lundi 9 novembre 2015

17h en semaine, 16h le dimanche…

Laurent Ruquier















Les commentateurs patentés de la radio (et de la télé) vous disent pourquoi et comment à la radio telle heure est propice pour tel type d'émission, et tant qu'à faire pour quel type d'animateur. Ces petits rigolos de l'analyse média sont persuadés détenir les clefs d'une science que de non moins petits rigolos, type Séguéla & Morandini, voudraient avoir élevé au rang de grand art. Rien moins. Séguéla rouille sur son solex Suisse. Morandini joue les clowns chaque matin sur Europe 1 avec harangue et pipot pipole.

À les écouter ce sont eux qui auraient inventé l'heure des "Grosses têtes" de RTL, celle de "On va s'gêner" de Ruquier sur Europe 1 (1) et auraient donc définitivement façonné les après-midi des Français. Mais voilà qu'à la rentrée de septembre 2014, sont arrivés à 17h sur France Inter Charline Vanhoenacker & Alex Vizorek. Une belle case tenue longtemps par Jacques Chancel (Radioscopie), puis un temps par Daniel Mermet (Là-bas si j'y suis), puis par Frédéric Bonnaud (La bande à Bonnaud). Les radios privées ayant elles décidées à cette heure-là de jouer la carte de l'humour. RTL depuis mille ans, Europe 1 depuis presque vingt.











Inter a fini par prendre le pli et s'est engouffré dans l'humour du goûter. Potache, caustique et absolument systématique. L'actu et les invités de l'émission devant s'y plier férocement. En 1968 (5 octobre), quand démarre à 17h Radioscopie avec Vadim, Chancel a-t-il a choisi l'horaire ? Ou est-ce Dhordain le patron d'Inter ? Les deux sûrement. Chancel qui voulait installer une conversation, Dhordain qui croyait en Chancel pour capter un auditoire. Pourtant à cette heure-là qui écoutait la radio ? Pas les employés de bureau, des magasins, pas les ouvriers du bâtiment ou de l'industrie, pas les commerçants. Qui alors ?  "Les femmes à la maison", les routiers, ceux qui avaient un autoradio dans leur voiture. Pas la grande majorité des Français en tout cas. Pourtant l'heure était propice et Chancel de durer plus de vingt ans.

Aujourd'hui, streaming, podcast permettent à chacun d'écouter Charline quand il veut. Pour autant remettrait-on une émissin de conversation aujourd'hui à cette heure-là ou une case documentaire ou de reportage ? Peu probable. L'humour obligatoire écrase tout.

Quant au dimanche, Inter vient de relancer le "Very good trip" de Michka Assayas après ses 20 épisodes du mois d'août dernier. Comme ça en tout début de saison ? Eh ben oui, Le Gouguec (2) parti à la retraite, et non remplacé, s'ouvre la possibilité de changer la donne et de rattraper par la manque un Michka qui a enchanté les auditeurs. Pourquoi alors avoir confié les rênes de l'émission deux mois à Alexandre Heraud et pourquoi surtout ne pas avoir demandé à Michka de poursuivre dès la nouvelle grille de rentrée. Entre autres parce que le sort de Le Gouguec et celui d'Heraud étaient loin d'être réglés début septembre.


Charline & Alex















Les interruptions d'émissions en cours d'année sont assez rares. En mai 1978 José Artur "abandonne" le Pop-Club fin mai. Bernard Lenoir qui assurait la programmation de la première heure quotidienne du Pop est sollicité par Pierre Wiehn pour créer une émission musicale d'une heure. Ce sera "Feedback" à 21h, émission qui sous plusieurs noms tiendra jusqu'en juillet 2011.

Les radios privées ont imposé la tyrannie de l'humour et France Inter s'y est engouffrée. Le dimanche après-midi quelqu'un avait décidé qu'il fallait remettre les auditeurs dans le bain de l'actu ou des infos des fois que ça leur aurait fait un bien énorme de s'en affranchir. Que Michka soit de retour c'est bon pour la musique, c'est bon pour l'ambiance d'un dimanche après-midi et c'est bon pour les saltimbanques. L'entreprise de démolition des programmes animés par des non-journalistes est ici un échec pour Jean-Marc Four (3). Ça rend swing et on va pas s'empêcher de swinguer !   

(1) Avant qu'Hanouna ne remplace Ruquier qui lui-même prenait la place de Bouvard sur RTL. Bouvard ne remplaçant plus personne
(2) "116, avenue Albert Londres" 
(3) Directeur de l'info à France Inter, promoteur du "rapprochement des programmes avec l'info" genre de sacerdoce qui pourrait enfin montrer ses limites, 

Radioscopie "Jean-Claude Killy", 1974… Un ton de salon !
Chancel : "Jean-Claude Killy vous avez réussi votre carrière mais avez-vous réussi votre vie ?



Anecdote : la réalisatrice ou le réalisateur à la fin de l'émission laisse filer l'indicatif et prend 30" de retard sur le flash d'info, o tempora o mores…

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