer d'une apparence trompeuse en utilisant l'ambition et la haine de politiciens au rancart.Ces moyens, ce sont l'intimidation, l'intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue main en conséquence, et par un parti qui est une entreprise totalitaire même s'il a déjà des rivaux à cet égard. Si donc cette situation de force se maintient, je devrai, pour maintenir la République, prendre, conformément à la Constitution, d'autres voies que le scrutin immédiat du pays. 

En tout cas, partout et tout de suite, il faut que s'organise l'action civique. Cela doit se faire pour aider le gouvernement d'abord, puis localement les préfets devenus ou redevenus Commissaires de la République, dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible l'existence de la population et à empêcher la subversion à tout moment et en tout lieu. La France en effet est menacée de dictature. Après quoi ces personnages ne pèseraient pas plus que leur poids, qui ne serait pas lourd. Eh bien non, la République n'abdiquera pas, le peuple se ressaisira, le progrès, l'indépendance et la paix l'emporteront avec la liberté. Vive la République. Vive la France !"







En exclusivité et intégralité jusque fin juin 
Septième et dernier volet de la série "Chroniques de mai" produit en 1988, pour la grille d'été sur France Culture, par Dominique Chagnollaud.


Vous pouvez retrouver ici et là mes deux longues séries hebdomadaires sur mai 68 démarrées en septembre 2017 avec le partenariat de l'Institut National de l'Audiovisuel.

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