mercredi 19 juin 2024

DAB+ : la messe est dite…

Je devrai même dire la grand-messe ! Hier, l'Arcom réunissait le ban et l'arrière-ban de la radio pour présenter au cours de ce qu'ils appellent “Les assises de la radio", le Livre blanc qui détaille et propose la mise sur orbite du DAB+ à l'horizon 2033. Le Président de l'Arcom, Roch-Olivier Maistre, a dans son discours d'introduction posé les enjeux de l'affaire "La bascule de la radio en tout numérique”. Cela a le mérite d'être annoncé clairement. Mais la bascule a le pouvoir de balancer dans un sens ou dans un autre et, en ces temps d'absolu invisibilité sur l'avenir de l'audiovisuel public, l'engagement de l'Arcom pour le DAB+ laisse une épée de Damoclès au-dessus de tous les acteurs de la filière qu'ils soient publics, privés ou associatifs.









Hervé Godechot, membre de l'Arcom, président du groupe de travail "Radio et audio numérique" a donc présenté en un long exposé, clair et précis, les enjeux - et les nécessités - de ce basculement qu'on peut qualifier de civilisationnel. Les plus passionnés d'entre vous iront écouter l'ensemble des interventions qui ont quand même duré 3h44. Sachant que le DAB+ garantit la souveraineté de la radio et la non-dépendance à un accès Internet ce qui est le cas aujourd'hui avec l'IP (Internet protocole) via les ordinateurs, les tablettes et les smartphones.

La trajectoire que fixe l'Arcom est : la préparation (au basculement), d'aujourd'hui à 2027 puis, de 2028 à 2033, une migration vers une bascule totale. Pour ce qui est de la préparation il s'agit de créer un environnement économique, réglementaire et législatif favorable. C'est aussi mettre fin à la recherche de nouvelles fréquences hertziennes. Et surtout inciter le législateur à défendre une loi pour autoriser l'Arcom à geler les fréquences hertziennes qu'un opérateur aurait abandonné pour basculer en DAB+. (Pour ne pas donner l'occasion, s'il y avait rachat de fréquences, à ce nouvel opérateur de concurrencer celui dont il a pris la fréquence hertzienne). (1). L'Arcom propose, via l'Association "Ensemble pour le DAB+", qu'un pilote pour la transition s'associe aux acteurs de la filière, à l'exécutif et au régulateur (l'Arcom).

Pour l'étape 2028/2033, l'Arcom considère que le parc de récepteurs devra être de 70% avant 2033 et 50% en DAB+ et IP avant cette date “butoir”. L'Arcom s'interroge sur l'extinction de la FM avant 2033, en 2033 ou après, considérant prématuré de fixer une date de fin. Avec une extinction totale ou partielle, Godechot rappelant qu'en Norvège subsistent des "poches" de diffusion FM (2). Mais personne n'a rien dit sur le déclic et/ou la nécessité qui va inciter les consommateurs à l'achat de nouveaux récepteurs. Si c'est acquis pour les véhicules c'est très loin de l'être pour ce qui concerne les radios actuellement en fonctionnement au sein de chaque foyer français.

On me pardonnera cette attention particulière aux silencieux ou aux absents à ce raout professionnel. Si Madame Veil, Pédégère de Radio France, était bien présente à cette présentation du Livre blanc elle n'a pas dit un mot. Quand on aurait pu penser qu'a minima elle remercie l'Arcom pour la qualité de son travail et l'engagement de Radio France dans le processus (3). Silence pesant et inquiétant. De la même façon le tambour-major du numérique à Radio France, Laurent Frisch, était lui absent. Comment le chantre de la mutation pouvait-il manquer une si belle occasion de rappeler l'engagement (forcené) de Radio France pour le numérique (4) ? Ni Hervé Rony, ni personne de la Scam ne semblaient non plus être présents.

J'ai téléchargé les cent-cinquante-deux pages du Livre blanc que je ne désespère pas de lire pendant mes longues nuits d'insomnie ! Alea jacta est

(1) Par exemple si FIP devait migrer en DAB+, aucune de ses fréquences ne seraient pas réattribuables, 
(2) Comme l'a rappelé Emmanuelle Le Goff, Mediametrie, "La moitié du volume d'écoute de la radio se fait à l'extérieur du foyer. Les matinales et les vespérales ont encore de beaux jours devant elles,
(3) Même si le Secrétaire général de Radio France, Charles-Emmanuel Bon, a pris part à l'une des tables rondes, 
(4) Même si, Justine Gheeraert, responsable des partenariats stratégiques à la direction du numérique de Radio France participait elle aussi à une des tables rondes, 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire