samedi 2 janvier 2016

Janis Joplin : une comète…

"Je suis une femme mauvaise et aucun homme ne trouve grâce à mes yeux. Je suis comme une tortue qui se cache sous sa rugueuse carapace." (Turtle blues, Janis Joplin)

Ce samedi 2 janvier, Michel Pomarède, producteur à France Culture, nous propose un voyage sur la comète Janis Joplin (1), réalisé par Christine Diger qui illustre subtilement toute la palette musicale de la diva d'un blues écorché. Le mot choisi, comète, est le bon mot. Janis fut une comète. Et si elle tourne encore autour de la musique il faut que de tels documentaires existent pour l'arracher à l'attraction du vide ou de l'oubli. 

Ce petit capricorne fougueux vous donne immédiatement des frissons si, comme moi, vous l'avez croisée à la fin des années 60, quand elle nous semblait si loin de nous géographiquement, et si proche émotionnellement. Au fur et à mesure que ce documentaire tourne j'ai envie de le ralentir. Car si Janis est passée trop vite, ce documentaire aussi va passer trop vite. Pour écrire je mets sur pause mais ça n'empêche pas les frissons et le trouble. Janis where are you ?

"Son arme de séduction c'est sa voix" ! Mais passée cette vérité, la magie de son chant et les bonnes vibrations, on accroche un personnage bouleversant et bouleversé. On veut marcher avec elle, être dans le coup, souffrir de ses souffrances en hurlant ses chansons ou en ne faisant plus rien d'autre que de prendre la mesure de ce qu'"on" n'a pas su prendre quand elle était de ce monde. Trop jeune, trop insouciant, trop léger.

Le documentaire de Pomarède rallume tous les signaux, toute la petite histoire qu'on tisse, maladroitement, depuis le 4 octobre 1970, un dimanche, jour de sa mort dont on a appris la nouvelle par la bande le lendemain. Sans prendre la mesure de son désespoir qui nous échappait absolument, nous, jeunes ados incultes, préoccupés de nous-mêmes et pas foutus capables de traduire la moindre ligne de ses chansons. Et encore moins celle qu'elle aurait dû enregistrer le 5 octobre 1970 : Buried Alive In The blues (Enterrée vivante dans le blues).

"Janis Joplin elle chante pas parfaitement, elle chante pas super juste, des fois elle a une mise en place un peu brinquebalante comme ça, et en fait on peut dire la même chose de Maria Callas; ce sont quand même deux grandes héroïnes de la musique. Maria Callas effectivement n'est pas parfaite, elle chante pas super juste non plus, elle ne fait pas l'unanimité et Joplin c'est la même chose.Inattendu et intéressant d'entendre Frank Tortiller (2) comparer/associer le chant de Janis avec celui de Callas (3). Et "Chelsea hôtel" de Leonard Cohen nous confirmerait, si l'en était besoin, qu'on ne résiste pas à la séduction de Joplin

C'est toi Janis qui m'aura parlé en premier, ce 1er janvier 2016, quand, au petit matin, j'écris ce billet. C'est bien comme ça, et sûrement aussi sincère que la pluie dégoulinante des vœux qui, en ce début de XXIème siècle, n'ont vraiment plus aucun sens.




(1) Une vie, une œuvre, le samedi à 16h, France Culture,
(2) Vibraphoniste. Créateur du spectacle "Janis, the Pearl", 
(3) J'aurais bien aimé avoir l'avis de Philippe Caloni qui connaissait très bien Callas.

Vu ce film le 6 janvier 2016. Amy Berg a vraiment fait un chouette boulot d'archive, une narration sobre et émouvante et des images touchantes de sincérité. Je pense que je vais me laisser tenter pour une deuxième séance !

4 commentaires:

  1. L'année commence en beauté - merci!

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    1. Avec plaisir Julie ;-) Si tu veux organiser une "convention" Joplin en Suisse, je suis partant ;-)

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  2. Bonjour, je vous recommande chaudement le documentaire "Janis: Little Girl Blue" ! Ce mercredi en salles. Merci pour vos articles

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    1. Merci cher(e) anonyme… En salles à Paris, Lyon, Marseille ?

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