samedi 29 décembre 2012

Le roman du Jazz…











Jean Lebrun est joueur. De jazz ? Je ne sais pas. Mais pour se jouer des sujets les plus inattendus comme des plus classiques il n'y a pas mieux. Ça on peut le dire, Lebrun connaît la musique et il en joue très bien. Sans fausse note ? Si, bien sûr ça lui arrive quelquefois mais il se rattrape toujours et sait noyer son "canard" dans un virtuose ensemble appelé autrefois par lui "La République de la parole". Les amateurs du Lebrun en étaient peut-être restés à Suzy Solidor, d'autres l'attendaient au carrefour de l'Odéon, salle Pleyel ou dans quelques caves de Saint-Germain des Prés. Il arriva en cette fin d'année, sans tambour ni trompette (1), avec un swing à faire taper dans leurs mains les aigris, les grincheux, les spécialistes de tout poil, les experts et autres "es-quelque chose". Avec sa façon de ne jamais s'y attaquer de front, il sait comme personne s'approcher, s'éloigner, revenir au sujet ou à l'anecdote et quelque fois porter l'estocade. Je l'ai déjà écrit, je m'amuse autant à suivre son jeu qu'à écouter les érudits qu'il convoque à son micro.

Nous avions laissé Philippe Gumplovicz il y a quelques jours sur France Culture nous narrer la vie et l'œuvre de Michel Delpech. Le voici sur Inter, bardé de connaissances jazzistiques, pour une série de cinq émissions sur l'histoire du jazz, dont il participe à écrire le roman. De "New Orleans, berceau du jazz" à "Red jazz ou le jazz chez les rouges" en passant par "La France terre d'élections" Gumplovicz esquisse un panorama qui donne envie d'aller plus loin, comprendre de lire et d'écouter plus loin. En bons historiens Lebrun et Gumplovicz contextualisent l'histoire du jazz et c'est ça qui est passionnant. Au-delà de la musique et des musiciens ce qui "tourne autour" est présenté, expliqué et analysé.

Ce qui est d'autant mieux, c'est d'avoir imaginé une série car vraiment trente minutes d'une seule émission auraient été bien courtes, bien trop courtes (2). Au lieu de faire dans le détail bien connu, bien plombé, bien cliché qu'on entendrait dans la bouche de tous ces beaux parleurs qui occupent les antennes radio, les deux compères refont l'histoire (sans la défaire) aussi bien celle des Noirs aux États-Unis, que celle des Américains et de l'Europe toute entière bouleversée par cette lame de fond musicale qui mènera à la "curiosité entre les races". C'est aujourd'hui le bon jour pour réécouter en continu cette série. Il faudra souvent mettre souvent sur pause, prendre des notes et des références et peut-être envisager de commencer l'année nouvelle en lisant "Le roman du jazz" (3).

(1) Et surtout sans la grosse cavalerie promotionnelle et auto-promotionnelle de France Inter, appuyée encore plus lourdement par l'hebdomadaire culturel de référence,
(2) Je viens d'avoir l'occasion de rediscuter avec Christian Cleres des documentaires radio. Pour lui, même en un très court "séquençage" (les Ateliers de France Bleu par exemple), on peut faire passer beaucoup de choses. Il est prévu que je l'interviewe sur cela… l'année prochaine.
(3) De Philippe Gumplovicz, Fayard, en trois volumes.

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