vendredi 25 octobre 2013

Derrière l'affiche ou le slogan…

Couverture du journal interne de l'ORTF "Micro et caméra" 1966 & 1967
France Inter poursuit sa plongée dans l'histoire de la chaîne et hier sur le blog des 50 ans nous avions droit à un joli florilège d'affiches et de slogans. Ce qui me saute aux yeux quand je les regarde c'est ce qu'il y a... caché derrière ! Les deux premières affiches de Francis Bernard frappent par leur dessin presque désuet où le slogan, "24 heures sur 24", a beau être écrit très large, cela ne saute pas immédiatement aux yeux, qu'à l'époque, Inter était la seule radio à diffuser des programmes élaborés en continu. Les lettres noires y sont pour beaucoup et, la contraction "24/24" n'ayant pas encore été inventée,... ce n'est pas frappant. Mais le style de l'affichiste est absolument dans le ton de l'époque. On dira, pour faire court, une certaine légèreté, un symbolisme "minimaliste" que l'on retrouve dans son deuxième dessin "au grand air". 

N°3



Passons à Garretto (Paolo) le dessinateur des couvertures de l'hebdomadaire "L'Oreille en coin"...et profitons-en pour remettre les pendules à l'heure. Depuis 2012, France Culture publie un trimestriel (1) original et de grande qualité. Mais en annonçant qu'il était la "première radio à lire" il oubliait que "L'Oreille en coin", après avoir bouleversé les ondes allait fugacement "bouleverser" la presse (2). Ce choix d'une caricature en Une donne l'esprit de l'hebdo incisif et... respectueux. Exactement comme la préfiguration de ce qu'il allait advenir avec "L'Oreille en coin du dimanche matin" et ses invités politiques. Saluons ici l'audace d'un Pierre Wiehn, à l'époque directeur de la chaîne (3), qui avait su vendre le projet à l'administration de France Inter. Osé.
 





Et voili et voilà le slogan qui a fait s'agiter les langues... de bois. On reconnaît là la grande classe d'un Garretto (4) qui avec distinction, panache secoue les idées reçues, joue avec les mots et se joue des conventions étriquées. Tout ce qu'avec Pierre Codou, son alter ego, il aura su insuffler chaque fin de semaine sur France Inter de 1968 à 1990, soit 13h de programmes du samedi après-midi au dimanche soir.

Le slogan "Écoutez ça n'a rien à voir" qui suivra en 1990 choisi par Pierre Bouteiller celui-là même qui, après avoir produit chaque matin de nombreux "Embouteillage" (5), voulait peut-être nous faire savoir que "Ça n'a rien à voir… avec ce qu'à fait mon prédécesseur" (6). Et il fallait bien la passion de l'écriture de Jacques Santamaria, directeur des programmes de 1996 à 1999, pour demander à Michel Boujut d'écrire un feuilleton radiophonique (7) diffusé quotidiennement dans l'émission de Fabienne Chauvières "Sur un petit nuage". Ces quelques exemples montrent s'il en était encore besoin que la radio avant d'être "dite" est écrite, et il fallait bien un Garretto pour essayer en une iconoclaste pirouette d'écrire la radio après l'avoir "dite".


 

(1) France Culture Papiers, Bayard éditions
(2) 7 n° très grand format, du 18 septembre au 12 novembre 1976, avec les signatures de ceux qui faisaient "L'oreille en coin" à l'antenne,
(3) Journaliste, Directeur de la chaîne de 1975 à 1981,
(4) Directeur des programmes 1982-1989,
(5) 1969-1981, 9h-10h, pour lequel je n'ai jamais entendu Pierre Bouteiller annoncer le titre "Embouteillage" (bon titre toutefois),
(6) Jean Garretto à qui Bouteiller refusera de laisser poursuivre "L'oreille en coin" les samedi et dimanche après-midi, ne voulant conserver que le dimanche matin, ce que Garretto refusera en emmenant sa "troupe" sur Europe 1 pour créer "Persona grata"
(7) "Le perroquet des Batignolles",110 épisodes, diffusés du 3 février au 4 juillet 1997.



Comme dimanche vous allez dormir une heure de plus, 
réservez votre soirée à 22h : de l'émotion, du son et quelque chose de sauvage… 
(billet à 18h)

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