vendredi 3 mai 2013

Le Bac, quel bac … ?










Aujourd'hui, pour le Bac, on peut réviser un classique de la musique pop "Atom Heart Mother" de Pink Floyd. France Musique réalise un solide dossier sur le sujet et je me prends à rêver. 

Octobre 1970. Derrière nous le BEPC (raté pour cause de dispersion amoureuse). Le Bac peut attendre. On s'en fout total. D'ici là on aura mis "les bouts". On vit au jour le jour. Dans les nuages pendant les cours. En bande après. Avec comme promesse autour du cou  "Peace and love" et celle, ultime, de "faire la route", rien d'autre. "Jouir sans entrave". Il y a à peine deux mois, j'ai rapporté, en stop, de Londres, dans mon sac à dos, le double album  "Ummagumma" des Pink Floyd, acheté dans un magasin où l'on vendait des disques de "deuxième main". Par la bande, par la fenêtre, par José Artur (1) peut-être, par Michel Lancelot (2) sans doute, on sait qu'Atom Heart Mother est paru. On a pas la moindre thune pour imaginer pouvoir se le payer. Et pourtant il va bien falloir, coûte que coûte, l'écouter. Parce qu'on est "in". Absolument. Parce qu'on n'attendra pas le déluge pour être en phase avec la jeunesse anglaise ou américaine. Parce que sur les vestiges de la société qui s'est écroulée en 68, la musique a résisté. Elle nous porte, nous ébloui, nous électrise, même si on a tout à en apprendre. On fait nos classes et on veut l'affirmer au "monde entier".

Avec M., la plus belle fille de mon lycée, on file chez "Maillet", rue Racine (3). Là, comme chez tous les disquaires de l'époque, l'écoute est en "libre-service". On repère ce qu'on veut écouter et à pas menus on s'approche d'une cabine exigüe, genre cabine téléphonique, recouverte d'Isorel, matériau avec plein de petits trous, censé permettre un meilleur son. Sauf qu'on écoute au casque. On sort, fébriles, le 33tours de sa pochette. On tient à peine debout à deux. Qu'importe. Tout est possible. Collés, serrés… Hum… Plus préoccupé par le charme de la plus belle fille de mon lycée, je n'ai pas, comme elle, l'écoute aussi attentive, pour entendre pour la première fois chez Pink Floyd… des cuivres. Elle est attentive. Moi aussi. Le lendemain, sans doute, je répèterai, comme un âne, à qui veut bien l'entendre "tu verras c'est la première fois que le Pink Floyd utilise des cuivres dans sa musique"…

"Maillet" a disparu depuis lurette, j'ai troqué mon vinyl pour un CD tristoune. Mais quand je réécoute "Atom heart mother" ce sont inévitablement ces images-là qui me reviennent. Je serai incapable de passer le Bac aujourd'hui et de dire des choses savantes sur la création des Pink Floyd, mais je pourrai dire comment les ados de 1970 étaient bouleversés…  For ever.

(1) Le pop Club, France Inter, après 22h,
(2) Campus, Europe 1, vers 21h,
(3) À Nantes.


Atom Heart Mother - Concert par concerts_radiofrance

5 commentaires:

  1. Christian Rosset3 mai 2013 à 11:52

    En ce qui me concerne, j'avais eu la chance, grâce à la radio justement (mais laquelle?) d'entendre le long morceau des Pink Floyd SANS ORCHESTRE et SANS CHOEURS!!!! Je l'avais copié sur cassette audio et l'avais écouté pendant tout l'été. Quand le vinyle est sorti, je me suis précipité et j'ai eu la déception de ma vie. Qu'est-ce que venait fiche à cet orchestre pompeux. Et ces choeurs. Je n'ai jamais pu m'y faire. J'aimerais bien retrouver cet enregistrement de concert où ils n'étaient que tous les quatre (car ma cassette est morte depuis longtemps).
    La "pop symphonique" était la vraie catastrophe de cette époque (même si, dans ce cas, au moins, la partition d'orchestre à peu près bien écrite - ce n'était pas toujours le cas). Mais, grâce à tout ça, j'ai peu retrouver le vrai rock, le pur, le dur: Chuck Berry, Jerry Lee Lewis and co !
    Le génie, dans PInk Floyd était Syd Barrett. Son naufrage a précipité le groupe du côté de l'emphase. Écoutez "The Madcap Laughs".
    Ces anéées-là, on attendait les Sex Pistols : le retour du son sans graisse, parfait, radical ! Vive le Punk !

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    1. Tu devais écouter Radio Caroline alors, car les radios françaises ne disposaient pas 4 mois avant, du support (même promotionnel) pour diffuser en exclu. Et ma bande et ses réseaux ne disaient encore rien, avant l'été, de la sortie à venir…
      Quant aux "Pistoleros du sex" il sont arrivés juste à la chute des trente glorieuses. Leur rage était dans l'air du temps… ou l'air du temps qu'avec d'autres ils ont inventé !

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    2. Tu veux sans doute parler de la première version dont le titre était "The Amazing Pudding" et qui est en fait la version primitive et non orchestrale du futur "Atom Heart

      http://www.youtube.com/watch?v=lP2TBoruv9gMother"

      ça devait ressembler plus ou moins à ça non?

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  2. Christian Rosset3 mai 2013 à 13:39

    Non, non, c'était sur une radio de très grande écoute (Europe 1 sans doute). Je signale juste que, avant de transformer ce long morceau en musique pompière pour plaire à la Reine Mère, le Pink Floyd l'avait joué dans sa nudité plus d'une fois en concert. Je ne sais pas qui a eu l'idée de rajouter toute cette chantilly, mais je ne le félicite pas.
    Sinon, il faut rendre hommage à l'auteur de la pochette qui vient de nous quitter.
    (mais, bon, j'aime le rock, le free et la musique contemporaine et pas trop la pop, surtout aussi sucrée, je dois dire...)
    La dernière belle chose du Floyd est le concert livre (filmé) à Pompéi.

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  3. Christian Rosset3 mai 2013 à 18:15

    Concert "live "et pas "livre" (ou alors l'ivre?)

    Lien pour une vision intégrale :

    http://www.youtube.com/watch?v=6m2xLw_eCEg

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