vendredi 24 juin 2022

France Bleu(s)… à l'âme !

Pour la deuxième journée consécutive France Bleu Drôme Ardèche est en grève ! Ça n'apparaît pas en accroche sur le site de cette radio locale de Radio France. Le motif de cette grève : le non remplacement d'un salarié (1) et les conséquences immédiates sur la charge de travail du personnel restant. Au réel de toutes les situations humaines et conflictuelles à Radio France s'oppose la roucoule de communication de la Présidence (Sibyle Veil) qui n'a à la bouche que les mots "proximité, proximité, et proximité". Une fois de plus cette communication de façade noie le poisson des réalités de terrain, du délitement même de cette fonction de proximité et des inquiétudes permanentes sur la fusion France Bleu/France 3.



Le drame
Le drame c'est qu'une fois encore les dirigeants de l'audiovisuel public, les tutelles (Bercy, Valois) et la Cour des Comptes ignorent l'histoire des locales de Radio France qui n'a pas commencé le jour où Jean-Marie Cavada Pdg de Radio France (1999-2005) dans un excès furieux de jacobinisme, conjugué à un paternalisme rance, a imposé suite au "Plan bleu" (2001) la normalisation de toutes les radios locales de Radio France. Sous une même bannière. Et avec des orientations décidées en haut, au siège de Radio France. Du local oui mais administré à Paris.

Adieu l'identification forte aux terroirs, aux pays, (Radio Corse Frequenza Mora, Radio Bretagne Ouest, Fréquence Nord, …). Le Bleu horizon de Cavada allait se charger de laminer et/ou minorer les particularismes, les identités, les patois non reconnus comme langues. Et très vite la syndication a encore plus nivelé toutes les radios entre elles (2). Si l'on ajoute la gestion comptable des antennes et non pas l'intérêt des auditeurs-usagers on aboutit à une situation de crise qui depuis longtemps perturbe le réseau France Bleu.

Le rapport sénatorial Karoutchi-Hugonet du 8 juin 2022 sur l'audiovisuel public enfonce un peu plus le clou en évoquant la mutualisation des moyens de France Bleu et France 3 qui dégagera des économies permettant de diminuer d'autant l'ensemble de la "contribution" à l'audiovisuel public (3). Ce ne serait donc pas le "moment" de renforcer des équipes de Radio France et/ou  de France TV si demain tout est à repenser. Cet état de fait ajoute à la perturbation, à l'inquiétude et au stress des personnels concernés. Et aussi à l'immobilisme dont se prévalent les responsables concernés.

La grève à France Bleu Drôme Ardèche est un indicateur supplémentaire de l'état de déshérence dans laquelle tout l'audiovisuel public est plongé. Les effets d'annonce d'un Président de la République en campagne, la charge de la brigade légère (lourde) des sénateurs, le zèle des Pédégères Veil et Ernotte (FTV) créent une situation délétère dont les premiers à en pâtir sont les personnels concernés. Mais ça il semble bien que ça ne concerne pas les décideurs !

(1) "Les personnels doivent régulièrement compenser les postes perdus pour assurer la qualité d’une antenne de proximité sur les 9 heures de programmes locaux quotidiens. L’encadrement doit sans cesse composer pour assurer l’organisation des temps de travail. Aujourd’hui, suite au licenciement d’un animateur qui a dû quitter Radio France à la fin du mois d’avril (pour raison d’inaptitude), la Direction de France Bleu a décidé de supprimer son poste dans notre station de Valence afin de nous faire entrer dans la "norme" artificielle de 7 PARL (Personnel d’Antenne des Radios Locales). Cet animateur licencié n’était déjà remplacé qu’à 50% depuis 2018. S’il était revenu à son poste, il aurait été réintégré à temps plein et son poste maintenu dans les effectifs de France Bleu Drôme Ardèche, d’où un fort sentiment d’injustice. La décision a été prise sans concertation et nous avons le sentiment que ce n’est que le début d’une centralisation régionale puis nationale des programmes". Communiqué des personnels en grève ! 

(2) La syndication consiste à diffuser le même programme par plusieurs diffuseurs. Pour France Bleu soit un programme national, soit un programme d'une autre France Bleu, par exemple dans les périodes très contraintes de personnel aux vacances d'été,

(3) "Cette fusion de France 3 et France Bleu devrait également permettre de repenser les méthodes de travail en adoptant des modes de production plus souples et réactifs." (Synthèse du rapport Karoutchi-Hugonet, Sénat, juin 2022)

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