mardi 28 mai 2019

Une madeleine radiophonique : une photo, une histoire, des illustrations sonores, une voix, un texte…

Hier matin en attendant "La fabrique de l'histoire" je m'impose l'écoute de la fin du programme précédent et suis très en colère. Je commence à rédiger un billet qui paraîtra demain quand un miracle sonore vint. Catherine de Coppet, productrice et documentariste, nous propose dès le début de la Fabrique un court documentaire sur "Migrant Mother" à partir de la photo de Dorothea Lange de 1936. Et là on se croit revenu au meilleur temps de France Culture à une époque où elle fabriquait des… bijoux.

© Dorothea Lange












Bien sûr le sujet qu'a choisi de Coppet m'intéresse mais il m'intéresse d'autant plus que le ton, le rythme, la façon de raconter sollicitent mon écoute. Pas d'autre choix que d'être attentif. Captivé. J'ai appris beaucoup de choses (et je l'ai déjà réécouté une fois). Captivé ce n'est pas rien. C'est pour le son radio être capable de s'imposer et se distinguer dans l'environnement ambiant, c'est soi-même résister aux sollicitations des réseaux sociaux, c'est remettre à plus tard la dégustation d'une biscotte craquante. Écouter c'est entrer dans l'histoire au point de constater le formidable moment de radio dont on voudrait qu'il ne s'arrête jamais.

C'est savoir donner du temps radiophonique à la contextualisation d'un événement (ici une photo). France Culture sait encore un peu (trop peu) s'y employer. En l'enveloppant du savoir-faire des producteurs, des réalisateurs et des techniciens. En élaborant un travail qui dépasse le recours facile au bavardage autour du micro. Méthode de plus en plus en vigueur à la radio publique pour justifier les économies budgétaires.

C'est par effet d'enchaînement se donner du temps à soi pour ne pas empiler l'écoute et rigoureusement sélectionner le bon grain de l'ivraie. C'est en parler autour de soi et faire la promotion de l'excellence quand elle devient de plus en plus rare ! C'est privilégier le fond et la forme quand la tendance néglige la forme au détriment du fond. C'est opposer la distinction à la litanie des audiences, des clics et des podcasts.

Pendant deux jours encore Catherine de Coppet proposera de décrypter une photo. Ce matin la photo de Willy Brandt à genoux à Varsovie en 1970, et mercredi celle de l'inscription "Ici on noie les Algériens" de 1961... (Les players d'écoute seront disponibles ici après la diffusion des émissions à l'antenne)

Vous pourrez réécouter le documentaire de Catherine de Coppet, avec des chansons de Woody Guthrie, (réalisation Thomas Dutter) en première partie de l'émission (jusqu'à 21'15")



Le deuxième documentaire de Catherine de Coppet 
"Willy Brandt : Der Kniefall von Warschau" 
(La génuflexion de Varsovie) de Sven Simon, 7 décembre 1970





Le troisième documentaire de Catherine de Coppet
"17 octobre 1961, les forces de police jettent à la Seine de nombreux Algériens, lors d’une manifestation pacifique organisée par le FLN"


© Jean Tixier, 1961/ L'Humanité



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