jeudi 21 janvier 2016

Le poids des mots, pour le choc… y'a pas photo




Presque deux ans après la nomination par le Csa (27 Février 2014), du Pdg de Radio France, Mathieu Gallet, l'Assemblée nationale (1) s'est penchée sur la procédure "opaque" de sa nomination. Il ne fallait pas perdre espoir, enfin la représentation nationale levait un lièvre, et pas n'importe lequel. Que Schrameck (Olivier), président du Csa, ait déclaré confidentiel "le projet stratégique de Mathieu Gallet", et n'en ait délivré qu'une synthèse est a minima une forfaiture ou une grosse farce.


M. Schrameck, grand donneur de leçons juridiques et constitutionnelles, va avoir beaucoup de mal à continuer à s'enferrer dans une posture pour le moins équivoque pour ne pas dire scandaleuse qui, une fois de plus, met à mal la démocratie !

Questions :
- Comment la représentation nationale et les tutelles ont pu ne pas avoir connaissance du projet stratégique d'un Pdg d'une entreprise publique qui dépend des finances publiques ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier d'un tel vice de forme ? À moins de reconnaître l'absurdité des textes.

- Comment un projet de développement d'entreprise publique peut-il être caché au public ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier ce déni de démocratie ? À moins d'agiter l'absurdité de la démocratie.

- Comment un Pdg de l'audiovisuel, en l'occurrence celui de la radio publique, n'aurait-il pas l'obligation de présenter au personnel un projet qui engage durablement l'entreprise (5 ans) ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier d'une telle aberration de management ? À moins d'agiter une époque d'avant les accords de Grenelle (1968) !

- Comment, comme le constate lucidement le député Marcel Rogemont (Parti socialiste), le Pdg va-t-il pouvoir à l'issue de 4 ans de présidence, évaluer son projet stratégique, celui-ci n'étant pas connu de ceux qui l'auditionneront ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier une telle disposition ubuesque ? À moins d'introduire Grand Guignol dans le dispositif ?


Crédit : David Balicki
Olivier Schrameck























- Comment le CSA a-t-il pu valider un projet qui serait muet sur sa partie financière ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous cautionner une telle faute d'expertise ? À moins de justifier que votre Conseil ne soit composé exclusivement de "ravis de la crèche"?

- Comment un postulant aux fonctions de Pdg peut-il prétendre diriger une entreprise sans en connaître les finances ?
• M. Schrameck, comment pouvez-vous justifier d'une telle invraisemblance ? À moins sans doute d'imaginer que les finances publiques audiovisuelles feraient exception aux règles de rigueur et d'encadrement budgétaire ?

Et cerise sur le gâteau :
"Le projet stratégique est source de confusion et a de nombreux inconvénients", explique Marcel Rogemont. Selon lui, les projets stratégiques sont élaborés "sans connaissance réelle des données de l’entreprise, sans discuter avec les tutelles, sans discuter avec les salariés".


Le CSA : Crédit : Marie Etchegoyen/CSA - Droits réservés
















À cette nomination, qui n'a sûrement pas fini de faire parler d'elle, il faudra mettre sur la table le rôle du Csa, sa décision, ses arguments, ses vices de forme, son choix en regard des autres candidats. M. Schrameck n'est-il pas le mieux placé, en bon spécialiste du droit, pour dénoncer l'incurie ?

Au-delà, François Hollande, qui l'a nommé, n'échappera pas à rendre des comptes sur sa façon normale de faire croire que, confier au Csa la nomination des responsables de l'audiovisuel serait une garantie quand, le président précédent les nommait lui-même. M. Schrameck n'est-il pas le mieux placé pour dire au Président que l'anormalité est à l'œuvre, depuis ce 27 février 2014, avec la nomination d'un Pdg qui a, en moins d'un an, montré toute sa capacité à enfermer l'entreprise dans un conflit majeur, assortie d'une grève de 28 jours ?

Marcel Rogemont,député














La conclusion de M. Rogemont est sans appel :
"Au moment de la nomination, ni le candidat, ni le Conseil, je dis bien ni le Conseil, n’avaient une vision suffisamment éclairée de la situation notamment financière de l’entreprise (…) c’est vraiment une opération hors sol."

Pas besoin d'être grand clerc ou spécialiste du droit constitutionnel, pour comprendre que la représentation nationale constate amèrement que l'enfumage n'aurait que trop duré. Gageons que M. Schrameck prépare studieusement ses réponses et qu'il va bientôt être sommé de rendre public le rapport stratégique de M. Gallet. Ce serait une façon symbolique, un an après le démarrage du conflit à Radio France, de "remettre les pendules à l'heure" fussent-elles, dans les studios de radio, électroniques ?

(1) La commission des affaires culturelles a examiné mercredi 20 janvier, le rapport d’information sur l’application, par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), de la loi du 15 novembre 2013 relative à l’indépendance de l’audiovisuel public,

Les vœux du Président du Csa ici,

1 commentaire:

  1. Je n'ai pas écouté la rubrique du Médiateur de Radio France ce 21 janvier à 13 h 20 sur l'antenne de France Culture...Mais nul doute qu'il n'a pas été question de ce qui se passe au plus haut niveau de la Maison Ronde (ou de la Maison France, du reste).

    Pour le simple auditeur de la radio publique que je m'obstine à rester, la candidature surprise puis la nomination en fanfare de ce candidat de dernière minute qu'a été Mathieu Gallet m'a toujours semblé douteuse, ou à tout le moins, incongrue...

    L'indépendance revendiquée par le CSA pour procéder à cette nomination (et éviter le procès en nomination "politique" qui aurait pu être légitimement conduit si ce Mathieu Gallet de "derrière les fagots" avait été désigné sur ordre direct du président de la république, comme cela se fait désormais ouvertement en Pologne) s'est parfaitement accommodée d'une opacité parfaite et tout aussi bien assumée des travaux du CSA.

    Que les élus qui composent notre représentation nationale ne se rendent compte de la manoeuvre que deux ans après en dit long, non seulement sur la faillite de certaine "autorité administrative indépendante" mais aussi et surtout sur la défaillance grave de notre représentation nationale et de nos institutions démocratique.

    Pour ma part, ce qui me surprend plus encore, c'est que si il y a 80 ans de cela, de telles fautes auraient conduits une grande partie de la population à descendre dans la rue, et bien aujourd'hui, cela ne semble plus géner personne, ni les médias (pourtant avides de scandales faciles à médiatiser), ni nos concitoyens....

    Je me souviens qu'il y a quelques semaines, au lendemain d'une déculottée électorale sévère, nos représentants gouvernementaux les plus en vue juraient leurs grands dieux de faire de la politique autrement....Mais, qu'attendent-t-ils pour passer aux actes ?

    Guillaume de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor)

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