mardi 28 juin 2022

Fait du Prince et foire d'empoigne sur l'audiovisuel public…

Il est des effets d'annonce électoralistes, opportunistes et catastrophistes (et catastrophiques). L'audiovisuel public, tel une girouette affolée dans la tempête, tourne aux quatre vents des humeurs du moment, au risque d'en perdre le nord (l'est, l'ouest et le sud aussi). Au pire de s'effondrer. Giscard, tel Brutus, n'avait pas tergiversé en 1974 et en quelques quatre-vingt jours avait dispersé l'ORTF façon puzzle. En 2022 le tableau est pitoyable. Macron, Président, fait table rase de la CAP. Quelques sous-fifres évoquent la budgétisation annuelle, d'autres un budget quinquennal. Le Sénat en profite pour jouer avec le feu, envoie quelques Rafales et dégomme à tout va ! Et pour faire avancer le schmilbloc Sibyle Veil, Présidente de Radio France, met ses conditions pour envisager (ou pas) de se succéder en avril 2023. À savoir son opposition - définitive ? - à la fusion des audiovisuels publics… Quelle pagaille ! Quelle gabegie !

Vers le cortège 28 juin 2022










"Macron t'es foutu l'audiovisuel est dans la rue" pourrait-on entendre aujourd'hui si l'appel des syndicats des entreprises audiovisuelles publiques a été entendu jusque dans les campagnes profondes… et surtout dans la conscience des Français.

Les contre-propositions à la casse du service public existent ici et . Devillers (L'Instant M, France Inter) si prompte à inviter tout ce qui bruisse médiatique, et à gazouiller pipole, aurait été inspirée d'inviter ces trois journalistes qui répondent à l'interview d'Acrimed : Fernando Malverde, ancien journaliste à France Télévisions, Lionel Thompson (CGT Radio France), et Jean-Hervé Guilcher (SNJ-CGT France Télévisions). Car il s'agit bien de mettre en porte-voix ce qui peut participer au débat ! Quand il n'est absolument pas sûr qu'un dixième des contribuables de ce pays soient au fait des dangers que représente la suppression démagogique de la contribution ? 

L'absence de réflexion globale "on ne mène pas le débat sur ce que doit être l’audiovisuel public" (1), le quasi mutisme des responsables politiques et la parole dispersée des organisations professionnelles, des professionnels de la profession eux-mêmes et la non-consultation des usagers montre s'il en était besoin qu'on a lentement, mais sûrement, poussé Françaises et Français à rompre les liens qui les attachent à l'esprit de service de la radio et de la télévision. Alors que Julia Gagé révèle dans son étude que "Les Français sont majoritairement opposés à la suppression de la redevance".

Radio France défile…












Si les Suisses eux-aussi ont majoritairement voté non, en 2018, à la suppression de la redevance audiovisuelle il serait temps de consulter les Françaises et les Français. Avant que le prochain vote du budget n'entérine un état de fait qui risque, même si ce budget est attribué pour cinq ans, d'imposer à chaque entreprise audiovisuelle des coupes sombres dans les effectifs et les moyens de production, voire d'être dans l'obligation de diminuer la voilure. Fermer des chaines de radio et de TV et une ou plusieurs formations musicales de Radio France.

Il est assez invraisemblable que, du fait du Prince, l'audiovisuel public soit à ce point laissé dans l'expectative ! Comme si l'avenir même de la création audiovisuelle pouvait tenir à l'humeur passagère d'un seul, fusse-t-il Président de la République. Comme s'il n'est pas criant qu'une telle façon de faire procède d'un déni de démocratie. Comme si cette façon inique d'agir ne rappelait le cruel souvenir du "There is no alternative" d'une Margaret Thatcher qui, au début des années 80, du passé économique et social de la Grande Bretagne a fait table rase.

Il est temps que la représentation nationale (députés et sénateurs) s'empare du sujet et implique les Français à cet enjeu de société, à cet enjeu de démocratie. À bon entendeur, salut !

(1) Jean-Hervé Guilcher in op. cité,

Intersyndicale ORTF en mai 68


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