lundi 3 décembre 2012

Ode ose matin ode au 29, alexandrins









Sortir de la nasse, du gavage, de l'empilement étouffant, du bavardage, de l'hyperboulimie (1), du bruit, de l'absolument inutile. Et pourtant tous les matins ça bruisse à s'en faire péter les tympans ! Alors ce matin sortir du troupeau, respirer un bon grand bol de silence frais. Laisser mijoter et venir à ébullition sa petite cantate intérieure. En savourer les premiers effluves. Sourire et laisser faire.

J'étais parti pour me jouer quelques exercices de style du Queneau (2). Dans "l'autobus S qui va de la Contrescarpe à Champerret", j'étais tout seul et il n'y avait personne non plus dans les rues de Paris. Un immense désert de silence. Je guettais le moindre petit monsieur ou la petite dame qui sauterait sur la plateforme n'ayant pu faire signe au machiniste. Je guettais un chapeau mou avec un grand cou dessous. Je guettais la gare Saint-Lazare. 

Passé l'Opéra. La voilà ! Le bus s'arrête et c'est Monsieur Roubaud qui monte. Jacques Roubaud (3). Il s'assied devant moi alors que le bus est vide, sort de sa poche un genre de bréviaire et commence à remuer les lèvres. De temps en temps il lève un œil vers moi et malicieux sourit. Je ne bronche pas. Il élève un peu la voix. Je m'assieds à côté de lui et lis par dessus son épaule. Ça ne le gêne pas.

Je goûte. C'est très bon. Il faudrait juste que je Montempoivre… 
(Attention cette recette risque d'être améliorée au cours de la journée)

La suite mercredi 5 décembre, 23h, France Culture dans l'Atelier de la fiction… (4)

(1) Des mots mâchés et remâchés jusqu'à les vomir,
(2) "Exercices de style" Folio Gallimard,
(3) Jacques Roubaud est un marcheur, ce qui ne l’empêche pas de monter dans des bus, et notamment ceux de la ligne 29 qui, partant de Saint Lazare, traversent Paris d’ouest en est jusqu’à la porte de Montempoivre. Au bout de sept années de pérégrinations, il a ainsi conçu Ode à la ligne 29 des autobus parisiens.
(4) Et à16h aujourd'hui.

4 commentaires:

  1. Le bus 29 est un des derniers autobus que j'ai emprunté pour le seul plaisir de voyager sur la plateforme ouverte à tous les vents.Descendre lentement la rue des Francs-Bourgeois engoncée dans les façades noires du Crédit Municipal et des Archives et renaissante dans l'éblouissement de la place des Vosges......les plateformes - elles - ont disparu contrairement aux grands lecteurs nomades qui continuent à froisser les pages bistres et cornées d'improbables et mystérieux écrits...

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  2. Oh ! Le Jacques Roubaud de la Belle Hortense ? Je lui dois quelques fous rires solitaires dans les transports en commun, justement !

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  3. Bonjour,

    ... et Jacques ROUBAUD sera aussi dans la bibliothèque de jacques BONNAFE (émission Pas la peine de crier).

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  4. Merci Henri pour votre commentaire mais avais moi-même fait petit ajout avant de vous lire et merci de votre attention fidèle !

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