jeudi 20 mars 2014

Bouffons…








Les plus grands donneurs de leçons pour une République irréprochable, une éthique en politique, l'exercice du droit de vote, sont éditorialistes et squattent les ondes radio pour traquer sans relâche toutes dérives, entraves et autres dévoiements qui nuisent ou nuiraient à l'exercice de la démocratie. À Europe 1 ils ont (ou avaient) pour nom Mougeotte, Elkabach, et Duhamel toujours prêts à fustiger et à dénoncer ceux qui ne mettent pas en adéquation leurs actes et leurs paroles. Cette ronflette lancinante qui épuise nos oreilles depuis si longtemps vient d'être désavouée par les faits, et le principe "faites ce que je vous dis, mais ne faites pas ce que je fait" de trouver tout son sens. En effet, Europe 1 vient, dans plusieurs villes de France (dont Paris), de refaire son "coup de la rentrée 2013" à savoir : utiliser les panneaux électoraux pour afficher la bobine de ses animateurs et journalistes avec un slogan raccord avec les élections municipales des 23 et 30 mars prochains : "Votez Europe 1".

Même si, s'en défendent les responsables (de tout poil) d'Europe 1, aucune des affiches de la radio n'ont recouvert les affiches des candidats en lice, force est de constater que l'utilisation des panneaux électoraux est contraire à la loi et par extension fait bien peu de cas de l'expression démocratique qui ne doit être confondue, entravée, perturbée par aucune communication qui ne soit liée aux listes officielles soumises aux suffrages des citoyens. Les éditorialistes roucoulent, les communicants ricanent sous cape. "Très bon coup de pub", "buzz assuré", "détournement réussi". Que peut en dire le citoyen sinon être dépité au point de constater que les politiques sont peut-être moins audibles et écoutables que la station de la rue François 1er à Paris, siège d'Europe 1 pour laquelle il n'est nul besoin de voter pour entendre son programme.


L'image que la station donne de la politique en pastichant la communication électorale montre le bien peu de cas que ce média fait de la politique. D'un côté envahissons les ondes de moraline et d'incantations drapées dans une citoyenneté irréprochable et de l'autre jouons nous donc de tout, jusqu'à aller occuper l'espace "disponible" d'une communication politique et détourner par là le sens même de cette communication. Qu'en disent les donneurs de leçons : rien. Ils sont totalement muets au prétexte sûrement qu'il existe un écran très opaque entre les programmes et le marketing de ces mêmes programmes. Prenez-nous pour des billes. Je n'y crois pas un seul instant. Europe 1 montre s'il en était encore utile que "la fin justifie les moyens". De cette pitoyable affaire, l'image de marque de la station en sera forcément écornée. Quant aux jeunes qui se détournent tant de la politique, Europe 1 leur donne une belle occasion de se conforter dans leur désengagement. Et ce n'est pas "le train des municipales" que la station a fait circuler dans tout l'hexagone qui y changera quelque chose. Le mal est fait et décrédibilise les principes qu'Europe 1 dit défendre et affirmer (1).

(1) Une lectrice avisée et attentive me signale : "Europe 1 était à Bordeaux ce matin pour une matinale elections mais sur les 7 candidats déclarés à la mairie de Bordeaux il n'en n'a été convié que... deux à l'antenne : 30 min pour Juppé, et 30 min pour le candidat PS/EELV. Voir aussi http://www.vincentmaurin.fr/

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